Société des Sciences Naturelles
de la Charente-Maritime
Fondée en 1836 – Reconnue d’utilité publique depuis 1852 – Agréée au titre de l’environnement-département de la Charente-Maritime
www.societesciences17.org
Mercredi 2 novembre 2016 17h 1955° séance
Présidence de Pierre Miramand - 31 participants -
Conférence :
La seiche
Sepia officinalis
… fascinante depuis la mer jusqu’à nos assiettes !
animée par
Thomas Lacoue-Labarthe
LIENSs Université La Rochelle
Un mollusque « évolué » : les céphalopodes sont des escargots « améliorés » possédant une coquille enroulée, caractère commun
aux mollusques, un pied subdivisé en plusieurs bras et une cavité palléale contenant les organes : branchies, appareil digestif,
reproducteur… Chez les céphalopodes primitifs, Nautiloïdes endocerida,
l’animal est dans la dernière loge de la coquille puis cette
dernière s’est enroulée. Chez la seiche, son os
correspond à une coquille aplatie recouverte de peau : la
coquille externe est internalisée. Chez le calmar la
coquille dépourvue de calcaire est réduite à une plume
protéique. Chez l’argonaute, la « coquille » est une
nacelle construite par la femelle pour les œufs.
L’intérêt économique est croissant, la ressource est de
plus en plus importante, à La Rochelle la pêche est de
555 tonnes par an avec une recette de deux millions
d’euros.
D’un point de vue écologique, la seiche occupe une place
centrale dans les réseaux trophiques. Ses proies sont les
crevettes, crabes, poissons… Ses prédateurs sont les
requins, les poissons, les oiseaux… et les autres
céphalopodes.
D’un point de vue écophysiologique, les seiches
présentent des caractères uniques comme des taux de
croissance très forts, équivalents à ceux des mammifères. Un cas extrême chez les céphalopodes est celui de Dosidicus gigas
(calmar de Humboldt) atteint 50kg en deux ans avec une larve ne mesurant que quelques millimètres.
Caractéristiques biologiques
Anatomie : la cavité palléale est en position ventrale, l’eau circule en entrant sur les côtés et ressort par contraction du manteau par
l’entonnoir. Ce courant alimente les branchies en eau. La machinerie respiratoire se caractérise par un système circulatoire clos, de
l’hémocyanine libre ayant un effet Bohr important. Ce pigment est huit fois moins efficace que l’hémoglobine. Le sang bleu à base de
cuivre présente une grande viscosité. La circulation du sang est animée par trois cœurs (un cœur central et deux cœurs branchiaux)
et par les mouvements musculaires du manteau.
Le cycle de vie est court, d’un à deux ans : la seiche grandit vite, meurt jeune (« grow fast, die young »). En juillet-août a lieu
l’éclosion des œufs près des côtes dans les nourriceries, où les petits casserons grandissent jusqu’en novembre avant de partir vers
le large et en profondeur. Une température de 14° déclenche cette migration. La période d’hivernage déclenche la maturation
sexuelle. Au printemps suivant ou après un deuxième hiver, les seiches matures reviennent à la côte pour s’y reproduire et pondre
leurs œufs. Après cette unique reproduction, ils meurent. En atlantique Nord le cycle de vie est de deux ans et une année en
Atlantique Sud. Dans le Golfe de Gascogne coexistent les deux types de cycle.
Pour évaluer l’âge des seiches, on peut les mesurer, la répartition montre différents groupes. Il est possible de compter les stries de
croissances sur les os ou les statolites qui présentent des stries de croissance une par jour pour 240 jours.
Si le déterminisme sexuel est encore inconnu chez les céphalopodes, les sexes sont séparés chez ces organismes.