La philosophie
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P. Rosemberg
P. Rosemberg
La philosophie
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Éditions Nathan Collection repères pratiques, Août 2008
par Bruno Modica
Mise en ligne : lundi 13 octobre 2008
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La philosophie
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Destiné au premier abord à l’élève de terminale qui découvre la philosophie, ce petit ouvrage de
160 pages est une très agréable surprise. Il peut être lu et conservé par toute personne curieuse
mais également, et c’est ce qui nous préoccupe prioritairement en rédigeant ces lignes par des
historiens faisant le pari de la pluridisciplinarité. En effet, ce petit livre est divisé en sections
clairement identifiées, comme l’histoire de la philosophie, les grands philosophes, écoles et
courants, notions et problèmes, philosophie et culture et enfin méthode.
Les trois premières sections représentent un outil extrêmement précieux pour expliciter les points
des programmes d’histoire qui sont en relation avec les différentes écoles philosophiques.
On appréciera par exemple, la très bonne mise en situation des philosophes grecs que l’on
découvre au hasard d’extraits, toujours les mêmes, dans le chapitre sur la démocratie athénienne.
Les philosophes grecs étaient des acteurs engagés du débat citoyen de leur temps, des formateurs
d’hommes politiques, et des organisateurs d’écoles, comme Platon avec l’ Académie et Aristote,
l’élève devenu maître, avec le Lycée.
De la même façon, on pourra ainsi situer Socrate dans les débats qui affectent la société
athénienne au moment de la guerre du Péloponnèse ainsi que Platon ou Aristote.
Le texte est simple et surtout entrecoupé de développement illustrant l’originalité de tel ou tel
penseur. On retrouve ainsi l’allégorie de la cavernes qui place Platon dans la continuité de Socrate,
Socrate dont la condamnation injuste hypothèque selon lui l’avenir de la Cité. Pour Aristote, ce
sont les quatre causes qui illustrent l’originalité de ce philosophe qui présente la cause finale
comme étant l’aboutissement vers le bien.
Hannah Arendt (1906-1975) devrait intéresser les historiens par l’analyse qu’elle a pu faire dans
on ouvrage majeur, les origines du totalitarisme. Sa réflexion publiée en 1951 dans « les origines du
totalitarisme » part de l’idée que ce concept est né au XXe siècle comme une ces conséquences du
processus industriel. L’homme est un individu isolé, extérieur à toute idée de citoyenneté,
anonyme parmi les autres. Dans un régime totalitaire, il est un acteur zélé d’un dessein qui lui est
imposé de telle façon qu’il finit par y adhérer. On aurait pu d’ailleurs faire le lien entre cette
analyse et celle contemporaine de Herbert Marcuse, dans « Ecoute petit homme ». Les
totalitarismes stalinien et hitlérien sont ainsi renvoyés dos à dos comme des organisations de
masse d’individus atomisés et isolés.
Michel Foucault qui construit une œuvre originale à l’intersection de la philosophie et de
l’histoire est également un auteur majeur pour les historiens. Son histoire de la folie à l’âge
classique est une référence car elle montre comment, au sortir du moyen âge et de la renaissance,
le XVIIe siècle introduit une ligne de partage entre la raison et la déraison. L’idiot du village, le fol
ou le bouffon se voit ainsi dépossédé de son rôle social pour subir l’enfermement. Les asiles de
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fous sont ainsi présentés comme des espaces l’irrationalité est réunie, à l’écart du monde
raisonnable. De la même façon, la société a été capable de développer des moyens de surveillance,
de plus en plus sophistiqués qui se rapprochent de la punition. Le contrôle des individus est
devenu partie intégrante du châtiment et cela de façon d’autant plus efficace qu’il est exercé à titre
préventif.
Parmi les notions étudiées dans ce petit ouvrage, on en trouvera certaines qui intéressent
directement les historiens. Dans une présentation de la société et l’État, l’auteur revient sur les
grands classiques comme Thomas Hobbes. Dans le Léviathan, cet auteur revient sur la notion de
sécurité dont l’État est le garant. Cette conception qui part du principe que l’homme est un loup
pour l’homme et que l’état doit le policer, au sens premier du terme. Ce qui revient à ce que les
hommes aliènent leur liberté. On peut ainsi lire ces enseignements de Hobbes comme autant de
justifications aux privations de liberté. Avec tout ce que cela implique. La citation du Léviathan
ainsi prise isolément peut être bien inquiétante. « Bien qu’en matière de doctrine, rien ne devrait
être considéré que la vérité, cependant cela n’empêche pas de règlementer la vérité dans l’intérêt
de la paix. »
L’auteur cite directement et indirectement les doctrines du XIXe siècle qui évoquent la liberté de
l’individu comme inaliénable. John Stuart Mill par exemple, mais on aurait pu citer Max Stirner,
un des théoriciens de l’anarchisme.
L’ouvrage se termine par une présentation des méthodes de la philosophie sur lesquelles on ne
pourra pas dire grand chose du point de vue de la didactique mais ce qui est à noter ici, en dehors
de la praticité de ce petit livre c’est sa clarté. De quoi donner à l’historien envie de se promener un
peu dans la classe d’à côté. De ce point de vue au moins, P. Rosemberg a atteint son but. Et puis,
les professeurs d’histoire des lycées qui sont parfois confrontés aux angoisses de leurs élèves qui
découvrent une matière nouvelle auront toujours le loisir de renvoyer ces derniers vers ce petit
livre bien utile.
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