180 R. Agnetti et al.
(dénutrition, carences en vitamines et minéraux, perte
osseuse, etc.), digestif (nausées, vomissements, bal-
lonnements, etc.) ou mécanique (fuite anastomotique,
fistules, etc.) [5,7,13,14] ;
•informative et éducative afin de maintenir l’effet de la
chirurgie sur la perte de poids et/ou d’éviter ou de limiter
les complications postopératoires.
Il est à rappeler que la qualité des données recueillies lors
du colloque singulier avec le patient repose sur la qualité
d’écoute du professionnel et l’empathie dont il fera preuve
vis-à-vis de celui-ci. En effet ce sont des patients ayant une
obésité sévère (IMC > 35) qui s’est constituée généralement
au cours de nombreuses années et qui sont fréquemment en
situation d’échec [4].
Stratégie de prise en charge diététique
lors de la décision et de la préparation à
l’intervention chirurgicale
Quel est le rôle du diététicien dans la décision
pluridisciplinaire ?
Le diététicien a un rôle à part entière dans cette prise en
charge. Les informations qu’il fournit entrent dans l’arbre
décisionnel d’indications et de contre-indications opéra-
toires en particulier par la recherche de déséquilibres
nutritionnels, de trouble du comportement alimentaire,
de compliance aux mesures diététiques et de la qualité
des prises en charge nutritionnelles et diététiques anté-
rieures.
Le diagnostic diététique sera exposé et pris en compte
lors de la concertation de l’équipe pluridisciplinaire pour la
prise de décision pour cette chirurgie [5,8] :
•indication et contre indication ;
•type de technique chirurgicale proposé ;
•durée de la phase de préparation opératoire.
Il est recommandé que le diététicien intervienne
dans la décision pluridisciplinaire au moyen de son
diagnostic diététique qui sera formalisé dans le dossier
du patient. Celui-ci est exposé lors de la RCP.
(Accord professionnel).
Que comporte le bilan diététique réalisé avant
la décision chirurgicale ?
La consultation diététique d’évaluation initiale à but diag-
nostic repose sur un bilan complet comportant :
•l’analyse du comportement alimentaire et la recherche de
troubles du comportement alimentaire actuels ou passés ;
•le recueil des consommations alimentaires qualitatives
et/ou quantitatives (y compris la consommation d’alcool
qui doit être impérativement évaluée) ;
•la recherche de carences en macro- et micronutriments
au regard des consommations alimentaires ;
•le recueil sur les conditions de vie : rythme de tra-
vail/rythme alimentaire, activité physique ;
•les conditions sociales ou économiques influenc¸ant l’accès
à une alimentation équilibrée ;
•l’histoire du poids et des prises en charge nutritionnelles
et diététiques antérieures ;
•le repérage du niveau de motivation, des attentes du
patient (objectifs de perte de poids ±réalistes...);
•l’évaluation psychosociale ;
•l’évaluation des connaissances du patient sur le type de
chirurgie envisagée et son impact sur l’alimentation et le
mode de vie [15] ;
•le projet de vie du patient.
Le mode alimentaire déterminé par ce recueil de don-
nées peut influencer le choix de la technique chirurgicale.
En effet, la réussite de celle-ci pourra être majorée ou
minorée selon la tendance du patient à être plus ou moins
hyperphage, grignoteur, etc. Certaines caractéristiques ali-
mentaires (Tableau 2) peuvent aider le chirurgien dans le
choix du type de chirurgie [8].
Pour la réalisation de ce bilan, il est recommandé
d’utiliser un support de recueil de données standardisé.
Lors de cette consultation, le diététicien doit, dans son
diagnostic diététique, faire ressortir les éléments de
son bilan (grignotage, hyperphagie, capacité à modifier
son alimentation, etc.) en faveur ou non de l’opération
(Accord professionnel). Les éléments de ce diagnostic
seront analysés lors de la RCP, notamment avec le
médecin nutritionniste.
Quels sont les éléments constitutifs de la
préparation diététique à l’intervention ?
Il est recommandé au moins six mois de prise en charge plu-
ridisciplinaire de l’obésité du patient avant d’envisager la
chirurgie bariatrique. Si cette prise en charge a déjà eu lieu
de fac¸on bien conduite, la préparation à la chirurgie peut
être plus courte.
La prise en charge diététique s’articule autour de trois
axes :
•thérapeutique : obtenir le meilleur état nutritionnel pos-
sible en vue de l’opération en assurant une couverture
protidique correcte, soit 0,8 à 1 g de protéine par kilo de
poids par jour (poids normalisé correspondant à un IMC de
25 kg/m2);
•informatif : informer le patient des conséquences nutri-
tionnelles et des modifications du comportement alimen-
taire induites selon chaque type de chirurgie :
◦être informé du programme alimentaire postopéra-
toire,
◦comprendre l’importance du fractionnement,
◦connaître les causes alimentaires d’échec de la chirur-
gie,
◦connaître les conséquences de la chirurgie sur les choix
et les habitudes alimentaires et sur les boissons,
◦comprendre les besoins et les équivalences en pro-
téines,
◦connaître le risque de carences nutritionnelles et
l’éventuelle nécessité de prendre des compléments
vitaminiques durablement [16,17],
◦être informé sur les signes et facteurs déclenchants du
dumping syndrome et les moyens de le prévenir ;
•éducatif : accompagnement pédagogique personnalisé
visant à développer chez le patient de nouvelles compé-
tences [6,7,10,16] :