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2 juin 1941 : recueil établi par le
Commissariat général aux questions juives
des textes officiels concernant le statut des
Juifs
Le second statut des Juifs publié au Journal
officiel le 2 juin 1941 remplace le statut du
3 octobre 1940. Il est l’œuvre du nouveau
Commissaire général aux questions juives
(CGQJ), Xavier Vallat, nommé fin mars 1941.
Avec ce texte, l’antisémitisme d’État franchit
une nouvelle étape, et, à l’inverse de l’au-
tomne précédent, prend aussi en compte les
initiatives allemandes. Ce texte ajoute des
critères religieux à ceux, raciaux, du premier
statut, précise, en l’élargissant, la définition
de la fonction publique fermée aux Juifs et
multiplie les interdictions professionnelles ;
les contrevenants sont punissables d’interne-
ment administratif. De plus, alors que l’aryani-
sation a été engagée par les Allemands depuis
l’automne 1940, il est également évident pour
Vichy que l’exclusion sociale doit aller de pair
avec l’exclusion économique. L’ambition du
CGQJ est d’accélérer « l’assainissement de
l’économie nationale », tout en marquant, dans
ce domaine comme dans tous, la souveraineté
du gouvernement.
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28 juillet 1941 : protocole Bergeret-Udet,
directive pour l’exécution d’un pro-
gramme franco-allemand de construction
aéronautique
Par le protocole signé le 28 juillet 1941 par
le général Jean Bergeret, secrétaire d’État à
l’Aviation, et le général Ernst Udet, ministre
de l’Air du Reich, la France et l’Allemagne
s’engagent dans un programme commun de
construction aéronautique, sur la base d’un
avion français pour cinq avions allemands.
Celui-ci doit permettre de relancer ce secteur
stratégique, durement touché par la défaite
et l’armistice, tout en apportant aux Français
des contreparties. Cet accord illustre la col-
laboration « constructive » alors voulue par
le gouvernement de Vichy dans le domaine
économique.
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Septembre 1941 : lettre de dénonciation
reçue par Robert Peyronnet, animateur de
l’émission La Rose des vents sur Radio-Paris,
et son enveloppe
L’émission La rose des vents débute sur Radio-
Paris, la radio de l’occupant, en décembre 1940.
Elle connaît un grand succès, grâce à la forme
d’interactivité établie entre Robert Peyronnet
et ses auditeurs, qui sont invités à lui écrire.
Ces lettres sont lues à l’antenne, avant l’édi-
torial du journaliste. L’émission fait de la déla-
tion son matériau principal. Les informations
recueillies sont transmises au Commissariat
général aux questions juives et aux services
allemands. La Propaganda-Abteilung du minis-
tère de la Propagande du Reich peut en outre
utiliser les 20 000 adresses de Français ainsi
collectées. L’auteur de la lettre présentée
n’hésite pas à la signer, pour dénoncer deux
« juifs » et « francs-maçons ». En fait, la pre-
mière personne citée est l’ancien amant de
la dénonciatrice. Il ne subvenait plus à ses
besoins depuis plusieurs semaines. Le second
est son neveu. Ni l’un ni l’autre ne sont Juifs et
francs-maçons.
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Septembre 1941 : liste allemande énu-
mérant les écrivains français pressentis
pour participer au voyage en Allemagne
d’octobre 1941
En octobre 1941, à l’occasion des « rencontres
poétiques » (Dichtertreffen) de Weimar, et à l’in-
vitation du ministre de la Propagande du Reich,
Joseph Goebbels, créateur de ces journées, un
groupe d’écrivains français effectue un voyage
en Allemagne, avec d’autres auteurs de plu-
sieurs nationalités. Début septembre, la liste
des participants est établie précisément par le
Gruppe Schrifttum (« groupe Littérature ») de la
Propaganda-Abteilung : Paul Morand, Jacques
Chardonne, Marcel Arland, Pierre Drieu la
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