DESCARTES LES PASSIONS DE L`AME Cours de Ferdinand

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DESCARTES LES PASSIONS DE L’AME
Cours de Ferdinand ALQUIE 1970-1971. **
1ère séance
Situation du Traité dans l’oeuvre de Descartes
1637-1641 Fondements philosophiques de la science déjà fondée
La véracité divine
41-50 Sur la substance matérielle et sur l’homme.
La véracité divine: problèmes.
A - D’abord elle fonde les idées claires
Explication de la nature: explication d’un monde clair (espace/ mouvement). La nature
se réduit à un espace étalé. Le monde est ce que l’on en voit; sa nature est
mathématiquement connaissable. la véracité divine garantit l’infaillibilité de l’idée claire
portant sur cette nature connaissable. Le monde est une parole claire.
B- La connaissance sensible
a)- fausse. les sens ne font pas connaitre ce que sont les choses.
les phénomènes = subjectifs= faux.
Critique du sensible ⟶Traité du Monde.
b) -1641. Méditation VI
Le sensible nous renseigne sur l’existence des corps. la véracité divine garantit une
tendance irrépressible à croire, quand nous avons une sensation, qu’il y a une corps.
Quelle est cette existence différente de la nature des corps? ou qu’est-ce que la matière?
Si l’on peut prouver que les facultés ne sont pas trompeuses on arrive à une justification
du désir et des passions de l’être humain. - En elles-mêmes, les Passions sont toutes
bonnes. Article 211 «car nous voyons qu’elles sont toutes bonnes de leur nature».
Profondeur ontologique de la Nature
Les sens nous enseignent qu’il y a une matière immédiate des corps.
Traité du Monde: par exemple, Descartes ne se préoccupe pas de savoir au vrai ce que
sont les choses ni si elles sont (monde imaginaire). Science hypothético-déductive.
1ère période: n’est incompréhensible que l’infini divin .......La matière est entièrement
claire.
dernière période: thème constant du caractère indéfini, de l’incompréhensibilité de la
matière, du monde, de la substance matérielle.
Problème: substance et attribut essentiel.
Substance pensante: 1 attribut essentiel: la pensée, des modes....
Substance matérielle: 1 attribut essentiel: l’étendue, des modes: figures, mouvements...
Les Principes de la Philosophie montrent une préoccupation à propos de la notion de
substance.
Sub-stancia: ce qui se tient dessous. les phénomènes sont soutenus dans l’être par autre
chose qu’eux-mêmes. Ce sont des qualités et la qualité appartient toujours à une chose.
Tendance A):
la relation substance/attribut est une relation attributive. On distingue un sujet et un attribut
(qualité).
Spinoza: la substance = en soi - le monde = en autre chose
Aristote: le rouge n’existe pas en soi, il existe en quelque chose
Tendance B):
consiste à affirmer quand il y a un attribut, qu’il y a une substance dont l’attribut dépende.
Descartes Principes I, article 11: ..... «que le néant n’a aucune qualité ni propriété qui lui
soient affectées, et qu’où nous en apercevons quelques unes il se doit trouver
nécessairement une chose ou une substance dont elles dépendent.»
Problème: la substance
1) au sens strict: ce qui n’a besoin que de soi-même pour exister, définition ne convenant
strictement qu’à Dieu.
2) cette chose, sous les qualités, si elle est distincte des qualités, elle est inconnaissable:
une table en soi dont je suis certain et qui est complètement inaccessible.
Si la substance était la même chose que l’attribut essentiel Descartes aurait dit: le moi
pensant c’est la pensée. Or il dit: res cogitans, res extensa. Pour la pensée cette res c’est
comme une matière métaphysique.
Rappel : il y a 3 substances:
- incréée, infinie (Dieu)
- des substances créées, immatérielles, pensantes: âmes ou esprits
- une ou des substances créées, matérielles, étendues: les corps
Problème: l’être du corps est-il différent de l’attribut essentiel du corps, l’étendue?
Doit-on accorder la substantialité à chacun des corps? On peut séparer substantiellement
ce dont les idées sont séparées.
Matière: sujet de l’espace ⟼se réduit à l’espace. Comment alors distinguer ce qui est le
sujet de l’espace et l’espace même ?
Si l’être de la matière et si l’être de la pensée sont inconnus, comment peut-on conclure à
la distinction des deux?
Si matière et pensée sont séparées se pose alors le problème de la possibilité d’une
action réciproque.
Qu’est l’homme? s’il n’est pas une simple rencontre accidentelle entre âme et
corps?Comment la substance homme peut-elle être composée par deux autres
substances?
Solution: Traité des Passions de l’âme.
2ème séance
L’homme libre.
l’homme n’est plus un être, un esprit entièrement, fatalement adapté au vrai et au Bien qui
serait la source absolue d’initiation.
la liberté de choix = d’indifférence
indifférence négative, ignorante.
je ne suis pas libre si ma volonté n’est pas éclairée.
la liberté divine: antérieure aux essences.
la liberté humaine: postérieure aux essences et existences.
L’indifférence qui était en Dieu passe en moi sans les effets moraux.
En Dieu: liberté d’indifférence qui crée.
En l’homme: je peux dire oui ou non à n’importe quoi. La liberté d’indifférence semble
avoir comme fonction de nous tourner vers le néant, de nous permettre de dire non à tout
ce qui est. En moi elle est cause d’un pouvoir de nier (en marche et en mouvement dans
le doute).
La thèse métaphysique est inséparable de la thèse morale.
Ontologiquement l’homme est dans la même situation que Dieu.
Moralement, il est dans la situation opposée.
Rapport âme/corps
A côté de l’homme libre, l’homme concret comme âme liée au corps.
Remarque: Ce problème aurait dû être posé avant à propos de l’action technique. Celle-ci
nous paraît approfondir les questions du côté de l’objet (connaître les lois du monde) et du
côté du sujet (du côté de nos désirs: en quel sens, à quelles fins on veut modifier le
monde). Comme s’il y avait oubli de l’homme inséré dans le monde pouvant y produire
des actions précises.
Difficultés:
- Quand Descartes affirme que le corps est une machine il ne se pose pas le problème du
corps incarné, le corps que nous sommes, qui obéit immédiatement.
- le cogito est venu doubler ce corps machine
- Comment se fait-il que, dans l’expérience vécue, le corps soit un véritable sujet?
Séparation des substances: impossible de comprendre qu’une substance agisse sur
l’autre. Descartes est amené du dehors à ce problème: par Regius et par la Princesse
Elisabeth
1) Regius: médecin hollandais qui enseigne la philosophie de Descartes.
Il enseigne que l’homme est un ens per accidens: c’est-à-dire rencontre, mélange de deux
substances séparés pouvant subsister à part l’une de l’autre. Il y a des corps sans âme
(animaux) et des âmes sans corps (anges).
Or une telle position a été celle des Cathares, l’homme étant composé de l’âme d’un ange
et d’un corps animal. Doctrine rejetée par l’Eglise comme hérésie majeure.
Dans le Traité de l’homme, Descartes ne semblait pas dire autre chose puisque l’homme
est une machine plus une âme. Mais il avait pris ses précautions au début en écrivant:
«hommes comme nous».
Descartes répond à Regius que l’homme est ens per se, mais il ne dit jamais que l’homme
est une substance. Rappel: il y a Dieu, le corps, l’âme.
2) La Princesse Elisabeth. Correspondance de l’année 1643.
En réponse à la Princesse Elisabeth, Descartes va s’efforcer de concevoir l’union de l’âme
et du corps.
Ce que Descartes avait déjà noté dès 1637:
Discours de la Méthode: pour comprendre l’homme, il ne suffit pas que l’âme soit logée
dans un corps humain comme un pilote dans un navire. Lorsque mon corps est blessé je
ne sentirais pas de douleur mais j’apercevrais la blessure par l’entendement. Si on prend
la théorie angélique au contraire l’âme serait un pilote dans son navire. La douleur révèle
cette union autrement que du dehors.
Cependant Descartes ne possède pas de quoi expliquer cet homme concret. Il doit revenir
au langage d’Aristote: même l’image du pilote pour réfuter une opinion attribuée à Platon
est enseignée dans les Ecoles.
Principes de la Philosophie
On trouve des expressions comme«l’âme informe le corps» «forme du corps»
Aucun sens chez Descartes: ni forme ni matière.
Chez Aristote ou chez saint Thomas l’homme peut être dit substance (l’individu) parce que
ni l’âme ni le corps à part ne sont des substances complètes. L’âme est la forme
substantielle du corps. On peut dire que l’âme et le corps sont des substances
incomplètes.
Il distingue: l’ordre de l’être (l’homme vrai, le vrai corps) et l’ordre du connaître (âme et
corps pensés à part).
Mais la véracité divine a fondé dans l’être le connaître. Difficulté.
28 juin 1643 appel à une troisième notion primitive.
- notion primitive de l’âme: ne se conçoit que par l’entendement pur
- notion primitive du corps (extension, figures, mouvements): par l’entendement seul mais
mieux par l’entendement aidé de l’imagination
- notion primitive de l’union de l’âme et du corps: se connaît clairement par les sens ( et
très obscurément par l’entendement, ou par l’entendement et l’imagination).
fin de la lettre: il faut s’abstenir de faire trop de métaphysique
1644: silence
1645: nouveaux échanges sur le problème moral
D’abord commentaire du de Vita beata de Sénèque. 4 août 1645.
Fonder une morale: trouver le moyen d’être maître de soi et de se garder des passions
gênantes.
Peu à peu construit une théorie mais non absolument une théorie ou un système: réfléchit
en écho avec Elisabeth.
2 théories juxtaposées dans le Traité des Passions sur l’union de l’âme et du corps:
- un vocabulaire aristotélicien: âme forme du corps = jointe à tout le corps
- âme jointe au centre du cerveau (glande pinéale).
On trouvera une juxtaposition de ces deux points de vue opposés ou l’un des deux selon
les besoins de la démonstration.
Chronologie de la rédaction du Traité des Passions surtout dans la correspondance:
- 3 novembre 1645: à Elisabeth,
- mai 1646: à Elisabeth sur le«premier crayon» de son petit traité
soumis plus tard à Chanut et à la Reine Christine,
- 1648: pressé de publier cet essai non destiné au public. Le revoit donc et le complète.
Rôle de Clerselier 23 avril 1649.
-Paraît en novembre 1649.
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