2eme trimestre 2009 •31
Du carbone
sations que l’on porte sur lui sont désormais
planétaires. Àc
ause de lui,l
es températures
caniculaires ne sont plus cantonnées dans les
galeries de mine mais se répandent au point
de modifier la vie de tous. Le charbon, en fait
le carbone, en fait le gaz carbonique(
CO2),
synonyme naguèrede révolution industrielle,
donc de richesse,d
onc d’améliorationd
es
conditions de vie serait en train de détruire
purement et simplement l’humanité.Te l est le
verdict des climatologues, argumentant pour
une réaction contre le CO2.Les économistes
ne peuvent dès lors plus se contenter d’as-
similer les matières premières fossiles àdes
facteurs de production et à une composante
de la croissance.Face à l’augmentation conti-
nue du taux de CO2dans l’atmosphère, tou-
tes les disciplines scientifiques sont mobilisées.
La question qui se pose à une revue comme
Sociétal est celle du rôle spécifique de l’écono-
mie dans ce combat.
Dans le dossier qui suit,Alain Bienaymé le rap-
pelle :le premier enjeu pour les économistes
est de s’immiscer dans un débat qui se focalise
en ce moment plutôt entre les climatologues,
les hommes politiques, les vecteurs d’opinion
et lesnéo-païensporteursdufondamenta-
lisme écologiste.C’est-à-dire qu’il s’agit pour
les économistes de se montrer utilesen
apportant une série de propositions qui pour-
raient contribuer àune réductiondrastique
des quantités de CO2émises.
Remèdes
En pratique,face à cette pollution que les éco-
nomistes qualifient d’externalité, deuxsolu-
tions existent.
La premièreest de créer des impôts qui, en
modifiantl
es prix,m
odifient les comporte-
ments. Dans la célèbretypologie de Musgrave
sur les missions de l’État, une des trois fonc-
tions essentielles de la puissance publique
est la gestion des externalités par la fiscalité.
Dans le dossier,M
ichel Taly,r
ésumant les tra-
vauxd
el
’Institut de l’entreprise sur la taxe
carbone,rappelle qu’il faut rester simple et ne
pas se tromper sur la nature du problème et
l’outil qu’il réclame.Lataxecarbone existe,
les fiscalistes l’ont rencontrée ! Elle s’appelle
la TIPP.L’introduction d’une fiscalité écologi-
que suppose non pas d’inventer de nouveaux
impôts mais de revoir le contenu de la TIPP.
Les inventeurs de cette taxe l’avaient centrée
sur les transports, sorte de super-péage sur le
trafic automobile destiné à fournir les moyens
d’entretenir le réseau routier.En changeant de
nature politique,la TIPP changerait de dimen-
sion sans que les modalités de sa perception
soient fondamentalement revues.
La secondesolution proposée par leséco-
nomistes estdeconstruireunmarché des
droitsàpolluer.Lacréationd’un système
coût/récompense pourles entreprises dans
leurgestiond’émission de CO2non seule-
ment crée une incitation à contenir la pollu-
tion mais encoreinsuffle une dynamique qui
rend intéressant de la réduire. Anaïs Delbosc
et Benoît Leguetexpliquent le fonctionne-
ment du marché mis en place en Europe dans
la foulée des accords de Kyoto.Cemarché
va entrer dans une deuxième phase,sur des
basesrenouvelées. Àlalumièredelapre-
mière phase qui s’achève, on peut considérer
qu’un de ses problèmes majeurs, à l’instar du
modèle de référence que constitue le marché
monétaire, estdesavoir s’il peutvivresans
un régulateur ultime,unprêteur en dernier