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Juin
2010
[ les éco_fiches ]
Des fiches
pour mieux
comprendre
l'actualité économique et les
enjeux pour
les PME
Crise de l’euro et vague d’austérité
La zone euro traverse une grave crise. Jusqu’à présent, des Etats très endettés, comme la France, ont pu obtenir une bonne signature. Désormais, le risque de défaut
souverain est pris en compte par les marchés.
Ainsi, le dénouement de cette crise sera décisif pour la mise en place des stratégies
de sortie de crise et la survie de la zone en tant que telle.
Contexte de la crise
Point de départ : la crise grecque
En octobre 2009, lors du changement de son gouvernement, la Grèce dévoile la réalité de son déficit : 12,7 % au lieu des 6 % annoncés. C’est le déclenchement de la crise : la note du pays diminue et les marchés s’affolent.
Afin d’éviter une propagation de la défiance des marchés aux autres pays d’Europe
du sud, (Portugal, Italie, Espagne), les Etats européens décident d’intervenir en prenant des mesures « déterminées et coordonnées ».
Toutefois, dans les faits, cela s’est traduit par une certaine cacophonie notamment
du côté allemand : l’approche des élections a incité Angela MERCKEL, Chancelière
allemande, à faire plusieurs fois marche arrière afin de satisfaire son opinion publique.
Ainsi, le 1er mai, après de nombreuses tractations, la BCE et le FMI ont négocié avec
la Grèce un plan de prêts évalué à 110 milliards d’euros sur 3 ans :
−
80 milliards proviennent de la zone euro,
−
30 milliards sont fournis par le FMI.
En contrepartie, Georges PAPANDREOU, Premier ministre grec, a annoncé un plan
d’austérité de 30 milliards d’euros d’ici à 2014 alliant baisse des dépenses publiques
(notamment des coupes salariales dans la fonction publique) et hausse des prélèvements obligatoires et de TVA. Cela permettrait de ramener le déficit public de 14 % à
3 %, limite autorisée par le traité de Maastricht.
Il est à noter que l’intervention du FMI est exceptionnelle en Europe : généralement
l’institution opère auprès des pays en développement, comme ce fut le cas en Argentine durant les années 1990.
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La crise de l’euro
Le sauvetage de la Grèce n’a pas permis d’enrayer la défiance des marchés vis-à-vis
de l’euro. En effet, la crise grecque a révélé l’absence d’unité des dirigeants européens et le manque de rigueur budgétaire dans la plupart des Etats.
La valeur de l’euro chute de 19,2 % passant de 1,51 dollars fin novembre 2009 à 1,22
dollars fin mai 2010. Cette évolution du taux de change est le résultat de deux faits:
−
L’euro retrouve sa valeur d’équilibre de long terme après des mois d’euphorie. Cela stimulera les exportations des pays membres de la zone euro, en
particulier, l’Allemagne,
−
Parallèlement, la baisse de l’euro est la réponse logique à la crainte des marchés de ne jamais se voir rembourser leur prêt par des Etats dont la dette
souveraine est trop lourde, dans un contexte de croissance molle.
•
Plans de stabilisation et sauvetage
Afin de tenter de limiter la dépréciation de l’euro, le 10 mai, l’Union européenne et
le FMI ont mis en place un plan de stabilisation de 750 milliards d’euros :
−
Fonds communautaire de 60 milliards d’euros,
−
Garantie des prêts de 440 milliards d’euros des pays de la zone euro,
−
Prêt du FMI de 250 milliards d’euros.
Parallèlement, la Banque Centrale Européenne a annoncé qu’elle rachèterait la dette
publique et privée de la zone euro.
Par ailleurs, la Commission européenne a proposé un « semestre européen » qui
contribuerait au renforcement de la gouvernance économique de la zone euro : il
s’agirait de soumettre, en début d’année, les budgets et programmes nationaux de
réformes en préparation à un examen préalable des pairs au niveau européen et ce,
dès 2011.
Toutefois, cela ne semble toujours pas suffire aux marchés : l’euro continue de baisser et atteint aujourd’hui 1,23 dollars.
•
Convergence des politiques économiques ?
La proposition de la Commission européenne concernant l’examen des budgets nationaux au niveau européen fait débat au sein de la zone euro : même si les ministres
européens de l’Economie et des Finances saluent cette idée, beaucoup de parlements nationaux craignent, cependant, de perdre leur souveraineté.
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En outre, ces dernières semaines, l’Allemagne a souhaité imposer aux autres Etats
membres des mesures budgétaires strictes telles que l’inscription d’une règle d’équilibre budgétaire dans la Constitution de chaque pays, le durcissement du Pacte de
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stabilité et de croissance, ou encore, l’exclusion des Etats les plus endettés de la zone
euro. Ces mesures ont été très mal accueillies par les Etats membres.
Ainsi, pour apaiser les marchés et l’Allemagne, la plupart des Etats membres ont décidé de mettre en place des plans de rigueur.
Plans de rigueur
Un mouvement de rigueur budgétaire s’installe en Europe.
Les plans des différents pays européens
Suivant l’exemple de la Grèce, l'Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni et l'Italie ont
présenté successivement leur plan de réduction du déficit public.
Espagne
En janvier dernier, le gouvernement Zapatero a annoncé un plan d'austérité de 50
milliards d'euros d'ici à 2013 afin de ramener le déficit public à 3% du PIB.
Un deuxième plan a été divulgué mi-mai : il s’agit de faire des économies de 15 milliards d’euros en 2010 et 2011. Pour cela, le gouvernement espagnol envisage de :
−
baisser de 5 % les salaires des fonctionnaires dès le mois de juin,
−
relever l’âge de la retraite,
−
geler la revalorisation de certaines retraites en 2011,
−
supprimer la prime de naissance,
−
baisser les indemnités de licenciement,
−
augmenter la TVA.
Portugal
En février, le programme de réduction des déficits était centré sur la baisse des dépenses ainsi que la hausse générale des impôts. Puis, en mai, le gouvernement portugais a renforcé ses objectifs afin de ramener le déficit à 9,4% du PIB en 2009 à 4,6%
dès 2011. Il s’agit de :
−
geler les salaires des fonctionnaires,
−
baisser les salaires des élus et des membres du gouvernement,
−
baisser les allocations chômage,
−
augmenter l’impôt sur le revenu et la TVA,
−
reporter certains investissements publics.
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Irlande
Dès 2009, l’Irlande s’est doté de deux plans de rigueur : ce pays souhaiterait économiser 7 milliards d'euros afin d’abaisser son déficit public à 11,5% du PIB en 2010,
contre 14,3% en 2009. Pour cela, il a été décidé de :
−
diminuer les allocations sociales,
−
réduire de 5 % à 15 % les salaires des fonctionnaires,
−
réduire les allocations sociales,
−
créer une taxe carbone et sur l’eau,
−
accroître l’impôt sur le revenu.
Grande-Bretagne
Le nouveau Premier ministre anglais, David Cameron, a dévoilé les objectifs de la
Grande Bretagne : il s’agit de réduire le déficit de 7,19 milliards d'ici à 5 ans en
−
gelant le recrutement dans la fonction publique,
−
relevant l’âge de départ à la retraite,
−
supprimant la prime à la naissance de 250 livres,
−
limitant le crédit d’impôt.
Italie
Fin mai, l’Italie a annoncé à son tour un plan d’austérité de 27 milliards d’euros d’ici
à 3 ans. Cela passera par :
−
des coupes de 10 % dans les crédits des ministères,
−
la création d’une nouvelle taxe sur les bonus et les stocks options,
−
la modification des périodes de départ à la retraite,
−
le gel des salaires des fonctionnaires.
Allemagne
L’Allemagne a préparé un plan de rigueur afin de réduire son déficit de 10 milliards
d’euros d’ici à 2016. Les principales mesures consistent en la :
−
baisse des effectifs de l’armée (-40 000 postes) et des effectifs dans la fonction publique,
−
baisse des allocations chômage et de l’aide au logement,
−
création d’une taxe bancaire et d’une taxe sur les transactions financières,
−
création d’une taxe sur les billets d’avions et d’une taxe sur l’énergie nucléaire.
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Le plan français
Les finances publiques françaises sont en déficit depuis plus de trente ans et ce, même contraintes par le pacte de stabilité et de croissance instauré en 1997 : dans les
faits, il semble que le seuil de 3 % a davantage été apparenté à un objectif plutôt
qu’à une limite infranchissable.
Si en France, la « rigueur » fait débat, il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre de mesures ont été prises afin de réduire nos déficits. A l’issue de la deuxième
session de la conférence sur le déficit, le 20 mai dernier, l’objectif fixé est de le ramener à 6% du PIB en 2011, 4,6% en 2012 et à 3% en 2013.
Il s’agit d’une action essentiellement portée sur les dépenses :
−
gel des dépenses en valeur de l’Etat pour les trois prochaines années : le
Gouvernement réduira les dépenses de fonctionnement et d’intervention de
10% d’ici 2013, dont 5% dès 2011,
−
stabilisation de la valeur des transferts de l’Etat aux collectivités territoriales,
−
réduction de la progression de l’Objectif National des Dépenses d’Assurance
Maladie (ONDAM) à 3% en 2010, 2,9% en 2011 et 2,8% en 2012. Les nouvelles mesures ne seront mises en œuvre que si l’objectif de dépenses est respecté. Une fraction des dotations sera mise en réserve en début d'année et
déléguée au fur et à mesure de la bonne exécution de l’objectif.
En outre, le Président de la République, Nicolas SARKOZY, souhaite inscrire une règle
de gouvernance des finances publiques dans la Constitution. Sans être aussi stricte
que la règle allemande qui impose un objectif chiffré, il s’agirait d’engager la Gouvernement pour cinq ans sur une trajectoire de déficit et sur la date à laquelle l’équilibre des finances publiques serait atteint.
Si la rigueur peut être une action critiquable à court terme, à long terme elle rassurera les marchés, permettra au secteur privé de faire des investissements ce qui permettra d’asseoir la reprise sur des bases plus saines. Toutefois, les stratégies de long
terme survivent généralement assez mal aux échéances électorales.
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Conclusion
Les finances publiques de nombreux pays ne laissent guère le choix quant à l’adoption de mesures d’austérité. Toutefois, afin de les rendre supportables et de brider le
moins possible la croissance, il est primordial que la réduction des déficits se fasse
davantage par la baisse de dépenses plutôt que par la hausse des prélèvements obligatoires. En effet, les acteurs économiques sont trop fragilisés pour supporter de
nouveaux impôts.
Le risque pour la reprise est, malgré tout, important : la majeure partie des pays européens met en place des plans de rigueur au même moment.
Cette stratégie peut se comprendre de la manière suivante : si un seul pays au sein
d’une zone économique ne met pas en place un tel plan, non seulement les marchés
se méfieront de sa capacité à rembourser sa dette, et surtout, toute la consommation et l’investissement du pays en question se reportera vers les autres pays ayant
mis en place les mesures d’austérité.
Or, le fait que tous les plans de rigueur soient mis en place en même temps, stimule
la prudence des ménages européens et non leur consommation : ils anticipent des
hausses d’impôts et la création de nouvelles taxes ce qui les poussent à épargner.
Ainsi, il ne faudra pas compter sur un élan de consommation intra-européen pour
relancer l’activité économique de la zone euro.
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