2
Introduction
On peut attendre des rapporteurs généraux de réunions scientifiques qu’ils donnent un aperçu
des différents rapports nationaux. Cet aperçu peut faire office d’analyse ou de synthèse. Il
peut être purement descriptif ou énoncer des thèses de fond.
Quelle que soit la méthode que les auteurs préfèrent, le choix est finalement déterminé par le
nombre de Cours constitutionnelles participantes et par l’ampleur de leurs contributions à la
réunion. Sur ce plan, la mission des rapporteurs de ce XIIe Congrès n’a pas été simplifiée. Pas
moins de trente-deux Cours constitutionnelles – près de la moitié plus que lors du congrès
précédent – ont déposé un rapport national, et – il convient de le souligner – le plus souvent
dans le délai de rédaction qui leur était imparti, ce qui en a facilité le traitement. Ont déposé
des rapports les Cours constitutionnelles d’Albanie, d’Allemagne, d’Andorre, d’Arménie,
d’Autriche, d’Azerbaïdjan, du Bélarus, de Belgique, de Bosnie-Herzégovine, de Bulgarie, de
Chypre, de Croatie, d’Espagne, de France, de Géorgie, de Hongrie, d’Italie, de Lettonie, du
Liechtenstein, de Lituanie, de Macédoine, de Moldavie, de Pologne, du Portugal, de
Roumanie, de Russie, de Slovaquie, de Slovénie, de Suisse, de Tchéquie, de Turquie et
d’Ukraine.
Il est impossible pour les rapporteurs généraux de discuter de façon exhaustive des différents
systèmes et de la relation pertinente y existant entre les Cours constitutionnelles et les autres
juridictions.
Les informations transmises par les différents rapports nationaux, sur la base du questionnaire
détaillé, sont à cet effet trop volumineuses. Par leur disponibilité immédiate et la publication
ultérieure sous forme de livre, les rapports nationaux présentent un aperçu actuel de la
compétence des Cours constitutionnelles et de leur fonctionnement dans leur système
juridique, aperçu dont la richesse ne peut être résumée dans un rapport général.
Simultanément, il convient de souligner la principale limitation scientifique de la méthode de
travail. Les rapporteurs généraux se sont uniquement basés sur le contenu des rapports
nationaux, qui n’ont toutefois pas nécessairement recherché l’exhaustivité. Leur mission et le
délai imparti pour la réaliser ne leur ont pas permis de consulter les sources de droit primaires
(authentiques) ou les études pertinentes, à supposer que cela fût possible sur la base de leurs
connaissances linguistiques respectives.
Le rapport général est conçu comme un diptyque. La première partie, écrite par monsieur le
juge Alen, approfondit les rapports juridictionnels internes entre les Cours constitutionnelles
et les autres juridictions. Elle s’arrête aux facteurs des différents systèmes juridiques qui sont
déterminants pour les rapports entre les Cours constitutionnelles et les autres juridictions
nationales. Elle examine d’abord comment ces rapports sont notamment déterminés sur le
plan institutionnel par la place du juge constitutionnel dans l’ordonnancement juridictionnel,
par la nature propre de la structure de l’Etat (choix du type d’Etat, le caractère fédéral du
régime pouvant surtout avoir des conséquences) et par le règlement de conflits entre le juge
constitutionnel et les autres juridictions ou entre ces juridictions entre elles. On examine
ensuite comment ces rapports sont déterminés sur le plan du contrôle de constitutionnalité par
la nature de celui-ci (diffus ou concentré, abstrait ou concret, général ou spécifique, suite à la
diversification de normes et actes contrôlés). La première partie du rapport général, qui
correspond au titre Ier, se termine par un aperçu des façons dont le juge constitutionnel peut
être saisi (recours direct, renvoi préjudiciel ou plainte constitutionnelle).