Être infirmière d’une unité de liaison
Ces comportements, décrits
dans les rapports de Roques
et Reynaud, Lagrue et Parquet (1),
ont servi de base au secrétariat
d’État à la santé pour définir la prise
en charge des pratiques addictives
dans le milieu hospitalier public ou
privé. Ce secteur accueille un grand
nombre de pathologies liées à la
consommation de tabac et/ou à la
consommation abusive d’alcool et
de produits illicites.
Quelle réponse hospitalière ?
Une des réponses de Santé pu-
blique dans la prévention des
conduites addictives est la création
de structures de prise en charge
globale des comportements : d’où
la création des unités de liaison
d’addictologie (2). Il s’agit de dé-
cloisonner les pratiques de pré-
vention et de prise en charge cura-
tive et de les offrir ensemble à tout
patient hospitalisé. Une unité de
liaison regroupe le médecin coor-
dinateur de l’unité, des médecins
référents vacataires, une secrétaire
et une infirmière de liaison qui joue
un rôle d’interface avec les équipes
hospitalières et, bien entendu, le
secteur extrahospitalier.
L’unité de liaison d’addictologie a
pour mission de permettre à tout
malade hospitalisé de faire le bilan
de ses addictions, d’assister les
équipes soignantes dans la prise
en charge du sevrage, de partici-
per, avec les médecins référents, à
l’orientation des malades à leur
sortie de l’hôpital, d’organiser et
de participer à la formation des
équipes soignantes. C’est un travail
transversal.
L’infirmière de liaison intervient à
différents niveaux. A chaque in-
tervention, elle établit la commu-
nication avec les équipes des ser-
vices, explique sa démarche et
obtient l’accord de l’interne et
du soignant. Après son interven-
tion au lit du malade, elle rend
compte, oralement et par écrit
(fiche de liaison), au personnel
ainsi qu’aux médecins de l’unité.
Sa participation aux staffs lui
permet d’affirmer l’utilité de la pré-
vention de la consommation de ta-
bac et d’alcool, de discuter de la
motivation d’un patient pour une
abstinence prolongée et des pro-
blèmes rencontrés, et de proposer
l’orientation la mieux adaptée. L’in-
firmière de liaison répond rapide-
ment aux demandes spontanées
des médecins, des infirmières, des
aides-soignantes de l’ensemble des
services, en fonction du produit
consommé, sur la base du dossier
de consultation tabac et/ou alcool
rempli lors de l’entretien avec le pa-
tient. Pour les drogues illicites, l’in-
firmière de liaison fait immédiate-
ment appel à l’ECIMUD, équipe
mobile. Dans ce cas, la conduite à
tenir est décidée avec les médecins
de l’unité.
Quel rôle spécifique ?
Le premier entretien, au lit du pa-
tient, constitue une phase impor-
tante. C’est ce premier contact qui
déterminera la suite des relations
patient/soignant. La compréhen-
sion des schémas psychologiques
des patients est essentielle. L’ob-
jectif est d’éviter les jugements hâ-
tifs. Il s’agit de comprendre ce que
nous nommons le “déni” et les pro-
blématiques de chacun (3).
A la suite de cet entretien, les pa-
tients bénéficient d’une prise en
charge médicale immédiate, par la
substitution nicotinique (dispo-
nible gratuitement à l’hôpital) pour
le sevrage tabagique, et/ou d’une
mise en place du protocole de se-
vrage alcoolique tel qu’il est défini
dans les conférences de consensus
(4, 5). Le bilan psychologique et so-
cial permet de faire appel aux dif-
férents partenaires de l’hôpital pour
une prise en charge psychologique,
psychiatrique ou sociale (psycho-
logues et psychiatres de liaison,
assistante sociale de l’hôpital) (6).
Le suivi pendant l’hospitalisation
est assuré par le médecin référent,
et/ou l’infirmière de liaison. A la fin
de l’hospitalisation, une orientation
répondant aux besoins du patient
et tenant compte de son environ-
nement familial, socioprofession-
nel et géographique est proposée
par l’équipe. Par conséquent, l’unité
de liaison doit développer en
permanence son réseau intra- et
extrahospitalier.
Les comportements addictifs sont des déterminants
essentiels de l’état de santé. Ils sont à l’origine de
pathologies respiratoires, cardio-vasculaires, gastriques,
hépatiques et neuropsychologiques et rendent difficile
l’insertion familiale, sociale et professionnelle.
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Addictologie
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No30 - octobre 2001
Hôpital sans tabac
La circulaire du 8 juin 1999 rap-
pelle que l’hôpital n’est pas un lieu
ordinaire : il a valeur d’exemple
pour tout ce qui touche à la santé.
Des actions de sensibilisation, d’in-
formation et de prévention doi-
vent y être menées, à destination
des soignants, des malades et des
visiteurs. L’aide au sevrage taba-
gique doit être développée. La
prévention du tabagisme fait do-
rénavant partie des critères d’ac-
créditation. Le plein respect de la
loi Évin du 10 janvier 1991 est une
priorité hospitalière : interdiction
de fumer dans tous les locaux de
soins et tous les lieux recevant du
public, y compris les espaces ou-
verts situés sur le passage du pu-
blic et des patients.
Source : ministère de l’Emploi et
de la Solidarité : circulaire DH/EO2/
DGS/2000/182/ du 3 avril 2000.