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la performance globale du système et la recherche de plus d’avantages individuels. A l’heure
actuelle, les migrations organisationnelles vers des pratiques risquées apparaissent comme le
nouvel horizon de la fiabilité.
Par ailleurs, il a été observé sur notre terrain que les procédures ne sont pas toujours bien
définies et/ou explicitées. Nous prenons l’exemple de la feuille d’irradiation, qui représente la
traçabilité de la construction collective de la thérapeutique. Celle-ci doit être soigneusement
remplie avant son arrivée en poste de traitement, car elle représente la prescription du
traitement et comporte des données complémentaires par rapport au logiciel informatique.
Néanmoins, cette feuille peut arriver vierge au poste de traitement : les opérateurs parfois se
reposent sur leurs collègues des étapes suivantes en ce que concerne le remplissage des
feuilles, puisque la procédure de remplissage ne spécifie pas clairement ni les acteurs ni les
étapes concernés.
Cette situation met en évidence deux autres questions sur l’implicite dans la prescription.
D’une part, au même temps que la feuille papier semble un élément important pour le
traitement, elle pourrait arrivée au poste d’administration sans contenir aucune donnée.
Devant cette situation, il n’existe pas un consensus sur le fait que les manipulateurs aient le
droit de réaliser les traitements fondés uniquement sur le dossier informatique (sans la feuille
d’irradiation). D’autre part, la double source d’information (dossier papier/dossier
informatique) peut en soi constituer une source d’erreur. Dans le service observé, dans les cas
où des divergences entre les données papier/logiciel échapperont aux contrôles de dossiers, il
n’existe pas une référence explicite sur l’information à suivre pour exécuter le traitement. En
effet, un manipulateur peut réaliser un traitement muni du dossier informatique mais sans
avoir la feuille d’irradiation.
Certes l’existence de procédures bien formalisées ne constitue pas une garantie de sécurité car
d’une part toute procédure comporte une part d’incomplétude liée au caractère imprévu des
situations, et d’autre part le non-suivi des procédures seul ne conduit pas nécessairement à
l’accident. Or en l’absence d’une règle explicite, en présence d’une nécessité fonctionnelle
immédiate, chacun aura tendance à construire ses propres règles, basées sur son expérience
professionnelle et/ou personnelle, son éthique, sa représentation du risque. Un problème de
gestion de la sécurité peut se poser lorsque l’opérateur ne connaît pas suffisamment les
résultats de son action d’invention, d’adaptation (Dekker, 2003), ou encore quand cet
ensemble de “normes” construites individuellement n’est pas mis en commun, discuté,
collectivement (Falzon, 2007).
3.1.2 La phase d’administration : entre automatismes et variabilité
Les manipulateurs sont les responsables de la délivrance des soins. Sur le poste
d’administration, ils suivent les procédures résultant de la prescription médicale. Le travail en
binôme est prescrit par l’organisation et vise au-delà du partage de tâches, le contrôle mutuel.
En début de séance, des contrôles sont réalisés sur le dossier afin de s’assurer que le
traitement à effectuer correspond bien à la prescription et aux données dosimétriques. Ces
vérifications servent également comme ressources pour l’action. Des images de contrôle de
positionnement sont réalisées lors des séances 1, 2 et 3, puis une fois par semaine.
Une séance de radiothérapie dure environ 15 minutes. Dix minutes sont destinées à la mise en
place du patient en salle d’irradiation. Les 5 minutes restantes concernent l’activation des
faisceaux programmés informatiquement. Cette manipulation se fait entre l’ordinateur et le
pupitre de la salle de commande. Pour la majorité des cas, entre chaque faisceau, les
manipulateurs reviennent en salle d’irradiation, l’objectif étant le réglage des paramètres
(position de la table, par ex.) pour le faisceau suivant.