10 | 06 | 2015 n° 1299 + d’infos sur www.intermedia.fr ISSN : 0249-1575 15€ Marketing / communication / médias en rhône-alpes m a g a z i n e dossier Applications mobiles : tous les annonceurs s’y mettent spécial grand témoin « Marketing, publicité, médias : la big data a tout changé » Pierre Calmard (président d’iProspect France) enquête Mort d’un astronaute déconnecté Une enquête du commissaire Pillière, grand cyber flic, dans la smartcity lyonnaise Au banc d’essai : le réseau social d’entreprise © ESO édito Par Julie Druguet Marketing / communication / médias en rhône-alpes Le Challenge 58, avenue Debourg 69007 Lyon Tél. 04 72 84 45 55 Fax : 04 37 57 54 96 Mail : [email protected] Éditeur : InterMédia Sarl au capital de 37 579 e. Siren : 325 694 909. Directeur de la publication : Jacques Simonet. Rédactrice en chef : Julie Druguet. Rédaction : Michel Texier, Maeva Melano, Jérémy Chauche, Yann Petiteaux, Stéphanie Borg. Service commercial : Pascal Leby. Agence photo : ESO (Lyon). Maquette : ProEdito (Paris). Mise en page & infographie : Frédéric Morel / mfredpao. Impression : Imprimerie Brailly (Saint-Genis-Laval). Dépôt légal : à parution. Abonnement : voir p. 31 ISSN : 0249-1575 CPPAP : 0518 I 83313 Parution trimestrielle Prix de l’abonnement : 285 € www.intermedia.fr www.facebook.com/ intermedia.fr Du fun et des fans V oilà deux ans que nous n’avions pas consacré un numéro complet au digital. Avec ce magazine, nous espérons vous informer, vous donner des clés… mais aussi vous étonner. Champ de tous les possibles, le digital ne s’interdit rien, part à l’assaut des monopoles, des prés carrés, bouscule les modèles traditionnels. En cela, il étonne, amuse, fait rêver. Lisez notre page Idées (p. 40) : grâce au digital, on peut mutualiser les méninges de 500 internautes pour concevoir un sac de sport vraiment innovant. Grâce au digital, on peut parcourir un joyau de l’humanité, la grotte Chauvet, fermée au public (p. 14). Et avoir le frisson devant des œuvres de plus de 30 000 ans. Un cyberflic dans la smartcity. Le digital crée aussi Pour Pierre Calmard, le règne de la big data est déjà là. Président de l’agence de marketing digital iProspect, notre Grand témoin (p. 34) dissèque la manière dont les consommateurs déposent chaque jour des milliards de milliards de « traces numériques », récupérées par les plateformes technos (Google, Facebook et consorts) mais aussi par les marques. De quoi révolutionner le marketing et la communication. Une analyse brillante et claire, qui change des nombreux propos fumeux sur la big data. Les humains déposent chaque jour des milliards de milliards de traces numériques sur les sites des besoins un peu absurdes… et là encore, il y a matière à sourire. Notre journaliste Michel Texier s’est amusé à imaginer les tribulations d’un « flic connecté » dans la smartcity lyonnaise. Entre robote à tout faire (même les gâteries), avalanches de notifications, WC à analyse d’urine et accident de Google Car, le fin limier s’en sort comme il peut. Dégustez ce morceau de bravoure p. 20. Et réfléchissez-y deux secondes : pouvons-nous jurer que nous n’évoluerons jamais dans un tel univers ? Basculement sur le mobile. Autre révolution à l’œuvre : le trafic du web est en train de basculer sur les mobiles. Soucieuses de ne pas rater ce virage, les entreprises se dotent d’applications. Mais ce n’est pas une mince affaire. Il faut imaginer un nouveau service proposé par l’application, débloquer du temps, prévoir un budget assez conséquent, et s’orienter dans la jungle des prestataires. Pour vous aider à avancer sur ce chantier de la mobilité, nous avons privilégié les retours d’expérience de plusieurs directeurs de la communication et directeurs du digital. Huit pages d’infos très pratiques, à retrouver p. 22. v n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 3 sommaire Spécial digital repères 06. en mots Petites et grandes phrases de quelques experts des questions digitales. 08. en têtes Patrick Bertrand Porte-étendard de la French Tech lyonnaise. Pierre Calmard, président d’iProspect France, explique comment la big data a révolutionné le marketing, la publicité et les médias. Chaque jour, des milliards de « traces numériques » laissées par les consommateurs sont scrutées et analysées. Un sac de sport conçu avec les internautes. Sur le site Nov’in, on phosphore collectivement. 500 internautes ont donné leurs idées pour mettre au point ce sac de sport ultra-innovant. 10. entreprises dossier © Shutterstock Webqam L’agence web stéphanoise qui a fait + 735 % de CA. 12. Jean-Julien Guyot « Au Canada, il est plus facile de créer une start-up qu’en France ». 13. La galaxie de... Orange Centre Est 14. en suite l’imaGE 2015 Un site spectaculaire pour la grotte Chauvet. 16. Analyse Frank Rosenthal « Les pure players ont besoin d’un contact physique avec leurs clients ». 17. il l’a dit, il l’a fait Thierry Debarnot « Je serai un leader de l’éducation numérique ». 18. en chiffres Régions : Rhône-Alpes-Auvergne très active sur les réseaux. 20. enquête Mort d’un astronaute déconnecté.Une enquête du commissaire Pillière, grand cyber flic, dans la smartcity lyonnaise. 4 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 22. Les applis obligent les entreprises à créer de nouveaux services. Le trafic du web est en train de basculer sur les mobiles. Soucieuses de ne pas rater cette révolution, les entreprises se dotent d’applications. Mais ces petits logiciels à télécharger ont des règles qu’il vaut mieux connaître. 26 [ reportage ] Les annonceurs dans la jungle de la conception d’applis. 28 [ focus ] Pour être téléchargé, amusez l’utilisateur. 30 [ analyse ] Interne : des logiciels pour mieux travailler. 32 [ oui/non ] Publicité géolocalisée : est-elle vraiment efficace ? Les mots du mobile Fablette. Un objet mi-tablette, mi-téléphone portable qui dispose d’un écran large et imposant. La Grotte Chauvet se dévoile online. Ce joyau de l’humanité est fermé au public, mais on peut le visiter grâce à un site spectaculaire conçu par Danka Studio. Responsive design ou site web adaptif. Un site dont la conception permet une lecture optimale sur n’importe quel support (mobile, tablette ou ordinateur). M-commerce. Mode de commerce surfant sur le boom des technologies sans fil (smartphone, tablette...) et de l’apparition de nouveaux moyens de paiement en ligne (PayPal...) Le commissaire Pillière, grand flic connecté, mène l’enquête. Suivez ce fin limier dans la smartcity lyonnaise, au pays des toilettes connectées, des robotes à tout faire et des trucphones. Une nouvelle qui vaut son pesant de bitcoins. horizons 34. grand témoin Pierre Calmard (iProspect) « Marketing, publicité, médias : la big data a tout changé ». 38. + et - Au banc d’essai : le réseau social d’entreprise. 40. idées Les stands misent sur le digital pour attirer le visiteur 42. débloque-notes Des notes sur tout ce qui débloque. F-commerce. Des applications qui permettent de vendre directement sur le réseau social Facebook. L’internaute ajoute l’application sur sa page pour faire du « social shopping ». Device. Anglicisme courant pour designer les dispositifs, appareils ou accessoires qui complètent l’ordinateur. Tracking cross-device. Procédé qui consiste à suivre un utilisateur lorsqu’il utilise successivement plusieurs écrans ou appareils (devices) connectés. NFC ou Near Field Communication. Technologie de communication sans contact lancée par Sony et Philips. Elle permet d’échanger des données entre un lecteur et n’importe quel terminal mobile ou entre les terminaux eux-mêmes. INDEX Les principales entreprises citées 1000mercis ........................... 23 Acti................................... 12, 14 Apicil......................... 22, 23, 27 Applidium...... 23, 24, 27, 28, 30 Apps Factory................... 26, 30 Appsnet................................. 14 ASSE...................................... 13 Auchan.................................... 8 Axa........................................ 27 Axial...................................... 40 Banque Populaire................. 14 Bcome................................... 40 Béaba...................................... 8 Bellecour École....................... 8 Bioderma......................... 23, 24 Blend Web Mix..................... 10 Boulanger.............................. 16 BY Connect........................... 10 Cadeau Maestro.................... 40 Canal+................................... 28 CapSEO................................. 10 Carat...................................... 36 Carrefour............................... 16 Castorama............................... 8 CCI de Roanne...................... 10 Cegid....................................... 8 Danka Studio........................ 14 Danone.................................. 24 Décathlon.............................. 14 DigiSchool............................. 17 DMD Santé............................ 24 Egis........................................ 38 EM Lyon................................ 22 Empirik.................................. 22 Eurocave.............. 10, 23, 24, 26 Évian................................. 13, 24 Forum 5i................................ 10 Gallia............................... 23, 28 Geolid...................................... 8 Grenoble École de management.................... 32 GrosBill.................................. 16 Holdie’s................. 8, 22, 24, 27 Ijsberg...................................... 8 Insign.............. 22, 24, 26, 27, 30 iProspect.......................... 34, 36 Iris Interactive................... 10, 27 Isobar..................................... 36 Keolis Lyon............................ 38 Kraft Foods............................ 24 Kronenbourg......................... 10 La Cuisine du Web................ 10 Lafuma.................................... 8 La Métro de Grenoble.......... 10 LDLC...................................... 16 Leroy Merlin.......................... 14 L’Instant Numérique.............. 10 L’Oréal.............................. 10, 16 Lou........................................ 13 Lyon French Tech............. 8, 18 McDonald’s........................... 24 Mcis....................................... 14 Meccano............................... 10 Média Product....................... 40 Modis..................................... 27 My Lucky Day................. 24, 30 Native........................ 23, 24, 28 Nestlé..................................... 16 NewQuest.............................. 14 Nov’in.................................... 40 Numélink............................... 10 Oberthur................................ 30 OL.......................................... 13 OpenStudio............................. 8 Orange Centre Est................. 13 Orangina................................ 10 Oreo...................................... 24 Planet Intus........................... 32 PS Live................................... 36 Publicis Activ Lyon............... 30 Quantim................................ 40 Renault Trucks.......... 24, 27, 28 RetailMeNot........................... 18 Roamler................................. 10 Roannais Agglomération...... 10 Rowenta................................ 28 Samsung................................ 10 Sanofi................... 23, 24, 27, 30 Schneider.............................. 30 Seb.................................... 14, 28 SIdO....................................... 10 Simplon.co............................ 10 Sncf.......................................... 8 Spartoo.................................. 16 SQLI Enterprise...................... 23 Synthes’3D............................. 30 Thales......................................... 14 TNT............................................. 10 Val-d’Isère.................................. 14 Valeo.......................................... 40 Vendredi 4................................ 40 Vidéotron.................................. 12 Webqam.................................... 10 Wizbii......................................... 14 n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 5 mots Petites et grandes phrases de quelques experts des questions digitales. GASPILLAGE « Sur internet, le taux de clic moyen est de 0,2 %… Ce qui signifie que 99,8 % des cibles restent hermétiques aux messages que les marques leur envoient. » Pierre-Antoine Durgeat, CEO d’Aventori (Stratégies du 28 mai 2015). MANAGEMENT « L’agence de demain sera digitale, il n’y a pas photo. Ce sera une agence démembrée qui se réunira de manière opportune. Avec le web, on peut pêcher des compétences partout dans le monde. » Laurent Constantin, dirigeant de l’agence Acti (Hebdo InterMédia du 6 mai 2015). LASSITUDE « Vouloir trop cibler peut s’avérer contre-productif, car on constate un ras-le-bol chez des internautes, cernés par des publicités trop personnalisées » Guillaume Astruc, directeur général d’IP France (Stratégies du 28 mai 2015). relation client « Sur internet nous arrivons à analyser beaucoup de data, c’est très positif, mais c’est un peu froid. Pour créer de la préférence de marque, il faut humaniser la relation client. » Emmanuelle Delettrez, dircom de Spartoo (Hebdo InterMédia du 12 avril 2015). 6 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 PHYGITAL « Les ventes en ligne restent dynamiques, mais décélèrent. À l’inverse, le web peut décupler les ventes en magasin physique, où les taux de conversions sont plus élevés. » Delphine David, directrice d’études chez Precepta, groupe Xerfi (FrenchWeb du 27 mai 2015). PÉAGE « Sur le web, on a tendance à diffuser de l’info gratuitement, car cela sert l’audience... Mais pas les comptes. Il faut combattre le diktat de la gratuité et donner envie aux internautes de payer pour nous lire. » Denis Lafay, dirigeant du magazine Acteurs de l’économie (Hebdo InterMédia du 1er avril 2015). FORCES DE VENTE « 72 % des commerciaux aimeraient utiliser les réseaux sociaux pour prospecter et vendre des services, mais ne savent pas comment faire. Facebook, Twitter, Instagram : c’est une nouvelle habitude à prendre. » Sophie Attia, directrice associée du Cabinet IDSA (Morning InterMédia du 3 avril 2015). AMBITIEUX Sylvain Caubel romet de p digitaliser Béaba. « Les directeurs digitaux sont les DG de demain », assure cet ex-Lafuma. Nommé directeur digital de Béaba (articles de puériculture à Oyonnax) il y a un an, il a aussi récupéré la fonction de dircom en avril. PROMETTEUR Sébastien Bossi Croci séduit Google. Le Coup de projecteur sur quelques acteurs du digital de Rhône-Alpes qui font l’actualité. PUBLICITÉ LOCALE Gautier Cassagnau développe Geolid en Europe têtes l’homme de l’année © RLA cofondateur du pure-player Ijsberg a reçu le Prix de l’innovation en journalisme. À la clé : 5 000 € et un joli coup de pub pour le Lyonnais qui planche assidûment sur la version papier de son média. Patrick Bertrand, 60 ans, est DG de Cegid depuis 2002. Il a été élu président de l’association Lyon French Tech fin mai. FORMATION Thierry Melac à la pointe du digital. Le directeur de Bellecour École (métiers du design et de l’entertainment à Lyon) lancera en septembre une formation Bac + 5 au design UX (expérience utilisateur) et UI (interface utilisateur). Des spécialisations très recherchées dans les agences. GAMER Stéphane Pacini l ance Holdie’s. L’ex-DG de Visual Link entend renouer avec l’univers des start-up. Holdie’s, qui devrait être lancée avant l’été, sera une application de vente privée entre collectionneurs d’art ludique (BD, comics, jeux vidéos, dessins animés…). À 31 ans, ce passionné de web et de publicité locale est à la tête d’une société de 160 salariés qui a dépassé les 10 M€ de CA en 2014. Fondée il y a 7 ans, Geolid propose aux commerçants, artisans et réseaux de franchises de la publicité géolocalisée (2 000 clients annuels). « Nous créons des algorithmes qui se connectent à Google pour relier les données géographiques au comportement d’un internaute : les mots clés qu’il tape dans le moteur de recherche, les sites qu’il visite... », précise le jeune entrepreneur. À partir de ces données, Géolid crée une annonce et achète des espaces sur différents sites. « Nous assurons au client un nombre d’appels entrants chaque mois », souligne Gautier Cassagnau. Il veut maintenant se déployer en Europe et prépare une 3e levée de fonds pour développer l’agence commerciale de Berlin (6 personnes). Objectif : conquérir le marché européen (Espagne, Italie, Angleterre) et franchir la barre des 100 M€ de CA en 2020 avec 400 salariés. v Lyon French Tech. Constitution : 20 mai 2015 | 18 membres fondateurs | Budget : 180 K€ | 1 salariée. Patrick Bertrand Porte-étendard de la French Tech lyonnaise DISCRÉTION. Il est plus habitué à signer des tribunes dans la presse économique qu’à faire de grands discours. Mais Patrick Bertrand qui, depuis 13 ans, dirige Cegid (n° 20 du logiciel en Europe) a dû rompre avec ses habitudes. Le 11 mai, ce fervent ambassadeur de l’innovation lyonnaise a accueilli Manuel Valls à Lyon au nom de Lyon French Tech, juste avant d’en être nommé président. RÉSEAU. Une présidence incontestée tant il semble être l’homme de la situation. C’est d’ailleurs au siège de Cegid que Fleur Pellerin a été accueillie, fin 2013, pour annoncer la French Tech. Patrick Bertrand est considéré comme l’un des artisans de la labellisation French Tech à Lyon. Son étiquette d’homme de réseaux qui l’agace un peu a été un atout déterminant pour la métropole. Cofondateur de l’Association 8 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 française des éditeurs de logiciels, membre du Comité consultatif pour l’économie numérique, ancien président du Conseil national du numérique et vice-président du Comité transformation numérique du Medef… son carnet d’adresses est bien garni, principalement à Paris. « La capitale reste centrale pour le business », explique-t-il. POLITIQUE. Désormais à la tête de la French Tech lyonnaise, ce passionné de start-up, mais surtout d’entrepreneuriat (il a cofondé le groupe de business-angels Seed4Soft), se donne deux ans pour installer l’association. Son défi : fédérer et valoriser l’écosystème lyonnais « sans se substituer aux organismes qui existent déjà », assure-t-il. Un sacré challenge pour cet ancien de Sciences Po tant les membres de l’association sont nombreux et divers. v JC ENTREPRENEUR Arnault Pachot propulse OpenStudio Cet ingénieur en informatique rêvait d’un job tranquille. En 2008, il crée seul un atelier logiciel dans sa maison de campagne de Haute-Loire. Sept ans plus tard, à 40 ans, le voilà à la tête d’une agence digitale, OpenStudio, qui pèse 1,6 M€ de CA (avec 10 % de RN) et emploie 37 salariés entre Le Puy et Clermont-Ferrand. Spécialisée en création de sites et services autour des logiciels libres, elle travaille notamment pour de grands comptes (Auchan, Castorama, Sncf...). Et se pousse dans l’e-commerce avec son logiciel Thélia. L’agence a démarré 2015 en trombe avec un boom de 70 % de son CA sur les 4 premiers mois. Elle s’implantera à Paris en septembre et son patron lorgne sur l’international. En juin, il a participé à une mission French Tech Tour au Canada. v n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 9 IN CODE WE TRUST Bientôt une école de codeurs à Lyon. Apprendre à treprises Présentation de quelques entreprises en pointe dans le domaine du digital. LANCEMENT ÉVÉNEMENTIEL Iris Interactive crée l’appli Mybus COMMERCE TNT perce dans l’animation de territoires.Son site de galeries marchandes « Achetez à... » (ville par ville) connaît le succès. Au Puy, il fédère 140 commerces. Et propose désormais des services aux collectivités et associations (billetterie). TNT a déjà des contrats avec une douzaine de villes (Roanne, Montluçon, Millau...). RÉSEAU Doz réunit annonceurs et webmarketeurs. Ce site met en relation des annonceurs désireux d’améliorer leur visibilité online et des webmarketeurs free-lance du monde entier. Doz a été créé par CapSEO (Lyon et San Francisco, 18 personnes), qui a levé 1,1 M€ fin 2014. POINT DE VENTE Roamler surveille les rayons des grandes surfaces. Cette start-up lyonnaise a constitué un réseau de 10 000 particuliers équipés de smartphone. Ils sont payés pour vérifier en magasin si les produits et PLV d’annonceurs (Orangina par exemple) sont bien mis en valeur. Photos à l’appui. Les rendez-vous du numérique se multiplient en Rhône-Alpes Cinq événements seront consacrés au numérique en 2015 dans la région. Le plus important est aussi le plus récent. Le SIdO (Lyon), le 1er salon professionnel dédié aux objets connectés, a fait un carton dès sa première édition en avril, avec 4 200 participants (organisation : agence CObees). Autres événements à succès : le Blend Web Mix (Lyon, 1 200 participants) et eCom (Genève, 3 300 participants rhônalpins et romands). Organisé par l’association La Cuisine du Web, le premier se revendique comme « la plus importante conférence web francophone ». Il mêle interventions pointues et moments conviviaux (quizz, Nerf Party…). Le second est le principal événement BtoB de Suisse romande (organisation : BY Connect). Enfin, deux événements sont portés par des institutions pour dynamiser leur territoire. C’est le cas de L’Instant Numérique, lancé en 2014 par la CCI de Roanne, Roannais Agglomération et le cluster Numélink. Et du Forum 5i, initié par La Métro de Grenoble. Ces deux rendez-vous accueillent en moyenne 600 participants. v la surprise Webqam L’agence web stéphanoise qui a fait +735 % de CA Le chiffre a de quoi donner le vertige. En cinq ans, Webqam a enregistré une croissance de 735 %. Une performance qui lui a valu d’être classée parmi les entreprises les plus dynamiques de France par le cabinet Deloitte. Même si elle ne fait encore que 1,4 M€ (2013) pour un confortable résultat net de 355 K€. En moins de dix ans, Vincent Gallot a fait de Webqam la 1re agence de production digitale de la Loire. Cette ruche emploie une trentaine de personnes (moyenne d’âge : 26 ans). Elle a embauché sept salariés l’an passé, dont un directeur commercial et un responsable de production. Références. Webqam doit son succès à un positionnement particulier : elle travaille essentiellement comme sous-traitant pour des agences de communication 10 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 L’agence digitale du Puy (43) peaufine ce service gratuit destiné aux usagers des transports publics des villes moyennes (de 20 à 200 000 habitants). Outre les horaires et diverses infos pratiques, l’appli devrait permettre l’achat de titres de transport dématérialisés. Mybus sera en test à la rentrée au Puy. Iris a des projets avec les exploitants des réseaux de Vichy et Moulins, et compte bien pouvoir déployer ce service assez rapidement, via une structure dédiée. L a société auvergnate, qui dispose d’un bureau à Lyon, travaille beaucoup dans le e-commerce (Eurocave, Meccano) et le e-tourisme (Haute-Loire, Maurienne, Drôme Provençale). v Vincent Gallot a créé seul Webqam en 2005. parisiennes (You to You, Wellcom ou CoSpirit). Du coup, elle multiplie les références prestigieuses telles que Samsung, L’Oréal ou les brasseries Kronenbourg. Vincent Gallot fait de son implantation en province un atout : être basé à Saint-Étienne lui permet de proposer des tarifs très compétitifs. Un moyen pour les grandes agences parisiennes de délocaliser... en France. Le savoir-faire de l’agence recouvre la création de sites, le webmarketing (bannières publicitaires, réseaux sociaux, jeux-concours...) et la communication visuelle (logo, flyers, affiches...). v YP © Y. Petiteaux concevoir des sites et des applis mobiles. C’est l’offre de Simplon.co, une école de formation au langage informatique destinée aux moins de 25 ans. Elle ouvrira ses portes à Lyon en octobre. n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 11 treprises Jean-Julien Guyot est directeur du contenu et des médias sociaux de Vidéotron, un opérateur québécois (TV, internet, téléphonie et mobile) ” LA THÈSE Professionnel du web, Jean-Julien Guyot a travaillé au Canada (SidLee, Nurun…) et en France (Acti). Selon lui, le web français est plus dynamique que le web canadien. Mais le Canada est plus favorable à l’émergence de start-up. Au Canada, il est plus facile de créer une start-up qu’en France ” INTERMÉDIA. Comment le web français est-il perçu au Canada ? jjg. Il est perçu comme dynamique, et a l’avantage technologique. Néanmoins, vu depuis la petite fenêtre du Québec, il me semble qu’il est plus facile d’être entrepreneur ici qu’en France. C’est peut-être notre position de « petit village gaulois » au cœur d’un environnement anglosaxon qui nous oblige d’une certaine façon à être entreprenants. intermédia. Quels sont les atouts du Québec ? jjg. Il existe chez nous une volonté ancienne et forte de favoriser l’émergence des start-up. Parmi elles, on peut citer Busbud, une plateforme qui permet d’acheter son trajet de bus dans le monde entier et qui a bénéficié de tout cet écosystème pour réussir. 12 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 INTERMÉDIA. Quelles différences entre la France et le Canada concernant le développement du web ? jjg . L a taille du marché joue beaucoup. Le Québec ne compte que 8 millions d’habitants et le Canada 36, avec de grandes zones désertes. En France, les opérateurs de télécommunications ont développé la 4G. Alors qu’au Canada nous avons privilégié le wi-fi, semi-gratuit, voire gratuit dans de nombreuses zones publiques. D’autre part, les opérateurs de télécommunications hexagonaux sont à l’avant-garde par rapport à ce qui se fait ici. En France, les opérateurs ont dépassé la stricte offre commerciale pour s’engager dans la production de contenus sur des plateformes digitales. C’est bien vu et nous gardons un œil attentif à toutes leurs pratiques. Notre marché arrive à saturation et les opérateurs canadiens s’engagent aussi dans ce mouvement. Désormais, nous sortons du discours technologique pour aller vers le discours pratique et pour nous ancrer davantage dans le quotidien du consommateur. C’est un marché porteur, dont la maturité n’est pas encore atteinte alors que les usages augmentent. INTERMÉDIA. Les Québécois sont-ils très consommateurs de web ? jjg. Oui, et notamment des réseaux sociaux. 85 % de la population les utilisent, et ils deviennent incontournables pour les marques. Du coup, les annonceurs, qui jusqu’ici étaient à la traîne, commencent à réorienter leurs investissements publicitaires sur le web. On enregistre des progressions de l’ordre de 10 à 20 % par mois. v la galaxie de… Orange Centre Est Audrey Dabbagh Yves Dimier Nathalie Dumontet Coste Olivier Faure Nadine Castellani Sophie Garcia Caroline Januel Le 1er opérateur français des télécoms compte 10 000 salariés en Rhône-Alpes Auvergne, dont 5 000 rien qu’à Lyon. Son service communication compte 10 collaborateurs. À Nicole Joulia la tête du ser vice : Nadine Castellani, directrice de la communication, qui en réfère à Olivier Faure, le directeur d’Orange sur son territoire. Audrey Dabbagh est dircom adjointe. Elle assiste Nadine Castellani dans la communication interne et le suivi de projets. Elle veille au pilotage opérationnel du plan de communication. Deux personnes l’accompagnent dans cette mission. Sophie Garcia s’occupe de la communication interne et éditoriale : elle prend garde à ce que la marque Orange soit respectée et valo- Claudia Mangel Karine Duckit risée sur tous les supports (affichage en boutiques…). Caroline Januel gère la communication digitale. En externe, elle développe la partie digitale des événements Orange. En interne, elle aide les équipes à s’approprier les réseaux sociaux et les applications du groupe via un serious game appelé Passeport digital. Elle anime ainsi une centaine de référents digitaux devenus des ambassadeurs de la marque. Pour l’externe (RP, partenariats…), Claudia Mangel est responsable de presse et de la communication en Rhône-Alpes et supervise le partenariat avec l’OL et le festival Lumière. Nicole Joulia, déléguée à la fondation Orange pour Centre-Est est aussi attachée de presse pour les Alpes. Nathalie Patrick Grosperrin Dumontet Coste gère la presse et la communication en Auvergne. De son côté, Karine Duckit est responsable des événements. Elle organise les séminaires managers et les lancements de produits d’envergure (4G, fibre). Enfin, Patrick Grosperrin s’occupe du sponsoring (ASSE, Évian, OL, le Lou...). Chaque service d’Orange (commercial, technique, service client...) compte un à trois responsables de communication. Ils conçoivent des opérations de communication qui doivent être coordonnées et sont supervisées par Nadine Castellani. Ainsi Yves Dimier est le responsable communication du service Entreprises (700 personnes). Il applique la stratégie globale du groupe auprès des entreprises de la région. v MM n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 13 ALERTE 26 000 suite téléchargements pour onAir. Créée par la start-up lyonnaise Mcis il y a un an, cette appli alerte les fans de 7 000 personnalités de leurs passages en radio ou TV. Lancée sur smartphone, elle est depuis peu disponible sur le web et dispose d’un widget pour intégrer le service sur les sites. Mois par mois, ce qui a bougé chez les professionnels du web rhônalpins jifimiaimijijiaisiOinid jifimiaimijijiaisiOinid Benjamin Ducousso, Émeric Wasson et Romain Gentil, les fondateurs de Wizbii. FORFAIT Appsnet séduit 200 petites entreprises. L ancée en janvier, son appli low-cost permet aux TPE et PME d’être présentes sur mobile. La société stéphanoise espère atteindre 5 000 clients fin 2015. Le service est proposé au tarif de 29,99 €/ mois, hébergement, maintenance et mise à jour inclus. REPORT Val-d’Isère annule Les Sommets du digital. L’événe- ment dédié à la transformation digitale, à l’innovation et au marketing devait se tenir du 8 au 10 avril. Les éditions Kawa et Val d’Isère ont décidé de reporter l’événement à 2016 après le désistement de leur principal partenaire. Wizbii : le LinkedIn des étudiants veut devenir mondial Wizbii est le 1er réseau social professionnel dédié aux jeunes de 18-30 ans en France. « Nous nous sommes lancés il y a quatre ans pour combler un manque sur cette tranche d’âge, explique Romain Gentil, l’un des membres fondateurs. La moyenne d’âge sur Viadeo et LinkedIn est de 45 ans, la nôtre est de 23 ans ». Wizbii compte 350 000 membres en France et revendique 30 à 40 000 nouveaux inscrits chaque mois. Objectif : atteindre le million d’inscrits d’ici fin 2015 et « devenir le leader mondial sur l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes », annonce-t-il. Cette start-up greno- bloise de 30 salariés vient d’ailleurs d’ouvrir son réseau en Suisse, Belgique et au Royaume-Uni suite à une 3e ouverture de capital de 1,2 M€ réalisée en septembre. Pour son financement, Wizbii propose aux entreprises (5 000 inscrites) des solutions de communication (native advertising, emailing...) pour développer leur notoriété auprès de cette cible. Elle compte ainsi une centaine de clients actifs tels que Décathlon, Thales, Leroy Merlin, le groupe Seb, la Banque Populaire... Prochaines étapes : développer Wizbii en Amérique du Sud et en Amérique du Nord. v Qu’avez-vous fait de vos Google Glass ? Pas grand-chose. Après un lancement en grande pompe, la commercialisation des tant attendues Google Glass aura duré quelques mois. Le temps pour quelques agences de se faire un peu mousser. À Lyon, Acti en a profité pour faire du commercial avec 40 rendez-vous tests personnalisés. « C’est une façon de montrer qu’Acti est une agence innovante, attentive aux dernières tendances. D’ailleurs une V2 des Google Glass devrait sortir d’ici fin 2015 », positive Laurent Constantin, le patron. De son côté, l’agence digitale NewQuest à Chambéry a choisi de faire de la R&D pour « faire un peu de magie ». « Nous avons testé le streaming vidéo à partir des lunettes et posté les images sur YouTube, explique Yann Costes, le dirigeant de NewQuest. Nous développons aussi de la réalité augmentée sur Google Map ». v l’imaGE 2015 WEB MyToc est en ligne. Le trimes- triel culturel lyonnais Toc a lancé sa plateforme d’informations et de services culturels en mars. Elle mixe contenu rédactionnel (présentation des spectacles) et services en ligne (billetterie, abonnements). 14 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 Un site spectaculaire pour la grotte Chauvet. Danka Studio (Lyon) a travaillé plus de 1 000 heures pour réaliser ce site qui propose de parcourir virtuellement la Grotte Chauvet, fermée au public. Des visites virtuelles panoramiques à 360° permettent d’explorer les 12 salles de la grotte. Pour cela, Danka Studio a utilisé plus de 15 images gigapixels (jusqu’à 25 000 pixels de large). Le résultat est assez étonnant. Le site contient aussi une somme d’info encyclopédique, avec notamment 150 vidéos de scientifiques. v suite Frank Rosenthal est un spécialiste du marketing du commerce. Il dirige le cabinet Frank Rosenthal Conseils (92) qui travaille pour Carrefour, Boulanger, Nestlé, L’Oréal... Il vient de co-publier « Les Incontournables du commerce de demain » (Dauvers). Les pure players ont besoin d’un contact physique avec leurs clients ” les faits Spartoo, LDLC, GrosBill… Les grands pure players de la vente en ligne se mettent presque tous à ouvrir des magasins. Une tendance lourde qui consacre l’ère du cross canal. INTERMÉDIA. Pourquoi les pure players du e-commerce se lancent-ils dans l’ouverture de magasins ? f.r. Parce que le commerce est devenu protéiforme et que son développement passe par le cross canal. Sites marchands et commerces physiques ont chacun leurs avantages. Mais si vous n’êtes que sur un marché, il vous manque les avantages de l’autre. D’où la multiplication de ponts entre ces deux formes de commerce complémentaires. Imagine-t-on aujourd’hui un magasin sans site internet ? De même, les pure players ont eux aussi besoin d’avoir un contact direct, au sens physique, avec leurs clients. Notamment pour les produits high-tech : le consommateur a besoin de venir les repérer et les prendre en main dans le commerce traditionnel. C’est ce qui a conduit des enseignes comme 16 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 GrosBill (Auchan) ou LDLC à ouvrir leurs magasins. INTERMÉDIA. N’y sont-ils pas aussi poussés par la concurrence grandissante du commerce traditionnel sur internet ? f.r. Absolument. En 2009, sur les 15 premiers e-commerçants français, ne figuraient que trois distributeurs physiques. L’an dernier, on en comptait sept ! D’où cet intérêt grandissant des pure players pour les magasins physiques. À l’image du Google Shop de Londres, ouvert en mars. Amazon a aussi un projet de point de vente à New York, et utilise régulièrement des boutiques éphémères (pop-up stores). Et Cdiscount, son challenger français, bénéficie du réseau du groupe Casino, sa maisonmère, comme autant de points relais pour distribuer ses produits. INTERMÉDIA. Mais certains pure players ont connu des échecs retentissants en changeant de métier... f.r. C’est vrai. Pixmania par exemple a fermé ses magasins. Mais les distributeurs physiques qui sont allés sur internet n’ont pas tous réussi non plus ! Le business d’un magasin implique de savoir trouver un bon emplacement, négocier un bail, recruter du personnel, développer la relation client. Et si un SAV sur internet est déjà médiocre, le magasin physique devient un lieu de plaintes. Reste que l’avenir des pure players passe par ce cross-canal. À l’instar de Warby Parker, un site américain de ventes de lunettes, qui a développé avec succès en quelques années un réseau de boutiques. Et qui vient d’être élu entreprise la plus innovante de 2015, devant Apple, Alibaba et Google ! v MT ” IL l’a dit IL l’a fait Thierry Debarnot, 31 ans, est cofondateur (avec Anthony Kuntz) de DigiSchool (69). Je serai un leader de l’éducation numérique ” ” les faits Pionnier de l’e-éducation, Thierry Debarnot a fusionné en 2011 sa société Media Étudiant avec l’agence digitale Kreactive pour lancer DigiSchool. Trois ans plus tard, cette plateforme est devenue n° 1 en terme d’audience sur le marché français de l’éducation numérique. Et vise désormais l’Europe. INTERMEDIA. Comment a commencé l’éducation numérique où il y avait peu de concurrents. pendant mes études commerciales, j’avais lancé, pour le fun, un site collaboratif pour aider les étudiants en marketing à faire leurs devoirs. C’est un an plus tard, en étant démarché par des écoles qui voulaient faire de la publicité sur le site, que j’ai réalisé qu’il y avait un marché à explorer. Du coup, j’ai créé une société, Media Étudiant, et décliné le concept pour les bacheliers, les collégiens du brevet, etc. L’affaire s’est bien développée, avec une bonne rentabilité jusqu’en 2010, quand j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin, pour accompagner les nouveaux usages des jeunes sur tablettes et smartphones. D’où ce mariage, fin 2011, avec l’agence Kreactive, spécialiste en applications mobiles. Et le lancement de DigiSchool avec l’ambitieux objectif de conquérir ce marché français de INTERMEDIA. Où en est cette conquête l’aventure ? t.d. Par hasard. À 21 ans, en 2005, du marché français ? t. d . En trois ans, nous sommes devenu le 3e acteur en taille, derrière L’Étudiant et Studyrama, mais qui, eux, sont essentiellement des organisateurs de salons. En audience par contre, avec dix sites et onze applications mobiles, DigiSchool est devenue n° 1 avec 5 millions de membres (inscrits gratuitement) et 6,5 millions d’utilisateurs par mois. De 1,5 M€ en 2012, le CA (qui vient de la publicité) est passé à 4 M€ l’an dernier. Et 2015 se profile au mieux avec une progression de 80 % au premier trimestre. Notre croissance s’appuie sur le rachat, l’an dernier, de trois sites dédiés à l’orientation, que nous avons financé par une levée de fonds de 3 M€ en 2013. Et nous en préparons une autre, plus importante, pour accompagner notre développement international. INTERMEDIA. DigiSchool s’attaque à l’Europe ? t.d. Oui, car sur notre créneau, il y a peu d’acteurs ailleurs et notre modèle peut s’adapter partout. Nous venons de lancer en avril trois sites web et six applications mobiles en Espagne et en Grande-Bretagne. Et l’on commence à recruter pour ouvrir des antennes commerciales à Londres et Madrid. Notre croissance passera aussi probablement par d’autres acquisitions. Cette année, notre CA devrait avoisiner 6 M€ et nous visons 10 M€ en 2016 avec plus de 100 millions d’utilisateurs annuels. v MT DigiSchool. Création : 2011 | Siège : Lyon, bureau à Paris | Effectif : 49 personnes (70 fin 2015) | CA 2013 : 3 M€ | CA 2014 : 4 M€. n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 17 CONNECTÉ 157 300. C’est le nombre de sites e-commerce recensés en France en 2014 selon une étude réalisée par l’institut CSA pour la FEVAD. Un chiffre en progression de 14 % avec 20 000 sites supplémentaires par rapport à 2013. achats 57 Md€ C’est le montant des achats réalisés sur Internet en France en 2014. Un volume en hausse de 11 % sur un an. Par ailleurs, le panier moyen des Français est estimé à 81 € par transaction (- 4 %). Pour 2015, la FEVAD estime la progression du e-commerce à 10 % pour dépasser la barre des 60 Md€. v Source : FEVAD Quelques repères pour mieux appréhender le poids du digital. UNIQUE 2. C’est le nombre de métropoles labellisées French Tech dans la région (Lyon et Grenoble). Rhône-Alpes est la seule région à bénéficier de deux villes labellisées. Saint-Étienne et Annecy tenteront leur chance lors de la seconde vague de labellisation. EMPLOI 42 000. C’est le nombre d’emplois de la filière numérique dans la région lyonnaise selon l’association Lyon French Tech. ABONNEMENTS 3,6. C’est en millions, le nombre d’abonnements au très haut débit en France fin mai 2015. Un chiffre en progression de 60 % en un an selon l’ARCEP. TABLETTES 50,8 %. Consulter la presse est la première utilisation des tablettes (50,8 %), devant le visionnage de vidéos et la lecture de recettes de cuisine. 92 % des tablettes sont utilisées au domicile. Source : baromètre de la Mobile Marketing Association France. rémunération 50 K€ C’est, selon le cabinet Shefferd, le salaire annuel brut que peut espérer un directeur social média en agence. Une rémunération en progression de 9,8 % due à la pénurie de profils expérimentés. À l’inverse, les community managers commencent à être nombreux sur le marché. Une surabondance de profils qui tend à faire baisser les salaires (- 3,1 %) à 31,9 K€ annuels. v chiffres mobile 7 Mde Le M-commerce décolle enfin en France J usqu’ici balbutiant, le m-commerce, l’achat en ligne via des smartphones ou tablettes, devrait enfin décoller cette année en France. C’est en tout cas ce qui ressort de l’étude du Centre for Retail Research (CRR) pour RetailMeNot diffusée fin février. 11,7 % des achats online. Même si la plupart des ventes en ligne se font encore sur ordinateur (88 % en 2014) et que la France est encore loin de ses voisins européens, la récente étude révèle que le m-commerce français pourrait doubler cette année pour atteindre les 7 Mde. Il représenterait alors 11,7 % du montant total des achats réalisés en ligne en France (60 Md prévus en 2015 selon la FEVAD). Une dynamique prise au sérieux par les sites marchands : « ils investissent eux aussi pour optimi- ser davantage leurs sites, avec des versions mobiles, et parfois des applications dédiées, pour une expérience shopping bien adaptée à de plus petits écrans. La multiplication de ces dispositifs amène à un réel essor du m-commerce » décrypte AnneMarie Schwab de RetailMeNot. La reine tablette. Des deux types d’appareils mobiles, la tablette reste celle qui a le plus de potentiel pour le m-commerce. Son écran plus grand que celui d’un smartphone facilite l’acte d’achat. Cela se traduit dans les chiffres. Selon la FEVAD, un tiers des e-acheteurs ont déjà installé une application marchande sur leur mobile ou leur tablette. Cependant, ils sont 29 % à avoir déjà fait un achat sur tablette contre seulement 17 % via un smartphone. L’achat par smartwatch n’est donc pas encore pour demain.v RÉGIONS : Rhône-Alpes-Auvergne TRÈS ACTIVE SUR Les réseaux 1 er 2e 18 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 3e Déjà au top des régions françaises les plus actives sur les réseaux sociaux, la fusion de Rhône-Alpes et Auvergne prévue pour janvier 2016 devrait faire naître la championne française des réseaux sociaux. Si l’on en croit les chiffres du baromètre semestriel des régions, Rhône-Alpes Auvergne devrait être la première région sur Facebook avec 191 500 fans cumulés devant Nord-Pas-de-Calais-Picardie (146 500) et PoitouCharentes-Aquitaine-Limousin (80 800). Sur Twitter, avec 39 300 followers cumulés, Rhône-Alpes Auvergne détrônerait la Bretagne (29 900 followers). Un podium complété par Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon avec 25 900 followers. © Shutterstock quête Mort d’un astronaute déconnecté Une enquête du commissaire Pillière, grand cyber flic, dans la smartcity lyonnaise. L e commissaire Pillière dormait d’un sommeil d’ange sur son nouveau matelas à mémoire de forme et de rêve. Ha ! Pouvoir se programmer un beau rêve à la demande, pour bercer ses nuits, ça, c’était une invention prodigieuse qui compensait en bonheur nocturne toutes les avanies de la journée. Et justement, le commissaire, que ses collègues surnommaient Wassingue, était plongé dans son plus beau rêve : l’arrestation de l’ennemi public lyonnais n° 1. Il s’apprêtait à donner l’ordre d’assaut, quand sa smartwatch lui coupa le sifflet. « Bonjour Lulu, il est 6 heures, Paris est déjà debout depuis une heure. Le Préfet de police reçoit ce soir la grand-croix de l’ordre du Gourdin : je lui ai fait envoyer une cybercarte de félicitations et son smartphone t’en remercie. À ce propos, le tien a quatorze messages, dont trois urgents. » Maintenant, la radio avait pris le relais et Les lendemains de bringue, il boycottait ses toilettes équipées d’un système d’analyse d’urine. Lucien Pillière finit par poser le pied par terre. Il fila dans la salle de bain et pissa dans le lavabo. « C’est toujours ça que la Sécu saura pas », ricana-t-il. Les lendemains de bringue en effet, il boycottait ses toilettes équipées d’un système d’analyse d’urine (et plus), qui non seulement lui reprochait d’une voix de crécelle ses taux excessifs de glucide, d’alcool et compagnie, mais expédiait illico les résultats à son médecin, à sa mutuelle et consorts. D’où avertissements et augmentations de primes. Satisfait d’avoir échappé au contrôle, il gagna la cuisine où flottaient d’alléchantes odeurs de café frais et de pain grillé. « Titepipe, Lulu ? » gazouilla Paméla, la robote à tout faire de la maison. Il déclina poliment l’invitation, il n’était pas d’humeur à la bagatelle ce matin-là. En avalant rapidement son breakfast, il lut les messages de son smartphone. Assommants, comme d’hab’ : LinkedIn s’obstinait à vouloir lui fourguer un abonnement premium, deux pouffes inconnues souhaitaient facebooker avec lui, un journaliste retraité en mal d’existence polluait la twittosphère d’opinions qui n’intéressaient que lui... Mort violente. Un seul message l’intéressa : un type s’était fait flinguer dans son jardin cette nuit dans le quartier de Montchat. Les affaires reprenaient. En bas de son immeuble, il hésita à prendre Navia, le bus sans chauffeur 20 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 qui desservait le centre-ville, dans des couloirs réservés. Il n’aimait pas trop l’engin, qui se traînait à une allure d’escargot et se bloquait à chaque fois qu’un resquilleur voulait voyager sans ticket, en ameutant une escouade de contrôleurs musclés. Il finit quand même par y grimper. Mauvaise pioche ! Au carrefour suivant, le bus fut embouti par une Google Car, dont le radar venait d’être inopinément aveuglé par une fiente céleste de pigeon. Avantage des constats d’accidents de véhicules sans conducteurs, c’est qu’on ne s’engueule plus, les systèmes de navigation embarqués remplissent et transmettent la paperasse tout seul aux assureurs, et appellent secours et dépanneurs. Mais Pillière dut finir son trajet à pied. Son adjoint, le commissaire Vilemand, l’attendait dans son bureau. « C’est qui le macchabée ? » s’enquit le divisionnaire. « Un militaire, le commandant Tiffriz, un astronaute mis hors cadre, après l’arrêt du projet d’expédition vers Mars », expliqua l’adjoint avant de détailler les circonstances du drame. La victime avait glissé et s’était étalée dans une flaque de boue de son jardin. Après, elle n’avait pas pu rentrer chez elle, parce que la serrure biométrique n’identifiait pas sa main sale ! Injures et coups de lattes n’avaient pas fait bouger la porte. Puis Tiffriz s’était pris deux balles dans le dos. « La caméra de surveillance de l’entrée a enregistré quelque chose ? » demanda Pillière. « Que dalle ! Le contrat L'assistante du légiste expliqua au commissaire pourquoi le smartphone et la smartwatch de la victime différaient sur l'heure de sa mort. était suspendu pour cause d’impayé ! » L’après-midi apporta heureusement de précieux éléments. Les limiers de la scientifique avaient déniché une crotte de nez de l’assassin. Et le spectromètre augmenté et le chromatographe à injection l’avaient rendue bavarde. « C’est un Caucasien de 29 ans, qui mesure 1 m 90 et chausse du 46 », lâcha le docteur Locard, dont la famille dirigeait le labo depuis douze générations. Il ajouta en rafale : « il est chauve, souffre d’un rhume tenace et se soigne à la vodka ». Interpol et compagnie compulsaient leurs data-centers d’ADN. Sans résultat encore. Mystère et polémique. En atten- dant, l’heure de la mort du commandant Tiffriz semblait faire polémique. D’après son tee-shirt connecté Cityzen Sciences (made in Lyon), l’arrêt cardiaque avait été transmis à 2 h 37 à son iPhone 12. Lequel avait fermé les comptes Facebook et LinkedIn du mort dans les 120 millisecondes suivantes. Dans la foulée, LinkedIn, Viadeo et autres annonçaient que l’Agence Spatiale Européenne allait devoir recruter un(e) nouvel(le) astronaute et commençaient à brancher des candidats potentiels. Petit mystère toutefois : d’après la montre connectée Samsung de la victime, le décès remontait à 2 h 35 !!! Deux minutes d’écart ? Une éternité ! Apple vs Samsung : la 3e guerre mondiale ne finirait donc jamais. Car malgré des accords de compatibilité sans cesse réaffirmés, il y avait toujours des nanocouilles dans le potage. Finalement, l’assistante du légiste résolut le mystère : le décalage était dû à une maille du tee-shirt filée qui avait perturbé son Bluetooth. L’honneur de la high-tech lyonnaise était sauf. « N’empêche que c’est quand même le bordel dans l’univers des trucphones», assura le docteur Locard. Et d’expliquer : « À cause des intelligences artificielles embarquées, les voilà qui prennent de plus en plus d’initiatives concurrentielles. Hier, pour l’anniversaire de ma mère, ma smartwatch lui a fait livrer 120 roses, et mon smartphone 6 kilos de chocolats ! Je vous dis pas le paquet de bitcoins que ça m’a coûté. Mais si ça se calme pas, y en a un qui va se retrouver au clou, chez Ma Tante. » Petits hommes verts. Le début de soirée s’avançait quand le commissaire Pillière se rappela qu’il avait des courses à faire pour les cadeaux de Noël. Son fils voulait les nouvelles Apple vs Samsung : la 3e guerre mondiale ne finirait donc jamais. chaussures de Lenovo, qui affichent l’humeur changeante de leur propriétaire, grâce à un smiley rigolard ou boudeur. Un peu pompes de clowns, mais « trop cool ! » Sa fille, elle, voulait un smartband, un bracelet intelligent, capable d’enregistrer toutes ses activités physiques, sociales, culturelles... Un vrai journal de bord des moments forts de sa vie, à revivre après sur son smartphone. « Au moins, certains matins, ça lui permettra de se souvenir avec qui elle a couché cette nuit », philosopha-t-il. Enfin, là aussi, les connexions coûtaient bonbon. En rentrant chez lui, sa montre sonna pour la quarantième et unième fois de la journée, lui signalant l’arrivée d’un nouveau message sur son smartphone. Il décida qu’elle l’avait assez emmerdé comme ça. Il l’enveloppa dans du papier aluminium – il avait lu dans une revue d’ufologie que ça neutralisait les technologies envahissantes des petits hommes verts — et la mit au frigo. Après quoi, il accepta la proposition vespérale de Paméla, puis dîna d’une pizza choucroute commandée sur internet, via sa Google TV. Et se coucha de bonne heure, histoire de ne pas rater cette fois la capture de l’ennemi public n° 1. v Michel Texier n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 21 dossier applications Mobiles 26 28 30 32 [ REPORTAGE ] Les annonceurs dans la jungle de la conception d’applis. [ FOCUS ] Pour être téléchargé, amusez l’utilisateur. [ ANALYSE ] Interne : des logiciels pour mieux travailler. [ oui/non ] Publicité géolocalisée : est-elle vraiment efficace ? Les applis obligent les entreprises à créer de nouveaux services Le trafic du web est en train de basculer sur les mobiles. Soucieuses de ne pas rater cette révolution, les entreprises se dotent d’applications. Mais ces petits logiciels à télécharger ont des règles qu’il vaut mieux connaître. L e trafic web provient aujourd’hui à 38 % du mobile (smartphones et tablettes). Contre 62 % d’un ordinateur, fixe ou portable (source : Médiamétrie). Les entreprises prennent cette évolution très au sérieux : elles craignent de perdre le contact avec leurs clients ou les consommateurs si elles ne sont pas présentes sur le mobile. « Les connexions web via les ordinateurs ont tendance à stagner. Si nous ne faisons rien sur le mobile, d’ici trois ou quatre ans nous n’existerons plus », est convaincu Philippe Hassel, le dircom d’Apicil. Du coup, un certain nombre d’annonceurs a choisi de se doter d’applications mobiles. Mais ce n’est pas une mince affaire, et beaucoup tâtonnent. Le problème principal, c’est qu’une application ne peut pas être un copier-coller du site de l’entreprise. Tout simplement parce que les utilisateurs n’ont pas le même comportement lorsqu’ils se connectent depuis un terminal mobile. « En moyenne, une session web mobile dure 2’ 30, contre 20’ pour une session fixe », indique François Scheid, professeur de marketing digital à EM Lyon. 22 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 « Sur le fixe, on va tout faire pour que l’internaute explore un site le plus longtemps possible. Alors que sur le mobile, il faut lui proposer des expériences intimes, mais très courtes, pour qu’il revienne le plus souvent possible », renchérit Sacha Cayre, le dirigeant d’Insign Mobility. Philippe Hassel, dircom d’Apicil « Si on ne fait rien sur le mobile, d’ici trois ou quatre ans on n’existera plus ». Être utile ou ludique « L’erreur classique, c’est de dire : j’ai un site, une page Facebook… qu’est-ce que je pourrais faire sur le mobile ? On ne doit pas être dans l’addition artificielle de supports », prévient Stéphane Pacini, ex-Visual Link et Empirik, aujourd’hui fondateur de Holdie’s. Et de trancher : « Une application digne de ce nom doit être utile ou ludique. » C’est indispensable pour émerger sur les stores, où l’on trouve plus d’un million de programmes. Si on choisit d’être ludique, on peut présenter son appli sous forme de jeu, de simulateur, de galerie photo… (lire p.28), multiplier les photos et vidéos et adopter un ton plus personnel quand on s’adresse à l’utilisateur. Ce n’est 4 réalisations à méditer 2. Coacher des patients L’application ArthMouv permet aux personnes souffrant d’arthrose du genou de faire un suivi de leur douleur, et d’être coachées avec des exercices physiques adaptés (réalisation : Applidium). Sanofi a reçu pour cette appli un Trophée de la santé mobile. 1. Compléter une carte de fidélité L’application de Bioderma a été lancée fin 2012 pour fournir le même service que la carte de fidélité de la marque (réalisation : 1000mercis). En scannant six produits Bioderma achetés, on peut s’en faire offrir un 7e. Depuis le lancement de l’appli (250 000 utilisatrices), les consommatrices font davantage jouer cette offre. 3. Faciliter des démarches administratives Avec l’appli d’Apicil, on peut effectuer une prise en charge hospitalière sans avoir besoin d’appeler l’assureur (réalisation : SQLI Enterprise). « Dans l’univers de l’assurance, les produits proposés sont assez semblables. Là où nous pouvons innover, c’est sur le service, et l’appli nous le permet », indique Philippe Hassel, le dircom. déjà pas si facile. Mais si on choisit d’être utile, il faut vraiment faire travailler ses méninges pour proposer un service inédit. « Pas la peine de concevoir une application qui informe sur ce que vous faites : les gens s’en moquent. Il faut identifier un besoin consommateur que vous n’avez pas encore assouvi, et tenter d’y répondre grâce à l’application », préconise Christophe Billet, le directeur marketing de Bioderma (Lyon). La marque de cosmétiques a ainsi sorti une application visant à compléter sa carte de fidélité papier, jugée trop contraignante. Grâce à cette carte, les consommatrices pouvaient se faire rembourser un produit Bioderma au bout de six achetés. Mais il fallait découper les codes-barres, joindre les tickets de caisse… et envoyer tout cela par la Poste. Avec l’application, on se contente de scanner les produits. Il faut savoir jouer subtilement et ne pas promouvoir directement ses produits, afin de ne pas repousser l’utilisateur. Ainsi Sanofi a mis au point avec le CHU de Toulouse Mon Glucocompteur, une application destinée aux diabétiques : en indiquant comment ils se sont alimentés, ils peuvent estimer la dose d’insuline 4. Accompagner un hobby L’appli du spécialiste des caves à vin Eurocave se présente comme un livre de cave. On peut répertorier les entrées de ses bouteilles, les classifier… « Nous avons fait le choix d’une appli ouverte à tous les utilisateurs de caves, pas seulement les nôtres », précise Pascal Marchand, le dirigeant d’Eurocave. qu’ils devront s’injecter. « Cette appli a été conçue avec des patients pour des patients, souligne Gilles Litman, directeur du département Performance et Innovation chez Sanofi France. Elle nous positionne comme un acteur du diabète, qui souhaite jouer le rôle de partenaire auprès des patients. Et non comme un simple fournisseur d’insuline. » Difficile d’investir moins de 20 K€ Même démarche pour la marque de lait infantile Gallia. Freinée dans sa communication par l’Assurance maladie, qui veut valoriser l’allaitement, elle cherchait un moyen de tisser un lien de proximité avec les femmes enceintes. « Nous avons préconisé une application qui communiquerait au nom de la marque Gallia, mais sans mettre en avant les produits, indiquent Nicolas Pornon et Françoise Lemaitre chez Native. L’idée était de créer un service d’accompagnement des femmes, avant et après la naissance de leur bébé. » ... n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 23 dossier applications Mobiles 38 % du trafic web provient désormais du mobile (smartphones et tablettes) selon Médiamétrie. 62 % passe par le canal d’un ordinateur, qu’il soit fixe ou portable. ... Les annonceurs tâtonnent souvent pour trouver ce qui fera de leur application un service original et apprécié. L’Opéra de Lyon, qui s’est doté d’une appli il y a quatre ans (prestataire : My Lucky Day), est déjà en pleine réflexion sur une V2. « L’appli a été conçue comme un condensé de notre site, mais nous voudrions maintenant lui donner une autre dimension, avec du contenu additionnel à nos spectacles, indique Anne Fory, la coordinatrice du service communication. Nous prenons notre temps car cela représente un budget non négligeable. » En effet, pour mettre au point une application qui tienne la route, difficile d’investir moins de 20 K€. Ce n’est pas tout : il faut la promouvoir avec des actions de communication online et offline. Et la « maintenir » en la mettant à jour régulièrement. Tout cela finit par représenter un joli budget. Ainsi chez Eurocave, le dirigeant Pascal Marchand indique avoir débloqué une enveloppe de 40 K€ pour faire concevoir son application. « Mais il faut doubler cette somme pour avoir une idée du coût final : nous avons en effet passé beaucoup de temps en interne à réfléchir à l’appli. Sans compter les efforts de recrutement et de formation de nos collaborateurs », précise le patron. Le plus souvent, la création d’une appli mobilise plusieurs personnes pendant trois à six mois. 150 contacts quotidiens Pour autant, les annonceurs sont convaincus de l’avenir de cette nouvelle industrie qui emploie déjà des dizaines de milliers de personnes en Europe. « C’est un état de fait : la première porte d’entrée vers une marque est désormais le digital », souligne Franck Nallet chez Renault Trucks. « Nos applis sont des outils de différenciation par rapport à nos concurrents », vante Gilles Litman chez Sanofi. Quant à Christophe Billet, il voit dans son application un moyen de mieux connaître les consommatrices Bioderma, et de les caractériser par profils. « Bien sûr, nous le faisions déjà au moyen de focus groups, mais c’était basé sur du déclaratif. A contrario, les données que nous fournit l’application ne peuvent pas mentir », se réjouit-il. Du côté des prestataires aussi, on se montre enthousiaste : « Lorsqu’un annonceur me dit qu’il a envie de communiquer, mais qu’il a déjà tout dit, je lui suggère de créer un service mobile, assure Nicolas Pornon chez Native. C’est une autre façon de communiquer vers laquelle on s’oriente de plus en plus. » « On consulte son téléphone au moins 150 fois par jour. C’est 150 points de contact possible avec une marque », fait valoir Baptiste Benezet, le dirigeant de la startup Applidium. Et de mettre en avant l’excellent taux d’ouverture des push, ces alertes que reçoivent les personnes qui ont téléchargé une application. Ce n’est pas Philippe Emery qui le contredira : « Envoyer 1 000 SMS, c’est un budget. Alors qu’envoyer 1 000 push c’est gratuit, et on peut savoir s’ils ont été lus », se réjouit le codirigeant de My Lucky Day. 24 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 Mobiles Comment être présent sans appli Tous les annonceurs veulent avoir leur appli. Pourtant certains feraient mieux de s’abstenir. Il y a d’autres façons d’être présents sur les smartphones et tablettes. Avant de décider de vous doter d’une application, réfléchissez bien. C’est un chantier qui prend du temps, nécessite un certain budget… et peut se solder par un échec. Car sur les stores, certaines marques partent avec un handicap. « L’Apple Store, c’est comme un supermarché : les gens vont vers les marques qui ont une grosse notoriété et qu’ils connaissent déjà », avertit Baptiste Benezet (Applidium). L’une des premières questions à se poser est donc de déterminer si sa marque est assez forte et suffisamment utile à l’utilisateur pour qu’il ait envie de télécharger votre appli. TEMPS MOBILE. Ensuite, l’application doit répondre à un besoin de l’utilisateur qu’il pourra satisfaire lors de son « temps mobile » : entre deux rendez-vous, en attendant le bus, en sortie… L’objet et la cible de l’appli doivent être pensés en amont. « Certaines entreprises font des applications pour présenter leur rapport « Pour être présent sur le mobile, annuel, on en voit à la pelle. Elles doivent on peut réfléchir à une campagne Facebook » sacha Cayre (Insign Mobility). se dire que ça intéressera bien deux ou trois journalistes ou investisseurs… Mais c’est un mauvais calcul », pointe Stéphane Pacini (Holdie’s). 10 K€ environ, soit beaucoup moins Une application doit en effet fournir un qu’une appli », suggère Sacha Cayre service original et ludique. Si on n’est (Insign Mobility). pas en mesure de le faire, il vaut mieux En France, les annonceurs sont encore se contenter d’une version responsive assez frileux face à des campagnes sur design de son site, c’est-à-dire une version les réseaux sociaux. « Aux États-Unis, consultable sur mobile. Ainsi, un restau- les annonceurs hésitent moins, pointe rant n’a pas grand intérêt à se doter d’une Sacha Cayre. Les campagnes sur Twitter, appli si c’est pour présenter sa carte. Instagram… sont très développées avec de beaux annonceurs comme Kraft Foods, RÉSEAUX SOCIAUX. On peut être présent sur McDo ou Oreo. En France, nous travaillons le mobile autrement qu’à travers une appli. avec Danone sur la marque Gallia et l’Évian « On peut réfléchir à une campagne de Championship (campagne pendant la fête publicité sur Facebook, qui est un réseau des Mères), mais ce n’est pas encore ce social très utilisé sur le mobile. Cela coûte qu’on ferait aux États-Unis. » v Pourtant, certains s’inquiètent déjà de l’inflation des applications. Gilles Litman chez Sanofi prédit un engorgement, qui nécessitera peut-être la mise en place de labels et l’instauration d’une régulation. Soucieuse de se positionner au-dessus de la mêlée, l’entreprise de médicaments propose déjà un Guide des applications mobile sur le diabète. Il est conçu par DMD Santé, une start-up qui évalue en toute objectivité les applications et les objets connectés liés à la santé. v JD dossier applications Mobiles Les annonceurs dans la jungle de la conception d’applis Quand un annonceur est résolu à faire une appli, il lui reste juste à trouver celui qui va la concevoir. Pour réussir cette étape capitale, il vaut mieux avoir quelques repères. C hoisir un prestataire n’est jamais facile. Mais sur un marché jeune comme celui des applications les choses se corsent. Les annonceurs peuvent choisir de faire appel à une agence web, une agence digitale spécialisée dans les mobiles, une SSII, un studio de développement... ou plusieurs à la fois. « La plupart du temps, les annonceurs font travailler ensemble les acteurs », indique Sacha Cayre (Insign Digital). Il faut gérer cette profusion. Sans s’y perdre. « C’est un marché qui s’accroît, sur lequel on trouve tous les prix, car ces technologies se sont démocratisées », pense Jérôme Revy, le directeur d’Apps Factory. Ainsi si le budget moyen d’une réalisation s’établit aux 26 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 alentours de 20 K€, on peut trouver des modèles génériques ultra-simplifiés à 5 K€. Et des Rolls sophistiquées à une centaine de milliers d’euros. Pour autant, on sait maintenant dans quelle plateforme il faut investir lorsqu’on lance son application : Apple et Google, qui représentent 90 % du marché. « Il y a cinq ans, le marché était encore dominé par Nokia et BlackBerry », rappelle Sacha Cayre (Insign Digital). Le piège de la technique. Pour se retrouver dans cette profusion d’acteurs, Pascal Marchand, le dirigeant d’Eurocave, s’est fixé une règle de conduite. « Le piège avec tous ces intervenants, c’est qu’ils vous parlent tous technologie à grand renfort d’acronymes. © Shutterstock Nous avons retenu ceux dont nous comprenions le discours », explique-t-il. Pour son application, il a finalement fait confiance à Iris Interactive (coordination projet et graphisme) et Modis (développeur). D’ailleurs, lorsqu’on se lance dans une stratégie mobile, mieux vaut être déjà bien préparé et staffé en interne en matière de compétences digitales. « Lancer notre application a été assez rapide (trois mois), car depuis deux ans Apicil a engagé des travaux assez lourds pour se digitaliser. Tant sur le front office (refonte du portail…) que sur le back office (nouveau framework…). Ce processus a mobilisé beaucoup de monde et un joli budget », indique Philippe Hassel, le dircom d’Apicil. « C’est un marché sur lequel on trouve tous les prix, car les technologies se sont démocratisées » Une bonne organisation interne. Mais beaucoup d’annonceurs manquent de collaborateurs et de compétences pour faire le lien avec ces prestataires. Il leur faut se digitaliser : cela passe par des recrutements, mais aussi une structuration de l’organisation. Au niveau des grands groupes, les départements communication digitale s’étoffent et montent en puissance (lire ci-contre). Quelquefois, de nouvelles fonctions sont créées, comme celle de directeur digital ou CDO (chief digital officer). « La majorité de nos interlocuteurs sont des directeurs marketing et des directeurs métier. Mais nous travaillons aussi de plus en plus avec des DSI (directeurs de service informatique) et des directeurs du digital ou du numérique. Ces derniers cumulent des compétences métiers et un savoir-faire technique », remarque Baptiste Benezet, chez Applidium. Chez Bioderma, la mobilité est gérée par un service nouveau, dédié à la fidélisation et au CRM. Quatre personnes y travaillent : un recrutement externe a été effectué, et les autres sont des collaborateurs possédant le savoir « marché » qui ont été formés. L’urgence d’innover. Certains grands annon- ceurs se dotent même de structures originales. Sacha Cayre cite par exemple Axa Agency, une structure interne à Axa chargée de créer des projets internet innovants puis les proposer aux différents pays où l’assureur est présent. C’est une sorte de mini-laboratoire intégré. Chez Sanofi France, le digital est géré par le département Performance et Innovation. Son directeur, Gilles Litman, a créé en janvier un département Open Innovation. « Nous souhaitons mettre au point des innovations main dans la main avec des start-up », illustre-t-il. « La principale difficulté pour l’entreprise, c’est de trouver la bonne organisation. La digitalisation est un chantier géant, pointe Stéphane Pacini (Holdie’s). Il y a des questions en apparence très simples à régler. Par exemple, la personne qui gère les réseaux sociaux estelle aussi celle qui gère l’application ? Pas forcément. Cela peut aussi être le marketing, la communication, les RH… » v Franck Nallet, chargé du département communication digitale chez Renault Trucks. “ Je ne retiens pas les agences qui prétendent savoir tout faire ” INTERMÉDIA. Comment est géré le digital chez Renault Trucks ? f.n. En matière de digital, Renault Trucks est un pionnier. Nous nous sommes intéressés au web dès 1998. Au début, le département communication digitale était rattaché à la division IT (informatique). Puis peu à peu il s’est rapproché du top management. Depuis cinq ans, il dépend du service communication/marketing. Et compte trois personnes. INTERMÉDIA. Quelle est la stratégie mobile de Renault Trucks ? f.n. On s’est vite rendu compte que le mobile allait remplacer le laptop. Et puis, beaucoup de nos prospects sont nomades, et passent leur journée à se déplacer. Nous avons commencé à réfléchir aux applications en 2010. Aujourd’hui, nous avons 12 applis, de trois types : certaines sont ludiques, d’autres sont des utilitaires pour les chauffeurs de camion (GPS, outil de gestion des temps de repos…), et les dernières sont commerciales. INTERMÉDIA. Comment choisissez-vous vos prestataires ? f. n . Je ne retiens pas ceux qui prétendent savoir tout faire : dans le digital, c’est juste impossible. Il y a encore trois ans, très peu d’agences savaient construire des applications. Celles qui y arrivent aujourd’hui sont celles qui ont su faire des croissances externes intelligentes, partant du constat qu’elles n’avaient pas la science infuse. C’est le cas d’Insign, avec qui nous travaillons depuis longtemps. v n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 27 dossier applications Mobiles Des jeux, des simulations, des galeries photos… Plusieurs entreprises promettent de divertir l’utilisateur avec leur application. L’idée est d’attirer son attention parmi le tombereau d’applications existantes. 3 applis ludiques à succès Pour être téléchargé, amusez l’utilisateur Gallia : expériences inédites pour femmes enceintes Grâce à cette appli, on peut enregistrer sa voix puis l’écouter telle que bébé l’entend in utero. On peut aussi enregistrer un message pour les six mois de son enfant. La marque de lait en poudre promet deux expériences inédites par mois tout au long de la grossesse. L’appli est téléchargée plus de 120 000 fois par an (agence : Native). Renault Trucks : un simulateur d’éco-conduite Le sujet de l’éco-conduite peut sembler rébarbatif, et pourtant l’appli Truck Fuel Eco Driving a été téléchargée plus de 700 000 fois depuis septembre 2012. La raison ? C’est un simulateur. Bien plus amusant que les très scolaires formations sur la conduite auxquelles les chauffeurs de camion sont contraints d’assister. Seb : un guide pour bien cuisiner L’application « Mon autocuiseur » de Seb fonctionne avec Nutricook, la 1ère cocotte connectée que la marque vient de lancer. L’utilisateur est guidé de la préparation à la cuisson dans la mise en œuvre de 200 recettes. 28 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 D Baptist Benezet, (Applidium) « La bonne appli, c’est avant tout celle que j’ai plaisir à utiliser, et dont j’ai envie de parler autour de moi » ircoms, si vous voulez que votre appli soit téléchargée, misez sur le divertissement. Certes, vous n’atteindrez pas les scores de Candy Crush ou d’Angry Birds, mais vous aurez une chance d’émerger parmi les milliers d’applications disponibles sur les stores. « Dès que Renault Trucks s’est intéressé aux applications il y a cinq ans, nous avons senti que les utilisateurs étaient en attente de ludique, se souvient Franck Nallet (Renault Trucks). L’une des 1res applis que nous avons lancées a donc été un jeu de simulation de course de camions, Renault Trucks Racing. Avec plus d’un million de téléchargements depuis 2011, c’est notre application phare. » Incomparable gamification. Pour capter l’au- dience, un seul mot d’ordre : la gamification, c’est-à-dire la capacité à introduire du ludique. L’application en elle-même peut être un simulateur, un jeu, un quizz, une galerie photos… Ainsi, avec l’application Truckers Gallery, Renault Trucks invite les passionnés de camion du monde entier à partager leurs photos. De son côté, la marque Rowenta, qui vend notamment des sèche-cheveux et des fers à friser, a mis au point une appli avec des idées de coiffure personnalisées en fonction du type de cheveux (agence : Native). Bien sûr, certaines marques se prêtent plus que d’autres à proposer un contenu divertissant. Pour autant, le ludique peut s’exprimer de différentes manières. Ainsi, sur l’application MyCanal (Canal+), lorsqu’il n’y a plus de réseau, un cartoon façon Far West s’anime. « L’idée est d’utiliser le ludique pour créer de l’empathie avec l’utilisateur », décrypte Baptiste Benezet, dont la start-up, Applidium a conçu MyCanal. De la même façon, il préconise de travailler les messages d’erreur en délaissant les contenus standards et en utilisant l’humour. « La bonne appli, c’est avant tout celle que j’ai plaisir à utiliser, et dont j’ai envie de parler autour de moi », résume-t-il. Amadouer les plus hostiles. L’intérêt de cap- ter l’audience par le jeu ? Amadouer les utilisateurs les plus hostiles. « Alors même que les gens ont un a priori négatif sur votre marque ou vos produits, ils se laisseront tenter par la découverte d’un jeu. Et pourront ainsi faire évoluer leur opinion », assure Franck Nallet. Renault Trucks joue aussi sur la complémentarité de ses applis (une douzaine développées en cinq ans) : par exemple Truck Simulator, un jeu de simulation de conduite, affiche une fenêtre renvoyant sur The Range, une application purement commerciale. Celle-ci permet de découvrir la nouvelle gamme Euro6 du constructeur. Très sérieusement cette fois-ci. v n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 29 dossier applications Mobiles De plus en plus d’entreprises dotent leurs collaborateurs de mobiles pour les aider dans leur travail. Surtout le service commercial. Encore faut-il faire accepter ce nouvel outil. Interne Des logiciels pour mieux travailler L es applications ne sont plus conçues seulement pour un public externe. Les entreprises en dotent désormais leurs salariés. Par exemple pour compléter ou remplacer le journal interne, avoir accès à des infos importantes. Ou encore présenter des offres commerciales… Ainsi chez Schneider une application complète depuis un an et demi la publication interne monde (agence : Publicis Activ Lyon). Le constat a été fait que beaucoup de salariés étaient sur le terrain, et n’étaient pas facile à toucher avec une publication papier. « Ce qu’on appelle des “M Mag”, des magazines internes sur mobile, devient courant », appuie Sacha Cayre, dont l’agence Insign Digital, vient de signer un tel support pour Oberthur. Vivien Poujade, président de Synthes’3D (Aix, Angers, Brest et Lyon) “ L’équivalent de la brochure commerciale du XXe siècle ” INTERMÉDIA. Que proposez-vous en matière d’applications ? v.p. Synthes’3D propose sept applica- tions « clé en main ». La plupart sont des outils d’aide à la vente pour les commerciaux lorsqu’ils sont en rendezvous client. Ainsi Discover My Product est une application pour présenter ses produits sous forme de catalogue 3D. On peut ouvrir des images, des PDF ou des vidéos depuis l’application, et envoyer par mail des documents. À chaque fois qu’un commercial présente ainsi ses produits à un prospect, il peut compter sur « l’effet waouh » : c’est la brochure commerciale du XXe siècle. Le budget commence à 1 000 €, et peut monter jusqu’à 30 K€. Et les délais sont très courts. INTERMÉDIA. Quels annonceurs ciblez-vous ? v.p. Des acteurs de l’innovation, 30 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 de l’industrie et du médical… qui conçoivent des produits, mais ne les valorisent pas assez sur le terrain. Par exemple, nous avons développé une déclinaison de Discover My Product spécialement pour les entreprises qui font des implants médicaux — c’est une vraie niche pour nous. Et une autre pour les promoteurs immobiliers, qui font ainsi découvrir leurs programmes. INTERMÉDIA. Quel est l’intérêt d’applications clé en main comme les vôtres ? v.p. Développer une application en partant de zéro est chronophage et coûteux. Le temps qu’y passe un annonceur est souvent sous-estimé. C’est pour cela qu’il y a de plus en plus de produits clé en main comme les nôtres, opérationnels très rapidement et faciles d’utilisation. v Aides à la vente Autre exemple : My Lucky Day a conçu pour Sanofi une ambitieuse application sur iPad destinée au top management R&D du géant pharmaceutique. Elle donne accès à de précieuses infos de reporting. « Cet outil touche quelques dizaines voire centaines de collaborateurs, à qui il fait gagner un temps précieux », commentent Philippe Emery et Thierry Demars, les cofondateurs de l’agence lyonnaise. Mais ce sont surtout les forces commerciales qui sont de plus en plus équipées. Généralement, l’entreprise met à leur disposition des tablettes dotées d’une application qui présente et valorise les produits à commercialiser. Objectif : aider ainsi à la vente lors d’un rendez-vous client. La consultation des stocks et la prise de commandes peuvent aussi se faire par le biais de l’application. « Les équipes commerciales gagnent ainsi du temps, et sont valorisées dans leur travail », fait valoir Baptiste Benezet (Applidium). « Ce sont des aides efficaces à la vente », abonde Jérôme Revy. Sa société, Apps Factory, génère 30 % de son chiffre d’affaires en réalisant des applications pour aider à la vente de programmes immobiliers. « Il n’y a pas un seul promoteur qui ne réfléchisse pas à sortir une plaquette pouvant être lue sur tablette », estime-t-il. Et de diagnostiquer que le mobile, parce qu’il est désormais un outil de travail et d’organisation, devient « une forme de continuité de soi-même. » Sujet «ressources humaines» Mais pour que les équipes l’acceptent, il faut « promouvoir » une application interne, de la même façon qu’on communique sur une application externe. C’est quasiment un sujet « ressources humaines ». Il touche en effet aux méthodes de travail des collaborateurs, qui doivent apprendre à fonctionner en utilisant le mobile, donc différemment. « L’utilisateur doit être au centre de la conception, même si ce n’est pas une appli grand public. Si un collaborateur a une mauvaise expérience, il n’aura pas envie d’utiliser une nouvelle fois l’appli, avertit Baptiste Benezet. Il faut savoir tenir compte des retours, bons ou mauvais, des collaborateurs. Et puis, l’équipement est aussi très important : si vous dotez vos commerciaux de tablettes de moins bon standing que leur tablette personnelle, ça risque d’être un frein. » Le design de l’application est également primordial. « L’entreprise vit une transformation de sa relation avec ses collaborateurs : ceux-ci sont de plus en plus libres et autonomes, et décident eux-mêmes de leur rythme de travail (chez soi, au boulot…). Du coup, ils acceptent de moins en moins du matériel fourni par l’entreprise », croit savoir Sacha Cayre. v o Je m’abonne € TTC et je bénéficie de tous les services PREMIUM 285 pendant 1 an 3 Je reçois l’ensemble des publications : 279,14 € HT Hebdos + Magazines thématiques + Guide 2016 3 Je bénéficie d’un accès réservé au portail intermedia.fr Des news exclusives chaque jour sur le portail ou par mail + Un accès permanent aux études et dossiers sélectionnés par les journalistes + Un accès gratuit à toutes les archives de la rédaction depuis 2005 (recherche dans 25 000 articles en texte intégral) + L’Hebdo en numérique en avant-première le lundi matin + Les appels d’offres en France tous les vendredis 3 Je suis invité aux événements professionnels Des enquêtes, interviews, témoignages, analyses, chiffres-clés, informations pratiques… Les Mornings (rencontres mensuelles) + Les Evenings (rendez-vous avec un grand professionnel) + Les 10 Heures du marketing et de la communication 3 Je reçois en cadeau de bienvenue les 4 derniers Magazines thématiques ainsi que le Guide 2015 + L’Hebdo + LES MAGAZINES + LE GUIDE + L’ESPACE réservé LES ÉVÉNEMENTS PROFESSIONNELS Entreprise* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom*.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom*.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fonction* . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse*.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél*. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mail*.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (pour relayer vos tweets Twitter : d’entreprise sur notre site) @. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Siren* .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . * Champ obligatoire Aucune commande ne sera prise en compte sans règlement joint (bon de commande pour les groupes, les entreprises publiques et les collectivités). Date et signature À retourner avec votre règlement à : InterMédia - Le Challenge - 58, avenue Debourg 69007 n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 31 dossier applications Mobiles [ oui/non ] Une publicité qui s’inscrit sur votre portable au moment où vous êtes en situation d’achat ? Tous les commerçants en rêvent. Mais cette technique d’avenir sucite aussi des questions. Publicité géolocalisée Est-elle vraiment efficace ? oui « La publicité géolocalisée sur mobile est clairement une technologie d’avenir. Par exemple, vous venez d’acheter un iPhone et vous recevez un message vous proposant une promotion sur un produit associé (coque de protection...) dans une boutique voisine. Ce type de technologie peut être déployée à l’échelle d’un salon professionnel, d’un centre commercial, d’un aéroport, d’une gare… Elle crée un cercle vertueux et un rapport gagnant/ gagnant entre l’annonceur et l’utilisateur. Pour l’annonceur, la publicité géolocalisée sur mobile permet d’attirer plus de monde en boutique et de générer du chiffre d’affaires. L’utilisateur quant à lui ne reçoit que des messages publicitaires adaptés à ses besoins. L’idée est de lui apporter un vrai service en fonction de ses centres d’intérêt. Ainsi, sur un salon professionnel, on peut avertir les visiteurs du lieu et de l’heure de la préPascal Soris, sentation de tel ou tel produit. En fin de business compte, le visiteur gagne du temps et developer chez profite pleinement de l’événement. La Planet Intus publicité géolocalisée n’est pas agres(Genève / Lyon). sive, car elle apporte avant tout une information utile. Si une personne consent à recevoir sur son mobile, elle doit en accepter les avantages, mais aussi les éventuels inconvénients. Cependant, ce genre de publicité n’est pas particulièrement intrusif. Au même titre que vous pouvez désactiver les cookies sur votre navigateur, vous êtes parfaitement libre de désactiver votre Bluetooth lorsque vous voulez être tranquille. L’expérience montre que les internautes acceptent globalement bien ce type de publicité, davantage que les fenêtres pop-up qui apparaissent sur l’écran quand ils ne le souhaitent pas. En résumé, l’intérêt de la géolocalisation, c’est de profiter des recettes qui marchent sur le net depuis plusieurs années en termes de traçage et de profilage de l’utilisateur (préférences, centres d’intérêt…) et de transposer cela dans un lieu physique. » v 32 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 non « En théorie, vous pouvez recevoir de la publicité géolocalisée sur un smartphone uniquement si vous l’acceptez. Mais souvent, vous n’avez pas vraiment le choix. Par exemple, vous vous apprêtez à télécharger une application, mais vous vous rendez compte qu’il faut accepter les publicités géolocalisées pour que l’appli fonctionne vraiment. C’est ce que j’appelle du marketing de la frustration. De plus, l’application que l’on télécharge sous couvert de gratuité, nous la payons en réalité avec des données personnelles que nous transmettons (sexe, tranche d’âge, etc.) On finit par vendre une partie de son intimité pour recevoir des promotions. C’est une véritable dépréciation de la valeur de la vie privée. Après cela, difficile de critiquer les méthodes de la NSA... Selon une étude de Berg Insight, la publicité mobile géolocalisée représentera 4,9 Md$ en 2016 contre 172 M$ en 2011, Yannick Châtelain, soit une croissance annuelle de 91 %. On enseignant en n’est clairement pas sur un effet de mode. digital marketing à D’ailleurs, Facebook vient de lancer sa Grenoble École de propre solution destinée aux TPE et PME : management. Local awareness ads. Cela va sans doute générer du trafic chez les commerçants, mais cela risque dans le même temps de désorganiser le marché publicitaire. Les recettes vont baisser et mettre en danger les médias locaux. Autre chose : d’après la régie de SFR, 50 % des mobinautes utilisent la géolocalisation pour recevoir de bons plans et 44 % pour des opérations spéciales. Ce que je crains, c’est que ce genre de publicité géolocalisée génère de plus en plus d’achats compulsifs, notamment de la part de personnes en difficulté financière. Enfin, imaginez que vous ayez téléchargé les applications de dizaines d’enseignes, vous allez recevoir des publicités sur votre mobile toutes les trente secondes. Avec le risque d’un effet contre-intuitif : si j’attends un appel important et qu’une publicité arrive à ce moment-là, je risque de ne pas être content. » v grandt moin Pierre Calmard, 47 ans, est président de l’agence de marketing digital iProspect France du groupe Dentsu Aegis Network. Présente dans 50 pays avec plus de 3 000 collaborateurs, l’enseigne emploie 200 personnes réalise 25 M€ de CA dans l’Hexagone. IL SOIGNE SES CHIFFRES AVEC DES LETTRES UN ESPRIT ÉCLECTIQUE. Voici 15 ans qu’il dirige des agences de marketing digital. Un univers dont il est sans doute l’un des meilleurs connaisseurs, en même temps qu’un penseur visionnaire passionné de prospective. Un esprit éclectique, nourri d’études qu’il qualifie « d’œcuméniques » : un bac scientifique, des études littéraires en khâgne destinées à devenir professeur de philosophie, un diplôme d’ingénieur statisticien à l’ENSAE, puis un mastère marketing à HEC, « pour voir comment on utilise les stats dans le monde économique. » Il fera ses premières armes chez Médiamétrie en 1993, où il restera 6 ans et lancera notamment le département nouveaux médias en créant les premières mesures d’audience sur internet. En 1999, il poursuit sa carrière chez Carat où il fonde Carat Interactive et Isobar dont il assurera la direction générale, jusqu’en 2007, avant de prendre l’air pour diriger NetBooster, une agence digitale internationale où il lance un des tout premiers trading desks. 34 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 UN MANAGER PERFORMANT. En 2012, il rejoint Aegis Media pour créer iProspect, agence de marketing digital à la performance, spécialiste des solutions d’achat programmatique. Une réussite ! En 2 ans elle est devenue le leader français sur son marché avec 200 salariés et 25 M€ de CA. iProspect a remporté en janvier le prix de l’Innovation lors des trophées Agence Media de l’année 2015. Elle pilote les stratégies digitales de grandes marques comme Microsoft, BMW, Française des Jeux... et œuvre au total pour plus de 400 clients. Manager efficace, Pierre Calmard est surtout un dirigeant atypique, passionné de philosophie et d’humanisme, qui « place le partage du bonheur comme visée essentielle de l’entreprise. » Un thème récurrent, avec celui de la liberté, qui irrigue le livre qu’il vient de publier récemment « L’Homme à venir. » Un essai brillant, entre philosophie post-digitale et science-fiction (une autre de ses grandes passions) sur la manière dont le numérique va nous transformer. v La communication est dominée par les plateformes qui centralisent nos données personnelles. Un univers où règnent les algorithmes que décrypte Pierre Calmard, président d’iProspect France (Dentsu Aegis) et auteur d’un essai sur cette révolution. Pierre Calmard (iProspect) “ Marketing, publicité, médias : la big data a tout changé ” INTERMÉDIA. D’où sort la big data ? p.c. De nos nombreux terminaux connectés (ordinateurs, tablettes, smartphones) privés et professionnels. La big data, c’est la somme de toutes les traces numériques que laissent les consommateurs, soit des milliards de milliards de données récupérées au fil des jours par les grandes plateformes numériques (Google, Facebook, Twitter, Gmail, Yahoo et consorts). Les grands distributeurs et les marques complètent ce panorama des collecteurs de données, dont la masse sans cesse croissante alimente des data centers toujours plus gigantesques. INTERMÉDIA. Que change la big data pour le marketing ? p.c. Absolument tout. En quelques années, on est passé d’un marketing fonctionnant sur des données agrégées à un marketing de données individuelles. Avant, marques et médias raisonnaient en fonction d’insights consommateurs. Pour toucher leurs cibles (ménagères de moins de 50 ans, hommes CSP+, etc.), les campagnes ratissaient large, en mass-medias. Quitte à devoir toucher 30 millions de personnes, pour arriver à cibler le million de consommateurs seulement intéressés par le produit. Aujourd’hui, grâce au numérique et aux données comportementales emmagasinées dans les bases de données, on peut toucher ce million de personnes, en adaptant sa communication au profil de chacune. Le marketing est entré dans l’ère de l’hyperciblage, en temps réel. INTERMÉDIA. Comment fonctionne cet hyperciblage du consommateur ? p.c. Au XXe siècle, les données CRM compor- taient entre 10 et 20 champs d’informations sur un consommateur. Aujourd’hui, il y a des sociétés qui disposent d’algorithmes opérant sur plus de 10 000 données. Ces technologies se nourrissent de données exogènes récupérées directement sur les ordinateurs et autres terminaux. C’est qu’il y a une mine d’informations cachées au cœur de ces terminaux numériques. Par exemple tout l’historique de navigation de leurs utilisateurs. Les programmes informatiques utilisant l’hyperciblage sont créés par des ingénieurs et des codeurs qui savent tirer la quintessence de l’information contenue. INTERMÉDIA. Ce qui permet d’affiner le ciblage... p.c. Oui, car ces technologies permettent d’établir un profil de plus en plus complet de l’internaute et de ses besoins : ce qu’il fait, ce qu’il recherche, le profil de ses amis sur les réseaux sociaux, ses centres d’intérêt, etc. L’imagination n’a plus de limite pour toucher individuellement les consommateurs et maximiser la probabilité de faire mouche. Mieux encore, avec l’injection d’intelli- gence artificielle dans ces technologies, les algorithmes travaillent seuls sur des dizaines de milliers de données. Mais en même temps qu’il génère un marketing individuel, le numérique révolutionne le marché de la communication grâce au système des publicités en temps réel. INTERMÉDIA. Qu’est-ce qu’une publicité en temps réel ? p.c. Jusqu’au début des années 2000, les annonceurs achetaient des espaces publicitaires (avec leurs agences médias), auprès des régies publicitaires des médias, sur un marché réglementé. Désormais, la majorité des achats publicitaires digitaux est effectuée en temps réel, via un système de mise aux enchères. D’abord, l’internaute est repéré dès qu’il se connecte. Admettons qu’il ait surfé ces derniers jours sur des sites de ventes de téléviseurs haut de gamme. Aujourd’hui, il est sur le site de L’Équipe, dans la rubrique tennis. Entre le moment où il se connecte et où la page apparaît, il se passe environ 0,1 seconde. Dans cet intervalle, le site internet a envoyé une information sur une place de marché, appelée ad-exchange, indiquant qu’il y a un emplacement à vendre sur la rubrique tennis. La big data, c’est la somme de “ toutes les traces numériques que laissent les consommateurs via leurs ordinateurs, tablettes et smartphones ” n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 35 ... grandtémoi ... Pierre Calmard (iProspect) Sur cette même plateforme, différents annonceurs proposent d’acheter cet espace, en plaçant une enchère. Et c’est la plus élevée qui l’emporte. INTERMÉDIA. Ces nouvelles pratiques d’achat d’espace bouleversent le travail des agences médias ? p.c. Tout à fait, car sur ce versant, le métier de l’agence est d’optimiser la présence de l’annonceur sur les médias digitaux. Elle utilise une technologie d’achat directement connectée à toutes les places de marché. Elle peut ou non placer une enchère, en sachant en temps réel où se trouve l’internaute. Elle sait aussi s’il est venu sur le site de la marque de téléviseur en question, combien de fois il l’a visité, s’il a vu la publicité, s’il a cliqué dessus... Et voilà pourquoi l’internaute a toutes chances de voir une pub de téléviseur s’afficher dans la rubrique tennis qu’il consulte ce jour-là. INTERMÉDIA. Les agences médias se transforment en agences globales ? p.c. Oui, parce qu’elles ont inventé un métier de connexion entre contenus et consommateurs. Elles avaient déjà pris le médiaplanning aux agences de publicité et se sont équipées pour recueillir, analyser et exploiter la data. Pour toucher les bonnes personnes, au bon moment, au bon endroit. Aujourd’hui, le métier de Carat n’est plus 36 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 seulement de traiter de l’achat média, mais d’orchestrer un écosystème de communication qui est mis en œuvre ensuite par des agences spécialisées. Ainsi notre groupe, Dentsu Aegis Media s’est-il doté d’expertises spécialisées avec plusieurs enseignes : iProspect (performance marketing digital), Isobar (CRM), PS Live (marketing services)... Idem chez nos concur rent s comme ZenithOptimedia, Havas Média et consorts. On assiste à une mutation générale, même si les modèles sont parfois un peu différents. En gros, le digital a provoqué une dérégulation avec l’apparition de nouvelles agences hybrides. Tout le monde devient concurrent de tout le monde. INTERMÉDIA. En quoi le numérique modifie-t-il l’organisation des agences généralistes ? p.c. Il les oblige à s’équiper de compétences très différentes de ce qu’elles ont connu jusqu’ici. Car il faut recruter des personnes capables de comprendre et d’opérer une communication dans un monde ultra digitalisé. Capables de raconter des histoires en utilisant la technologie et la data. Les agences ont donc besoin de statisticiens et de data scientists. Hier, elles recrutaient des créatifs et des diplômés d’écoles de commerce. Aujourd’hui, elles ont moins besoin de cerveaux droits créatifs que de cerveaux gauches plus rationalistes. C’est le retour des ingénieurs ! L’autre grand mouvement, c’est qu’elles ont besoin de travailler en synergie, sans guerres internes entre leurs différentes enseignes. INTERMÉDIA. Qu’est-ce que cela change chez les annonceurs ? p.c. Eux aussi doivent adapter leur casting. Dans leurs directions marketing, il leur faut trouver des gens qui soient à l’aise avec le rôle de la data dans la communication. Leurs différentes équipes (marketing, ventes, CRM...) ont surtout besoin d’apprendre à mieux travailler ensemble et mieux partager leurs données, alors que trop souvent chaque service défend son pré carré. Bref, il faut aboutir à des organisations transversales et que chacun contribue à développer et optimiser la DMP (Data Management Platform), c’est-à-dire la base de données propriétaire. INTERMÉDIA. Les marques doivent-elles se réinventer ? p.c. Elles cherchent à s’inscrire dans la vie, à écrire leur histoire, à porter des valeurs. Elles ont fait le constat que les consommateurs achètent de moins en moins les produits pour ce qu’ils sont capables de réaliser, mais pour les raisons qui ont poussé leurs concepteurs à les réaliser. Apple doit ses succès à Steve Jobs, dont l’ambition n’était pas de vendre des ordinateurs, mais de simplifier la vie des utilisateurs. De nos jours, le patron de Tesla Motors, Elon Musk, ne rêve pas de vendre des voitures électriques, mais de rendre l’expérience de conduite jubilatoire dans un véhicule connecté, respectueux de l’environnement. Alors, oui les marques doivent se réinventer, revenir à l’essentiel, c’est-à-dire l’authenticité de leurs produits. La pub de la fin du XXe siècle avait fini par faire oublier le produit au profit du rêve. Maintenant, elle a besoin de parler vrai, de la réalité du produit, de ce que la marque fait de positif pour le consommateur. Et de jouer la transparence, parce que si ses produits sont fabriqués par des enfants au Bangladesh, cela se saura ! Bref, l’ère de l’ADN et de la mythologie de la marque fera de plus en plus sens. INTERMÉDIA. Les plateformes numériques vont-elles tuer les médias traditionnels ? p.c. Ce qui est sûr, c’est que la révolution digitale a mis à mal le business model des médias traditionnels, singulièrement celui de la presse papier. Chute des ventes au numéro et recettes publicitaires en peau de chagrin : c’est tout le secteur qui part en vrille. Et la télévision a du souci à se faire entre l’irrésistible boom de la consommation des programmes à la carte (VOD) et celle de la vidéo qui pousse les marques sur YouTube L’imagination n’a plus de limite pour toucher “ individuellement les consommateurs et maximiser la probabilité de faire mouche. ” et autres. L’une des vidéos les plus vues de 2013 (75 millions de visionnages) a été la pub d’Évian avec son fameux clip des bébés. Soit une mémorable campagne d’image, pour un coût ultra faible au regard des sommes que l’annonceur aurait dû investir pour avoir une telle diffusion en télévision. Le problème des médias traditionnels c’est qu’ils n’ont pas su aborder cette révolution numérique et un grand nombre disparaîtront sous leur forme actuelle, éreintés par le développement des plateformes numériques qui confisquent de plus en plus l’intermédiation entre les consommateurs et les médias. INTERMÉDIA. Big data, big plateformes, c’est l’avènement de Big Brother ? p.c. Les technologies disposent d’un pouvoir potentiel exorbitant que les législations actuelles auront de grandes peines à couvrir. Ce pouvoir est d’autant moins contrôlable qu’il est immatériel, caché et qu’il échappe facilement à tout système de surveillance. Pour conjurer Big Brother, des réglementations tentent de voir le jour dans tous les pays. Et les marchés s’autorégulent tant bien que mal en misant sur un équilibre fragile. D’un côté ce que les citoyens sont prêts à accepter. De l’autre, les professionnels du marketing qui cherchent toujours à optimiser leurs dispositifs de communication. Pour autant, il ne faut pas croire qu’imposer un modèle est simple. Le consommateur n’a jamais été aussi versatile et volatile. Internet le rend plus intelligent en lui permettant de mieux s’informer. Des technologies s’inventent, se développent puis disparaissent comme Netscape, Lycos ou Altavia... dans les oubliettes de l’histoire. Les prochains seront victimes du non-respect des données qu’ils récupèrent. Le peuple n’a pas besoin de voter pour se faire entendre. Il lui suffit d’arrêter d’utiliser une technologie. Et ce qui est important pour l’individu, c’est d’apprendre à naviguer dans ce monde digital, d’apprendre les codes pour mieux le décoder. v Propos recueillis par michel texier n° 1299 I 10 juin 2015 I InterMédia Magazine I 37 Au banc d’essai Le réseau social d’entreprise +et– 53 % des entreprises françaises ont mis en place ou prévoient de mettre en place un réseau social (Observatoire d’Arctus, janvier 2015). Deux entreprises de Rhône-Alpes tirent les premiers enseignements. « Les salariés y parlent de travail, mais aussi de photo ou d’apiculture » +++ «N Karine Pareti, responsable communication chez Keolis Lyon ous nous sommes lancés dans l’aventure du réseau social d’entreprise en 2013. Nous avions besoin de créer de la transversalité et de proposer à nos 4 500 salariés un outil qui leur permette de construire ensemble. Nos collaborateurs sont répartis sur une vingtaine de sites à Lyon, et plus de 3 000 sont sur le terrain. Les métiers sont nombreux : conduite, maintenance, prévention, commercial, etc. L’objectif en matière de communication interne était également d’avoir des correspondants locaux afin de faire remonter l’info de chaque site. Le réseau social interne a été mis en place début 2014. Au départ, il y a eu un effet de surprise. Nous avons +++ «N Nicolas Ferrara, chef de projet au sein du groupe d’ingénierie Egis (Lyon) « La mise en œuvre est longue et complexe » otre plateforme collaborative My Egis a été ouverte à l’ensemble de nos 4 500 collaborateurs français en janvier. Elle a nécessité un an et demi de développement. Nous sommes partis du constat que chacun a tendance à conserver ses propres informations sur un petit bout de serveur. L’idée grâce à cette plateforme est de pouvoir trouver facilement la bonne personne ou mettre la main sur le bon document. La mise en œuvre de cet outil est un processus long et assez complexe. La plateforme démarre doucement. Notamment parce que le concept de communauté n’est pas toujours facile à faire accepter aux salariés. 38 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 fait pas mal de teasing autour de l’outil et il y a eu rapidement des interactions sur le réseau. Aujourd’hui, nous comptons une cinquantaine de communautés actives qui traitent de sujets professionnels, mais aussi extra-professionnels. Des communautés se sont ainsi constituées autour de la photo, de l’apiculture, de l’écriture ou encore de l’environnement. Nous avons une population d’utilisateurs fidèles. Certains salariés ont d’ailleurs appris à se connaître grâce au réseau. Nous allons prochainement améliorer l’outil en simplifiant son utilisation en mettant en place un système de “j’aime” afin de favoriser les interactions. » v Il faut bien comprendre qu’une telle plateforme bouscule un peu l’organisation de l’entreprise. La mise en place de communautés autour d’intérêts communs favorise la communication horizontale et contribue à s’affranchir des canaux habituels. D’autre part, il est important que la direction se positionne et donne le “la”. Au-delà du discours, elle doit montrer l’exemple et s’approprier la démarche. Si elle va trop vite, l’outil sera perçu par les salariés comme quelque chose d’imposé. Au contraire, si elle ne s’en occupe pas, les salariés n’y verront pas d’intérêt, et délaisseront l’outil. Bref, mettre en place un réseau social d’entreprise est une démarche délicate. » v idées CROWDSOURCING Nov’in conçoit un sac de sport avec 500 internautesx. Karkoa est un sac de sport novateur comportant diverses astuces comme un compartiment isotherme pour ranger sa bouteille d’eau. Il faut dire qu’il a été conçu grâce aux idées de 500 internautes, réunis sur le site Nov’in. Sur cette plateforme, chaque internaute peut poster une idée de produit. Si elle est validée par un vote, Nov’in travaille les aspects techniques et économiques de la mise au point du produit (design, coûts de fabrication…). Puis, les internautes donnent leur avis et proposent des solutions de réalisation. Enfin, ils reçoivent les premiers produits et les testent. Ultime étape : la mise en vente du produit sur un site dédié. Les internautes ayant le plus contribué à sa mise au point touchent des royalties. Le sac de sport Karkoa est le premier produit ainsi conçu. Il a nécessité un an et demi de travail. Fondé par deux ingénieurs, Ismaël Méïté et Vincent Gauchard, en 2013, Nov’in entend faire des internautes des acteurs de l’innovation. v PHYGITAL 5-16.09.2015 3D Print à Lyon Salon BtoB dédié à la fabrication additive www.3dprint-exhibition.com 17.09.2015 2e édition de L’Instant Numérique Salon consacré aux professionnels de la filière numérique à Roanne [email protected] Les stands misent sur le digital pour attirer le visiteur sème des puces S ur les stands, c’est la course à la nouveauté. L’interactivité se niche partout. Pour attirer les visiteurs, il faut proposer une expérience voire de l’émotion. « 70 % des appels d’offres de conception de stand prévoient une dimension interactive. Il y a 5 ans, c’était à peine 10 % », constate Sylvie Madamour, directrice de l’agence Vendredi 4 qui travaille en partenariat avec Axial. Même constat du côté de l’agence de stand Média Product : « Dans les briefs, on nous demande d’être à la pointe de la technologie », souligne Émilie Tailleux, directrice commerciale. Du coup, les agences de design abondent d’idées pour impliquer les visiteurs : détection de mouvements, mur d’écrans interactifs, vitre transparente tactile, réalité augmentée... 28-29.10.2015 Blend Web Mix Conférences et ateliers sur le digital [email protected] Le site d’e-commerce Cadeau Maestro (gadgets et cadeaux insolites) vient d’ouvrir une boutique en dur à SaintÉtienne. Ce point de vente a une particularité : il est truffé de puces NFC (communication sans contact). Ce concept « phygital » et cross-canal veut concilier le plaisir du shopping et l’efficacité du web. Les puces NFC renvoient vers une masse de contenus : vidéos, meilleures ventes, avis consommateurs, etc. v POINT DE VENTE Mixer visite virtuelle et vente en ligne 28.11.2015 Web In Alps Conférences sur l’entrepreneuriat, le marketing et la technique à Grenoble www.webinalps.com Cadeau Maestro © Y. Petiteaux INTERACTIVITÉ Le stand Aldes au salon Interclima à Paris équipé de bornes tactiles. Davantage de trafic. Les avantages des animations interactives sont nombreux. Spectaculaires, elles génèrent davantage de trafic, créent du partage sur les réseaux sociaux, et surtout elles apportent un ROI fiable. « Avec une installation numérique, nous savons précisément combien de personnes se sont arrêtées, et nous pouvons aussi en profiter pour récolter des datas », souligne Sylvie Madamour. Ainsi, pour présenter la dernière innovation de Valeo (équipement automobile) qui permet de contrôler les accessoires de sa voiture avec le regard, Vendredi 4 a imaginé un stand composé de huit écrans sur lesquels étaient représentés des yeux qui suivaient du regard les visiteurs. Buzz assuré sur les réseaux sociaux. De son côté, pour le stand de Klépierre (le 17-18 juin au salon SIEC) Média Product a installé une vitre tactile transparente très ergonomique où le visiteur naviguait au gré des différents services du groupe (prestataire : Quantim). Il faut compter entre 7 et 10 K€ pour déployer une animation interactive sur un stand. v MM 40 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 Faire visiter sa boutique aux internautes du monde entier, c’est ce que propose Google avec le dispositif Business View. En France, quelques agences sont agréées par le géant américain pour aller dans les commerces faire les prises de vues nécessaires. C’est le cas de la stéphanoise Bcome. Celle-ci a ajouté une innovation à ces visites virtuelles : la possibilité d’acheter en ligne. En visitant virtuellement une boutique, les internautes peuvent cliquer sur les produits exposés pour les acheter. Une 1ère version est en test chez une poignée d’entreprises (fleuriste, épicerie...). Les hôtels, restaurants ou salles de spectacles pourraient aussi être intéressés. v débloque -notes Jacques Simonet, éditeur d’InterMédia Le sexe des datas. Félicitations à Pierre Calmard pour ses explications limpides sur LA big data comme disent certains (p. 34). Personnellement, je suis de ceux qui disent LE big data. Dans notre monde surinformé, impossible de trouver un consensus sur ce point. Sans compter qu’il y a ceux qui mettent des capitales à Big Data, sans doute pour marquer leur révérence due à cette nouvelle religion, alors que d’autres s’y refusent, revendiquant une distance laïque. Le jour où l’expression big data entrera dans le dictionnaire de l’Académie française, nous serons fixés sur tous ces points. Mais les Immortels ne sont pas pressés. Une rapide recherche sur le site du fameux ouvrage me permet de constater que le mot data, pourtant déjà entré dans les mœurs, n’y figure même pas. Pour les big data, smartdata et autres data-bidules il faudra donc attendre quelques années. À moins que d’ici là ces expressions naissantes ne soient déjà passées de mode. On a du mal à croire que les mots telex, mainframe, floppy ou cobol faisaient rêver il y a peu alors qu’aujourd’hui plus personne ne sait de quoi il s’agit. Mais je ne veux pas désespérer la jeune génération qui est attachée à ses croyances tribales. Le sexe des anges. Au Moyen âge, on discutait du sexe des anges. Au XXIe, dissertons sur celui des datas. Je relève sur Wikia cette contribution intéressante à un débat qui pourrait devenir primordial pour les grands prêtres du par JIBÉ 42 I InterMédia Magazine I n° 1299 I 10 juin 2015 numérique : « Les anges sont unisexes, et même pour être précis, ils n’ont pas de sexe. Par essence, un ange n’est qu’une abstraction, un esprit. Par souci de reconnaissance, ils ont été représentés sur divers tableaux et gravures comme ressemblant à des êtres humains, mais en aucun cas l’amalgame ne doit être fait. Les anges n’ont aucune enveloppe physique, ne vivent pas, n’existent pas. » Ma foi, ces anges-là ressemblent furieusement à nos datas que personne n’a jamais vues non plus. Furtives, mais omniprésentes les datas évoluent dans un monde invisible qui nous dépasse. Douées du don d’ubiquité, elles voyagent aussi à tire-d’aile. Le Diable s’habille en Data. Faudra-t-il reconsidérer la Bible à la lumière de nos connaissances actuelles ? Ces écrits vieux de plusieurs millénaires sont-ils des textes imagés écrits par des visionnaires qui essayaient de faire comprendre à des nomades un peu primitifs, ce qu’allait devenir l’Humanité ? Il est sûr qu’on pourrait publier un très bon techno-thriller en transposant à notre époque l’épisode des anges envoyés par Dieu à Sodome et Gomorrhe. Sans pour autant conclure que le web est devenu un vaste bordel mondial. Même si d’aucuns soutiennent que c’est une invention du Diable et que W3 serait son monogramme. Le fait que le Word Wide Web ait été conçu par un chercheur du CERN (autant dire un sorcier du nucléaire) est un indice qu’il ne faut pas négliger. v www.chezjibe.com