110 | 27 mai 2010 | Le Point 1967
SPÉCIALPLACEMENTS
Quel type de bien acheter?
PAR LAURENCE ALLARD,
AVEC BRUNO MONIER-VINARD
I
l n’y a pas photo ! Pendant la dé-
cennie qui vient de s’écouler, la
pierre a été le placement le plus
rentable. Et de loin. Un épargnant
qui a acheté pour le louer un ap-
partement en 1999 a gagné en dix
ans 219 %, selon les calculs de l’Ins-
titut de l’épargne immobilière et
foncière. S’il lui avait préféré des
obligations, il n’aurait gagné que
50 % et s’il s’était tourné vers les
actions, il aurait perdu 3 % (voir
graphique). Des chiffres bruts qu’il
faut cependant nuancer. Car, plu-
tôt que de suivre les indices, notre
épargnant aurait pu choisir des
fonds actions qui se sont mieux
comportés, comme par exemple
ceux de Carmignac Gestion. Car-
mignac Patrimoine a par exemple
progressé sur la période de 124 %.
Il aurait pu également arbitrer,
vendre au plus haut (ou presque)
et racheter au plus bas. Reste que,
sans se fatiguer, notre amoureux
de la pierre a fait le bon choix !
Les Français en ont pris
conscience ! Ils n’ont jamais autant
acheté d’immobilier en tant que
placement, que ce soit des biens
en direct ou des parts de SCPI. Pour
preuve, les prix ne se sont pas
écroulés pendant la crise. Ils ont
chuté au plus bas en moyenne de
20 % avant de se ressaisir, si bien
que, par rapport à début 2008, la
baisse n’est plus en moyenne selon
la Fnaim que de 7 %. Dès le troi-
sième trimestre 2009, le marché a
amorcé une reprise, qui ne s’est
pas démentie depuis ; mieux, qui
n’a cessé de s’accélérer.
La pierre a ainsi confirmé son
qualificatif de valeur refuge. Ce
qui ne veut pas dire qu’il a été ces
deux dernières années le place-
ment le plus rémunérateur. En
supposant qu’un épargnant ait
acheté au plus bas il y a deux ans,
il aurait gagné s’il vendait
aujourd’hui autour de 16 % (moins
les frais d’acquisition). S’il a préféré
investir dans des obligations d’en-
treprises au printemps 2008 et qu’il
les vende aujourd’hui, il réaliserait
un gain de plus de 20 %. En revan-
che, il n’aurait toujours rien gagné
s’il a acheté en mai 2008 un tracker
sur le CAC 40.
Que nous réserve l’avenir ? Plu-
sieurs arguments militent toujours
en faveur d’un investissement dans
la pierre : la pénurie de logements,
la croissance démographique,
l’augmentation des besoins liés à
la multiplication des familles mo-
noparentales, le gain immédiat
que procurent les avantages fis-
caux (dispositif Scellier), la pro-
tection contre l’inflation si cette
dernière venait à repartir… Côté
négatif : un pouvoir d’achat qui
stagne, ce qui limite les perspecti-
ves de revalorisation des loyers,
une offre de biens pas toujours
adaptée à la demande en termes
de localisation et de prix, un pla-
cement lourdement imposé…
Mais, surtout, l’investissement
immobilier obéit à d’autres consi-
dérations que la performance.
C’est pratiquement le seul moyen
de se constituer un patrimoine
en partant de rien. Et ce grâce au
crédit. Pas besoin d’avoir de
l’argent ou de mobiliser un capi-
tal. Un simple effort d’épargne
mensuel suffit, et encore celui-ci
peut être réduit en allongeant la
durée du prêt. Prenons un exem-
ple : si vous achetez un 2-pièces à
Lyon 125 000 euros (voir tableau)
avec un crédit sur quinze ans et
que vous louez le bien, vous
n’aurez à débourser chaque mois
que 310 euros, sur vingt ans
167 euros. Et encore cet effort
d’épargne diminuera-t-il au fil du
temps du fait de la revalorisation
annuelle des loyers. Même s’il faut
y ajouter, pour être complet, la
taxe foncière et quelques charges
de copropriété.
Choisir son mode de place-
ment. Comparons avec un place-
ment financier. Notre investisseur
place chaque année un montant
équivalent à son effort d’épargne
sur un fonds en euros d’un contrat
d’assurance-vie, par exemple,
qui rapporterait en moyenne 3 %
sur les quinze prochaines années.
Au terme des quinze ans, il dispo-
sera de 70 306 euros. Pour obtenir
un capital équivalent au prix
d’achat de son appartement, il fau-
drait que son placement lui rap-
porte du 10 %… Difficile, sinon
impossible !
L’immobilier est aussi un pla-
cement qui permet dans la même
logique de réduire ses impôts sans
Immobilier.
Ancien ou neuf,
comptant ou
à crédit, en direct
ou via une SCPI…
Des conseils pour
ne pas se tromper.
Mieux
vaut tenir
que courir
Si vous avez trouvé
un logement neuf
ou un lot dans une
résidence services
neuve et si vous
avez l’intention d’in-
vestir dans le ca-
dre du Scellier, ne
tardez pas. La lutte
contre les déficits
publics peut amener
le gouvernement
ou le Parlement à
rogner l’avantage
l’an prochain. Une
des pistes étudiées
aujourd’hui consiste
à rogner chaque ni-
che de 10 %, ce qui
reviendrait à abais-
ser le montant
maximal de l’inves-
tissement pris en
compte de 300 000 à
270 000 euros. A bon
entendeur, salut !
Performances
comparées sur 10 ans
Base 100 au 31 décembre 1999
Source : IEIF.
200
250
150
100
50
Logement Paris
+ 219 %
Sicav obligataires
+ 50 %
Livret A + 30 %
Actions françaises
– 3 %
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 20091999