qu’aujourd’hui les changements climatiques et environnementaux. S’agissant des animaux
d’élevage, l’homme a cherché très tôt à tirer parti de la variabilité génétique pour satisfaire au
mieux ses besoins quantitatifs et qualitatifs, ce qui s’est transcrit en termes économiques par
l’optimisation d’indices de fécondité et de productivité. La maîtrise de la reproduction
animale conduit aujourd’hui à une sélection de plus en plus précise d’individus géniteurs ;
autrement dit à la sélection de gènes d’intérêt et à l’expression consécutive de ce qui est
désormais communément appelé progrès génétique. Cette maîtrise inclut l’Insémination
Artificielle (IA), le Transfert Embryonnaire (TE), la conservation sur le long terme des
gamètes et des embryons, …, bref autant de techniques associées à la reproduction sexuée qui,
par nature, produit conjointement et de manière aléatoire une nouvelle variabilité génétique.
S’affranchir de cette production aléatoire de variabilité qui contrecarre l’idée moderne de
maîtrise est précisément le but visé par le clonage animal.
2.2.
Qu'est-ce que le clonage animal ?
Au préalable, rappelons quelques définitions propres à la reproduction sexuée et du brassage
génétique qu’elle induit. Cette reproduction s’initie par la fécondation, c’est à dire la
rencontre et la fusion d’un ovule et d’un spermatozoïde, fusion qui donnera naissance à une
cellule œuf ou zygote, premier stade de la vie d'un individu. L’ovule (gamète femelle issu de
la maturation de l’ovocyte) et le spermatozoïde (gamète mâle) sont haploïdes, c'est-à-dire
qu’ils contiennent une copie ou encore un jeu de (n) chromosomes. Le zygote, comme toutes
les autres cellules des organes (qualifiées alors de somatiques), est diploïde : il contient deux
jeux de chromosomes (2n), l’un provenant de l’ovule, l’autre du spermatozoïde ; le tout
constitue le génome nucléaire, du fait qu’il se situe dans le noyau de la cellule. L’haploïdie est
liée à la formation des gamètes. La reproduction sexuée induit alors un brassage génétique : à
la fois lors de la formation des gamètes où les chromosomes homologues échangent leurs
gènes aléatoirement pour former de nouvelles versions de chromosomes ; mais également à la
fécondation avec la rencontre des gamètes et la restauration de la diploïdie.
Très rapidement, le zygote se divise pour donner deux puis quatre cellules. Jusqu’à ce stade,
chacune des 4 cellules ainsi formées est dite totipotente. C'est-à-dire qu’elle garde toutes les
potentialités du zygote initial pour assurer le développement complet d’un organisme vivant,
dès lors bien sûr qu’elle est placée dans des conditions appropriées : dans l’utérus chez les
mammifères. Ultérieurement, au cours du développement embryonnaire, les cellules se
différencient progressivement jusqu’à se spécialiser complètement
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.
Toute l’innovation technique du clonage animal consiste précisément à obtenir des cellules
totipotentes sans avoir recours pour autant à la reproduction sexuée. Il s’agit d’une méthode à
la fois empirique et complexe consistant à transférer le noyau d’une cellule dans le
cytoplasme d’un ovocyte énucléé. La « nouvelle » cellule ainsi obtenue retrouve la
totipotence grâce à l’action du cytoplasme sur le noyau transféré. Une décharge électrique
permet la fusion entre l’ovocyte énucléé et la cellule somatique reconstituant ainsi un
embryon qui subit ensuite une activation chimique afin d’initier son développement in vitro.
Si de telles transplantations nucléaires furent réussies tout d’abord chez les batraciens (1952)
à partir de noyaux embryonnaires, l’étape décisive et largement médiatisée (1996, 1997)
consista en l’obtention d’agneaux clonés à partir du noyau de cellules fœtales et adultes
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De totipotentes, elles deviennent ensuite pluripotentes (capables de donner toutes les cellules de l’organisme
(sauf les cellules germinales) quand on les associe à d’autres cellules embryonnaires), puis multipotentes
(peuvent donner plusieurs lignages et types cellulaires), progénitrices (capables de donner plusieurs types
cellulaires) puis enfin totalement différenciées.
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