
L’effet de la gestion publique de la rente sur la croissance économique hors hydrocarbures …MOUHOUBI AISSA
la création de deux genres de marchés pour la même commodité ; marché
des bruts et marché des produits. La demande de l’industrie mondiale, à
travers ces marchés, pour l’énergie et les matières premières est
galopante face à une offre qui se fait de plus en plus rare et chère. Cela
veut dire que le fait d’en disposer permet à un pays de ne pas l’importer,
d’économiser des devises et d’offrir à son économie un avantage absolu.
Pour corroborer cette affirmation, en général, les commodités
hydrocarbures peuvent représenter de 40 à 60% du coût total d’un produit
industriel, et parfois plus.
Pour le cas algérien on peut voir, à travers la loi 05-07 relative aux
hydrocarbures qui recommandait, avant son amendement, la
libéralisation des prix intérieurs de l’énergie. Le désavantage pour
l’industrie nationale qui souffre déjà de problèmes de gestion et de
financement, en lui infligeant un problème d’intrants devient plus
prononcé. En l’occurrence, pour Chevalier (1975 ; p. 135), « à l’intérieur
du pays le prix de l’énergie doit être fixé au niveau le plus bas pour que
le pays puisse bénéficier de tous les effets externes. On peut donc fixer le
prix de l’énergie à son coût de développement, qui représente le coût réel
de l’énergie pour le pays considéré ». Cependant, cela semble absurde,
car sinon, le prix infime de l’énergie perpétrera une très haute entropie.
La thèse défendue par Mékidèche (2000, pp.89-93) tient à ce que le
développement économique de l’Algérie qui passe, d’abord, par
l’industrie pétrochimique devra être rémunéré par des capitaux étrangers
incités par les atouts dont dispose le pays (matière première, position
géographique importante, infrastructure pour le lancement de projets
pétrochimiques). Ainsi, au lieu d’orienter les investissements étrangers
vers l’Amont de l’activité pétrolière, des mesures incitatives auraient pu
être prises en compte pour l’attraction de ces investissements au profit de
l’industrie pétrochimique. L’industrie, qui grâce à ses externalités, tous
les autres secteurs de l’économie s’épanouiront. Ce faisant, jusque-là, la
dépendance de la rente des hydrocarbures ne cesse de se fortifier.
En effet, la rente, comme elle a été définie dans le premier chapitre de
cette présente thèse, est l’attente financière d’un propriétaire foncier à
obtenir de la part d’un exploitant de cette propriété. Sur la base des
travaux de Nankani (1979), Gelb (1988) et Auty (1993), l’indice de la
dépendance pétrolière est construit. Cet indice donne la moyenne de la
pénétration des revenus pétroliers dans les trois principales grandeurs
économiques d’un pays.