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Mme Doyer: ...tu sais... Et, moi, là, on peut bien badiner, mais la psychologie, la
psychothérapie, ce champ-là, là, c'est employé à toutes les sauces. Alors, mon Dieu, merci
d'avoir un projet de loi qui va amener un peu de police, mais dans le bon sens du mot «police»,
par rapport à ça et de faire en sorte que, par rapport à des troubles mentaux, par rapport à des
problématiques extrêmement difficiles telles que la dépression, le suicide, tout ça, que les gens
puissent partager mieux au niveau de, je dirais... des douleurs qui touchent les gens. Et on l'a
vu avec l'exemple patent, O.K., celui du TED-autisme, hein? Et, moi, je voudrais que vous nous
disiez ce que vous pensez de ce qu'a dit un des psychiatres ce matin qui a dit: Le plus, le
mieux. Il n'y a rien qui prouve ça, le plus, le mieux, hein?
Puis, moi, je disais: Bien là, c'est toujours bien mieux de commencer à quelque part quelque
chose. Mais j'aimerais ça que vous nous disiez ce que vous pensez de ça parce que, vous,
vous intervenez beaucoup avec des équipes dans différents hôpitaux très spécialisés, avec des
gens. Il y a une dame qui est dans la salle aussi, qui travaille beaucoup avec les
problématiques TED, d'enfants TED, autisme, et tout ça. Qu'est-ce que vous avez à dire de ça?
Parce qu'on dirait qu'on nous a un petit peu déstabilisés par rapport aux bons gestes à faire,
mais, regarde, des fois, là, si ce n'était pas si bon que ça, pourquoi tout le monde veulent ça...
Mme Charest (Rose-Marie): Vous faites bien...
Mme Doyer: ...le 20, 25 heures d'intervention, puis de mettre le doigt sur le bobo comme il
faut?
Mme Charest (Rose-Marie): Vous faites bien de le rappeler, qu'un tel projet de loi suscite des
inquiétudes, comme tout changement suscite des inquiétudes, mais on perd de vue le fait que,
quand on en est venus à proposer des changements, c'est parce qu'il y avait un énorme besoin
de changement.
Vous savez, une personne qui est fragilisée dans sa santé mentale, c'est une personne qui est
prête à accrocher une bouée. Quand on souffre, donne-moi une bouée, je vais y croire. Or,
dans notre domaine, un professionnel responsable ne lance pas des bouées, il utilise, bien sûr il
tend la main, mais il utilise une démarche intellectuelle, une démarche scientifique qui lui
permet non seulement d'évaluer les troubles mentaux, mais d'être capable de faire le lien entre
ce qu'il perçoit comme étant le trouble et le type de traitement qui risque d'être efficace pour
cette personne-là. Or, ce qu'il y a de plus dramatique actuellement, c'est que vous avez des
gens, vous avez utilisé le mot «charlatan», et je pense que vous n'exagérez pas, mais vous
avez des gens qui, sans même être des charlatans, ils ont une trouvaille, eux autres, ils ont une
technique, puis la technique, elle va sauver tout le monde. Et, quand vous êtes fragilisés et
quelqu'un vous dit: Moi, ma technique, là, et ceux qui ont vu l'émission Enjeux il y a quand
même... ça commence à faire plusieurs années ont vu ça, moi, ma technique, elle va te guérir
de ta dépression dans deux semaines...
Il n'y a aucun professionnel parmi nous qui est capable de dire quelque chose comme ça. On
est moins séduisants que le charlatan parce que, le patient, on est obligés de lui dire: Écoutez,
ça va être exigeant, puis c'est ça. Mais par contre on risque plus de l'aider à long terme. Moi, en
tout cas... on prend les mesures pour ne pas lui faire de tort.