Le Grand Prix (p379) – Chapitre XI Le chapitre XI est entièrement consacré à la description du Grand Prix hippique de Paris qui se déroule au bois de Boulogne, début juin. Pour rendre hommage à sa maîtresse, le comte de Vandeuvres a donné le nom de « Nana » à une de ses pouliches 1, outsider2 mal côté, montée par le jockey Price et qui finit cependant par remporter la course, sous les acclamations d'une foule en délire. Le tout Paris (l'impératrice Eugénie, le prince d'Écosse, l'aristocratie, la bourgeoisie, le demi-monde des courtisanes, …) est une nouvelle fois réuni devant ce spectacle qui voit le triomphe de la pouliche Nana, qui est aussi celui de la courtisane Nana : c'est ce moment de triomphe absolu que nous décrit le passage proposé. On vit alors une chose superbe. Price, debout sur les étriers, la cravache haute, fouaillait 3 Nana d'un bras de fer. Ce vieil enfant desséché, cette longue figure, dure et morte, jetait des flammes. Et, dans un élan de furieuse audace, de volonté triomphante, il donnait de son coeur à la pouliche, il la soutenait, il la portait, trempée d'écume, les yeux sanglants. Tout le train 4 passa avec son roulement de foudre, coupant 5 les respirations, balayant l'air; tandis que le juge5, très froid, l'oeil à la mire, attendait. Puis, une immense acclamation retentit. D'un effort suprême, Price venait de jeter Nana au poteau 6, battant Spirit7 d'une longueur de tête. Ce fut comme la clameur montante d'une marée. Nana! Nana! Nana! Le cri roulait, grandissait, avec une violence de tempête, emplissant peu à peu l'horizon, des profondeurs du Bois au mont Valérien, des 10 prairies de Longchamp à la plaine de Boulogne. Sur la pelouse, un enthousiasme fou s'était déclaré. Vive Nana! vive la France! à bas l'Angleterre! Les femmes brandissaient leurs ombrelles ; des hommes sautaient, tournaient, en vociférant; d'autres, avec des rires nerveux, lançaient des chapeaux. Et, de l'autre côté de la piste, l'enceinte du pesage8 répondait, une agitation remuait les tribunes, sans qu'on vît distinctement autre chose qu'un tremblement de l'air, comme la flamme invisible d'un brasier, au-dessus 15 de ce tas vivant de petites figures détraquées, les bras tordus, avec les points noirs des yeux et de la bouche ouverte. Cela ne cessait plus, s'enflait, recommençait au fond des allées lointaines, parmi le peuple campant sous les arbres, pour s'épandre et s'élargir dans l'émotion de la tribune impériale, où l'impératrice avait applaudi. Nana! Nana! Nana! Le cri montait dans la gloire du soleil, dont la pluie d'or battait le vertige de la foule. 1 Toutes les réponses doivent être complètement rédigées et justifiées par des citations précises du texte. Premier paragraphe : – Question 1 : Que décrit le premier paragraphe ? (1 point) – Question 2 : Qui est désigné par le pronom « on » à la ligne 1 ? (1 point) Quel est l'effet recherché ? (0,5 point) – Question 3 : Pourquoi peut-on parler de dramatisation dans le 1er paragraphe ? (1 point) – Question 4 : En quoi la description de la victoire de la pouliche Nana relève-t-elle du registre épique ? (3 points) Deuxième paragraphe : – Question 5 : Que décrit le second paragraphe ? (1 point) – Question 6 : Qui est désigné par le pronom « on » à la ligne 13 ? (1 point) Quels est l'effet recherché ? (0,5 point) – Question 7 : En quoi la description de la foule des spectateurs est-elle épique ? (3 points) – Question 8 : Quelles sont les deux métaphores filées présentes dans le second paragraphe ? Quel est leur effet ? (3 points) Sur l'ensemble du texte : – Question 9 : Que nous apprend cette scène du personnage de Nana ? (Demandez-vous notamment pourquoi avoir donné le nom de l'héroïne à la jument) (2 points) – Question 10 : En quoi ce passage peut-il se lire comme une critique du 2d Empire ? (4 points) – Question bonus : En quoi les noms de « Price » et de « Spirit » sont-ils symboliques ? (2 points) 1 2 3 4 5 6 7 8 Jeune jument qui n'a pas procréé et qui est généralement âgée de moins de trois ans. Cheval ne figurant pas parmi les favoris mais dont on reconnaît qu'il peut déjouer les pronostics. Fouailler : frapper à coups de fouet énergiques et répétés. Au figuré : exciter, stimuler. L'ensemble des chevaux qui participent à la course. Il est chargé de déterminer le vainqueur. Il s'agit du pieu qui marque la ligne d'arrivée. Il s'agit d'un cheval : lors de la dernière ligne droite, Nana et Spirit sont au coude à coude. Endroit où on pèse les jockeys : leur poids doit être compris entre des valeurs règlementaires.