I    Les hantises collectives
« Des avis de tempête, des présages de malheur, des allusions à des
catastrophes hantent notre temps. Le sens de ''choses-en-train-de-finir'',
qui a donné forme à tant de productions littéraires du XXème siècle, s'est
maintenant largement répandu dans l'imagination populaire. »
Des hantises peuplent l'imaginaire collectif. Elles favorisent l’émergence
du narcissisme. Quelles sont-elles ?
L'individu   occidental   ressent  la  brutalité  de   la société.  Il  sait  que   les
injustices y sont importantes, que la pauvreté et les inégalités progressent. Il voit
les mendiants dans la rue, les chiffres du chômage. La société ne lui apparaît pas
comme un système harmonieux ou bienveillant, mais plutôt comme un univers de
conflits, avec des perdants et des gagnants, des dominants et des dominés.
Il a conscience des menaces qui
pourraient   ravager   l’humanité,   qu’elles
soient   d’ordre écologique   (virus,
catastrophe  nucléaire,   réchauffement
climatique...),   social   et/ou politique
(guerre, terrorisme,   surpopulation,
famine...).   Ces  apocalypses  sont
régulièrement  brandies par  les  médias.
Elles lui apparaissent à la fois proches et
lointaines. Proches dans la mesure où il
en   entend souvent   parler.   Lointaines
dans la mesure où il  n’a pas prise sur
elles.   L'individu   occidental   se  sent
dépassé. « Chaque reportage lui présente
une   nouvelle   catastrophe,   arbitraire,
imprévisible, sans aucune continuité avec
le jour précédent. »  Il se sent  tout petit
face  à ces   gigantesques  problèmes.
Convaincu  que  ses   gestes  quotidiens
auront   peu  d’impact,   il   ne voit   pas
comment   il   pourrait,   à son   niveau,
changer quoi que ce soit.