cursive en thème et rhème, en conformité avec l’articulation syntaxique en sujet,
verbe, objet, etc., et y équivaut à un rhème, en tant que celui de ces deux termes
qui répond à une question partielle (Quand Paul arrive-t-il? – [Il arrive] demain.
Que fait Pierre? – Il écrit.) ou qui, en réponse à une question totale,apporte le plus
d’information (Que se passe-t-il? – Deux voitures sont entrées en collision.). Dans
cette optique, le prédicat se situe dans le syntagme verbal en fonction de consti-
tuant immédiat de la proposition et s’y exprime soit par le verbe employé seul,soit,
en combinaison avec le verbe, par les constituants nominaux (attribut du sujet, ob-
jet, attribut de l’objet) et adverbiaux (circonstant, complément circonstanciel).
Il est toutefois des constructions où l’articulation en thème et rhème n’est pas
conforme à l’articulation syntaxique. Ceci se produit notamment dans les propo-
sitions VS avec un verbe d’existence ou de mouvement, que j’appelle «construc-
tions existentielles» (cf. la non-base existentielle, Dardel 1996:56); il arrive alors
que le verbe soit thème et le sujet rhème. En voici un exemple: dans les indications
scéniques, la sortie d’un personnage est annoncée par la construction SV (Le com-
te sort), tandis que l’entrée d’un personnage sur scène l’est souvent par une asser-
tive du type VS, où le prédicat est sujet (Entre un larbin, répondant à une question
mentale telle que Qui va entrer?).
Dans ce cadre, en première approximation, l’hypothèse protoromane peut être
formulée en ces termes: tout prédicat non verbal, sujet compris, est sigmatique,
c’est-à-dire porteur d’une marque finale -s.
Théoriquement, cette marque se conforme à la description du marquage d’op-
positions privatives (que Dik 1997/1:41-47 illustre par l’angl. book/books), où les
deux termes s’opposent corrélativement comme étant respectivement sans -s/avec
-s, non marqué/marqué, non prédicatif/prédicatif, plus fréquent/moins fréquent et
moins informatif/plus informatif. Dans la pratique, s’agissant du protoroman, qui
n’est pas directement interprétable en termes de fréquence, je présume que le trait
[plus informatif], qui découle de ce que le prédicat, répondant à une question, est
imprévisible, implique le trait [moins fréquent].
2.2.2 Origine morphologique et sémantique
Le point de départ de l’évolution en protoroman semble être l’ensemble d’ad-
verbes lat. en -s du type cité plus haut, qui, en tant que comparatifs, ont en lat. écrit
un sens intensif, «indiquant – en l’absence de toute comparaison avec un autre ter-
me – qu’une qualité existe à un degré relativement élevé» (Ernout/Thomas
1953:167; cf. aussi Baldi 2002:69). De là, le -s final, senti comme la marque des ad-
verbes, s’étend à d’autres adverbes de l’Antiquité lat. (antea ⬎antes, port. antes,
esp. antes, sarde antes;dunc ⬎duncas ⬎aesp. doncas, cat. donques, sarde dunkas)
et, plus tard, aux adverbes rom. en -mentem (oc. naturalmenz).Tout porte à croire
que c’est là l’origine de ce que les romanistes appellent le «-s adverbial».
Par l’entremise des adjectifs-adverbes, la marque prédicative des adverbes mo-
daux contamine les adjectifs qualifiants et quantifiants. On aperçoit des indices
3Une marque prédicative en protoroman?