Facteur X Gène et structure Le facteur X (FX, facteur Stuart) est une glycoprotéine de 58 kD synthétisée par le foie. Sa demi-vie est de 40 à 50 heures. Le FX fait partie des facteurs de coagulation dont la synthèse hépatique dépend de la vitamine K. Il est constitué de deux chaînes polypeptidiques reliées par un pont disulfure. La chaîne légère (16 kD) contient 11 résidus d’acide glutamique qui sont transformés en acide ã-carboxy glutamique (domaine Gla) par une carboxylase hépatique. Les résidus Gla sont impliqués dans la liaison aux phospholipides membranaires anioniques en présence de calcium. La chaîne lourde (42 kD) porte le site catalytique. Le gène du facteur X est porté par le chromosome 13, à proximité du gène du FVII. Rôle Le facteur X est activé par clivage d’une liaison arginine/isoleucine sur la chaîne lourde. L’activation du FX peut survenir de deux façons : • activation par la voie intrinsèque via le complexe tenase formé par l’association du facteur IX activé (FIXa) avec le facteur VIII, les ions calcium et les phospholipides membranaires ; • activation par la voie extrinsèque via le facteur VII activé (FVIIa) en présence de calcium et de facteur tissulaire. Une fois activé, le FXa forme, avec les phospholipides et le facteur V en présence de calcium, la prothrombinase capable d’activer le FII en thrombine. Dosage Le dosage du facteur X plasmatique repose sur le dosage de l’activité coagulante (FXc) par méthode chronométrique. Chez l’adulte, les valeurs normales de FXc sont comprises entre 70 et 150 %, définies par rapport à un pool de plasmas normaux. Le taux de FXAg peut également être mesuré par méthode immunologique. Le ratio Ag/activité permet de distinguer les anomalies quantitatives des anomalies qualitatives. À la naissance, le taux du FX, comme celui des autres facteurs vitamine K-dépendants (FII, FVII, FIX), est diminué (entre 30 et 50 %) : ce déficit est d’autant plus important que la prématurité est plus grande. Il est le reflet d’une immaturité hépatique, éventuellement associée à une carence en vitamine K. La limite inférieure des valeurs normales de l’adulte est atteinte vers 6 mois et le taux ne dépasse guère ces valeurs pendant l’enfance. Les taux de FX augmentent progressivement au cours de la grossesse. Déficit — Déficit constitutionnel Les déficits constitutionnels sont rares. Dans la plupart des cas, il s’agit de variants caractérisés par un dosage immunologique normal et une activité effondrée. La transmission est de type autosomique et récessive. La fréquence des hétérozygotes a été évaluée à environ 2 pour 1 000 sujets. La fréquence des déficits sévères serait de 1 pour 1 million. Il s’agit d’hétérozygotes composites ou d’homozygotes. Les déficits en FX sont caractérisés par une très grande hétérogénéité clinique, phénotypique et génétique. L’importance du déficit et de la sévérité des symptômes résulte du site de la mutation. Ainsi, la mutation Arg20Gly bloquant la sécrétion du FX est à l’origine d’un déficit sévère, tandis que la mutation Glu26Asp qui altère l’activation du FX par la voie intrinsèque sans modifier l’activation par la voie extrinsèque est à l’origine d’un déficit moins sévère. Les hétérozygotes présentent des déficits modérés et ils sont généralement asymptomatiques. Les hémorragies peuvent néanmoins compliquer des traumatismes graves, ou des actes vulnérants sans hémostase chirurgicale possible. Dans les déficits sévères, les manifestations hémorragiques sont liées à l’activité résiduelle. Elles surviennent tôt dans la vie et sont souvent très graves (hématomes, hématuries, hémarthroses, hémorragies digestives ou intracrâniennes). Le diagnostic est évoqué sur l’allongement du temps de Quick et du TCA. Il est confirmé par le dosage des facteurs II, V, VII, X et du fibrinogène qui confirme la baisse isolée du taux de FX. Le dosage immunologique, généralement normal, confirme la présence du FX variant. Le traitement des hémorragies graves ou la prévention per- et postopératoire du risque hémorragique font appel au concentré plasmatique riche en FX, le PPSB (Kaskadil®). Il semble qu’un taux de 10 à 15 % de FX suffise à arrêter les hémorragies. La demi-vie du FX injecté étant de l’ordre de 40 heures, une injection par jour est habituellement suffisante. Comme pour les autres déficits, l’alternative est le plasma frais congelé (PFC). — Déficit acquis Le principal diagnostic différentiel est le déficit acquis isolé en FX, qui peut compliquer l’amylose primitive ou être secondaire à un myélome. Le diagnostic est évoqué devant un syndrome hémorragique ou une altération biologique importante de la coagulation chez un patient adulte, souvent âgé, jusqu’alors indemne de troubles de l’hémostase. Dans ces circonstances, un déficit isolé sévère en FX doit faire rechercher une amylose si elle n’est pas connue. On a pu montrer une captation du FX par la substance amyloïde, expliquant l’inefficacité du traitement substitutif. D’exceptionnels déficits graves mais généralement transitoires ont été rapportés en dehors de l’amylose, quelques cas ayant pu être rattachés à la présence d’un autoanticorps anti-FX. Activité anti-Xa C’est le complexe héparine-antithrombine qui inhibe l’ensemble des sérines protéases de la coagulation (FIIa, FXa, FIXa, FXIa et FXIIa), à l’exception du FVIIa. Ce complexe inhibiteur est autant actif sur le FIIa que sur le FXa, moins sur les autres facteurs. Les héparines dont le poids moléculaire se situe en dessous de 5 000 daltons (héparine de bas poids moléculaire) forment un complexe dont l’activité s’exerce exclusivement sur le FXa. La mesure de l’activité anti-Xa est le seul moyen utilisable pour surveiller l’éventuel risque hémorragique lié à l’utilisation thérapeutique des héparines de bas poids moléculaire. ☞ ( Activité anti-Xa, Hémostase (exploration de l’) Samama MM, Elalamy I, Conard J, Achkar A, Horellou MH. Hémorragies et thromboses. Du diagnostic au traitement. Paris : Masson, 2004 ; pp. 53-55. Sampol J, Arnoux D, Boutière B. Manuel d’hémostase. Paris : Elsevier, 1995 ; pp. 364-366, 385.