
De  rang  légèrement  inférieurs  aux consuls,  les  préteurs  étaient  chargés  de  la 
procédure civile (lege agere). 
Il n'est pas  un  législateur,  et  techniquement  ne  crée  pas  de  nouvelles  lois 
quand il publie un édit (magistratuum edicta). Le résultat de ces décisions jouit de 
la protection juridique (actionem dare) et sont de fait la source de nouvelles règles 
légales. Le successeur d'un préteur n'est pas tenu par les édits de son prédécesseur ; 
cependant, il prend souvent les actes des édits de son prédécesseur qui s'avèrent 
utiles.  De  cette  manière,  un  fond  constant  est  créé  provenant  de  l'édit  à  l'édit 
(edictum traslatitium). 
C'est dans le cadre de ce ius honorarium que se développèrent les principes 
de l'aequitas (« équité »), qui permettait aux préteurs de s'écarter des règles rigides 
et  ritualisées  du ius  civile au  nom  d'un  principe  d'équité  entre  les  parties.  On 
retrouve ce principe dans la locution summum ius, summa iniuria (it), présente par 
exemple chez Cicéron, et qui sert à stigmatiser une interprétation trop littérale des 
règles (verba legis), au détriment de l'équité ou allant contre l'« esprit de la loi » 
(sententia legis ;  les  Romains  développeront l'idée  de fraude à  la  loi, in fraudem 
legis). La notion de synallagma (« réciprocité ») et de bona fides (« bonne foi ») en 
sont  aussi  issues,  de  même  que  celle  de consensus entre  les  parties  (qui 
deviendra conventio, puis pactum). 
 
Le  développement du ius gentium pour  faire  face  à  l'intensification du 
commerce 
Allant de pair avec l'expansion de Rome, le droit romain  intègre ainsi des 
normes  plus  flexibles  afin  de  correspondre  aux  exigences  du commerce.  Cette 
évolution est le fait des préteurs. En -242, fin de la première guerre punique, un loi 
votée  établit  la  figure  du praetor  peregrinus,  ou  prêteur  pour  les  « étrangers » 
(appelés pérégrins). Le ius, jusqu'à présent,  ne  s'appliquait en effet  qu'aux litiges 
entre  citoyens  romains.  Avec  l'invention  de  cette  figure,  les  préteurs  vont 
développer  un  « droit  commercial »  applicable  aux  litiges  entre  citoyens  et 
pérégrins,  dit ius gentium parce  qu'il  pouvait  s'appliquer  à  toutes  les  populations 
méditerranéennes. Parallèlement au ius honorarium, ce ius gentiuminfluencera très 
vite  le ius  civile et  sera  ainsi  également  appliqué  aux  litiges  entre  citoyens,  la 
flexibilité  de  ses  normes  édictées  par  les  préteurs,  permettant  d'adapter 
le ius traditionnel aux exigences de la modernité. 
Ainsi,  avec  le  temps,  parallèlement  au  droit  civil,  ajoutant  et  corrigeant 
celui-ci, un nouveau corps de lois, dit prétorien, émerge.