Pour accéder à l’article de l’équipe de Luc Montagnier :
Barre−Sinoussi F, Chermann JC, Rey F, Nugeyre MT, Chamaret S, Gruest J,
Dauguet C, Axler−Blin C, Vezinet−Brun F, Rouzioux C, Rozenbaum W,
Montagnier L. Isolation of a T−lymphotropic retrovirus from a patient at risk for
acquired immune deficiency syndrome (AIDS). Science 1983 May 20 ; 220
(4599) : 868−71.
L’hypothèse des singes
Alors qu’en 1985 un deuxième virus est retrouvé dans l’espèce humaine, le
VIH 2, des macaques aux Etats−Unis développent une maladie ressemblant
au Sida. Des chercheurs découvrent rapidement que le mangabé est le
porteur sain du SIVsmm, qui est à l’origine de l'infection chez les macaques
et aussi à l’origine du HIV 2. Suite à des transmissions accidentelles du
SIVsmm par des mangabés enfumés originaires d'Afrique de l'Ouest captifs,
les macaques rhésus ont contracté le virus, devenu pathogène en changeant
d’hôte. Alors, la communauté scientifique avance l’hypothèse que le VIH 1
proviendrait aussi des singes. « En 1988, on a découvert le premier
chimpanzé positif au Gabon. C’était un animal domestiqué infecté dans la
nature » se souvient Martine Peeters. Ce nouveau virus, baptisé SIVcpz, est
très proche génétiquement du VIH−1. Et pendant des années, les
observations de séropositivité ont été faites sur des chimpanzés en captivité,
originaires du bassin du Congo, naturellement infectés et ne présentant pas
de symptômes ; seulement un nombre limite de chimpanzés ont été identifiés.
Pas d’indices sur l’existence du réservoir naturel du virus simien donc du VIH.
Martine Peeters et Eric Delaporte, chercheurs à l’Institut de Recherche pour
le Développement (IRD) se sont donc attachés à l’étude de la prévalence du
virus chez les chimpanzés sauvages. Pendant, quatre ans, par périodes de
deux ou trois semaines, ils se sont rendus dans dix sites de la forêt tropicale
profonde du sud du Cameroun, où plusieurs communautés de chimpanzés
sauvages, une espèce en voie de disparition, vivent. Là−bas, ils ont collecté
599 échantillons de fèces de différentes communautés de chimpanzés dans
lesquelles le virus SIVcpz était pressenti très répandu. Le lien entre les
excréments et le virus ? « Nous avons trouvé une méthode pour ne pas
déranger les singes » explique Martine Peeters. De fait, en laboratoire, les
chercheurs ont analysé l’ADN mitochondrial, pour confirmer l’espèce de
singe, contenant aussi les empreintes génétiques individuelles, et recherché
les anticorps anti SIVcpz et la présence d’acide nucléique viral. Le
séquençage de l’ARN viral présent dans les échantillons positifs, − 34 issus
de seize chimpanzés (7 mâles et 9 femelles) − a mis en évidence seize
souches de SIV cpz extrêmement proches des virus VIH 1. Les arbres
phylogénétiques établis à partir de ces nouvelles données ont permis de
définir le réservoir naturel du virus. Résultat publié le 25 mai 2006 dans
Science, le VIH 1 trouve son origine dans la transmission inter−espèce du
SIV cpz du chimpanzé Pan Troglodytes qui vit au sud du Cameroun. Plus
précisément, il s’agit du réservoir des souches M et N du VIH 1. Cependant,
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