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s'orientent dès la fin du XIXe vers les industries mettant en œuvre les nouveaux développements techniques
et énergétiques. Tandis que se maintient jusqu'au début du XXe s. le modèle productif ancien, toujours
fortement lié aux savoir-faire traditionnels et au régime du travail à domicile, un renouvellement des
capacités innovatrices place la Suisse en position de force dans les secteurs de pointe de la deuxième
"révolution industrielle" (hydroélectricité, électrotechnique, construction de machines, chimie de synthèse). Il
s'agit là d'une percée technologique remarquable, comparable à celle de l'Allemagne et de la Suède, et que
révèlent les statistiques de brevets déposés par les Suisses à l'étranger, aux Etats-Unis notamment, entre
1880 et 1914.
A la fin du XIXe s. en effet, lorsque les technologies électriques arrivent à maturité, l'essor de l'électricité
industrielle offre à la Suisse la grande chance dont l'avait privée un sous-sol dépourvu de charbon. Contrainte
d'expérimenter les voies d'une mécanisation non liée à la vapeur, notamment dans le textile, la Suisse avait
cherché dans son potentiel hydraulique les moyens de compenser son handicap énergétique. La "houille
blanche" fut dès la fin du XIXe s. une source inépuisable d'innovations dans les techniques qui, utilisant l'eau à
des fins industrielles, menèrent des filières hydrotechniques (force motrice, régularisation des cours d'eau,
systèmes d'adduction) à l'hydroélectricité et à l'électrotechnique (électromécanique, électrométallurgie,
électrochimie), de même qu'à celles, inséparables, des grandes centrales et des barrages. La Suisse, avec
l'Allemagne et les Etats-Unis, a fourni une contribution majeure à la mise en place des nouvelles technologies
de la deuxième "révolution industrielle", notamment dans le transport à distance du courant et dans la
construction électromécanique, mais aussi dans le domaine de la chimie fine, où elle rattrapa rapidement son
retard sur l'Allemagne. Ces avancées ont fortement stimulé la croissance économique en Suisse, une des plus
vigoureuses des pays développés entre la fin du XIXe s. et 1914.
Dans l'entre-deux-guerres, période contrastée sur le plan conjoncturel et de faible croissance, traversée de
graves tensions sociales et politiques, le fait marquant réside dans le basculement structurel vécu par
l'industrie suisse, dont les retombées en termes de gains de productivité ne se feront sentir qu'après 1945.
Les branches de fournisseurs qui alimentaient le secteur si longtemps dominant des textiles, soit celles des
machines et des colorants, accèdent au premier rang des industries innovantes, alors que les branches
traditionnelles s'affaiblissent. Les cotonnades perdent leur avantage comparatif dans l'échange international
au profit des pays en voie de développement; les broderies et les soieries, fortement spécialisées dans la
mode et le luxe, subissent une modification radicale de la demande. L'horlogerie trouve, quant à elle, un répit
(provisoire) dans un corset cartellaire (Cartels) et l'aide financière de la Confédération (Asuag).
Les nouveaux piliers de l'industrialisation et de l'exportation sont désormais les machines, les produits
chimiques (colorants et spécialités pharmaceutiques) et alimentaires (Industrie alimentaire). Et c'est aussi
dans ces secteurs que progresse la taille des entreprises et que se modernisent leurs structures
organisationnelles; celles-ci vont notamment réserver une place grandissante à la recherche technique et
industrielle. Ce glissement vers la production et l'exportation de biens intensifs en technologie et en capital se
reflète de manière spectaculaire dans l'évolution à long terme du commerce extérieur. En 1899, alors que les
biens de consommation traditionnels (produits alimentaires, textiles et chaussures, industrie de l'habillement)
représentaient 70% de la valeur totale exportée, métaux, machines et chimie n'y occupaient qu'une part de
15%. En 1973, ces rapports sont inversés (14% pour le premier groupe, 70 % pour le second). Ceci illustre la
capacité de réaction du système productif aux mutations de la demande internationale. Celle-ci, dans les
pays industriels, principaux partenaires commerciaux de la Suisse, accorde une place accrue aux biens de
consommation durables et à leur corollaire, les biens d'équipement et les produits intermédiaires (y compris
ceux de l'horlogerie, ébauches et mouvements).
Quant aux moteurs du changement industriel du côté de l'offre et toujours dans une perspective longue, le
fait le plus significatif, tout particulièrment après la Deuxième Guerre mondiale, est la hausse accélérée de la
productivité grâce aux investissements dans le développement technique (recherche scientifique et