«L’injonction »Restez en bonne santé” est une perversion»
Le psychiatre et coach Michael Sonntag a apporté un contrepoint. Pour lui, il est totalement
impensable d’ancrer de nouvelles approches de GSE dans des cultures d’entreprise traditionnelles.
Dans son rôle d’«enfant terrible», il a affirmé que les systèmes de gestion prédominants ne
pouvaient pas guérir sans un changement radical. Le système de gestion prédominant est encore
marqué par l’organigramme classique tel que développé par Frederick W. Taylor en 1911, avec un
contrôle allant du haut vers le bas. Mais selon Michael Sonntag, cette pensée linéaire n’est plus
efficace. Elle ne laisse aucune place à la nouveauté et étouffe toute créativité dans l’œuf. Michael
Sonntag est convaincu que les systèmes interagissent et sont interdépendants, donnant au bout du
compte naissance à la nouveauté: non seulement aux nouveaux produits, mais aussi aux nouvelles
méthodes de travail.
Michael Sonntag, Dr méd.,
médecin FMH spécialisé en
psychiatrie et psychothérapie,
Sonntag Consulting, Berne
En revanche, pour Michael Sonntag, l’injonction faite aux salariés et salariées de »rester en bonne
santé” est tout bonnement une perversion. Il faut revoir sa façon de penser, faire de la place pour les
nouvelles idées, co-créer de la valeur. Ainsi, à l’avenir, ce sont plutôt l’économie au service du bien
commun et les concepts de co-working qui devront figurer au premier plan. Dans ce cadre, il a
renvoyé à des concepts de jeunes entreprises nord-américaines qui montrent que le bien-être de
toutes les personnes impliquées augmente sensiblement avec ces nouvelles approches.
Soutenir la responsabilité individuelle au moyen de structures
Les espaces de co-working, c’est-à-dire les bureaux partagés par différentes entreprises, poussent
actuellement comme des champignons en Suisse. Manifestement, on a besoin d’échanger au travail
avec des collègues issus de branches très diverses, et ce sans engagement, mais de façon intensive.
Cette nouvelle forme d’open space offre précisément cet espace où naissent des idées et des projets
nouveaux.
Gudela Grote est professeur en psychologie du travail et de l’organisation à l’EPF de Zurich. Avec son
équipe elle a étudié ce qui se passera si nous nous mettons à organiser le travail nous-mêmes. Le
travail sera-t-il plus sain, meilleur ou plus inefficace? Le mot magique ici, c’est «job crafting». Bien
sûr, en théorie, nous pourrions tout faire nous-mêmes: de l’aménagement autonome du travail et de