information scientifique - Institut Jules Bordet Instituut

Pour les années à venir on
n’attend pas de nouveaux
médicaments anti-Gram-négatifs.
Utilisons les antibiotiques
à bon escient page 16
Allons-nous vers un traitement
individualisé du cancer du sein?
page 22
Mettons en place des stratégies
efficaces de dépistage du cancer
colorectal pages 6 et 3
Que devient la qualité de vie
des patients dans un essai
thérapeutique? page 15
Les cancers de l’enfant sont
peu connus dans le monde
des adultes – 330 nouveaux cas
sont diagnostiqués chaque
année en Belgique page 10
LE JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE
L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
LE JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE
L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
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6TRIMESTRIEL – SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
BELGIQUE/BELGIË
PP/PB
B-714
Bureau de dépôt Bruxelles X Brussel
Éditeur responsable: Harry Bleiberg, 1 rue Héger-Bordet, 1000 Bruxelles – N° d’agréation: P501016 – Autorisation de fermeture B-714 – Ne paraît pas en juillet-août
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ÉDITORIAUX
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Deux ans… Déjà!
Harry Bleiberg et Ahmad Awada
3
L’Europe porrait se tromper: la recherche de sang occulte dans les selles
n’est peut-être pas la réponse pour réduire l’incidence du cancer
Philippe Autier, Peter Boyle,Marc Buyse et Harry Bleiberg
INFORMATIONS SCIENTIFIQUES
16
Nouveautés dans le traitement antimicrobien
Michel Aoun
8
Une nouvelle technique diagnostique des polyglobulies:
la détection de la mutation de JAK 2
Valérie Robin etWalter Feremans
10
Progrès dans la prise en charge des tumeurs solides chez l’enfant
Christine Devalck
13
Apport du ciblage des récepteurs à l’EGF à la radiothérapie des tumeurs
cervico-faciales localement avancées
Thi Hien N’Guyen
15
Que penser de l’impact d’un essai thérapeutique sur la qualité de vie?
Thierry Conroy
6
Dépistage du cancer colorectal
Harry Bleiberg
RECHERCHE
22
L’étude TOP – un pas supplémentaire vers l’individualisation
du traitement du cancer du sein
Christos Sotiriou
EN EUROPE
4
Une nouvelle présidence pour l’EORTC: de nouveaux défis à relever
Martine Piccart
LA RUBRIQUE DU GÉNÉRALISTE
26
Les mucites induites par la radio et chimiothérapie:
de nouvelles approches thérapeutiques
Marie-Thérèse Klastersky-Genot
RÉGLEMENTATION
21
La notification des SUSARs en Belgique
Geneviève Decoster
COMMENT LIRE UN JOURNAL?
24
Médecine basée sur des faits. Pourquoi? Comment?
Marianne Paesmans
ÉTUDES CLINIQUES
25
Sélection de quelques études cliniques sur le cancer du sein en cours
à l’institut Jules Bordet
Tatiana Besse
POLITIQUE ET SANTÉ
5
Le programme de soins oncologiques multisite (PSOM) IRIS-BORDET
Jean Klastersky
INTERVIEW PATIENT
14
Témoignage… après 11 ans
Roser Llop i Faig
LES AMIS DE L’INSTITUT BORDET
28
Politique du futur
Ariane Cambier
RÉSUMÉ ASCO 2006
20
Cancérologie digestive: qu’avons-nous appris à l’ASCO 2006?
Alain Hendlisz
PARTICIPEZ À NOTRE CONCOURS
«HÔPITAL INSOLITE»
Dans chaque numéro du Journal
du Réseau Cancer de l’Université
Libre de Bruxelles sera publiée
une photo «hôpital insolite»:
vue inattendue, particulière,
touchante, artistique de votre hôpital.
Le gagnant reçoit un bon FNAC
d’une valeur de 150 .
Envoyez votre photo à
Photo gagnante voir en page 9
RÉDACTEURS EN CHEF
Harry BLEIBERG
Ahmad AWADA
Recherche Clinique
Ahmad AWADA
Recherche Translationnelle
Fatima CARDOSO
Recherche Fondamentale
Christos SOTIRIOU
Gilbert VASSART
Hémato-oncologie
Willy FERREMANS
Philippe MARTIAT
Psycho-oncologie
Nicole DELVAUX
Darius RAZAVI
Spécialistes en oncologie
Vincent NINANE
Jean-Luc VAN LAETHEM
Bordet-IRIS
Jean-Pierre KAINS
Martine PICCART
Wallonie
Vincent RICHARD
Erasme
Thierry VELU
COMITÉ DE RÉDACTION
Ahmad AWADA
Harry BLEIBERG
Arsène BURNY
Vincent NINANE
Jean-Claude PECTOR
Martine PICCART
Jean-Luc VAN LAETHEM
CONSEILLERS SCIENTIFIQUES
Marc ABRAMOWICZ
Guy ANDRY
Michel AOUN
Jean-Jacques BODY
Dominique BRON
Dominique DE VALERIOLA
Olivier DEWITT
André EFIRA
Patricia EWALENKO
Patrick FLAMEN
Thierry GIL
Michel GOLDMAN
André GRIVEGNEE
Alain HENDLISZ
Jean KLASTERSKY
Denis LARSIMONT
Marc LEMORT
Dominique LOSSIGNOL
Thi Hiyen N’GUYEN
Thierry ROUMEGUERE
Eric SARIBAN
Jean-Paul SCULIER
Philippe SIMON
ASSISTANTE À LA RÉDACTION
Martine HAZARD – Tél. 02/541 32 01
COMITÉ DE LECTURE
Marianne PAESMANS
Jean-Claude PECTOR
Marielle SAUTOIS
Le contenu des articles publiés dans ce journal
n’engage que la responsabilité de leur(s) auteur(s)
www.jcancerulb.be
SOMMAIRE
JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES N°6 – SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
patient ambulatoire / patient hospitalisé
40.000 UI: $382,1025 Ahf / $380,3250 Ahf
When time matters
E.R.: Jo Van der Veken • Roderveldlaan 1, 2600 Berchem
NOM DU MÉDICAMENT: EPREX 40.000 UI/1,0 ml, solution injectable en acons
COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE: Chaque acon d’EPREX de 40.000
UI/1,0 ml contient 40.000 UI ou 336 microgrammes par ml d’époétine alfa. Excipients: Dihydrogéno-
phosphate de sodium dihydraté Hydrogénophosphate de sodium dihydraté Chlorure de sodium Glycine Polysor-
bate 80 Eau pour préparation injectable • FORME PHARMACEUTIQUE: Solution injectable. Solution limpide, incolore. •
INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES: Traitement de l’anémie et réduction des besoins transfusionnels chez les patients adultes
recevant de la chimiothérapie pour une tumeur solide, un lymphome malin ou un myélome multiple, et présentant un risque de
transfusion selonl’évaluation deleur étatgénéral (p.ex.situation cardio-vasculaireou anémie préexistante audébut de lachimiothérapie).
– EPREX peut être utilisé pour augmenter le rendement du don de sang autologue chez des malades participant à un programme de
transfusions autologues diérées. L’utilisation dans cette indication doit tenir compte du risque accru d’accidents thrombo emboliques.
Le traitement ne doit être administré qu’aux malades présentant une anémie modérée (Hb 10-13g/dl soit 6,2-8,1 mmol/l et sans
carence martiale) si l’on ne dispose pas de méthodes d’épargne du sang ou que celles-ci sont insusantes, lorsqu’une intervention
chirurgicale majeure programmée nécessite de grandes quantités de sang (4 unités de sang ou plus chez les femmes et 5 unités de sang
ou plus chez les hommes). – EPREX peut être utilisé pour réduire l’exposition aux transfusions de sang homologue chez les patients
adultes, sans carence martiale, devant subir une intervention chirurgicale orthopédique majeure programmée, et présentant un risque
présumé important de complications transfusionnelles. L’utilisation devra être limitée aux patients ayant une anémie modérée (par
exemple Hb 10-13 g/dl) qui nont pas accès à un programme de prélèvement autologue diéré et chez qui l’on s’attend à des pertes de
sang modérées (900 à 1800 ml). Les bonnes pratiques de gestion du sang (Good Blood Management Practices) doivent toujours être
appliquées dans le contexte d’interventions chirurgicales programmées • POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION: Instructions
pour l’administration: Comme c’est lecas pour tousles médicaments administrés par voie parentérale,il convientd’inspecter visuellement
la solution injectable avant l’administration pour vérier qu’il n’y a ni particules en suspension ni changement de coloration. a) injection
intraveineuse: cette injection doit être administrée pendant au moins 1 à 5 minutes, en fonction de la dose totale. Une injection plus
lente est préférable chez les patients qui réagissent au traitement par des symptômes pseudo grippaux. Ne pas administrer en perfusion
intraveineuse ou combiné à d’autres médicaments. b) injection par voie sous cutanée: on ne doit généralement pas excéder un volume
maximal de 1 ml par site d’injection. En cas de volume plus important, utiliser plusieurs sites d’injection. Les injections se font au niveau
des membres ou de la paroi abdominale antérieure. Patients cancéreux adultes avec anémie symptomatique recevant de la chimiothérapie:
L’administration doit se faire par voie sous-cutanée. Lépoétine alfa doit être administrée chez les patients présentant une anémie (par
exemple Hb ≤ 11 g/dl [6,8 mmol/l]). La valeur cible du taux d’hémoglobine est d’environ 12 g/dl (7,5 mmol/l). Le taux d’hémoglobine
ne peut pas dépasser 13g/dl (8,1 mmol/l) (voir rubrique 5.1.) Le traitement par l’époétine alfa doit être poursuivi jusqu’à un mois après
la n de la chimiothérapie. La dose initiale est de 150 UI/kg par voie sous-cutanée 3 fois par semaine. Une autre possibilité consiste à
administrer EPREX à raison d’une dose initiale de 450 UI/kg par voie sous-cutanée, une fois par semaine. Si après 4 semaines de traitement,
le taux d’hémoglobine a augmenté d’au moins 1 g/dl (0,62 mmol/l), ou si le nombre de réticulocytes a augmenté d’au moins 40.000
cellules/μl par rapport aux valeurs initiales, la dose doit être maintenue à 150 UI/kg trois fois par semaine ou 450 UI/kg, une fois par
semaine. Si l’augmentation de l’hémoglobine est inférieure à 1 g/dl (0,62 mmol/l) et si le nombre de réticulocytes a augmenté de moins
de 40.000 cellules/μl par rapport aux valeurs initiales, il faut augmenter la dose à 300 UI/kg trois fois par semaine. Si après 4 semaines
supplémentaires de traitement à 300 UI/kg trois fois par semaine, l’hémoglobine a augmenté d’au moins 1 g/dl (0,62 mmol/l) ou si le
nombre de réticulocytes a augmenté d’au moins 40.000 cellules/μl, la dose de 300 UI/kg trois fois par semaine doit être maintenue. Si
le taux d’hémoglobine a augmenté de moins de 1 g/dl (moins de 0,62 mmol/l) et si le nombre de réticulocytes a augmenté de moins
de 40.000 cellules/μl par rapport aux valeurs initiales, une réponse au traitement est improbable et celui-ci doit être arrêté. Ajustement
de la dose: Si le taux d’hémoglobine augmente de plus de 2 g/dl (1,25 mmol/l) par mois, il faut réduire la dose d’époétine alfa d’environ
25 - 50 %. Si le taux d’hémoglobine dépasse 13 g/dl (8,1 mmol/l), il convient d’interrompre le traitement jusqu’à ce que le taux
s’abaisse à 12 g/dl (7,5 mmol/l), après quoi le traitement par l’époétine alfa doit être réinstauré à une dose de 25 % inférieure à la dose
précédente. Patients adultes participant à un programme de prélèvement autologue diéré avant une intervention chirurgicale:
L’administration doit avoir lieu par voie intraveineuse. Pendant le programme de prélèvement autologue, l’époétine alfa doit être
administrée après la n du prélèvement de sang. La posologie d’époétine alfa chez les patients ayant une anémie modérée (hématocrite
entre 33 et 39 %) et qui doivent donner au moins 4 unités de sang, est de 600 UI/kg 2 fois par semaine pendant 3 semaines avant
l’intervention. En utilisant cette posologie, il a été possible d’obtenir au moins 4 unités de sang chez 81 % des patients traités par
l’époétine alfa, par comparaison à 37 % des patients du groupe placebo. Le traitement par époétine alfa a réduit les risques d’exposition
à du sang homologue de 50 % par comparaison aux patients ne recevant pas d’époétine alfa. Tous les patients traités par l’époétine alfa
doivent recevoir une supplémentation en fer appropriée (par exemple 200 mg par jour de fer élément per os) pendant le traitement.
La supplémentation en fer devra commencer le plus tôt possible, voire même plusieurs
semaines avant le début du prélèvement autologue, afin d’atteindre des réserves en fer
importantes avant de commencer le traitement par l’époétine alfa. Patients adultes devant subir une
chirurgie orthopédique majeure programmée: L’administration doit se faire par voie sous-cutanée. La dose
recommandée est de 600 UI d’époétine alfa par kg par semaine pendant les 3 semaines (jour -21, -14 et -7) précédant
l’intervention chirurgicale et le jour de l’intervention. Dans le cas où la période de préparation préopératoire doit être écourtée à moins
de 3 semaines pour des raisons médicales, l’époétine alfa doit être administrée à la dose de 300 UI/kg tous les jours, pendant 10 jours
consécutifs avant l’intervention, le jour de l’intervention et pendant les 4 jours suivant l’intervention. Si un examen sanguin pendant la
période préopératoire révèle que le taux d’hémoglobine est de 15 g/dl ou plus, l’administration d’époétine alfa doit être arrêtée et
aucune dose supplémentaire ne peut plus être administrée. Il faut s’assurer que les patients ne sont pas carencés en fer lors de
l’instauration du traitement. Tous les patients traités par l’époétine alfa doivent recevoir une supplémentation en fer appropriée (par
exemple 200 mg/jour de fer élément per os) pendant toute la durée du traitement par époétine alfa. Si possible, la supplémentation en
fer devraêtre commencée avant letraitement par l’époétine alfa, pour constituerdes réserves en fer susantes. • CONTRE INDICATIONS:
Les patients qui développent une érythroblastopénie après un traitement par une érythropoïétine ne peuvent plus être traités par
l’époétine alfa ni par une autre érythropoïétine (voir rubrique 4.4 – Érythroblastopénie). Hypertension non maîtrisée. Toutes les contre-
indications associées à un programme de prélèvement autologue diéré doivent être respectées chez les patients traités par l’époétine
alfa. Hypersensibilité au principe actif ou à un des excipients. L’utilisation d’époétine alfa chez les patients devant subir une intervention
chirurgicale orthopédique majeure programmée et qui n’ont pas participé à un programme de prélèvement autologue diéré, est contre
indiquée chez les sujets présentant une atteinte grave des artères coronaires, des artères périphériques, de la carotide ou des vaisseaux
sanguins du cerveau. Le traitement estégalement contre-indiqué chez lespatients ayant des antécédentsrécentsd’infarctus dumyocarde
ou d’accident vasculaire cérébral. Patients qui – quelle quen soit la raison – ne peuvent pas recevoir une prophylaxie antithrombotique
appropriée. • EFFETS INDÉSIRABLES: Généralités: Des éruptions cutanées aspéciques ont été décrites lors de l’utilisation
d’époétine alfa. Des symptômes grippaux tels que céphalées, douleurs articulaires, sensation de faiblesse, vertige et fatigue peuvent
survenir, en particulier en début de traitement.Très rarement, des cas de thrombocytose ont été observés (cf 4.4.“Précautions parti-
culières d’emploi”). Des aections vasculaires thrombotiques telles que: ischémie myocardique, infarctus du myocarde, accidents
vasculaires cérébraux (hémorragie cérébrale et infarctus cérébral), accidents ischémiques transitoires, thromboses veineuses profondes,
thrombose artérielle, embolie pulmonaire, anévrysme, thrombose rétinienne et coagulation dans un rein articiel, ont été mentionnées
chez des patients traités par des médicaments contenant de l’érythropoïétine, parmi lesquels EPREX. Dans de rares cas, des réactions
d’hypersensibilité, parmi lesquelles des mentions isolées d’œdème de Quincke et de réactions anaphylactiques, ont été mentionnées
avec l’époétine alfa. Une érythroblastopénie médiée par anticorps a été mentionnée après des mois à des années de traitement par
l’époétine alfa.(voir rubrique 4.4 concernant l’érythroblastopénie). • Patients cancéreux adultes avec anémie symptomatique recevant
une chimiothérapie: Une hypertension peut survenir chez les patients traités par l’époétine alfa. De ce fait, le taux d’hémoglobine et la
tension artérielle doivent être suivis de près. Une incidence accrue d’aections vasculaires thrombotiques (voir rubrique 4.4 Mises en
garde et précautions particulières d’emploi et sous la présente rubrique sous “Généralités”) a été observée chez des patients traités par
des médicaments contenant de l’érythropoïétine. • Patients participant à un programme de prélèvement autologue diéré avant chirurgie:
Indépendamment du traitement par l’époétine alfa, des eets indésirables thrombo-vasculaires peuvent survenir après phlébotomie
répétée chez des patients subissant une intervention chirurgicale et présentant des aections cardio-vasculaires sous-jacentes. C’est
pourquoi il est conseillé, chez ces patients, de compenser systématiquement le volume prélevé. • Patients devant subir une intervention
chirurgicale orthopédique majeure programmée: Chez les patients devant subir une intervention chirurgicale orthopédique majeure
programmée et ayant un taux initial d’hémoglobine de 10 à 13 g/dl, l’incidence des aections thrombotiques/vasculaires (dont la
plupart étaient des thromboses veineuses profondes), dans l’ensemble de la population des essais cliniques, s’est avérée similaire dans
les diérents groupes traités par l’époétine alfa et dans le groupe placebo. Lexpérience clinique est cependant encore limitée. De plus,
chez les patients ayant une hémoglobine initiale supérieure à 13g/dl, la possibilité que le traitement par l’époétine alfa soit associé à une
augmentation du risque d’aections thrombotiques/vasculaires postopératoires nest pas exclue. • NATURE ET CONTENANCE DU
RÉCIPIENT: Pour injection: EPREX à raison de 40.000 UI d’époétine alfa est disponible en acons d’injection de 1 ml: Emballage de
4 flacons d’injection de 40.000 UI/1,0 ml d’époétine alfa • TITULAIRE DE LAUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHÉ:
Janssen-Cilag s.a. Roderveldlaan 1 B-2600 Berchem Belgique • MODE DE DÉLIVRANCE: Sur prescription médicale • DATE DE LA
PREMIÈRE AUTORISATION / DU RENOUVELLEMENT DE L’AUTORISATION • Renouvellement de l’enregistrement le 4 août
2003. • DATE DE LA RÉVISION DU TEXTE: 21/08/2006 • Des informations complémentaires sont disponibles sur demande
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Deux ans… Déjà!
ÉDITORIAL
JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES N°6 – SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE 2006 JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES N°6 – SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Trois études randomisées ont testé le
dépistage du cancer colo-rectal (CCR) en
réalisant une recherche de sang occulte
dans les selles (FOBT-Fecal Occult Blood
Test) tous les deux ans,suivie d’une colonos-
copie si le test était positif, versus un groupe
contrôle qui nétait pas soumis à ce test.1,2,3.
Les études différaient par le suivi dans le
bras contrôle. Dans l’étude du Minnesota
(États-Unis)1, le suivi des sujets dans le
bras contrôle était le même que pour le
bras soumis au test FOBT tandis que dans
l’étude Nottingham (Royaume Uni)2et
Funen (Danemark)3, les sujets du bras
contle étaient suivis selon les normes
habituelles sans recevoir d’information sur
le CCR. Dans ces deux dernières études,la
mortalité par CCR était plus élevée chez
les sujets contrôle que chez les sujets avec
un CCR d’intervalle* alors que dans l’étude
Minnesota,la survie des sujets avec CCR
d’intervalle et les sujets contrôles était
équivalente. Nous nous sommes dès
lors demandé si une meilleure connais-
sance de la maladie chez les sujets dans le
bras FOBT ne pouvait pas contribuer à la
meilleure survie observée dans ce bras.
Dans l’étude Nottingham et Funen nous
avons évalué de combien la réduction de
mortalité par CCR était attribuable à une
meilleure survie des sujets avec un CCR d’in-
tervalle.Dans l’étude Minnesota, nous avons
évalué si la détection plus précoce d’un CCR
chez les sujets contrôles pouvait expliquer
pourquoi la diminution de mortalité par CCR
attribuable au test FOBT dans cet essai était
environ 25% moindre que celle rapportée
dans les études Nottingham et Funen.Pour-
suivant cette hypothèse, nous avons sup-
posé qu’environ un quart de la réduction
de mortalité par cancer colo-rectal dans le
bras FOBT des études Nottingham et Funen
pouvait être attribuée à une meilleure
connaissance de la maladie chez les sujets
avec un CCR d’intervalle. Après correction
des résultats pour les effets d’une meilleure
connaissance de la maladie,la réduction
effective de mortalité liée au test FOBT lui-
même aurait été de 12% au lieu de 16%, ce
résultat n’étant dès lors plus statistiquement
significatif (p>0.05).
Il est clair qu’une meilleure connaissance de
la maladie peut contribuer à une réduction
de la mortalité par CCR et devrait être encou-
ragée.Par contre,la question de savoir s’il faut
recommander le dépistage d’une population
non sélectionnée avec un test FOBT tous les
deux ans ne nous paraît toujours pas résolue
de manière définitive.
Par ailleurs,la mise en place d’un programme
basé sur le FOBT risque d’être compromise
à court terme car les données s’accumulent
montrant la nette supériorité des autres
technologies de dépistage (endoscopie,colo-
noscopie virtuelle) sur l’incidence et la morta-
lité par cancer colo-rectal.De fait,le FOBT a
un impact modéré sur la mortalité par CCR4,
et quasiment pas sur son incidence. Par
contre, les techniques endoscopiques (réelles
et virtuelles) sont susceptibles de conduire
à une diminution importante tant de l’in-
cidence que de la mortalité par CCR,ce qui
risque de mener à un rapport coût/efficacité
nettement plus favorable qu’avec le FOBT.
Le résumé de cet article a été publié dans
Recent Results Cancer Res. 2003;163:254-63;
discussion 264-6 ainsi que dans d’autres arti-
cles de Philippe Autier5,6.
* CCR survenant dans le bras avec FOBT
mais dans l’intervalle entre deux tests,le
dernier FOBT étant négatif.
Références
1. Mandel JS et al.J Natl Cancer Inst. 1999
Mar 3;91(5):434-7.
2. Hardcastle JD et al.Lancet 1996;348:1472-7.
3. Kronborg O et al..Lancet 1996; 348:1467-71.
4. Moayyedi P et al. Am J Gastroenterol.
2006 Feb;101(2):380-4.
5. Autier P.? Eur J Cancer 1998;6:773-780.
6. Autier P.Ann Oncol 2002; 13:57-60.
L’Europe pourrait se tromper:
la recherche de sang occulte dans
les selles n’est peut-être pas la réponse
pour réduire l’incidence du cancer
Philippe Autier1, Peter Boyle1, Marc Buyse2, Harry Bleiberg3
International Agency for Research on Cancer (www.IARC.fr)1,
International Drug Development Institute2,Institut Jules Bordet3
Philippe Autier
L
e numéro 6 du Journal du Réseau Cancer de l’Université Libre de Bruxelles (JcancerULB) est dans vos
mains.Voici deux années que nous avons exploré une nouvelle formule de communication avec le
monde médical. Nous avons publié une information de très haut niveau scientifique, générée par
des experts souvent connus internationalement qui ont fait un effort pour donner une information juste,
précise, dans un langage simple, facilement accessible. Nous avons publié des informations scientifiques,
politiques,éthiques,économiques.Nous avons donné la parole aux représentants de l’industrie pharma-
ceutique,nos partenaires naturels dans notre combat contre le cancer et nous l’avons donnée aux malades.
Le succès a été au rendez-vous! De partout les échos sont favorables;on nous fait part du plaisir de trouver
une information de qualité,de niveau universitaire et indépendante de tout lien financier ou politique.
On nous a félicité pour notre ouverture aux membres des autres universités,on nous a aussi critiqué pour la
forme de certains articles,pas assez d’illustrations,trop d’illustrations,le look un peu traditionnel voire
vieillot,le fait que nous soyons unilingues,pourquoi pas des articles en néerlandais,en anglais?
Notre site web www.jcancerulb.be a reçu près de 1400 visites directes,non sélectionnées par les moteurs
de recherche.
Autre preuve de notre succès, d’autres journaux en Belgique et à l’étranger accrochent la formule et
s’orientent vers le tout‘information cancer’.Nous nous en réjouissons.Plus il y aura une information de
qualité,plus les médecins seront au courant des nouvelles stratégies de diagnostic et de traitement et
mieux les malades seront traités.
Nous,rédacteurs en chef,devons poursuivre sur la même voie,apprendre à nous exprimer,à communiquer,
chercher à valoriser nos médecins,nos chercheurs,les faire connaître dans nos propres milieux et dans
la presse nationale. Pour cela nous attendons que chacun s’exprime, se montre. Il faut que JcancerULB se
différencie des autres publications par une information directement générée et rédigée par les médecins
experts en oncologie,que le lecteur soit en prise directe avec nos connaissances et notre appréhension
personnelle des problèmes qui se posent en cancérologie qu’ils soient d’ordre médical,politique, écono-
mique ou éthique. Il faut construire une réflexion vivante,émettre des opinions justes,raisonnées,rai-
sonnables, avec comme seuls objectifs, aider à mieux soigner nos malades et aider tous les médecins
confrontés au cancer à se faire une opinion constamment remise à jour.
Lannée prochaine nous aborderons des dossiers importants,d’accès difficiles,dont on parle généralement
peu. Dans le numéro 7/2007 nous parlerons ‘survie’. Qu’est ce que la survie? Nous l’expliquerons par la
philosophie, la psychanalyse, la statistique, la santé publique, les malades, les cliniciens, l’industrie
pharmaceutique.
Notre rôle: essayer de comprendre le monde dans le quel nous vivons et approfondir un secteur que
nous connaissons bien:le malade et sa relation avec le cancer.
Nous comptons sur vous pour nous aider dans ce travail au cours de l’année 2007 comme vous l’avez
fait précédemment.
Harry Bleiberg Ahmad Awada
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JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES N°6 – SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Une nouvelle présidence pour l’EORTC:
de nouveaux défis à relever
Martine J.Piccart-Gebhart, MD, PhD
Présidente de l’EORTC depuis le 16 juin 2006
Martine Piccart vient d’être nommée pré-
sidente de l’EORTC. Elle nous livre son pro-
jet de reorganisation
L’EORTC!* En tant que jeune médecin en
formation en cancérologie,je n’avais que
quelques pas à faire pour m’y plonger, et
vivre cette atmosphère fébrile de combat
contre la maladie rassemblant des cancé-
rologues de différents horizons et de dif-
férentes disciplines, des statisticiens bril-
lants et à l’écoute des problèmes,des data
managers passionné(e)s par leur travail !
Je mesure mieux encore ce jour la chance
qu’a représenté pour moi une participa-
tion très précoce aux études de l’EORTC,
dont les locaux, à l’époque, étaient situés
dans l’enceinte de l’Institut Jules Bordet.
Encouragée par des maîtres à penser remar-
quables,qui ont grandement contribué à la
fondation et au développement de l’EORTC,
Henri Tagnon (co-fondateur de l’EORTC avec
le professeur Georges Mathé), Jean-Claude
Heuson (Président du groupe EORTC cancer
du sein de 1972 à 1975) et Marcel Rozencweig
(Fondateur de l’Early Clinical Trials Group),
j’ai pu apprécier la richesse de l’approche
pluridisciplinaire du cancer et le potentiel de
progrès considérable que représentent des
études cliniques randomisées bien condui-
tes c’est-à-dire multidisciplinaires et inter-
nationales.
Au travers de mes fonctions successives de
secrétaire du groupe des cancers gynécolo-
giques, présidente du groupe «cancer du
sein», présidente de la division thérapeuti-
que de l’EORTC et vice-présidente de l’EORTC,
j’ai appris mon métier d’investigateur et de
coordinateur de vastes recherches inter-
nationales.
Je voue donc à cette organisation une re-
connaissance et une affection toutes par-
ticulières…
Que pourra être ma modeste contribution
à l’essor de l’EORTC de 2006 à 2009 ?
Lorganisation est sortie rapidement d’une
crise financière grâce au leadership admi-
rable d’Alexander Eggermont et du Direc-
teur Général de l’EORTC (Françoise Meunier)
avec la collaboration exemplaire du staff
du Data Center.Vue avec un peu de recul,
cette crise fut probablement bénéfique:elle
a incité à une remise en question,au besoin
de redéfinir des objectifs clairs ainsi que les
moyens de les atteindre.
Le Board de l’EORTC a donc été amené à
établir une nouvelle stratégie et sa liste de
priorités. Il a demandé à ses groupes thé-
rapeutiques,centrés sur les cancers parti-
culiers,de faire de même.
Lorganisation a aussi pris conscience du
«vieillissement» de ses cadres: plusieurs
actions ont été entreprises pour motiver
de jeunes talents à s’impliquer d’avantage
dans la recherche de l’EORTC.
J’aimerais,avec l’aide enthousiaste du comité
exécutif (A. Eggermont,T.Tursz,C. Sternberg,
P. Schöffski, R. Stupp, I Stratford, F. Meunier),
aider l’organisation à relever d’autres défis
de taille,liés aux mutations importantes du
paysage politique européen,de la recherche
cancérologique en général et des progrès
impressionnants de la biologie moléculaire.
1. La carte des centres d’excellence de l’EORTC
s’est peu modifiée en 20 ans et le noyau de
l’organisation reste le Benelux! L’Europe,
quant à elle, s’est considérablement élar-
gie.J’aimerais encourager une ouverture
de l’EORTC vers la Scandinavie,l’Espagne,
le Portugal,l’Italie,et les pays de l’Est.
2.Pionnière en matière de recherche clini-
que il y a 30 ans, elle doit aussi faire face,
comme tout autre réseau de recherche
clinique européen,à une bureaucratie ren-
forcée imposée par les législations qui
représente un frein à l’activation d’essais
cliniques transfrontaliers et donc une
menace réelle pour la collaboration inter-
nationale. J’aimerais aider l’EORTC à
développer de nouveaux modes de colla-
boration à grande échelle, qui existent
déjà pour des cancers solides comme le
cancer du sein, tout en renforçant les
performances de l’organisation dans les
tumeurs rares, telles les sarcomes,méla-
nomes et tumeurs cérébrales, où elle
rencontre peu de «compétition».
3. L’EORTC se doit de jouer aujourd’hui un
rôle pionnier et visionnaire dans la tran-
sition de l’oncologie empirique vers l’on-
cologie moléculaire. Ceci suppose un
changement radical de structure, car
cette transition ne peut s’opérer qu’au
travers d’un dialogue étroit entre cher-
cheurs de laboratoire et chercheurs cli-
niciens. La création récente du réseau
«NOCI» (Network of the Core Institutions)
est une première réponse à ce «défi».xx
Ce réseau d’excellence repose sur les
Institutions de l’EORTC qui remplissent
les 3 critères suivants:
1) longue fidélité à l’EORTC avec recrute-
ment important de patientes dans les
essais cliniques, 2) expertise internatio-
nalement reconnue en recherche clini-
que,3) infrastructure adéquate pour la
recherche translationnelle.XXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXX
De part sa plus petite taille, ce réseau-
devrait être à même de mettre sur pied,
en des temps courts, des études trans-
lationnelles innovatrices permettant 1)
de définir rapidement où se situe le poten-
tiel d’un nouveau médicament ciblé, 2)
de piloter des concepts thérapeutiques
«personnalisés» nouveaux.
Je compte consacrer beaucoup d’énergie au
développement de NOCI car son succès
dépendra des facteurs suivants:
1.Implication de jeunes cancérologues et
chercheurs dans ses activités.
2.Mise en place d’un soutien logistique
performant au sein du Data Center (acti-
vation rapide des protocoles et des contrats,
souplesse dans la distribution du travail
de data management).
3. Établissement d’un contrat de collabo-
ration entre les institutions «NOCI» qui
évitera des conflits relatifs à la propriété
intellectuelle.
4.Rédaction,en collaboration avec l’indus-
trie pharmaceutique,de contrats «types»
susceptibles d’apporter des solutions
acceptables de part et d’autre en matière
de propriété intellectuelle liée aux résul-
tats de la recherche translationnelle.
5. Maintien d’un cordon ombilical fort entre
NOCI et les groupes de l’EORTC: ceux-ci
gardent un rôle fondamental dans l’étude
de l’interaction optimale entre les diffé-
rentes disciplines du cancer (chirurgie,
radiothérapie,oncologie médicale),repré-
sentent un potentiel précieux de recrute-
COMMUNICATION
ment pour les études de phase III et consti-
tuent un réservoir de talents intellectuels.
Il sera donc important de veiller à une com-
munication de qualité entre les centres
«NOCI», les institutions ou départements
affiliés à l’EORTC et les groupes centrés sur
des cancers particuliers ainsi que le groupe
radiothérapie. NOCI devra également pou-
voir compter sur l’expertise de la «Research
Division» de l’EORTC qui regroupe des labo-
ratoires d’expertise pointue en pathologie,
imagerie fonctionnelle, biologie molécu-
laire,pharmacocinétique…
Nul doute qu’il faudra beaucoup d’énergie et
d’enthousiasme pour accomplir cet agenda
chargé, mais je suis confiante et optimiste:
l’EORTC est dirigé par Françoise Meunier,qui
lui voue une énergie sans limite, le Data
Center est animé par un personnel jeune et
enthousiaste et le nouveau Board est animé
d’une volonté de changement.
* European Organisation for Research
and Treatment of Cancer.
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Le Professeur Martine Piccart et le Professeur Françoise Meunier dans les locaux de l’EORTC,
avenue E.Mounier à Bruxelles.
Le programme de soins oncologiques multisites
(PSOM) IRIS-BORDET
Professeur Jean Klastersky
Coordinateur du PSOM IRIS-BORDET, [email protected]
Dans le réseau IRIS,seul l’Institut Bordet
remplit les critères requis pour le pro-
gramme des soins oncologiques; moyen-
nant des accords portant sur des activités
spécifiques propres à l’Institut, comme,
notamment,la radiothérapie,le programme
de soins peut être également exploité au
CHU St Pierre,au CHU Brugmann et dans
l’entité HIS-Etterbeek/Ixelles. Les hôpitaux
HIS Molière (St Gilles), HIS Bracops (Ander-
lecht) et Paul Brien (Schaerbeek) sont dotés
d’un programme de base et affiliés aux pro-
grammes de soins oncologiques décrits ci-
dessus et dont la coordination a été confiée
à l’Institut Bordet.
De ce fait,il a été possible de constituer un
vaste programme de soins pour prendre en
charge des patients cancéreux par l’ensem-
ble des hôpitaux publics de Bruxelles;ce pro-
gramme repose sur un total de 2.331 lits hos-
pitaliers.Il est étroitement associé,sur le plan
académique,à l’Université Libre de Bruxelles.
Le PSOM IRIS-BORDET utilise un manuel mul-
tidisciplinaire d’oncologie commun comme
guidance pour les décisions thérapeutiques.
Il est piloté par un bureau au sein duquel
toutes les institutions participant au pro-
gramme sont représentées. Récemment,
le PSOM IRIS-BORDET a mis sur pied plusieurs
protocoles d’investigation clinique, dont le
but est d’accroître et d’intensifier les contacts
et les échanges entre tous les participants
au programme.
Le prochain défi du PSOM IRIS-BORDET sera
la réalisation d’un seul programme de soins
oncologiques selon la convention-cadre 2005
signée par l’ULB,IRIS,Erasme et le CPAS de
Bruxelles. Celle-ci postule la reconstruction
de l’Institut Jules Bordet (qui reste un hôpital
public) sur le campus de l’hôpital académi-
que de l’ULB,Erasme.Ce dernier a,pour l’ins-
tant,son propre programme de soins onco-
logiques et est affilié à d’autres programmes
semblables (Tivoli,Vésale et RHMS) ainsi
qu’avec divers programmes de soins de base.
Il faudra donc faire travailler ce vaste ensem-
ble selon les mêmes règles et critères médico-
scientifiques, la coordination se faisant par
le «New» Bordet,associé de manière étroite,
géographiquement et fonctionnellement,
avec l’Hôpital Erasme,sur le campus médical
de l’ULB.
Ce projet a une portée stratégique considé-
rable pour l’ULB;s’il réussit,il aboutira à la
création de l’ensemble oncologique le plus
important dans ce pays,avec les possibilités
majeures en matière de recherche clinique
qui y seront nécessairement liées. La réu-
nion d’un hôpital académique de pointe
(Erasme),d’un centre de cancérologie réputé
et expérimenté (Bordet) et d’un réseau d’hô-
pitaux généraux publics (IRIS) représente
une occasion extraordinaire pour une can-
cérologie d’excellence ouverte à tous.
Le PSOM IRIS-BORDET a été mis sur pied en novembre 2003, suite aux dispositions légales
exigeant que dans tout hôpital belge soit créé un «programme de soins de base en oncolo-
gie» ou un «programme de soins d’oncologie». Ce dernier représente une structure sus-
ceptible d’assurer la prise en charge complète de tout patient cancéreux et doit néces-
sairement travailler en collaboration effective avec un ou plusieurs programmes de base.
Par comparaison avec le registre du cancer du
sud de la Hollande,on a noté une réduction de
l’incidence du cancer colorectal de 35% (SIR:
0.65; 95%CI:0.21-1.08) et de 46% avec celui
du Luxembourg (SIR4:0.54,CI:0.19-0.89)
Quatre vingt-deux pour cents des participants
qui présentaient une lésion, quel que soit le
type, au dépistage initial se sont représentés
au moins une fois au cours des cinq années
prévues pour le suivi.
Discussion
Le dépistage par sigmoïdoscopie a été recom-
mandé par de nombreuses sociétés médica-
les sur base d’évidences indirectes. Une seule
étude est en cours en Grande-Bretagne et
cherche à démontrer un bénéfice de survie(9).
Notre travail suggère que le dépistage par sig-
moïdoscopie suivie de colonoscopie en cas de
découverte d’une néoplasie avancée a permis
de diminuer l’incidence du CCR et de détecter
les cancers à un stade curable par la chirurgie.
La réduction de mortalité par CCR observée est
due au fait que le diagnostic est posé à un stade
plus précoce (6/8 Dukes B) et qu’il existe une
réduction substantielle d’incidence liée à la
stratégie de résection des adénomes.
On considère généralement que la sigmoïdos-
copie rate des lésions du côlon droit. Si effecti-
vement des néoplasies avancées ou des can-
cers n’avaient pas été diagnostiqués dans le
côlon en raison d’une sigmoïdoscopie normale,
nous aurions dû observer des cancers dans l’in-
tervalle entre deux examens de dépistage. La
revue du statut médical sur le plan cancer coli-
que de 97% des participants permet d’exclure
cette hypothèse dans notre cohorte.
Une néoplasie avancée a été identifiée chez
5% des participants au dépistage initial. Au
cours de la colonoscopie de suivi, on a
découvert dans ce groupe 1(1%) CCR et 28
(31%) néoplasies avancées. Nous pensons
que ce groupe identifié par une sigmoïdos-
copie comme première approche de dépis-
tage inclut effectivement les personnes à
risque justifiant des suivis plus fréquents.
Le suivi des néoplasies non avancées est
controversé. Le développement ultérieur de
23% de néoplasies avancées indique que,au
long cours,ces lésions représentent aussi un
facteur de risque de développer un CCR.
Leur découverte justifie également une sur-
veillance plus attentive. Bien plus, au cours
des cinq années de suivi,le taux de récidives
des adénomes avancés et non avancés dans
cette population était de 58%, compatible
avec les données de la littérature alors qu’il
n’était que de 14% dans la population avec
sigmoïdoscopie initiale normale.
«Par comparaison avec
le registre du cancer du sud
de la Hollande, on a noté une
réduction de l’incidence du
cancer colorectal de 35%»
Le taux d’acceptation de l’étude n’était que de
22%.Ceci pouvait s’expliquer par le fait que le
dépistage du CCR n’était pas recommandé par
les autorités de santé en Belgique.C’est tou-
jours le cas actuellement.Toute modification
de cette attitude supportée par des évidences
scientifiques comme celle que nous présentons
pourrait conduire à un changement radical
des habitudes du monde médical et conduire
à une plus grande participation des patients
au dépistage du CCR.
Notre étude a montré que les sujets avec une
sigmoïdoscopie négative ne nécessitaient pas
d’autres examens avant 5 ans. Par contre,une
fois le risque identifié,la compliance à une
colonoscopie de surveillance était de 80%,
démontrant la faisabilité de cette approche.
Lutilisation du FOBT est recommandée par la
plupart des sociétés médicales. En France, il
est utilisé dans des campagnes de dépistage
systématique organisées par les autorités
régionales avec l’aide des médecins généra-
listes.Sa sensibilité est médiocre et sa faible
spécificité nous ont fait abandonner son utili-
sation à la Clinique de Dépistage de l’Institut
Jules Bordet. Par ailleurs, l’addition du FOBT
à la sigmoïdoscopie naugmenterait la sen-
sibilité de cette approche que de 6% au prix
d’un nombre élevé de faux positifs condui-
sant à des colonoscopies inutiles(10).
Notre travail indique que les néoplasies dis-
tales,avancées et non avancées,détectées par
sigmoïdoscopie sont de bons marqueurs
pour l’existence de néoplasies avancées ail-
leurs dans le côlon.Le suivi de ces lésions et
leur résection dans tout le côlon prévien-
nent le développement de cancers invasifs
et réduisent la mortalité par CCR(11).
Bibliographie
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Notes
1. Fecal Occult Blood Test.
2. C’est-à-dire comportant 5 adénomes ou plus
de toute taille, au moins un adénome >1 cm,un
adénome contenant >25% de structure villeuse
et/ou présentant une dysplasie de haut grade.
3. Comportant moins de 5 adénomes,de taille < 1 cm
et présentant,au plus,une dysplasie de bas grade.
4. Standard incidence ratio:utilise le rapport entre
le nombre de CRC trouvés dans la cohorte et le
nombre de CRC attendus dans une population
non dépistée.
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INFORMATION SCIENTIFIQUE
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JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES N°6 – SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Dépistage du cancer colorectal:
la sigmoïdoscopie combinée à la colonoscopie
permet d’identifier les personnes à risque!
Harry Bleiberg, André Grivegnée,Alain Hendlisz, Philippe Autier, Clinique de Dépistage,
Institut Jules Bordet – harry[email protected]
Introduction
Le cancer colorectal (CCR) représente une des
principales causes de mort par cancer dans
les pays occidentaux, avec environ 180.000
décès en 2000 dans les 25 états membres de
l’Union Européenne(1).
Cette affection est parfois très agressive mais
les CCR diagnostiqués suite à l’apparition de
symptômes d’alerte ou mieux à la suite d’un
dépistage ont plus de chance d’être guéris par
la chirurgie et sont associés à un meilleur pro-
nostic. On sait par ailleurs que la plupart des
CCR dérivent d’adénomes et comme la séquen-
ce «adénome cancer» peut prendre des années
d’évolution,la résection des adénomes à poten-
tialité maligne devrait avoir un impact majeur
sur l’incidence des CCR (figure 1)(2). Dès lors,
des techniques de dépistage telles que l’en-
doscopie ou la recherche de sang occulte dans
les selles (FOBT)1jouent un rôle clé dans le
diagnostic de lésions prémalignes ou de
cancers débutants(3,4,5,6,7).
La sigmoïdoscopie est très sensible et spécifi-
que pour les lésions accessibles à l’endoscope.
Si une colonoscopie est initiée à la découverte
d’une néoplasie ‘avancée’à risque de se trans-
former en cancer dans le côlon sigmoïde, la
sensibilité pour la détection de lésions avan-
cées,n’importe où dans le côlon,est de 70%(8).
En 1993, la Clinique de Dépistage de l’Institut
Jules Bordet a débuté une étude basée sur la
sigmoïdoscopie suivie par une colonoscopie
si une lésion avancée était découverte dans
la partie distale du côlon. Cette étude était
destinée à évaluer la compliance,le nombre
de cancers et de lésions avancées détectées,
le stade du cancer à la chirurgie et le nom-
bre de cancers d’intervalle à 5 ans.
«La sigmoïdoscopie est
très sensible et spécifique
pour les lésions accessibles
à l’endoscope»
Matériel et méthode
Létude a été proposée à des sujets de 50 à
75 ans sans symptômes suggérant une mala-
die de l’intestin,sans perte de sang par voie
rectale au cours des six derniers mois, sans
maladie qui pourrait augmenter le risque lié
à une colonoscopie, sans histoire familiale
d’adénome colique, sans colonoscopie ni
sigmoïdoscopie récente.
Si la sigmoïdoscopie n’identifiait pas d’adé-
nome,aucune endoscopie n’était réalisée avant
l’évaluation finale prévue à 5 ans.Si une lésion
avancée était décelée, une colonoscopie était
réalisée,toutes les lésions réséquées et une nou-
velle colonoscopie planifiée après 1, 3 et 5 ans.
Si des lésions non avancées étaient décelées,
une sigmoïdoscopie était planifiée à 1,3 et 5
ans. Si une lésion avancée était décelée lors
d’un de ces examens,une colonoscopie était
réalisée et le sujet suivi en conséquence.
Afin d’identifier les cancers qui auraient pu
être diagnostiqués en dehors des endoscopies,
nous avions mis en place une procédure per-
mettant de savoir si les sujets qui navaient
participé qu’à l’endoscopie initiale avaient
développé un cancer au cours des cinq années
suivantes.
Par ailleurs,pour évaluer l’impact du dépistage
sur l’incidence du CCR,le nombre de cancers
trouvés dans notre cohorte a été comparé
au nombre de cancers identifiés dans une
population non dépistée.
Résultats
Au total,l’étude a été proposée à 8.718 person-
nes,1.912 (22%) ont accepté d’y participer et
étaient éligibles. Après le dépistage initial,
1.704/1.912 (88%) des sujets avaient une sig-
moïdoscopie normale, 96 (5%) présentaient
une néoplasie non avancée,104 (5,4%) présen-
taient une néoplasie avancée.Chez ces derniers,
une colonoscopie a été réalisée et 8 cancers
invasifs ont été identifiés.
À l’examen de follow-up de 1,3 et 5 ans,parmi
les 88/104 participants présentant une lésion
avancée au dépistage initial,1 (1%) a développé
un CCR et 28 (31%) ont développé une néo-
plasie avancée. Parmi les 82/96 participants
avec une néoplasie non avancée après le dé-
pistage initial, 19 (23%) ont développé une
néoplasie avancée. À 5 ans, parmi les 718
participants avec un examen initial normal,
80% ont été confirmés négatifs et 14% ont
développé une néoplasie avancée (tableau 1).
Parmi les 9 cancers identifiés,7 étaient classés
Dukes A,1 Dukes B et 1 Dukes C.Le statut médi-
cal du point de vue cancer colique a été revu
chez 1.860/1.912 (87%) participants, aucun
cancer d’intervalle n’a été identifié.
Il est bien établi que l’incidence et la mortalité liée au cancer colorectal peuvent être rédui-
tes par le dépistage. La place importante attribuée à la recherche de sang occulte dans les
selles est remise en question (voir éditorial de P. Boyle). Parmi toutes les techniques de
dépistage utilisées, l’approche par une sigmoïdoscopie suivie d’une colonoscopie, si une
lésion est décelée, paraît être la plus efficiente.
7
INFORMATION SCIENTIFIQUE
Tableau 1 : Résultats de la sigmoïdoscopie de dépistage initiale
et des endoscopies subséquentes
Figure I:Aux États-Unis on observe une
diminution de l’incidence du cancer colorectal.
On pense généralement que cette réduction
est liée aux recommandations de dépistages
mises en place depuis les années 70.
Harry Bleiberg
Incidence cumulée des lésions
trouvées au suivi des années 1,3, 54
Résultat de Résultat du Schéma du N° de sujets avec, N° médian Normales Néoplasies Néoplasies CR
l’endosocopie dépistage initial dépistage au moins, de dépistages non-avancées avancées invasif
(N= 1912) subséquent un dépistage ultérieur (écarts)
Normale 1704 (88%) Sigmoidoscopie 718 (42%) 1 572 (80%) 98 (14%) 48 (6%) 0 (0%)
à 5 ans
Néoplasie 96 (5%) Sigmoidoscopie 82 (85%) 3 (1-5) 31 (38%) 32 (39%) 19 (23%) 0 (0%)
non avancée 1à 1,3,5 ans3
Néoplasie 104 (5.4%) Colonoscopie à 88 (79%) 3 (1-5) 31 (35%) 28 (32%) 28 (31.5%) 1 (1%)
avancée22, 3,5 ans
CRC Invasif 8 (0,4%)
1Moins de 5 adénomes,adénomes < 1 cm avec dysplasie de bas grade.
25 adénomes ou plus,adenomes > 1 cm,contenant > 25% de structure villeuse et/ou high de la dysplasie de haut grade.
3 Colonoscopie si une néoplasie avancée était trouvée.
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