Groupes Profinis et
Th´eorie de Galois
Par Bruno Deschamps
Universit´e du Maine
Table des mati`eres
1 Nombres p-adiques 4
1.1 L’anneau de entiers p-adiques...................... 4
1.1.1 Propri´et´es ´el´ementaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Le groupe des unit´es p-adiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.3 Topologie sur Zpet distance p-adique. . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Le corps des nombres p-adiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.1 Le corps Qp............................ 8
1.2.2 D´eveloppement de Hensel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Les sous-groupes de Zp.......................... 11
2 Groupes profinis 12
2.1 Rappels sur les groupes topologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2 Limites projectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3 Groupes profinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.3.1 D´efinition, propri´et´es topologiques . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.3.2 Caract´erisation topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3.3 Le groupe Z
p............................ 26
2.3.4 Le groupe b
Z............................ 28
3 Th´eorie de Sylow et groupes pronilpotents 30
3.1 Th´eorie de Sylow . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.1.1 Nombres surnaturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.1.2 Indices et th´eor`eme de Lagrange . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1.3 Sous-groupes de Sylow . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.2 Groupes pronilpotents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.1 Pronilpotence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.2 Sous-groupe de Frattini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4 Prolibert´e 37
4.1 Rang.................................... 37
4.1.1 Groupes profinis de type fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
4.1.2 Rang topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
4.2 Compl´etions profinies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.3 Groupes prolibres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
5 Th´eorie de Galois 45
5.1 Groupe de Galois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.1.1 Clˆoture eparable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.1.2 Topologie de Krull . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
5.2 Th´eorie de Galois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
5.2.1 Correspondances galoisiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
5.2.2 Propri´et´es galoisiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2
3
5.3 Le th´eor`eme de Waterhouse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.3.1 La ethode de Noether . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.3.2 Les groupes profinis sont des groupes de Galois . . . . . . . . 57
6 Quelques exemples de groupes de Galois 58
6.1 Le groupe des Galois absolu d’un corps fini . . . . . . . . . . . . . . 58
6.2 Le groupe de Galois de l’extension Qab/Q............... 60
6.3 Le groupe de Galois absolu de K((X))................. 62
6.3.1 Le corps des s´eries de Puiseux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
6.3.2 Le cas K=Kde caract´eristique 0 . . . . . . . . . . . . . . . 64
6.3.3 Cas Qab K........................... 64
6.3.4 Le cas eel clos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Chapitre 1
Nombres p-adiques
1.1 L’anneau de entiers p-adiques
1.1.1 Propri´et´es ´el´ementaires
On consid`ere un nombre premier pet pour tout entier nN, on note An=Z/pnZ
muni de sa structure d’anneau. On d´esigne par ϕn:An+1 Anla surjection
canonique (les ϕnsont des morphismes d’anneaux et on a Kerϕn=pnAn+1). On
consid`ere l’anneau produit QnAnet le sous-ensemble Ede QnAnconstitu´e des
´el´ements (xn)nQnAntel que
nN, ϕn(xn+1) = xn
Il est clair, puisque les ϕnsont des morphismes d’anneaux, que QnAnconf`ere `a E
une structure d’anneau.
efinition 1.— On appelle anneau des entiers p-adiques, le sous-anneau Zpde
QnAnconstitu´es des ´el´ements (xn)nQnAntel que nN, ϕn(xn+1) = xn.
Proposition 2.— L’anneau Zpest un anneau commutatif, unitaire, de caract´e-
ristique 0.
Preuve: Zpest visiblement commutatif puisque QnAnl’est. Le neutre de QnAn
est l’´el´ement (xn)navec xn= 1 pour tout n, il est visiblement dans Zp. Soit m
un entier, il existe un entier ntel que m<pnet dans Anon alors m.16= 0 ce qui
justifie que dans Zp,m.16= 0, c’est-`a-dire que Zpsoit de caract´eristique 0.
——–
Proposition 3.— 1/ La multiplication par pdans Zpest injective.
2/ Soit x= (xn)nZp. Les propositions suivantes sont ´equivalentes:
i) xest divisible par p
ii) x1= 0.
Preuve: 1/ Soit x= (xn)nZptel que px = 0. On a donc pxn+1 = 0 pour tout
n, donc xn+1 =pnyn+1 avec yn+1 An+1. Ainsi,
xn=ϕn(xn+1) = ϕn(pn)n(yn+1) = 0
et par suite x= 0.
2/ i)ii) Imm´ediat.
4
Nombres p-adiques 5
ii)i) On a xn+1 =pyn+1 avec yn+1 Anpour tout n1. Il reste `a voir que
l’on peut choisir les ´el´ements ynde sorte que (yn)nZp. Pour n2 posons :
En={(yk)k=2,···,n/k= 2,···, n, xk=pyket ϕk1(yk) = yk1}
Il est clair que pour tout n2, l’ensemble Enest fini et non vide. Pour n2,
posons
fn:En+1 → En
(yk)k=2,···,n+1 7−(yk)k=2,···,n
Le syst`eme (En, fn)nest alors un syst`eme projectif, et, en vertu de ???, on a
lim
En6=
Un ´el´ement de lim
Enefinit alors imm´ediatement une suite y= (yn)nZp,
qui v´erifie bien x=py.
——–
De la mˆeme mani`ere, on obtient la caract´erisation suivante :
Proposition 4.— Soit kNet x= (xn)nZp. Les propositions suivantes sont
´equivalentes:
i) xest divisible par pk
ii) xk= 0.
On note n:ZpAnla n-i`eme application coordonn´ee.
Corollaire 5.— La suite
0Zp
pn
Zp
n
An0
est exacte.
Preuve: La multiplication par pest injective dans Zpdonc la multiplication par pn
aussi. L’application nest visiblement surjective. Il est clair que pnZpKer(n),
soit maintenant un ´el´ement x= (xn)nKer(n). On a xpn= 0 et par la proposi-
tion pr´ec´edente, on a donc xpnZp.
——–
Corollaire 6.— Le groupe quotient Zp/pnZpest isomorphe au groupe Z/pnZ.
1.1.2 Le groupe des unit´es p-adiques.
Posons U=Z
p, on appelle ce groupe groupes des unit´es p-adiques.
Proposition 7.— Soit x= (xn)nZp, les propositions suivantes sont ´equiva-
lentes:
i) xU,
ii) xn’est pas divisible par p,
iii) x16= 0,
iv) nN, xn(Z/pnZ),
v) nN, xn(Z/pnZ).
Preuve: i)ii) Soit yZptel que xy = 1. Donc x16= 0, donc xn’est pas
divisible par p.
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