Réflexion sur la posture philosophique au travers des premiers philosophes grecs
Les assistants sont conviés à un parcours des idées au travers des philosophes grecs tels que Platon, Aristote...
Une large page de la philosophie est ici retracée Le Retournement philosophique Dans le mot retournement, nous
saisissons tout de suite l'idée de retour sur soi, de réflexion, puis de réfléchi, de réfléchissement. L'adage de
Socrate nous revient en tête: "Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les dieux ." La philosophie n'est-
elle qu'un repliement sur soi ? Elle est aussi un comportement; la salutation de Platon, dans ces lettres nous
l'indique: " Porte toi bien", expression qui signifie aussi "comporte-toi bien", deux manières d'être qui visent au
bonheur. Gnwqi seaton (Gnôthi seauton) et Eu prattein (Eû prattein) résument l'antique sapience. Se retourner
sur soi pour connaître ou sortir de soi pour connaître autrui. Laissons la question fondamentale du changement
dans le monde sensible et de l'immuable intelligible dans le domaine des idées, disputée par Héraclite et
Parménide, pour examiner la théorie de la connaissance dans la philosophie platonicienne. Nous la trouvons, dans
le livre de la République (ch. 7 ), où se trouve l'allégorie de la caverne, ou plus exactement l'allégorie de la sortie
de la maison ( elle a été fabriquée par des hommes ! ) en forme de caverne vers le monde des idées et de son
retour . La maison caverneuse représente notre monde sensible; sur sa paroi se meuvent des ombres, des échos
de voix se répercutent, tout cela nous le percevons, prisonniers de ce monde que nous sommes. A moins de
rencontrer quelqu'un, un philosophe probablement, lequel va nous enlever nos chaînes, nous forcer à nous lever,
à nous retourner, enfin nous arracher. On peut remarquer la nécessaire coercition de cette éducation. Entre
temps le prisonnier aura saisi qu'on ( oui ! la rumeur, la Doxa -doxa- ) projetait un cinéma d'objets fabriqués, qu'il
a fallu aller au-delà du feu qu'on utilisait, pour voir enfin la vraie lumière, le Soleil de vérité, l'idée de Bien dans le
ciel des idées. Une seconde remarque pour dire que la connaissance ici est une sorte d'accoutumance. Les choses
ne sont pas claires, il faut passer progressivement de l'obscurité à la lumière aveuglante, pour voir les véritables
êtres dans ce monde des idées dont les images sensibles n'ont été que de mauvaises copies. Enfin le prisonnier
devenu sage, retourne dans son ancien monde, pour tenter d'enseigner aux autres les vérités qu'il a vues. Ici, il
faut supposer qu'il s'en souvienne, car pour Platon la connaissance n'est qu'une reconnaissance, qu'une
réminiscence. A cet effet, Socrate, son héros, pratique la maïeutique, l'art d'accoucher les esprits, c'est-à-dire l'art
de se rappeler ce qu'on a vu dans l'au-delà intelligible, à l'occasion de nos réincarnations successives. D'où la
dernière remarque; la philosophie devient un effort de retournement sur soi pour extirper ses propres trésors de
connaissances. ( cf. ch. X . Le mythe d'Er, in La République) . Même le comportement subit un retournement du
Même au Même, lorsque dans le Banquet, il fait parler Aristophane qui imagine des hommes doubles que Zeus
coupa en deux; dès lors chaque moitié recherche sa moitié. Platon parle en la personne de Diotime, pour monter
de l'amour charnel à l'amour de la beauté éternelle, mais aussi pour croire que l'amour de la femme est d'essence
inférieure, et que l'attirance de l'homme pour l'homme, retournement sur sa nature même, élève les hommes à la
vraie philosophie. A l'opposé, son disciple Aristote, ne se paye pas un voyage aller -retour du sensible à
l'intelligible, il n'y a pas deux mondes différents, il n'y a qu'un seul monde dans lequel les êtres sont composés de
matière et de forme; les idées n'existent pas à part, seules, mais avec des éléments qu'elles structurent,
programment en quelque sorte. Les substances physiques ont des formes matérielles, les êtres vivants ont les
formes vivantes appelées âmes parce qu'elles les animent, ( formes végétatives, formes animales) et enfin
existent des formes intellectuelles, propres aux humains. Le monde où chaque être possède sa forme ou énergie
interne, possède en son centre une forme d'énergie divine qui attire tout à elle. Peut-on dire que la conscience
humaine puisse atteindre cet Autre ? Non ! Dans la mesure où la mort, séparation de l'âme et du corps, nous
prive des sens et nous plonge par conséquent dans un sommeil éternel. Plotin, plus qu'Aristote qui pensait "qu'en
nous il y avait quelque chose de divin", cherche à retrouver en lui le Principe, l'Un originel, en distinguant deux
sortes d'extases. La première extase est une sortie de la source vers l'éparpillement, la multiplicité, I'obscurité, la
division. Par l'autre extase, nous nous sommes détournés du multiple, pour remonter à la source et restaurer
l'âme dans son état primitif. Cet Un dont nous sommes une émanation est au-delà de l'essence et de l'existence.
"Mystique de l'immanence dans une métaphysique de la transcendance". Pour arriver à la contemplation, il faut
descendre au fond de soi, dans une région obscure: "Retranche toute chose", disait-il. Ce n'est pas une sortie de
soi, une extase, mais une "enstase", analogue à la méditation du vide dans le yoga. Superbe retournement sur
soi. Au Xlllè siècle, héritier des premiers docteurs chrétiens, latins et grecs, Saint Thomas d'Aquin reprend les
principes d'Aristote, toute notre connaissance part bien du sensible, de l'extérieur, dans une pénétration de plus
en plus profonde vers l'infini. Mais sa définition de l'Autre absolu, de Dieu, qu'il ne situe pas au-delà de l'existence
et de l'essence, comme l'entendait le philosophe Avicenne, mais se définit comme "son essence c'est son
existence". Définition bien abstraite, comme l'est tout processus de dévoilement philosophique, cela ne donne pas
la certitude de rencontrer autre que soi: ici que ses propres abstractions. Mais là, nous rencontrons une collusion
entre le dévoilement Alhqeia (Aletheia) et la Révélation, entre la philosophie et la théologie. On pense toujours à
une séparation entre les deux. Saint Thomas d'Aquin pensait que la Raison, la philosophie devait être "la
Servante de la théologie". Néanmoins, nous n'avons pas l'intention d'examiner cette question et on peut affirmer