Les Polynésiens sensibilisés au don d`organes

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Actualités et revue du presse
Des greffés du rein polynésiens témoignent
Le maire de Rangiroa, Teina Maraeura a été opéré en France. Un passage de sa vie qu'il n'oubliera jamais.
Près de 400 personnes sont sous dialyse. 300 attendent une greffe. Abinera a été greffé il y a 13 ans en France.
Il reste très marqué par ce moment difficile à supporter loin de sa famille. Il avait été hospitalisé à Tours.
Aujourd'hui, la possibilité d'effectuer des greffes en Polynésie est selon lui une très bonne chose. Une grande
campagne sur le don d’organes a eu lieu en Polynésie du 14 au 30 novembre.
Les Polynésiens sensibilisés au don d’organes
Lois, moyens humains et
techniques sont désormais
en place.
l o r s q u e l e s p re m i è re s g re ff e s
de rein ont été réalisées au mois
d’octobre au Centre hospitalier de
la Polynésie française (CHPF), une
campagne est lancée pour promouvoir
le don d’organes. Des spots sont
diffusés à la radio et à la télé, et des
représentants de chaque archipel ont
été conviés au CHPF pour une journée
de sensibilisation. Actuellement,
120 personnes sont en attente d’une
greffe, dont une quinzaine pourraient
être satisfaites l’an prochain.
A
Une campagne médiatique de sensibilisation a débuté. C’est une ère
qui s’achève et une autre qui débute.
La fin d’un calvaire pour une partie des
patients souffrant d’insuffisance rénale.
Ils sont 400 en Polynésie, dont 350 à
être dialysés, un traitement très lourd,
dans l’attente d’une greffe qui représente elle aussi une épreuve, loin des
siens et du fenua, qui peut parfois s’éterniser, au grand dam des proches mais
aussi des finances du Pays. Le traitement d’un dialysé revient à 10 millions de
Ffcp. Il en va de même pour l’opération
de greffe, mais une fois celle-ci réalisée,
le traitement du patient ne dépassera
pas les 3 millions de Fcfp.
Reste que pour réaliser des greffes,
il faut des greffons. Comme l’a souligné
Edgar Teihotaata, venu témoigner :
“On m’a enlevé un rein. On peut vivre
avec juste un rein, évidemment avec une
hygiène de vie prescrite par le médecin”.
Il est possible de donner un rein à un
proche souffrant d’insuffisance ou à une
personne avec laquelle on entretient des
sentiments depuis au moins deux ans,
évidemment si le groupe sanguin et les
globules blancs sont compatibles.
“La greffe rénale n’est possible que si
nous avons des donneurs”, a prévenu la
ministre de la Santé Béatrice Chansin en
ouverture de la journée de sensibilisation
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qui a réuni des représentants de chaque
archipel. “Et là, nous sommes confrontés
à une réelle incertitude. Le don d’organes
n’est pas une chose aisée, il est même
encore tabou.”
Un don de son vivant
ou après son décès
Le concept de don d’organes étant
relativement nouveau, le grand public a
peut-être du mal à appréhender la
chose. Pour Daniel Monconduit, docteur
en anthropologie, “le don d’organe est
tabou dans le sens où il veut dire sacré,
pas dans le sens où cela signifie interdit”.
Il nourrit beaucoup d’espoir sur la réceptivité des Polynésiens. “Plus on présentera
le don d’organes sous son angle, plus on
a de chances qu’il fasse résonance dans
la pensée polynésienne, et notamment à
travers le ressort chrétien qui fait sens ici.
L’offrande dans la tradition polynésienne
en général est un acte fort.”
Autre possibilité pour le don, celui
après la mort, ou plus justement en état
de mort encéphalique. Une douzaine de
personnes en moyenne aurait pu se
trouver dans cette situation l’an dernier.
En comptant sur un tiers de refus et
les incompatibilités, c’est ainsi une
quinzaine de reins qui auraient pu être
greffés. Dans la règle, quiconque se
trouve en état de mort encéphalique est
donneur, à moins qu’il ait clairement fait
part de son refus.
Toutefois, la volonté de donner peut
parfois être contrariée par les pressions
de la famille ne souhaitant pas de
transplantation. Il est donc possible
d’avoir une carte ou une simple feuille,
avec ses papiers d’identité, indiquant
sa volonté. Comme le souligne la
campagne, il est donc important d’en
parler avec son entourage. Les représentants des Églises de Polynésie ont
d’ailleurs participé à l’élaboration de la
campagne médiatique réalisée autour du
thème “Donner, c’est aimer”.
Pascale Testevuide, néphrologue au
CHPF, n’a pas de doute sur la capacité
des Polynésiens à faire preuve de générosité. “En métropole, 10 % des greffes sont
faites à partir de donneurs vivants. C’est
complètement sous-développé. Ici, ça
pourrait être plus facile. Les gens sont
très empathiques, généreux. Depuis que
nous avons fait nos premières greffes ici,
nous avons tous les jours des gens qui
nous appellent pour savoir comment
il faut faire.”
Pour plus d’infos : Prendre contact avec la
coordination hospitalière des prélèvements de
rein par téléphone au 48 63 63 ou par email
[email protected]
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