Œil et Physiologie de la Vision - VIII-2
Mécanismes physiopathologiques : critères pour le choix
du modèle
La rétinopathie induite par l’oxygène est souvent considérée comme une maladie
vasoproliférative avec déficiences structurelles et fonctionnelles qui se produisent
principalement dans la rétine interne (Reynaud & Dorey, 1994), (Penn et al., 1994),
(Madan & Penn, 2003), (Hardy et al., 2005), (Hardy et al., 2005).
La rétinopathie induite par la lumière se caractérise, quant à elle, par une
dégénérescence de la rétine externe, principalement au niveau de la couche des
photorécepteurs, en rapport avec une rhodopsine déficiente. Il en résulte des dommages
structurels et fonctionnels majeurs (Noell et al., 1966), (Penn & Thum, 1987), (Penn et
al., 1989), (Li et al., 2001), (Li et al., 2003).
Le rat nouveau-né : modèle pour le stress oxydatif
Le rat est une espèce nidicole dont la rétine est immature à la naissance à terme. C’est
donc un bon modèle pour le suivi de la maturation rétinienne depuis le début de
l'exposition à des stress oxydatifs exogènes soit par des niveaux élevés d'oxygène
(comme modèle de la rétinopathie du prématuré induite par l’oxygène) soit par des
niveaux intenses de lumière pour induire une rétinopathie à la lumière, modèle de
rétinopathie pigmentaire ou DMLA. Il est ainsi possible de suivre l’évolution de ces rétines
sous ces stress oxydatifs et d’en caractériser les différents processus
physiopathologiques qui conduisent à l’involution de la rétine externe ou interne.
Le cochon d’Inde : modèle pour la rétine humaine à cônes
Contrairement au rat nidicole, le cochon d’Inde est une espèce précociale dont la rétine
est mature à terme. C’est un bon modèle pour l'étude de l'ERG humain. En utilisant le
cochon d’Inde albinos Hartley, nous avons non seulement montré que, à la naissance, sa
rétine a une structure et un fonctionnement rétinien semblables à ceux du cochon d’Inde
adulte avec une maturation rétinienne similaire à celle de l’humain (Racine et al., 2008),
mais aussi que son ERG photopique a les mêmes caractéristiques que l’ERG photopique
humain (Rosolen et al., 2004), (Racine et al., 2005).
D'autres modèles ont été découverts alors qu’ils se sont produits de façon spontanée.
Le cochon d’Inde albinos : modèle pour la CSNB de type I
En 2003, au cours de tests électrophysiologiques pratiqués en routine sur le cochon
d’Inde, nous avons découvert dans une population de cobayes Hartley albinos, des
animaux qui présentaient, à l’état naturel, un trouble rétinien similaire à la cécité
nocturne (Racine et al., 2003).
C’est par un accouplement consanguin accidentel entre un mâle et une femelle issus
d’une même portée que le premier cochon d’Inde mutant a été conçu. De cette union,
sont nés 4 bébés dont un seul présentait des électrorétinogrammes anormaux. Grâce à
un accouplement sélectif, nous avons pu reproduire ce phénotype encore 80 fois et ce,
sur plus de 14 générations. Sur 81 cochons d’Inde affectés, 35 étaient des mâles, 43 des
femelles et 3 autres ont été euthanasiés avant l’identification de leur sexe.
En examinant le pédigré sur 14 générations, il apparaît que cette anomalie est transmise
sur un mode autosomique récessif avec des caractéristiques qui ressemblent étroitement
aux formes humaines d’héméralopie congénitale essentielle stationnaire (CSNB).