Questions de la Dépêche de Tahiti / interview donnée par le Président de la République (14 juillet 2011) Réponses de Bruno SANDRAS, député-maire de Papara et président de IA HAU NOA Que retenez-vous de cette interview du Président de la République ? J’ai ressenti beaucoup de fierté de voir la Polynésie mise à l'honneur sur les Champs Elysées, ce 14 juillet. Et je me réjouis que, dans la foulée, le Président de la République ait également pris le temps de s'adresser directement aux Polynésiens. Un message fort et clair, de responsabilisation de la classe politique, de soutien à la population face aux difficultés rencontrées, et d'engagement de l'Etat, dans la limite de ses prérogatives, à aider la Polynésie à sortir de l'ornière et à construire son développement économique et social. Je regrette seulement qu’il n’ait pas annoncé de déplacement sur le fenua. Mais sait-on jamais … Le Président a été clair, il est contre l’abréviation du mandat des représentants. Quel est votre sentiment à ce sujet ? Il y a aujourd'hui une majorité. Fragile, certes, mais une majorité néanmoins. Je regrette qu'elle ne soit pas autonomiste. Ceci dit, le calendrier électoral est clair, à présent : présidentielle, puis les législatives et ensuite, les territoriales. d’abord la L’heure est au rassemblement. Les autonomistes doivent maintenant se regrouper, sur de nouvelles bases et autour d’un projet commun. Il faut redonner espoir à notre population et un réel avenir à la Polynésie. Les prochaines échéances, qu’elles soient nationales ou locales, seront à cet égard, déterminantes. Au sujet de la demande de réinscription sur la liste des pays à décoloniser, Nicolas Sarkozy parle d’un débat démagogique, et d’une perte de temps et d’énergie. Le Président de la République, garant des institutions et de l’intégrité du territoire national, est dans son rôle. Ses propos répondent à la majorité des Polynésiens, laquelle aspire à rester dans la République. J’en fais partie. Je pense néanmoins qu’il ne faut pas diaboliser ce sujet, ni en faire un tabou, même si l’on est convaincu que cette voie n’est pas la solution. Si certains de nos concitoyens se sentent « colonisés », il faut en entendre les raisons, il faut en parler. Dans la sérénité, le débat peut être profitable à tous et déboucher sur de vraies questions de société. Je suis pour ma part profondément convaincu que la République porte en elle la capacité d’y répondre. Dans le contexte économique et social actuel, particulièrement dégradé, le clivage de notre population n’est pas de mise. Il risquerait même de venir occulter les véritables urgences auxquelles le pays doit faire face : la chute de l’emploi, les faillites d’entreprises, la dégradation des finances publiques et des régimes sociaux, … Indirectement il s’attaque aux élus et aux dirigeant du Pays lorsqu’il juge curieux que seul un quart des crédits du contrat de développement a été utilisé. Quelle est votre réponse ? Force est de constater qu’il y a des sujets majeurs sur lesquels notre collectivité n’avance pas : le logement, l'éducation, la santé. Nous voyons bien, avec le manque de réalisation de ce contrat de projets, notamment sur le plan du logement social, que mettre les moyens financiers ne suffit pas. Au-delà du sempiternel problème foncier, il faut des hommes formés, des ingénieurs, pour conduire les projets et les mener à leur terme … et notre système éducatif n’en produit pas assez. Est-ce que la création de 1000 CDD pour les familles les plus démunies est une bonne réponse au problème d’emploi ? Oui, c'est une bonne réponse. Certes ponctuelle, car elle ne s'inscrit pas dans la durée, mais qui répond à une réelle urgence. La véritable réponse au problème d’emploi réside bien évidemment dans le développement économique et la création de richesses. Pour sortir de l’impasse, la Polynésie doit aujourd’hui évoluer vers un nouveau modèle économique et social, car l’existant est clairement à bout de souffle. Je me réjouis que le Président de la République se soit engagé à aider notre collectivité dans la définition et l’élaboration d’un tel projet de développement sur 10 ou 15 ans. Sur le nucléaire il propose de modifier la loi Morin avec la publication d’un décret qui pourrait réviser les zones géographiques et rallonger la liste des maladies radio-induites. Cette démarche va-t-elle dans le bon sens ? Oui, la démarche va dans le bon sens ; j’avais moi-même proposé ces options en commission défense ; je n'avais pas, alors, été entendu. Je suis très heureux que le Président de la République ait tranché la question. Etes-vous satisfait par l’annonce d’un nouveau CAPES français tahitien ? J'ai saisi le Président sur cette question, le mois dernier (cf lettre en pièce jointe). Je me réjouis pleinement de la présente décision. L’assouplissement des formalités des visas chinois et la mise à disposition des ambassades de France, est elle une bonne réponse du Président aux soucis rencontrés par le Pays pour faire venir des touristes chinois ? Ces mesures administratives et logistiques, qui participent de la volonté du Chef de l’Etat d’accompagner la Polynésie française, peuvent être conséquentes pour le développement de notre produit touristique sur le marché chinois, qui est en pleine expansion. Il s’agit maintenant de les mettre en pratique. Bruno SANDRAS Député-maire de Papara, Président de IA HAU NOA