Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Licence Fondamentale – Semestre IV Année 2012 – 2013 MARKETING FONDAMENTAL Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 1 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia INTRODUCTION L’objectif principal de ce cours est d’acquérir les connaissances théoriques de base en Marketing Fondamental. Le marketing est le processus par lequel, à partir des besoins des consommateurs, une offre va être définie en termes de produit, de distribution et de prix, de manière à satisfaire ces besoins, puis par lequel on va faire connaître et apprécier cette offre à travers des actions publi promotionnelles. Dans un premier temps, nous étudierons comment est né le marketing, avant de définir ses concepts de base. Nous aborderons ensuite l’analyse du marché et la compréhension du comportement du consommateur pour aboutir à l’analyse des besoins par la segmentation et le positionnement. Cette étape est en effet capitale, dans la mesure où elle va constituer la clé de voûte du marketing opérationnel. Du positionnement défini vont découler les politiques de produit, de prix, de distribution et de communication. Bibliographie : Les ouvrages proposés sont très complets et abordent tous les aspects du marketing fondamental ; ils comportent en outre un certain nombre de fiches techniques très utiles dans la pratique. L’Essentiel du Marketing : fondements et pratiques, d’Eric Vernette d’Organisation, 1998. Marketing Management, de Philip Kotler, Bernard Dubois et Delphine manceau, 11è édition, Ed. Pearson éducation, 2003. Marketing, de Jean –Pierre Helfer et Jacques Orsoni, 6e édition, Ed. Vuibert, Paris, 2000. Marketing : stratégies et Pratiques, de P. Amerein, D. Barczyk, R. Evrard, F. Rochard, B. Sibaud et P. Weber, Ed Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 2 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Chapitre I : LE CONCEPT ET DOMAINE DU MARKETING 1. La nature du marketing Nous appréhenderons le marketing au travers de son évolution, ainsi que de ses définitions et dimensions. Nous déboucherons ainsi sur une définition de la démarche marketing introduisant l’ensemble des notions que nous étudierons par la suite. 1.1. Evolution Cette évolution s’est faite parallèlement à celle des cultures d’entreprise. En effet, on est passé, pour la majorité des grandes structures, d’une culture production à une culture vente, puis à une culture marketing. La culture production Processus Dans les entreprises nées au XIXe siècle, au cours de la Révolution industrielle, l’activité essentielle des dirigeants consiste à aménager les taches de production de manière à améliorer l’efficacité de la firme. Le problème n’est pas de vendre, mais de produire et d’acheminer la production vers les lieux de consommation. La fonction essentielle du marketing est alors d’organiser le plus efficacement possible cette distribution. Ce rôle milité du marketing en situation de rareté de l’offre persiste de nos jours dans les pays en voie de développement. Caractéristiques L’organisation interne correspondant à ce marketing « passif » présente les caractéristiques suivantes : le marketing n’est qu’une fonction secondaire sinon accessoire ; les fonctions de production, de finance, et de gestion de personnel sont considérées comme les activités principales et valorisantes pour ceux qui les pratiquent ; le service du marketing a pour taches principales de vendre ce que les services de production ont fabriqué, d’organiser les relations avec la clientèle et d’administrer les ventes ; la conception et la production des produits ne relèvent pas du marketing, mais des services de production ; la fixation des prix incombe au service financier. Une telle organisation existe encore parfois de nos jours, où la production règne sur la firme. La culture vente Processus Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 3 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia La grande crise des années 30 a provoqué un renversement de la conception de la gestion qu’avaient précédemment les entrepreneurs. Pour les entreprises, la crise se traduit par une chute des ventes, le client étant devenu rare. Il ne s’agit plus de produire mais de vendre. La saturation progressive des moyens institue une concurrence de plus en plus sévère entre les producteurs. Le client devient ainsi une «denrée » de plus en plus rare pour l’entreprise. Caractéristiques L’organisation interne de l’entreprise évolue : création d’un service des ventes autonome, dont l’importance est équivalente à celle du service de production ou du service financier. persistance d’une fonction commerciale éclatée entre différents départements. autonomie du service vente quant aux actions à mener sur le terrain, mais la politique de produit reste le fait du service production et la politique de prix celui du service financier. Nombre d’entreprises fonctionnement encore ainsi, car elles pensent que la vente et ses techniques de persuasion peuvent emporter sans difficulté l’adhésion du client à partir d’un produit satisfaisant mis au point par ses ingénieurs La culture marketing Processus Une nouvelle étape a vue le jour après la Seconde Guerre mondiale: le marketing va accéder au rang de fonction principale, voire intégratrice, dans la mesure où il influence et contrôle toutes les autres fonctions. L’accent est mis sur la nécessité de répondre aux attentes des consommateurs pour réussir. Il ne suffit pas de convaincre, il faut apporter de la valeur aux clients, qui non seulement sont de plus en plus « rares » pour une entreprise donnée, mais aussi de plus en plus exigeants. Le degré d’exigence accru s’explique d’une part par l’élévation générale des revenues disponibles, et d’autre part une information plus grande du public sur les produits disponibles. Caractéristiques L’organisation interne de l’entreprise s’en trouve profondément modifiée : la satisfaction du client est devenue la préoccupation essentielle, car condition de la survie de l’entreprise ; la fonction marketing est la principale ; les services du marketing influencent et contrôlent toutes les autres fonctions de l’entreprise : ils décident, en relation avec les services de recherche et développement, les services de production et les services financiers, des caractéristiques des produits qui seront offerts (caractéristiques physiques, prix, distribution et communication). la fonction marketing se voit chargée d’évaluer et de contrôler la viabilité économique des décisions en matière de produits. 1.2. Définition et dimensions marketing Quelques Définitions Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 4 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia De nombreux auteurs étudiant l’activité commerciale des entreprises se sont attachés à donner une définition à l’ensemble des méthodes développées par les entreprises. Celles-ci font de la satisfaction des attentes des clients la condition première et la garantie de leur réussite face à leurs concurrents. Nous ne présenterons que les principales définitions qui ont évolué avec le temps. Une des premières est le fait de l’Association Américaine de Marketing, dans les années 50 : « ensemble des activités qui sont impliquées dans l’acheminement des produits de la production à la consommation ». Dans les années 70, des chercheurs proposent des définitions plus riches comme : P. Kotler (un des théoriciens de base de la pensée marketing) : « le marketing est l’analyse, l’organisation, la planification et le contrôle des activités, des stratégies et des ressources d’une entreprise qui ont une influence directe sur le client en vue de satisfaire les désirs et les besoins des groupes de client sélectionnés de façon rentable. » (in Marketing Management, P. Kolter, B. Dubois, Publi Union). D. Lindon et J. Lendrevie proposent une définition proche, mais plus générale : « le marketing est l’ensemble des méthodes et des moyens dont dispose une organisation pour promouvoir dans les publics auxquels elle s’intéresse des comportements favorables à la réalisation des ses propres objectifs. » (in Mercator, Dalloz). Les plus récentes définitions mettent l’accent sur la vocation du marketing à gérer les relations de la firme avec ses différents partenaires économiques. J.-J. Lambin propose une définition que l’on peut présenter comme celle de la démarche marketing : « la démarche marketing est le processus social, orienté vers la satisfaction des besoins et désirs d’individus et d’organisations, par la création et l’échange volontaire et concurrentiel de produits et services générateurs d’utilités pour les acheteurs. »(in Le marketing stratégique, Edisciences) Cette définition prend en compte les aspects stratégique et opérationnel du marketing moderne, notions que nous développerons plus loin dans ce chapitre . Les dimensions du marketing La grande diversité des définitions tient en partie au fait que le terme de « marketing » recouvre plusieurs dimensions dont : une dimension scientifique : en tant que « science », la marketing mobilise, de par le monde, de très nombreux chercheurs rattachés à des groupes publics ou privés. Le marketing est reconnu comme discipline académique donnant lieu à un enseignement et à des publications, et possédant ses revues : Recherches et Applications Marketing, Journal of Marketing etc. ; une dimension managérial: le marketing management traite des efforts faits ou à faire pour gérer les échanges, et ce dans un intérêt personnel ou mutuel. Il préconise une démarche organisée qui va de l’analyse au plan d’action et nécessite une organisation ; une dimension philosophique : le fameux « état d’esprit », qui repose sur l’idée de P.Drucker que tous les efforts de l’entreprise doivent être orientés vers la création et la conservation d’un client. Ceci suppose une reconnaissance de la primauté qu’il faut accorder à la satisfaction du client Le marketing c’est à la fois : « un état d’esprit » qui consiste à se placer systématiquement du point de vue du consommateur de façon à répondre au mieux à ses besoins ; Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 5 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia 2. une démarche allant de l’analyse du marché et de son environnement à la planification, puis la mise en œuvre jusqu’au contrôle des décisions concernant le produit, son prix, sa distribution et sa communication ; et des techniques rigoureuses permettant à une entreprise de conquérir des marchés, des clientèles, voire de les créer, de les conserver, de les développer et d’atteindre ses objectifs ». La démarche marketing : marketing stratégique et marketing opérationnel La démarche marketing, définie précédemment repose en fait sur deux démarches complémentaires et interdépendantes. La première est du domaine de l’action, de la prise de décision concrète, c’est le marketing opérationnel, dont l’aboutissement est l’élaboration du mix. La seconde est du domaine de la réflexion, de l’analyse, du conceptuel, c’est le marketing stratégique, dont la mission est la mise au point et l’adoption de la stratégie commerciale de l’entreprise, base de son marketing opérationnel. 2.1. Les deux types de démarche Le marketing opérationnel (Marketing mix) C’est une démarche active basée sur le court et moyen terme. Elle est du domaine de la tactique. C’est l’aspect le plus visible du marketing, puisqu’il est constitué par l’ensemble des actions commerciales engagées par l’entreprise en matière de produit, prix, distribution et communication. L’ensemble de ces composants forme le mix, qui apparaît comme un facteur déterminant de la rentabilité à court et moyen terme de l’entreprise. Mais la réussite de l’action commerciale dépend de la qualité de la réflexion préalable, qui relève du marketing stratégique Le marketing stratégique C’est une démarche de réflexion permanente sur laquelle repose le marketing opérationnel. Son domaine d’action est le long terme. Son rôle est de découvrir des opportunités économiques mesurées par le concept de marché potentiel. Le marketing stratégique a pour mission d’orienter l’entreprise vers les opportunités attractives, vers des segments marketing et des couples produits-marchés qui correspondent bien à ses savoir-faire, ses capacités, et qui offrent des perspectives de rentabilité conformes aux objectifs généraux de l’entreprise. L’articulation marketing stratégique et marketing opérationnel : Partant du principe que le contenu du marketing stratégique et du marketing opérationnel ne diffère que sur les termes utilisés et non sur le fond, nous présenterons cette articulation sous forme de schéma qui s’efforce de présenter la nécessaire complémentarité entre deux dimensions du marketing. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 6 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia La démarche marketing Analyse des besoins (Micro et macro segmentation) Marketing stratégique Analyse de la compétitivité (Étude de la concurrence) Diagnostic interne) Analyse de l’attractivité (Étude de la demande) Analyse du portefeuille D’activité Choix d’une Stratégie de Développement Mix Marketing Opérationnel Composante Produit Composante Prix Composante Distribution Composante Communication Contrôle De la réalisation Source : J.-J. Lambin in Le marketing stratégique, Edisciences Le marketing stratégique L’analyse des besoins par la macro et la micro segmentation Au cours de cette première étape, l’entreprise s’efforce d’identifier le marché sur lequel elle va intervenir. Pour ce faire, elle va découper l’ensemble du marché référence en sousensemble homogènes en termes de besoins, d’attitude et de comportements d’achat. Cette macro-segementation a pour objectifs de mettre en évidence les activités ou segments sur lesquels l’entreprise peut intervenir avec des chances réelles de réussite commerciale. La micro-segmentation consiste à découper l’ensemble de la clientèle d’un segment stratégique en groupes homogènes, appelés « segments », qui feront l’objet d’analyse et Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 7 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia d’actions commerciales particulières. Les segments issus de la micro-segmentation apparaissent comme autant de « marchés cibles » pour l’entreprise. L’analyse de l’attractivité Cette deuxième étape consiste en une analyse de la demande, c’est-à-dire de l’ensemble des clients potentiels. Mesurer l’attractivité conduit à déterminer la demande prévisionnelle, en termes quantitatifs et qualitatifs, susceptibles de s’adresser aux segments stratégiques, afin de mettre en évidence ceux présentant une éventuelle opportunité pour l’entreprise. La micro-segmentation permet ensuite la détermination des marchés cibles. L’analyse de la compétitivité Après avoir évaluer l’attractivité, il convient d’analyser en deux temps la situation concurrentielle propre à chacun des produits –marchés. Tout d’abord, il s’agit d’évaluer les avantages concurrentiels des concurrents les plus directs de l’entreprise, par la mise en œuvre d’études de marchés documentaires et d’enquêtes. Ensuite, l’entreprise va identifier ses propres avantages concurrentiels au travers d’un diagnostic interne mettant en évidence ses forces et faiblesses. A l’issue de cette double analyse, l’entreprise est en mesure d’évaluer sa compétitivité et les avantages concurrentiels dont elle peut se prévaloir, compte tenu de la situation concurrentielle sur les segments stratégiques retenus. La prise en compte simultanée de la demande potentielle (analyse de l’attractivité) et des avantages concurrentiel de l’entreprise (analyse de la compétitivité) aboutit au choix des segments stratégiques (mis en évidence par la macro-segementation), puis de marchés cibles (repérés par la micro-segmentation) sur lesquels l’entreprise peut intervenir avec un minimum de risque. L’analyse de portefeuille d’activités Son objectif est de permettre à l’entreprise de répartir les ressources forcément limitées dont elle dispose entre les différents segments stratégiques qu’elle a décidé d’occuper. Les méthodes d’analyse de portefeuille reviennent à positionner les activités de l’entreprise les unes par rapport aux autres, mais aussi par rapport à celles de la concurrence et à décider des allocations de ressources en fonction des résultats obtenus. (Une de plus connues est la matrice du Boston Consulting Group (BCG). Le choix d’une stratégie de développement Il existe, en pratique, une infinité de stratégies possibles, et les auteurs ayant proposé une typologie sont nombreux. Parmi les plus célèbres, il convient de retenir les analyses de : M. Porter (1980), qui retient trois stratégies face à la concurrence : la domination par les coûts, le différenciation et la concentration; P.Drucker (1981), proposant des stratégies de croissance intensive, de diversifications et intégrative ; P. Kotler (1991), qui prend en compte la position concurrentielle de l’entreprise sur le marché en distinguant les stratégies du leader, du challenger, du spécialiste et du suiveur. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 8 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Le marketing opérationnel Directement élaboré à partir de la réflexion stratégique, le marketing opérationnel se traduit par un choix d’actions commerciales concrètes. Depuis les réflexions de McArthy (1964), il est d’usage de ranger les actions commerciales en quatre catégories représentant les variables du mix à savoir les « 4P » : Produits, Prix, Placement, Promotion Les composantes Produit Prix Distribution Commination 3. Les actions commerciales Recherche et mise au point de produits nouveaux. Modification de produits existants. Conception de conditionnement. Recherche de marques et de noms de produits. Design. Service après –vente … Mise au point de la stratégie de prix. Mise au point des tarifs. Mise au point des conditions de paiements … Choix des canaux de distribution. Logistique. Organisation et gestion de la force de vente. Mise en place d’un trade marketing. Merchandising … Publicité. Relations publiques. Promotion des ventes. Négociation. Marketing direct …. L’organisation de la fonction marketing Nous verrons tout d’abord la place du marketing dans l’entreprise, avant de nous intéresser aux modes d’organisation dans les départements commerciaux. 3.1. Le marketing dans l’entreprise La position du marketing dans la structure résulte de l’organisation générale de l’entreprise, influencée par un certain nombre de critères (taille, stratégie, technologie, nature de l’environnemental, etc.). Nous aborderons ici les principales formes d’organigramme observables. La forme Entrepreneuriale Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 9 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia C’est celle qui caractérisé généralement les PME, où le patron est en relation avec ses employés. Il assume seul toutes les taches fonctionnelles, dont celles relevant de l’activité commerciale. Il est secondé des collaborateurs de niveaux subalternes. La forme fonctionnelle Elle constitue souvent le prolongement de la première forme. Pareille organisation repose sur la spécialisation par fonctions dans l’organigramme. La direction commerciale se subdivise alors en services, correspondant aux différentes sous - fonctions. Ce mode d’organisation pose toujours un problème de coordination entre les services. On tente de remédier à ce défaut en disposant de mécanismes de coordination (comité pour les nouveaux produits, responsable de projet pour la conquête d’un nouveau marché). La forme Divisionnelle Lorsque la taille de l’entreprise grossit, on adopte généralement une structure divisionnelle qui permet, entre autres de mieux gérer chaque domaine d’activité stratégique (produit/marché) et de ne pas encombrer la direction générale par des questions quotidiennes ou mineures. 3.2. Les modes d’organisations dans les départements commerciaux Le département marketing peut être organisé de cinq façons différentes, la 5e étant une combinaison des premières. La structure par fonctions Lorsque les produits et les marchés de la division (ou de l’entreprise) sont relativement homogènes et donc que les problèmes posés par chacun sont, sinon voisins, tout au moins de même nature , la mise en place d’une structure par fonctions est particulièrement recommandée Avantages : o la coordination entre les services est bien définie, o les individus, spécialistes d’une tache, sont très compétents. Inconvénients : o la coordination entre les services est difficile, o les informations circulent mal, o une mauvaise connaissance du domaine attribué en cas d’hétérogénéité des produits/marchés. La structure par produits Lorsque les produits vendus sont très différents ou lorsque la politique générale de l’entreprise va dans le sens d’une forte autonomie accordée à chacun- voire une mise en concurrence-, un découpage bien adapté de la structure est celui pratiqué par produits : Avantages : o le chef de produit peut coordonner l’ensemble des taches organisées autour du produit, dans les domaines techniques, commercial, financier et administratif. o les réactions aux évolutions du marché sont rapides. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 10 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Inconvénients: o Risque de conflit entre les différents chefs de produit quant à la répartition des moyens financiers par la direction. o Risque de double emploi et de lourdeur du système (plusieurs services d’études, de publicité, etc.) La structure par marchés Les entreprises qui vendent des produits peu différents à des clients hétérogènes recourent à une telle structure. Ce découpage entre le marché X et le marché Y pourrait s’appliquer : o Particuliers/ entreprises, o Administration/ entreprises, o Industrie/commerce. Les avantages et inconvénients sont les mêmes que ceux de la structure par produits, mais dans le sens des marchés : autonomie de compétence d’un coté, lourdeur et coût élevé de l’autre. La structure par régions Il s’agit d’une structure équivalents aux deux premières avec les mêmes avantages et inconvénients. La structure matricielle Cette dernière structure essaye de combiner les avantages les principes fonctionnels et divisionnels sans subir leurs inconvénients respectifs. On parle de matrice, car deux structures sont en fait superposées et croisées. D’une part, des services fonctionnels occupent la grande majorité du personnel du département ; d’autre part, des cellules animées par des chefs de produits sont constituées autour de quelques personnes, assez peu nombreuses. Avantages : Les chefs de produits assurent une coordination, accompagnés d’une implication importante dans la réussite du produit dont ils sont responsables. Les responsables de département spécialisés sont compétents dans leur domaine et mettent toutes leurs capacités au service des chefs de produit. La souplesse de la structure : facilité d’introduction ou de retrait d’un produit. Inconvénients : Risque de conflit entre les deux autorités : Risque de lourdeur ; Dilution de l’autorité. 4. Les nouveaux domaines d’application du marketing Le marketing est né dans les entreprises à caractère commercial et dans le secteur de la grande consommation. Il s’est ensuite étendu à de nouveaux domaines et a donné naissance à de nouveaux concepts. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 11 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia 4.1. Les nouveaux domaines d’application Le marketing des services Dans ses principes, il n’est pas très différent de celui des firmes qui produisent des biens de grande consommation, car les notions de produits et services sont proches. En fait, les entreprises proposent une combinaison de produits et services. Dans certains cas, le produit est dominant (automobile), dans d’autres c’est le service (agence de voyages). Néanmoins, ce marketing présente quelques particularités propres : o Les services sont immatériels et périssables Un service n’est pas tangible, il ne peut donc pas être stocké, emballé, transporté. D’où l’importance accordée à la question du volume des services offerts. Une capacité de production inutilisée coûte (presque) aussi cher que la partie utilisée, et ne permet pas de résoudre le problème des pointes de demande Exemple : au départ d’un vol, les places vides ne rapportent rien mais coûte forcément quelque chose (essence, repas, service à bord, etc.). On ne peut pas les reporter au vol suivant. Ceci a donné lieu à une véritable spécialité : le « Yield Management ». Il s’agit de la gestion du rendement, c’est-à-dire la pratique d’une tarification ultra segmentée pour servir du mieux possible toutes les catégories de clients en fonction de leurs attentes et de leurs contraintes. o Les services ne sont pas uniformes Autant deux automobiles de la même marque, du même type, de la même année, se ressemblent, autant des services, mêmes assurés dans conditions strictement identiques, sont perçus différemment. En effet, le consommateur lui- même a une influence sur la qualité perçue du service. Exemple : un voyage en chemin de fer est ressenti comme agréable ou détestable par plusieurs personnes dans un même compartiment. Tout dépend de ce que chacun attend du service (confort, délai, service à bord, etc.) Le consommateur doit être impliqué à la production du service, d’abord pour lui-même, en raison de ses attentes, mais aussi pour les autres ; lorsque le service est partagé. o Le réseau est essentiel Dans une entreprise de services, le contact direct existe avec le client (banque, hôtellerie, agences de voyage). La qualité du service perçu par le client résulte d’un processus (que veut le client, fixation de normes, exploitation des normes, formations du réseau, etc.). Le maillon le plus faible de la chaîne détermine la qualité d’ensemble et en définitive, tout repose sur le réseau de contact avec le client. L’entreprise doit essayer de parfaire l’adéquation entre l’attente du consommateur et sa proposition de service, pour réussir à capter définitivement le client. Le marketing industriel Les entreprises fabriquant des biens industriels ont longtemps conservé une « optique production », sous prétexte de marché plus rationnel, non influencé par les opérations de marketing. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 12 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Elles sont à l’heure actuelle de plus nombreuses à pratiquer le marketing industriel. Ce marketing présente certaines particularités : o les études de marché s’adressent à une clientèle potentielle ; o la technicité des produits ; o l’adaptation à la demande indirecte (elle résulte de la demande de produits finis par le consommateur). o le processus complexe de décision d’achat. L’application, par ces entreprises, des principales techniques de marketing, constitue une évolution majeure du champ d’application de la discipline ces dernières années. Le marketing des organisations non commerciales ou « méta marketing » Pour tenter de modifier le comportement du public, le marketing est de plus en plus utilisé par des organisations non commerciales. Le marketing des administrations et services publics Par certains cotés, les services publics mettent en œuvre des politiques de marketing exactement au même titre que les entreprises privées. Les problèmes d’étude de marché et de connaissance des désirs des usages se posent. Les relations publiques, la publicité, le choix des produits interviennent dans une optique marketing. Mais, par d’autres aspects, les services publics présentes des particularités qui les éloignent de la sphère marchande de l’économie ; il en est ainsi de l’importance du pouvoir politique , de la gestion non orientée vers le profit, des difficultés rencontrés pour mesurer l’efficacité. Exemple : la prévention routière : le Ministère de Transport développe des campagnes publicitaires, comme toute entreprise, dans le but de modifier le comportement des usagers de la route. Le marketing social ou associatif Les associations les plus diverses ont compris qu’une démarche marketing pouvait être utile dans la poursuite de leurs objectifs. Elles procèdent à des études de marché pour savoir quelle est la partie de la population à laquelle elles doivent s’adresser en priorité ; elles mettent en œuvre des stratégies précises pour informer, convaincre obtenir une adhésion, un don, etc. Exemple : les associations caritatives utilisent bon nombre de technique de publicité pour réunir le maximum de dons ‘spot TV, mailing, etc. Le marketing politique Le marketing a fait son apparition dans le domaine de la politique. Les hommes politiques segmentent leur électorat, visent des cibles, pratiquent activement les relations publiques, disposent d’un réseau d’agents électoraux, s’entraînent aux débats télévisés, montrent leur image au plus grand nombre par voie d’affiche, inventent des slogans et modifient leur apparence, etc. Bien de différences subsistent toutefois avec le marketing des biens de consommation : la notion de clientèle est différente, le produit n’est pas le même. 4.2. Les nouveaux concepts du marketing Les approches techniques du marketing ont permis l’apparition de nouveaux concepts. Le marketing international Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 13 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Il s’intègre dans une stratégie de développement international et doit permettre une adaptation aux conditions économiques particulières de chacun des pays. En effet, les niveaux de développement, les cultures, les habitudes de vie, etc., ne sont pas les mêmes au Maroc, en France, au Japon, au Sénégal ou au Mexique. Ces différences influencent les choix marketing de l’entreprise, comme la détermination des zones à prospecter, celle des zones retenues, les modes de présence envisageables sur ces marchés étrangers, etc. Le marketing sociétal C’est un marketing plus conscient et plus responsable vis-à-vis de la société dans laquelle nous vivons dans le but d’assurer la satisfaction à long terme du consommateur. Un des concepts essentiels, à l’heure actuelle, est la prise en compte des effets de l’action marketing sur l’environnement : c’est le marketing vert : éco marketing (emballages, labels verts…). Le marketing direct C’est l’ensemble des techniques marketing (mailing, phoning…) qui permettent d’établir un contact personnalisé avec la cible déterminée. Le Trade marketing ou co-mercatique C’est le marketing de filière, ou de relation entre producteurs et distributeurs. Il se consacre à une meilleure adaptation des produits aux besoins du distributeur, à une maîtrise des coûts et à une amélioration de la rentabilité à tous les niveaux. Concrètement, il revêt diverses formes : échanges d’informations, adaptation du conditionnement, promotions, animations… Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 14 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Chapitre II : ANALYSE DU MARCHE Le marché est la clé voûte de la démarche marketing. Il est en effet l’expression des besoins des consommateurs et des actions des entreprises. Un responsable marketing doit connaître avec précision les caractéristiques des marchés sur lesquels intervient son entreprise. La recherche d’informations doit non seulement concerner le marché proprement dit, mais aussi son environnement. Nous verrons donc dans un premier temps le marché à travers ses définitions et ses composants ; puis nous nous intéresserons aux composants de son environnement. 1. Le marché Nous appréhendons le marché en trois points : le marché en termes de notions, l’analyse de la demande et l’analyse de l’offre. 1.1. Notions 1.1.1. Définitions Le marché est la rencontre des offres et des demandes d’un bien, d’un service ou de capitaux dans un secteur déterminé et un environnement donné. Il s’agit d’un éclairage économique que l’on peut compléter par une version plus marketing, qui définit le marché par l’ensemble des consommateurs susceptibles d’être intéressé par l’achat d’un produit. On est passés d’une notion impersonnel offre/demande à une notion plus personnalisée que l’on approfondira lors de l’analyse de la demande. 1.1.2. Les différents types de marché Le marché géographique On distingue 4 marchés : le marché local (celui du boulanger), le marché régional (celui d’une petite entreprise de bâtiment), le marché national (en concurrence avec des produits étrangers), le marché international. Le marché du produit Un besoin se traduit par une demande pour un produit déterminé, mais ce produit évolue aux cotés d’autres produits qui définissent des marchés à ne pas négliger dans une stratégie marketing. On distingue 4 marchés : Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 15 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia o Le marché principal : c’est l’ensemble des produits semblables au produit étudié et directement concurrents. Un marché est principal pour une entreprise dés lors qu’elle propose un produit. o Le marché environnant : c’est l’ensemble des produits de nature différente des produits étudiés, mais satisfaisant les mêmes besoins et les mêmes motivations dans les mêmes circonstances de consommation. On parle aussi de marché de substitution. o Le marché support : c’est l’ensemble des produits dont la présence est nécessaire à la consommation du produit étudié. On parle de « produits complémentaires ». Cette complémentarité peut avoir des effets positifs (effets d’entraînement) et parfois des effets négatifs (goulots d’étranglement). o le marché générique : c’est l’ensemble des produits satisfaisant le même besoin que celui satisfait par le produit étudié. Le marché de l’entreprise A un instant donné, on distingue différents groupes à l’intérieur du marché : Marché actuel de l’entreprise Marché de la concurrence Consommateurs éventuels Reste de la population Non –consommateurs Consommateurs actuels Prospects de l’entreprise Marché potentiel de l’entreprise Nous approfondirons, par un schéma et des définitions, cette structure lors de l’analyse de la demande. Les relations entre marchés L’entreprise doit s’intéresser aux marchés des biens substituts (marché environnant) et des biens complémentaires (marché support) pour en connaître l’état, l’évolution et les influences sur le marché de ses produits. Exemple : une entreprise fabriquant des filtres à café bénéficie de la hausse des ventes de cafetières, mais doit aussi anticiper le succès des machines à expresso. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 16 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia 1.2. Analyse de la demande 1.2.1. Typologie Demande du besoin potentiel Demande effective Demande effective Demande du marché Demande à l’entreprise NC absolus NC volontaires NC Involontaires Substituables NC relatifs Concurrence Demande de besoin potentiel : somme des ventes théoriques possibles sur l’ensemble des produits ou services destinés à satisfaire un besoin identique. Demande potentiel : quantité totale de produits vendables sur une marché pour une période, toutes marques confondues. Demande du marché : ventes totales (valeur ou volume) d’un produit particulier, toutes marques confondues, pendant une période donnée. Non- consommateurs absolus : individus qui, pour une raison physique, morale ou religieuse, ne peuvent définitivement pas consommer un produit (le porc pour les musulmans, l’automobile pour les non-voyants…). Non- consommateurs volontaires : personnes ne consommant pas un produit particulier pour des raisons culturelles ou sociales (la télévision pour certains intellectuels, le théâtre ou les spectacles de danse contemporaine pour les publics non avertis). Non- consommateurs involontaires : individus dans l’incapacité de consommer certains produits pour des raisons économiques, géographiques ou d’infrastructure commerciales (inexistence de réseau). Non –consommateurs relatifs : regroupement des deux dernières catégories : la nonconsommation est en effet temporaires, par définition. 1.2.2. Les principes indicateurs économiques Indicateurs macro-économiques o Revenu disponible : l’étude de son évolution permet de comprendre certaines modifications de la consommation des ménages. o Dépenses commercialisables : cet indicateur fournit une ventilation des dépenses des ménages par grands postes budgétaires. o Indice de disparité de consommation (IdC) : c’est un coefficient permettant de prendre en compte les disparités de consommation régionales ou locales. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 17 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia o Indice de richesse vive (IRV) : c’est un coefficient permettent de tenir compte des disparités régionales de revenu. Indicateurs micro- économiques o Taux de pénétration : demande actuelle / demande potentielle. o Taux d’équipement : nombre de produits en service/ demande potentielle. o Taux de renouvellement : volume des achats de remplacement/ volume des achats totaux. L’élasticité Il existe deux types d’élasticité : l’élasticité simple et l’élasticité croisée. o élasticité simple : L’élasticité de la demande est une notion utilisée pour savoir dans quelle mesure les ventes reflètent les fluctuations du prix. On a : eA = (∆QA/QA)/(∆PA/PA), avec ∆QA/QA = variation relative de la demande pour A ∆PA/PA = variation relative du prix pour A Exemple : on passe le prix d’un produit de 100 DH, à 90 DH., les ventes passent de 250 à 300 unités. eA = (+50/250)/(-10/100)= -2 Si e = 0, la demande est parfaitement inélastique c’est-à-dire que la demande est constante quelle que soit la variation du prix (pain, sel…). Si – 1<e <0, la demande est peu élastique : toute variation du prix n’entraîne qu’une variation faible de la demande (lessive). Si e <1, la demande est très élastique : une variation du prix de vente entraîne une variation plus que proportionnelle des ventes (loisirs). Si e > 0, la demande augmente avec une hausse des prix, il s’agit de : L’effet de Veblen : (effet de snobisme) : plus le prix d’un bien est élevé, plus certains consommateurs achètent ce bien afin de distinguer socialement. L’effet Giffen : cela correspond à la réduction de la demande de biens coûteux compensée par un accroissement de la demande de biens de première nécessité lorsque les prix de ces derniers augmentent (période de crise). o élasticité croisée : La demande d’un bien A peut subir les effets d’une baisse du prix d’un bien B : il s’agit de l’élasticité croisée et on dit que les deux produits sont réciproquement liés. On a eA = (∆QA/QA)/(∆PB/PB), avec Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 18 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia ∆QA/QA : variation relative de la demande pour A, ∆PB/PB : variation relative du prix pour B. Si l’élasticité croisée est positive, on est dans le cas de biens substituables : l’augmentation du prix d’un bien A a entraîné l’accroissement des ventes d’un bien B substituables. Si l’élasticité croisée est négative, elle permet de faire apparaître la relation de bien complémentaires. Si le prix de B baisse et si un bien A est complémentaire, alors la demande de A va s’accroître Si l’élasticité croisée est nulle, les biens sont indépendants. Exemple : Si un fabricant décide de baisser le prix de ses micro-ordinateurs, ceci aura pour effet de diminuer ses ventes de micro-ordinateurs portables (biens substituables), d’augmenter ses ventes d’imprimantes (bien complémentaire), mais cela n’affectera pas les ventes de chaîne -hifi (produit indépendant). 1.3. Analyse de l’offre L’offre est assurée par l’ensemble des producteurs, qui fabriquent le produit, et des distributeurs, qui le mettent à la disposition du consommateur. 1.3.1. La production Définition et niveaux de concurrence Au sens large, la production se compose de l’ensemble des entreprises intervenant sur marché. Il existe donc différents niveaux de concurrence. On distingue 4 niveaux de concurrence : o Produits appartenant au même poste budgétaire du consommateur : cinéma et théâtre appartiennent au poste « loisirs ». o Produits satisfaisants le même besoin générique ou dérivé : train et avion satisfont le même besoin de transport collectif. o Produits semblables, quelles que soient leurs caractéristiques : toutes marques d’automobile. o Produits ayant le même positionnement : caractéristiques, même prix, mêmes cibles. Structure Une approche économique permet de distinguer les situations suivantes : Un seul offreur Quelques offreurs Nombreux offreurs structure Monopole Oligopole Concurrence exemples OCP Electroménager Habillement La grande majorité des marchés sont soit en situation de concurrence, soit en situation d’oligopole. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 19 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Indicateurs de performances Une entreprise apprécie sa performance sur un marché en calculant sa part de marché. La part de marché se calcule : o En volume : ventes en volume de la marque / ventes en volume toutes marques. o En valeur : ventes en valeur de la marque / ventes en valeur toutes marques Le premier calcul répond à une optique économique par la mesure du rapport de force industriel, principalement dans les secteurs à forte intensité capitalistique. Le second calcul répond à une optique marketing par l’intégration des stratégies de positionnement -prix de chaque entreprise. Pour apprécier sa situation concurrentielle, l’entreprise calcule sa part de marché relative : PDM relative = PDM de l’entreprise /PDM du principal concurrent. 1.3.2. 1.3.2. La distribution Définitions Il s’agit du sous-ensemble de l’offre chargé de l’acheminement du produit du producteur vers le consommateur. Indicateurs de performances On mesure généralement la performance des différents intermédiaires d’une façon globale, canal par canal, en étudiant : Leur poids dans l’écoulement de la production (état et évolution) : chiffre d’affaires, parts de marché, capacités de stockage, etc., La couverture du territoire et représentativité : disponibilité numérique (DN) et disponibilité valeur (DV). - DN : degré d’implantation d’un produit ou d’une marque représenté par le % de points de vente qui référencent ce produit ou cette marque. - DV : part du CA de la classe d’un produit réalisé par les points de vente détenteurs des différents produits. Elle représente la potentialité des ventes des magasins qui référencent le produit. agressivité commerciale : budget communication, nombre d’ouvertures de points de vente,… 2. Les composants de l’environnement Le marché, c’est l’ensemble des offreurs et demandeurs évoluant dans un environnement qui va influencer considérablement leurs actions et comportements. L’environnement proche et global apparaît comme une donnée fondamentale de la réflexion marketing. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 20 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia 2.1. L’environnement proche L’environnement proche, ou micro- environnement, regroupe tous les agents économiques qui sont en relation directe avec l’entreprise et son marché. Ce sont les fournisseurs, le monde financier, les médias, les organisations professionnelles et les associations de défense des consommateurs. Les fournisseurs L’entreprise a besoin de ressources (matières premières, énergie, machines, fournitures diverses) pour pouvoir produire, ou de produits finis à distribuer. Ses fournisseurs sont les entreprises auprès desquelles elle s’approvisionne. Le Monde financier: L’entreprise est en contact avec les banques et les marchés financiers, car elle recouvre des créances et parce qu’elle est obligée d’avoir à des ressources financières pour répondre à ses besoins en trésorerie et en investissements. Les média Ce sont tous les organismes qui transmettent des informations et qui vont ainsi influencer l’opinion publique. Les cinq médias sont la presse, la télévision, la radio, l’Affichage et le cinéma. La présente d’une entreprise sur un média résulte soit d’une démarche volontaire, dans le cadre d’une campagne publicitaire par exemple, soit du besoin du média d’informer sa clientèle. Dans le premier cas, l’entreprise maîtrise l’image qui est transmise, dans le second c’est le média qui en est responsable. On parle dans le premier cas de commination proactive et de communication réactive dans le second. Les organisations professionnelles Elles sont une source d’informations particulièrement utile pour l’entreprise : Chambre commerce et d’industrie, Associations professionnelles Institutions consulaires, Départements ministériels, … Les associations de défenses des consommateurs : le consumérisme Elles font partie de l’environnement proche de l’entreprise et elles interviennent dans le cadre du consumérisme. « Le consumérisme est l’ensemble des moyens mis à disposition du consommateur pour acheter dans les meilleures conditions. » Il concerne tous les domaines liés à la consommation : l’information, la qualité des produits et leur fiabilité, les problèmes liés aux pris et aux pratiques commerciales, le service après-vente et les garanties accordées, la santé et la sécurité, la qualité de la vie, la lutte contre la concentration du marché et la représentation des consommateurs dans les institutions de concertation. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 21 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Le premier mode de défense des consommateurs apparaît avec les coopératives de consommation au milieu du XIXe siècle en Europe. Mais ce n’est qu’à partir de 1960 qu’apparaît un pouvoir consommateur, d’abord en Amérique du Nord, puis en Europe. Les raisons du développement de ce mouvement sont multiples. Elles sont les conséquences d’une triple évolution o une évolution de l’offre : - production de masse et transformation des appareils de production et de distribution ; - multiplication de produits nouveaux ; - complexité croissance des produits ; - méthodes agressives de vente, de publicité ; - pratiques commerciales des entreprises douteuses. o une évolution de la demande : - élévation du niveau général d’instruction ; - accroissement des revenus. o une évolution de l’environnement : - développement des moyens d’information de masse ; - peu de règles de protection du consommateur ; - exploitation intensive de l’environnement naturel. La défense du consommateur s’articule autour de trois grandes catégories d’associations : - les organismes privés - les organismes publics - les organismes européens et internationaux Les actions possibles sont très nombreuses et poursuivent trois objectifs communs : - éviter les abus de puissance économique des entreprises ; - défendre les intérêts des consommateurs ; - obtenir un meilleur ajustement de l’offre des entreprises aux besoins des populations. Aujourd’hui, les entreprises prennent conscience de l’importance du courant consumériste et réagissent de deux façons : l’hostilité et l’intégration. L’hostilité : l’entreprise s’oppose par des moyens économiques et juridiques à toute manifestation qui lui semble contraire à la liberté d’entreprise. L’intégration : les entreprises qui ont une démarche marketing acceptent cette nouvelle donnée et l’intègrent dans leur stratégie comme un élément de recherche de satisfaction supplémentaire du consommateur. 2.2. L’environnement global L’environnement global, ou macro- environnement, regroupe de nombreux facteurs sur lesquels l’entreprise n’a que peu d’influence, mais dont les effets sur son activité peuvent être considérables. On peut décomposer les forces du macro- environnement en 6 principaux éléments : la démographie, l’économie, les ressources naturelles, la technologie, le dispositif politico-légal et le contexte socioculturel. L’environnement démographique Le premier élément constitutif de l’environnement d’une entreprise est la population, qui est le réservoir de ses marchés. Un responsable marketing s’intéresse de prés aux différentes Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 22 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia caractéristiques de la population : taille, distribution géographique, densité, mobilité, répartition par age, taux de natalité et de décès, composition socioculturelle et affiliation religieuses, afin de proposer des produits susceptibles de l’intéresser. L’environnement économique Un marché ne se définit pas uniquement par sa population, mais également par son pouvoir d’achat celui-ci est fonction de quatre facteurs : le revenu, les prix, l’épargne et le crédit. Les responsables marketing doit être sensible à la modification des structures de dépenses afin de coller aux besoins et désirer de la population : L’environnement naturel Ces dernières décennies, on a commencé à s’inquiéter de l’impact de l’activité industrielle sur le cadre naturel. Certaines catastrophes (Tchernobyl) ont sensibilisé l’opinion et favorisé le développement du mouvement écologique Au delà de ce mouvement, un responsable marketing doit se soucier de l’impact ( positif ou négatif) des tendances d’évolution de l’environnement naturel notamment : o la pénurie des matières premières et le coût de l’énergie o l’accroissement de la pollution o L’intervention croissante de l’état dans la gestion des ressources naturelles L’environnement technologique Depuis la révolution industrielle, la consommation est régulièrement bouleversée par des inventions qui modifient profondément la façon de vivre. De nouveaux produits apparaissent sans cesse ; ils sont le résultat d’innovations réelles ou superficielles qui rendent les anciens produits obsolètes. La durée de vie des produits est donc de plus en plus courte. Un responsable marketing doit prendre en considération le progrès technologique en essayant d’y déceler les innovations de demain. L’environnement politico-légal L’environnement politico-légal affecte de plus en plus les décisions commerciales. Le système politique et son arsenal législatif, réglementaire et administratif définissent le cadre dans lequel les entreprises et les individus mettent en œuvre leurs activités. Cet arsenal peut être plus ou moins libéral ou dirigiste et dépend directement du gouvernement. Contexte socioculturel Le système de valeurs (traditions, religion, culture) est différent selon le groupe auquel on appartient. Ce sont ces ressources et ces différences que doit exploiter le responsable marketing pour coller à la réalité du marché. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 23 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Chapitre III : LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR L’étude du comportement du consommateur a été menée au sein de diverses disciplines : psychologie, sociologie, économie… En marketing, la connaissance du comportement du consommateur ne constitue pas une fin en soi, mais simplement un outil, un moyen pour adapter les décisions commerciales aux consommateurs. Les spécialistes en marketing ont vocation, par définition même, à orienter l’activité économique des entreprises vers la satisfaction des besoins des consommateurs. Ils doivent donc accorder tout naturellement une place centrale dans leurs préoccupations à la compréhension des comportements de ces consommateurs. La connaissance du comportement du consommateur parait devoir passer par la réponse à trois questions-clefs (qui ? par quoi ? comment ?) : 1. Qui est le sujet auquel on doit s’intéresser (l’achateur, le consommateur, le payeur, le proscripteur… ?) 2. Comment le sujet prend-il sa décision ? 3. Par quoi le sujet est-il influencé ou déterminé dans les choix commerciaux qu’il effectue ? Plus un achat est complexe, plus la notion de « consommateur » parait réducteur et inapproprié. Dans un nombre considérable d’achats, peuvent intervenir plusieurs personnes : une qui influence, une qui décide , une qui achète, une qui paye, une qui consomme… Les analystes ne distinguent pas moins de 10 rôles possibles dans la prise de décision d’achat (l’inspirateur, l’initiateur, l’informateur, l’incitateur, le consultant, le décideur, l’acheteur, le préparateur, l’utilisateur, le gestionnaire) . La décision d’achat au sein des ménages (qui décide de quoi ?), objet de nombreuses études, fournit des exemples de décisions d’achat syncrétiques - que les membres d’une même famille prennent ensemble – (choix d’appartements ou de vacances), de décisions à prépondérance féminine (repas, nettoyage) ou de décisions à prépondérance masculine (réparations, entretien de voitures). Plutôt que de consommateur, on doit donc parler d’unité de décision, et examiner les rôles et fonctions des différents acteurs qui participent au processus d’achat. Dans la plupart des cas, le foyer (conjoint et enfants) apparaît comme l’unité décisionnelle pertinente. 1. Le processus de décision Il importe d’appréhender les processus de décision qui conduisent à l’achat en répondant à la question : comment se prend la décisions ? Puis d’étudier les facteurs qui influencent les comportements et notamment les achats- par quoi le sujet est-il influencé ? Le processus d’achat comporte un certain nombre d’étapes, comme l’illustre le schéma suivant. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 24 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Les différentes étapes du processus d’achat Prise de conscience du besoin Recherche d’information Evaluation des solutions Décisions d’achat Sentiment post-achat Il est à noter que ce processus n’est pas toujours emprunté par le consommateur. En effet, plusieurs types d’achat sautent une ou plusieurs étapes. On peut citer l’achat impulsif et les achats routiniers ou imposés. La prise de conscience du besoin Le besoin est éveillé, ou réveillé, lorsque le sujet est miss sous tension, en raison, d’un décalage entre ses propres souhaits et la situation qu’il subit. Généralement, la mise sous tension intervient lorsque : la nécessité de renouveler un stock se fait sentir ; des modifications sont intervenues dans l’environnement ; un facteur individuel a évolué ; la qualité du produit diminue ; un autre produit apparaît. La recherche d’informations Elle est plus ou moins active, plus ou moins approfondie. Dans un premier temps, le consommateur puise dans son expérience et dans ses propres connaissances ; il recherche ensuite des informations externes (média, pouvoirs publics…) L’ampleur de cette recherche est fonction de : La nature du produit Exemple : l’information est moins précieuse pour l’achat d’une paire de chaussure que d’un ordinateur. la personnalité du consommateur : Exemple : certains se décident après s’être parfaitement informé, d’autres consacrent moins de temps à cette étape. Le coût de l’information et les avantages procurés : il faut que les dépenses (temps, ragent) nécessaires à l’obtention de l’information soit justifiées. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 25 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia le risque encouru en cas d’erreur. Exemple : le risque financier d’un mauvais achat de poste de télévision est très différent du risque psychologique que comporte l’achat d’un maillot de bain. L’évaluation des solutions Le consommateur se représente les produits à partir d’un assez grand nombre de caractéristique ou d’attributs tels que : le prix, l’esthétique, la qualité, la solidité… Seules certaines d’entre elles arrivent à l’esprit du consommateur au moment de l’achat : ce sont les critères de choix ou attributs déterminants. Un attribut devient déterminant lorsqu’il est à la fois important et qu’il permet de distinguer les marques entre elles. C’est sur ces critères de choix que les marques vont être évaluées et comparées. La décision d’achat Lors du choix en magasin, le consommateur n’évalue pas toutes les marques en présence. Il a effectué une présélection avant de se rendre au magasin. Les marques sont passées au crible sur l’ensemble des critères de choix du consommateur en employant l’une des règles d’évaluation que nous venons de voir. A l’issue de cette présélection, un petit nombre de marques restent en course, elles constituent l’ensemble évoqué du consommateur (ensemble des marques connues et prises en considération par le consommateur au moment de l’achat). La marque qui sera achetée sera extraite de l’ensemble évoqué après comparaison sur l’ensemble des critères. Au cours du processus de sélection, le consommateur peut combiner différentes règles d’évaluation. Le sentiment post-achat C’est la dernière étape ; de celle-ci vont découler les achats ultérieurs. Pour les produits d’achat courant, si les sentiments après l’achat entrent à peu prés dans le cadre attendu, l’automatisation de la procédure est renforcée et elle ne sera remise en cause que si un élément nouveau survient. Pour les produits d’achat réfléchi, surtout pour les produits d’achat spécialisé, la tension, au lendemain de l’achat, est forte, car le consommateur craint d’avoir commis une erreur. 2. Les facteurs explicatifs de l’achat Trouver les caractéristiques qui expliquent le comportement d’une personne, c’est également permettre de distinguer cette personne de son voisin aux comportements et caractéristiques différents. Deux grands groupes de facteurs peuvent être distingués. Le premier a trait à l’environnement, c’est-à-dire à tous les éléments sociaux qui ont une influence sur l’acheteur. Le second concerne les facteurs individuels qui font qu’un acheteur ne ressemble pas en tous points à un autre. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 26 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia 3. Les facteurs d’environnement Ils sont nombreux et concernent l’individu plus ou moins directement. La famille est plus proche d’une personne, donc plus influente que la culture. On peut les illustrer avec le schéma de Veblen. Schéma de Veblen Culture Sous cultures Classes sociales Groupes de référence Famille Situation d’achat Individu La culture Elle caractérise un groupe de personnes qui agit en fonction de croyances, habitudes, normes, modes d’organisation et autres règles édictées par une société. Les valeurs culturelles dont hérite chacun constituent de puissants facteurs explicatifs de l’achat ou du non achat : individualisme, matérialisme, convictions morales, sont autant de traits culturels qui orientent la consommation. Les cultures sont différentes d’un pays à l’autre et les responsables marketing doivent faire particulièrement attention à celles-ci, car elles peuvent avoir de profondes incidences sur la vente de leurs produits et la mise en œuvre de leurs plans marketing à l’étranger. Les sous cultures Il existe, au sein de chaque société, un certain nombre de groupes culturels ou sous culturels, qui permettent à leurs membres de s’identifier de façon plus précise à un modèle de comportement donné. Les classes sociales Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 27 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Ce sont des groupes d’individus ou de famille qui ont des comportements et des opinions sociales semblables. Ces classes reposent sur une certaine hiérarchie, dans laquelle le consommateur aspire à atteindre une classe de niveau supérieur. Les groupes sociaux Un groupe social est un ensemble de personnes qui ont en commun des affinités, des relations interpersonnelles et des comportements. On distingue les groupes primaires (relations de travail, voisin, ami), les groupes secondaires (clubs de loisirs, association, parti politique) et les groupes de référence (groupes auxquels on souhaiterait ou détesterait appartenir). La famille Elle constitue le groupe d’influence le plus immédiat et le plus durable pour chaque individu, au point que, pour de nombreux achats, c’est la famille qui doit être considérée comme unité consommatrice. La famille occupe une place de plus en plus importance dans les études sur le comportement. Les situations En marketing, la situation est définie comme en ensemble de facteurs liés à un moment et à un endroit donnés, qui exercent une influence manifeste sur le comportement On distingue généralement deux grands cas : o Les situations d’usage ou de consommation. Elles correspondent aux conditions dans lesquelles un consommateur envisage d’utiliser un produit. La sensibilité aux prix, la fidélité aux marques, le temps consacré à examiner le produit au moment du choix ou les attributs du produit seront très différents d’une situation à l’autre. o les situations d’achat. Il s’agit des caractéristiques de l’environnement du consommateur au moment de l’acquisition du produit. l’individu Les critères sociodémographiques sont directement liés à l’individu. Le responsable marketing établira un inventaire des principaux critères sociodémographiques (age, sexe…) utiles pour expliquer un comportement. 4. Les facteurs individuels Sept types de facteurs interviennent : les besoins les motivations et les freins L’implication l’expérience la personnalité l’image de soi les attitudes Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 28 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Les besoins Un besoin est une sensation de manque éprouvée par un individu et qui le pousse à agir. Maslow distingue cinq types de besoins qu’il considère comme hiérarchisés, c’est à dire qu’un individu ne s’intéresse à un besoin que lorsque les besoins d’ordre inférieur sont satisfaits. Maslow évoque une pyramide pour illustrer cette hiérarchisé des besoins. La pyramide de Maslow Sens chronologiques de satisfaction des besoins Besoin de S’accompli r Besoin d’estime Besoin d’appartenance Besoin de sécurité Besoins physiques On remarquera qu’un même produit peut satisfaire simultanément plusieurs types de besoins. L’achat d’une voiture de la marque X peut répondre au besoin physiologique de se déplacer, au besoin de sécurité (produit de qualité), au besoin d’appartenance (standing), au besoin d’estime (fierté de posséder une voiture de marque) au besoin de s’accomplir (se faire un plaisir personnel). En définitive, se sont les besoins non satisfaits qui sont source de motivations et qui poussent l’individu à agir. Les motivations et les freins Les motivations sont des pulsions positives incitant à l’achat, les freins sont des pulsions négatives qui empêchent l’achat. La communication publicitaire est utilisée comme levier de la vente, et cherche à lever les freins par rapport au produit ou à la marque. o Les motivations : Elles puisent leur énergie dans le réservoir des besoins. H Joannis distingue les motivations rationnelles et les motivations psychologiques les motivations rationnelles agissent sur l’acheteur qui cherche avant tout à Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 29 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia satisfaire un besoin objectif qui lui est facile de préciser : manger, se déplacer, se loger, etc. Les motivations psychologiques ont pour origine des besoins plus difficilement exprimables pour celui qui les ressent. Toujours d’après Joannis, on peut les classer en trois catégories : - les motivations hédonistes : (du grec « plaisir ») elles sont basées sur la recherche de plaisir. Exemple : s’offrir une pâtisserie. - les motivations oblatives : (du latin « qui s’offre ») elles reposent sur le plaisir d’autrui. exemple : offrir un cadeau. - les motivations d’auto- expression : elles sont centrées autour du besoin d’exprimer sa personnalité réelle, de s’affirmer. exemple : achat d’une voiture. o Les freins : Les freins sont essentiellement liés à la notion de peur, d’inhibition ou de risque. On distingue : - Les peurs correspondent à des difficultés appréhendées par le consommateur au niveau de l’achat ou de l’utilisateur du produit. Elles peuvent avoir un caractère rationnel (exemple : peur de grossir) ou un caractère imaginaire (peur d’utiliser un produit nouveau). - Les inhibitions sont des pulsions négatives qui résultent de sentiments dévalorisants, considérés comme frivoles ou honteux. Ce sont des motivations que le consommateur rejette comme peu ou pas conformes à ses idées ou à celles de son entourage. Exemple : l’image négative de la cuisinière qui achète des plats cuisinés. - Les risques : toute décision d’achat comporte une dose d’incertitude et implique de la part du consommateur un effort plus ou moins grand pour accepter le risque de se tromper (risque financier, risque corporel, risque de décevoir, d’être déçu…). Pour réduire le risque, le consommateur recherche des informations supplémentaires, achètent le produit en petite quantité ou choisit un produit de prix moins élevé. L’implication On définit l’implication comme un état psychologique de l’individu. Elle exprime l’intensité de la force engagée par l’individu dans sa relation avec un objet commercial : le produit, la marque, le service, la situation d’achat, la publicité, le magasin, etc. Selon qu’elle est forte ou faible, l’implication renforce ou atténue la motivation et les freins. L’implication traduit en effet l’intérêt pour le produit, sa valeur, le plaisir éprouvé lors de son achat et de sa consommation, ainsi que le risque perçu dans l’achat. Le bon sens suggère que les consommateurs s’impliquent plus dans l’achat de certains produits (parfums, robes) que d’autres (piles, pâtes alimentaires). L’expérience On parle aussi d’apprentissage. Lorsqu’il agit, un individu se trouve soumis aux effets directs et indirects de ses actes, qui influencent son comportement ultérieur. On appelle apprentissage les modifications intervenues dans le comportement d’une personne à la suite de ses expériences passées. On parle de modèle stimulus/réponse. Exemple : si un consommateur est déçu après avoir acheté une imprimante de marque X , il préférera une autre marque quand il achètera un scanner. La personnalité Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 30 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia La personnalité s’appréhende comme la synthèse des caractéristiques psychologiques, propres à chaque individu, de ses croyances ; habitudes et ses comportements. Cette synthèse explique qu’un individu apporte des réponses relativement stables aux stimuli auxquels il est soumis L’image de soi C’est la manière dont un individu se perçoit lui-même, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique. Un individu entretien trois concept de lui-même : l’image réelle ( c’est-àdire la façon dont il se voit), l’image idéale ( ce quoi il aimerait ressembler) et l’image d’autrui, c'est-à-dire la façon dont, à son avis, les autres le perçoivent. L’image de soi et sa formation dépendent de tous les autres facteurs déjà mentionnés : culture, groupe d’influence, motivations… Les attitudes C’est sont des prédispositions acquises pas l’individu et qui l’amènent à réagir de telle ou telle façon à l’égard d’un objet ou d’un groupe d’objets. Exemple : aimer la Peugeot 306 et détester la Renault Megane, ou l’inverse, sont les exemples d’attitudes. Les attitudes sont préexistantes à l’acte d’achat et reflètent lès préférences d’un individu pour chaque marque. Elles trouvent leur origine dans les facteurs personnels et dans les facteurs d’environnement. Une attitude se décompose en 3 types d’éléments : Croyances Aspects cognitifs Qu’est ce que la personne sait du produit ? Sentiments Aspects affectifs Qu’est ce que la personne pense du produit ? Prédispositions Aspects conatifs Qu’est ce que la personne est prêt à faire pour se procurer ou éviter le produit ? Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 31 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Chapitre IV : L’ANALYSE DES BESOINS PAR LA SEGMENTATION ET LE POSITIONNEMENT L’entreprise doit, en priorité, identifier le marché sur lequel elle veut concourir et, définir une stratégie de présence. Ce choix du « marché de référence » implique au préalable le découpage du marché total en sous-ensembles, homogène en termes de besoins et de motivations d’achat, qui sont susceptibles de constituer des marchés potentiels distincts. Une entreprise peut choisir de s’adresser à la totalité du marché, ou de se concentrer sur un ou plusieurs segments faisant partie du marché de référence. Ce découpage s’opère généralement en deux étapes : une étape dite de macro- segmentation, qui identifie des produits –marchés, et une étape de micro- segmentation qui conduit à identifier des segments à l’intérieur de chacun des produits- marchés retenus. C’est sur la base de ce découpage du marché total que l’entreprise pourra ensuite évaluer l’attractivité des différents produits- marchés et segments, mesurer sa propre compétitive et définir une stratégie de couverture du marché de référence. 1. La segmentation Une entreprise qui décide d’intervenir sur un marché admet généralement ne pas pouvoir s’adresser à tous les acheteurs. Ceux –ci sont trop nombreux, dispersés et hétérogènes dans leurs attentes et leurs modes d’achat. Aussi, a-t-elle souvent intérêt, plutôt que de commercialiser ses produits tout azimut, à rechercher un sous- marché qui semble attractif et compatible avec ses objectifs et ressources. L’entreprise reconnaît alors différents segments et y développe un marketing ciblé à l’aide des produits spécifiquement adaptés. Définition Segmenter un marché, c’est identifier des sous-ensembles distincts et homogènes de clientèle pouvant être choisir comme cible à atteindre à l’aide d’un marketing -mix spécifique. Des groupes sont homogènes si : les différences entre les éléments de chaque groupe sont très faibles ; les différences entre les groupes sont aussi grandes que possible ; La segmentation définit des sous-groupes d’individus homogènes, et la réponse de l’entreprise à la diversité de besoins se fait par une diversité de l’offre et par une différenciation des produits. Intérêt de la segmentation Les intérêts sont au nombre de 4 : déterminer et adapter les variables du mix (4P selon Mc Arthy: Produit, Prix, Placement et Promotion), rechercher les niches, reconnaître la clientèle et aider à la vente. Démarche générale de la segmentation Cette démarche générale comporte quatre principales étapes : le choix d’un ou plusieurs critères, le choix d’une méthode de segmentation, l’analyse et le choix du ou des segments Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 32 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia auxquels va s’intéresser l’entreprise, et la définition de la politique de marketing propre à chaque segment retenu. 1. le choix des critères de segmentation : Il s’agit de choisir les critères les plus utiles à l’entreprise en vérifiant leur qualité. Les critères sont les variables d’explicatifs des différences de comportement observées entre les segments. En théorie, il existe un nombre infini de critères, mais certains sont plus utilisés que d’autres. On peut les regrouper en deux catégories : celles qui décrivent des caractéristiques des consommateurs, souvent indépendants du produit concerné (segmentation géographique, socio démographique et psycho-graphique) et celles qui exprimant les réponses des consommateurs (segmentation comportementale) : o Les critères de segmentation des marchés de consommation : - La segmentation géographique Elle consiste à découper le marché en différentes unités territoriales (pays, départements, villes). L’entreprise fait généralement l’hypothèse que le potentiel ainsi que les coûts d’exploitation commerciale varient d’une unité à l’autre. Elle détermine en conséquence les unités où elle souhaite s’implanter. - La segmentation socio- démographique Elle consiste à découper en différents groupes identifiés sur la base de critères tels que l’age, le sexe, le revenu, le cycle de vie familial, l’appartenance religieuse, la nationalité, la catégorie socioprofessionnelle… - La segmentation psycho-graphique Elle se rapporte en général à l’individu et à son style de vie et sa personnalité. Des individus appartenant à la même classe socio- démographique peuvent en effet présenter des différences sur ces traits. o Les critères de segmentation comportementale : La segmentation fondée sur les comportements consiste à découper le marché des consommateurs en groupes homogènes du point de vue de leur connaissances, attitudes et expérience à l’égard du produit ou de ses attributs. Cette segmentation utilise un certain nombre de critères comme la situation d’achat, le statut d’utilisateur, le niveau d’utilisation, le statut de fidélité et les avantages recherchés dans le produit. 2. Le choix d’une méthode de découpage : Il existe deux grandes méthodes de découpage d’une population, dont le choix dépend essentiellement du nombre de critères de segmentation retenus : si l’on n’a retenu qu’un petit nombre de critère (deux ou trois au maximum), on a généralement recours à la méthode de segmentation proprement dite ; si l’on en a retenu un plus grand nombre, il faut faire appel aux méthodes de typologie. o La segmentation proprement dite : La méthode de segmentation proprement dite est une méthode descendante qui consiste à diviser la population à laquelle on s’intéresse en autant de groupes qu’il y a « d’états » pour le critère retenu ou pour le combinaison de critères retenus. Cette première méthode de découpage, de loin la plus simple, conduit donc à la constitution de segments parfaitement homogènes et définis de manière précise. On dit que les segments ainsi constitués ont des « frontières droites ». Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 33 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia o La typologie C’est une méthode ascendante, qui part des unités sur la base de leurs similarités pour les regrouper en ensembles homogènes. Pour procéder à ce type d’analyse, il existe un certain nombre de méthodes statistiques (Analyse en Composantes Principales, Analyse Factorielle, Classification hiérarchique), qui font toutes appel au traitement informatique. Cette seconde méthode conduit à la constitution de segments qui ne sont pas parfaitement homogènes, on parle alors de « frontières floues ». 3. Analyse et choix des segments : le ciblage 4 stratégies peuvent être envisagées pour déterminer le marché cible : o La stratégie indifférenciée : Elle consiste à minimiser les différences existant entre les segments de marché. Le segment de marché est considéré comme un tout et les caractéristiques communes des individus sont mises en avant plutôt que leurs différences. L’entreprise s’efforce de concevoir un produit et un plan marketing qui permettent d’attirer le plus grand nombre possible d’acheteurs. Elle fait appel aux circuits de distribution de masse et à la publicité grand public, en utilisant des thèmes universels. Elle cherche souvent à donner du produit une image unique dans l’esprit du public Exemple : Mac Donald’s, Coca-Cola … Le marketing indifférencié se justifie principalement à partir les économies d’échelle qu’il permet de réaliser : gamme limitant les coûts de fabrication, de stockage et de transport, un programme de publicité uniforme permettant des remises quantitatives correspondant à une large utilisation des médias et une réduction des frais des études et recherches commerciales… L’inconvénient, par définition, résulte de l’absence de segmentation. le produit est combattu sur chaque segment par un autre produit concurrent mieux adaptée à ce groupe précis, et c’est d’autant plus vrai que les segments sont plus différenciés. o La stratégie différencié Elle consiste à exploiter au moins deux segments du marché et à concevoir des produits et programmes d’actions distincts pour chaque segment. L’avantage essentiel d’une telle stratégie est d’engendrer un chiffre d’affaires plus élevé ; mais elle permet, aussi de mieux couvrir le marché c’est-à-dire d’ajuster les offres à l’évolution des goûts des consommateurs. Toutefois, cette stratégie augmente les coûts d’exploitation, notamment les coûts de production, les coûts administratifs, les coûts de stockage et les coûts promotionnels. o La stratégie concentrée Dans ce cas, l’entreprise admet la segmentation, mais décide de ne s’attaquer qu’à un ou quelques rares segments. Cette stratégie se justifie dans de nombreux cas : lorsque l’entreprise dispose de ressources limités, lorsque le segment est encore inexploité ou lorsqu’il constitue un tremplin pour de futures extensions. En choisissant une telle stratégie, l’entreprise acquiert une forte position sur les segments choisis, en raison d’une meilleure connaissance des besoins particuliers à ces segments et Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 34 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia d’une réputation de spécialiste. De plus, elle réalise d’importances économies du fait qu’elle peut spécialiser sa production, sa distribution et sa communication En même temps, une stratégie de marketing concentrée comporte des risques. Le segment choisis peut se tarir, ou bien un concurrent peut décider de s’implanter sur ce segment en acceptant, pendant un certain temps, d’y perdre de l’argent. o La stratégie adaptée L’entreprise décide de commercialiser un même produit ou un produit faiblement modifié en développant un programme marketing spécifique pour chacun des segments ciblés. Cette stratégie se trouve à la croisée des 3 premières, en essayant de profiter de certains des avantages ou d’en palier certains des inconvénients : ne pas mettre toutes ses forces dans un seul segment risque, ou profiter d’une certaine standardisation. En résumé, l’entreprise a le choix entre plusieurs stratégies qui ne sont pas meilleures les unes par rapport aux autres, mais qui proposent chacune un certain nombre d’avantages et d’inconvénients. C’est à l’entreprise de décider de la stratégie à adopter en fonction de ses spécificités et des tendances du marché. 2. Le choix d’un positionnement Sur des marchés encombrés où les produits et les marques prolifèrent, il est nécessaire que, dans l’esprit du consommateur, le produit offert occupe une position claire par rapport aux produits concurrents, qu’il ait une image nette. L’entreprise doit définir cette position, la construire, la contrôler et si nécessaire la modifier. 2.1. Définitions « Le positionnement est l’acte de conception d’un produit et de son image dans le but de lui donner, dans l’esprit de l’acheteur, une place appréciée et différente de celle occupée par la concurrence » (Ries et Trout, 1981). C’est donc l’ensemble des traits saillants de l’image, c’est-à-dire de ceux qui permettent au public de situer le produit dans l’univers des produits analogues et de le distinguer des autres. En d’autres termes, c’est une représentation (ou perception) simplifiée, réductrice, comparative et distinctive du produit. Le positionnement d’un produit comporte généralement deux volets complémentaires : - L’identification est la catégorie à laquelle le produit est rattaché dans l’esprit du public, ou en d’autres termes, son univers de référence ; - La différenciation qui consiste en une (ou plusieurs) particularité du produit qui le distingue des autres produits de même catégorie. Ainsi défini, le positionnement constitue un attribut stable et durable d’un produit, à tel point que, bien souvent il restera le même pendant toute la durée de vie de ce produit. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 35 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Importance du choix d’un positionnement Il existe trois raisons principales pour lesquelles un responsable marketing doit, dès le premier stade de l’élaboration de sa stratégie, procéder au choix volontaire et raisonné d’un positionnement : - Si le responsable marketing ne choisit pas le positionnement de son produit, le public s’en chargera ; - Le positionnement d’un produit joue un rôle important dans les décisions d’achat des consommateurs ; - Le positionnement est la clé de voûte du marketing –mix. Les basses du positionnement Wind (1982) a identifié six types de positionnement possibles pour une marque : - Un positionnement basé sur une qualité distinctive du produit, c’est-à-dire mettre en avant certaines caractéristiques du produit ; - Un positionnement basé sur les avantages ou sur la solution apportée, c’est-à-dire mettre en avant les solutions qu’il apporte aux problèmes de la clientèle ; - Un positionnement basé sur une occasion d’utilisation spécifique, c’est-à-dire préciser des occasions d’utilisation ; - Un positionnement orienté vers une catégorie d’utilisateurs, c’est-à-dire identifier les catégories d’utilisateurs ; - U positionnement par rapport à une marque concurrente, c’est-à-dire se placer en référence à d’autres produits ; - Un positionnement de rupture par rapport à la catégorie de produit, c’est-à-dire introduire une nouvelle catégorie. 2.2. La démarche Le premier volet du positionnement « volontaire » consiste à choisir la catégorie de produits à laquelle on souhaite que la marque soit rattachée dans l’esprit du public. Le deuxième volet d’un positionnement volontaire est la différenciation, qui consiste à se poser la question : « Quelles caractéristiques distinctive souhaitons-nous voir attribuées à notre produit le public ? » Les qualités d’un bon positionnement Dans le choix d’un positionnement, un responsable marketing doit viser quatre qualités principales : la simplicité, la pertinence, l’originalité et la crédibilité. - La simplicité : un positionnement a d’autant plus de chances de s’imposer au public qu’il est clair et simple, c’est-à-dire fondé sur un petit nombre de caractéristiques fonctionnelles ou symboliques du produit. - La pertinence : un positionnement n’est pertinent que s’il correspond à des attentes relativement importantes des consommateurs potentiels du produit considéré. - La crédibilité : un positionnement n’a des chances de s’imposer que s’il est crédible, c’est-à-dire s’il n’et pas en contradiction avec les caractéristiques du produit considéré ou avec l’image de la marque sous laquelle il est vendu. - L’originalité : l’idéal est de se positionner sur un créneau vacant du marché, c’està-dire sur des attentes non encore satisfaites par les produits concurrents. En d’autres termes, il faut, dans la mesure du possible, se positionner a partit d’une Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 36 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia qualité qu’on est le seul à posséder ou qu’on possède à un degré supérieur à celui des concurrents. Les outils de positionnement En matière de positionnement, il existe deux outils principaux, à savoir les cartes de positionnement (mapping) et les matrices de positionnement. 1. Les cartes de positionnement : Elles présentent une capacité à fournir une représentation spatiale du produit ; un espace à deux dimensions, correspondant aux critères de choix déterminants. Elles permettent de mettre en évidence les dimensions essentielles et synthétiques sur lesquelles les acheteurs jugent les produits ; et de préciser les attributs accordés à chaque marque. Les marques géographiquement proches sur les cartes possèdent des attributs proches, et des croyances similaires y sont rattachées. La différenciation est d’autant plus forte entre les marques que la distance est grande. Exemple : La carte de positionnement des marques de boissons non- alcoolisées: Sophistiqué Oulmes Oasis Coca-Cola Moderne Traditionnel Aquarus Orangina Sidi Harazem Simplicité 2. Les matrices de positionnement : Cette méthode repose sur les notions de saillance, c’est-à-dire de notoriété spontanée et d’attraction. La notoriété spontanée est l’ensemble des marques citées spontanément par un individu lorsqu’on évoque une catégorie de produit. L’attraction s’évalue au travers du calcul d’un taux ; à savoir : taux de considération/taux de rejet Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 37 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia Le taux de considération d’un produit mesure l’attrait d’une marque, c’est-à-dire le pourcentage des personnes interrogées qui déclarent souhaiter acheter la marque étudiée. Le taux de rejet est le pourcentage des répondants qui déclarent qu’ils n’achèteront sûrement pas le produit. Exemple : Matrice de positionnement des boissons non- alcoolisées Aquarus Oasis Coca-Cola Taux d’attraction Produit X - + Taux de saillance Oasis Coca-Cola et Aquarus ont une bonne position. Elles sont proches pour les consommateurs. Coca-Cola bénéficie d’une notoriété plus forte qu’Oasis, mais l’attraction d’Oasis est plus élevée : la marque qui est la plus attractive et la plus saillante est Aquarus. Le produit X est à priori en position peu favorable. Le responsable marketing devrait s’efforcer d’adopter un positionnement qui se déplace vers le quart nord-est de la matrice. Au préalable, une étude des causes de l’attraction et du rejet s’impose. 2.3. La stratégie de positionnement Nous nous contenterons ici d’évoquer les stratégies possibles de positionnement, car elles sont intimement liées à la stratégie marketing de l’entreprise. La stratégie adaptative L’entreprise a le choix entre l’affrontement avec les concurrents sur les segments à fort potentiel, et la recherche d’une position protégée sur un segment limité. - L’affrontement avec les concurrents : Si la distance entre les marques est faible, le leader tentera d’écarter ses challengers, par exemple en renforçant ses attributs sur des critères de décision importants. Le challenger sera, pour sa part, tenté de s’accrocher au leader en mettant l’accent sur la proximité des avantages offerts par ses produits pour un prix éventuellement plus bas, etc. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 38 Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Ain Sebaâ Université Hassan II Mohammedia - La recherche d’une position protégée : Si, par contre, la distance entre les marques est forte, les entreprises opteront plutôt pour des stratégies de repositionnement en cherchant à devenir leader sur un segment où la concurrence est moins forte. Pour ce faire, différentes options sont envisageables : o Mettre en avant une qualité distinctive du produit ou des avantages que représente le produit ; ou une occasion d’utilisation spécifique. o Orienter le mix marketing vers une catégorie d’utilisateurs o Se placer en référence à d’autres produits o Introduire une nouvelle catégorie, o Etc. Les stratégies actives Il existe cinq possibilités d’action pour positionner volontairement un produit : - modifier l’importance d’un ou plusieurs critères d’évaluation déterminants, en la renforçant si elle va dans le sens des caractéristiques perçues des produits de l’entreprise, en la diminuant dans la cas contraire ; - rendre saillants des critères dévaluation déjà importants associés à des croyances évaluées positivement ; - modifier la position de la marque sur un critère déterminant, soit en modifiant des caractéristiques du produit, soit en modifiant l’image par la communication; - agir sur les croyances des groupes sociaux auxquels appartient l’acheteur et qui influencent ses comportements ; - lancer une marque offrant de nouvelles possibilités qui permettent d’élargir la clientèle ou les emplois du produit. Marketing fondamental –Yousfi AOUAD 39