Correction devoir commun

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Correction devoir commun.
1: Le narrateur est François Seurel, il raconte cet épisode à la première pers du sing ‘’ma
mère’’, on comprend qu’il s’agit de la mère de François lorsque plus loin, nous lisons : « je
ne vis d’abord que son chapeau de feutre » s’agissant alors de l’apparition de Meaulnes.
Le point de vue est donc un point de vue interne, comme l’indique l’utilisation de la première
personne, sujet de nombreux verbes de perception « je vis ». Par ailleurs, nous ne découvrons
Meaulnes que progressivement, ce point de vue permettant de créer une attente et un suspens
« quelqu’un » traversant les greniers et qui n’est identifié que lorsque François voit Augustin
apparaître.
2:
a : les trois lieux évoqués sont la salle à manger où se déroule la visite « se présenta dans
l’entrée obscure de la salle à manger » et deux autres lieux opposés, « dans un réduit », les
greniers ténébreux prolongés comme un labyrinthe, lieu clos et mystérieux et la cour , monde
ouvert, destiné aux jeux d’enfants et noté aussi dans le texte par le préau.
b : La scène se déroule à « la nuit tombante »ligne 15, ou encore l 20 nous pouvons relever
que « l’obscurité envahissait déjà le préau » et l’allusion à la « fin du jour ».
3:
a : Le récit est construit sur un contraste entre l’obscurité et la lumière. Cette lumière mettant
ainsi en relief d’une façon symbolique l’arrivée de Meaulnes dans la vie monotone de
François comme une lumière nouvelle. Nous pouvons relever toutes les références à
l’obscurité qui dans le texte sont nombreuses : « La nuit tombante/ la fin du jour/ les greniers
ténébreux et l’entrée obscure ». Nous remarquons que cette obscurité envahissante s’étend
autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. La lumière apparaît avec « les fusées », métaphores du
soleil ou de la lune et la lumière se fait vive, soudaine comme l’indique le verbe « jaillir » et
l’expression « gerbes d’étoiles rouges et blanches », les références au « feu, à la boîte
d’allumettes, au feu d’artifice », l’utilisation du verbe « allumer » montrent le jaillissement de
cette « lueur » dans l’univers morne et éteint de François.
b: Meaulnes est avant tout celui qui allume le feu et brave donc l’interdit. Il libère ainsi
François de la monotonie de sa vie, il l’éclaire subitement et l’anime. La transgression ainsi
opérée fait basculer la cour dans un monde de lumière, symbole du monde de l’enfance que va
progressivement quitter François avec l’apparition de Meaulnes.
4: Meaulnes apparaît dans « sa blouse noire » comme un écolier et est appelé « garçon »,
termes qui pourraient le rattacher à l’enfance. Néanmoins, il apparaît comme fort « ébranlant
le plafond » et grand « grand garçon/grand gars ». Il est âgé de « 17 ans » et ses traits
« anguleux » ainsi que son « nez droit » soulignent qu’il a perdu les rondeurs de l’enfance
quant à sa moustache naissante « lèvres duvetées », elles montrent un garçon entrant dans le
monde adulte. Par ailleurs, sa manière de se coiffer « cheveux complètement ras »/« chapeau
de feutre », associés à deux reprises aux usages du monde paysan où l’on passe plus vite à
l’âge adulte lui confèrent l’assurance d’un grand.
C’est ce que nous noterons sur un plan moral. Tout d’abord son assurance « pas assuré/ton
tranquille ». Meaulnes n’a peur de rien, traversant les greniers ténébreux « ébranlant le
plafond », n’est pas timide, se présentant spontanément dans la salle à manger sans l’ombre
d’un embarras et proposant au narrateur, sans douter de son consentement, de l’accompagner
dans la cour. Cette spontanéité le délivre de l’usage des convenances, ignorant les adultes, il
se promène dans des greniers alors qu’il n’est pas chez lui et s’approprie les fusées, il est pour
ainsi dire, libre et il use sans gêne de cette liberté. Cette assurance s’accompagne d’un savoir
et d’une expérience pratique comme le montre sa précision et sa prudence « se baissant avec
précaution/m’entraîna en arrière ». S’il use de libertés, il semble raisonné. Sa désinvolture à
l’égard des adultes ne l’empêche pas d’être attentif, chaleureux voire quasiment protecteur à
l’égard du narrateur un peu comme le serait un grand frère « Viens-tu dans la cour ? /me
prenant par la main » et c’est dans cette confiance et cette complicité que s’établit la nouvelle
amitié « tenant par la main le grand gars nouveau et ne bronchant pas ».
5 : Meaulnes intervient dans la vie de François comme un initiateur. Il l’invite à le suivre
« Viens-tu ? » et allume les fusées. Il transforme alors le monde de François, monde de
l’enfance encore encadré par les interdits en un monde de liberté et de découverte, d’aventure
et d’exploration « greniers » aux consonances magiques. « Lueur magique » À remarquer que
la lueur était contenue dans les ténébreux greniers si bien que les greniers vont devenir des
lieux d’exploration alors même qu’ils étaient auparavant la source d’une peur chez le
narrateur. Comme si Meaulnes en tant qu’initiateur permettait à François d’entrer sans peur
dans cet inconnu pour de nouvelles découvertes.
L’arrivée de Meaulnes fait échapper François à la coupe de sa mère. C’est lui qui l’entraîne
dans la cour l’arrachant ainsi à sa mère. C’est alors qu’apparaissent deux groupes. D’un côté,
la dame (mère de Meaulnes) et Millie (mère de François) et le « nous ». Le verbe « sortir »
associé au « nous » marque une liberté nouvellement acquise comme un oiseau sortant de son
nid, un enfant du cocon maternel et protecteur. François avec l’aide de Meaulnes va prendre
son envol d’où la référence aux gerbes s’élançant vers le ciel. L’hésitation de François «
J’hésitai » et enfin son consentement « j’allai vers lui « désignent ce passage d’un ordre à un
autre. Cette transformation qui s’accomplit sous les yeux du lecteur montre un AVANT et un
APRES. « Tu n’y avais donc jamais regardé ? » À partir du « Tiens, j’ai trouvé ça dans mon
grenier », le narrateur ne peut plus rester aveugle face aux trésors qui lui sont implicitement
offerts. Le « jamais » appartient au passé et Meaulnes est là pour lui découvrir un avenir, le
sortir de cet « aveuglement » ou ignorance de ces trésors « Il me montra les fusées » désireux
de continuer l’exploration « de l’air de quelqu’un qui espère trouver mieux par la suite ».
Enfin ce changement est notable entre le début et la fin du texte, à travers la « position » du
narrateur. Au début, le narrateur est au côté de sa mère « le cœur battant » sous l’ébranlement
du plafond, encore dans les jupons de sa mère selon l’expression familière, alors qu’à la fin, il
est « dressé » comme s’il avait gagné en assurance au côté du « grand gars ». Au début, le
narrateur est à l’intérieur, à la fin, il est dehors. Le narrateur est donc en quelque sorte en train
de sortir de son enfance pour se lancer dans un monde de découvertes et d’expériences
nouvelles.
6 : Dans le réalisme de la scène, le feu d’artifice ajoute une dimension féerique de l’ordre du
merveilleux.
Dans la scène « la lueur magique » signifie sur un plan concret la féerie des étincelles
« gerbes d’étoiles rouges et blanches » devant un narrateur « étonné » émerveillé, mais elle est
aussi la marque d’une magie plus grande et plus symbolique dessinant l’avènement d’une
métamorphose. Celle de François qui quitte l’enfance en dépassant l’interdit mythique lié au
feu. Le feu, symbole de pouvoir est en quelque sorte ce pouvoir volé au monde adulte, amputé
à l’autorité « elle n’osa rien dire » soulignera le narrateur en parlant de sa mère. Ici le « c’était
interdit » s’appliquant à la boîte d’allumettes et les « gerbes » signifient le dépassement des
interdits familiaux et le plaisir soudain découvert de la transgression.
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