Communiqué de presse Première mondiale entièrement originale dans la stratégie visant à mettre l’infection VIH en rémission. Le Service des Maladies Infectieuses du CHU Saint-Pierre, Centre de Référence SIDA et le Service de Virologie Moléculaire de l’Université libre de Bruxelles intensifient leurs efforts dans la recherche sur une rémission de l’infection à VIH. Bruxelles, le 29 novembre 2016 - L’apport des antirétroviraux au traitement des patients infectés par le virus VIH a été considérable afin de diminuer le taux de VIH-1 dans le sang. Les patients sous traitement doivent cependant suivre ce traitement à vie et surtout en continu, au risque d’un rebond de la virémie plasmatique. Ce rebond est essentiellement dû à la réactivation de cellules réservoirs, des cellules infectées par des virus latents qui échappent à la réponse immune de l’hôte et à la multithérapie anti-VIH. En effet, ces virus latents peuvent être réveillés/réactivés par de multiples stimulations du système immunitaire (telles un simple rhume ou un médicament). Les réservoirs sont donc à la base du rebond rapide de la virémie observé chez la plupart des patients séropositifs dès l’arrêt de la multithérapie et représentent l’obstacle majeur à l’éradication de l’infection VIH. L’enjeu majeur des recherches actuelles sur le VIH consiste à atteindre une rémission, ce qui correspond au contrôle à long terme et en absence de multithérapie de l’infection par le VIH, sans affaiblissement de la réponse immune du patient, sans progression de la maladie et sans transmission du VIH ; ou en d’autres mots la possibilité pour le patient d’arrêter son traitement antiviral sans en subir les conséquences. Le Service des Maladies Infectieuses du CHU Saint-Pierre dirigé par le Professeur Stéphane De Wit et le Service de Virologie Moléculaire de l’ULB (Faculté des Sciences, sur le Biopark de Charleroi) dirigé par le Professeur Carine Van Lint, Directeur de Recherches F.R.S.-FNRS, collaborent activement depuis de nombreuses années sur des stratégies thérapeutiques de rémission. Ils étudient les mécanismes moléculaires qui répriment l’expression des gènes du VIH. Comprendre les mécanismes à l’origine de la latence du virus permet de tester des molécules réactivatrices ou inducteurs du VIH agissant sur ces différents mécanismes afin de forcer délibérément le virus à quitter cet état latent. Suite à leur réactivation, les cellules réservoirs (qui expriment alors le virus) sont exposées aux défenses immunitaires du patient ainsi qu’à la multithérapie. De plus, les virus réveillés sont empêchés d’infecter de nouvelles cellules non infectées grâce à la multithérapie. De telles approches de réactivation, en présence d’une multithérapie efficace, pourraient donc conduire à diminuer la taille des réservoirs de VIH-1 à un niveau suffisamment bas que pour permettre au système immunitaire du patient de contrôler son infection et permettre des interruptions thérapeutiques structurées en accord avec le clinicien. De rares essais cliniques de réactivation ont déjà été réalisés la plupart avec des inhibiteurs de désacétylases (inducteurs du VIH). Toutefois, ces essais ont été peu concluants puisqu’ils n’ont pu mettre en évidence dans le même essai une diminution de la taille des réservoirs du VIH et un délai dans le rebond de la virémie plasmatique. La collaboration fructueuse entre la Faculté des Sciences de l’ULB et le CHU Saint-Pierre permet aujourd’hui de débuter un essai clinique original de réactivation en optimisant 4 paramètres potentiellement responsables du manque d’efficacité des essais de réactivation antérieurs et ceci en s’appuyant sur plus de 20 ans de recherches fondamentales. Les quatre optimalisations proposées par les Professeurs S. De Wit et C. Van Lint de l’ULB sont : 1) Pour pallier le niveau trop faible de réactivation obtenu avec les inhibiteurs de désacétylases seuls, ils combineront deux inducteurs du VIH de classe différente (un inhibiteur de désacétylases et un inhibiteur de méthylation de l’ADN) pour permette une réactivation synergique des virus latents (c’est-à-dire une réactivation plus efficace et à plus faible dose qu’en utilisant ces inducteurs séparément). C’est la première fois que deux inducteurs du VIH de classe différente seront combinés dans un essai clinique de réactivation. 2) Etant donné que la latence du VIH est un processus hétérogène impliquant des mécanismes moléculaires de répression virale qui diffèrent d’un patient à un autre, S. De Wit et C. Van Lint présélectionneront les patients en testant en laboratoire l’effet réactivateur de la combinaison sur leurs cellules infectées avant d’enrôler ces patients dans l’essai clinique, ce qui permettra un traitement individualisé. 3) Une programmation temporelle précise pour l’administration des inducteurs est nécessaire. En effet, pour les deux inducteurs qui seront administrés, les chercheurs de l’ULB ont démontré au laboratoire dans des cultures de cellules isolées de patients séropositifs que l’activation synergique par ces 2 inducteurs est plus efficace lors d’un traitement séquentiel que lors du traitement simultané correspondant. 4) Etant donné que l’activation de l’expression du VIH en laboratoire nécessite parfois plusieurs stimulations, S. De Wit et C. Van Lint administreront la combinaison d’inducteurs en plusieurs cycles répétés. Les aspects à la fois combinatoire, individualisé, séquentiel et d’administration répétée mis en place dans le cadre de cet essai constituent une première mondiale dans la stratégie visant une rémission de l’infection VIH. Concrètement, les Professeurs S. De Wit et C. Van Lint proposent un essai clinique de phase Ib/II dans lequel : • • • Des patients séropositifs, indétectables et sous multithérapie seront sélectionnés sur base de la taille de leur réservoir et sur base de la capacité de leurs cellules réservoirs à être réactivées en culture de laboratoire par la combinaison d’inducteurs. Les patients recevront un schéma de traitement combinatoire et séquentiel incluant des inducteurs du VIH agissant sur 2 mécanismes moléculaires différents de la latence virale : la désacétylation protéique et la méthylation de l’ADN. Ce traitement sera administré de manière répétée c’est-à-dire 1 cycle (cohorte 1), 2 cycles (cohorte 2) ou 4 cycles (cohorte 3) dans 3 cohortes consécutives de 5 patients séropositifs. L’enrôlement des patients dans les cohortes 2 et 3 ne sera envisagé que suite à l’évaluation de la toxicité dans les cohortes précédentes. L’objectif primaire dans le cadre de cet essai clinique de phase Ib/II est d’évaluer la faisabilité, la sécurité et la tolérabilité du traitement proposé. L’impact sur la taille des réservoirs viraux et sur l’expression virale sera mesuré comme un objectif secondaire de l’essai. L’essai clinique bénéficiera du soutien de l’ANRS (France REcherche Nord&sud Sida-hiv Hépatites), de l’ULB (programme ARC (Actions de Recherche Concertée)) et de la Wallonie (Fonds de Maturation). Coordonné par l’Université libre de Bruxelles – CHU Saint-Pierre et Département de Biologie Moléculaire (DBM), cet essai clinique sera mené en collaboration avec le CHU Kremlin-Bicêtre/Université Paris-Sud (Val-de-Marne, France) et plusieurs équipes françaises dont celles des Professeurs Olivier Lambotte et Antoine Cheret (Kremlin-Bicêtre), Laurence Meyer (INSERM U1018, Kremlin-Bicêtre), Christine Rouzioux (Hôpital Necker, Université Paris-Descartes, Paris) et Anne-Marie Taburet (Kremlin-Bicêtre). Contacts scientifiques : Prof. Stéphane DE WIT, Chef du Service des Maladies Infectieuses CHU Saint-Pierre, Bruxelles. +32 (0)2 535 41 75 [email protected] Prof. Carine VAN LINT, Chef du Service de Virologie Moléculaire (DBM) et Directeur de Recherches FRS-FNRS, Université libre de Bruxelles (ULB), Faculté des Sciences de l’ULB, Biopark de Charleroi. +32 (0)2 650 98 07 ou +32 (0)474 96 70 67 [email protected] Lieu de la Conférence de presse : CHU Saint-Pierre Rue Haute 322 1000 Bruxelles Bâtiment de la Direction – Bâtiment 1000 – Grande salle de réunion du Rez-de-Chaussée. Contact Presse pour le CHU Saint-Pierre : Chloé Dungelhoeff – Directrice de la Communication : [email protected] – 0476 37 85 72 Contact Presse pour l’ULB : Nancy Dath – Communication Recherche : [email protected] 02 650 92 03, 0473 97 22 56