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Pascal FAVARD Exercices de Microéconomie : Consommation
Avant-propos
: « Le neuromarketing, entre
fantasmes publicitaires et réalités scientifiques »
LesEchos.fr Yann Verdo 01/12/2014 à 06:00.
Acheter un produit, voir ou entendre une
publicité : ces actes de la vie de tous les jours
mobilisent des processus cérébraux complexes.
Les industriels s’y intéressent de plus en plus.
Le mois dernier, à Dubaï, les participants au
Sommet sur l’agenda global, dont les recomman-
dations alimenteront la réflexion des grands de
ce monde au Forum de Davos de janvier pro-
chain, ont pu voir une série de clichés montrant
d’étranges cyborgs déambulant dans les allées
des grandes surfaces. Sur le nez : des lunettes
munies d’une caméra intégrée à la monture et
couplée à un oculomètre (ou « eye-tracker ») me-
surant le temps de fixation des yeux sur chaque
stimulus visuel présent dans le champ de vi-
sion. Sur le crâne : des électrodes enregistrant en
temps réel les variations de l’activité électrique
des neurones du cortex cérébral. Le tout relié à
un smartphone collectant les données.
Ces consommateurs du 3e type sont les co-
bayes d’une expérience d’envergure conduite
à la demande des organisateurs du Forum de
Davos par Olivier Oullier, professeur à Aix-
Marseille Université, où il enseigne la psycho-
logie et les neurosciences. Initiée en septembre
2013 et menée dans plusieurs pays (Etats-Unis,
Angleterre, Inde, Chine...), elle vise à mieux cer-
ner comment les jeunes de la « génération Y »
(15-35 ans) réagissent aux messages environne-
mentaux mis en avant par les fabricants.
Il y a une quinzaine d’années, une telle étude
aurait reposé exclusivement sur les méthodes
classiques d’enquête : sondages, questionnaires,
entretiens... Mais le développement rapide des
technologies d’imagerie cérébrale - électroencé-
phalographie (EEG) ou imagerie par résonance
magnétique fonctionnelle (IRMf) - a changé la
donne. Et permis d’affiner considérablement les
résultats. Car toute enquête fondée sur la verba-
lisation par les individus de leurs propres juge-
ments ou préférences est nécessairement biaisée
par des distorsions bien connues des psycho-
logues (rationalisation a posteriori, désirabilité
sociale). Pour connaître ce que les gens ont réel-
lement dans la tête, rien de tel que de la sonder
par imagerie!
Pas de bouton « achat »
Plusieurs expériences sont venues mettre en
lumière cet écart entre ce que les gens disent (de
bonne foi) qu’ils ressentent et ce qu’ils ressentent
réellement, entre ce qu’ils disent qu’ils vont faire
et ce qu’ils font en effet. L’une des plus révéla-
trices est celle conduite en 2010 par la neuros-
cientifique américaine Emily Falk. Une vingtaine
de personnes à qui étaient montrées des affiches
préconisant l’usage de crème solaire cependant
qu’elles étaient soumises à une IRMf devaient
dire si elles avaient l’intention ou pas d’en utili-
ser, après quoi elles pouvaient rentrer chez elles
avec un tube de crème. Une semaine plus tard,
leur attitude vis-à-vis de ce tube était contrôlée
à l’improviste. Il est apparu que leur compor-
tement effectif concordait rarement avec leurs
déclarations d’intention... mais bien davantage
avec les résultats de l’IRMf : chez les personnes
qui avaient effectivement utilisé de la crème, une
certaine zone du cerveau (le cortex préfrontal
médian) s’était activée au moment de l’examen.
En d’autres termes, l’imagerie cérébrale s’est ré-
vélée un meilleur prédicteur du comportement
des sujets que leurs propres déclarations.
Il ne faudrait cependant pas croire que
notre cerveau est devenu transparent comme
du cristal pour les spécialistes des neurosciences
du consommateur. Car cette discipline brosse,
d’étude en étude, un tableau toujours plus com-
plexe et nuancé de ce qui se passe à l’intérieur
de notre boîte crânienne au moment où nous dé-
cidons d’acheter ou non un produit ou lorsque
Université François Rabelais| 29-01-2017 2/75