Offshore
Entre Barbarie douce et Vie liquide
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Avertissement :
Eté 2010 entre Cahors et Cannes,
entre France profonde et France périphérique,
entre Hexagone et monde
Depuis quelques années, depuis 2007 exactement – borne millière de ma double mise à la retraite :
interdiction sur le territoire du diocèse de Nice pour avoir dit son fait à un évêque parachuté de
Cayenne ( !) ; et nécessité générationnelle de profiter des investissements vieillesse !-, depuis lors,
donc, je me suis mis à la disposition offshore de ceux, évêques et prêtres, qui ont besoin, entre
polonais et africains, de citoyens français susceptibles de soulager pendant quelque temps un clergé
local, qui (s’en) va, s’effilochant et s’épuisant à la tâche…
Il y eut déjà la vallée de la Moselle allemande, l’île de Saint Barth dans les Caraïbes françaises, et les
nombreux mariages de mes anciens élèves et paroissiens de mes années d’expatriation à Hong Kong et
en Asie du Sud Est.
Mais il se trouve (providence ?) qu’un de mes anciens est devenu évêque de Cahors. Plusieurs fois
déjà je me suis invité à son service, et, l’été dernier, pour la seconde fois, je remplaçai le curé de la
cathédrale St Etienne de Cahors, groupement paroissial d’une vingtaine de clochers. Et pour la
seconde fois, je fonctionnai comme une « machine à culte ». Lisez plutôt :
Du 15 juillet au 15 août,
30 messes quotidiennes
dont une vingtaine au service des pèlerins de St Jacques de Compostelle (bi et trilingues très
souvent : Cahors étant sur le « Chemin », et 2010 étant une année jacquaire)
12 sépultures
7 mariages
8 baptêmes
et de nombreuses visites aux malades grabataires :
entre 50 et 60 interventions pastorales sur un rayon de 20 Kms autour de Cahors.
La relative disponibilité de mon agenda me permet en permance de sillonner la France et le monde, à
la demande et au besoin (universités, colloques, congrès, croisères-conférences, assistance
catéchétique in situ, animation ciné club
1
, etc… ; sans compter sites, blogs et publications). Ma
résidence est Cannes : Cannes et ses festivals, congrès et expositions ; Cannes et sa population
internationale ; Cannes, métropole de tant et tant de choses…
Mais aussi Cannes et sa pauvreté catholique, tant en pratique qu’en animation pastorale ; son
incompétence et son absence dans le monde de la culture et des cultures ; son incapacité de relever le
défi de la dérive et de la déliquescence catholique…
Ma vie de citoyen français et de prêtre catholique est ainsi confrontée en permanence entre France
profonde et France périphérique ou capitale, entre France hexagonale et européenne, entre Europe et
monde. Au-delà d’une implosion incontrôlable en ‘communautés nouvelles ‘ de type charismatico-
pentecôtiste , et d’une récupération souterraine aléatoire par Rome de membres insatisfaits d’autres
Eglises chrétiennes (anglicanisme et orthodoxie, par exemple), je ne peux que constater, sur le terrain
et au cours de mes interventions pastorales, qu’un délitement de la « chose catholique », comme on le
dit de la « chose publique », la « res publica ». De plus/moins en plus/moins de gens veulent du culte,
encore du culte, toujours du culte ! Le dimanche, et lors des trois évènements familiaux
fondamentaux : le baptême, le mariage et l’enterrement. Et en raison de la double conjoncture de la
raréfaction accélérée des prêtres et du relatif développement des diacres, le rapport des catholiques
avec leur religion ne se fait plus que dans la double vacuité de sens d’un bâtiment devenu étrange(r) –
1
« Des hommes et des dieux » me promènent (au moment où j’écris) entre Paris et Aubenas…