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La Polynésie française n’aura pas son propre Conseil
d’État
le 23 mars 2015
ADMINISTRATIF | Collectivité territoriale
Le Conseil d’État a jugé que les prérogatives conférées au haut conseil de la Polynésie française
remettent en cause l’équilibre des institutions régissant la collectivité d’outre-mer.
CE 10 mars 2015, Haut-commissaire de la République en Polynésie française, req. n° 386585
Un haut conseil de la Polynésie française a été institué par une délibération du 14 mars 2014 de
l’assemblée de la collectivité. Un arrêté du 3 avril suivant lui a octroyé un large champ
d’intervention : il devait notamment être obligatoirement saisi pour avis par le gouvernement de
projets de texte ou de saisine, notamment des projets de « loi du pays » et de certains projets de
délibération à caractère réglementaire. Par ailleurs, le choix fait par le gouvernement entre le texte
de son projet initial ou celui résultant de l’avis du haut conseil de la Polynésie française devait
s’opérer dans les conditions et selon les modalités fixées par une instruction du président de la
Polynésie française.
Le tribunal administratif de la Polynésie française, avant de statuer sur le déféré dirigé contre
l’arrêté du 3 avril, a saisi le Conseil d’État pour avis afin qu’il précise si les pouvoirs conférés au
haut conseil n’empiètent pas sur le domaine de la loi organique fixé par l’article 74 de la
Constitution.
Des compétences qui empiètent le domaine de la loi organique
« Il est loisible aux autorités compétentes de la Polynésie française de créer des organes
administratifs de conseil et d’expertise dans les différents domaines de compétence de la
collectivité. Toutefois, ces autorités ne sauraient, sans méconnaître la compétence du législateur
organique, instituer des organes dont l’étendue des domaines et des actes qui sont susceptibles de
leur être soumis, ainsi que les conditions dans lesquelles ces organes sont saisis et rendent leurs
avis, sont telles qu’elles portent atteinte à l’équilibre des institutions de la collectivité ou modifient
le régime de ces actes et relèvent, par suite, de l’organisation et du fonctionnement de ces
institutions, au sens du cinquième alinéa de l’article 74 de la Constitution », précise le Conseil
d’État.Celui-ci est d’avis que l’arrêté déféré à la juridiction de renvoi affecte l’équilibre des
institutions de la Polynésie française et modifie le régime des actes de la Polynésie française.
par Jean-Marc Pastor
Dalloz actualité © Éditions Dalloz 2017
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