C.CORTÈS, S.KRIEGEL -Constructions réfléchies et traduction
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en vain sa voie. et non à : **voici des années que Jean se cherche en vain la
voie). (...). Les constructions réfléchies métonymiques s'appuient sur une
relation de contiguïté plus faible que la relation tout-partie.” (Waltereit 1997,
175)
Pour bien comprendre ce que Waltereit entend par "relation
métonymique", il est utile de comparer l'emploi qu'il fait de cette notion avec
la définition qu'en propose Marc Bonhomme(1987) dans sa “Linguistique de
la métonymie”.
La relation de contiguïté (métonymique) est analysée par Bonhomme
(1987) comme un cas de dénotation synthétique. “La dénotation synthétique
consiste en l'application à un objet d'un pôle référentiel qui lui est étranger.
Alors que la dénotation ponctuelle fonctionnait sous le statut de l'égalité (=) et
la dénotation linéaire sous celui de l'inclusion (c), la dénotation synthétique
provient d'une relation de contradiction (≠) entre le référent et la polarité
dénotative qui le vise.
Avec la dénotation synthétique commence le vaste univers des tropes
qui se définissent comme des anomalies dénotatives dues à des amalgames
entre notions hétérogènes. Mais l'analyse attentive des occurrences nous
révèle déjà deux grands types de dénotations synthétiques ou tropiques: les
unes se développent dans un même ensemble référentiel, les autres génèrent
des jonctions entre les domaines référentiels les plus hétéroclites. Lorsqu'on
traite le pape de "chaussette rouge" et qu'on l'identifie à "Rome", on se
contente d'opérer des transferts référentiels à l'intérieur du champ dénotatif de
celui-ci, qui porte effectivement des chaussettes rouges et qui habite Rome.
Par contre, quand on voit dans le pape un "moufti", un "lion" ou un "phare",
les polarités sollicitées n'appartiennent pas du tout au même domaine
thématique, ce qui rend ces assimilations d'autant plus saisissantes. Avec les
transferts référentiels internes au champ dénotatif, on entre dans le cadre de la
métonymie. Quant aux jonctions entre champs, elles engendrent la structure
de la métaphore.” (Bonhomme 1987, 38-39).
Bonhomme (1987) appelle "allotopie" la relation de “jonction entre
champs” hétérogènes et "cotopie" la relation de “transfert référentiel interne
au champ dénotatif”. Dans ce cadre théorique, une métonymie est un effet
discursif actualisé issu d'une relation "mis à la place de" entre une unité
centrale d'une iso- et cotopie et un élément quelconque de sa cotopie. Elle se
définit “par ses transferts cotopiques entre le niveau syntagmatique profond et
le niveau actualisé du langage”. (Bonhomme 1987, 56). Cette définition
couvre à la fois le champ de la métonymie et celui de la synechdoque, dont
relève notamment la relation tout-partie.
Il nous faut donc admettre que, pour les besoins de sa démonstration,
Waltereit distingue artificiellement dans l'ensemble des relations cotopiques
la relation tout-partie d'une part et la relation métonymique d'autre part, cette