© La Revue de Gériatrie, Tome 35, N°4 AVRIL 2010 266
Partenariat clinique entre un EHPAD et un réseau de soins palliatifs : bénéfices et limites
d’antibiothérapie de malades en fin de vie….). La colla-
boration avec un réseau de soins palliatifs peut enrichir
ces discussions sur le travail de l’équipe, et aider à
clarifier et argumenter la décision retenue auprès des
soignants, afin que l’équipe adhère à la cohérence du
projet de soins, après que chacun ait pu exprimer son
point de vue. Lors des réunions de relecture de cas
cliniques ou de cas éthiques, sont repris des cas com-
plexes, analysés “à froid”. Le réseau de soins palliatifs
peut animer ces réunions et apporter une expertise exté-
rieure. Les thèmes abordés sont proposés selon les
besoins de l’EHPAD. Enfin, le réseau organise des réu-
nions post-décès afin de permettre à chacun d’évoquer
les difficultés rencontrées lors de la prise en charge ou
d’oser verbaliser ses émotions ou ses interrogations
restées sans réponse au moment du suivi du résident.
Le réseau de soins palliatifs peut aussi assurer un soutien
technique à l’équipe soignante de l’EHPAD. Les infir-
mières des réseaux de soins se rendent disponibles
auprès des équipes soignantes en tant que conseillères et
non en tant que soignantes à proprement parler. Elles
peuvent ainsi être amenées à prodiguer des conseils sur
les soins de bouche, à discuter autour des protocoles de
pansements d’escarre ou encore à participer à l’évalua-
tion de la douleur d’un patient. Ces conseils peuvent être
donnés par téléphone ou directement au lit du malade.
Enfin, la formation initiale et continue de l’ensemble des
acteurs concernés par les soins palliatifs, et en particulier
le personnel des EHPAD, constitue l’un des leviers essen-
tiels pour garantir l’accès de tous à des soins palliatifs de
qualité. La formation au sein d’un EHPAD a un triple
objectif : permettre un apprentissage théorique homo-
gène au niveau de l’équipe en termes de connaissances
cliniques, psychologiques et éthiques des patients en
soins palliatifs, apprendre à se connaître, et encourager
chaque soignant à prendre la parole. Sensibiliser l’en-
semble de l’équipe n’est pas toujours facile. Il convient
de choisir le meilleur créneau horaire et un rythme
adapté, ce qui oblige les réseaux de soins qui organisent
les formations à intervenir de façon répétée afin de tou-
cher l’ensemble du personnel. Les thèmes à aborder
correspondent aux besoins des équipes soignantes de
l’établissement. Les sujets les plus demandés sont : la
prise en charge de la douleur, les soins de bouche, la
prise en charge des symptômes de fin de vie, la réflexion
éthique en fin de vie autour de l’arrêt de la nutrition et
de l’alimentation, et la mort. Face à l’importance des
attentes des professionnels, des personnes malades et
des familles, la Direction Générale de la Santé a initié et
confié, en juillet 2002, à la Société Française de
Gériatrie et Gérontologie, en lien avec l’ensemble des
anxiété des équipes devant une complication
aiguë, difficulté d’accès au plateau technique, disponi-
bilité du personnel face à la souffrance des familles,
manque de personnel. Le travail en étroite collaboration
avec les structures complémentaires, type réseau de
soin, permet de lever certains obstacles en collaborant
avec l’équipe du réseau pour les soins techniques et la
prise en charge des symptômes. L’équipe soignante de
l’EHPAD peut déléguer une partie de la prise en charge
au réseau, qui est souvent plus disponible.
La prise en charge de résidents en fin de vie nécessite
souvent de la part des soignants un investissement
important face à des situations exigeantes. Ainsi,
contrairement à certaines idées reçues, la charge globale
de travail peut s’intensifier lorsque les soins deviennent
palliatifs et non plus curatifs, même si ce travail est
rarement valorisé. Un des objectifs, pour l’EHPAD qui
travaille en partenariat avec un réseau, est d’établir un
projet global de soins dans lequel les soins palliatifs sont
intégrés au même titre que les soins curatifs, afin qu’ils
soient considérés par l’équipe soignante comme un
objectif positif et non comme un abandon de soins. De
plus, la confrontation à la souffrance et à la mort est un
facteur majeur d’épuisement professionnel (13). Or, la
qualité de la prise en charge palliative des personnes en
fin de vie dépend souvent plus de l’implication des
personnes que de l’organisation médicale, soignante
et administrative. Le réseau de soins palliatifs offre un
soutien, parfois même par des moments informels de
discussion “à chaud” entre soignants, temps d’échange
précieux permettant une expression libre des émotions,
qui permet de prévenir l’épuisement des soignants.
De façon plus formelle, le travail interdisciplinaire entre
les deux équipes participe à l’élaboration de la réflexion
et donc facilite la prise de décision palliative partagée et
collégiale. En effet, il est important que plusieurs
espaces de parole soient ouverts au sein des EHPAD :
réunions interdisciplinaires de discussion de cas de mala-
des, réunions de relecture de cas cliniques ou de cas
éthiques, réunions post-décès. Les réunions interdiscipli-
naires de discussion de cas de malades permettent à
chaque soignant de comprendre la démarche médicale à
travers une réflexion globale, d’y participer en apportant
les éléments nécessaires à la prise de décision palliative
concernant les patients qu’il prend en charge. En pré-
sence de tous les membres de l’équipe, les problèmes
médicaux, mais également l’information donnée aux
malades et aux familles, le contexte psychologique ou les
questions d’ordre éthique sont abordés (arrêt des traite-
ments curatifs, arrêt ou renoncement à une alimentation
ou une hydratation artificielle, décision de transfusion ou