3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France APPORTS DE LA THEORIE DE LA LONGUE TRAINE A LA DISTRIBUTION DE VOYAGES SUR INTERNET1 Thierry DELECOLLE2 Professeur de Marketing ISC Paris 22 bd du Fort de Vaux, 75017 Paris [email protected] Kevin LAIGLE Assistant directions Marketing et Commercial, Louis Cruises France [email protected] Marion MONESTEL Etudiante Master Marketing et management du Tourisme ISC Paris [email protected] 1 Les auteurs remercient les évaluateurs anonymes de cette 3ème journée de recherche et d’échanges en management du tourisme pour leurs remarques ayant permis d’améliorer l’article. 2 Auteur de correspondance 1 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France APPORTS DE LA THEORIE DE LA LONGUE TRAINE A LA DISTRIBUTION DE VOYAGES SUR INTERNET Résumé Ce travail de recherche propose d’appliquer le modèle de la Longue Traine à l’étude des offres de distribution des e-voyagistes. S’appuyant sur une contribution théorique illustrée à travers les stratégies de différents opérateurs sur le marché français, il propose d’étudier les enjeux en matière d’offre de la part des voyagiste et de gestion des clients. Il s’intéresse notamment aux avis émis par les internautes dans les espaces communautaires. Finalement il ouvre une perspective managériale constituant autant de voies de recherche pour améliorer l’offre et la relation aux consommateurs. Mots-clés : e-commerce, tourisme, longue traine, plaintes CONTRIBUTIONS OF THE LONG TAIL THEORY TO TRAVEL DISTRIBUTION ON THE INTERNET Abstract This research proposes to apply the Long Tail theory to study the travel distribution on the Internet. Based on a theoretical contribution illustrated through the strategies of different operators on the French market, it intends to consider both issues in supply definition and customer management. It focuses on the opinions of Internet users in community areas. Eventually he opened up a managerial perspective as many avenues of research to improve the supply and the relationship to consumers. Keywords: e-commerce, tourism, long tail, complaints 2 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France INTRODUCTION Selon les chiffres clés de la FEVAD3 (2010) 58% des internautes ont acheté un produit de la catégorie voyage/tourisme sur la période décembre 2009-mai 2010. Aussi, la question d’être présent sur Internet ou non ne se pose plus. Pour autant, les opérateurs du e-tourisme sont confrontés à la question de la création de trafic vers leur site e-commerce et à la mise en place d’une stratégie multi-canal. Dans un effort de clarification de la notion de multi-canal, Seck (2007) propose de l’étudier par rapport à ses composantes. Le canal numérique est le support aux décisions et procédures standardisées les plus simples à automatiser, un achat de vol sec par exemple dont la vente en ligne s’est quasiment généralisée. Le canal physique est lui le support des actes non routiniers et faisant appel à des procédures complexes, tel qu’un voyage à la carte personnalisé. Les avantages et inconvénients sont ainsi résumés dans le tableau suivant par Anne Marianne Seck pour la distribution multi-canal et semblent répondre aussi aux problématiques soulevées par chaque canal dans l’industrie du voyage. Tableau 1. Avantages et inconvénients des canaux de distribution (adapté de Seck, 2007) Avantages Inconvénients Canal virtuel Canal Physique - - Personnalisation - Compétences professionnelles du personnel - Empathie - Courtoisie Accessibilité Gain de temps Facilité d’utilisation Capacité informationnelle Utilité Commodité Autonomie Soucis lié à la sécurité Indisponibilité des opérations Manque d’information qualitative - Manque de personnalisation - Perte de temps - Problème d’accessibilité - Manque de commodité Les enjeux que cela représente en termes d’informations et de traitement des systèmes d’information sont dorénavant intégrés. Ce système de distribution hybride, suppose la 3 Document en ligne : http://www.fevad.com/uploads/files/Publications/chiffrescles2010.pdf (dernier accès le 08 avril 2011) 3 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France conception d’une solution technologique globale adaptée aux interfaces « physiques » et « virtuelles » entre le voyageur et l’entreprise. Cette complémentarité doit permettre d’accompagner le voyageur dans l’ensemble de son processus d’achat, sur l’un ou l’ensemble des canaux et ainsi couvrir un marché plus large. Le voyageur utilisant plusieurs canaux jugera chacun d’entre eux séparément mais percevra au final un service global entre les canaux physique et virtuel, d’où l’importance de la définition de la complémentarité de chaque canal lors du choix de mix marketing mais aussi leur cohérence en situation d’interaction. Les stratégies multi-canal ont donc aussi pour ambition de répondre aux attentes d’un voyageur devenu proactif et élément clé au cœur de la servuction. Définie comme « l’organisation systématique et cohérente de tous les éléments physiques et humains de l’interface client-entreprise nécessaires à la réalisation d’une prestation de service dont les caractéristiques commerciales et les niveaux de qualité ont été déterminés » (Eiglier et Langeard, 1999, p 54), la servuction, néologisme désignant la production de services a fait l’objet d’une transposition à l’internet par Sabadie et Vernette (2005). S’appuyant sur les trois caractéristiques propres aux services, intangibilité renforcée dans l’environnement online, inséparabilité et hétérogénéité, ces derniers proposent une interprétation de la servuction dans l’environnement online insistant notamment sur le rôle de la communauté virtuelle (i.e. les autres clients » dans la servuction) ou rappelant que selon Filser (2001, in Sabadie et Vernette, 2005 p 176) « l’intégration du site Web dans un ensemble de canaux de servuction contribue à l’accroissement de la confiance des clients. Dans ce cas, l’interface Web offre des leviers de synergies en s’appuyant sur la force du capital de marque des réseaux de distribution traditionnels des enseignes ». L’ensemble des interactions physiques, virtuelles et de plus en plus communautaires entre le voyageur et l’entreprise sont ainsi complémentaires. Elles doivent dès lors être traitées dans leur globalité par les services centraux, back office virtuel et physique, afin de tirer profit du 4 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France déploiement d’une telle stratégie au niveau de la communication, de la gestion de la relation client et du marketing, avec pour défi la maximisation de la personnalisation du service pour le voyageur sur tous les canaux. Cette pro-activité du consommateur devient l’un des enjeux spécifiques au e-commerce : il peut dorénavant gérer toutes les étapes de son achat de prestation touristique, de la recherche d’information jusqu’aux phases de post-achat, sans avoir le moindre contact avec un membre réel du voyagiste. L’information aujourd’hui accessible immédiatement et gratuitement partout doit donc se différencier du conseil et de la recommandation du professionnel du voyage. Ainsi, l’agence physique devient un espace d’information non contraignant pour l’activité de l’agent de voyages, et un lieu de conseil pour le client filtré au sein du processus multi-canal ou par la mise en place de forfait tarifé de conseil. Le but étant de pousser le voyageur à se diriger sur Internet en lui donnant le maximum d’information ne nécessitant pas de personnalisation sur ce canal. Objectif avoué : limiter les risques de cannibalisation. Le choix d’une stratégie multi-canal répond donc à une logique de réduction des coûts et de maximisation des revenus (Poirel et Bonet Fernandez, 2008) par l’élaboration d’un mix marketing idéal, permettant de définir la cohérence des allocations attribuées à chaque canal par rapport à sa clientèle (Huang, Chen, Wu, 2008) et donc du « business model » (Gueye, 2008, Volle, Dion, Hellies-Hassid et Sabbah, 2010). Il s’agit aussi de minimiser l’entrée en conflit des canaux (Rosenbloom, 2007, Sharma et Mehrotra, 2007, Webb et Lambe, 2007). Des barrières incitatives, tarifaires notamment, visant à orienter le client vers le site Internet pour des achats routiniers automatisés (par exemple, l’achat de vols secs, de billets de trains, de packs non complexes) permettraient de recentrer l’activité des agences sur le conseil à haute valeur ajoutée, la vente de prestations complexes de type sur-mesure et le suivi client provenant de l’agence physique ou en ligne. 5 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France Dans ce contexte, l’objet de cet article est d’étudier les apports de la théorie de la longue traine (Anderson, 2004) à l’industrie du voyage, sous la forme d’une réflexion théorique. I. LA THEORIE DE LA LONGUE TRAINE ET SES APPLICATIONS A L’INDUSTRIE DU VOYAGE 1. La théorie de la longue traîne La longue traîne (The Long Tail, en anglais), a été décrite pour la première fois en 2004 par Chris Anderson au sein de son magazine Wired. Viendra ensuite la publication du livre éponyme. Anderson (2009), sous la forme d’une courbe de Pareto appliquée à la distribution, observe les faibles mouvements de ventes qui, cumulés ensemble, forment un marché égal voire supérieur à celui des meilleures ventes. Autrement dit, la longue traîne annonce la fin des politiques de « best sellers » et la culture du « hit parade » grâce à l’arrivée de l’économie numérique, facteur d’abondance accrue et rompant avec l’économie de rareté et ses goulots d’étranglement. Les marchés de niches cumulés représenteraient alors des gains jusqu’alors ignorés, et aujourd’hui exploitables grâce à la dématérialisation de l’économie. Par exemple, Itunes a pu proposer une offre pléthorique de musiques en ligne grâce à des coûts de stockage presque nuls. Conclusion inattendue, chacun des 900 000 titres disponibles se vendra au cours de l’année, quand un magasin physique propose péniblement 30 000 titres. On assiste ainsi à l’émergence d’un consommateur aux besoins de plus en plus personnalisés qui, plutôt que de ressembler au voisin, souhaite se différencier par sa consommation. Les voyages sur Internet représentent aujourd’hui un marché prépondérant, mais ne sont pourtant pas étudiés par Anderson dans son ouvrage. Cependant, il semble intéressant d’exposer les problématiques du voyage en parallèle avec la longue traîne. En effet, ce marché se caractérise aujourd’hui par une tendance à la personnalisation de l’offre, la 6 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France multiplication des niches et la dématérialisation de la distribution. Il pâtit aussi des maux de la longue traîne, comme le paradoxe du choix désorientant parfois le consommateur. Le marché du voyage offre aussi des spécificités intéressantes comparables à celles du marché du livre. Ces deux marchés ont vécu la révolution numérique, avec l’apparition d’Amazon.com pour les livres, et le phénomène de longue traîne, et ont su résister dans le commerce physique4. Nous mettrons ainsi en parallèle les stratégies multi-canal et le phénomène de longue traîne dans l’industrie du voyage afin d’en comprendre les enjeux. Figure 1. La longue traîne (adapté de Anderson, 2009) 2. Les enjeux pour l’industrie du voyage : travailler l’offre Surmonter la tyrannie du choix sur Internet. C’est un fait avéré, le tourisme de masse est bel et bien mort même si certains continuent à utiliser cette expression. Il existe bien sûr encore aujourd’hui des destinations phares, des succès de l’année, mais la demande est aujourd’hui de plus en plus fragmentée. L’avènement d’un consommateur aux goûts de plus en plus spécifiques (personnalisation, thématisation...), et la multiplication des destinations touristiques, ont considérablement élargi le marché du voyage en termes d’offre et de demande (Moutinho, Ballantyne et Rate, 2011). Sur Internet et 4 Nous renvoyons le lecteur intéressé par le marché du livre au travail de Bounie, Eang et Waelbroeck (2010) qui proposent une analyse du marché du livre comparant ventes physiques et ventes de livres sous l’angle du modèle de la longue traîne. 7 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France dans le commerce physique tous ces goûts se retrouvent... Encore faut-il pouvoir y accéder face à cet océan constitué par une longue traîne livrée brute aux consommateurs, et encore mal maitrisée. Le paradoxe du choix. Les agences tout Internet ont pour mérite de laisser le choix aux consommateurs par un nombre de destinations et de prix impressionnants. Toutes appliquent cette politique et au final, Internet créé une sorte de jungle où le choix existe il est vrai, mais où il est impossible de déterminer quel produit nous convient le mieux parmi l’abondance d’offres. Les dissonances tarifaires grâce aux comparateurs sont facilement visibles pour des produits équivalents et brouillent d’autant plus l’environnement de l’internaute. Un véritable phénomène de chasse sur Internet s’est donc développé, poussant le consommateur à perdre le gain de temps qu’est censé offrir Internet. Chris Anderson fait alors référence à l’ouvrage de Barry Schwartz Paradox of Choice publié en 2004, pour décrire le phénomène oppressant que peut provoquer un choix trop grand pour le consommateur. Quand Barry Schwartz recommande de se contenter du meilleur compromis, Chris Anderson affirme qu’au contraire le consommateur doit bénéficier de la meilleure option possible. Le choix doit rester au consommateur, mais l’entreprise doit pour cela lui faciliter la tâche. Internet, le choix à tous « prix » ? Les distributeurs généralistes possédant notamment des agences classiques proposent en ligne eux aussi de nombreuses offres. Ne bénéficiant pas toujours du facteur déterminant prix par rapport à des « pure players » plus agressifs, ils ont du mal à s’imposer sur la toile (O’Connor, 2003). Les acteurs traditionnels doivent donc trouver d’autres moyens de justifier leur existence sur Internet. Pour lutter à armes égales certains distributeurs ont décidé de se 8 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France relier à des plateformes de distribution tel que le système Orchestra, permettant d’avoir accès à des milliers de références élargissant ainsi les possibilités offertes en ligne. Certes, ce système plus réactif offre une avancée en termes de gestion des prix, cependant il peine à différencier l’offre des distributeurs généralistes entre eux. On voit ainsi apparaître une offre large chez certaines agences de voyage de la grande distribution, notamment Carrefour Voyages et VoyagesAuchan.com, qui est en revanche partagée par des « pure players » eux aussi reliés au système. Il semblerait plus judicieux pour les distributeurs généralistes de coupler à ce système de distribution, qui constitue un puissant créateur de longue traîne, des filtres et outils avancés de personnalisation de l’offre. De plus, le voyagiste « traditionnel » a beaucoup à perdre en mettant en avant des prix comme le font les agences tout en ligne, au lieu de valoriser ses capacités en termes de conseil et de suivi, ce qui devrait l’inciter à mettre en avant les avantages liés à une distribution multi-canal, capable d’accompagner le client dans l’ensemble de son processus d’achat avec un relais en agence pour le service après-vente par exemple (Seck, 2008). La niche, refuge du généraliste ? Les agences de voyage ultra spécialisées ou de niche forment sur Internet un ensemble de sites hétéroclites assurant leurs propres promotions et ne permettant pas toujours de finaliser les ventes en ligne. Leur multiplicité fait qu’elles sont présentes sur Internet en formant une succession d’offres distinctes mais souvent convergentes. Le touriste en recherche de produits de niche se voit contraint de se rendre dans une agence physique spécialisée et au choix limité. Cet univers est même dissuasif pour un consommateur décidant de sauter le pas du voyage de niche. On imagine qu’un site permettant de réunir de telles offres fournirait de nombreux avantages pour le consommateur, en les réunissant en un seul et même lieu. Des 9 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France sites généralistes auraient aussi tout intérêt à s’emparer de ces offres, afin d’agrandir leurs traînes et combler les consommateurs désirant un voyage de niche. A la manière d’Itunes qui a choisi de mettre en avant les principaux tubes et certains styles musicaux, ce site de musique généraliste, derrière cette longue traine, exploite la demande de morceaux de musique de niche, grâce aux flux générés par son activité principale et de puissants filtres mis au service de l’internaute. Amazon.com, dans le domaine du livre, a aussi mis en place un système de prescription servant de repère aux consommateurs avec la présentation de produits associés achetés par les autres internautes, permettant d’accéder à une connaissance plus approfondie du sujet. II. LA LONGUE TRAINE OUVRE EGALEMENT UNE PERSPECTIVE EN TERMES DE GESTION DU CLIENT 1. Les rapports de force évoluent « Les fourmis ont des mégaphones » Les communautés de consommateurs sont décrites dans le livre de Chris Anderson non sans humour comme des fourmis possédant des mégaphones. En effet, aujourd’hui les consommateurs ont un pouvoir grandissant grâce à la caisse de résonnance qu’est Internet : permettant une diffusion l’information immédiatement et mondialement, relayée par le développement des blogs et autres sites communautaires. Les consommateurs sont donc devenus des prescripteurs redoutables. Une situation renforcée par l’apparition du Web 2.0 introduisant la notion de participation individuelle dans la production de contenu. Dans le domaine du voyage des sites tel que Tripadvisor.com font office de point de repère pour de nombreux voyageurs. Face à la longue traîne créée sur Internet par la profusion d’offres touristiques, l’information surabondante est donc banalisée et délaissée au profit de la recommandation, notamment de nos pairs. La force permettant à la longue traîne de 10 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France véritablement s’exprimer est celle des prescripteurs d’opinion. Un levier qui s’exprime en même temps que la baisse des coûts de production grâce au package dynamique par exemple, et les coûts de distribution réduits sur Internet. La sphère communautaire est donc une force puissante car collective démontrée par James Surowieski dans « la sagesse des foules » (cité par Anderson, 2009). Cette force qui évolue selon Chris Anderson plus vite que nos neurones par le biais de l’intelligence collective qu’a su générer Google. Nos repères s’en trouvent ainsi changés, plaçant la force du côté du consommateur et non plus du producteur. 2. Du quantitatif au qualitatif sur Internet Selon Chris Anderson pour ne pas brader le choix et la longue traîne, le distributeur doit fournir aux consommateurs des filtres permettant de se repérer aisément au sein d’un choix presque infini. On a précédemment observé la tyrannie du choix sur Internet, il s’agit à présent de comprendre comment exploiter les bienfaits de la longue traîne sur Internet dans l’industrie du voyage mais aussi d’observer ses limites. Les outils communs permettant de déjouer les pièges constitués par une longue traîne incontrôlée et composée d’un déluge d’informations produit par les distributeurs, les moteurs de recherche et les communautés Web, sont des filtres permettant aux consommateurs d’avoir le choix sans que celui-ci devienne une contrainte. Aussi, afin de rentabiliser cette longue traîne, la puissance de filtrage s’avère essentielle pour fournir au voyageur un produit classique ou de niche lui convenant parfaitement. Dans le but de faire accéder le client à la totalité de la traîne et éviter le « bruit » créé par l’importance de l’offre touristique, il convient de renforcer la puissance des filtres à mesure que l’on se rapproche des niches. Le but est de faire accéder le voyageur à une infinité de choix sous un mode intuitif. Les coûts de recherche sur Internet ayant considérablement baissé, ils désignent aujourd’hui des facteurs non monétaires tels que les achats malencontreux et la perte de temps pour le consommateur. Il s’agit de comprendre comment 11 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France les acteurs d’Internet peuvent relever le défi d’une ère où le qualitatif ne s’oppose plus au quantitatif. Selon Guy Raffour « c'est l'exhaustivité des offres qui est un atout du e-tourisme. Le e-touriste a plusieurs moyens de résoudre le problème de l'hyperchoix. Il doit prendre plutôt des marques connues qui donneront un SAV, une pré-sélection, un rapport qualité prix étudié. Il doit aussi s’appuyer sur les moteurs de recherche pour trouver les offres ciblées. Un atout du e-tourisme est de rechercher des offres spécifiques, par des requêtes, par mot clef, qui proposent une personnalisation, des réponses par segments identifiés ».5 3. Les packages dynamiques Les « méga-agences », Expedia, Ebookers et Travelocity offrent un choix impressionnant de prestations, comme le transport aérien et diverses prestations terrestres. La base d’un tel modèle repose sur une approche quantitative des prestations proposées, créant une offre assimilable à la longue traîne. En effet le voyageur actuel est demandeur de choix et de liberté. Il n’est pas rare d’observer qu’ « Aujourd’hui, un CSP + achète parfois un vol à bas coûts simultanément à un hôtel 5 étoiles, de même un couple aux revenus modestes arbitrera ses dépenses touristiques de façon difficilement prévisible, privilégiant l’entrée de gamme pour telle prestation et s’offrant « une folie » pour telle autre prestation6 ». Le package dynamique répond donc à une tendance forte permettant aux voyageurs d’établir ce qui leur convient parmi une offre large, mais aussi de s’affranchir de packs touristiques formatés et parfois contraignants du point de vue tarifaire. Le défi du package dynamique est de renforcer son pouvoir de filtrage sous un mode intuitif et de devenir force de proposition. L’intérêt d’un site comme Travelocity.com est sa capacité à prescrire un vaste ensemble de prestations touristiques au sein du même site en correspondance avec la recherche de l’internaute. On aura, par exemple après avoir choisi un 5 6 GUY RAFFOUR, dirigeant de l’agence Raffour Interactive, entretien, 19 mai 2009 Mutations et restructurations des opérateurs français du voyage, Cabinet Eurostaf, 2008 12 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France vol Paris-New York, une offre d’hôtel, mais aussi une location de voiture, des visites touristiques. Cependant, on peut espérer une personnalisation plus poussée à l’avenir grâce notamment à un traitement des informations clients et de leurs préférences, devenant des filtres puissants et intuitifs permettant de proposer le produit idéal ; par exemple à travers des informations récupérées lors de leurs achats précédents sur Internet ou dans une agence dans le cadre d’une stratégie multi-canal, afin de définir un profil élaboré. Tableau 2. Possibilités de filtres pour les packages dynamiques issus d’un processus multicanal Agence Internet Mobile Clients Récupération des données de transaction Définition du profil voyageur en face à face Récupération de l’activité de navigation Récupération des données Récupération de données communautaires (Notations, en situation nomade Recommandations) (visites guidées mobiles...) Récupération des données communautaires de l’internaute (Inscription à des groupes, fil d’actualité Proposition de package au client Démarche participative Récupération des données CRM (Satisfaction, notations...) On entrevoit alors une solution globale et intuitive qui abaisserait drastiquement les coûts de recherche non monétaires... en tarifant peut-être cette plus-value. Une solution rendue possible par des filtres basés sur l’activité multi-canal du voyageur et de sa communauté. III. LES COMMUNAUTES, UN FILTRE PUISSANT AU SERVICE DE L’INTERNAUTE 13 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France Plus qu’une simple évolution économique, le package dynamique illustre en fait une révolution culturelle au service de la longue traîne. Cette révolution est celle d’Internet, qui aujourd’hui a transféré le pouvoir de production au consommateur après avoir démocratiser la distribution. La 3e force émergente est le développement des communautés de consommateurs qui agissent aujourd’hui comme un filtre redoutable face à la quantité toujours plus grande d’offres proposées. 1. L’émergence de communautés web prescriptrices L’agent de voyages a pour force d’être considéré comme un prescripteur, s’il assume son rôle d’expert. Cependant, Internet et ses évolutions récentes, notamment l’apparition du Web 2.0 qui favorise un Internet participatif et communautaire, vient à présent changer la donne... Comme évoqué précédemment, les sites communautaires et participatifs qui accompagnent les progrès technologiques ont pris une place prépondérante dans le processus d’achat des voyages, faisant de simples voyageurs des prescripteurs écoutés par leurs pairs. En effet, si l’on en croit l’étude « Tourisme & Voyages sur Internet » publié par Benchmark Group en 2008, 36% des internautes considèrent l’absence d’avis de personnes tierces comme dissuasive à l’achat, le voyage étant le produit le plus touché par ce phénomène. Des opinions basées sur la subjectivité des individus mais qui apportent une réelle note de vécu. On pourrait craindre des dérives dans un univers où l’anonymat est roi, et qui se révèle parfois être un défouloir pour certains, et même une arme de déstabilisation pour les concurrents. Des craintes relativisées par Philippe Fabry (2008). Selon son étude, les avis d’internautes sont généralement constitués de 30% d’avis négatifs et 70% de positifs, ce qui laisserait entendre qu’une certaine authenticité règne sur les avis d’internautes. On aura donc compris que cette nouvelle composante est devenue incontournable, mais reste cependant peut exploitée par de nombreuses entreprises touristiques, par peur peut-être que cet outil se retourne contre eux. 14 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France Pourtant, ces avis présents sur les sites des marques permettent de développer la confiance des internautes qui y voient le témoignage de pairs avisés (Chouk, Perrien et Nantel, 2007). Au vu de l’importance prise aujourd’hui par le web collaboratif, l’absence sur ce segment est bien plus redoutable comparée aux avantages qu’il représente si on le maîtrise. L’intégration de ce paramètre est créateur d’une relation privilégiée entre la marque et le voyageur : des outils permettant de se démarquer de la concurrence, en faisant partager une réelle expérience aux voyageurs, loin des programmes de voyage pré-formatés et des discours purement commerciaux (à l’exemple de MyIDtgv qui propose de connaître les personnes qui partageront votre voyage). 2. La communauté comme heuristique de choix ? Les communautés agissent donc premièrement comme un filtre grâce à leurs opinions. Il s’agit plus précisément d’un post-filtrage qui détermine la vie d’un produit après son processus de création classique, au sein de la longue traîne. L’opinion d’individus nous ressemblant par leurs goûts, leurs habitudes ou bien celle de spécialistes qui intègrent la sphère communautaire est devenue un repère pour le consommateur, permettant à Internet de passer de l’univers de l’information à celui de la recommandation. Certaines entreprises comme Expedia avec TripAdvisor ou Marmara ont compris tout l’intérêt de développer une sphère communautaire... indépendante. Autre idée reçue selon laquelle ces sites manquent de crédibilité... la sphère communautaire est ultra-réactive et si sa taille est relativement développée, elle forme une « intelligence collective » capable d’autocorrection. Citons l’exemple du procès d’intention sur la crédibilité de Wikipedia, face aux encyclopédies classiques. Oui, Wikipedia comporte des erreurs, mais pas plus qu’une encyclopédie traditionnelle, car son système repose sur la longue traîne des opinions et des connaissances, formant un savoir plus grand qu’une compilation d’articles figés au sein d’une édition 15 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France matérielle. Le post-filtrage qui prend une importance prépondérante face au pré-filtrage peut être représenté de la manière suivante : Tableau 3. L’ère du pré-filtrage vers celle du post-filtrage (adapté de Anderson, 2009) Pré-filtrage Post-filtrage Presse spécialisée Moteur de recherche agence en ligne Pack/Prestations Responsable des achats Responsable marketing Publicitaires Blogs voyage Package dynamique Notations Package dynamique Recommandations Consommateurs Les entreprises pensant créer une sphère communautaire à des fins de manipulation prennent un risque. L’intérêt si on pense vendre un produit de qualité est de laisser se développer en toute liberté la communauté pour : - Créer une relation privilégiée entre la marque et son client - Renforcer le lien d’appartenance à la communauté de clients de la marque - Renforcer l’expérience globale (partage de photos, blogs...) - Améliorer l’offre proposée grâce aux notations - Fidéliser les voyageurs - Récupérer des informations clients - Post-filtrage pour le consommateur 3. Des communautés qualitatives ? La sphère communautaire est critiquée car elle est, il est vrai, le défouloir de certains consommateurs et un outil de propagande pour certaines entreprises peu scrupuleuses. La sphère communautaire devient incontrôlable, si comme souvent aujourd’hui, elle est le fait d’utilisateurs anonymes au sein d’une sorte de maelstrom d’informations non maîtrisées (Dellarocas, 2003). Il s’agit de donner le cadre à une communauté indépendante, mais aussi de la personnifier et favoriser la valeur d’expertise. Autrement dit, humaniser cette sphère par 16 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France la création de profils voyageurs partageant leurs expériences, voyages, photos ou bien vidéos. Le besoin de reconnaissance et la remise en cause de la crédibilité d’un voyageur par le jugement de sa communauté d’intérêt pousse ainsi à l’autorégulation. Le site monnuage.com a ainsi par exemple créé une communauté d’amateurs de voyages, le mot d’amateur reprenant son étymologie d’amoureux du voyage et non pas seulement de consommateur. L’enjeu est réel. En effet, comme nous l’avons vu dans les développements précédents, les témoignages des pairs jouent donc un rôle double dans cet univers de longue traîne. Facilitateurs de confiance lorsqu’ils sont manipulés efficacement par les sites des marques, ils présentent un réel danger lorsqu’ils ne sont pas modérés ou se situent sur des sites indépendants. La performance des moteurs de recherche généralistes disponibles sur Internet, (Google, Bing,…) est telle qu’il est aujourd’hui possible pour un internaute de rechercher des avis de consommateurs sur la destination des ses rêves. Un avis défavorable exprimé sur la marque du voyagiste ou sur cette destination a tout autant ses chances d’apparaître sur la première page de résultats du moteur de recherche que les hôtels ou packages disponibles pour cette destination si l’internaute choisit les bons mots clés. Les avis tant négatifs que positifs concernant une destination sont en compétition avec les offres marketées des acteurs e-commerce dans cet univers numérique. L’effet longue traîne permet de voir ressurgir même plusieurs mois après un avis négatif émis sur un hôtel ou un tour opérateur. Ceci est d’autant plus important que les travaux de recherche en e-tourisme montrent clairement les effets des plaintes sur le comportement des consommateurs (Lee, Hu, 2004) et les motivations à se plaindre : altruisme et revanche (Sparks, Browning, 2010). Il n’y a pas que les clients mécontents qui prennent la parole, mais ils sont peut-être les plus crédibles aux yeux des lecteurs… 17 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France IV. DISCUSSION ET PISTES D’ACTIONS POUR LES E-VOYAGISTES Face à la démocratisation des outils de production, dont le package dynamique fait partie, la sphère communautaire annonce quant à elle la démarche proactive amorcée par le consommateur dans l’industrie du voyage. L’ « économie de consommation » est ainsi remise en cause, et des produits comme des packs touristiques dépersonnalisés et peu flexibles ne semblent ne plus répondre à l’ensemble des attentes des voyageurs. Ce consommateur non plus passif devient un producteur, potentiellement capable de prouesses qui pourraient être jugées par l’ensemble de la communauté. Un phénomène observé dans le domaine de la vidéo avec la démocratisation de la distribution en ligne grâce à Youtube, des moyens de production avec des logiciels de montage et des appareils peu coûteux, le résultat étant lui jugé par la sphère communautaire. Maitriser la longue traîne et les outils de filtrage aussi bien techniques que communautaires devrait permettre aux e-voyagistes de développer des stratégies permettant de satisfaire les attentes des consommateurs producteurs : en élargissant l’offre vers des niches non prises en compte, et dont l’accès est facilité par une sphère collaborative, augmentant le nombre de producteurs et l’offre globale. Ces facteurs sont aujourd’hui réunis dans l’industrie du voyage. Une vision nuancée par Guy Raffour : « les perspectives offertes par le package dynamique sont prometteuses. Le e-touriste est de plus en plus autonome, expert, comparateur. Mais il ne souhaite pas forcément rechercher dans l'ensemble de l'offre. Le package dynamique est un mix entre une recherche totale et une recherche, qui en général offre un prix avantageux, dans des offres pré sélectionnées d'acteurs importants »7 7 GUY RAFFOUR, entretien, 19 mai 2009 18 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France Tableau 4. Vers un consommateur producteur (adapté de Anderson, 2009) Force Activité Exemple Démocratisation de la production Démocratisation de la distribution Connexion entre l’offre et la demande Producteurs et outilleurs de la longue traîne Agrégateurs de la longue traîne Filtres de la longue traîne Package dynamique/Achats de prestations touristiques Expédia, Go Voyages Moteur de recherche généraliste, blogs, sites communautaires, recommandations Imaginons un site Internet permettant au voyageur de publier ses compositions de package, son expérience durant son voyage (photos, blogs...), diverses notations et recommandations, et de les rendre disponibles à la vente. Des produits eux-mêmes soumis à la notation des autres internautes au sein de groupe d’amateurs de voyages de « niches ». Mr X, composerait son voyage au Pérou, publierait son expérience au sein du groupe « Voyages d’aventures » et « Passion Amérique du Sud », et ce dernier serait alors disponible à la vente, enrichi des expériences de la communauté et sans cesse amélioré par la contribution des personnes ayant effectivement réalisé ce voyage. Ce concept serait la parfaite union des filtres de production de type package dynamique et communautaire, afin de faire accéder le consommateur sans difficulté à une traîne de voyages lui ressemblant réellement, à travers une prescription intuitive. Le deuxième axe de développement repose sur un comportement plus proactif des agences en ligne : mise en place de filtrages thématiques au service de la différentiation des agences. La thématisation au sein même d’un univers généraliste est un filtre permettant au consommateur d’être rassuré parmi l’abondance. Plusieurs univers correspondant à une succession de niches permettent d’offrir du choix en orientant le consommateur dans un univers rassurant et qui correspond à ses aspirations. Le but est d’offrir une longue traîne derrière un univers rassurant, transposant un choix oppressant en choix libérateur. En effet une présentation hétéroclite de produits sur une même page est déroutante et compare ce qui 19 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France n’est pas comparable. En affichant par exemple une liste publiant le meilleur choix des internautes on aura au choix un séjour en Tunisie, une croisière aux Caraïbes et un week-end à New York. La publication d’informations telles que des classements et des comparatifs par exemple doit donc se faire au sein d’univers thématisés. Si la stratégie à adopter pour les e-voyagistes est claire, la question de l’agence physique et de sa complémentarité avec le canal web devra également être étudiée plus spécifiquement. En effet, face aux tassements de ventes, et aux phénomènes économiques qui ont bouleversé les rémunérations des agences physiques, comme la suppression des commissions aériennes, il semble que l’avenir des agences physiques passe par le conseil en amont et le suivi client facteur de proximité (Seck, 2008). Le but : devenir un repère sur la longue traîne de l’offre touristique globale et le complément de la vente en ligne dans un processus multi-canal. Renforcer le facteur conseil : si les phases de conseils simples sont aujourd’hui directement concurrencées par Internet, l’agence physique possède des leviers de différentiation (Seck, 2008). L’expertise d’un agent de voyages sur une destination offre une réelle valeur ajoutée au voyageur au sein d’une agence spécialisé ou d’un concept multi thématique. La plus value du conseil est donc dépendante de choix stratégiques et structurels. Le conseil est synonyme de la parfaite connaissance des produits vendus afin de guider le voyageur. Plusieurs modèles se prêtent à cette expertise. 20 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France Tableau 5. Vers l’expertise des agences de voyages Agence L’agence spécialisée multi thématique L’agence généraliste intégrée L’agence généraliste partenaire L’agence spécialisée de « niches » Expertise Connaissances expertes de plusieurs destinations Connaissances du produit de la marque Généralistes + Spécialisation produit ou marque Spécialisation haut de gamme a entrée de gamme Exemple La « maison du voyageur » VDM Nouvelles Frontières Ambassade Fram Ikhar, Marmara, Grandeur Nature... La gestion du sur mesure constitue une dernière voie de recherche possible, qui semble plus à la portée des agences physiques que des agences online : formés à des systèmes de réservation donnant accès à une véritable longue traine, les conseillers en agence de voyages peuvent réellement proposer une offre sur-mesure ce qui n’est pas encore possible du côté des pureplayers Internet. Dès lors, quel est l’espace, la complémentarité multi-canal et quelles sont les attentes réelles des consommateurs par rapport à une offre de sur-mesure ? Cette dernière pour être attirante ne doit pas dépasser les capacités cognitives de l’internaute (voir Isaac et Volle 2008, pour une synthèse des articles clés sur les capacités cognitives des internautes). Cette approche du sur-mesure sur Internet pourrait être l’intersection des filtres client (recherche, connexion au profil voyageur, classement par prix…), communautaire (connexion à la communauté d’intérêts, classements par notations…) et multi-canal (définition de filtres en agence en face-à-face, transmissions des informations de vente…), afin d’exploiter la longue traîne des prestations. Le but est d’offrir le choix le plus pertinent au voyageur. Cette prescription n’est pas imposée, mais suggérée à l’internaute au sein d’une liste (à l’image du moteur de filtrage collaboratif d’Amazon), lui laissant toute liberté, les filtres étant superposables et utilisables seuls ou réunis. Finalement, cette recherche pose les bases théoriques de l’apport de la théorie de la longue traine à la distribution de voyages sur Internet et doit maintenant faire l’objet d’une 21 3ème Journée de Recherche et d’Echanges en Management du Tourisme, 10 Juin 2011, Groupe Sup de Co La Rochelle, France opérationnalisation en répondant à de nouvelles questions de recherche parmi lesquels : quel business model (Gueye, 2008) ? quel modèle d’intermédiation (Buhalis et Licata, 2002 ; Kauffman, Raghu et Sopha, 2011) ? quelles compétences maitriser (Clemons et Nunes, 2011) ? 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