OFFSHORE Entre barbarie douce et vie liquide - Vincent

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Entre Barbarie douce et Vie liquide
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Vincent Paul
Toccoli
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Entre Barbarie Douce & Vie Liquide
Dix essais sur la postmodernité et la postchrétienté tardives
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EXERGUE
Figurez-vous que les patrons de l'hôtel m'ont offert un magnifique
yukata d'intérieur! Je n'en reviens pas, bon client certes, poli et
discret, mais je n'y ai pris aucun repas ni petit déjeuner ou autre.
En toute discrétion, à la japonaise. Arigato, arigato gozaimas...
ça change de la rigidité militaire, soupçonneuse et chauvine des
japonais en général. Du chauffeur de bus au gardien de temple, du
distributeur d'éventail dans la rue au salaryman, il est clair
qu'ils n'aiment pas l'étranger.
Fiers d'eux, de leurs traditions, de leur culture. Méprisants pour
les autres. Malg les pachinkos, les chiromanciennes tenant
boutique dans les grandes surfaces et les jeux à la télévision.
Pratiquement pas de voitures étrangères sauf quelques « haut de
gamme ». Gare à celui qui traverse hors des clous ou au feu vert! Je
n'y ai même pas pensé. Pas un papier par terre et pourtant pas de
poubelle dans la rue. Jeter un sac est un véritable casse-tête.
Bien sûr, il y a de belles choses. Les temples, les jardins secs.
Secs comme leurs sentiments. Pour un résultat esthétique évident,
que de tortures aux plantes, aux arbres, aux rivières. La branche
savamment taillée qui descend caresser la mare est calculée au
centimètre, faussement naturelle, quand ce n'est pas un poteau de
soutien, bien artificiel, qui vient rompre le charme et gâcher
l'image. Mais ce sont des trésors nationaux. A la même époque,
Versailles était construite et les cathédrales depuis longtemps
debout, Bach avait composé Toccata et fugue, et Léonard, jeté les
bases de toute technologie.
Le sourire est rare dans la rue. Les bandes de jeunes sont
disciplinées même si elles donnent de la voix. Mais c'est pour
essayer de couvrir le bruit ambiant. Non que les autos soient mal
réglées, au contraire, elle sont silencieuses, astiquées, sans une
seule éraflure. Non, le bruit est permanent, dans la rue qui diffuse
une musique religieuse par les haut-parleurs de toute la ville
(imaginez cela ici!). Dans les bus, les magasins, les restaurants,
on est assourdi, même si on n'y fait plus attention à la longue.
C'est Big brother avec ses caméras, sa police et sa délation.
A vouloir soumettre l'esprit des gens comme des bonsaïs, on aboutit
à un mal-être qui ne peut même pas s'exprimer dans un tel carcan
social. Peu d'échappatoires : on rentre dans le moule ou on craque.
Et pourtant, le pays est riche, les vêtements l'exhibent avec une
mode différente, la consommation est avec gadgets, autos,
nourriture de luxe.
Que leur manque-t-il?
Bernard Prate, Promenades au pays des dieux
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Sommaire
Préface :
Avertissement
:
Eté 2010 entre Cahors et Cannes, entre France profonde et
France périphérique, entre Hexagone et monde
Intro : Le monde est en butte à une crise générale d’identité.
Le Vatican et l’Église Catholique Romaine
Société traditionnelle et société moderne
1. Nous sommes sous le coup d’une anesthésie (Cannes 11 juillet
2010)
2. La responsabilité des intellectuels (Cahors 27 juillet 2010)
3. Vous avez dit « post moderne » ? (Cahors 29 juillet 2010)
4. Postmodernité et Politiques de l’Homme : recension (Cahors 10
août 2010)
5. Le ratzingérisme est-il une idéologie ? (Cahors 12 août 2010)
6. Déclaration (rêvée par V-P.T.) de Benoît XVI (Cahors 15 août
2010)
7. La véritable figure de l’Église Catholique (Cannes 24 août 2010)
8. Jésus, le séculier (Cannes 14 septembre 2010)
9. Post modernité et post chrétienté (Cannes 17 septembre 2010)
10. Une Eglise émergente (Cannes 27 septembre 2010)
Pour conclure … en attendant… : Les impostures du sens (Cannes 28
septembre 2010)
Notre problème n’est pas que nous ne sachions pas faire les choses
mais que nous ne savons pas ce que nous voulons.
Théodore Monod
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Préface :
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Avertissement :
Eté 2010 entre Cahors et Cannes,
entre France profonde et France périphérique,
entre Hexagone et monde
Depuis quelques années, depuis 2007 exactement borne millière de ma double mise à la retraite :
interdiction sur le territoire du diocèse de Nice pour avoir dit son fait à un évêque parachuté de
Cayenne ( !) ; et nécessité générationnelle de profiter des investissements vieillesse !-, depuis lors,
donc, je me suis mis à la disposition offshore de ceux, évêques et prêtres, qui ont besoin, entre
polonais et africains, de citoyens français susceptibles de soulager pendant quelque temps un clergé
local, qui (s’en) va, seffilochant et s’épuisant à la tâche…
Il y eut déjà la vallée de la Moselle allemande, l’île de Saint Barth dans les Caraïbes françaises, et les
nombreux mariages de mes anciens élèves et paroissiens de mes années d’expatriation à Hong Kong et
en Asie du Sud Est.
Mais il se trouve (providence ?) qu’un de mes anciens est devenu évêque de Cahors. Plusieurs fois
déjà je me suis invité à son service, et, l’été dernier, pour la seconde fois, je remplaçai le curé de la
cathédrale St Etienne de Cahors, groupement paroissial d’une vingtaine de clochers. Et pour la
seconde fois, je fonctionnai comme une « machine à culte ». Lisez plutôt :
Du 15 juillet au 15 août,
30 messes quotidiennes
dont une vingtaine au service des pèlerins de St Jacques de Compostelle (bi et trilingues très
souvent : Cahors étant sur le « Chemin », et 2010 étant une année jacquaire)
12 sépultures
7 mariages
8 baptêmes
et de nombreuses visites aux malades grabataires :
entre 50 et 60 interventions pastorales sur un rayon de 20 Kms autour de Cahors.
La relative disponibilité de mon agenda me permet en permance de sillonner la France et le monde, à
la demande et au besoin (universités, colloques, congrès, croisères-conférences, assistance
catéchétique in situ, animation ciné club
1
, etc… ; sans compter sites, blogs et publications). Ma
résidence est Cannes : Cannes et ses festivals, congrès et expositions ; Cannes et sa population
internationale ; Cannes, métropole de tant et tant de choses
Mais aussi Cannes et sa pauvreté catholique, tant en pratique qu’en animation pastorale ; son
incompétence et son absence dans le monde de la culture et des cultures ; son incapacité de relever le
défi de la dérive et de la déliquescence catholique…
Ma vie de citoyen français et de prêtre catholique est ainsi confrontée en permanence entre France
profonde et France périphérique ou capitale, entre France hexagonale et européenne, entre Europe et
monde. Au-delà d’une implosion incontrôlable en ‘communautés nouvelles ‘ de type charismatico-
pentecôtiste , et d’une récupération souterraine aléatoire par Rome de membres insatisfaits d’autres
Eglises chrétiennes (anglicanisme et orthodoxie, par exemple), je ne peux que constater, sur le terrain
et au cours de mes interventions pastorales, qu’un délitement de la « chose catholique », comme on le
dit de la « chose publique », la « res publica ». De plus/moins en plus/moins de gens veulent du culte,
encore du culte, toujours du culte ! Le dimanche, et lors des trois évènements familiaux
fondamentaux : le baptême, le mariage et l’enterrement. Et en raison de la double conjoncture de la
raréfaction accélérée des prêtres et du relatif développement des diacres, le rapport des catholiques
avec leur religion ne se fait plus que dans la double vacuide sens d’un bâtiment devenu étrange(r) –
1
« Des hommes et des dieux » me promènent (au moment où j’écris) entre Paris et Aubenas…
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