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10 | 06 | 2015 n° 1299
+ d’infos sur www.intermedia.fr
ISSN : 0249-1575
15€
Marketing / communication / médias en rhône-alpes m a g a z i n e
dossier Applications mobiles : tous les annonceurs s’y mettent
spécial
grand témoin
« Marketing, publicité, médias : la big data
a tout changé » Pierre Calmard (président d’iProspect France)
enquête Mort d’un astronaute déconnecté
Une enquête du commissaire Pillière, grand cyber flic, dans la smartcity lyonnaise
Au banc d’essai : le réseau social d’entreprise
© ESO
édito
Par Julie Druguet
Marketing / communication / médias en rhône-alpes
Le Challenge
58, avenue Debourg 69007 Lyon
Tél. 04 72 84 45 55
Fax : 04 37 57 54 96
Mail : [email protected]
Éditeur : InterMédia Sarl
au capital de 37 579 e. Siren : 325 694 909. Directeur de la publication :
Jacques Simonet. Rédactrice en chef : Julie Druguet.
Rédaction : Michel Texier,
Maeva Melano, Jérémy Chauche,
Yann Petiteaux, Stéphanie Borg. Service commercial : Pascal Leby.
Agence photo : ESO (Lyon).
Maquette : ProEdito (Paris).
Mise en page & infographie :
Frédéric Morel / mfredpao.
Impression : Imprimerie Brailly
(Saint-Genis-Laval).
Dépôt légal : à parution.
Abonnement : voir p. 31
ISSN : 0249-1575 CPPAP : 0518 I 83313
Parution trimestrielle
Prix de l’abonnement : 285 €
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intermedia.fr
Du fun et des fans
V
oilà deux ans que nous n’avions pas
consacré un numéro complet au digital. Avec ce magazine, nous espérons
vous informer, vous donner des clés…
mais aussi vous étonner. Champ de
tous les possibles, le digital ne s’interdit rien, part
à l’assaut des monopoles, des prés carrés, bouscule
les modèles traditionnels. En cela,
il étonne, amuse, fait rêver. Lisez
notre page Idées (p. 40) : grâce
au digital, on peut mutualiser les
méninges de 500 internautes pour
concevoir un sac de sport vraiment
innovant. Grâce au digital, on peut
parcourir un joyau de l’humanité,
la grotte Chauvet, fermée au public
(p. 14). Et avoir le frisson devant
des œuvres de plus de 30 000 ans.
Un cyberflic dans la
smartcity. Le digital crée aussi
Pour Pierre Calmard, le règne de la big data est déjà
là. Président de l’agence de marketing digital iProspect, notre Grand témoin (p. 34) dissèque la manière
dont les consommateurs déposent chaque jour des
milliards de milliards de « traces numériques »,
récupérées par les plateformes technos (Google,
Facebook et consorts) mais aussi par les marques.
De quoi révolutionner le marketing
et la communication.
Une analyse brillante et claire,
qui change des nombreux propos
fumeux sur la big data.
Les humains
déposent
chaque jour
des milliards
de milliards
de traces
numériques sur
les sites
des besoins un peu absurdes… et
là encore, il y a matière à sourire.
Notre journaliste Michel Texier
s’est amusé à imaginer les tribulations d’un « flic
connecté » dans la smartcity lyonnaise. Entre robote
à tout faire (même les gâteries), avalanches de notifications, WC à analyse d’urine et accident de Google
Car, le fin limier s’en sort comme il peut. Dégustez
ce morceau de bravoure p. 20. Et réfléchissez-y deux
secondes : pouvons-nous jurer que nous n’évoluerons jamais dans un tel univers ?
Basculement sur le mobile. Autre révolution à l’œuvre :
le trafic du web est en train de basculer sur les mobiles. Soucieuses
de ne pas rater ce virage, les
entreprises se dotent d’applications. Mais ce n’est pas une mince
affaire.
Il faut imaginer un nouveau service proposé par l’application,
débloquer du temps, prévoir un
budget assez conséquent, et s’orienter dans la jungle
des prestataires. Pour vous aider à avancer sur ce
chantier de la mobilité, nous avons privilégié les
retours d’expérience de plusieurs directeurs de la
communication et directeurs du digital.
Huit pages d’infos très pratiques, à retrouver p. 22. v
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 3
sommaire
Spécial digital
repères
06. en mots
Petites et grandes phrases de quelques
experts des questions digitales.
08. en têtes
Patrick Bertrand Porte-étendard de la French
Tech lyonnaise.
Pierre Calmard, président
d’iProspect France, explique comment la big
data a révolutionné le marketing, la publicité
et les médias. Chaque jour, des milliards
de « traces numériques » laissées par les
consommateurs sont scrutées et analysées.
Un sac de sport conçu avec les
internautes. Sur le site Nov’in, on phosphore
collectivement. 500 internautes ont donné
leurs idées pour mettre au point ce sac de sport
ultra-innovant.
10. entreprises
dossier
© Shutterstock
Webqam L’agence web stéphanoise
qui a fait + 735 % de CA.
12. Jean-Julien Guyot « Au Canada, il est plus
facile de créer une start-up qu’en France ».
13. La galaxie de... Orange Centre Est
14. en suite
l’imaGE 2015 Un site spectaculaire pour
la grotte Chauvet.
16. Analyse Frank Rosenthal « Les pure players
ont besoin d’un contact physique
avec leurs clients ».
17. il l’a dit, il l’a fait Thierry Debarnot « Je serai
un leader de l’éducation numérique ».
18. en chiffres
Régions : Rhône-Alpes-Auvergne très active
sur les réseaux.
20. enquête
Mort d’un astronaute
déconnecté.Une enquête du commissaire
Pillière, grand cyber flic, dans la smartcity lyonnaise.
4 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
22. Les applis
obligent les entreprises
à créer de nouveaux services.
Le trafic du web est en train de basculer sur les mobiles. Soucieuses de ne
pas rater cette révolution, les entreprises se dotent d’applications. Mais ces
petits logiciels à télécharger ont des règles qu’il vaut mieux connaître.
26 [ reportage ] Les annonceurs dans la jungle de la conception d’applis.
28 [ focus ] Pour être téléchargé, amusez l’utilisateur.
30 [ analyse ] Interne : des logiciels pour mieux travailler.
32 [ oui/non ] Publicité géolocalisée : est-elle vraiment efficace ?
Les mots du mobile
Fablette. Un objet mi-tablette,
mi-téléphone portable qui dispose d’un écran
large et imposant.
La Grotte Chauvet se dévoile online.
Ce joyau de l’humanité est fermé au public, mais on
peut le visiter grâce à un site spectaculaire conçu
par Danka Studio.
Responsive design
ou site web adaptif. Un site dont
la conception permet une lecture optimale
sur n’importe quel support (mobile, tablette
ou ordinateur).
M-commerce. Mode de commerce
surfant sur le boom des technologies sans fil
(smartphone, tablette...) et de l’apparition
de nouveaux moyens de paiement en ligne
(PayPal...)
Le commissaire Pillière, grand flic connecté,
mène l’enquête. Suivez ce fin limier dans la smartcity lyonnaise,
au pays des toilettes connectées, des robotes à tout faire
et des trucphones. Une nouvelle qui vaut son pesant de bitcoins.
horizons
34. grand témoin
Pierre Calmard (iProspect) « Marketing, publicité,
médias : la big data a tout changé ».
38. + et -
Au banc d’essai : le réseau social d’entreprise.
40. idées
Les stands misent sur le digital pour attirer
le visiteur
42. débloque-notes
Des notes sur tout ce qui débloque.
F-commerce. Des applications
qui permettent de vendre directement sur
le réseau social Facebook. L’internaute ajoute
l’application sur sa page pour faire du « social
shopping ».
Device. Anglicisme courant pour designer
les dispositifs, appareils ou accessoires qui
complètent l’ordinateur.
Tracking cross-device.
Procédé qui consiste à suivre un utilisateur
lorsqu’il utilise successivement plusieurs écrans
ou appareils (devices) connectés.
NFC ou Near Field
Communication. Technologie de
communication sans contact lancée par Sony
et Philips. Elle permet d’échanger des données
entre un lecteur et n’importe quel terminal
mobile ou entre les terminaux eux-mêmes.
INDEX
Les principales entreprises citées
1000mercis ........................... 23
Acti................................... 12, 14
Apicil......................... 22, 23, 27
Applidium...... 23, 24, 27, 28, 30
Apps Factory................... 26, 30
Appsnet................................. 14
ASSE...................................... 13
Auchan.................................... 8
Axa........................................ 27
Axial...................................... 40
Banque Populaire................. 14
Bcome................................... 40
Béaba...................................... 8
Bellecour École....................... 8
Bioderma......................... 23, 24
Blend Web Mix..................... 10
Boulanger.............................. 16
BY Connect........................... 10
Cadeau Maestro.................... 40
Canal+................................... 28
CapSEO................................. 10
Carat...................................... 36
Carrefour............................... 16
Castorama............................... 8
CCI de Roanne...................... 10
Cegid....................................... 8
Danka Studio........................ 14
Danone.................................. 24
Décathlon.............................. 14
DigiSchool............................. 17
DMD Santé............................ 24
Egis........................................ 38
EM Lyon................................ 22
Empirik.................................. 22
Eurocave.............. 10, 23, 24, 26
Évian................................. 13, 24
Forum 5i................................ 10
Gallia............................... 23, 28
Geolid...................................... 8
Grenoble École
de management.................... 32
GrosBill.................................. 16
Holdie’s................. 8, 22, 24, 27
Ijsberg...................................... 8
Insign.............. 22, 24, 26, 27, 30
iProspect.......................... 34, 36
Iris Interactive................... 10, 27
Isobar..................................... 36
Keolis Lyon............................ 38
Kraft Foods............................ 24
Kronenbourg......................... 10
La Cuisine du Web................ 10
Lafuma.................................... 8
La Métro de Grenoble.......... 10
LDLC...................................... 16
Leroy Merlin.......................... 14
L’Instant Numérique.............. 10
L’Oréal.............................. 10, 16
Lou........................................ 13
Lyon French Tech............. 8, 18
McDonald’s........................... 24
Mcis....................................... 14
Meccano............................... 10
Média Product....................... 40
Modis..................................... 27
My Lucky Day................. 24, 30
Native........................ 23, 24, 28
Nestlé..................................... 16
NewQuest.............................. 14
Nov’in.................................... 40
Numélink............................... 10
Oberthur................................ 30
OL.......................................... 13
OpenStudio............................. 8
Orange Centre Est................. 13
Orangina................................ 10
Oreo...................................... 24
Planet Intus........................... 32
PS Live................................... 36
Publicis Activ Lyon............... 30
Quantim................................ 40
Renault Trucks.......... 24, 27, 28
RetailMeNot........................... 18
Roamler................................. 10
Roannais Agglomération...... 10
Rowenta................................ 28
Samsung................................ 10
Sanofi................... 23, 24, 27, 30
Schneider.............................. 30
Seb.................................... 14, 28
SIdO....................................... 10
Simplon.co............................ 10
Sncf.......................................... 8
Spartoo.................................. 16
SQLI Enterprise...................... 23
Synthes’3D............................. 30
Thales......................................... 14
TNT............................................. 10
Val-d’Isère.................................. 14
Valeo.......................................... 40
Vendredi 4................................ 40
Vidéotron.................................. 12
Webqam.................................... 10
Wizbii......................................... 14
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 5
mots
Petites et grandes phrases
de quelques experts
des questions digitales.
GASPILLAGE
« Sur internet, le taux
de clic moyen est
de 0,2 %… Ce qui
signifie que 99,8 %
des cibles restent
hermétiques aux
messages que
les marques leur envoient. »
Pierre-Antoine Durgeat, CEO d’Aventori (Stratégies du 28 mai 2015).
MANAGEMENT
« L’agence de demain sera digitale,
il n’y a pas photo. Ce sera une
agence démembrée qui se réunira
de manière opportune. Avec le web,
on peut pêcher des compétences
partout dans le monde. »
Laurent Constantin, dirigeant de l’agence Acti (Hebdo InterMédia du 6 mai 2015).
LASSITUDE
« Vouloir trop cibler peut
s’avérer contre-productif, car on
constate un ras-le-bol chez des
internautes, cernés par des
publicités trop personnalisées »
Guillaume Astruc, directeur général d’IP France (Stratégies du 28 mai 2015).
relation client
« Sur internet nous arrivons
à analyser beaucoup
de data, c’est très positif,
mais c’est un peu froid.
Pour créer de la préférence
de marque, il faut humaniser
la relation client. »
Emmanuelle Delettrez, dircom de Spartoo (Hebdo InterMédia du 12 avril 2015).
6 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
PHYGITAL
« Les ventes
en ligne restent
dynamiques,
mais
décélèrent.
À l’inverse,
le web peut
décupler
les ventes
en magasin physique,
où les taux de conversions
sont plus élevés. »
Delphine David, directrice d’études chez Precepta, groupe Xerfi (FrenchWeb du 27 mai 2015).
PÉAGE
« Sur le web, on a tendance
à diffuser de l’info
gratuitement, car cela sert
l’audience... Mais pas les
comptes. Il faut combattre
le diktat de la gratuité et
donner envie aux internautes
de payer pour nous lire. »
Denis Lafay, dirigeant du magazine Acteurs de l’économie (Hebdo InterMédia du 1er avril 2015).
FORCES DE VENTE
« 72 % des
commerciaux
aimeraient
utiliser les
réseaux
sociaux pour
prospecter et
vendre des
services, mais ne savent pas
comment faire. Facebook,
Twitter, Instagram : c’est une
nouvelle habitude à prendre. »
Sophie Attia, directrice associée du Cabinet IDSA (Morning InterMédia du 3 avril 2015).
AMBITIEUX
Sylvain Caubel
romet de
p
digitaliser
Béaba. « Les
directeurs digitaux
sont les DG de
demain », assure cet
ex-Lafuma. Nommé
directeur digital de
Béaba (articles de
puériculture à
Oyonnax) il y a un
an, il a aussi
récupéré la fonction
de dircom en avril.
PROMETTEUR
Sébastien Bossi
Croci séduit
Google. Le
Coup de projecteur sur quelques acteurs
du digital de Rhône-Alpes
qui font l’actualité.
PUBLICITÉ LOCALE
Gautier Cassagnau
développe Geolid
en Europe
têtes
l’homme de l’année
© RLA
cofondateur du
pure-player Ijsberg
a reçu le Prix de
l’innovation en
journalisme. À la clé :
5 000 € et un joli
coup de pub pour le
Lyonnais qui planche
assidûment sur
la version papier de
son média.
Patrick Bertrand,
60 ans, est DG de Cegid
depuis 2002. Il a été élu
président de l’association
Lyon French Tech fin mai.
FORMATION
Thierry Melac à
la pointe du
digital. Le
directeur de
Bellecour École
(métiers du design
et de l’entertainment à Lyon)
lancera en
septembre une
formation Bac + 5
au design UX
(expérience utilisateur) et UI (interface
utilisateur). Des
spécialisations très
recherchées dans
les agences.
GAMER
Stéphane Pacini
l ance Holdie’s.
L’ex-DG de Visual
Link entend renouer
avec l’univers des
start-up. Holdie’s,
qui devrait être
lancée avant l’été,
sera une application
de vente privée entre
collectionneurs d’art
ludique (BD, comics,
jeux vidéos, dessins
animés…).
À 31 ans, ce passionné de web et de publicité locale est à la tête d’une société
de 160 salariés qui a dépassé les 10 M€
de CA en 2014.
Fondée il y a 7 ans, Geolid propose aux
commerçants, artisans et réseaux de
franchises de la publicité géolocalisée
(2 000 clients annuels). « Nous créons
des algorithmes qui se connectent à
Google pour relier les données géographiques au comportement d’un internaute : les mots clés qu’il tape dans
le moteur de recherche, les sites qu’il
visite... », précise le jeune entrepreneur.
À partir de ces données, Géolid crée
une annonce et achète des espaces sur
différents sites. « Nous assurons au client
un nombre d’appels entrants chaque
mois », souligne Gautier Cassagnau.
Il veut maintenant se déployer en Europe et prépare une 3e levée de fonds
pour développer l’agence commerciale de Berlin (6 personnes). Objectif : conquérir le marché européen
(Espagne, Italie, Angleterre) et franchir
la barre des 100 M€ de CA en 2020 avec
400 salariés. v
Lyon French Tech. Constitution : 20 mai 2015 | 18 membres fondateurs |
Budget : 180 K€ | 1 salariée.
Patrick Bertrand Porte-étendard de
la French Tech lyonnaise
DISCRÉTION. Il est plus habitué à
signer des tribunes dans la presse
économique qu’à faire de grands
discours. Mais Patrick Bertrand qui,
depuis 13 ans, dirige Cegid (n° 20
du logiciel en Europe) a dû rompre
avec ses habitudes. Le 11 mai, ce
fervent ambassadeur de l’innovation
lyonnaise a accueilli Manuel Valls
à Lyon au nom de Lyon French
Tech, juste avant d’en être nommé
président.
RÉSEAU. Une présidence incontestée
tant il semble être l’homme de la
situation. C’est d’ailleurs au siège
de Cegid que Fleur Pellerin a été
accueillie, fin 2013, pour annoncer
la French Tech.
Patrick Bertrand est considéré
comme l’un des artisans de la
labellisation French Tech à Lyon.
Son étiquette d’homme de réseaux
qui l’agace un peu a été un atout
déterminant pour la métropole.
Cofondateur de l’Association
8 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
française des éditeurs de logiciels,
membre du Comité consultatif
pour l’économie numérique, ancien
président du Conseil national du
numérique et vice-président du
Comité transformation numérique
du Medef… son carnet d’adresses
est bien garni, principalement à
Paris. « La capitale reste centrale
pour le business », explique-t-il.
POLITIQUE. Désormais à la tête de la
French Tech lyonnaise, ce passionné
de start-up, mais surtout d’entrepreneuriat (il a cofondé le groupe
de business-angels Seed4Soft),
se donne deux ans pour installer
l’association.
Son défi : fédérer et valoriser
l’écosystème lyonnais « sans se
substituer aux organismes qui
existent déjà », assure-t-il. Un
sacré challenge pour cet ancien
de Sciences Po tant les membres
de l’association sont nombreux et
divers. v JC
ENTREPRENEUR
Arnault Pachot
propulse
OpenStudio
Cet ingénieur en
informatique rêvait
d’un job tranquille.
En 2008, il crée seul
un atelier logiciel
dans sa maison
de campagne de
Haute-Loire. Sept
ans plus tard, à 40 ans, le voilà à la
tête d’une agence digitale, OpenStudio, qui pèse 1,6 M€ de CA (avec 10 %
de RN) et emploie 37 salariés entre
Le Puy et Clermont-Ferrand.
Spécialisée en création de sites et services autour des logiciels libres, elle
travaille notamment pour de grands
comptes (Auchan, Castorama, Sncf...).
Et se pousse dans l’e-commerce avec
son logiciel Thélia.
L’agence a démarré 2015 en trombe
avec un boom de 70 % de son CA sur
les 4 premiers mois. Elle s’implantera
à Paris en septembre et son patron
lorgne sur l’international. En juin, il a
participé à une mission French Tech
Tour au Canada. v
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 9
IN CODE WE TRUST
Bientôt une école
de codeurs à Lyon.
Apprendre à
treprises
Présentation de quelques entreprises
en pointe dans le domaine du digital.
LANCEMENT
ÉVÉNEMENTIEL
Iris Interactive crée
l’appli Mybus
COMMERCE
TNT perce dans
l’animation de
territoires.Son
site de galeries
marchandes
« Achetez à... »
(ville par ville)
connaît le succès.
Au Puy, il fédère
140 commerces. Et
propose désormais
des services aux
collectivités et
associations (billetterie). TNT a déjà
des contrats avec
une douzaine de
villes (Roanne,
Montluçon, Millau...).
RÉSEAU
Doz réunit
annonceurs
et webmarketeurs. Ce site met
en relation des
annonceurs désireux
d’améliorer leur
visibilité online et
des webmarketeurs
free-lance du monde
entier. Doz a été créé
par CapSEO (Lyon
et San Francisco,
18 personnes), qui a
levé 1,1 M€ fin 2014.
POINT DE VENTE
Roamler surveille
les rayons des
grandes
surfaces. Cette
start-up lyonnaise a
constitué un réseau
de 10 000 particuliers équipés de
smartphone. Ils sont
payés pour vérifier
en magasin si les
produits et PLV
d’annonceurs
(Orangina par
exemple) sont bien
mis en valeur.
Photos à l’appui.
Les rendez-vous du numérique
se multiplient en Rhône-Alpes
Cinq événements seront consacrés au numérique en 2015 dans la région.
Le plus important est aussi le plus récent. Le SIdO (Lyon), le 1er salon
professionnel dédié aux objets connectés, a fait un carton dès sa première
édition en avril, avec 4 200 participants (organisation : agence CObees).
Autres événements à succès : le Blend Web Mix (Lyon, 1 200 participants)
et eCom (Genève, 3 300 participants rhônalpins et romands). Organisé
par l’association La Cuisine du Web, le premier se revendique comme
« la plus importante conférence web francophone ». Il mêle interventions
pointues et moments conviviaux (quizz, Nerf Party…). Le second est le
principal événement BtoB de Suisse romande (organisation : BY Connect).
Enfin, deux événements sont portés par des institutions pour dynamiser
leur territoire. C’est le cas de L’Instant Numérique, lancé en 2014 par
la CCI de Roanne, Roannais Agglomération et le cluster Numélink. Et
du Forum 5i, initié par La Métro de Grenoble. Ces deux rendez-vous
accueillent en moyenne 600 participants. v
la surprise
Webqam L’agence web
stéphanoise qui a
fait +735 % de CA
Le chiffre a de quoi donner le vertige. En cinq ans,
Webqam a enregistré une croissance de 735 %. Une
performance qui lui a valu d’être classée parmi les
entreprises les plus dynamiques de France par le cabinet
Deloitte. Même si elle ne fait encore que 1,4 M€ (2013)
pour un confortable résultat net de 355 K€.
En moins de dix ans, Vincent Gallot a fait de Webqam la
1re agence de production digitale de la Loire. Cette ruche
emploie une trentaine de personnes (moyenne d’âge :
26 ans). Elle a embauché sept salariés l’an passé, dont un
directeur commercial et un responsable de production.
Références. Webqam doit son succès à un positionnement particulier : elle travaille essentiellement comme
sous-traitant pour des agences de communication
10 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
L’agence digitale du Puy (43) peaufine ce service gratuit destiné aux
usagers des transports publics des
villes moyennes (de 20 à 200 000
habitants). Outre les horaires et
diverses infos pratiques, l’appli
devrait permettre l’achat de titres
de transport dématérialisés. Mybus
sera en test à la rentrée au Puy. Iris a
des projets avec
les exploitants
des réseaux de
Vichy et Moulins, et compte
bien pouvoir
déployer ce
service assez
rapidement,
via une structure dédiée.
L a société
auvergnate,
qui dispose
d’un bureau
à Lyon, travaille beaucoup dans
le e-commerce (Eurocave, Meccano)
et le e-tourisme (Haute-Loire, Maurienne, Drôme Provençale). v
Vincent Gallot a
créé seul Webqam
en 2005.
parisiennes (You to You, Wellcom ou CoSpirit). Du coup, elle
multiplie les références prestigieuses telles que Samsung,
L’Oréal ou les brasseries Kronenbourg.
Vincent Gallot fait de son implantation en province un
atout : être basé à Saint-Étienne lui permet de proposer des
tarifs très compétitifs. Un moyen pour les grandes agences
parisiennes de délocaliser... en France.
Le savoir-faire de l’agence recouvre la création de sites,
le webmarketing (bannières publicitaires, réseaux sociaux,
jeux-concours...) et la communication visuelle (logo, flyers,
affiches...). v YP
© Y. Petiteaux
concevoir des sites
et des applis
mobiles. C’est l’offre
de Simplon.co, une
école de formation
au langage informatique destinée aux
moins de 25 ans. Elle
ouvrira ses portes
à Lyon en octobre.
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 11
treprises
Jean-Julien Guyot est directeur du contenu et des médias sociaux de Vidéotron, un opérateur québécois (TV, internet,
téléphonie et mobile)
”
LA THÈSE
Professionnel du
web, Jean-Julien
Guyot a travaillé
au Canada
(SidLee, Nurun…)
et en France
(Acti). Selon lui, le
web français est
plus dynamique
que le web
canadien. Mais
le Canada est
plus favorable à
l’émergence de
start-up.
Au Canada, il est plus facile de créer une start-up
qu’en France ”
INTERMÉDIA. Comment le web français
est-il perçu au Canada ?
jjg. Il est perçu comme dynamique, et
a l’avantage technologique.
Néanmoins, vu depuis la petite
fenêtre du Québec, il me semble qu’il
est plus facile d’être entrepreneur ici
qu’en France. C’est peut-être notre
position de « petit village gaulois »
au cœur d’un environnement anglosaxon qui nous oblige d’une certaine
façon à être entreprenants.
intermédia. Quels sont les atouts
du Québec ?
jjg. Il existe chez nous une volonté
ancienne et forte de favoriser l’émergence des start-up. Parmi elles, on
peut citer Busbud, une plateforme qui
permet d’acheter son trajet de bus dans
le monde entier et qui a bénéficié de
tout cet écosystème pour réussir.
12 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
INTERMÉDIA. Quelles différences entre la
France et le Canada concernant
le développement du web ?
jjg . L a taille du marché joue
beaucoup. Le Québec ne compte que
8 millions d’habitants et le Canada 36,
avec de grandes zones désertes. En
France, les opérateurs de télécommunications ont développé la 4G. Alors
qu’au Canada nous avons privilégié le
wi-fi, semi-gratuit, voire gratuit dans
de nombreuses zones publiques.
D’autre part, les opérateurs de
télécommunications hexagonaux
sont à l’avant-garde par rapport à ce
qui se fait ici. En France, les opérateurs ont dépassé la stricte offre
commerciale pour s’engager dans
la production de contenus sur des
plateformes digitales. C’est bien vu et
nous gardons un œil attentif à toutes
leurs pratiques. Notre marché arrive à
saturation et les opérateurs canadiens
s’engagent aussi dans ce mouvement.
Désormais, nous sortons du discours
technologique pour aller vers le
discours pratique et pour nous
ancrer davantage dans le quotidien
du consommateur. C’est un marché
porteur, dont la maturité n’est pas
encore atteinte alors que les usages
augmentent.
INTERMÉDIA. Les Québécois sont-ils très
consommateurs de web ?
jjg. Oui,
et notamment des réseaux
sociaux. 85 % de la population les
utilisent, et ils deviennent incontournables pour les marques. Du coup, les
annonceurs, qui jusqu’ici étaient à la
traîne, commencent à réorienter leurs
investissements publicitaires sur le
web. On enregistre des progressions
de l’ordre de 10 à 20 % par mois. v la galaxie de… Orange Centre Est
Audrey Dabbagh
Yves Dimier
Nathalie
Dumontet Coste
Olivier Faure
Nadine
Castellani
Sophie Garcia
Caroline Januel
Le 1er opérateur français des télécoms compte 10 000
salariés en Rhône-Alpes Auvergne, dont 5 000 rien qu’à
Lyon. Son service communication compte 10 collaborateurs.
À
Nicole Joulia
la tête du ser vice : Nadine
Castellani, directrice de la
communication, qui en réfère à
Olivier Faure, le directeur d’Orange
sur son territoire.
Audrey Dabbagh est dircom adjointe.
Elle assiste Nadine Castellani dans la
communication interne et le suivi de
projets. Elle veille au pilotage opérationnel du plan de communication.
Deux personnes l’accompagnent dans
cette mission. Sophie Garcia s’occupe
de la communication interne et éditoriale : elle prend garde à ce que la
marque Orange soit respectée et valo-
Claudia Mangel
Karine Duckit
risée sur tous les supports (affichage en
boutiques…). Caroline Januel gère la
communication digitale. En externe,
elle développe la partie digitale des événements Orange. En interne, elle aide
les équipes à s’approprier les réseaux
sociaux et les applications du groupe
via un serious game appelé Passeport
digital. Elle anime ainsi une centaine de
référents digitaux devenus des ambassadeurs de la marque. Pour l’externe (RP, partenariats…),
Claudia Mangel est responsable de
presse et de la communication en
Rhône-Alpes et supervise le partenariat avec l’OL et le festival Lumière.
Nicole Joulia, déléguée à la fondation
Orange pour Centre-Est est aussi attachée de presse pour les Alpes. Nathalie
Patrick
Grosperrin
Dumontet Coste gère la presse et la
communication en Auvergne. De son
côté, Karine Duckit est responsable
des événements. Elle organise les séminaires managers et les lancements de
produits d’envergure (4G, fibre). Enfin,
Patrick Grosperrin s’occupe du sponsoring (ASSE, Évian, OL, le Lou...).
Chaque service d’Orange (commercial,
technique, service client...) compte un
à trois responsables de communication. Ils conçoivent des opérations de
communication qui doivent être coordonnées et sont supervisées par Nadine
Castellani. Ainsi Yves Dimier est le responsable communication du service
Entreprises (700 personnes). Il applique
la stratégie globale du groupe auprès
des entreprises de la région. v MM
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 13
ALERTE
26 000
suite
téléchargements pour
onAir. Créée par
la start-up lyonnaise
Mcis il y a un an,
cette appli alerte
les fans de 7 000
personnalités de
leurs passages en
radio ou TV. Lancée
sur smartphone, elle
est depuis peu
disponible sur le web
et dispose d’un
widget pour intégrer
le service sur
les sites.
Mois par mois, ce qui a bougé
chez les professionnels
du web rhônalpins
jifimiaimijijiaisiOinid
jifimiaimijijiaisiOinid
Benjamin Ducousso,
Émeric Wasson
et Romain Gentil,
les fondateurs de Wizbii.
FORFAIT
Appsnet séduit
200 petites
entreprises.
L ancée en janvier,
son appli low-cost
permet aux TPE
et PME d’être
présentes sur
mobile. La société
stéphanoise espère
atteindre 5 000
clients fin 2015. Le
service est proposé
au tarif de 29,99 €/
mois, hébergement,
maintenance et
mise à jour inclus.
REPORT
Val-d’Isère
annule Les
Sommets du
digital. L’événe-
ment dédié à la
transformation
digitale, à l’innovation et au marketing
devait se tenir du 8
au 10 avril. Les
éditions Kawa et Val
d’Isère ont décidé de
reporter l’événement
à 2016 après le
désistement de leur
principal partenaire.
Wizbii : le LinkedIn des étudiants
veut devenir mondial
Wizbii est le 1er réseau social professionnel dédié aux jeunes de
18-30 ans en France. « Nous nous
sommes lancés il y a quatre ans
pour combler un manque sur
cette tranche d’âge, explique
Romain Gentil, l’un des membres
fondateurs. La moyenne d’âge sur
Viadeo et LinkedIn est de 45 ans,
la nôtre est de 23 ans ».
Wizbii compte 350 000 membres
en France et revendique 30 à
40 000 nouveaux inscrits chaque
mois. Objectif : atteindre le million
d’inscrits d’ici fin 2015 et « devenir
le leader mondial sur l’emploi
et l’entrepreneuriat des jeunes »,
annonce-t-il. Cette start-up greno-
bloise de 30 salariés vient d’ailleurs d’ouvrir son réseau en Suisse,
Belgique et au Royaume-Uni suite
à une 3e ouverture de capital de
1,2 M€ réalisée en septembre.
Pour son financement, Wizbii
propose aux entreprises (5 000
inscrites) des solutions de communication (native advertising,
emailing...) pour développer leur
notoriété auprès de cette cible.
Elle compte ainsi une centaine de
clients actifs tels que Décathlon,
Thales, Leroy Merlin, le groupe
Seb, la Banque Populaire... Prochaines étapes : développer Wizbii
en Amérique du Sud et en Amérique du Nord. v
Qu’avez-vous fait
de vos Google Glass ? Pas grand-chose. Après un lancement
en grande pompe, la commercialisation des tant attendues Google Glass
aura duré quelques mois. Le temps
pour quelques agences de se faire un
peu mousser.
À Lyon, Acti en a profité pour faire
du commercial avec 40 rendez-vous
tests personnalisés. « C’est une façon
de montrer qu’Acti est une agence
innovante, attentive aux dernières tendances. D’ailleurs une V2 des Google
Glass devrait sortir d’ici fin 2015 », positive Laurent Constantin, le patron.
De son côté, l’agence digitale
NewQuest à Chambéry a choisi de
faire de la R&D pour « faire un peu de
magie ». « Nous avons testé le streaming
vidéo à partir des lunettes et posté les
images sur YouTube, explique Yann
Costes, le dirigeant de NewQuest.
Nous développons aussi de la réalité
augmentée sur Google Map ». v
l’imaGE 2015
WEB
MyToc est en
ligne. Le trimes-
triel culturel lyonnais
Toc a lancé sa
plateforme d’informations et de
services culturels en
mars. Elle mixe
contenu rédactionnel (présentation
des spectacles) et
services en ligne
(billetterie, abonnements).
14 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
Un site spectaculaire pour
la grotte Chauvet. Danka
Studio (Lyon) a travaillé
plus de 1 000 heures pour
réaliser ce site qui propose
de parcourir virtuellement
la Grotte Chauvet, fermée
au public. Des visites
virtuelles panoramiques à
360° permettent d’explorer
les 12 salles de la grotte.
Pour cela, Danka Studio
a utilisé plus de 15 images
gigapixels (jusqu’à 25 000
pixels de large). Le résultat
est assez étonnant. Le site
contient aussi une somme
d’info encyclopédique, avec
notamment 150 vidéos de
scientifiques. v
suite
Frank Rosenthal est un spécialiste du marketing du commerce. Il dirige le cabinet Frank Rosenthal Conseils (92) qui travaille pour
Carrefour, Boulanger, Nestlé, L’Oréal... Il vient de co-publier « Les Incontournables du commerce de demain » (Dauvers).
Les pure players ont besoin d’un contact physique avec leurs clients ”
les faits
Spartoo, LDLC,
GrosBill…
Les grands pure
players de la vente
en ligne se
mettent presque
tous à ouvrir des
magasins. Une
tendance lourde
qui consacre l’ère
du cross canal.
INTERMÉDIA. Pourquoi les pure players
du e-commerce se lancent-ils dans
l’ouverture de magasins ?
f.r. Parce que le commerce est devenu
protéiforme et que son développement passe par le cross canal. Sites
marchands et commerces physiques
ont chacun leurs avantages. Mais si
vous n’êtes que sur un marché, il vous
manque les avantages de l’autre. D’où
la multiplication de ponts entre ces
deux formes de commerce complémentaires.
Imagine-t-on aujourd’hui un magasin
sans site internet ? De même, les pure
players ont eux aussi besoin d’avoir
un contact direct, au sens physique,
avec leurs clients. Notamment pour
les produits high-tech : le consommateur a besoin de venir les repérer
et les prendre en main dans le
commerce traditionnel. C’est ce qui
a conduit des enseignes comme
16 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
GrosBill (Auchan) ou LDLC à ouvrir
leurs magasins.
INTERMÉDIA. N’y sont-ils pas aussi
poussés par la concurrence grandissante
du commerce traditionnel sur internet ?
f.r. Absolument. En 2009, sur les 15
premiers e-commerçants français,
ne figuraient que trois distributeurs physiques. L’an dernier, on
en comptait sept ! D’où cet intérêt
grandissant des pure players pour
les magasins physiques. À l’image du
Google Shop de Londres, ouvert en
mars.
Amazon a aussi un projet de point de
vente à New York, et utilise régulièrement des boutiques éphémères
(pop-up stores). Et Cdiscount, son
challenger français, bénéficie du
réseau du groupe Casino, sa maisonmère, comme autant de points relais
pour distribuer ses produits.
INTERMÉDIA. Mais certains pure players
ont connu des échecs retentissants
en changeant de métier...
f.r. C’est vrai. Pixmania par exemple
a fermé ses magasins. Mais les distributeurs physiques qui sont allés sur
internet n’ont pas tous réussi non plus !
Le business d’un magasin implique de
savoir trouver un bon emplacement,
négocier un bail, recruter du personnel, développer la relation client. Et si
un SAV sur internet est déjà médiocre,
le magasin physique devient un lieu
de plaintes.
Reste que l’avenir des pure players
passe par ce cross-canal. À l’instar
de Warby Parker, un site américain
de ventes de lunettes, qui a développé
avec succès en quelques années un
réseau de boutiques. Et qui vient
d’être élu entreprise la plus innovante
de 2015, devant Apple, Alibaba et
Google ! v MT
”
IL l’a dit IL l’a fait
Thierry Debarnot, 31 ans, est cofondateur (avec Anthony Kuntz) de DigiSchool (69).
Je serai un leader de l’éducation numérique ”
”
les faits
Pionnier de
l’e-éducation,
Thierry Debarnot
a fusionné en
2011 sa société
Media Étudiant
avec l’agence
digitale Kreactive
pour lancer
DigiSchool.
Trois ans plus
tard, cette
plateforme est
devenue n° 1 en
terme d’audience
sur le marché
français de l’éducation numérique.
Et vise désormais
l’Europe.
INTERMEDIA. Comment a commencé
l’éducation numérique où il y avait peu
de concurrents.
pendant mes études commerciales,
j’avais lancé, pour le fun, un site collaboratif pour aider les étudiants en
marketing à faire leurs devoirs. C’est
un an plus tard, en étant démarché
par des écoles qui voulaient faire de
la publicité sur le site, que j’ai réalisé
qu’il y avait un marché à explorer.
Du coup, j’ai créé une société, Media
Étudiant, et décliné le concept pour
les bacheliers, les collégiens du
brevet, etc.
L’affaire s’est bien développée, avec
une bonne rentabilité jusqu’en 2010,
quand j’ai ressenti le besoin d’aller
plus loin, pour accompagner les
nouveaux usages des jeunes sur
tablettes et smartphones. D’où ce
mariage, fin 2011, avec l’agence
Kreactive, spécialiste en applications mobiles. Et le lancement de
DigiSchool avec l’ambitieux objectif
de conquérir ce marché français de
INTERMEDIA. Où en est cette conquête
l’aventure ?
t.d. Par hasard. À 21 ans, en 2005,
du marché français ?
t. d .
En trois ans, nous sommes
devenu le 3e acteur en taille, derrière
L’Étudiant et Studyrama, mais qui, eux,
sont essentiellement des organisateurs
de salons. En audience par contre,
avec dix sites et onze applications
mobiles, DigiSchool est devenue n° 1
avec 5 millions de membres (inscrits
gratuitement) et 6,5 millions d’utilisateurs par mois.
De 1,5 M€ en 2012, le CA (qui vient
de la publicité) est passé à 4 M€ l’an
dernier. Et 2015 se profile au mieux
avec une progression de 80 % au
premier trimestre.
Notre croissance s’appuie sur le rachat,
l’an dernier, de trois sites dédiés à
l’orientation, que nous avons financé
par une levée de fonds de 3 M€ en
2013. Et nous en préparons une autre,
plus importante, pour accompagner
notre développement international.
INTERMEDIA. DigiSchool s’attaque
à l’Europe ?
t.d. Oui,
car sur notre créneau, il y a
peu d’acteurs ailleurs et notre modèle
peut s’adapter partout. Nous venons
de lancer en avril trois sites web et six
applications mobiles en Espagne et en
Grande-Bretagne. Et l’on commence
à recruter pour ouvrir des antennes
commerciales à Londres et Madrid.
Notre croissance passera aussi probablement par d’autres acquisitions.
Cette année, notre CA devrait avoisiner
6 M€ et nous visons 10 M€ en 2016
avec plus de 100 millions d’utilisateurs
annuels. v MT
DigiSchool. Création : 2011 | Siège : Lyon, bureau à Paris | Effectif : 49 personnes
(70 fin 2015) | CA 2013 : 3 M€ | CA 2014 : 4 M€.
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 17
CONNECTÉ
157 300. C’est le
nombre de sites
e-commerce
recensés en France
en 2014 selon une
étude réalisée par
l’institut CSA pour
la FEVAD. Un chiffre
en progression de
14 % avec 20 000
sites supplémentaires par rapport
à 2013.
achats
57 Md€
C’est le montant des achats réalisés sur Internet en
France en 2014. Un volume en hausse de 11 % sur un an.
Par ailleurs, le panier moyen des Français est estimé à
81 € par transaction (- 4 %). Pour 2015, la FEVAD estime
la progression du e-commerce à 10 % pour dépasser
la barre des 60 Md€. v
Source : FEVAD
Quelques repères
pour mieux appréhender
le poids du digital.
UNIQUE
2. C’est le nombre
de métropoles
labellisées French
Tech dans la région
(Lyon et Grenoble).
Rhône-Alpes est
la seule région à
bénéficier de deux
villes labellisées.
Saint-Étienne et
Annecy tenteront
leur chance lors de
la seconde vague de
labellisation.
EMPLOI
42 000. C’est le
nombre d’emplois
de la filière
numérique dans
la région lyonnaise
selon l’association
Lyon French Tech.
ABONNEMENTS
3,6. C’est en
millions, le nombre
d’abonnements au
très haut débit en
France fin mai 2015.
Un chiffre en
progression de 60 %
en un an selon
l’ARCEP.
TABLETTES
50,8 %. Consulter
la presse est la
première utilisation
des tablettes
(50,8 %), devant
le visionnage de
vidéos et la lecture
de recettes de
cuisine. 92 %
des tablettes sont
utilisées au domicile.
Source : baromètre
de la Mobile
Marketing Association France.
rémunération
50 K€
C’est, selon le cabinet Shefferd, le salaire annuel brut
que peut espérer un directeur social média en agence.
Une rémunération en progression de 9,8 % due à la
pénurie de profils expérimentés. À l’inverse, les community managers commencent à être nombreux sur le
marché. Une surabondance de profils qui tend à faire
baisser les salaires (- 3,1 %) à 31,9 K€ annuels. v
chiffres
mobile
7 Mde Le M-commerce décolle enfin en France
J
usqu’ici balbutiant, le m-commerce, l’achat en ligne via des
smartphones ou tablettes, devrait enfin décoller cette année en
France. C’est en tout cas ce qui ressort de l’étude du Centre for Retail
Research (CRR) pour RetailMeNot
diffusée fin février.
11,7 % des achats online.
Même si la plupart des ventes en
ligne se font encore sur ordinateur
(88 % en 2014) et que la France est
encore loin de ses voisins européens,
la récente étude révèle que le m-commerce français pourrait doubler cette
année pour atteindre les 7 Mde. Il
représenterait alors 11,7 % du montant
total des achats réalisés en ligne en
France (60 Md prévus en 2015 selon
la FEVAD). Une dynamique prise au
sérieux par les sites marchands : « ils
investissent eux aussi pour optimi-
ser davantage leurs sites, avec
des versions mobiles, et parfois
des applications dédiées, pour
une expérience shopping bien
adaptée à de plus petits écrans.
La multiplication de ces dispositifs amène à un réel essor du
m-commerce » décrypte AnneMarie Schwab de RetailMeNot.
La reine tablette. Des
deux types d’appareils mobiles, la tablette reste celle
qui a le plus de potentiel
pour le m-commerce. Son
écran plus grand que celui
d’un smartphone facilite l’acte
d’achat. Cela se traduit dans les
chiffres. Selon la FEVAD, un tiers
des e-acheteurs ont déjà installé
une application marchande sur leur
mobile ou leur tablette. Cependant,
ils sont 29 % à avoir déjà fait un achat
sur tablette contre seulement 17 % via
un smartphone. L’achat par smartwatch n’est donc pas encore pour
demain.v
RÉGIONS : Rhône-Alpes-Auvergne TRÈS ACTIVE SUR Les réseaux
1
er
2e
18 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
3e
Déjà au top des régions françaises les plus actives sur les
réseaux sociaux, la fusion de Rhône-Alpes et Auvergne
prévue pour janvier 2016 devrait faire naître la championne
française des réseaux sociaux.
Si l’on en croit les chiffres du baromètre semestriel des
régions, Rhône-Alpes Auvergne devrait être la première
région sur Facebook avec 191 500 fans cumulés devant
Nord-Pas-de-Calais-Picardie (146 500) et PoitouCharentes-Aquitaine-Limousin (80 800).
Sur Twitter, avec 39 300 followers cumulés, Rhône-Alpes
Auvergne détrônerait la Bretagne (29 900 followers). Un
podium complété par Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon
avec 25 900 followers.
© Shutterstock
quête
Mort d’un astronaute déconnecté
Une enquête du commissaire Pillière, grand cyber flic, dans la smartcity lyonnaise.
L
e commissaire Pillière dormait d’un sommeil d’ange
sur son nouveau matelas à
mémoire de forme et de rêve.
Ha ! Pouvoir se programmer
un beau rêve à la demande, pour bercer ses nuits, ça, c’était une invention
prodigieuse qui compensait en bonheur
nocturne toutes les avanies de la journée. Et justement, le commissaire, que
ses collègues surnommaient Wassingue,
était plongé dans son plus beau rêve :
l’arrestation de l’ennemi public lyonnais n° 1.
Il s’apprêtait à donner l’ordre d’assaut,
quand sa smartwatch lui coupa le sifflet.
« Bonjour Lulu, il est 6 heures, Paris est
déjà debout depuis une heure. Le Préfet
de police reçoit ce soir la grand-croix de
l’ordre du Gourdin : je lui ai fait envoyer
une cybercarte de félicitations et son
smartphone t’en remercie. À ce propos, le tien a quatorze messages,
dont trois urgents. » Maintenant,
la radio avait pris le relais et
Les lendemains de
bringue, il
boycottait
ses toilettes équipées d’un
système
d’analyse
d’urine.
Lucien Pillière finit par poser le pied
par terre. Il fila dans la salle de bain
et pissa dans le lavabo. « C’est toujours
ça que la Sécu saura pas », ricana-t-il.
Les lendemains de bringue en effet, il
boycottait ses toilettes équipées d’un
système d’analyse d’urine (et plus), qui
non seulement lui reprochait d’une voix
de crécelle ses taux excessifs de glucide,
d’alcool et compagnie, mais expédiait
illico les résultats à son médecin, à sa
mutuelle et consorts. D’où avertissements et augmentations de primes.
Satisfait d’avoir échappé au contrôle,
il gagna la cuisine où flottaient d’alléchantes odeurs de café frais et de
pain grillé. « Titepipe, Lulu ? » gazouilla
Paméla, la robote à tout faire de la maison. Il déclina poliment l’invitation, il
n’était pas d’humeur à la bagatelle ce
matin-là.
En avalant rapidement son breakfast,
il lut les messages de son smartphone.
Assommants, comme d’hab’ : LinkedIn
s’obstinait à vouloir lui fourguer un
abonnement premium, deux pouffes
inconnues souhaitaient facebooker avec
lui, un journaliste retraité en mal d’existence polluait la twittosphère d’opinions
qui n’intéressaient que lui...
Mort violente. Un seul message l’intéressa : un type s’était fait flinguer dans
son jardin cette nuit dans le quartier
de Montchat. Les affaires reprenaient.
En bas de son immeuble, il hésita à
prendre Navia, le bus sans chauffeur
20 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
qui desservait le centre-ville, dans des
couloirs réservés. Il n’aimait pas trop
l’engin, qui se traînait à une allure
d’escargot et se bloquait à chaque fois
qu’un resquilleur voulait voyager sans
ticket, en ameutant une escouade de
contrôleurs musclés. Il finit quand même
par y grimper. Mauvaise pioche ! Au
carrefour suivant, le bus fut embouti
par une Google Car, dont le radar
venait d’être inopinément aveuglé par
une fiente céleste de pigeon. Avantage
des constats d’accidents de véhicules
sans conducteurs, c’est qu’on ne s’engueule plus, les systèmes de navigation
embarqués remplissent et transmettent
la paperasse tout seul aux assureurs, et
appellent secours et dépanneurs. Mais
Pillière dut finir son trajet à pied.
Son adjoint, le commissaire Vilemand,
l’attendait dans son bureau. « C’est qui le
macchabée ? » s’enquit le divisionnaire.
« Un militaire, le commandant Tiffriz,
un astronaute mis hors cadre, après
l’arrêt du projet d’expédition vers Mars »,
expliqua l’adjoint avant de détailler les
circonstances du drame. La victime
avait glissé et s’était étalée dans une
flaque de boue de son jardin. Après, elle
n’avait pas pu rentrer chez elle, parce
que la serrure biométrique n’identifiait
pas sa main sale ! Injures et coups de
lattes n’avaient pas fait bouger la porte.
Puis Tiffriz s’était pris deux balles dans
le dos. « La caméra de surveillance de
l’entrée a enregistré quelque chose ? »
demanda Pillière. « Que dalle ! Le contrat
L'assistante du légiste expliqua au commissaire
pourquoi le smartphone et la smartwatch de la victime différaient sur l'heure de sa mort.
était suspendu pour cause d’impayé ! »
L’après-midi apporta heureusement de
précieux éléments. Les limiers de la
scientifique avaient déniché une crotte
de nez de l’assassin. Et le spectromètre
augmenté et le chromatographe à injection l’avaient rendue bavarde. « C’est
un Caucasien de 29 ans, qui mesure
1 m 90 et chausse du 46 », lâcha le docteur Locard, dont la famille dirigeait le
labo depuis douze générations. Il ajouta
en rafale : « il est chauve, souffre d’un
rhume tenace et se soigne à la vodka ».
Interpol et compagnie compulsaient
leurs data-centers d’ADN. Sans résultat
encore.
Mystère et polémique. En atten-
dant, l’heure de la mort du commandant Tiffriz semblait faire polémique.
D’après son tee-shirt connecté Cityzen
Sciences (made in Lyon), l’arrêt cardiaque avait été transmis à 2 h 37 à
son iPhone 12. Lequel avait fermé les
comptes Facebook et LinkedIn du mort
dans les 120 millisecondes suivantes.
Dans la foulée, LinkedIn, Viadeo et
autres annonçaient que l’Agence
Spatiale Européenne allait devoir recruter un(e) nouvel(le) astronaute et
commençaient à brancher des candidats potentiels. Petit mystère toutefois :
d’après la montre connectée Samsung
de la victime, le décès remontait à
2 h 35 !!! Deux minutes d’écart ? Une
éternité ! Apple vs Samsung : la 3e guerre
mondiale ne finirait donc jamais. Car
malgré des accords de compatibilité
sans cesse réaffirmés, il y avait toujours des nanocouilles dans le potage.
Finalement, l’assistante du légiste résolut
le mystère : le décalage était dû à une
maille du tee-shirt filée qui avait perturbé son Bluetooth. L’honneur de la
high-tech lyonnaise était sauf.
« N’empêche que c’est quand même le
bordel dans l’univers des trucphones»,
assura le docteur Locard. Et d’expliquer :
« À cause des intelligences artificielles
embarquées, les voilà qui prennent de
plus en plus d’initiatives concurrentielles. Hier, pour l’anniversaire de ma
mère, ma smartwatch lui a fait livrer 120
roses, et mon smartphone 6 kilos de
chocolats ! Je vous dis pas le paquet de
bitcoins que ça m’a coûté. Mais si ça se
calme pas, y en a un qui va se retrouver
au clou, chez Ma Tante. »
Petits hommes verts. Le début
de soirée s’avançait quand le commissaire Pillière se rappela qu’il avait
des courses à faire pour les cadeaux
de Noël. Son fils voulait les nouvelles
Apple vs
Samsung :
la 3e guerre
mondiale
ne finirait donc
jamais.
chaussures de Lenovo, qui affichent
l’humeur changeante de leur propriétaire, grâce à un smiley rigolard ou
boudeur. Un peu pompes de clowns,
mais « trop cool ! » Sa fille, elle, voulait
un smartband, un bracelet intelligent,
capable d’enregistrer toutes ses activités
physiques, sociales, culturelles... Un vrai
journal de bord des moments forts de
sa vie, à revivre après sur son smartphone. « Au moins, certains matins, ça
lui permettra de se souvenir avec qui
elle a couché cette nuit », philosopha-t-il.
Enfin, là aussi, les connexions coûtaient
bonbon.
En rentrant chez lui, sa montre sonna
pour la quarantième et unième fois de
la journée, lui signalant l’arrivée d’un
nouveau message sur son smartphone.
Il décida qu’elle l’avait assez emmerdé
comme ça. Il l’enveloppa dans du papier aluminium – il avait lu dans une
revue d’ufologie que ça neutralisait les
technologies envahissantes des petits
hommes verts — et la mit au frigo. Après
quoi, il accepta la proposition vespérale de Paméla, puis dîna d’une pizza
choucroute commandée sur internet, via
sa Google TV. Et se coucha de bonne
heure, histoire de ne pas rater cette fois
la capture de l’ennemi public n° 1. v
Michel Texier
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 21
dossier applications Mobiles
26
28
30
32
[ REPORTAGE ] Les annonceurs dans la jungle de la conception d’applis.
[ FOCUS ] Pour être téléchargé, amusez l’utilisateur.
[ ANALYSE ] Interne : des logiciels pour mieux travailler.
[ oui/non ] Publicité géolocalisée : est-elle vraiment efficace ?
Les applis
obligent les entreprises
à créer de nouveaux services
Le trafic du web est en train de basculer sur les mobiles.
Soucieuses de ne pas rater cette révolution, les entreprises
se dotent d’applications. Mais ces petits logiciels à
télécharger ont des règles qu’il vaut mieux connaître.
L
e trafic web provient aujourd’hui à 38 % du
mobile (smartphones et tablettes). Contre
62 % d’un ordinateur, fixe ou portable
(source : Médiamétrie). Les entreprises
prennent cette évolution très au sérieux :
elles craignent de perdre le contact avec
leurs clients ou les consommateurs si elles ne sont
pas présentes sur le mobile. « Les connexions web via
les ordinateurs ont tendance à stagner. Si nous ne faisons rien sur le mobile, d’ici trois ou quatre ans nous
n’existerons plus », est convaincu Philippe Hassel, le
dircom d’Apicil.
Du coup, un certain nombre d’annonceurs a choisi de
se doter d’applications mobiles. Mais ce n’est pas une
mince affaire, et beaucoup tâtonnent. Le problème
principal, c’est qu’une application ne peut pas être un
copier-coller du site de l’entreprise. Tout simplement
parce que les utilisateurs n’ont pas le même comportement lorsqu’ils se connectent depuis un terminal
mobile.
« En moyenne, une session web mobile dure 2’ 30,
contre 20’ pour une session fixe », indique François
Scheid, professeur de marketing digital à EM Lyon.
22 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
« Sur le fixe, on va tout faire pour que l’internaute explore un site le plus longtemps possible. Alors que sur
le mobile, il faut lui proposer des expériences intimes,
mais très courtes, pour qu’il revienne le plus souvent
possible », renchérit Sacha Cayre, le dirigeant d’Insign
Mobility.
Philippe Hassel,
dircom d’Apicil
« Si on ne fait rien
sur le mobile,
d’ici trois ou quatre ans
on n’existera plus ».
Être utile ou ludique
« L’erreur classique, c’est de dire : j’ai un site, une page
Facebook… qu’est-ce que je pourrais faire sur le mobile ? On ne doit pas être dans l’addition artificielle
de supports », prévient Stéphane Pacini, ex-Visual Link
et Empirik, aujourd’hui fondateur de Holdie’s. Et de
trancher : « Une application digne de ce nom doit être
utile ou ludique. »
C’est indispensable pour émerger sur les stores, où l’on
trouve plus d’un million de programmes. Si on choisit
d’être ludique, on peut présenter son appli sous forme
de jeu, de simulateur, de galerie photo… (lire p.28),
multiplier les photos et vidéos et adopter un ton plus
personnel quand on s’adresse à l’utilisateur. Ce n’est
4
réalisations à méditer
2.
Coacher
des patients
L’application
ArthMouv permet
aux personnes
souffrant d’arthrose
du genou de faire
un suivi de leur
douleur, et d’être
coachées avec des
exercices physiques
adaptés (réalisation :
Applidium). Sanofi a
reçu pour cette appli
un Trophée de la
santé mobile.
1.
Compléter
une carte de fidélité
L’application de Bioderma
a été lancée fin 2012 pour
fournir le même service
que la carte de fidélité de
la marque (réalisation :
1000mercis). En scannant
six produits Bioderma
achetés, on peut s’en
faire offrir un 7e. Depuis
le lancement de l’appli
(250 000 utilisatrices),
les consommatrices
font davantage jouer
cette offre.
3.
Faciliter
des démarches
administratives
Avec l’appli d’Apicil, on
peut effectuer une prise
en charge hospitalière sans
avoir besoin d’appeler
l’assureur (réalisation :
SQLI Enterprise). « Dans
l’univers de l’assurance,
les produits proposés
sont assez semblables.
Là où nous pouvons
innover, c’est sur le
service, et l’appli nous
le permet », indique
Philippe Hassel,
le dircom.
déjà pas si facile. Mais si on choisit d’être utile, il faut
vraiment faire travailler ses méninges pour proposer
un service inédit.
« Pas la peine de concevoir une application qui informe
sur ce que vous faites : les gens s’en moquent. Il faut
identifier un besoin consommateur que vous n’avez
pas encore assouvi, et tenter d’y répondre grâce à
l’application », préconise Christophe Billet, le directeur
marketing de Bioderma (Lyon). La marque de cosmétiques a ainsi sorti une application visant à compléter
sa carte de fidélité papier, jugée trop contraignante.
Grâce à cette carte, les consommatrices pouvaient
se faire rembourser un produit Bioderma au bout de
six achetés. Mais il fallait découper les codes-barres,
joindre les tickets de caisse… et envoyer tout cela par
la Poste. Avec l’application, on se contente de scanner
les produits.
Il faut savoir jouer subtilement et ne pas promouvoir
directement ses produits, afin de ne pas repousser
l’utilisateur. Ainsi Sanofi a mis au point avec le CHU
de Toulouse Mon Glucocompteur, une application destinée aux diabétiques : en indiquant comment ils se
sont alimentés, ils peuvent estimer la dose d’insuline
4. Accompagner un hobby
L’appli du spécialiste des caves à vin Eurocave se présente comme un livre
de cave. On peut répertorier les entrées de ses bouteilles, les classifier…
« Nous avons fait le choix d’une appli ouverte à tous les utilisateurs de caves,
pas seulement les nôtres », précise Pascal Marchand, le dirigeant d’Eurocave.
qu’ils devront s’injecter. « Cette appli a été conçue avec
des patients pour des patients, souligne Gilles Litman,
directeur du département Performance et Innovation
chez Sanofi France. Elle nous positionne comme un
acteur du diabète, qui souhaite jouer le rôle de partenaire auprès des patients. Et non comme un simple
fournisseur d’insuline. »
Difficile d’investir moins
de 20 K€
Même démarche pour la marque de lait infantile Gallia.
Freinée dans sa communication par l’Assurance maladie, qui veut valoriser l’allaitement, elle cherchait un
moyen de tisser un lien de proximité avec les femmes
enceintes. « Nous avons préconisé une application qui
communiquerait au nom de la marque Gallia, mais
sans mettre en avant les produits, indiquent Nicolas
Pornon et Françoise Lemaitre chez Native. L’idée était
de créer un service d’accompagnement des femmes,
avant et après la naissance de leur bébé. »
...
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 23
dossier applications Mobiles
38 %
du trafic
web provient
désormais du mobile (smartphones
et tablettes) selon Médiamétrie.
62 % passe par le canal d’un ordinateur,
qu’il soit fixe ou portable.
...
Les annonceurs tâtonnent souvent pour trouver ce qui
fera de leur application un service original et apprécié.
L’Opéra de Lyon, qui s’est doté d’une appli il y a quatre
ans (prestataire : My Lucky Day), est déjà en pleine
réflexion sur une V2. « L’appli a été conçue comme un
condensé de notre site, mais nous voudrions maintenant lui donner une autre dimension, avec du contenu
additionnel à nos spectacles, indique Anne Fory, la
coordinatrice du service communication. Nous prenons notre temps car cela représente un budget non
négligeable. »
En effet, pour mettre au point une application qui
tienne la route, difficile d’investir moins de 20 K€. Ce
n’est pas tout : il faut la promouvoir avec des actions
de communication online et offline. Et la « maintenir »
en la mettant à jour régulièrement. Tout cela finit par
représenter un joli budget. Ainsi chez Eurocave, le
dirigeant Pascal Marchand indique avoir débloqué une
enveloppe de 40 K€ pour faire concevoir son application. « Mais il faut doubler cette somme pour avoir une
idée du coût final : nous avons en effet passé beaucoup de temps en interne à réfléchir à l’appli. Sans
compter les efforts de recrutement et de formation de
nos collaborateurs », précise le patron.
Le plus souvent, la création d’une appli mobilise plusieurs personnes pendant trois à six mois.
150 contacts quotidiens
Pour autant, les annonceurs sont convaincus de l’avenir de cette nouvelle industrie qui emploie déjà des
dizaines de milliers de personnes en Europe.
« C’est un état de fait : la première porte d’entrée vers
une marque est désormais le digital », souligne Franck
Nallet chez Renault Trucks. « Nos applis sont des outils de différenciation par rapport à nos concurrents »,
vante Gilles Litman chez Sanofi. Quant à Christophe
Billet, il voit dans son application un moyen de mieux
connaître les consommatrices Bioderma, et de les caractériser par profils. « Bien sûr, nous le faisions déjà
au moyen de focus groups, mais c’était basé sur du
déclaratif. A contrario, les données que nous fournit
l’application ne peuvent pas mentir », se réjouit-il.
Du côté des prestataires aussi, on se montre enthousiaste : « Lorsqu’un annonceur me dit qu’il a envie de
communiquer, mais qu’il a déjà tout dit, je lui suggère
de créer un service mobile, assure Nicolas Pornon
chez Native. C’est une autre façon de communiquer
vers laquelle on s’oriente de plus en plus. »
« On consulte son téléphone au moins 150 fois par jour.
C’est 150 points de contact possible avec une marque »,
fait valoir Baptiste Benezet, le dirigeant de la startup Applidium. Et de mettre en avant l’excellent taux
d’ouverture des push, ces alertes que reçoivent les
personnes qui ont téléchargé une application. Ce n’est
pas Philippe Emery qui le contredira : « Envoyer 1 000
SMS, c’est un budget. Alors qu’envoyer 1 000 push c’est
gratuit, et on peut savoir s’ils ont été lus », se réjouit le
codirigeant de My Lucky Day.
24 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
Mobiles Comment être
présent sans appli
Tous les annonceurs veulent avoir leur appli. Pourtant
certains feraient mieux de s’abstenir. Il y a d’autres
façons d’être présents sur les smartphones et tablettes.
Avant de décider de vous doter d’une application, réfléchissez bien. C’est un chantier
qui prend du temps, nécessite un certain
budget… et peut se solder par un échec.
Car sur les stores, certaines marques
partent avec un handicap. « L’Apple Store,
c’est comme un supermarché : les gens
vont vers les marques qui ont une grosse
notoriété et qu’ils connaissent déjà »,
avertit Baptiste Benezet (Applidium).
L’une des premières questions à se
poser est donc de déterminer si sa
marque est assez forte et suffisamment utile à l’utilisateur pour qu’il
ait envie de télécharger votre appli.
TEMPS MOBILE. Ensuite, l’application doit répondre à un besoin
de l’utilisateur qu’il pourra
satisfaire lors de son « temps
mobile » : entre deux rendez-vous,
en attendant le bus, en sortie… L’objet
et la cible de l’appli doivent être pensés
en amont.
« Certaines entreprises font des applications pour présenter leur rapport
« Pour être présent sur le mobile,
annuel, on en voit à la pelle. Elles doivent
on peut réfléchir à une campagne
Facebook » sacha Cayre (Insign Mobility).
se dire que ça intéressera bien deux ou
trois journalistes ou investisseurs… Mais
c’est un mauvais calcul », pointe Stéphane
Pacini (Holdie’s).
10 K€ environ, soit beaucoup moins
Une application doit en effet fournir un qu’une appli », suggère Sacha Cayre
service original et ludique. Si on n’est (Insign Mobility).
pas en mesure de le faire, il vaut mieux En France, les annonceurs sont encore
se contenter d’une version responsive assez frileux face à des campagnes sur
design de son site, c’est-à-dire une version les réseaux sociaux. « Aux États-Unis,
consultable sur mobile. Ainsi, un restau- les annonceurs hésitent moins, pointe
rant n’a pas grand intérêt à se doter d’une Sacha Cayre. Les campagnes sur Twitter,
appli si c’est pour présenter sa carte.
Instagram… sont très développées avec de
beaux annonceurs comme Kraft Foods,
RÉSEAUX SOCIAUX. On peut être présent sur McDo ou Oreo. En France, nous travaillons
le mobile autrement qu’à travers une appli. avec Danone sur la marque Gallia et l’Évian
« On peut réfléchir à une campagne de Championship (campagne pendant la fête
publicité sur Facebook, qui est un réseau des Mères), mais ce n’est pas encore ce
social très utilisé sur le mobile. Cela coûte qu’on ferait aux États-Unis. » v
Pourtant, certains s’inquiètent déjà de l’inflation des
applications. Gilles Litman chez Sanofi prédit un engorgement, qui nécessitera peut-être la mise en place
de labels et l’instauration d’une régulation. Soucieuse
de se positionner au-dessus de la mêlée, l’entreprise de
médicaments propose déjà un Guide des applications
mobile sur le diabète. Il est conçu par DMD Santé, une
start-up qui évalue en toute objectivité les applications
et les objets connectés liés à la santé. v JD
dossier applications Mobiles
Les annonceurs
dans la jungle
de la conception d’applis
Quand un annonceur est résolu à faire une appli, il lui reste juste
à trouver celui qui va la concevoir. Pour réussir cette étape capitale, il vaut mieux avoir quelques repères.
C
hoisir un prestataire n’est jamais facile.
Mais sur un marché jeune comme celui
des applications les choses se corsent.
Les annonceurs peuvent choisir de faire
appel à une agence web, une agence
digitale spécialisée dans les mobiles, une
SSII, un studio de développement... ou plusieurs à la
fois. « La plupart du temps, les annonceurs font travailler ensemble les acteurs », indique Sacha Cayre (Insign
Digital). Il faut gérer cette profusion. Sans s’y perdre.
« C’est un marché qui s’accroît, sur lequel on trouve
tous les prix, car ces technologies se sont démocratisées », pense Jérôme Revy, le directeur d’Apps Factory.
Ainsi si le budget moyen d’une réalisation s’établit aux
26 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
alentours de 20 K€, on peut trouver des modèles génériques ultra-simplifiés à 5 K€. Et des Rolls sophistiquées
à une centaine de milliers d’euros.
Pour autant, on sait maintenant dans quelle plateforme
il faut investir lorsqu’on lance son application : Apple
et Google, qui représentent 90 % du marché. « Il y a
cinq ans, le marché était encore dominé par Nokia
et BlackBerry », rappelle Sacha Cayre (Insign Digital).
Le piège de la technique. Pour se retrouver
dans cette profusion d’acteurs, Pascal Marchand, le
dirigeant d’Eurocave, s’est fixé une règle de conduite.
« Le piège avec tous ces intervenants, c’est qu’ils vous
parlent tous technologie à grand renfort d’acronymes.
© Shutterstock
Nous avons retenu ceux dont nous comprenions le
discours », explique-t-il. Pour son application, il a finalement fait confiance à Iris Interactive (coordination
projet et graphisme) et Modis (développeur).
D’ailleurs, lorsqu’on se lance dans une stratégie mobile,
mieux vaut être déjà bien préparé et staffé en interne
en matière de compétences digitales. « Lancer notre
application a été assez rapide (trois mois), car depuis
deux ans Apicil a engagé des travaux assez lourds pour
se digitaliser. Tant sur le front office (refonte du portail…) que sur le back office (nouveau framework…).
Ce processus a mobilisé beaucoup de monde et un
joli budget », indique
Philippe Hassel, le dircom d’Apicil.
« C’est un marché
sur lequel on trouve
tous les prix, car
les technologies
se sont
démocratisées »
Une bonne organisation interne.
Mais beaucoup d’annonceurs manquent
de collaborateurs et
de compétences pour
faire le lien avec ces
prestataires. Il leur faut
se digitaliser : cela passe par des recrutements, mais
aussi une structuration de l’organisation. Au niveau
des grands groupes, les départements communication digitale s’étoffent et montent en puissance (lire
ci-contre). Quelquefois, de nouvelles fonctions sont
créées, comme celle de directeur digital ou CDO (chief
digital officer).
« La majorité de nos interlocuteurs sont des directeurs
marketing et des directeurs métier. Mais nous travaillons aussi de plus en plus avec des DSI (directeurs
de service informatique) et des directeurs du digital
ou du numérique. Ces derniers cumulent des compétences métiers et un savoir-faire technique », remarque
Baptiste Benezet, chez Applidium.
Chez Bioderma, la mobilité est gérée par un service
nouveau, dédié à la fidélisation et au CRM. Quatre
personnes y travaillent : un recrutement externe a été
effectué, et les autres sont des collaborateurs possédant
le savoir « marché » qui ont été formés.
L’urgence d’innover. Certains grands annon-
ceurs se dotent même de structures originales. Sacha
Cayre cite par exemple Axa Agency, une structure
interne à Axa chargée de créer des projets internet
innovants puis les proposer aux différents pays où
l’assureur est présent. C’est une sorte de mini-laboratoire intégré. Chez Sanofi France, le digital est géré
par le département Performance et Innovation. Son
directeur, Gilles Litman, a créé en janvier un département Open Innovation. « Nous souhaitons mettre au
point des innovations main dans la main avec des
start-up », illustre-t-il.
« La principale difficulté pour l’entreprise, c’est de
trouver la bonne organisation. La digitalisation est un
chantier géant, pointe Stéphane Pacini (Holdie’s). Il y
a des questions en apparence très simples à régler. Par
exemple, la personne qui gère les réseaux sociaux estelle aussi celle qui gère l’application ? Pas forcément.
Cela peut aussi être le marketing, la communication,
les RH… » v
Franck Nallet, chargé du département communication digitale chez Renault Trucks.
“ Je ne retiens pas
les agences qui prétendent
savoir tout faire ”
INTERMÉDIA. Comment est géré le digital
chez Renault Trucks ?
f.n. En matière de digital, Renault
Trucks est un pionnier. Nous nous
sommes intéressés au web dès 1998.
Au début, le département communication digitale était rattaché à la
division IT (informatique). Puis peu à
peu il s’est rapproché du top management. Depuis cinq ans, il dépend du
service communication/marketing. Et
compte trois personnes.
INTERMÉDIA. Quelle est la stratégie
mobile de Renault Trucks ?
f.n. On
s’est vite rendu compte que
le mobile allait remplacer le laptop.
Et puis, beaucoup de nos prospects
sont nomades, et passent leur journée
à se déplacer. Nous avons commencé
à réfléchir aux applications en 2010.
Aujourd’hui, nous avons 12 applis, de
trois types : certaines sont ludiques,
d’autres sont des utilitaires pour les
chauffeurs de camion (GPS, outil de
gestion des temps de repos…), et les
dernières sont commerciales.
INTERMÉDIA. Comment choisissez-vous
vos prestataires ?
f. n .
Je ne retiens pas ceux qui
prétendent savoir tout faire : dans le
digital, c’est juste impossible. Il y a
encore trois ans, très peu d’agences
savaient construire des applications.
Celles qui y arrivent aujourd’hui
sont celles qui ont su faire des croissances externes intelligentes, partant
du constat qu’elles n’avaient pas la
science infuse. C’est le cas d’Insign,
avec qui nous travaillons depuis
longtemps. v
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 27
dossier applications Mobiles
Des jeux, des simulations, des galeries photos… Plusieurs entreprises
promettent de divertir l’utilisateur avec leur application. L’idée est d’attirer
son attention parmi le tombereau d’applications existantes.
3
applis ludiques
à succès
Pour être téléchargé,
amusez l’utilisateur
Gallia : expériences inédites pour
femmes enceintes
Grâce à cette appli, on peut
enregistrer sa voix puis l’écouter
telle que bébé l’entend in utero.
On peut aussi enregistrer un
message pour les six mois
de son enfant. La marque de
lait en poudre promet deux
expériences inédites par mois
tout au long de la grossesse.
L’appli est téléchargée plus
de 120 000 fois par an
(agence : Native).
Renault Trucks : un simulateur
d’éco-conduite
Le sujet de
l’éco-conduite
peut sembler
rébarbatif, et
pourtant l’appli
Truck Fuel Eco
Driving a été
téléchargée
plus de
700 000
fois depuis
septembre
2012. La
raison ? C’est
un simulateur.
Bien plus amusant que les très scolaires formations
sur la conduite auxquelles les chauffeurs de camion
sont contraints d’assister.
Seb : un guide pour
bien cuisiner
L’application « Mon autocuiseur » de Seb fonctionne avec
Nutricook, la 1ère cocotte
connectée que la marque
vient de lancer. L’utilisateur
est guidé de la préparation
à la cuisson dans la mise en
œuvre de 200 recettes.
28 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
D
Baptist Benezet,
(Applidium)
« La bonne appli,
c’est avant tout
celle que j’ai plaisir
à utiliser,
et dont j’ai envie
de parler autour
de moi »
ircoms, si vous voulez que votre appli soit
téléchargée, misez sur le divertissement.
Certes, vous n’atteindrez pas les scores de
Candy Crush ou d’Angry Birds, mais vous
aurez une chance d’émerger parmi les milliers d’applications disponibles sur les stores.
« Dès que Renault Trucks s’est intéressé aux applications il
y a cinq ans, nous avons senti que les utilisateurs étaient
en attente de ludique, se souvient Franck Nallet (Renault
Trucks). L’une des 1res applis que nous avons lancées a
donc été un jeu de simulation de course de camions,
Renault Trucks Racing. Avec plus d’un million de téléchargements depuis 2011, c’est notre application phare. »
Incomparable gamification. Pour capter l’au-
dience, un seul mot d’ordre : la gamification, c’est-à-dire
la capacité à introduire du ludique. L’application en
elle-même peut être un simulateur, un jeu, un quizz, une
galerie photos… Ainsi, avec l’application Truckers Gallery,
Renault Trucks invite les passionnés de camion du monde
entier à partager leurs photos. De son côté, la marque
Rowenta, qui vend notamment des sèche-cheveux et des
fers à friser, a mis au point une appli avec des idées de
coiffure personnalisées en fonction du type de cheveux
(agence : Native).
Bien sûr, certaines marques se prêtent plus que d’autres à
proposer un contenu divertissant. Pour autant, le ludique
peut s’exprimer de différentes manières. Ainsi, sur l’application MyCanal (Canal+), lorsqu’il n’y a plus de réseau,
un cartoon façon Far West s’anime. « L’idée est d’utiliser
le ludique pour créer de l’empathie avec l’utilisateur »,
décrypte Baptiste Benezet, dont la start-up, Applidium
a conçu MyCanal. De la même façon, il préconise de
travailler les messages d’erreur en délaissant les contenus
standards et en utilisant l’humour. « La bonne appli, c’est
avant tout celle que j’ai plaisir à utiliser, et dont j’ai envie
de parler autour de moi », résume-t-il.
Amadouer les plus hostiles. L’intérêt de cap-
ter l’audience par le jeu ? Amadouer les utilisateurs les
plus hostiles. « Alors même que les gens ont un a priori
négatif sur votre marque ou vos produits, ils se laisseront
tenter par la découverte d’un jeu. Et pourront ainsi faire
évoluer leur opinion », assure Franck Nallet. Renault
Trucks joue aussi sur la complémentarité de ses applis
(une douzaine développées en cinq ans) : par exemple
Truck Simulator, un jeu de simulation de conduite, affiche
une fenêtre renvoyant sur The Range, une application
purement commerciale. Celle-ci permet de découvrir la
nouvelle gamme Euro6 du constructeur. Très sérieusement
cette fois-ci. v n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 29
dossier applications Mobiles
De plus en plus d’entreprises dotent leurs collaborateurs de mobiles
pour les aider dans leur travail. Surtout le service commercial.
Encore faut-il faire accepter ce nouvel outil.
Interne Des logiciels pour
mieux travailler
L
es applications ne sont plus conçues seulement pour un public externe. Les entreprises en dotent désormais leurs salariés.
Par exemple pour compléter ou remplacer le journal interne, avoir accès à des
infos importantes. Ou encore présenter des
offres commerciales…
Ainsi chez Schneider une application complète depuis
un an et demi la publication interne monde (agence :
Publicis Activ Lyon). Le constat a été fait que beaucoup
de salariés étaient sur le terrain, et n’étaient pas facile à
toucher avec une publication papier. « Ce qu’on appelle
des “M Mag”, des magazines internes sur mobile, devient
courant », appuie Sacha Cayre, dont l’agence Insign Digital, vient de signer un tel support pour Oberthur.
Vivien Poujade, président de Synthes’3D (Aix, Angers, Brest et Lyon)
“ L’équivalent de la
brochure commerciale
du XXe siècle ”
INTERMÉDIA. Que proposez-vous
en matière d’applications ?
v.p. Synthes’3D propose sept applica-
tions « clé en main ». La plupart sont
des outils d’aide à la vente pour les
commerciaux lorsqu’ils sont en rendezvous client. Ainsi Discover My Product
est une application pour présenter ses
produits sous forme de catalogue 3D.
On peut ouvrir des images, des PDF
ou des vidéos depuis l’application, et
envoyer par mail des documents. À
chaque fois qu’un commercial présente
ainsi ses produits à un prospect, il peut
compter sur « l’effet waouh » : c’est la
brochure commerciale du XXe siècle.
Le budget commence à 1 000 €, et peut
monter jusqu’à 30 K€. Et les délais sont
très courts.
INTERMÉDIA. Quels annonceurs ciblez-vous ?
v.p. Des acteurs de l’innovation,
30 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
de l’industrie et du médical… qui
conçoivent des produits, mais ne les
valorisent pas assez sur le terrain. Par
exemple, nous avons développé une
déclinaison de Discover My Product
spécialement pour les entreprises qui
font des implants médicaux — c’est
une vraie niche pour nous. Et une
autre pour les promoteurs immobiliers, qui font ainsi découvrir leurs
programmes.
INTERMÉDIA. Quel est l’intérêt d’applications
clé en main comme les vôtres ?
v.p. Développer
une application en
partant de zéro est chronophage
et coûteux. Le temps qu’y passe un
annonceur est souvent sous-estimé.
C’est pour cela qu’il y a de plus en plus
de produits clé en main comme les
nôtres, opérationnels très rapidement
et faciles d’utilisation. v
Aides à la vente
Autre exemple : My Lucky Day a conçu pour Sanofi une
ambitieuse application sur iPad destinée au top management R&D du géant pharmaceutique. Elle donne accès
à de précieuses infos de reporting. « Cet outil touche
quelques dizaines voire centaines de collaborateurs,
à qui il fait gagner un temps précieux », commentent
Philippe Emery et Thierry Demars, les cofondateurs de
l’agence lyonnaise.
Mais ce sont surtout les forces commerciales qui sont de
plus en plus équipées. Généralement, l’entreprise met à
leur disposition des tablettes dotées d’une application qui
présente et valorise les produits à commercialiser. Objectif : aider ainsi à la vente lors d’un rendez-vous client.
La consultation des stocks et la prise de commandes
peuvent aussi se faire par le biais de l’application. « Les
équipes commerciales gagnent ainsi du temps, et sont
valorisées dans leur travail », fait valoir Baptiste Benezet
(Applidium). « Ce sont des aides efficaces à la vente »,
abonde Jérôme Revy. Sa société, Apps Factory, génère
30 % de son chiffre d’affaires en réalisant des applications
pour aider à la vente de programmes immobiliers. « Il n’y
a pas un seul promoteur qui ne réfléchisse pas à sortir
une plaquette pouvant être lue sur tablette », estime-t-il.
Et de diagnostiquer que le mobile, parce qu’il est désormais un outil de travail et d’organisation, devient « une
forme de continuité de soi-même. »
Sujet «ressources humaines»
Mais pour que les équipes l’acceptent, il faut « promouvoir » une application interne, de la même façon qu’on
communique sur une application externe. C’est quasiment un sujet « ressources humaines ». Il touche en effet
aux méthodes de travail des collaborateurs, qui doivent
apprendre à fonctionner en utilisant le mobile, donc
différemment.
« L’utilisateur doit être au centre de la conception, même
si ce n’est pas une appli grand public. Si un collaborateur
a une mauvaise expérience, il n’aura pas envie d’utiliser une nouvelle fois l’appli, avertit Baptiste Benezet. Il
faut savoir tenir compte des retours, bons ou mauvais,
des collaborateurs. Et puis, l’équipement est aussi très
important : si vous dotez vos commerciaux de tablettes
de moins bon standing que leur tablette personnelle,
ça risque d’être un frein. » Le design de l’application est
également primordial.
« L’entreprise vit une transformation de sa relation avec
ses collaborateurs : ceux-ci sont de plus en plus libres et
autonomes, et décident eux-mêmes de leur rythme de
travail (chez soi, au boulot…). Du coup, ils acceptent
de moins en moins du matériel fourni par l’entreprise »,
croit savoir Sacha Cayre. v
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n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 31
dossier applications Mobiles
[ oui/non ] Une publicité qui s’inscrit sur votre portable au moment où vous
êtes en situation d’achat ? Tous les commerçants en rêvent. Mais cette
technique d’avenir sucite aussi des questions.
Publicité géolocalisée
Est-elle vraiment efficace ?
oui
« La publicité géolocalisée sur mobile
est clairement une technologie d’avenir. Par exemple, vous venez d’acheter un iPhone et vous recevez un message vous proposant une promotion sur un produit associé (coque
de protection...) dans une boutique voisine.
Ce type de technologie peut être déployée à l’échelle
d’un salon professionnel, d’un centre commercial,
d’un aéroport, d’une gare… Elle crée un
cercle vertueux et un rapport gagnant/
gagnant entre l’annonceur et l’utilisateur.
Pour l’annonceur, la publicité géolocalisée sur mobile permet d’attirer plus de
monde en boutique et de générer du
chiffre d’affaires. L’utilisateur quant à lui
ne reçoit que des messages publicitaires
adaptés à ses besoins. L’idée est de lui
apporter un vrai service en fonction
de ses centres d’intérêt. Ainsi, sur un
salon professionnel, on peut avertir les
visiteurs du lieu et de l’heure de la préPascal Soris,
sentation de tel ou tel produit. En fin de
business
compte, le visiteur gagne du temps et
developer chez
profite pleinement de l’événement. La
Planet Intus
publicité géolocalisée n’est pas agres(Genève / Lyon).
sive, car elle apporte avant tout une
information utile.
Si une personne consent à recevoir sur
son mobile, elle doit en accepter les
avantages, mais aussi les éventuels inconvénients.
Cependant, ce genre de publicité n’est pas particulièrement intrusif. Au même titre que vous pouvez
désactiver les cookies sur votre navigateur, vous
êtes parfaitement libre de désactiver votre Bluetooth
lorsque vous voulez être tranquille. L’expérience
montre que les internautes acceptent globalement
bien ce type de publicité, davantage que les fenêtres
pop-up qui apparaissent sur l’écran quand ils ne le
souhaitent pas.
En résumé, l’intérêt de la géolocalisation, c’est de
profiter des recettes qui marchent sur le net depuis
plusieurs années en termes de traçage et de profilage de l’utilisateur (préférences, centres d’intérêt…)
et de transposer cela dans un lieu physique. » v
32 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
non
« En théorie, vous pouvez recevoir
de la publicité géolocalisée sur un
smartphone uniquement si vous
l’acceptez. Mais souvent, vous n’avez pas vraiment le
choix. Par exemple, vous vous apprêtez à télécharger
une application, mais vous vous rendez compte qu’il
faut accepter les publicités géolocalisées pour que
l’appli fonctionne vraiment. C’est ce que j’appelle
du marketing de la frustration. De plus,
l’application que l’on télécharge sous couvert de gratuité, nous la payons en réalité
avec des données personnelles que nous
transmettons (sexe, tranche d’âge, etc.)
On finit par vendre une partie de son intimité pour recevoir des promotions. C’est
une véritable dépréciation de la valeur
de la vie privée. Après cela, difficile de
critiquer les méthodes de la NSA...
Selon une étude de Berg Insight, la publicité mobile géolocalisée représentera
4,9 Md$ en 2016 contre 172 M$ en 2011,
Yannick Châtelain, soit une croissance annuelle de 91 %. On
enseignant en
n’est clairement pas sur un effet de mode.
digital marketing à
D’ailleurs, Facebook vient de lancer sa
Grenoble École de
propre solution destinée aux TPE et PME :
management.
Local awareness ads. Cela va sans doute
générer du trafic chez les commerçants,
mais cela risque dans le même temps de
désorganiser le marché publicitaire. Les
recettes vont baisser et mettre en danger les médias
locaux.
Autre chose : d’après la régie de SFR, 50 % des mobinautes utilisent la géolocalisation pour recevoir de
bons plans et 44 % pour des opérations spéciales. Ce
que je crains, c’est que ce genre de publicité géolocalisée génère de plus en plus d’achats compulsifs,
notamment de la part de personnes en difficulté
financière.
Enfin, imaginez que vous ayez téléchargé les applications de dizaines d’enseignes, vous allez recevoir
des publicités sur votre mobile toutes les trente
secondes. Avec le risque d’un effet contre-intuitif :
si j’attends un appel important et qu’une publicité
arrive à ce moment-là, je risque de ne pas être
content. » v
grandt moin
Pierre Calmard,
47 ans, est
président de
l’agence de
marketing digital
iProspect France
du groupe Dentsu
Aegis Network.
Présente dans
50 pays avec
plus de 3 000
collaborateurs,
l’enseigne emploie
200 personnes
réalise 25 M€
de CA dans
l’Hexagone.
IL SOIGNE SES CHIFFRES AVEC DES LETTRES
UN ESPRIT ÉCLECTIQUE. Voici 15 ans qu’il dirige des agences de
marketing digital. Un univers dont il est sans doute l’un des
meilleurs connaisseurs, en même temps qu’un penseur visionnaire passionné de prospective. Un esprit éclectique, nourri
d’études qu’il qualifie « d’œcuméniques » : un bac scientifique,
des études littéraires en khâgne destinées à devenir professeur
de philosophie, un diplôme d’ingénieur statisticien à l’ENSAE,
puis un mastère marketing à HEC, « pour voir comment on
utilise les stats dans le monde économique. »
Il fera ses premières armes chez Médiamétrie en 1993, où il
restera 6 ans et lancera notamment le département nouveaux
médias en créant les premières mesures d’audience sur
internet. En 1999, il poursuit sa carrière chez Carat où il fonde
Carat Interactive et Isobar dont il assurera la direction générale,
jusqu’en 2007, avant de prendre l’air pour diriger NetBooster,
une agence digitale internationale où il lance un des tout
premiers trading desks.
34 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
UN MANAGER PERFORMANT. En 2012, il rejoint Aegis Media pour
créer iProspect, agence de marketing digital à la performance,
spécialiste des solutions d’achat programmatique. Une réussite !
En 2 ans elle est devenue le leader français sur son marché
avec 200 salariés et 25 M€ de CA. iProspect a remporté en
janvier le prix de l’Innovation lors des trophées Agence Media
de l’année 2015. Elle pilote les stratégies digitales de grandes
marques comme Microsoft, BMW, Française des Jeux... et
œuvre au total pour plus de 400 clients.
Manager efficace, Pierre Calmard est surtout un dirigeant
atypique, passionné de philosophie et d’humanisme, qui « place
le partage du bonheur comme visée essentielle de l’entreprise. »
Un thème récurrent, avec celui de la liberté, qui irrigue le livre
qu’il vient de publier récemment « L’Homme à venir. » Un essai
brillant, entre philosophie post-digitale et science-fiction (une
autre de ses grandes passions) sur la manière dont le numérique
va nous transformer. v
La communication est dominée par les plateformes qui centralisent
nos données personnelles. Un univers où règnent les algorithmes que
décrypte Pierre Calmard, président d’iProspect France (Dentsu Aegis)
et auteur d’un essai sur cette révolution.
Pierre Calmard (iProspect)
“ Marketing, publicité,
médias : la big data
a tout changé ”
INTERMÉDIA. D’où sort la big data ?
p.c. De nos nombreux terminaux
connectés
(ordinateurs, tablettes, smartphones) privés et
professionnels.
La big data, c’est la somme de toutes les traces
numériques que laissent les consommateurs,
soit des milliards de milliards de données
récupérées au fil des jours par les grandes
plateformes numériques (Google, Facebook,
Twitter, Gmail, Yahoo et consorts).
Les grands distributeurs et les marques
complètent ce panorama des collecteurs de
données, dont la masse sans cesse croissante
alimente des data centers toujours plus gigantesques.
INTERMÉDIA. Que change la big data
pour le marketing ?
p.c. Absolument
tout. En quelques années, on
est passé d’un marketing fonctionnant sur des
données agrégées à un marketing de données
individuelles.
Avant, marques et médias raisonnaient en
fonction d’insights consommateurs. Pour
toucher leurs cibles (ménagères de moins de
50 ans, hommes CSP+, etc.), les campagnes
ratissaient large, en mass-medias. Quitte à
devoir toucher 30 millions de personnes, pour
arriver à cibler le million de consommateurs
seulement intéressés par le produit.
Aujourd’hui, grâce au numérique et aux
données comportementales emmagasinées
dans les bases de données, on peut toucher
ce million de personnes, en adaptant sa
communication au profil de chacune.
Le marketing est entré dans l’ère de l’hyperciblage, en temps réel.
INTERMÉDIA. Comment fonctionne cet
hyperciblage du consommateur ?
p.c. Au XXe siècle, les données CRM compor-
taient entre 10 et 20 champs d’informations
sur un consommateur. Aujourd’hui, il y a des
sociétés qui disposent d’algorithmes opérant
sur plus de 10 000 données.
Ces technologies se nourrissent de données
exogènes récupérées directement sur les
ordinateurs et autres terminaux. C’est qu’il y a
une mine d’informations cachées au cœur de
ces terminaux numériques. Par exemple tout
l’historique de navigation de leurs utilisateurs.
Les programmes informatiques utilisant
l’hyperciblage sont créés par des ingénieurs
et des codeurs qui savent tirer la quintessence
de l’information contenue.
INTERMÉDIA. Ce qui permet d’affiner le ciblage...
p.c. Oui, car ces technologies permettent
d’établir un profil de plus en plus complet
de l’internaute et de ses besoins : ce qu’il fait,
ce qu’il recherche, le profil de ses amis sur
les réseaux sociaux, ses centres d’intérêt,
etc. L’imagination n’a plus de limite pour
toucher individuellement les consommateurs
et maximiser la probabilité de faire mouche.
Mieux encore, avec l’injection d’intelli-
gence artificielle dans ces technologies, les
algorithmes travaillent seuls sur des dizaines
de milliers de données.
Mais en même temps qu’il génère un marketing individuel, le numérique révolutionne
le marché de la communication grâce au
système des publicités en temps réel.
INTERMÉDIA. Qu’est-ce qu’une publicité en temps
réel ?
p.c. Jusqu’au
début des années 2000, les
annonceurs achetaient des espaces publicitaires (avec leurs agences médias), auprès des
régies publicitaires des médias, sur un marché
réglementé. Désormais, la majorité des achats
publicitaires digitaux est effectuée en temps
réel, via un système de mise aux enchères.
D’abord, l’internaute est repéré dès qu’il
se connecte. Admettons qu’il ait surfé ces
derniers jours sur des sites de ventes de téléviseurs haut de gamme. Aujourd’hui, il est sur
le site de L’Équipe, dans la rubrique tennis.
Entre le moment où il se connecte et où la
page apparaît, il se passe environ 0,1 seconde.
Dans cet intervalle, le site internet a envoyé
une information sur une place de marché,
appelée ad-exchange, indiquant qu’il y a un
emplacement à vendre sur la rubrique tennis.
La big data, c’est la somme de
“ toutes les traces numériques que laissent
les consommateurs via leurs ordinateurs,
tablettes et smartphones ”
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 35
...
grandtémoi
...
Pierre Calmard (iProspect)
Sur cette même plateforme, différents annonceurs proposent d’acheter cet espace, en
plaçant une enchère. Et c’est la plus élevée
qui l’emporte.
INTERMÉDIA. Ces nouvelles pratiques d’achat
d’espace bouleversent le travail des agences
médias ?
p.c. Tout à fait, car sur ce versant, le métier
de l’agence est d’optimiser la présence de
l’annonceur sur les médias digitaux. Elle utilise
une technologie d’achat directement connectée à toutes les places de marché. Elle peut
ou non placer une enchère, en sachant en
temps réel où se trouve l’internaute. Elle sait
aussi s’il est venu sur le site de la marque de
téléviseur en question, combien de fois il l’a
visité, s’il a vu la publicité, s’il a cliqué dessus...
Et voilà pourquoi l’internaute a toutes chances
de voir une pub de téléviseur s’afficher dans la
rubrique tennis qu’il consulte ce jour-là.
INTERMÉDIA. Les agences médias se
transforment en agences globales ?
p.c. Oui, parce qu’elles ont inventé un métier
de connexion entre contenus et consommateurs. Elles avaient déjà pris le médiaplanning
aux agences de publicité et se sont équipées
pour recueillir, analyser et exploiter la data.
Pour toucher les bonnes personnes, au bon
moment, au bon endroit.
Aujourd’hui, le métier de Carat n’est plus
36 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
seulement de traiter de l’achat média, mais
d’orchestrer un écosystème de communication qui est mis en œuvre ensuite par des
agences spécialisées. Ainsi notre groupe,
Dentsu Aegis Media s’est-il doté d’expertises
spécialisées avec plusieurs enseignes : iProspect (performance marketing digital), Isobar
(CRM), PS Live (marketing services)...
Idem chez nos concur rent s comme
ZenithOptimedia, Havas Média et consorts.
On assiste à une mutation générale, même
si les modèles sont parfois un peu différents.
En gros, le digital a provoqué une dérégulation avec l’apparition de nouvelles agences
hybrides. Tout le monde devient concurrent
de tout le monde.
INTERMÉDIA. En quoi le numérique modifie-t-il
l’organisation des agences généralistes ?
p.c. Il
les oblige à s’équiper de compétences
très différentes de ce qu’elles ont connu
jusqu’ici. Car il faut recruter des personnes
capables de comprendre et d’opérer une
communication dans un monde ultra digitalisé. Capables de raconter des histoires en
utilisant la technologie et la data. Les agences
ont donc besoin de statisticiens et de data
scientists.
Hier, elles recrutaient des créatifs et des diplômés d’écoles de commerce. Aujourd’hui, elles
ont moins besoin de cerveaux droits créatifs
que de cerveaux gauches plus rationalistes.
C’est le retour des ingénieurs !
L’autre grand mouvement, c’est qu’elles ont
besoin de travailler en synergie, sans guerres
internes entre leurs différentes enseignes.
INTERMÉDIA. Qu’est-ce que cela change chez
les annonceurs ?
p.c. Eux
aussi doivent adapter leur casting.
Dans leurs directions marketing, il leur faut
trouver des gens qui soient à l’aise avec le rôle
de la data dans la communication.
Leurs différentes équipes (marketing, ventes,
CRM...) ont surtout besoin d’apprendre à
mieux travailler ensemble et mieux partager
leurs données, alors que trop souvent chaque
service défend son pré carré.
Bref, il faut aboutir à des organisations transversales et que chacun contribue à développer et optimiser la DMP (Data Management
Platform), c’est-à-dire la base de données
propriétaire.
INTERMÉDIA. Les marques doivent-elles
se réinventer ?
p.c. Elles
cherchent à s’inscrire dans la vie, à
écrire leur histoire, à porter des valeurs. Elles
ont fait le constat que les consommateurs
achètent de moins en moins les produits pour
ce qu’ils sont capables de réaliser, mais pour
les raisons qui ont poussé leurs concepteurs
à les réaliser.
Apple doit ses succès à Steve Jobs, dont
l’ambition n’était pas de vendre des ordinateurs, mais de simplifier la vie des utilisateurs.
De nos jours, le patron de Tesla Motors, Elon
Musk, ne rêve pas de vendre des voitures
électriques, mais de rendre l’expérience
de conduite jubilatoire dans un véhicule
connecté, respectueux de l’environnement.
Alors, oui les marques doivent se réinventer,
revenir à l’essentiel, c’est-à-dire l’authenticité
de leurs produits. La pub de la fin du XXe
siècle avait fini par faire oublier le produit au
profit du rêve. Maintenant, elle a besoin de
parler vrai, de la réalité du produit, de ce que
la marque fait de positif pour le consommateur. Et de jouer la transparence, parce que si
ses produits sont fabriqués par des enfants au
Bangladesh, cela se saura !
Bref, l’ère de l’ADN et de la mythologie de la
marque fera de plus en plus sens.
INTERMÉDIA. Les plateformes numériques
vont-elles tuer les médias traditionnels ?
p.c. Ce
qui est sûr, c’est que la révolution
digitale a mis à mal le business model des
médias traditionnels, singulièrement celui
de la presse papier. Chute des ventes au
numéro et recettes publicitaires en peau
de chagrin : c’est tout le secteur qui part en
vrille. Et la télévision a du souci à se faire
entre l’irrésistible boom de la consommation
des programmes à la carte (VOD) et celle de
la vidéo qui pousse les marques sur YouTube
L’imagination n’a plus de limite pour toucher
“ individuellement les consommateurs et maximiser
la probabilité de faire mouche. ”
et autres. L’une des vidéos les plus vues de
2013 (75 millions de visionnages) a été la pub
d’Évian avec son fameux clip des bébés. Soit
une mémorable campagne d’image, pour un
coût ultra faible au regard des sommes que
l’annonceur aurait dû investir pour avoir une
telle diffusion en télévision.
Le problème des médias traditionnels c’est
qu’ils n’ont pas su aborder cette révolution
numérique et un grand nombre disparaîtront
sous leur forme actuelle, éreintés par le
développement des plateformes numériques
qui confisquent de plus en plus l’intermédiation entre les consommateurs et les médias.
INTERMÉDIA. Big data, big plateformes,
c’est l’avènement de Big Brother ?
p.c. Les
technologies disposent d’un pouvoir
potentiel exorbitant que les législations
actuelles auront de grandes peines à couvrir.
Ce pouvoir est d’autant moins contrôlable
qu’il est immatériel, caché et qu’il échappe
facilement à tout système de surveillance.
Pour conjurer Big Brother, des réglementations
tentent de voir le jour dans tous les pays. Et
les marchés s’autorégulent tant bien que mal
en misant sur un équilibre fragile. D’un côté
ce que les citoyens sont prêts à accepter. De
l’autre, les professionnels du marketing qui
cherchent toujours à optimiser leurs dispositifs
de communication. Pour autant, il ne faut pas
croire qu’imposer un modèle est simple. Le
consommateur n’a jamais été aussi versatile
et volatile. Internet le rend plus intelligent en
lui permettant de mieux s’informer.
Des technologies s’inventent, se développent
puis disparaissent comme Netscape, Lycos
ou Altavia... dans les oubliettes de l’histoire.
Les prochains seront victimes du non-respect
des données qu’ils récupèrent. Le peuple n’a
pas besoin de voter pour se faire entendre. Il
lui suffit d’arrêter d’utiliser une technologie.
Et ce qui est important pour l’individu, c’est
d’apprendre à naviguer dans ce monde digital,
d’apprendre les codes pour mieux le décoder.
v Propos recueillis par michel texier
n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 37
Au banc d’essai Le réseau social d’entreprise
+et–
53 % des entreprises françaises ont mis en place ou prévoient de mettre
en place un réseau social (Observatoire d’Arctus, janvier 2015). Deux
entreprises de Rhône-Alpes tirent les premiers enseignements.
« Les salariés y parlent de travail, mais aussi
de photo ou d’apiculture »
+++
«N
Karine Pareti,
responsable
communication
chez Keolis Lyon
ous nous sommes lancés
dans l’aventure du réseau
social d’entreprise en
2013. Nous avions besoin de créer
de la transversalité et de proposer à
nos 4 500 salariés un outil qui leur
permette de construire ensemble.
Nos collaborateurs sont répartis sur
une vingtaine de sites à Lyon, et
plus de 3 000 sont sur le terrain. Les
métiers sont nombreux : conduite,
maintenance, prévention, commercial, etc. L’objectif en matière de
communication interne était également d’avoir des correspondants
locaux afin de faire remonter l’info
de chaque site.
Le réseau social interne a été mis en
place début 2014. Au départ, il y a
eu un effet de surprise. Nous avons
+++
«N
Nicolas
Ferrara, chef de
projet au sein
du groupe
d’ingénierie Egis
(Lyon)
« La mise en œuvre est longue et complexe »
otre plateforme collaborative My Egis a été
ouverte à l’ensemble de
nos 4 500 collaborateurs français
en janvier. Elle a nécessité un an
et demi de développement.
Nous sommes partis du constat
que chacun a tendance à conserver ses propres informations sur un
petit bout de serveur. L’idée grâce
à cette plateforme est de pouvoir
trouver facilement la bonne personne ou mettre la main sur le bon
document.
La mise en œuvre de cet outil est
un processus long et assez complexe. La plateforme démarre doucement. Notamment parce que le
concept de communauté n’est pas
toujours facile à faire accepter aux
salariés.
38 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
fait pas mal de teasing autour
de l’outil et il y a eu rapidement
des interactions sur le réseau.
Aujourd’hui, nous comptons une
cinquantaine de communautés
actives qui traitent de sujets professionnels, mais aussi extra-professionnels. Des communautés
se sont ainsi constituées autour
de la photo, de l’apiculture, de
l’écriture ou encore de l’environnement. Nous avons une population d’utilisateurs fidèles. Certains
salariés ont d’ailleurs appris à se
connaître grâce au réseau.
Nous allons prochainement améliorer l’outil en simplifiant son
utilisation en mettant en place
un système de “j’aime” afin de
favoriser les interactions. » v
Il faut bien comprendre qu’une
telle plateforme bouscule un peu
l’organisation de l’entreprise. La
mise en place de communautés
autour d’intérêts communs favorise la communication horizontale et contribue à s’affranchir des
canaux habituels.
D’autre part, il est important que la
direction se positionne et donne le
“la”. Au-delà du discours, elle doit
montrer l’exemple et s’approprier
la démarche. Si elle va trop vite,
l’outil sera perçu par les salariés
comme quelque chose d’imposé.
Au contraire, si elle ne s’en occupe
pas, les salariés n’y verront pas
d’intérêt, et délaisseront l’outil.
Bref, mettre en place un réseau social d’entreprise est une démarche
délicate. » v
idées
CROWDSOURCING
Nov’in conçoit un sac de sport avec 500 internautesx.
Karkoa est un sac de sport novateur comportant diverses astuces comme un compartiment
isotherme pour ranger sa bouteille d’eau. Il faut
dire qu’il a été conçu grâce aux idées de 500
internautes, réunis sur le site Nov’in.
Sur cette plateforme, chaque internaute peut
poster une idée de produit. Si elle est validée
par un vote, Nov’in travaille les aspects techniques et économiques de la mise au point du
produit (design, coûts de fabrication…). Puis,
les internautes donnent leur avis et proposent
des solutions de réalisation. Enfin, ils reçoivent
les premiers produits et les testent. Ultime
étape : la mise en vente du produit sur un site
dédié. Les internautes ayant le plus contribué à
sa mise au point touchent des royalties.
Le sac de sport Karkoa est le premier produit
ainsi conçu. Il a nécessité un an et demi de travail. Fondé par deux ingénieurs, Ismaël Méïté et
Vincent Gauchard, en 2013, Nov’in entend faire
des internautes des acteurs de l’innovation. v
PHYGITAL
5-16.09.2015
3D Print à Lyon Salon BtoB dédié
à la fabrication
additive
www.3dprint-exhibition.com
17.09.2015
2e édition
de L’Instant
Numérique Salon consacré aux
professionnels de
la filière numérique
à Roanne
[email protected]
Les stands misent sur le digital
pour attirer le visiteur
sème des puces
S
ur les stands, c’est la course à la nouveauté. L’interactivité se niche
partout. Pour attirer les visiteurs, il faut proposer une expérience voire
de l’émotion.
« 70 % des appels d’offres de conception de stand prévoient une dimension
interactive. Il y a 5 ans, c’était à peine 10 % », constate Sylvie Madamour,
directrice de l’agence Vendredi 4 qui travaille en partenariat avec Axial.
Même constat du côté de l’agence de stand Média Product : « Dans les briefs,
on nous demande d’être à la pointe de la technologie », souligne Émilie
Tailleux, directrice commerciale. Du coup, les agences de design abondent
d’idées pour impliquer les visiteurs : détection de mouvements, mur d’écrans
interactifs, vitre transparente tactile, réalité augmentée...
28-29.10.2015
Blend Web Mix Conférences et
ateliers sur le digital
[email protected]
Le site d’e-commerce Cadeau Maestro
(gadgets et cadeaux insolites) vient
d’ouvrir une boutique en dur à SaintÉtienne. Ce point de vente a une particularité : il est truffé de puces NFC
(communication sans contact).
Ce concept « phygital » et cross-canal
veut concilier le plaisir du shopping
et l’efficacité du web. Les puces NFC
renvoient vers une masse de contenus :
vidéos, meilleures ventes, avis consommateurs, etc. v
POINT DE VENTE
Mixer visite virtuelle
et vente en ligne
28.11.2015
Web In Alps Conférences sur
l’entrepreneuriat,
le marketing et
la technique
à Grenoble
www.webinalps.com
Cadeau Maestro
© Y. Petiteaux
INTERACTIVITÉ
Le stand Aldes au salon Interclima à Paris équipé de bornes tactiles.
Davantage de trafic. Les avantages des animations interactives sont
nombreux. Spectaculaires, elles génèrent davantage de trafic, créent du
partage sur les réseaux sociaux, et surtout elles apportent un ROI fiable.
« Avec une installation numérique, nous savons précisément combien de
personnes se sont arrêtées, et nous pouvons aussi en profiter pour récolter
des datas », souligne Sylvie Madamour.
Ainsi, pour présenter la dernière innovation de Valeo (équipement automobile) qui permet de contrôler les accessoires de sa voiture avec le regard,
Vendredi 4 a imaginé un stand composé de huit écrans sur lesquels étaient
représentés des yeux qui suivaient du regard les visiteurs. Buzz assuré sur
les réseaux sociaux.
De son côté, pour le stand de Klépierre (le 17-18 juin au salon SIEC) Média
Product a installé une vitre tactile transparente très ergonomique où le
visiteur naviguait au gré des différents services du groupe (prestataire :
Quantim). Il faut compter entre 7 et 10 K€ pour déployer une animation
interactive sur un stand. v MM
40 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
Faire visiter sa boutique aux internautes
du monde entier, c’est ce que propose
Google avec le dispositif Business
View. En France, quelques agences
sont agréées par le géant américain
pour aller dans les commerces faire
les prises de vues nécessaires. C’est le
cas de la stéphanoise Bcome. Celle-ci a
ajouté une innovation à ces visites virtuelles : la possibilité d’acheter en ligne.
En visitant virtuellement une boutique,
les internautes peuvent cliquer sur les
produits exposés pour les acheter.
Une 1ère version est en test chez une
poignée d’entreprises (fleuriste, épicerie...). Les hôtels, restaurants ou salles
de spectacles pourraient aussi être intéressés. v
débloque
-notes
Jacques Simonet,
éditeur
d’InterMédia
Le sexe des datas. Félicitations à Pierre
Calmard pour ses explications limpides sur LA big data
comme disent certains (p. 34). Personnellement, je suis de
ceux qui disent LE big data. Dans notre monde surinformé,
impossible de trouver un consensus sur ce point. Sans compter qu’il y a ceux qui mettent des capitales à
Big Data, sans doute pour marquer leur révérence due
à cette nouvelle religion, alors que d’autres s’y refusent,
revendiquant une distance laïque.
Le jour où l’expression big data entrera dans le dictionnaire
de l’Académie française, nous serons fixés sur tous ces points.
Mais les Immortels ne sont pas pressés. Une rapide recherche
sur le site du fameux ouvrage me permet de constater que
le mot data, pourtant déjà entré dans les mœurs, n’y figure
même pas.
Pour les big data, smartdata et autres data-bidules il faudra
donc attendre quelques années. À moins que d’ici là ces
expressions naissantes ne soient déjà passées de mode.
On a du mal à croire que les mots telex, mainframe, floppy
ou cobol faisaient rêver il y a peu alors qu’aujourd’hui plus
personne ne sait de quoi il s’agit.
Mais je ne veux pas désespérer la jeune génération qui est
attachée à ses croyances tribales.
Le sexe des anges. Au Moyen âge, on
discutait du sexe des anges. Au XXIe, dissertons sur celui
des datas.
Je relève sur Wikia cette contribution intéressante à un débat
qui pourrait devenir primordial pour les grands prêtres du
par JIBÉ
42 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015
numérique : « Les anges sont unisexes, et même pour être
précis, ils n’ont pas de sexe. Par essence, un ange n’est qu’une
abstraction, un esprit. Par souci de reconnaissance, ils ont été
représentés sur divers tableaux et gravures comme ressemblant
à des êtres humains, mais en aucun cas l’amalgame ne doit
être fait. Les anges n’ont aucune enveloppe physique, ne
vivent pas, n’existent pas. »
Ma foi, ces anges-là ressemblent furieusement à nos datas que
personne n’a jamais vues non plus. Furtives, mais omniprésentes les datas évoluent dans un monde invisible qui nous
dépasse. Douées du don d’ubiquité, elles voyagent aussi à
tire-d’aile.
Le Diable s’habille en Data. Faudra-t-il
reconsidérer la Bible à la lumière de nos connaissances
actuelles ? Ces écrits vieux de plusieurs millénaires sont-ils
des textes imagés écrits par des visionnaires qui essayaient
de faire comprendre à des nomades un peu primitifs,
ce qu’allait devenir l’Humanité ?
Il est sûr qu’on pourrait publier un très bon techno-thriller
en transposant à notre époque l’épisode des anges envoyés
par Dieu à Sodome et Gomorrhe. Sans pour autant conclure
que le web est devenu un vaste bordel mondial. Même si
d’aucuns soutiennent que c’est une invention du Diable
et que W3 serait son monogramme.
Le fait que le Word Wide Web ait été conçu par un chercheur
du CERN (autant dire un sorcier du nucléaire) est un indice
qu’il ne faut pas négliger. v
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