Au cours des dernières années, la plupart des travaux
tectoniques ont étéconsacrés aux zones internes. Les
principales déformations ductiles et cassantes que l’on y
reconnaît sont associées àde grandes failles normales à
faible pendage, actives pendant le Miocène inférieur [8].
Dans le secteur central de la Cordillère, la faille de
Mecina a permis le déplacement vers l’ouest des Alpu-
jarrides par-dessus les Névado-Filabrides (figure 1).
Cette faille a produit des déformations ductiles dans les
Névado-Filabrides (linéations d’étirement, plis), qui ont
évoluéen ductiles-cassantes (clivages de crénulation
extensionnels) et en cassantes (failles et diaclases). En
revanche, les déformations dans les Alpujarrides ont été
principalement cassantes [6, 9]. Enfin, du Miocène supé-
rieur jusqu’à l’époque actuelle, des plis àgrand rayon
de courbure et des failles normales, généralement àfort
pendage, se sont créés.
Dans les zones externes, la cinématique des failles de
la zone Prébétique est relativement bien connue, avec
une tectonique en écailles, typique des nappes de
décollement des régions externes des orogènes. Dans
le secteur central de la cordillère Bétique, des chevau-
chements avec déplacement des blocs du toit vers le
nord-ouest ont étéidentifiés [5, 11]. Néanmoins, peu de
travaux ont étudiéla cinématique des failles séparant
les principales unités tectoniques de la zone Subbéti-
que. Les études disponibles sont généralement basées
sur l’analyse des plis internes des unités et sur les
reconstructions paléogéographiques, sans que les
microstructures associées aux contacts aient étéanaly-
sées en détail. La plupart des plis dans le Subbétique
ont des axes d’orientation ENE–WSW, ce qui a favorisé
l’hypothèse de déplacements des unités vers le NNW
ou vers le SSE. La plupart des recherches [7, 10, 14]
indiquent une première étape de charriage vers le
NNW. Ces chevauchements seraient déformés par des
plis de direction ENE–WSW, et par une phase posté-
rieure de rétrocharriages avec des déplacements vers le
SSE [7]. D’autres auteurs [10], ont considéréque la pre-
mière étape de charriage était dirigée vers le SSE, et
que les rétrocharriages auraient un sens de transport
vers le NNW. Les coupes équilibrées proposées dans le
Subbétique [1, 2], qui ont ététrès discutées, étaient
basées sur ces directions de transport. Une hypothèse
différente [4] a supposéque le Subbétique est une
grande structure en fleur, associéeàun décrochement
profond. Par ailleurs, les données paléomagnétiques
indiquent que la plupart des unités du Subbétique, sauf
la Sierra Gorda, ont subi des rotations horaires de près
de 60°, probablement pendant le Miocène [12, 13].
Le principal but de cette étude est de déterminer la
cinématique des mouvements entre les principales uni-
tés du Subbétique dans le secteur central de la cor-
dillère Bétique, àpartir d’observations de terrain.
D’autre part, on discutera la relation de cette cinémati-
que avec les failles àfaible pendage des zones internes.
2. Cinématique des contacts majeurs entre les
unités de la zone Subbétique
D’un point de vue structural, la zone Subbétique du
secteur central de la Cordillère est formée par trois uni-
tés tectoniques principales superposées et séparées par
des failles àfaible pendage (figure 1). Ces contacts
recoupent les plis d’axe ENE–WSW, observés dans
l’unitéSubbétique intermédiaire, au nord de la dépres-
sion de Grenade [15]. Les surfaces de faille sont généra-
lement recouvertes par des éboulis dus àla topogra-
phie de la région, forte et irrégulière. Il est seulement
possible d’observer directement les structures des
roches faillées dans quelques carrières, talus de routes,
ou vallées encaissées. Bien que ces observations soient
dispersées, elles couvrent toute la région. La cinémati-
que des failles àfaible pendage (figure 1)aétédéter-
minée par les structures observées sur les roches
faillées (figure 2). Les foliations cataclastiques, stries,
cisaillements Riedel, queues de trituration et croissances
de calcite indiquent au moins deux étapes de transla-
tion des blocs de toit: vers l’WSW et vers le NNW.
Dans la Sierra de Parapanda, on trouve des fibres de
calcite correspondant aux deux étapes de translation
(figure 2), qui indiquent que le mouvement vers le
NNW est le plus récent. L’âge des translations est déter-
minépar les données de terrain. Au nord-ouest de Loja,
la formation des «argiles àblocs »,d’âge Burdigalien [3],
est située au-dessus de l’unitéSubbétique intermédiaire
par le biais d’une faille àfaible pendage, avec déplace-
ment du bloc du toit vers le sud-ouest. Les roches tor-
toniennes fossilisent cette faille, mais les dépôts burdi-
galiens et tortoniens sont chevauchés par l’unité
Subbétique supérieure, qui se déplace vers le NNW
(figures 1 et 2).
Par ailleurs, dans la partie méridionale de la Sierra
Gorda, le charriage du Subbétique sur les unités des
Flyschs montre également des structures qui indiquent
que le déplacement du bloc du toit se fait vers l’WSW.
Les roches du Tortonien, dans la dépression de Gre-
nade et àproximitéd’Alfarnate, fossilisent ce contact.
Les roches faillées des charriages dans l’unitéSubbé-
tique supérieure, dans la Sierra Gorda, indiquent des
déplacements des blocs du toit vers l’WSW (figures 1 et
2). Cette région, selon les études paléomagnétiques [12,
13], n’a pas subi de rotations importantes, et la direc-
tion de translation des charriages est presque perpendi-
culaire aux axes des plis et àla direction des failles
inverses (figure 1).
3. Discussion et conclusions
Les observations de terrain indiquent que deux éta-
pes principales de translation apparaissent par l’analyse
des failles àfaible pendage de la zone Subbétique. Ces
translations sont superposées àdes plis antérieurs. Pen-
dant l’étape initiale de translation, d’âge Burdigalien à
Tortonien, les blocs du toit se sont déplacés vers
l’WSW. Le caractère compressif de cette déformation
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J. Galindo-Zaldívar et al. / C. R. Acad. Sci. Paris, Sciences de la Terre et des planètes / Earth and Planetary Sciences 331 (2000) 811–816