Cours -2 - DAEU

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Crises et mutations de l’économie mondiale depuis 1973
A) 1973 : une crise ponctuelle ou structurelle ?
1) Les trois aspects de la crise
2) Les mutations de l’économie mondiale
B) Vers la crise financière de 2008-2009
1) Une reprise de la croissance qui ne jugule pas le chômage
2) Les dangers de la spéculation boursière
3) 2008 : la crise des subprimes
C) La remise en cause du modèle capitaliste libéral
1) Les limites de la société de consommation
2) Vers un développement durable ?
Doc. 1 La croissance économique
mondiale depuis 1973
Taux de croissance annuel mondial
du PIB mondial
1973 - 1998
3,01%
1999 - 2008
3,10%
2009
-1,10%
Doc. 4 – Le décollage économique de la Chine
Doc.5 – Les répercussions de la crise des
subprimes : la faillite de General Motors à Detroit
Doc. 6 – Duane Hanson, Supermarket Shopper, 1970.
Crises et mutations de l’économie mondiale depuis 1973
A partir des années soixante-dix, les Trente glorieuses laissent la place à
une crise profonde de l’économie mondiale, en particulier dans les pays
industrialisés.
Les générations nées dans les années 70-90 ont le sentiment d'avoir
toujours connu la crise. Pourtant, la croissance a repris dans les années
1985 (DOC 1). Cela tient à un phénomène nouveau : la persistance du
chômage, même durant les périodes de croissance.
PBQ : Quelles sont les caractéristiques des crises de 1973 et 2008 ?
Est-on aujourd'hui entré dans une nouvelle ère du système
économique mondial ?
A) 1973 : une crise ponctuelle ou structurelle ?
1) Causes profondes et causes immédiates de la crise
La fin des années 1960 présente des signes précurseurs de la crise :
• le
ralentissement
de
la
consommation :
la
dynamique
démographique du baby boom se ralentit et le marché des produits
de consommation a tendance à saturer (les ménages sont déjà
équipés de télé, frigo, auto...) dans les pays industrialisés, alors que
les pays du Sud n'ont pas encore de classe moyenne qui pourrait
relancer la demande.
• la confiance dans le système économique s'effrite : avec l'inflation,
le dollar a perdu de sa valeur, des pays comme la France demandent
à convertir leurs dollars en or, ce qui menace les réserves fédérales
de Fort Knox. Nixon suspend (1967) puis supprime la convertibilité du
dollar en or.
Le détonateur : les deux chocs pétroliers :
• 1973 : les pays de l'OPEP décident de multiplier par 4 le prix du
baril de pétrole (→ 3$-> 12$). Jusque là, les compagnies étrangères
exploitaient directement les ressources de leurs sous-sols. Les pays
de l'OPEP veulent leur part du butin des 30 glorieuses.
OPEP = Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole = créée en 1960,
l’Opep est une organisation intergouvernementale ayant pour objectif de
contrôler les exploitations pétrolières sur le territoire des pays membres,
• 1979 → deuxième choc pétrolier. La guerre Iran/Irak provoque la
raréfaction du pétrole sur le marché mondial, les prix augmentent
fortement
=> Ces chocs pétroliers déclenchent une réaction en chaîne de montée
des prix (le coût du pétrole se répercute sur les transports, donc le prix des
matières premières, donc toutes les productions) et la contraction du
marché international. La balance commerciale des pays importateurs de
pétrole devient très déficitaire, tandis que les pays de l'OPEP se
développent sur les pétrodollars.
2) Les trois aspects de la crise : arrêt de la croissance / hausse du
chômage / poursuite de l'inflation
–
Arrêt de la croissance puisque les coûts de production augmentent
et que dans le même temps la consommation est moins forte.
Résultat : la production s'effondre → le chômage augmente → le niveau
de vie et la consommation baissent encore... on entre dans le cercle
vicieux de la crise !
–
–
Le plein emploi des Trente glorieuses (dans les années 1960, on
importe même de la main d’œuvre!) se mue en chômage structurel
dans les pays industrialisés → 5% de la population active en 1975, 10 %
en 1982.
L'inflation se poursuit cependant à cause de l'augmentation des cours
pétroliers → on parle de stagflation, phénomène nouveau, puisque
l’économie tourne au ralentit et que les prix restent hauts.
3) Les mutations de l’économie mondiale
Cette crise révèle des changements profonds dans les structures de
production.
- Tout d'abord, tous les secteurs d’activité ne sont pas également touchés
par la crise :
Les secteurs industriels traditionnels souffrent de l'augmentation de la
productivité et du perfectionnement des machines → licenciements. Ex : la
sidérurgie, les textiles du nord de la France, l'automobile... Leur déclin est
accéléré.
Les hautes technologies (la génétique, l’électronique, la robotique)
bénéficient en revanche d 'investissements et se redressent plus vite.
Enfin, le secteur tertiaire reste porteur : services bancaires, assurance..
=> on parle de tertiarisation de l’économie.
- Surtout, l'ouverture des marchés et la création d'une économie mondiale
ont totalement transformé les logiques des entreprises :
• dans un monde où tous les pays sont en concurrence, seules les
entreprises les plus compétitives survivent (= les plus grosses,
capables de se diversifier). Un mouvement de concentration s’opère
donc dans tous les secteurs. Ex : Unilever, groupe industriel formé
par la fusion, en 1930, du fabricant de margarine Margarine Unie (NL)
et du fabricant de savon Lever Brothers (GB). A partir des années 60,
l'entreprise diversifie ses activités, en acquérant Calvin Klein
Cosmetics et Fabergé, puis les glaces Miko dans les années 1990,
puis Knorr, Slim Fast, Lipton, Amora Maille dans les années 2000. Le
groupe est donc extrêmement flexible, ouvre et ferme des branches,
se restructure selon les besoins et les fluctuations de l'économie :
revente de Boursin et Banania, fermeture des usines de moutarde à
Dijon...
• les entreprises s'internationalisent : pour mieux s’insérer dans les
marchés étrangers, elles ouvrent des filiales et deviennent des FTN =
des firmes transnationales Ex : pour conquérir un marché dans
l'automobile, il vaut mieux ouvrir une filiale produisant directement sur
place qu'essayer d'exporter ses produits (ainsi, l'essai de « voiture
mondiale », la Ford Mondeo, a été un échec commercial car elle
n'était pas adaptée aux goûts nationaux) → c'est pourquoi Renault
vend des Nissan au Japon, et des berlines Dacia dans les pays de
l'Est et les pays émergents.
• la logique de ces firmes n'est donc plus nationale ou patriote ; leur
horizon est le monde. Donc elles font jouer les avantages
comparatifs des pays pour implanter leurs activités
Ex :
délocalisations d'usines de montage Renault au Maroc. On parle de
Nouvelle Division internationale du Travail : les pays où la main
d’œuvre est moins chère et le droit du travail peu contraignant
récupèrent les activités de production (pays ateliers) et les pays
industrialises gardent les taches de conception et de direction (main
d’œuvre qualifiée)
B) Vers la crise financière de 2008-2009
1) Une reprise de la croissance qui ne jugule pas le chômage
Des politiques de sortie de crises sont mises en œuvre au début des
années 80 :
– la relance par la consommation. C'est l'option française au début
du septennat Mitterrand → augmentation des salaires, commandes
de l'Etat... mais cela fait augmenter l'inflation et le pouvoir d'achat
est vite grignoté par la hausse des prix. Cela augmente aussi le
déficit budgétaire.
– L'austérité : c'est l'option Margaret Thatcher/Ronald Reagan. Il
s'agit de bloquer les salaires, diminuer les dépenses publiques,
augmenter les taux de crédit pour comprimer davantage la
consommation et faire baisser les prix. Ainsi l’économie est
assainie et la croissance peut repartir. Mais cette politique est très
impopulaire, et comporte le risque de rester en récession.
La reprise de la croissance s’opère dans les pays industrialis és dès le milieu
des années 1980 et s’accélère jusqu'à la fin des années 1990,
essentiellement grâce à l'essor de l'informatique, la téléphonie, internet.
L'investissement reprend, les ménages s’équipent, les pays émergents
aussi. Véritable euphorie.
Cependant le chômage reste fort, il est devenu un problème structurel. Il
cause une vraie crise de confiance dans les gouvernements et dans le
système économique. DOC 2
2) Les dangers de la spéculation boursière
Les années 80 – 90 sont marquées par l'essor de la spéculation
boursière. L'économie est désormais « financiarisée » : le capital rapporte
plus que le travail, l’épargne plus que la production. L'argent rapporte de
l'argent. C'est la principale mutation qui s’opère dans le système
économique, et va le déstabiliser...
La bulle spéculative est un problème récurrent de l'économie
contemporaine : il s'agit de l'achat et de la revente très rapide d'actions d'un secteur
porteur. Les prix des actions (VM), du
fait de la forte demande, augmentent
plus vite que la valeur réelle de
l'entreprise concernée (VF). Quand
l'écart entre les deux devient trop
important,
les
investisseurs
commencent à revendre leurs parts,
qui perdent de la valeur. Le marché
s'affole,
les
ventes
deviennent
massives, c'est le krach.
Ex : éclatement de la bulle internet en 2001.
Ce genre de crises se multiplie avec la massification des opérations
financières depuis trois décennies. La plus grave reste la crise des
subprimes de 2008.
3) 2008 : la crise des subprimes
La crise de 2008 est la plus grave depuis celle de 1929 : une telle
contraction de l’économie mondiale (commerce, investissement, chômage)
ne s’était jamais vue.
Tout part d'une bulle spéculative dans l'immobilier :
– après 2001, des banques américaines parient sur le retour de la
croissance et donc l'augmentation du niveau de vie pour accorder
des prêts immobiliers à des ménages dont la solvabilité est
incertaine.
– Ces prêts sont gagés sur l’hypothèque des maisons → ce sont les
subprimes.
– Ces prêts sont revendus à d'autres banques parmi des bouquets
d'investissements de plusieurs millions => c'est la titrisation. Ces
« bouquets
d'actions »
mêlent
des
produits
financiers
potentiellement toxiques (comme les subprimes) et des produits
plus sains.
– Des hedge funds (sociétés de gestion des portefeuilles financiers,
qui ont aussi des fonds de pensions = épargne pour la retraite)
achètent aussi de ces bouquets
– en 2007 la croissance ne semble pas revenir et de nombreux
ménages n'arrivent pas à honorer leurs prêts. A l'été 2008, des
banques alertées (la Northern Rock anglaise) essaient de revendre
ces titres mais n'arrivent pas à se débarrasser de tout → c'est le
début d'un krach boursier
– Tout va extrêmement vite → faillite de la banque d'affaires Lehman
Brothers en septembre 2008 car ne trouve pas de repreneurs.
Suivent 140 autres banques et 60% des hedge funds. Les
propriétaires sont expulsés → maisons inachevées, lotissements
fantômes
– la crise s’étend extrêmement vite (qqs semaines en raison de la
rapidité des communications et l'interdépendance des bourses
mondiales) => elle touche surtout le Japon, l'Europe, les EU.
=> les faillites des banques d'affaires entraîne un manque de fonds pour les
entreprises => des entreprises font donc faillite, comme Général Motors a
Detroit => chômage de masse. DOC 4
De nombreux épargnants sont ruinés, y compris les retraités dont les fonds
de pension ont été perdus. Ceux-ci se retrouvent à chercher un emploi, en
pleine période de crise.
Les solutions :
– les Etats se mobilisent et endiguent la crise en participant au
sauvetage des banques Ex : 182 Mds de dollars en FR, 2600 Mds
de dollars aux EU. Ces plans de relance se sont avérés efficace et
ont permis une reprise légère de la croissance. Les Etats sont
cependant minés par le déficit budgétaire.
Ex : la faillite de l'Etat grec → le déficit de l'Etat grec est aggravé
–
par les taux d’intérêts insupportables demandés par les banques
(plus de 10% en avril 2010) → le sauvetage de la Grèce est assuré
par les pays de l'UE, qui mettent en place un fonds d'aide aux pays
en difficulté.
En contrepartie, de nombreux Etats ébauchent l’idée de règles
visant à discipliner le capitalisme mondial (→ entorse au
libéralisme !) Ex : Obama demande la séparation entre opérations
d'investissement / d’épargne dans les banques pour garantir les
dépôts des épargnants. Ex2 :Le G20 s'attaque aux paradis fiscaux
(qui grèvent les moyens financiers des États) lors du sommet de
Londres en 2009
=> S'achemine-t-on vers un nouveau système économique
mondial ?
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