COURRIER België-Belgique P.B. 2/111 LEUVEN MAIL VERBIEST Bulletin Trimestriel Afgiftekantoor 3000 Leuven 1 Vol. XIX Institut Ferdinand Verbiest Naamsestraat, 63, bus 4 B - 3000 Leuven Katholieke Universiteit Leuven E u DITORIAL L’Institut Verbiest de la K.U.Leuven existe maintenant depuis vingt-cinq ans. Le Frère Stockman fc est Directeur-délégué de l’asbl depuis le 1 janvier 2007 et Antonio Egiguren ofm a accepté en date du 1 septembre 2007 la tâche de Directeur. Le 6 septembre, l’Institut a ouvert le neuvième Symposium International concernant l’histoire de l’Eglise en Chine. Voici le contenu de ce numéro du Courrier Verbiest, qui est plus développé que d’habitude et illustré de beaucoup de photos; c’est une édition du jubilé. Nous présentons le tout dans l’ordre chronologique. Scheut transmet la Mission en Chine à l’Eglise de Belgique. Nous avons déjà mentionné auparavant que la Province scheutiste de Chine-Mongolie, qui a fondé l’Institut Verbiest en 1982, a transmis cet Institut à la ″Fondation Verbiest″, dirigée par le Cardinal Danneels, donc à l’Eglise de Belgique. Un premier article explique le sens plénier de ce transfert qui est à la base d’une évolution importante de l’Institut. Le nouveau Directeur-délégué et le nouveau Directeur expliquent, chacun brièvement, les tendances qui guideront l’Institut Verbiest dans les années à venir. collaboration avec Scheut, Luo Youmei depuis 35 ans; tous les deux à Taipei. Louis nous résume les programmes pastoraux et Luo Youmei les programmes de développement. Il faudrait bien plus de place que celle disponible en ce Courrier Verbiest, pour avoir une idée suffisamment large de toutes les activités de notre Institut pendant ces vingt-cinq ans. Nous essayons pourtant de donner un aperçu historique de ″Une recherche de 25 ans de dialogue avec la Chine″. Toutefois, nous mettons l’accent sur les débuts de la fondation de cet Institut en 1982 et nous y ajoutons un aperçu de ″China Watching″ des années 60 et 70. Ainsi, nous plaçons le tout dans la perspective historique qui convient, car beaucoup d’entre nous ont déjà oublié ces temps. Pour compléter, nous ferons suivre un article décrivant l’histoire complète de la voûte céleste de Ferdinand Verbiest, dont il existe une copie parfaitement semblable à l’original, dans le Collège d’Arras à Louvain. Ainsi, vous comprendrez pourquoi nous avons choisi cette voûte céleste comme logo de l’Institut Verbiest. Louis Kuo et Luo Youmei, des noms qui retentissent dans l’histoire de l’Institut! Louis œuvre depuis maintenant 43 ans en Entre-temps, la Chine évolue vers l’avenir et l’Eglise de Chine aussi a connu une évolution. Notre rapport sera plus court cette fois. Pourtant, il y a des événements historiquement assez importants: la lette pastorale du Pape à l’Eglise de Chine, le décès de Mgr Michael Fu à Pékin, la nomination de Li Shan, curé de la paroisse Dong Tang à Pékin, pour lui succéder, nomination que Pékin a annoncée dans les média de façon inhabituelle et événement que le Cardinal Bertone à Rome a approuvé publiquement. Ceci est assez significatif de la part de Rome, alors qu’un autre cardinal, celui de Hong-Kong, sem- m L’équipe Verbiest de Taipei. m L’équipe Verbiest de Louvain. Ensuite, sont présentés des rapports concernant les programmes et activités de l’Institut Verbiest, en commençant par un aperçu des activités et réalisations des vingt-cinq ans de son existence. Le Dr Noël Golvers donne un résumé des recherches effectuées pendant les huit Symposiums organisés par l’Institut. Les éditions en Anglais et en Chinois sont présentées par Sara Lievens et Cecila Pan Yuling (Taipei). 1 ble avoir une tout autre vision de cet événement. Le 21 septembre, le révérend abbé Li Shan a été sacré évêque de Pékin après nomination par Rome. Serait-ce une percée? En regardant les multiples photos de ce numéro jubilaire, nos amis pourront certainement se faire une idée assez concrète des rapports mentionnés. Quelles photos deviendront de vrais documents historiques? Ce n’est pas facile à prévoir, mais en écrivant ce dernier éditorial, je tiens à souligner l’importance des photos de nos deux équipes, celle de Louvain et celle de Taipei. Tout ce qui a été réalisé pendant ces vingt-cinq années révolues, est le fruit de leur travail; tout le mérite en revient à nos collègues de Louvain et de Taiwan. Je les remercie tous pour cette longue collaboration et amitié. Une mention spéciale pour les collègues du comité de rédaction: Rik De Gendt, Toon van Bijnen, Antoine Rubbens. Une mention spéciale aussi pour les recteurs et collègues de la K.U.Leuven. La collaboration et le soutien de la K.U.Leuven ont été fournis de façon professionnelle, remarquable et cordiale. En tant que scheutiste, je remercie naturellement aussi mes Supérieurs provinciaux et leurs conseillers, qui, en commençant par le Provincial Wim Bollen et son successeur Wens Padilla et tant d’autres, ont pendant de longues années rendu possible la croissance de l’Institut. Comme je le ferai encore plus loin, je remercie nos économes Ivo Stuyck et Paul Staes pour leurs conseils pendant toutes ces années. Sans leur accompagnement professionnel et financier, sans leurs conseils fraternels, l’Institut n’aurait jamais eu l’essor qu’il a connu; nous n’aurions pas survécu non plus aux obstacles que nous avons connus récemment. L’Institut n’existerait plus. Nous avons beaucoup de raisons pour fêter et pour envisager l’avenir, grâce à ces collègues et aux membres de la nouvelle direction, avec beaucoup d’optimisme. Jeroom Heyndrickx, scheutiste Directeur SCHEUT TRANSMET SA MISSION EN CHINE À L’E u GLISE DE BELGIQUE Scheut, né de l’Eglise locale Presque tous les Scheutistes qui, au 19e siècle, sont partis en Chine, étaient des prêtres diocésains de Belgique et des Pays- Bas. La Congrégation de Scheut elle-même était le fruit de l’Eglise locale de Belgique. Les Scheutistes ont œuvré pendant 90 ans en Chine continentale et continuent actuellement leur mission à Taïwan, Singapour et Mongolie. Scheut a vécu des temps turbulents en Chine, surtout lors de la révolte des Boxeurs et de la prise de pouvoir de Mao Zedong (1949). Après 1949, 250 Scheutistes ont été bannis de Chine ou rappelés par leur Supérieur religieux. Après, pendant de longues années, le silence s’installe autour de l’Eglise chinoise. La Chine vivait derrière le ri- deau de bambou. Entre 1865 et 1949, au total 679 Scheutistes ont travaillé dans le nord de la Chine: 250 y sont enterrés; des dizaines sont morts comme martyrs. Leurs tombeaux, du moins ceux qui n’ont pas été détruits pendant la révolution culturelle, sont maintenant restaurés et entretenus par les chrétiens chinois. Rien que ceci est un témoignage clair et net. Quoique les Scheutistes aient été bannis de Chine et honnis par le régime, leur œuvre est jusqu’à présent hautement appréciée par les chrétiens du Nord de la Chine. L’Institut Verbiest a relancé la coopération de Scheut avec la Chine en 1982 Au cours des dernières 50 années, beaucoup de choses se sont passées en Chine mais aussi chez nous. Ici, il n’y a presque plus de vocations missionnaires. Ceci pourrait signifier la fin de Scheut comme Congrégation missionnaire, mais pas la fin de la Mission chinoise de l’Eglise de Belgique. La Province chinoise de Scheut, avec la K.U.Leuven fonda en 1982 l’Institut Verbiest dans le but de renouer avec l’ancienne tradition de coopération et de nouer une nouvelle relation avec l’Eglise de Chine qui, après tant d’années de silence et de souffrances, s’ouvrait de nouveau à l’étranger. L’Institut Verbiest y travaille depuis 25 ans et est hautement estimé en Chine, en Belgique et en Europe. Scheut a soutenu cet Institut pendant tout ce temps, financièrement et au niveau de ses objectifs. locale de Belgique. Les ″Fonds Verbiest″, qui ont été créés par la Province chinoise de Scheut pour soutenir l’Institut, ont été transmis à la Fondation Verbiest qui a été érigée légalement en Belgique spécialement dans ce but le 16 avril 2007. Le Cardinal Danneels en est le président. Les Supérieurs provinciaux de Scheut et des Franciscains et le Supérieur général des Frères de la Charité en sont les membres. Ils représentent la Mission chinoise de l’Eglise locale de Belgique. La Fondation Verbiest assume la tâche de financer deux Instituts - l’Institut Verbiest K.U.Leuven et l’Institut Verbiest Taipei - et veille à ce que ces deux branches fassent des recherches académiques à l’Université dans le domaine de la missiologie et du dialogue interreligieux en Chine et coopèrent avec l’Eglise chinoise locale pour la formation des ouvriers apostoliques. Scheut confie maintenant l’Institut Verbiest à l’Eglise locale de Belgique m La galerie des photos des Scheutistes à Scheut. 2 La Province sino-mongole (SM) de Scheut, qui, en 1982, a pris l’initiative de la fondation de l’Institut Verbiest, a confié en 2006 la gestion de l’Institut à l’Eglise m Mgr Joseph Tikang (Taipei) et Mgr Pie Jin (Shenyang) à la tombe du P. Théophile Verbist à Scheut. m Le Gouvernement provincial SM et l’équipe Verbiest à Taipei (2001). Fonder une œuvre et la transmettre à l’Eglise locale au moment de sa maturité est justement la tâche d’une Congrégation missionnaire. Depuis Vatican II, Scheut a pris comme principe directif important dans ses décisions de transférer ses œuvres aux Eglises locales. Le fait que la Province chinoise de Scheut ait voulu transférer l’Institut Verbiest dès le début apparaît clairement dans les documents datant du temps de la fondation de l’Institut. Entre-temps, Scheut est devenu international et s’appelle maintenant CICM (Congregatio Immaculatis Cordis Mariae). Mais Scheut est resté un nom, une borne dans notre histoire missionnaire. La maison de Scheut à Anderlecht avec son musée Chinois, sa galerie des portraits de tous les Scheutistes et le tombeau du fondateur Verbist, restera un témoin de l’œuvre missionnaire de tant de Scheutistes en Chine et du martyre de plusieurs d’entre eux. La ″Scheut Memorial Library″ (SML) à Leuven possède un trésor d’œuvres chinoises et mongoles qui sont à la disposition des chercheurs de notre propre pays mais surtout de ceux de Chine et de Mongolie. Ce sont autant d’instruments de recherche missiologique sur la Chine et la Mongolie aujourd’hui et dans le futur. chinoise de Scheut, qui était née dans l’Eglise locale de Belgique, retourne maintenant à la source dont elle est issue. L’Eglise locale de Belgique peut maintenant, par le canal de l’Institut Verbiest K.U.Leuven, contribuer activement à créer une nouvelle relation avec la Chine, avec l’Eglise en Chine et aussi avec d’autres religions en Chine. Ceci ne devient pas une relation unilatérale du donner, mais une relation du recevoir aussi bien que du donner. Ceci ouvre une nouvelle voie pour continuer la Mission chinoise d’une façon contemporaine sur pied d’égalité et de respect réciproque par des recherches académiques, des réseaux et des échanges: des églises locales, dans un monde globalisé et dans un contexte de dialogue interreligieux, se confirment mutuellement dans la foi. Mais il y a plus. Déjà dès les années 80, la Province chinoise de Scheut était convaincue que des laïcs − des collègues d’Europe et de Chine − pou- vaient aussi bien et même mieux faire ce travail que les Scheutistes. A partir de cette conviction et de cette stratégie, se sont développées à Taipei et à Leuven deux équipes de collègues et d’étudiants qui ont réalisé les objectifs de l’Institut Verbiest. Dans l’Institut à Leuven, sept membres de personnel ont été engagés à plein temps et cinq à Taïpei: deux équipes d’Européens et de Chinois de Taiwan aussi bien que de la Chine continentale; il faut ajouter à cela un nombre de boursiers de l’Eglise officielle aussi bien que de l’Eglise nonofficielle. Leur collaboration, durant ces 25 dernières années, est en soi un témoignage éloquent de cette nouvelle relation qui se développe à travers notre Institut. Dans la ligne de la Lettre pastorale récente de Benoît XVI, nous voulons surtout mettre l’accent sur la collaboration, l’unité et la réconciliation: construire une nouvelle relation que nous voulons surtout vivre nous-mêmes. Nous sommes convaincus que nos priorités ont un sens profond: stimuler la recherche académique dans une Université sur l’histoire de la Mission en Chine et sur la théologie de la Mission aujourd’hui et dans l’avenir. Ceci est, dans une période de globalisation et de changements rapides, d’une importance cruciale autant pour les Eglises locales de Belgique et de Chine que pour l’Eglise universelle. De plus, nos programmes de formation pour les ouvriers apostoliques Chinois − via des bourses d’étude et des sessions de formation en Chine − répondent à un besoin crucial de l’Eglise chinoise en pleine reconstruction totale. Pourquoi ″Institut Ferdinand Verbiest″ au lieu de ″Institut Theofiel Verbist″? Beaucoup d’ami(e)s ne sont pas conscients qu’il y avait deux ″Verbi(e)st″ parmi les missionnaires belges en Chine. Ferdinand Verbiest était le Jésuite bien connu La création de l’Institut Verbiest est le résultat du travail de collègues laïcs de Chine et d’Europe Dans le cadre d’une nouvelle vision de la Mission et de l’Eglise aujourd’hui, le transfert de cet Institut Verbiest de Scheut à la Fondation Verbiest de l’Eglise locale de Belgique est une décision historique et missionnaire pleine de sens. La Mission m Réunion annuelle CICM de la Province SM à Taipei (2001). 3 tre propre fondateur Verbist à l’Institut mais bien le nom du Père Jésuite Ferdinand Verbiest. Nous l’avons fait d’une part parce que Ferdinand Verbiest est bien le plus grand missionnaire de Chine de notre pays, d’autre part pour une raison d’opportunité: les autorités Chinoises sont fort soupçonneuses vis-à-vis des missionnaires du 19e siècle − comme Theofiel Verbist − qu’ils considèrent comme des instruments de l’impérialisme occidental. En employant le nom ″Verbist″, nous risquions d’entrer en Chine sous un mauvais drapeau dès le début. Tout ceci n’a pas empêché les chrétiens Chinois d’ériger une statue de Theofiel Verbist dans la Vallée du Tigre où il est décédé. K.U.Leuven, Scheut et la Fondation Verbiest fondée par Scheut ont rendu ceci possible m Statue de Ferdinand Verbiest à Pittem. de Pittem (Fl. Orient.) où il a sa statue. Il y a 300 ans, il partait pour la Chine. Etant un astronome renommé, il a été nommé directeur de l’Observatoire à Beijing par l’empereur Kangxi. Il est connu dans toute la Chine jusqu’aujourd’hui. Theofiel Verbist était un prêtre diocésain d’Anvers. Après la guerre de l’opium, quand la Chine s’ouvrait de nouveau aux missionnaires, il fonda en 1862 la Congrégation des missionnaires de Scheut spécialement pour l’œuvre missionnaire en Chine. Il partait lui-même en 1865 et mourut déjà en 1868. On peut visiter sa tombe dans la crypte de la chapelle de Scheut à Anderlecht. Lorsque Scheut a pris l’initiative de la fondation de l’Institut Verbiest à la K.U.Leuven, nous avons jugé opportun de ne pas donner le nom de no- Dans un autre article de ce numéro est décrite la contribution cruciale de la K.U.Leuven. En parlant de la contribution de Scheut, nous devons souligner spécialement l’importance de la Fondation Verbiest. Nous sommes bien conscients que, sans les moyens financiers, même le programme le plus beau et plein de sens ne peut pas être réalisé. L’Institut Verbiest a travaillé pendant 25 ans grâce aux possibilités que la K.U.Leuven offrait et grâce au support financier et autre des Supérieurs provinciaux successifs de la Province de Chine-Mongolie de Scheut avec leurs Conseils. Luo Youmei (Taipei) et Paul Defever CICM, assistés par Willy Bollen de la K.U.Leuven, assurent la comptabilité depuis des années. Ce sont les économes de la Province chinoise − surtout Ivon Stuyck et Paul Staes − qui veillaient à ce que le budget annuel soit respecté et qui, durant une période de 25 ans (depuis août 1982), avec l’approbation des gouvernements provinciaux, ont constitué petit à petit les ″Fonds Verbiest″ avec entre m Le Père Yves Stuyck cicm, ancien économe SM (à gauche) 4 m Statue de Théophile Verbist à Scheut. autre les dons des bienfaiteurs. Ces contributions et les fonds ont rendu possible notre travail. Grâce aux ″Fonds Verbiest″, nous étions assurés chaque année d’au moins une partie du budget. Après 25 ans de gestion par la Province SM, ce capital est maintenant mis à la disposition de la Fondation Verbiest. La direction de la jeune Fondation a remercié cordialement Scheut pour cela et, nous aussi, nous exprimons notre gratitude et notre estime pour la contribution de tant de Scheutistes à l’œuvre qui est continuée maintenant par onze collègues dans les deux Instituts Verbiest de Leuven et de Taipei. La gestion des finances: un service important de l’Eglise L’argent ne doit jamais être la première norme de la gestion, ni dans le domaine de la recherche ni dans la mission. Il y a des exemples − même très récents − où c’est bien le cas, mais chaque fois avec des conséquences néfastes pour l’œuvre elle- m Le Père Paul Staes cicm et le recteur M. Vervenne m L’ancien économe Paul Defever cicm avec des amis chinois même et surtout pour les personnes concernées. Mais c’est aussi vrai que, sans l’argent, les plus beaux rêves académiques ou missionnaires disparaissent dans le néant. Les Scheutistes l’ont apparemment toujours très bien compris. Theofiel Verbiest était le fils d’un banquier. Ce n’est pas clair si ceci en est la cause mais c’est un fait que lui et ses confrères, lors de la fondation de Scheut, ont très bien compris les besoins financiers de la nouvelle fondation. Ils avaient l’art de motiver les gens du pays pour soutenir leur œuvre. Verbist partait pour la Chine ″à petit pas mais avec une bourse bien remplie.″ (G. Gezelle) Mais, une fois arrivé en Chine, il était confronté à des situations tellement inattendues que sa bourse était vide en un rien de temps. Verbist a alors connu la misère. Mais il s’en sortait grâce à l’aide de nombreux bienfaiteurs. Les Scheutistes en Chine avaient bien compris la leçon. 25 ans plus tard − déjà dès les années 1890 −, ils investissaient à Shanghai pour pouvoir satisfaire les besoins des six Diocèses de Scheut au nord de la Chine. Tout cela marchait bien, jusqu’au moment où les communistes prirent le pouvoir, confisquaient tout et chassaient les Scheutistes de Chine. Tous les Diocèses du nord de la Chine étaient alors totalement dépendants de leurs propres ressources locales. Eux aussi ont vécu dans la misère pendant des années. Lors de l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaping (1979), une loi a été votée pour restituer ses biens à l’Eglise. Ce qui a été fait aussi concernant ses propriétés à Shanghai, du moins en théorie, car en réalité les autorités disent à l’Eglise: ″Nous allons bien gérer ces investissements pour vous.″ C’est ainsi que ces anciens Diocèses de Scheut reçoivent chaque année quelques revenus des anciennes possessions de Scheut. Mais maintenant il paraît que ces autorités ont chaque année tant de frais à payer que très peu d’argent reste pour l’Eglise. Ainsi, les années noires durent encore toujours pour l’Eglise de Chine. De même, pour nous. Dans l’Institut Verbiest, nous avons au moins une chose commune avec Theofiel Verbist: la pénurie financière. Cela est apparemment propre à la Mission. Mais, comme Verbist, nous essayons de nous débrouiller. Nous comptons surtout sur la sympathie et l’aide financière de beaucoup de bienfaiteurs. Les Fonds Verbiest actuels sont loin de répondre à tous les besoins de notre œuvre. Tous ceux et celles qui nous apportent une contribution − petite ou grande − ou qui, avec un don substantiel, renforcent les Fonds Verbiest eux-mêmes, participent activement à la Mission de Chine que l’Eglise de Belgique assure via la Fondation Verbiest. Au nom de ladite Fondation, mais surtout au nom de l’Eglise de Chine, nous vous disons ″Merci″ de tout cœur. (J. Heyndrickx, cicm) POUR UNE CROISSANCE DE ″L’ARBRE DE L’AMITIE u AVEC LA CHINE″ m Frère René Stockman f.c., Directeur délégué Il y a quinze ans, les Frères de la Charité, accompagnés du Provincial CICM Wim Bollen et de Jeroom Heyndrickx, partaient en Chine pour un voyage de prospection. Après ce voyage, nous avons décidé que l’aide aux Instituts pour handicapés mentaux lourds était l’occasion de présenter une aide à la Chine. Nous sommes toujours de cet avis. Depuis lors, les Frères de la Charité sont membres du Conseil d’Administration de l’Institut Verbiest. En 2006, la Province Chine-Mongolie des Pères de Scheut a transmis le patronage de cet Institut, présidé par le Cardinal G. Danneels et dont les Scheutistes, les Franciscains et les Frères de la Charité sont les membres, à la Fondation Verbiest. La Province Chine-Mongolie a entamé le transfert de la Fondation Verbiest, érigée spécifiquement pour soutenir les activités. Au nom du Cardinal et de la Fondation Verbiest, nous exprimons ici notre admiration et nos remerciements pour l’audace et la réussite de cette initiative: la fondation de l’Institut Verbiest K.U.Leuven pour la recherche et la collaboration avec la Chine. La Fondation Verbiest a pour but, au nom de l’Eglise de Belgique, de patronner l’Institut Verbiest K.U.Leuven et l’Institut Verbiest Taipei et de garantir l’aspect missionnaire des recherches et de la collaboration avec la Chine, dans la ligne de l’Eglise du Concile Vatican II. Le passé missionnaire très riche ainsi que les activités académiques des missionnaires de nos contrées en Chine se prolongent ainsi dans notre Institut, de façon adaptée à notre temps. 5 En date du 1er janvier 2007, sur proposition du Conseil d’Administration de l’asbl Institut Verbiest K.U.Leuven, j’ai accepté la tâche de Directeur-délégué. A partir du 1er septembre 2007, Antonio Egiguren OFM assumera la tâche de Directeur de l’Institut Verbiest. Ceci coïncide avec la célébration du jubilé des vingt-cinq ans de l’Institut Verbiest. Nous considérons avec reconnaissance le travail effectué pendant cette période, dont ce numéro du Courrier Verbiest donne un aperçu élaboré. Et c’est très important que nous envisagions l’avenir de cet Institut dans la plus grande confiance. La direction de l’Institut a formulé et adopté un document de direction, dont je propose ici les points essentiels concernant le programme et les priorités. L’Institut Verbiest veut allier les recherches académiques sur l’histoire de l’Eglise en Chine à une collaboration active avec l’Eglise de Chine, surtout en ce qui concerne la formation des ministres du culte. Dans la perspective de ce double but, nous envisageons deux secteurs d’activités: d’une part, la Division Recherche et, d’autre part, la Division Collaboration. L’Institut Verbiest propose de façon autonome des moyens pour des recherches sur des sujets qui ailleurs ne trouvent aucun soutien, et donne ainsi des chances inespérées pour le travail des chercheurs. L’Institut examine comment la foi chrétienne a été transmise de l’Occident vers l’Orient et quelles interactions ont été initiées entre les sociétés, les cultures et les religions des deux parties. Il favorise ces recherches par l’intermédiaire de ses propres chercheurs, par des chercheurs m Le Premier Ministre Martens et l’Ambassadeur Liu plantent l’Arbre de l’Amitié belgo-chinoise (sept. 1986). associés temporairement et surtout par le moyen de la Chaire Verbiest et du Symposium Verbiest trisannuel. Pour ces recherches, l’Institut implique aussi bien des chercheurs Chinois que des non Chinois, des chrétiens que des non chrétiens; ainsi, il diversifie le plus possible les opinions sur les thèmes cités plus haut. Par l’intermédiaire du programme Aleph de la K.U.Leuven, l’Institut met la Scheut Memorial Library à la disposition des recherches. Les résultats des recherches sont publiés dans la série propre Leuven Chinese Studies, dont plusieurs volumes ont déjà été traduits et publiés en Chinois à Pékin. A l’intérieur de la K.U.Leuven, il est indiqué que l’Institut Verbiest collabore étroitement avec le module de recherche Sinologie de l’Université. De façon structurelle, on collabore aussi avec la Faculté de Théologie, par l’intermédiaire de la Chaire Verbiest. La collaboration entre l’Institut Verbiest de la K.U.Leuven et l’Institut Verbiest Taipei favorise également l’interaction avec les Instituts Chinois. Une attention spéciale est réservée au Programme Collaboration avec l’Eglise de Chine. Un article de ce numéro du Courrier indique que l’Institut Verbiest a obtenu des résultats exceptionnels concernant la formation des ministres chinois du culte. A partir de la K.U.Leuven et en union avec les collaborateurs de Taiwan, 49 sessions de formation de deux semaines ont été organisées en Chine, au cours des douze années écoulées; y ont participé 3.127 candidats. Pendant cette même période, l’Institut a distribué des bourses d’études aux prêtres, religieux et laïcs, afin de pouvoir faire des études en Chine. Ces bourses ont été octroyées à 192 prêtres, 878 séminaristes, 809 religieux provenant de 47 diocèses différents et appartenant aussi bien à l’Eglise officielle qu’à l’Eglise clandestine. N’oublions pas que, pendant cette même période, 28 boursiers, prêtres, religieux et laïcs, ont été invités par l’Institut Verbiest à étudier à Leuven et à Louvain-la-Neuve; 9 autres boursiers ont fait leurs études aux Philippines. m Le Collège d’Arras: le globe céleste. Au fond: l’Arbre de l’Amitié belgo-chinoise, conifère de l’Himalaya (après 21 ans) 6 Ce programme retient toujours notre attention spéciale. Selon les circonstances et les moyens disponibles, nous dési- rons continuer dans l’avenir les rencontres entre des évêques et représentants de l’Eglise de Chine et des autorités civiles chinoises, que nous invitons ici et qui nous accompagnent lors de voyages en Chine. Ainsi, nous continuons le travail qui depuis le début a été typique et primordial pour l’Institut Verbiest, à savoir que les contacts personnels et le dialogue resteront toujours le chemin le plus court pour une compréhension mutuelle, malgré les fossés et les malentendus très profonds du passé. Ces contacts font naître une grande amitié. Le 9 septembre 1986, le Premier Wilfried Martens, le Recteur R. Dillemans et l’ambassadeur de Chine ont planté un sapin de l’Himalaya dans le Collège d’Arras, tout proche de notre Institut Verbiest, en tant que ″arbre d’amitié entre la Chine et la Belgique″. L’Institut Verbiest comptait à ce moment déjà quatre ans d’activités. Pendant les vingt-cinq ans parcourus, l’Institut a pris racine dans notre pays, tout près de ce sapin de l’amitié, et il est devenu lui-même l’arbre adulte entre la Chine et le plat pays que sont nos contrées. Nous comptons sur les encouragements et le soutien de tous nos collègues et amis pour conserver cette atmosphère qui favorisera la croissance de cet arbre de l’amitié. Fr René Stockman fc Directeur-délégué Institut Verbiest K.U.Leuven VINGT-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE DE L’INSTITUT FERDINAND VERBIEST: ADMIRATION ET GRATITUDE Déclaration de notre nouveau directeur Antonio Egiguren veut poursuivre ses recherches au sujet de l’histoire de l’E u glise en Chine. L’asbl Institut Ferdinand Verbiest K.U.Leuven a été érigée en 1982 comme projet de coopération entre l’Université catholique de Louvain et la Province chinoise des Pères de Scheut (cicm). Le mandat de l’Institut Verbiest était clair: encourager une rencontre Est-Ouest et démontrer que la célèbre boutade de R. Kipling est fausse: East is East and West is West and the twain shall never meet.1 Le but du père Ferdinand Verbiest n’était pas d’imposer l’Ouest à l’Est et de conquérir ce dernier, une tentative qui avait échoué depuis belle lurette, mais bien de jeter des ponts qui pouvaient ouvrir de nouveaux horizons de compréhension mutuelle, de respect et d’acceptation de la diversité. Antonio Egiguren Iraola ofm est né au pays basque espagnol. Il est entré chez les franciscains et, après ses études sacerdotales, il a travaillé pendant vingt ans en Corée et en Thaïlande. En 1999 il a étudié à l’Université St-Paul à Otttawa (Canada) et y a obtenu un M.A. en sciences de la mission et du dialogue interreligieux. En 2001 il a obtenu un autre M.A. en ″Christian Ethics″ à la même université. Ensuite, il a continué ses études à la K.U.Leuven où il a obtenu, en 2002, une licence en théologie pastorale, suivie, en 2005, d’un doctorat en théologie avec une thèse traitant de la manière selon laquelle la foi catholique a été propagée de la Chine vers la Corée. Actuellement il est ″associate professor″ au département ″Interdisciplinary Religious Studies″ à la K.U.Leuven. L’assemblée générale de l’Institut Verbiest K.U.Leuven asbl a nommé le père Egiguren directeur de l’Institut. Le 1er septembre il a succédé à Jérôme Heyndrickx. Dans cet article, le nouveau directeur explique dans quelle direction l’Institut Pour entamer le processus de compréhension mutuelle, il est important de connaître sa propre histoire et d’entrer dans le contexte historique de son partenaire. Dans son allocution à la K.U.Leuven en octobre 1985, le professeur Zhao Fusan disait, en citant Hegel, que ″la Chine est un pays imprégné d’un sens profond de l’histoire″ et il ajoutait: ″en tant qu’étudiant de l’histoire mondiale, j’ai toujours été fasciné par la physionomie spirituelle d’une époque ou d’un peuple, formée par la culture d’une époque ou d’une nation. Elle concrétise aussi bien la tradition que les traits typiques du temps mais également l’expérience propre de chaque nouvelle génération.″2 La connaissance de l’histoire chinoise et, plus concrètement, la relation entre la Chine et le monde chrétien, constituent le cadre dans lequel l’Institut Verbiest a exercé ses activités au cours des dernières vingt-cinq années. En me rappelant, à l’occasion des festivités de ce vingt-cinquième anniversaire, toutes les réalisations de l’Institut Ferdinand Verbiest, je vois l’empreinte d’un Institut humanitaire et d’un homme: les Scheutistes (cicm) et Jérôme Heyndrickx. Je veux exprimer mon admiration et ma gratitude à l’égard de tous les deux, l’homme et l’Institut, et formuler une promesse pleine d’espoir: que l’étoile des futures activités de l’Institut Verbiest et de la chaire Verbiest brille à jamais au firmament de Louvain et de la Chine. Dans l’avenir, l’Institut voudrait examiner davantage les domaines de la missiologie et du dialogue interreligieux. A cet effet, il voudrait utiliser deux activités complémentaires: l’usage de la ″oral history method″ pour mieux connaître l’histoire récente de l’E u glise catholique en Chine et la chaire Verbiest de la faculté de théologie. J’expliquerai chacun des deux domaines. En effet, pendant toutes ces années, l’Institut Verbiest a fait de grands efforts pour découvrir l’histoire cachée de tant de chrétiens fidèles qui ont vécu leur foi, sincèrement dévoués à Dieu et à leur pays. Il semble que les changements survenus en Chine au cours de ces trente dernières années ont facilité l’étude approfondie de l’histoire religieuse récente des chrétiens. La levée de l’interdiction des activités religieuses et la fin des persécutions des fidèles ont conduit à une renaissance très rapide de toutes les religions en Chine. Ce mouvement a été renforcé par le vide spirituel causé d’abord par la profonde désillusion avec le communisme et, à l’heure actuelle, par le développement économique rapide qui a créé un grand chaos mo- 1 2 (Rudyard Kipling [1865-1936], The Ballad of East and West). (Zhao Fusan ″The Ferdinand Verbiest Foundation K.U.Leuven vzw: its History, Organisation and Philosophy″, in: Ferdinand Verbiest Foundation: China & Europe, Yearbook 86 [Leuven University Press, 1986], p.31-32.) 7 ral. Ces deux situations, le revival religieux et le chaos moral général, ont attiré l’attention tant des étudiants que des fonctionnaires du gouvernement. Quand nous tentons d’écrire l’histoire de l’E u glise catholique en Chine depuis 1949, je crois que notre première respon- quitté la Chine après 1949. Ces données doivent être examinées à partir d’un nouveau point de vue et associées aux résultats de l’histoire orale des protagonistes chinois. Cette méthode permettra de découvrir les récits authentiques et vivants du peuple qui a reçu la foi des missionnaires étrangers. Ainsi il est possible de m L’Institut Verbiest à la K.U.Leuven, avec le globe de Verbiest. sabilité n’est pas tant de confirmer ou d’infirmer certaines hypothèses mais plutôt de prêter une voix au passé. L’essentiel est d’écouter les récits des gens. Une étude équilibrée de l’histoire de l’évangélisation ne traite pas seulement des structures, de la hiérarchie ou de la théologie officielle. D’ailleurs, toutes ces choses ont été faites déjà, surtout pas les missionnaires qui ont mieux comprendre les influences interculturelles, l’évangélisation transculturelle et les relations sociales nouvelles qui découlaient de l’évangélisation. Il est clair que pareille étude et surtout la récolte des données scientifiques pour examen et interprétation ultérieurs ne peuvent être faites que par des Chinois. En collaboration avec des universités chinoises, des in- stituts ecclésiastiques et des dirigeants locaux, on élaborera un plan qui aidera à voir clairement les heurs et malheurs des chrétiens au cours de l’histoire récente. En érigeant une nouvelle chaire, l’Institut Verbiest favorise également l’étude de l’évangélisation et de l’histoire de l’E u glise catholique en Chine. Cette chaire est intégrée à la faculté de théologie, ce qui garantit que toutes les recherches qui y sont faites se font dans le contexte d’une université ouverte et moderne. Cette chaire Verbiest est un vieux rêve de l’Institut Verbiest. Déjà en 1985 fut érigé une chaire Verbiest au sein de la Faculté de philosophie et lettres, avec l’intention d’inviter des professeurs chinois à donner des exposés sur des sujets comme la philosophie, la littérature, l’art, la langue, l’histoire, etc. chinoises. On peut résumer les buts de la chaire Verbiest comme suit: - réflexion théologique au sujet de la communication interculturelle en Chine et études comparatives au sujet de diverses religions, comme le taoïsme, le confucianisme, le bouddhisme et le christianisme; - réflexion théologique au sujet des activités de l’E u glise catholique en Chine, sous tous les aspects de l’évangélisation: les méthodes missionnaires et la transmission de la foi, la formation de communautés chrétiennes locales, les modèles d’E u glise, le dialogue œcuménique et interreligieux; - apport de l’expertise des Facultés théologiques en Asie; - promotion des réseaux et de la collaboration entre la ″K.U.Leuven″ et les Instituts d’enseignement supérieur en Chine. Voilà les perspectives dont nous allons discuter ces jours-ci avec nos collègues de l’Institut. (Antonio Egiguren, ofm) APERÇU DES HUIT SYMPOSIUMS La situation en général Depuis sa création, l’Institut F. Verbiest se fait connaître le plus clairement dans l’organisation d’un International Symposium. Sa mise sur pied poursuit plusieurs objectifs: d’abord inviter plusieurs chercheurs à venir à Louvain pour prendre contact à travers nos recherches avec le mainstream dans ce domaine, puis, à travers ces contacts, créer l’union et la collaboration entre ces hommes et faire 8 connaître les résultats de nos propres recherches, enfin divulguer nos propres éditions et promouvoir les activités de la Fondation. Ainsi, nous y trouvons le point de départ de notre propre programme de recherches: relier ″l’histoire ancienne″ (17e et 18e siècles) et ″la nouvelle période missionnaire ″(19e et 20e siècles) en mettant l’accent - pas exclusivement - sur les contributions missionnaires de notre propre pays, souvent peu connues ou igno- rées dans notre propre pays ou en Chine. Notre attention allait toujours d’abord sur l’interaction avec la Chine: de quelle façon les missionnaires flamands et francophones ont-ils aidé à donner une stature à l’Eglise en Chine? Dans ″l’histoire ancienne″(17e et 18e siècles), pour des raisons historiques, se distinguent surtout les Jésuites comme Ferdinand Verbiest, l’icône de notre Institut, ainsi que ses confrères, Philip Couplet, François de Rougemont et plus tard Antoine Thomas, Petrus Van Hamme. Pour ″la nouvelle pé- m Le premier Symposium (1986) sur Philip Couplet, sj riode″, le temps des ″Late-Qing″ (19e et 20e siècles), c’est surtout les missionnaires de Scheut (Cicm) qui s’imposent. Leur action entraîne également la Mission de Mongolie dans nos recherches. Voilà en bref le grand terrain de recherche de notre Institut. Et tout ceci, dans un éventail d’attentions personnelles, thématiques et structurelles. Cette action se clarifie dans toutes nos recherches, nos publications (voir le résumé de S. Lievens et de Cecilia Pan Yuling) et nos symposiums. Aperçu historique Voici les sujets, les thèmes ou les figures historiques. Il nous est impossible, dans ce court exposé, de donner un résumé complet des huit symposiums et surtout des interventions individuelles. Voici en résumé les grands thèmes des symposiums. - Symp. 1, 1986 (Leuven-Heverlee): Ph. Couplet, ’The Man who brought China to Europe; - Symp. 2, 1988 (ibid.): Ferdinand Verbiest - Symp. 3, 1990 (ibid.): Historiography of the Catholic Church in China - Symp. 4, 1993 (ibid.): Antoon Mostaert - Symp. 5, 1995 (ibid.): History of the Relations between the Low Countries and China in the Qing Era (1644-1911) - Symp. 6, 1998 (Vaalbeek): The Christian Missions in Qing China (1644-1911): Profiles, Strategies, Inspiration - Symp. 7, 2001 (Fujen, Taipei): History of the Catechesis in China - Symp. 8, 2004 (Vaalbeek): History of the Church in China En moyenne, il y avait 25 contributions pas symposium; donc, au total, il y a eu 200 contributions décrivant et exposant les thèmes. Ces contributions proviennent de chercheurs professionnels - historiens, Sinologues, Mongolistes, missiologues d’origines différentes: aussi bien de Taiwan que de la Chine Continentale. Les 6 premiers symposiums ont été publiés dans notre série Leuven Chinese Studies. La publication des rapports du 7e (2001) et du 8e (2004) est en préparation. Des personnalités comme leitmotiv térieur d’une structure en collaboration avec ses collègues, mais également avec des personnes non-membres de l’Ordre. Plusieurs de ses collègues étaient également des compatriotes, dont Philippe Couplet était le plus important; ils se connaissaient déjà depuis leurs années de formation. C’est ainsi qu’il était important de faire précéder un symposium sur Philippe Couplet avant d’entamer celui de Verbiest. Le titre bien choisi - un peu provocateur - ″The Man Who Brought China to Europe″ attire l’attention sur le fait que Ph. Couplet n’était pas uniquement un missionnaire de terrain (comme à Shanghai), mais a également contribué largement à la diffusion des œuvres chinoises en Europe, par exemple les classiques chinois, dans le milieu intellectuel d’Europe ( publication de Confucius Sinarum Philosophus, Paris 1687), également les principes de base de la langue chinoise. Par cette activité, il est aussi à l’origine de la ’Sino-filie’, qui évoluera au 18e siècle vers une ’Sinologie’ scientifique. Nous constatons ceci parmi la première génération des sinologues à Paris et à Oxford, également à Berlin et à Amsterdam. Nos recherches plus approfondies ont confirmé ce rôle historique dans le cadre culturel, et ici nous devons aussi citer la contribution importante de l’homme de lettres, Michael Shen FU-tzung. Nous avons donné beaucoup d’attention aux contributions des grandes personnalités qui ont bien alimenté notre projet ″les Missions en Chine″, à commencer par Ferdinand Verbiest, spécialement bien présenté dans F. Verbiest, Jesuit Missionary, Scientist, Engineer and Diplomat. Ceci pas seulement dans le deuxième symposium, mais repris dans plusieurs contributions des orateurs, par exemple contributions de détails biographiques, sa formation, ses réalisations dans le domaine d’astronomie, cartographie et balistique, son rôle de facilitateur dans les pourparlers entre la Russie et la Chine, ses méthodes et publications catéchétiques. Tout ceci a retenu beaucoup notre attention depuis 1988, mais, depuis lors - soit la dernière décennie -, cela a été un peu négligé. Personne ne travaille tout seul, même une forte personnalité comme Verbiest; il était un enfant de son temps et le produit de sa formation, ayant vécu dans une culture de groupe (la culture jésuite). Il travaillait à l’in- m Le deuxième Symposium (1988) sur F. Verbiest, sj 9 nuscripts & Block-Prints de la Bibliothèque Centrale de l’Université de Leuven. Ajoutez à ceci d’autres sources écrites ou visuelles, comme les inscriptions (la pierre commémorative des martyrs de la Révolte des Boxers en Mongolie), Xie Sui’s Mantjoe ″les représentations des porteurs de Tribut″, ou les documents cartographiques (cartes de A. Thomas). Le Cadre et les Thèmes m Dr Noël Golvers, modérateur des Symposiums Verbiest Un autre chemin d’approche n’était pas uniquement orienté vers les personnes ou le texte, mais plutôt thématique. Ainsi, la Catéchèse retient notre grande attention pour la variation de ses formes et de ses méthodes. L’idée centrale du 7e symposium n’était pas uniquement l’histoire de la catéchèse; celle-ci était également traitée dans plusieurs symposiums comme D’autres collègues de F. Verbiest ont retenu également notre attention, tel que François de Rougemont, un autre ami de ses années de formation, missionnaire à Changshu, et cela grâce à la découverte de ses notes personnelles. Bien différent est Antoine Thomas, missionnaire pursang qui a révélé la dimension scientifique de l’astronomie de Verbiest. Enfin, avec François Noël, nous arrivons dans le milieu ″Gallo-Belgicain″ de la Province des Jésuites; ceci s’intègre clairement dans la grande dimension de notre Centre. Ces deux derniers missionnaires ont été étudiés au symposium de 1995 et seront mis en évidence lors du 9e symposium. A côté de ces ténors, d’autres personnalités missionnaires ont également retenu notre attention, des hommes d’inspiration et d’horizon différents: V. Lebbe, l’Evêque J.N. Tacconi, Fr.Van Aerstselaer, Karl Gutzlaff, Luo Wen-zhao, He Tianzhang, Lu Zhengxiang et beaucoup d’autres, connus et moins connus, ’unsung heroes’.D’une manière toute différente, Antoon Mostaert CICM a le mérite d’être un des meilleurs mongolistes des temps modernes. m 8° Symposium à ‘La Foresta’ (2004) Le rôle du livre et du texte La Mission en Chine était d’une certaine façon la Mission du ″livre imprimé″ et ″l’Apostolat de la Presse″ était caractéristique de la Mission des Jésuites. C’est la raison pour laquelle des textes-clés et des textes avec valeur de témoignage ont reçu une attention particulière. Citons quelques exemples: les Dialogues d’Aleni, 1e Qiqi Tushuo de Schreck, de Verbiest son Astronomía Europeae, son Traité du Sacrement de la Confession, ses récits de voyage dans le pays de Tartarije, et bien d’autres encore; Jue Si Lu de Liu Ning; Shou Yu Quan-shu de Han Lin; De Veris et Falsis (Xiezheng likao) de Jacobus Zhang Weiqi: Tibetan & Mongolian Mam Dr Patrick Taveirne cicm au 3° Symposium (1990) 10 idée centrale de la Mission. Voyez par exemple la contribution sur F. Verbiest, l’Introduction d’Aristote comme préparation à la catéchèse et puis la méthode particulière de F. de Rougemont, etc; la formation du clergé local; Mission et Argent; Mission et Mariage. La Mission ne se vit pas dans un cadre vide mais est définie par l’endroit et le temps, également par sa dimension sociologique. Quand nous regardons l’espace géographique de la Chine, on se rend compte du grand spectre traité pendant les conférences. A côté de Pékin, terrain du missionnaire-astronome Verbiest et siège de l’Université Aurora, il y avait également des actions missionnaires et des mouvements régionaux de chrétiens en ordre dispersé: au Taiwan, Sud-Ouest Hubei, Guangdong, les Mopan Mountains, Shandong, Sichuan, Gansu, Xinjiang et la Mongolie Centrale. Cette dernière pour ses liens historiques avec CICM, la force motrice de l’Institut Verbiest. Nous n’avons pas négligé l’aspect sociologique, quand même présent mais sporadiquement: par exemple, les réactions b Ted Foss, Ed. Malatesta et Claudia von Collani au Symposium ’Couplet’ (1986) spécifiques du milieu intellectuel sur la mission, une réflexion sur le caractère élitiste - oui ou non - de la mission des Jésuites, le profil sociologique des chrétiens chinois entre 1860 et 1912; une indication sociologique sur les ″Missionary cases″ à Taiwan. Nous n’avons pas oublié les thèmes non-missionnaires ou para-missionnaires: l’organisation des soins professionnels de la santé, les observations météorologiques, l’apport de l’activité industrielle belge en Chine (le chemin de fer BeijingHankou), les missions économiques belges à Gansu; la prosopographie des étudiants Chinois en Belgique et les missionnaires-linguistes de Taiwan. Enfin, une bonne recherche historique part d’une connaissance approfondie de ses sources et exige également une remise en question constante de sa méthode. Ainsi, à l’occasion du 3e symposium, nous avons eu la bonne idée de donner un rapport sur les archives et les projets en cours dans plusieurs Congrégations, qui au 19e et 20e siècles étaient actives dans les missions en Chine. Les questions spécifiques sur la méthode ont été rarement explicitées. Ce survol est bien incomplet vu la densité et la complexité des sujets qui ont été traités au cours de ces 8 Symposiums. Ils sont et resteront les grandes lignes de conduite qui seront mises en évidence également au 9e Symposium à Leuven du 6 au 9 septembre 2007. (Noël Golvers) PUBLICATIONS tions. Ce livre est un instrument de références pour chercheurs en ce domaine. 2. Huai-Ren Series 2: Between Caesar & the Lord - Church-State Relationships in countries of Europe and Asia j A Taiwan L’Institut Verbiest publie sa propre ’SérieVerbiest’,encollaborationavecKuangchi Press de Taiwan. Y sont publiés: 1. Huai-Ren Series 1: Mission Beyond the Great Wall m Pan Yulin du Bureau de Taipei j A Beijing La traduction chinoise de F. Verbiest, Missionary, Diplomat and Man of Science de Dr. N. Golvers. - La traduction chinoise de F. De Rougemont de Dr. N. Golvers. - Reference Articles for Research on het Religious Policy of China concerning Christianity since 1949, une collection de plus que dix mille articles concernant le christianisme, publiés en Chine depuis 1949, collectionnés par Madame Jin Yifeng (Beijing) en collaboration avec l’Institut Verbiest, et publiés par The Chinese Academy of Social Science, department publica- Il y a plus de 200 ans, le christianisme fut introduit au-delà de la Muraille chinoise. Les premiers missionnaires étaient des Lazaristes français, ensuite suivirent les Pères de Scheut, avec des prêtres chinois. Ce livre décrit l’histoire des Scheutistes audelà de la Muraille chinoise. Il parle de l’histoire du village catholique Xiwanzi et contient les biographies des prêtres chinois de cette région: Jacobus Zhang et Matthieu Xue. Le livre est illustré par 70 photos et cartes géographiques des Diocèses. On peut aussi trouver la liste complète des noms des 679 Scheutistes et de plus que 300 prêtres chinois qui travaillaient dans les Diocèses au-delà de ka Grande Muraille en cette période. Le livre a déjà été bien vendu dans tous les Diocèses où travaillaient les Scheutistes. Ce livre contient les conférences données à l’occasion du Symposium organisé en 1999 par l’Institut Verbiest et la Faculté du Droit canonique de l’Université Catholique de Louvain. Les conférences traitaient du nationalisme, du patriotisme et de la religion en Chine, du shintoïsme et de la protection des minorités au Japon, de l’équilibre délicat entre christianisme et l’Islam, des caractéristiques des sectes en Europe, de la liberté de religion en Europe et aux Etats-Unis, etc. 3. The Social Agenda - A Collection of Magisterial Texts Une sélection de plusieurs documents concernant la doctrine sociale de l’Eglise catholique: la dignité de la personne humaine, la famille, le rôle des gouvernements, les droits de l’homme, Justice et Paix, etc. Le siècle passé les papes ont écrit des dizaines d’encycliques et de documents importants concernant ces sujets. Le but de cette publication est de les faire connaître au public chinois. 11 4. Huai-Ren Series 3: Histoire Des Chrétiens De Chine Ce livre raconte l’histoire de l’Eglise chinoise, vue et vécue par ceux qui y sont entrés. Cette histoire commence déjà au 7° siècle (la Dynastie Tang) avec l’arrivée des Nestoriens. Il parcourt 1300 années d’histoire de toutes les dénominations chrétiennes jusqu’au 21° siècle. P. Jean Charbonnier, sinologue et membre des Missions Etrangères de Paris raconte la naissance et le développement de communautés chrétiennes à partir des témoignages de missionnaires qui vivaient là-bas. Le livre fut écrit en Français, et bien vite traduit en Chinois en 1998. Avec P. Charbonnier, l’Institut Verbiest a préparé cette traduction ainsi qu’une édition plus élaborée. tera sa contribution au dialogue constructif des différents groupes afin que le but ultime (l’unité et le pardon mutuel dans l’Eglise chinoise) soit atteint. Ceci conduirait aussi à la normalisation des relations de la Chine et du Saint Siège. j A Leuven Après une période de collaboration avec Monomenta Serica (Sankt Augustin, Bonn, Allemagne) nous avons décidé de commencer une édition à nous-mêmes. Elle est appelée: Leuven Chinese Studies. Là-dedans on peut trouver deux sortes de publications: d’abord des monographies de chercheurs qui traitent des sujets qui sont proches de la sphère d’intérêt de l’Institut Verbiest, ensuite il y a aussi des conférences données aux Symposia organisés par l’Institut Verbiest. 5. Huai-Ren Series 4: Today and Tomorrow of the Chinese Church A l’occasion du 75° anniversaire de naissance et du 50° anniversaire de prêtrise du P. Jérôme Heyndrickx cicm (2006), l’Institut Verbiest invitait 25 amis de l’Eglise de Chine à écrire leurs opinions et leurs suggestions concernant l’Eglise en Chine: aujourd’hui et demain. Ce Liber amicorum a trois parties: La 1° partie parle de la politique de la République populaire en questions religieuses et par rapport au Vatican. La 2° partie parle des relations de l’Eglise Catholique Chinoise et de la Société Chinoise. La troisième partie touche des sujets qui concernent le rôle de l’Eglise Catholique aujourd’hui: l’organisation de l’Eglise locale, la formation des responsables, la recherche d’une spiritualité missionnaire propre, etc. 6. Huai-Ren Series 5: The Eternal China Pilgrim Tout le monde sait que le P. Jérôme Heyndrickx cicm est un des meilleurs connaisseurs de la Chine. Il a aussi un regard équilibré sur la situation de l’Eglise en Chine. Pendant 20 ans il a écrit, à des occasions diverses, plusieurs articles de grande valeur concernant l’Eglise en Chine. Il ne les avait pas encore rassemblés en un livre. A la demande de plusieurs lecteurs, l’Institut Verbiest a choisi les 30 articles les plus importants. Ils sont publiés dans ce livre en ordre chronologique. Plusieurs sujets traités: l’organisation d’une vraie Eglise particulière, le conflit entre communautés souterraines et communautés officielles, le rôle central de l’Union Patriotique, l’évolution des relations de la Chine et du Vatican. Chaque article est brièvement introduit pour pouvoir bien le situer. Le livre a paru en 2007, et nous avons déjà eu beaucoup de réactions très positives. Ainsi nous avons l’espoir que ce livre appor12 1. J. Heyndrickx (ed.). Historiography of the Chinese Catholic Church: Nineteenth and Twentieth Centuries. Leuven, 1994, 511 pp., ill. ISBN: 90-801833-2-6 2. Mme Yves de Thomaz de Bossierre. Jean-François Gerbillon, S.J. (1654-1707): Un des cinq mathématiciens envoyés en Chine par Louis XIV. Leuven, 1994, 211 pp. ISBN: 90-801833-1-8 3. Sara Lievens. The China Archives of the Belgian Franciscans - Inventory. Leuven, 1998, 416 pp. ISBN: 90-801833-3-4 4. Klaus Sagaster (ed.). Antoine Mostaert (1881-1971). C.I.C.M. Missionary and Scholar. Volume I: Papers. Leuven, 1999, XVI, 279 pp. ISBN: 90-801833-5-0 5. Klaus Sagaster (ed.). Antoine Mostaert (1881-1971). C.I.C.M. Missionary and Scholar. Volume II: Reprints. Leuven, 1999, 623 pp. ISBN: 90-801833-4-2 6. Noël Golvers (ed.). The Christian Mission of China in the Verbiest Era: Some Aspects of the Missionary Approach. Leuven, 1999, 114 pp. ISBN: 90-6186-996-X 7. Noël Golvers. François de Rougemont, S.J., Missionary in Ch’ang-shu (Chiangnan). A Study of his Account Book (16741676) and the Elogium. Leuven, 1999, 794 pp. ISBN: 90-5867-001-5 8. Koen De Ridder (ed.). Footsteps in Deserted Valleys. Missionary Cases, Strategies and Practice in Qing China. Leuven, 2000, 186 pp. ISBN: 90-5867-022-8 9. Ku Wei-ying & Koen De Ridder (eds). Authentic Chinese Christianity: Preludes to its Development (Nineteenth and Twentieth Centuries). Leuven, 2001, 198 pp. ISBN: 90-5867-102-X 10. Ku Wei-ying (ed.). Missionary Approaches and Linguistics in Mainland China and Taiwan. Leuven, 2001, 278 pp. ISBN: 90-5867-161-5 11. Lorry Swerts & Koen De Ridder. Mon Van Genechten (1903-1974): Flemish Missionary and Chinese Painter. Inculturation of Christian Art in China. Leuven, 2002, 188 pp. ISBN:90-5867-220-0 12. Noël Golvers. Ferdinand Verbiest, S.J. (1623-1688) and the Chinese Heaven. The Composition of the Astronomical Corpus, Its Diffusion and Reception in the European Republic of Letters. Leuven, 2003, 676 pp. ISBN: 90-5867-293-X 13. Cécile Leung. Etienne Fourmont (16831745). Oriental and Chinese Languages in Eighteenth-Century France. Leuven, 2002, 314 pp. ISBN: 90-5867-248-4 14. W.F. Vande Walle & N. Golvers (eds). The History of the Relations Between the Low Countries and China in the Qing Era (1644-1911). Leuven, 2003, 508 pp. ISBN: 90-5867-315-4 15. Patrick Taveirne. Han-Mongol Encounters and Missionary Endeavors: A History of Scheut in Ordos (Hetao), 18741911. Leuven, 2004, 684 pp.: ill. ISBN 90 5867 365 0 16. Ann Heylen. Chronique du ToumetOrtos: Looking through the Lens of Joseph Van Oost, Missionary in Inner Mongolia, 1915-1921. Leuven, 2004, 409 pp. ISBN 90 5867 418 5 17. N. Golvers, S. Lievens (eds). A Lifelong Dedication to the China Mission: Essays Presented in Honor of Father Jeroom Heyndrickx, CICM, on the Occasion of his 75th Birthday and the 25th Anniversary of the F. Verbiest Institute K.U.Leuven. Leuven, 2007, 740 pp., ill. ISBN 9789080783384 (Cecilia Pan Yuling, Sara Lievens) LE PROGRAMME DE FORMATION DE L’INSTITUT VERBIEST L’auteur de cet article est Louis Pinsheng (66 ans, Taiwan). Louis est devenu catéchiste et a fait ses études de théologie au Fujin Catholic Theologate à Taipei. Il collabore avec Scheut depuis 43 ans déjà, d’abord dans le cadre d’un travail paroissial, ensuite au Centre pastoral de Lorsqu’en 1997, je fus intégré à ce Centre, ses activités allaient bon train en Chine depuis longtemps: recherche, publications, aide au développement. C’est par la suite qu’a débuté le programme de formation avec ses visites pastorales et ses sessions de formation en Chine, etc. Maintenant, il y a plus Le programme pastoral de l’Institut Verbiest consiste en: Visites pastorales en Chine - organisation de sessions de formation en Chine - octroi de bourses d’étude pour la formation de ministres d’Eglise - récolte de fonds pour la construction d’églises Tout ce programme s’est développé à partir des visites pastorales que le P. Jeroom Hendrickx a faites en Chine depuis 1982. En 1983 déjà, il recevait une invitation à donner cours au Séminaire de Shangai. Plus tard, il sera invité également à enseigner au Séminaire National de Bejing et à donner des conférences dans d’autres Séminaires. Chaque invitation à enseigner dans un Séminaire a la priorité sur d’autres activités. Dans les années 80, ses collègues de Taipei l’ont rejoint dans ses visites pastorales. Très vite, la responsabilité de mener à bien ce programme (des visites pastorales à une trentaine de diocèses dans le Nord de la Chine) nous était confiée. Et cela continue encore aujourd’hui. Des visites pastorales qui ont conduit à l’organisation des sessions de formation m Louis Kuo de l’équipe de Taipei pendant une session de formation de laïcs à Chaoyang (Liaoning) Taiwan durant 26 ans dont dix en tant que directeur. Depuis 1997, il dirige l’équipe pastorale et est responsable du programme de formation de l’Institut Verbiest qui s’intéresse surtout à la Chine à partir de l’Institut Verbiest de Tapei. Louis aime répéter que la pastorale est la vocation de sa vie. D’autres sont du même avis en ce qui le concerne. Il décrit ici son activité et se présente ainsi lui-même. Depuis le temps où, jeune étudiant, j’étais membre de l’union estudiantine de Taichung, je me sentais déjà cette vocation pastorale. Durant toutes ces années, j’admirais secrètement le zèle des scheutistes, plus particulièrement celui du P. Jeroom Hendrickx, dans leur œuvre d’évangélisation à Taiwan. Les plus âgés des scheutistes qui avaient été bannis de Chine par Mao Zedong, étaient venus immédiatement à Taiwan pour y prêter main forte à la construction de l’Eglise locale. Jeune homme, je me posais déjà la question: pourraisje un jour, moi aussi, collaborer à une œuvre aussi chargée de sens? Ce fut pour moi un grand honneur lorsque ce rêve est devenu réalité: d’abord comme catéchiste dans les années 60 en compagnie du P. Ignace Rijbens, ensuite au Centre Pastoral de Taiwan et plus tard encore à l’Institut Verbiest. de dix ans déjà que je fais le voyage TaiwanChine dans le cadre de ce programme de formation. A vrai dire, j’ai déjà dépassé l’âge de la pension, mais pour nous, missionnaires, cela n’a aucune importance. Nous continuons à travailler. A l’occasion du 25ème anniversaire de l’Institut Verbiest, je suis heureux de pouvoir faire un compte-rendu de nos activités aux lecteurs du Courrier. C’est à partir de ces visites pastorales qu’est né le projet de former une équipe qui, à partir de Taipei, organiserait des sessions de formation pour prêtres, sœurs et laïcs dans différents diocèses, dans le domaine de la pastorale, de la catéchèse et de la spiritualité. Certains séminaires, diocèses ou paroisses recevaient la permission des autorités locales de nous inviter à cet effet. D’autres se voyaient refuser cette invitation. ″Accepter de l’aide″ venant de l’extérieur de la Chine n’était pas (et n’est pas encore) évident du tout m Jérôme Heyndrickx donne cours de théologie à Sheshan (Shangai, 1990) 13 pour les autorités en Chine. Pour elles, l’Eglise de Chine doit rester indépendante; elle n’a pas besoin d’aide de l’extérieur. Mais, peu à peu, nous apprenions qu’en certains endroits les autorités étaient plus bienveillantes qu’ailleurs. C’est ainsi qu’ont commencé nos sessions. Nous nous y prenions avec beaucoup de circonspection, sans donner trop de publicité à nos activités. Nous avions, et nous avons encore, l’impression que les autorités locales nous regardent de temps à autre d’un œil critique, qu’elles viennent interrompre notre activité pour inspecter ce que s’y passe exactement, et qu’elles menacent d’y mettre un terme. Et de fait, une fois une équipe a été contrainte d’arrêter la session. Après de longs interrogatoires, nos collègues ont été renvoyés chez eux. Mais la plupart du temps, cela se passe très bien, surtout lorsque l’Eglise locale entretient de bonnes relations personnelles avec les autorités. Il arrive même parfois que l’autorité nous invite à partager un repas. Par contre, les participants sont chaque fois enthousiastes et reconnaissants. Ils insistent pour que nous revenions le plus vite possible. Nous sommes un peu comme de vieux amis. Nous sommes édifiés et confirmés par leur foi et leur enthousiasme. Ainsi, la formation est réciproque. Nous sommes des chinois qui vont de Taiwan vers le continent chinois. Nous y allons avec un respect profond pour nos frères chinois et nous nous rencontrons dans une seule et même foi. A chaque session, nous faisons réellement l’expérience que nous participons à l’édification de l’Eglise chinoise en tant que communauté vivante, sous la conduite de l’Esprit. C’est là que se trouve la source de l’enthousiasme qui naît chaque fois au cours de ces sessions. m Joseph Lin de l’équipe de Taipei pendant une session de formation dans la Province de Shaanxi (2006) Ces sessions de formation sont elles-mêmes une sorte de dialogue avec l’autorité chinoise Ce qui compte, à l’occasion de chaque session, c’est d’établir de bonnes relations avec le diocèse ou le centre qui invite, et via ces derniers avec les autorités. Aucun des évêques qui nous invitent n’est laissé dans l’embarras. C’est d’un commun accord que nous fixons le thème et le nombre des participants, tandis que l’organisation locale reste de leur compétence. De notre côté, nous mettons une équipe sur pied et nous cherchons les gens et les moyens (pour voyages et pour participation aux frais dans l’organisation sur place). m Photo du groupe de la session de Shaanxi (2006) 14 Quoiqu’il en soit, donner des sessions de formation relève du ″non-officiellement admis″. Il y a des évêques qui n’osent même pas penser à l’organisation d’une session. En effet, l’autorité contrôle ″la communauté ecclésiale officielle″ très sévèrement, et davantage encore l’Eglise souterraine. Le déroulement de pareille session ressemble la plupart du temps à un jeu de pile ou face. Chaque fois, nous prenons un risque, aussi bien l’évêque qui invite que nous-mêmes. Nous admirons souvent l’audace et l’esprit d’initiative des prêtres ou des religieux qui organisent des sessions. Et lorsqu’un contrôle imprévu surgit, ils se révèlent très créatifs et éloquents pour démontrer comme légal ce que la police considère comme illégal. La première session se déroule d’habitude dans une certaine crainte, aussi bien pour eux que pour nous. Une fois cette première session réussie, ils osent s’atteler la plupart du temps à une seconde, si pas davantage. Même pour les sessions avec la communauté ecclésiale officielle, il y règne à chaque fois un climat ″souterrain″ (quasi-illégal) qui crée un sentiment d’inquiétude tout au long de la session. L’un d’entre nous fait toujours le guet pour voir s’il n’y a pas de contrôle qui surgit. En beaucoup d’endroits déjà, les autorités officielles nous connaissent. Le P. Jeroom Hendrickx rend visite à l’Eglise chinoise depuis 1982. Elles le connaissent et le suivent de très près. Elles nous connaissent également puisque, en tant que collègues de l’Institut Verbiest, nous voyageons en Chine depuis les années 80. Ils connaissent notre Institut, nos activités et nos occupations. Après tant d’années de méfiance à notre égard, une certaine confiance s’est développée au fil du temps. Au fond, nombre d’incompréhensions ont trouvé leur origine dans le passé, dans la méfiance et le manque réciproque de nat pour adultes), pastorale et évangélisation, liturgie et catéchèse, l’eucharistie, la catéchèse pour adultes, enfants et adolescents, les sacrements, le Nouveau Testament, la vocation et la mission des chrétiens, spiritualité et pastorale, le droit canon, les ornements liturgiques (leur sens et la formation pour leur confection), la Vie Consacrée, l’administration dans les communautés religieuses, communauté et prière, l’Eglise et la Bible, eucharistie et vie, l’approfondissement de la foi, communauté et vocation, la découverte de la joie dans la lecture de la Bible. m Frans De Ridder cicm avec de jeunes religieuses à Wuhan (2002) connaissance et d’information. Aujourd’hui, les autorités savent au moins que nous ne nous occupons pas d’″infiltration″ ou d’autres activités subversives. Dans beaucoup de régions, la confiance à notre égard s’est développée tout simplement. Dans la mesure où l’attitude des autorités supérieures en Chine face à la religion devient plus ouverte et plus positive, nous pouvons espérer que, petit à petit, cette même ouverture grandira dans toute la Chine. Mais cela prendra encore beaucoup de temps. En attendant, nos sessions sont en fait un temps de dialogue et de construction de la confiance mutuelle. Des Scheutistes et des laïcs venant de Taiwan, Hong Kong et Singapour dirigent les sessions Nous avons commencé par envoyer des équipes en Chine, de façon organisée, en 1996,pour y donner des sessions pour la formation des prêtres, des religieux et des laïcs. Ces équipes sont composées de collègues de l’Institut Verbiest, mais également d’amis sur la collaboration desquels nous pouvons compter: les Scheutistes Frans De Ridder, Charlie Gasan, Earl Cura. Les collègues laïcs Agnès Chang Suhua, Joseph Lin, Rachel Lu Yan, Louis Kuo. De plus, un certain nombre de prêtres, de religieuses et de laïcs de Taiwan, Hong Kong et Singapour y ont également participé. Ce qui est important, c’est que, dès à présent, et cela depuis plusieurs années, nous faisons de plus en plus appel à des collègues à l’intérieur de la Chine, non seulement pour donner un coup de main dans les sessions, mais également pour les diriger là où c’est possible. Depuis 1996, 49 sessions ont été organisées au total (1 pour prêtres, 2 pour séminaristes, 35 pour religieuses, 11 pour laïcs). 3.127 participants déjà ont profité de nos sessions dont 37 prêtres, 236 séminaristes, 1.843 sœurs et 1.015 laïcs, originaires de 20 diocèses différents et appartenant aussi bien aux communautés ecclésiales ″officielles″ que ″souterraines″. Dans cer- tains diocèses, nous avons donné plus de cinq sessions. Une session dure normalement une à deux semaines. Lors d’un voyage, nous essayons d’organiser deux sessions pour réduire les frais de voyage et d’organisation. Le nombre de participants par session varie entre un minimum de 50 et un maximum de 70 à 80.C’est la limite de nos capacités, aussi bien pour notre hôte que pour nous. La plupart du temps, nous rencontrons des difficultés pour le logement et la nourriture. Toutefois, les participants ne sont pas exigeants. Un strict minimum leur suffit. Il y a toujours beaucoup trop de candidats-participants. Nous avons connu un cas où nos exigences étaient très strictes pour ne pas accepter plus de 70 participants, mais l’organisation locale a accepté plus de 100 inscrits (avec toutes les conséquences pour le logement et la nourriture...). Et l’explication que nous recevions dans ce cas: ″Il faut nous comprendre! Nous n’avons pas souvent une telle occasion″. Une grande variété de thèmes Les sessions de formation traitent une grande variété de thèmes en relation avec la pastorale, la catéchèse, la spiritualité, tels que: RCIA (traitant du catéchumé- L’importance de ces sessions de formation ne doit pas être démontrée. Il est plus important de former des ministres de l’Eglise que de construire des bâtiments d’église. Dès le début, l’Institut Verbiest a compris cela et n’a pas hésité à le mettre en exergue comme priorité en ce qui concerne l’engagement du personnel et la collecte des fonds. L’organisation de tant de sessions coûte cher. Les bourses d’étude à l’intérieur de la Chine et surtout à l’extérieur de la Chine coûtent encore plus cher. Mais l’investissement dans la formation des êtres humains se révèle de fait plein de sens. Ici, nous touchons à l’essence de la construction de l’Eglise: la formation des ministres qui servent la communauté et la guident dans la foi. Bourses d’étude L’Institut Verbiest octroie des bourses d’études depuis 1984.A cette époque, on invitait des chercheurs non-catholiques à faire des études dans le domaine culturel, philosophique et historique. En 1984, Mme Zhang Jiaping de l’Institut pour les religions mondiales de l’officielle Academy of Social Sciences (Bejing) fut notre première étudiante boursière et fit des études de théologie à Louvain-laNeuve. Ensuite, ce fut au tour du professeur Fu Lu-an (Academy of Social Sciences,Bejing)) de venir faire des recherches en philosophie thomiste, ainsi que Lin Jinshui (Université de Fuzhou) et Wang Qingyu (Université Fudan,Shangai), tous deux dans le domaine de l’histoire, Yang Zhen- m Agnès Chang de l’équipe de Taipei dirige une session de formation à Hunan (2002) 15 zhong (Bejing) en astronomie, Zhao Yilu (Bejing) et Ma Dengha (Bejing), aux American Studies. A cette époque, les étudiants boursiers catholiques venaient de Hong Kong et de Taiwan: Sr Liu Hsiaomei (Hong Kong), doctorat en théologie, Wang Tianhsin (Taipei), psychologie, San Ta- Chuan (Taipei), philosophie, etc. Entre 1983 et 1993, au total 36 étudiants boursiers de l’Institut Verbiest ont étudié à Louvain-la-Neuve. logie, Ecriture sainte, morale, pastorale, catéchèse, spiritualité, liturgie, doctrine morale de l’Eglise, administration. En 2005, s’est tenue à Louvain (La Foresta, Vaalbeek) une session de formation pour sept jeunes évêques et cinq vicaires généraux venant de Chine. Au cours de cette session, on a examiné des documents qui d’habitude sont traités dans des sessions de formation pour évêques qui se tiennent à Rome. La situation politique ne permet pas aux jeunes évêques chinois priorité à l’octroi de bourses pour la formation à des Instituts à l’intérieur de la Chine? L’Institut Verbiest a donné une réponse affirmative à cette question à partir de 1997. Des études à l’étranger restent cependant nécessaires pour quelques professeurs de séminaires. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, l’Institut Verbiest continue à inviter des étudiants boursiers en Europe et aux Philippines, mais, depuis 1997, les bourses sont accordées en priorité à la formation dans les Instituts à l’intérieur de la Chine. Entre 1998 et 2007, des bourses ont été accordées pour des études dans des Universités et des Instituts supérieurs à l’intérieur de la Chine à 192 prêtres, 878 séminaristes et 809 religieux. Des bourses ont également été consenties à 56 étudiants Mongols (Mongolie intérieure) pour faire des études dans des écoles moyennes. Au total, ont reçu une bourse 1935 étudiants originaires de 47 évêchés différents et provenant aussi bien de communautés ecclésiales officielles que souterraines. Collecte de fonds pour la reconstruction des églises m Boursiers de l’Institut Verbiest (prêtres et religieux) qui étudient à Beijing (2005) Notre première priorité: des bourses d’études pour les ministres d’Eglise en Chine Le début des années 90 - après l’épisode Tiananmen - voyait de nouveau naître lentement une ouverture dans la collaboration avec l’Eglise également. A partir de ce moment, l’I.V. s’est concentré sur l’octroi de bourses d’études pour la formation des ministres de l’Eglise chinoise. Entre 1993 et 2007, il y a eu 28 étudiants boursiers (prêtres, séminaristes, laïcs) qui ont étudié en Belgique, en Hollande, en Angleterre et à Rome (K.U. Leuven, Louvain-la-Neuve, Leiden, Lumen Vitae, Birmingham, Regina Mundi). Ils ont étudié la théologie, le droit canon, la spiritualité, la pédagogie, la philosophie et l’anglais. Il y a encore eu neuf étudiants boursiers qui ont étudié aux Philippines à l’Université St Louis, à l’Université Sta Tomas, à San Carlos Seminary et à Maryhill School of Theologie. En Belgique, pendant la même période, trois sessions spéciales de formation ont été organisées par l’Institut Verbiest. En avril-mai 1994, a eu lieu une session de deux semaines portant sur la formation dans les Séminaires (avec traduction complète en chinois) à l’Abbaye bénédictine de Zevenkerke pour quinze prêtres, directeurs spirituels de Séminaires chinois. En 1997-98, l’Institut Verbiest organisait une session de formation pastorale d’un an et demi au Collège pour l’Amérique latine d’alors - également entièrement en chinois - pour un groupe de six prêtres; au programme: des cours de théo16 de participer à ces sessions de formation à Rome. En remplacement, l’Institut Verbiest a organisé des sessions à Louvain. Une seconde session de formation pour dix jeunes évêques chinois était planifiée pour mai 2007, mais elle a été remise au mois de novembre 2007 à cause de circonstances en Chine. Nous espérons qu’elle pourra avoir lieu. Priorité à la formation dans des Instituts à l’intérieur de la Chine La direction de l’Institut Verbiest a réalisé assez vite que trop de jeunes prêtres et religieux chinois partaient étudier en Amérique, à Rome et dans d’autres grandes villes. Etait-ce nécessaire? D’autant plus que cela donnait l’impression à d’autres prêtres et religieux de l’intérieur de la Chine qu’ils ne valaient rien ou qu’on ne pouvait pas avoir d’action pastorale valable sans avoir été étudier à l’étranger. S’ajoute à cela le fait que les programmes d’étude dans les séminaires en Chine sont en général assez faibles en ce qui concerne l’étude de ce qui est proprement chinois dans les domaines de la langue, de la littérature, de la philosophie, de la culture et de l’histoire. D’où la question qui a surgi: alors que Rome et d’autres Instituts à l’extérieur de la Chine donnent l’impression de se centrer davantage sur l’invitation d’étudiants boursiers vers l’étranger, l’Institut Verbiest ne ferait-il pas mieux de donner la Dans tous les diocèses, des églises ont été détruites, des terres et des propriétés ont été confisquées. Les vieux évêques beaucoup d’entre eux ont plus de 80 ans, certains même 90 ans - se trouvent devant la tâche insurmontable, non seulement de rassembler la communauté ecclésiale et d’organiser les célébrations liturgiques, mais également de reconstruire leurs églises. Pour y parvenir, ils devaient d’abord essayer de racheter les terrains d’église aux mains des autorités et ils ne disposaient évidemment que de peu de moyens financiers. C’est dans ce but qu’ils ont fait appel à nous. Mais cela aussi était défendu officiellement. Nonobstant cette interdiction, nous avons quand même commencé, à partir des années 90, à les aider en cherchant des fonds pour la construction de bâtiments dont l’Eglise de Chine a besoin pour la pastorale: églises, centres de formation, etc. L’Institut Verbiest joue ici un rôle de médiateur dans la prise de contact avec des bienfaiteurs et avec des organisations d’aide à l’extérieur de la Chine. Il y a vingt ans, nous pouvions leur faire parvenir ces soutiens uniquement de façon plus ou moins clandestine. Là aussi, des changements se sont opérés petit à petit. A beaucoup d’endroits aujourd’hui, on peut transférer officiellement de l’argent par compte bancaire. Mais ce n’est pas le cas partout. Par ailleurs, l’Eglise de Chine trouve par ellemême de plus en plus de moyens à l’intérieur de la Chine même, mais les besoins financiers restent encore énormes. Louis Kuo Pinsheng (complété par des statistiques recueillies par Paul Defever et Irène Yaling) L’INSTITUT VERBIEST CONSTRUIT UN CENTRE PASTORAL EN CHINE Anguo (Province de Hebei) est l’endroit où Vincent Lebbe a travaillé pendant des années et où il a fondé la Congrégation des Petites Sœurs de Sainte Thérèse. Cette Congrégation a été démembrée au moment où le communisme a pris le pouvoir. Certaines Sœurs ont fui à Taiwan, les autres ont été renvoyées dans leur famille par l’autorité civile. Parmi celles-ci, certaines se sont mariées. D’autres ont travaillé dans des usines ou dans l’agriculture, mais sont restées fidèles à leur vocation clandestinement. les Sœurs de l’Eglise souterraine. Depuis plusieurs années déjà, nous essayons de favoriser la réconciliation entre les deux communautés. Et maintenant que nous avons la lettre du Pape Benoît XVI qui parle surtout de réconciliation et d’unité dans l’Eglise en Chine, nous avons conçu ensemble le plan de construire un Centre Pastoral à Anguo, l’ancienne Maison mère de la Congrégation. Ce Centre devra devenir un centre d’évangélisation où religieuses et laïcs seront formés en vue de devenir des ministres d’Eglise: catéchis- équipe, des sessions pastorales à Anguo pour les Petites Sœurs de Ste Thérèse. Nous avons pensé à des sessions plus courtes au début, quelques semaines ou quelques mois, mais nous espérons pouvoir élaborer un programme de formation de deux ans, une fois que la construction du Centre sera terminée. Nous sommes en train de faire les plans pour le futur Centre Pastoral. Les Soeurs nous ont envoyé déjà un croquis (cfr cidessous). Nous envisageons un centre où pourront se faire des sessions pour une centaine de candidats de la façon suivante. Pendant que 30 ou 40 candidats suivent le programme complet de deux ans, 50 ou 60 candidats - laïcs venant des paroisses - viennent suivre des sessions plus courtes (deux semaines pendant les congés ou des sessions de week-end au courant de l’année). L’Institut Verbiest a commencé à collecter des fonds pour ce projet et s’adresse par la présente à tous ceux qui veulent contribuer. Veuillez verser votre contribution éventuelle sur le compte: 735-0183437-95. m Dessin du projet d’un Centre pastoral à Anguo pour la formation des catéchistes de la Province Hebei Après la Révolution culturelle, quand de nouveau il y avait un peu de liberté religieuse en Chine, les Sœurs ont émergé une à une de leur vie clandestine, mais elles étaient éparpillées sur plusieurs Provinces. Là, elles se sont regroupées petit à petit. Sans une vraie vie commune mais vivant chacune selon les circonstances locales, elles ont commencé à s’engager activement dans la pastorale. Ainsi la plupart d’entre elles se sont engagées dans l’Eglise souterraine avec les chrétiens de l’endroit qu’elles connaissaient. D’autres, par hasard celles de Anguo, l’ancienne Maison mère de la Congrégation, se sont jointes à l’Eglise officielle. De cette façon, celles des communautés souterraines et celles des communautés officielles ne désiraient plus avoir de contact entre elles. L’Institut Verbiest à Taiwan a depuis longtemps des contacts avec le groupe des Petites Sœurs de Ste Thérèse à Taiwan. Celles-ci rendent visite régulièrement à leurs consœurs en Chine. En un premier temps, elles ne prenaient contact qu’avec tes, animateurs de la liturgie, etc. Les Sœurs sont d’accord pour inviter aussi bien les Sœurs de l’Eglise officielle que celles de l’Eglise souterraine pour diriger ce Centre. Ainsi, d’une part, elles prendront une part active dans l’évangélisation et, d’autre part, via l’évangélisation et la prière en commun, elles évolueront vers une seule Congrégation: unité via l’évangélisation dans l’esprit de Vincent Lebbe et la spiritualité de Ste Thérèse, patronne de la Congrégation. Deux Sœurs d’Anguo étudient déjà la pastorale à Lumen Vitae. Elles se préparent à aller travailler dans le Centre pastoral d’Anguo. D’autres Sœurs d’Anguo et aussi des communautés souterraines étudient aux Philippines. D’autres encore s’apprêtent à se perfectionner dans la pastorale ou la catéchèse. Louis Kuo et moi-même nous sommes allés déjà animer des sessions de formation des Sœurs à Anguo. Louis, Joseph Lin et Rachel Lu de l’Institut Verbiest se préparent pour aller animer, en collaboration avec Hélène Reichl (Fons Vitae, Hsinchu) et toute une Si vous n’avez pas encore informé le secrétariat que vous désirez continuer à recevoir (gratuitement) notre feuille, veuillez renvoyer le formulaire ci-joint, dûment rempli. Les adresses d’autres lecteurs intéressés sont toujours les bienvenues. 17 AIDE AU DE u VELOPPEMENT EN CHINE PAR L’INSTITUT VERBIEST L’Institut Verbiest n’a jamais eu l’intention de remplir le rôle de ’Caritas’ en Chine. Ce que l’Institut Verbiest a essayé de faire en tant qu’intermédiaire, c’est de donner une réponse positive aux demandes d’aide qui nous ont été adressées déjà dans les années 80 par l’Eglise en Chine. C’est d’ailleurs en manifestant concrètement son souci pour les besoins de la société en Chine que l’Eglise chinoise a elle-même mis en évidence le sens de son existence en Chine. Voilà la raison pour laquelle l’Institut Verbiest lui donne son appui. Encore aujourd’hui l’Institut Verbiest essaie, en tant qu’iintermédiaire, de trouver de l’aide pour des projets de petite dimension, qui de façon indirecte répondent aux besoins des plus pauvres. Nous faisons appel aux organisations catholiques qui entretemps ont vu le jour à l’intérieur de la Chine, pour guider ces projets. Pas à pas nos projets se sont rapetissés parce que: small is beautiful! 1 Depuis 1987, l’Institut Verbiest a examiné les possibilités de projets de développement Déjà à partir de 1987, il est devenu clair que des possibilités surgissaient, même pour des Instituts catholiques, de prendre des initiatives dans le domaine de l’aide au développement en Chine. Pendant des voyages de service en Chine, on recevait des invitations provenant de plusieurs côtés. En 1987, Jef Houthuys de l’ACV a été en Chine à l’invitation des syndicats chinois. A cette occasion il a rendu visite à Mgr Michael Fu, évêque de Beijing. Une fois rentré en Belgique, pendant une visite à l’Institut Verbiest, il a dit qu’apporter de l’aide au développement en Chine serait une entreprise raisonnable. Il s’est rappelé d’ailleurs la visite de la première délégation chinoise de Beijing chez Willy D’Havé de l’ACV en novembre 1985. Le ’Boerenbond’ n’avait pas oublié non plus cette visite. m Le Sénateur Vittorino Colombo (3° à partir du côté gauche) avec les membres de Four Seas Association à Louvain (1990) C’était une expérience parfaite qui malheureusement a été interrompue par l’accident de Tiananmen (4 juin 1989), pendant lequel des centaines d’étudiants chinois ont été tués dans une manifestation. Des entreprises étrangères ont rappelé leurs experts de Chine. L’ACV renonçait provisoirement à sa collaboration prévue avec les syndicats chinois. Le projet de l’ACV de mettre à la disposition des travailleurs un autobus avec équipement médical pour leur permettre des examens médicaux, a été supprimé. Plus tard, il y a encore eu deux réunions au sujet de ce projet à Ter Nood (Overijse) le 10 avril 1990 avec des représentants de l’ACV, ACW, BB, NCMV et VKW. On a essayé de fixer une date pour une conversation ultérieure en septembre 1990. L’affaire en est restée là. L’Institut Verbiest a pourtant continué ses projets de développement en Chine. Depuis 1988 l’Institut Verbiest était impliqué dans la mise en marche d’une imprimerie à Shangai (Voir article à part). Ce projet a été achevé en 1991. Fondation de ″l’Association des quatre mers″ en vue de la collaboration avec l’Europe L’Institut Verbiest espérait développer ce secteur en collaboration avec des Instituts frères d’autres pays européens. On avait dans la tête une structure européenne qui nous permettrait d’obtenir des subsides de l’Union Européenne. L’Institut Verbiest a fait une proposition dans ce sens lors d’un colloque européen de C’est ainsi qu’en 1988, des conversations avec l’ACV ont été entamées pour prospecter les possibilités dans ce domaine. En avril 1998, trois experts pensionnés, chevronnés et capables de l’ACV sont partis en Chine pour donner de l’entraînement pratique et des conseils aux travailleurs dans les usines textiles chinoises et dans les secteurs de l’horeca et du tourisme. Avant leur départ, ils ont passé deux jours à l’Institut Verbiest pour s’informer sur la Chine et la culture chinoise. 1 Depuis des années, l’auteur, Madame Luo Youmei est chef du Bureau de l’Institut Verbiest à Taipei et, par l’intermédiaire de cette section, elle a suivi des projets en collaboration avec Staf Vloeberghs d’abord et ensuite avec Charlie Oasan cicm. Pour la première partie de cet article, elle s’est servie de la documentation de l’Institut Verbiest à la K.U.Leuven. 18 m Staf Vloeberghs et Sr. Maria Claeys à l’ouverture d’une session de formation pour infirmières en Mongolie Intérieure (1992) ges de Gansu, du Nord de Shaanxi, de çon, on espérait créer une bonne volonté et dévelopMongolie intérieure. Chaque année, on donnait une bourse d’études à 20 à 40 reper de bonnes relations. Lors ligieuses pour être formées comme infird’une première visite à la Commission du Pin (Jehol) mières. Monsieur Paul Fan Chingsheng (Taiwan) était le coordinateur et le proavec le Supérieur général CICM M. Decraene en 1990, moteur de ce projet. les autorités civiles n’étaient pas gentilles du tout mais très Dans beaucoup de villages de montaméfiantes. Ce n’est que plus gne, il y a une très grande pénurie d’eau tard, après avoir construit un à cause d’un manque de pluie ou à cause petit pont et une école et d’eaux souterraines malsaines. En 20022004, 600 familles à Shaanxi et 45 familles aidé à construire une église, qu’on nous souhaitait la à Gansu ont reçu un appui partiel s’ils s’afbienvenue comme si nous filiaient à un projet de recueil d’eau pour étions d’anciens amis. A usage personnel. Entre 1994 et 1998, dans Long-shan-cun, un village reles régions les plus pauvres de la Chine, à culé à Shanyang, province de savoir le Nord de Shaanxi, on a foré des puits d’eau dans les villages catholiques m Sœur Pei examine un patient dans un poste de santé Shaanxi, l’Institut Verbiest a Xiaoqiaoban (″Petite Bruges″), Yingdiconstruit une nouvelle rouà Ningxia te et un pont. Cela ouvre des liang, Xiayingzi, et aussi dans le district de portes pour la collaboration des autoriFuping. A Xiaoqiaoban, on a construit un ’Christians in Europe Concerned with Chités civiles avec l’Eglise locale. château d’eau. Des conduites d’eau ont na’ (Chrétiens européens soucieux de la été installées de sorte que maintenant le Chine) à Röndorf en Allemagne en 1988. village entier boit de l’eau saine. En 2002, Services d’hygiène - Toilettes hygiéniques L’Association des quatre mers a été fonRecueil d’eau - Puits à Gejiawan, district de Yuzhong, dans la dée à Louvain le 3 mars 1990 en la préprovince de Gansu, on a construit un puits On est arrivé assez vite à la décision de sence du Recteur R.Dillemans et avec le nous limiter à des projets de petite dimend’eau en-dessous de la colline pour proSénateur Vittorino Colombo de l’Istituto sion qui attribuaient directement de l’aide curer de l’eau potable au village perché en Italo-Cinese (Milan) comme président de aux plus pauvres dans les villages de monhaut de la colline. la nouvelle Association. D’autres Institagne les plus reculés ou dans la campatuts participants: China-Zentrum (Sankt Entre 1998 et 2002, l’Institut Verbiest gne dans le Nord de la Chine. De petits Augustin, Allemagne), Istituto Studi Asiaprojets pouvaient être exécutés aussi par a dirigé un projet de développement intici (Pime, Rome), Institut Catholique (Patégral du district de Jingbian dans la prola communauté de l’Eglise locale, qui en ris), Institut Ricci, sj (Paris), Verbiest Infaisant cela, obtenait plus de situut K.U.Leuven. Cette même année enrespect de la part de la pocore, Jérôme Heyndrickx s’est réuni à pulation et de ses chefs. Ce Hong Kong avec des représentants de l’Assont les petits paysans habisociation des quatre mers. A partir de là, tant dans les régions arides ils ont fait un voyage de prospection avec et disposant de peu de Fr. Orioli (Italo-Cinese, PIME) et d’autres. moyens naturels, qui profiProgressivement, il deviendrait clair tent le plus de nos projets. qu’une structure européenne en vue de Ils vivent dans des endroits mettre en marche des projets de dévelopreculés. Ils n’obtiennent pas pement était trop encombrante. Quelquesde soins médicaux, même uns des Instituts mentionnés ne voulaient pour des maladies ordinaiqu’une collaboration dans des projets acares, les hôpitaux étant trop démiques, d’autres dans des projets de dééloignés. veloppement... L’Association des quatre mers n’est jamais arrivé à démarrer vériNous encourageons les tablement mais elle a été, pour l’Institut évêques et les prêtres locaux Verbiest, le canal pour se lancer dans des à ne pas entreprendre de projets de développement. De cette fagrands projets, vers lesquels çon, on a découvert par notre propre exils se sentent attirés, mais à périence: small is beautiful. se limiter plutôt à l’ouverture de petits services de santé Des projets à petite dimension dans des villages pauvres, de former des Soeurs pour en Afin de pouvoir collaborer facilement faire des infirmières responavec l’Association des quatre mers, on a sables de ces services. Le démis en place, le 27 avril 1990, la section but de notre projet était de des projets de développement, dont Staf créer des services d’hygiène. Vloeberghs a pris la direction. Il a été asOn aidait surtout dans la forsisté par nos collègues du Bureau de l’Insmation d’un infirmier et entitut Verbiest à Taipei: Luo Yumei, Fan suite dans l’achat des instruChingsheng, et plus tard aussi Charlie Oaments médicaux les plus élésan cicm et Joseph Lim. mentaires en vente en Chine, pour un dispensaire simConcernant la mise en place de prople. Entre 1993 et 2003, l’Insjets, nous avons voulu nous affilier le plus titut Verbiest a ouvert plus possible aux autorités civiles et locales et de 250 services de santé très m Château d’eau à Xiaoqiaopan (Bruges-la-petite), également à l’Eglise locale. De cette falimités dans plusieurs villa- construit par l’Institut Verbiest 19 vince du Nord Shaanxi: la lutte contre l’empoisonnement au fluor de la population par la construction de puits, de conduites d’eau dans plusieurs villages. Dans la campagne chinoise, la plupart du temps, on utilise des toilettes primitives et non-hygiéniques. On a aidé ces villages pour améliorer la situation. En 2002, on a offert à l’évêché de Ningxia de payer la moitié des frais à chaque paroisse qui voulait installer près de l’église des toilettes plus hygiéniques. Le projet a connu du succès. Appui à l’enseignement - reconstruction d’écoles primaires à la campagne. L’Institut Verbiest a pris l’initiative de reconstruire une école primaire (antérieurement catholique) à Sanbian (Nord de Shaanxi), une région où la Congrégation de Scheut était déjà active en 1847. L’école était complètement négligée et ne fonctionnait plus du tout. Entre 1994 et 2001, l’Institut Verbiest l’a reconstruite totalement, à raison d’une classe chaque année. Pour l’école Yuying, c’etait un nouveau départ. La petite école est devenue célèbre dans la région et, après la reconstruction, a obtenu chaque année le premier ou le deuxième prix dans tous les concours de la région. Aussi dans le Sud du Shaanxi, on a appuyé des projets de reconstruction d’écoles primaires. En 2002 on a reconstruit les écoles primaires dans les villages Maoping, Pangguang, Singyang, Shangzhou. L’installation d’ordinateurs faisait partie de la reconstruction. En 2002, les petites écoles du district reculé de Gulang (Province de Gansy) ont reçu 800 pupitres avec chaises ainsi qu’une nouvelle installation sportive pour le basket, le tennis de table, le football, etc. D’autres écoles primaires ont été reconstruites par l’Institut Verbiest dans les villages de la province de Hebei, Heilongjiang (près de la frontière russe) et Liaoning. L’Institut Verbiest a encouragé des religieuses à commencer des écoles maternelles, étant donné que la loi interdit à l’Eglise d’être active dans d’autres formes d’enseignement. En 2001-2002, sept religieuses de Xi’an, Xingtai et Taiyuan ont reçu une formation à cet effet. Entre 2000 et 2002, à Shaanxi et Gansu, l’Institut Verbiest a appuyé des projets d’ouverture d’écoles maternelles. Dans la région de l’Ordos, située dans la courbe du fleuve jaune (une région où la Congrégation de Scheut a été active chez les Mongols), l’Université Hetao avait été fondée (à Linhe). La collaboration avec cette nouvelle Université dans une région peu developpée était un terrain idéal pour l’Institut Verbiest. Dejà en 1991, l’Institut Verbiest avait eu des contacts en vue de la collaboration avec cette Université. Les autorités de la Mongolie intérieure étaient pourtant réticentes. Ils avaient peur 20 m Frère Stockman (côté gauche) visite un Institut pour handicapés à Shanghai (1990) d’une collaboration avec des organisations liées à l’Eglise; ils les soupçonnaient de toutes sortes d’arrière-pensées impérialistes. C’est la raison pour laquelle toute tentative d’appuyer des projets échouait. Mais finalement une enseignante d’Anglais, envoyée par l’Institut Verbiest, est partie pour enseigner l’Anglais à l’Université Hetao. Pourtant, nous constatons que le passé des missions en Chine continue à peser sur les essais de collaboration jusqu’aujourd’hui. Sessions de formation pour infirmières En 1991, l’Institut Verbiest a organisé, à partir de Taipei, un voyage de prospection à Sansshenggong (Mongolie intérieure) avec les Soeurs ICM Katrien Claeys et Lena Bosmans, au nom de l’hôpital Tien (Taipei), et le Frère Didone Camilien, au nom de l’hôpital Sainte- Marie de Luotong (Taiwan). Ce voyage a donné naissance à la première session de formation d’infirmières en collaboration avec l’hôpital local du peuple à Dengkou (Mongolie intérieure). A cette occasion une ambulance et pas mal d’instruments médicaux ont été remis à l’hôpital du peuple de Dengkou. D’autres sessions de formation d’infirmières ont suivi, par exemple, en 1994, une session de formation pour les Soeurs de la Providence de Xinjiang (Shaanxi), suivie d’une deuxième session pour médecins et infirmières de l’hôpital du peuple de Xinjiang. Ces deux sessions ont été accompagnées d’une remise d’instruments médicaux pour la clinique ophtalmologique des Soeurs. En 1996, a lieu une session de formation pour médecins et infirmières de l’hôpital du peuple de Danfeng (Shaanxi) en collaboration avec le Bureau de la santé publique de cet endroit. Pendant cette période, on a consacré beaucoup d’énergie à la rédaction de manuels de formation d’infirmières en langue chinoise, subsidiée par la Communauté flamande et exécutée par une équipe de Louvain sous la direction du Professeur Jean Delrue et de Madame Coveliers-Michiels, en collaboration avec Caritas de Hong Kong. Médecine mentale En 1991, l’Institut Verbiest a organisé un deuxième voyage de prospection plus ample. Les participants étaient le Supérieur provincial CICM Wim Bollen, le Frère Waldebert Devestel, à l’époque Supérieur général des Frères de la Charité et le Frère René Stockman. A Beijing, Shanghai, Changzhou, Lanzhou et plusieurs autres villes, des Centres pour handicapés ont été visités. On s’intéressait surtout à la médecine pour les maladies et les appris beaucoup. Ce qui les avait surtout impressionnés, c’est les soins personnels donnés à chaque malade mental. Ils ont ajouté que pour comprendre cela il fallait peut-être prendre connaissance de l’Evangile. En 1955, le Frère Stockman et Jérôme Heyndrickx sont allés à Oulan Bator. C’est là qu’a vu le jour le projet de médecine mentale en Mongolie des Frères de la Charité en collaboration avec des Instituts mongoliens. Projet de fauteuils roulants et moyens auxiliaires pour handicapés En 1992, Jacintha Chong, le Frère Bonzi (Pime) et la Soeur Chen ont visité un certain nombre de Centres pour handicapés. En 1993, l’Institut Verbiest a mis à b Ecole primaire construite par l’Institut Verbiest à Maotuan (Shaanxi) handicapés mentaux. Ce voyage a révélé une grande pénurie d’aide spécialisée dans ce domaine. Pendant les deux années suivantes, des délégations de la Chine et de la Mongolie (Oulan bator) ont été invitées à des Congrès internationaux (en 1992 et 1993) consacrés à la psychiatrie des handicapés mentaux, qui ont eu lieu à l’Institut Guislain à Gand. Le résultat était un projet en vue d’une session de formation de 3 semaines pour des psychiatres chinois. Cette session était prévue d’abord pour les psychiatres du Centre de santé mentale de Shanghai et de Changzhou. Finalement, elle a eu lieu au printemps de 1994 dans le Centre de santé mentale de la Mongolie intérieure, sous la direction de Zhao Zhulin. 75 psychiatres de cette région y ont participé. La session a été dirigée par le Frère Stockman et son équipe de Frères de la Charité, coordonnée et traduite par Staf Vloeberghs. Entre 1995 et 1997, un groupe de 5 psychiatres de la Mongolie intérieure est venu assister deux fois à un mois d’étude dans les Instituts des Frères de la Charité. Ils étaient accompagnés de Monsieur Li Shaobai, vicedirecteur du Bureau de la santé publique de la Mongolie intérieure. A la fin de la session, tous les participants ont dit avoir exécution un projet de fauteuils roulants fabriqués en Chine et destinés à plusieurs Centres pour handicapés dans la province de Shaanxi: à Xi’an, Jingbian et Yulin. En 1995, encore 100 fauteuils roulants ont été envoyés de Chine à Oulan bator, avec une cargaison de biens pour handicapés en provenance de la Belgique (en passant par le Luxembourg) comme appui pour la nouvelle mission de Scheut en Mongolie. résisté pendant un mois au siège par une armée de Boxers. C’est surtout Monsieur Thomas Yu qui a pris soin de ce projet en collaboration avec le ’Boerenbond’ et avec Joseph Loftus cm. Entretemps, des Centres locaux ont assuré la direction de ces projets La bonne nouvelle, c’est qu’en Chine, pendant les dix dernières années, des Associations de l’Eglise sont nées, capables d’assumer l’organisation et l’administration de ces projets. Nous continuons donc nos actions mais nous faisons tout par l’intermédiaire de ces associations. Il y a par exemple le Centre pour le développement Beifang Jinde à Hebei, le Centre de l’évêché de Xi’an et de Shenyang. Egalement, Misereor et d’autres Organisations internationales sont impliquées par l’intermédiaire de ces Centres. L’Institut Verbiest et les projets de développement dans l’avenir Bien que l’aide au développement n’était pas une priorité, l’Institut Verbiest a pu réaliser pas mal de choses dans ce domaine. Dans l’avenir, nous continuerons à le faire. Comme c’est le cas pour d’autres activités, l’Institut Verbiest s’est limité à la Chine. Nous nous sommes occupés surtout de 15 diocèses de la région où, dans le passé, les Pères de Scheut ont été actifs: la Mongolie intérieure, Liaoning, Ningxia, Gansu, Datong et encore 15 autres diocèses voisins (Heilongjiang, Hebei, Shanxi, Shaanxi). Il s’agit donc au total de 30 diocèses. En outre, l’Institut Verbiest veut donner une priorité à des projets comme: Service de santé: ouvrir de petits centres de santé et des cliniques, assurer la formation du personnel destiné à ces centres et offrir les installations indispensables. Médecine mentale: formation du personnel pour les malades psychiatriques et les handicapés mentaux. En 2000, du matériel électronique spécialisé pour l’enseignement des langues aux handicapés a été offert à une école de handicapés à Wu Wei (Province de Gansu). Distribution d’eau: construction de puits d’eau, de conduites d’eau et de châteaux d’eau afin de mettre à la disposition de la population de l’eau potable et de combattre l’empoisonnement au fluor. Projets d’agriculture En 1993, Staf Vloeberghs a guidé une équipe de prospection, regroupant des représentants de Caritas et d’’Ieder voor Allen’ (Chacun pour tous) et voyageant à Oulan bator dans le nord de la province de Shaanxi. C’était le début du projet de plantations de maïs et d’élevage de porcs par 24 familles dans le village catholique de Xiaoqiaoban (appelé ″Petite Bruges″ par les Pères de Scheut), une mission où les Pères de Scheut étaient déjà actifs depuis 1974 et où, en 1900, Mgr.Bermyn a Recueil d’eau: introduire un système simple pour recueillir l’eau pluviale pour l’usage quotidien et également recueil des eaux usées destinées aux toilettes hygiéniques. Education: fondation ou amélioration de petites écoles et ouverture d’écoles maternelles dans les villages reculés. (Luo Youmei, Taipei) 21 L’INSTITUT VERBIEST ET L’IMPRIMERIE CATHOLIQUE DE SHANGHAI L’Institut Verbiest était aussi impliqué directement dans la nouvelle fondation de l’Imprimerie catholique de l’archidiocèse de Shanghai. Au début des années quatre-vingt, Mgr Aloyisius Jin Luxian a visité l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Pas et la France. Il parle couramment l’Allemand, le Français et l’Anglais et a rencontré beaucoup de sympathie. Il a reçu aussi une aide financière considérable pour la reconstruction de son diocèse. En 1988, un grand projet est né en Allemagne pour soutenir le diocèse chinois de Shanghai par la fondation d’une Imprimerie catholique. En fait, cela signifiait la nouvelle fondation de l’ancienne Imprimerie catholique Tousewe de Shanghai. Mais on ne trouvait pas opportun d’employer cet ancien nom. Les évêques allemands étaient en principe d’accord pour soutenir ce projet. Des agences d’aide catholiques en Allemagne, Suisse et Pays-Bas assureraient l’achat et l’expédition des machines fabriquées en Allemagne et aux PaysBas. Mais tout le monde n’était pas d’accord avec ce projet. Rome recevait des plaintes surtout de la part de chrétiens souterrains en Chine et de leurs sympathisants en Europe. Donner une imprimerie à l’Eglise ″ouverte″ (officielle) signifiait, selon eux, un cadeau à l’Association Patriotique. Sur les instances de Rome, on a arrêté dès lors en Allemagne les pourparlers autour de ce projet. Au courant de cette même année, Mgr Aloysius Jin a visité une nouvelle fois la Belgique, la France et la Suisse. Avec les agences d’aide qui soutenaient le projet, il a demandé à l’Institut Verbiest K.U.Leuven de bien vouloir intervenir comme médiateur dans ce différend afin de remettre en route ce projet. L’Institut Verbiest a accepté l’invitation et a pris les initiatives suivantes. Encore en 1988, s’est tenu à Aix-la-Chapelle un colloque sur la situation de l’Eglise en Chine, avec des re- nistes -, dans son langage ouvert et franc, présentants des agences d’aide. Jusqu’à ce Mgr Jin Luxian a dit littéralement: ″...et jour, plusieurs d’entre eux n’avaient reçu il y en a qui disent que cette imprimerie est que peu d’informations à ce sujet. Nous dans les mains d’organisations non-cathoavons surtout pris des contacts personliques. Soyons très clair: ceci est l’Imprimerie nels avec le Cardinal Gong Pingmei qui Catholique du Diocèse de Shanghai, tenue résidait aux Etats-Unis et qui était consipar l’évêque de Shanghai et sous sa propre déré généralement comme le guide spiridirection. Cette imrimerie produira des livres tuel de l’Eglise souterraine. A ce momentlà, il était encore l’évêque de Shanghai reconnu par Rome. Après cet entretien, nous avons pris contact avec Rome. Alors, la réalisation de ce projet a été remise en route. Le projet initial, assez étendu, a été réduit un peu. Nous avons insisté pour que des techniciens Chinois et pas Européens, suivent ce projet. Caritas Hong Kong a accepté d’envoyer à Shanghai des techniciens pour installer les machines. L’incident de Tienanmen (4 juin 1989) a arrêté m P. Michel Decraene, Général de Scheut, visite la Presse tout ce projet et a ralenti Catholique à Shanghai (1990) l’expédition des machines à partir de l’Allemagne. Fin 1989, le projet a été remis et des documents pour tous les Catholiques en route une nouvelle fois. Les machines de Chine sans exceptions.″ Par ces paroles, sont bien arrivées à Shanghai. Des techil voulait dire naturellement: ″...tous les Caniciens locaux ont été envoyés entretemps tholiques, souterrains aussi bien dans d’autres imprimeries à Shanghai pour qu’officiels,..″ mais il ne pouvait pas le dire apprendre à travailler avec ces machines, en ces termes. Depuis cette date, des cenmais ce fut un échec. Ces apprentis ne poutaines de livres de catéchèse et de liturvaient pas toucher aux machines. Alors, gie, mais surtout des Bibles, ont été impdes techniciens de Hong Kong sont verimés ici et édités par les Editions Kuannus pour donner la formation. En mai, sont gqui du diocèse de Shanghai. Les comsortis de presse les premiers imprimés: le munautés chrétiennes souterraines aussi Calendrier catholique pour l’année 1990 bien qu’officielles font bien volontiers et une série d’images de Saints. Le 30 ocusage de ces publications. tobre 1990 a eu lieu l’ouverture officielle de cette imprimerie à Qibao, village ca(J. Heyndrickx) tholique situé à une dizaine de kilomètres de Shanghai. En présence de toutes les Autorités - ecclésiastiques et commu- 25 ANS DE RECHERCHE DE DIALOGUE AVEC LA CHINE Comment l’Institut Verbiest K.U.Leuven s’est formé et s’est développé en un centre pour la recherche et le dialogue Pour relancer pleinement le dialogue avec la Chine il faut plus que 25 ans. Surtout après la révolution culturelle (1965-1975), la révolte des Boxeurs (1900) et la guerre de l’opium (1842). ...mais nous sommes nés pour la Mongolie, pas pour notre pays natal! Ainsi chantaient déjà les vieux Scheutistes dans les années 1800. Nous le chantions encore 22 dans les années 50. En 1900, les Boxeurs ont déjà ravagé une fois toutes les missions de Scheut dans la Chine du Nord. Ils ont assassiné des milliers de chrétiens ainsi que 9 Scheutistes. Même quand, en 1949, Mao Zedong a banni de la Chine 250 Scheutistes - plusieurs après des années de prison et de torture -, leur slogan est resté: Scheut ne lâche pas la Chine!. Entre 1955 et 1980, Dries Van Coillie, Carlo van Melckebeke et d’autres Scheutistes ont fait ″China watching″. Ils ont suivi spécialement les nouvelles de la Chine et sont restés aux aguets pour voir s’il ne se pré- sentait pas une occasion favorable pour renouer les relations avec la Chine. Depuis 1957, moi-même j’appartiens à la génération plus jeune des ″Scheutistes-chinois″ qui n’ont pas travaillé sur la Chine continentale, mais qui ont seulement connu Taiwan. ’Seulement’... c’est la façon de parler des ’vieux chinois’. Plusieurs représentants de notre génération nourrissaient pourtant encore le rêve de pouvoir retourner dans la vielle Chine. Surtout depuis les années 70, j’avais beaucoup de réunions avec les vieux Scheutistes - Paul Coucke, François Legrand, Bert Geusens, Jan Joos, Dries Van Coillie, Carlo van Melckebeke - au cours desquelles on sentait grandir l’espoir d’un retour éventuel en Chine. Pourtant, à ce momentlà, ce n’était pas du tout évident! Je me rendais bien compte que, si jamais notre rêve se réalisait, on aurait à construire de toutes nouvelles relations. Déjà en octobre 1980, pas longtemps après l’arrivée au pouvoir de Ding Xiaoping, le généralat de Scheut à Rome, en collaboration avec la Province chinoise, a organisé à Hong Kong une réunion de vieux et jeunes Scheutistes, afin de débattre des chances de Scheut de prendre une nouvelle initiative en Chine. Ils avaient de l’espoir. Leur suggestion au Chapitre général de mai 1981 a été claire: l’évolution en Chine est positive. Scheut doit faire quelque chose!. Le Chapitre a confirmé cela et, en février 1982, la Province chinoise a nommé Jeroom Heyndrickx pour développer un plan. En ce temps-là, la Chine était encore très ″communiste″. La révolution culturelle était à peine passée. C’était encore loin d’être opportun de parler ″de la coopération avec l’Eglise en Chine″. De même, il était imprudent d’aller en Chine au nom de Scheut, car les missionnaires étrangers étaient considérés par les autorités chinoises comme des ’impérialistes’. Pourtant, nous n’avions pas l’intention d’entrer secrètement en Chine. Nous souhaitions chercher ouvertement un nouveau chemin de coopération: un chemin acceptable pour la Chine et plein de sens pour des missionnaires d’après le Concile Vatican II. Déjà en 1981 a commencé en tâtonnant la recherche de ce chemin. Aujourd’hui en 2007 - après vingt-cinq ans -, nous avons délà parcouru un bon bout de chemin. D’autres articles dans ce numéro confirment que nous avons déjà beaucoup collaboré concrètement avec la Chine sur une base toute nouvelle. Mais en vérité nous sommes encore à la recherche de cette ″nouvelle relation″. Cette recherche durera encore des années parce que nous essayons de dépasser les préjugés qui ont grandi aussi bien chez les chinois que chez nous depuis que le communisme est au pouvoir. Aussi, les malentendus surgis suite à la révolte des Boxeurs (1900) et après la guerre de l’opium (1842) et même ceux de la lutte des rites (17e18e le siècle) ont causé en Chine des plaies profondes. Celles-ci doivent encore guérir, et cela demande du temps. Nous n’y sommes pas encore. Le malentendu entre la Chine et l’Occident est plus profond que celui entre l’Allemagne et la France après la 2e guerre mondiale. Nous devons donc rechercher une base très large pour pouvoir nous retrouver. Le Premier ministre Zhou Enlai a appelé cela: ″Qiutong Cunyi″ c.à.d. rechercher une base commune tout en reconnaissant mutuellement les points de désacccord. To seek the common ground. Vingt-cinq ans n’est pas assez pour cela! diants chinois en Europe, en Amérique et au Canada, au cours des mois de juillet à octobre 1981. A ce moment-là, et cela depuis les années 70, j’étais déjà très intéressé par les conférences sur la Chine, qui se tenaient un peu partout. Des amis chinois que j’y ai rencontrés, me donnaient ce bon conseil: ″Avec une Université comme base et un programme de recherche, une initiative pour le dialogue avec la Chine communiste pourrait avoir la meilleure chance″. En novembre 1981, j’ai eu une conversation positive, au K.U.Leuven, avec le professeur Mark Debrock du bureau du conseil académique. Le plan du ″FondationVerbiest K.U.Leuven″ a peu à peu pris forme dans les notes que j’ai prises à cette occasion.1 m Mgr Carlo Van Melckebeke cicm expulsé de la Chine (1952) Le conseil de deux amis chinois a confirmé notre choix Qu’en est-il avec l’homme en Chine? La question du Prof. Zhao Fu San en 1981 Après le consentement du Chapitre de Scheut pour la recherche de nouveaux contacts, j’ai essayé de nouvelles routes dans des contacts intensifs avec des étu- m P. Dries Van Coillie cicm expulsé de la Chine (1954) Je n’oublierai jamais la conversation que j’ai eue, en septembre 1981, avec le professeur très connu Zhao Fusan. A ce moment-là, il était Vice-directeur de l’Académie chinoise des Sciences Sociales. C’était une figure importante et très connue à Beijing. Sans qu’il sache quoi que ce soit des notes que j’avais en poche concernant le démarrage d’un Institut Verbiest à Leuven, le professeur Zhao m’a appelé à l’écart au cours d’une conférence internationale à Montréal au Canada et m’a dit: Vous pouvez réaliser une contribution importante de la Belgique à notre pays. La Chine se lance actuellement dans ″4 modernisations ″. Celles-ci concernent la technique, l’économie et l’agriculture. Mais nous nous posons la question: qu’en est-il en Chine de l’homme? Qu’en est-il des valeurs et traditions spirituelles de notre culture? A partir de l’Université de Leuven, vous pouvez nous apporter beaucoup par des activités d’échange culturel et de recherches en sciences humaines. Ainsi, nous ne perdrons pas de vue l’homme dans toute cette modernisation qui se produit en Chine. Je ne pouvais pas en croire mes oreilles. Ses paroles ont confirmé à 100% les notes que j’avais en poche; celles-ci lui étaient pourtant inconnues. Ses paroles m’ont conforté aussi à 100% pour continuer ma recherche dans la ligne indiquée. Selon la nouvelle loi sur les a.s.b.l. (2003), ″une fondation″ ne peut faire que financer des activités, mais pas les entreprendre elle-même. Pour cela la Fondation a été obligée de changer son nom en ″Institut Verbiest K.U.Leuven a.s.b.l.″. En 2006, la Province chinoise de Scheut a cherché une organisation en Belgique qui la remplacerait pour financer l’Institut Verbiest. ″Financer″, cela est précisément la tâche ″d’une fondation″ selon la nouvelle loi. Pour cette raison, en 2006, la ″Fondation Verbiest″ a été créée comme entité juridiquement reconnue. (Une ″fondation″, pas une a.s.b.l). Le cardinal Danneels en est le président. La Fondation a maintenant comme tâche de soutenir l’Institut Verbiest financièrement et de veiller à ce que ses activités soient dirigées vers la mission. Pour des raisons de facilité, nous parlerons désormais dans cet article de l’″Institut Verbiest K.U.Leuven″, ou en abréviation I.V, malgré le fait que nous avons parlé de la ″Fondation Verbiest″ jusqu’en 2004. 1 23 m Prof. Zhao Fusan (Beijing) et J. Heyndrickx en visite chez le Premier Ministre Martens (1985) naires de nos pays ayant travaillé en Chine″. Il a cité expressément: Ferdinand Verbiest sj, François Noël sj, Philip Couplet sj, François de Rougemont sj, J. Mullie cicm, A. Mostaert cicm, L.Schram cicm et d’autres. Les professeurs étaient étonnés que, si peu après la Révolution Culturelle, un professeur chinois a osé à l’improviste promouvoir une telle étude à Louvain. Un professeur de Louvain lui a demandé s’il pouvait avoir la liste de tous ces noms qu’il avait cités. Il entendait pour la première fois la plupart de ces noms, ... et cela d’un communiste de Beijing! Le professeur Ma a fait simplement son travail en tant que président de la Commission Chinoise pour les recherches historiques au sujet des relations de la Chine avec d’autres E u tudiez le travail de vos missionnaires en Chine: Prof. Ma Yong à Leuven (1982) En avril 1982, le Recteur Piet De Somer a d’abord écouté de manière critique ma proposition au sujet de la création de l’″Institut Verbiest″. Mais quand il eut écouté le projet entier et qu’il s’était assuré que nous ferions aussi de la recherche historique académique et pas seulement la recherche de voies de coopération avec l’Eglise en Chine, il a réagi positivement par ces mots: C’est un projet qui promet! En juin 1982, j’ai invité à Leuven mon bon ami Ma Yong, professeur d’études Altaïques à Beijing. Il a été reçu par le Vice-recteur K. Tavernier et a clairement confirmé notre projet de créer l’ ″Institut Ferdinand Verbiest″ à la K.U.Leuven. Le professeur Ma Yong était un homme honnête, ″un athée non-militant″. Lors de notre visite à Bokrijk, une dame limbourgeoise a été confrontée pour la première fois de sa vie ″à un véritable communiste chinois″. Elle lui disait honnêtement: ″Je ne comprends pas comment on peut vivre sans Dieu″. Ma a souri gentiment et a répondu: ″Et moi, je ne comprends pas comment vous pouvez vivre avec Dieu.″ C’était déjà un bon début de notre dialogue interreligieux. m Prof. Ma Yong (Beijing) reçu par le vice-Recteur K. Tavernier (1982) Le professeur Ma a tenu une allocution à la Faculté des lettres et de philosophie devant les professeurs d’histoire et de sinologie. Il a plaidé pour une étude académique au sujet ″du travail remarquable des Pères jésuites, des Scheutistes, des Franciscains et d’autres mission- pays. La coopération internationale dans cette sorte de recherches avait été admise officiellement en Chine à ce momentlà. Promouvoir cela était simplement sa tâche. De notre côté, nous voulions étudier les relations belgo-chinoises, mais avec une attention spéciale pour le travail de nos missionnaires. Mais cela, les Chinois le savaient aussi. Cela ne voulait pas dire qu’on devait le souligner expressément. L’I.V. a été la réponse de la K.U.Leuven et de Scheut quand la Chine s’est ouverte L’idée de coopérer avec la Chine s’est donc traduite par l’érection à la K.U.Leuven de la Fondation Ferdinand Verbiest (plus tard rebaptisée Institut). Sous ce nom a commencé notre coopération avec la Chine. Alors, nous avons clairement publié notre identité en Chine: Fondation Verbiest, c.-à-d. K.U.Leuven en coopération avec Scheut. m (de gauche à droite) Staf Vloeberghs, Recteur R. Dillemans et J. Heyndrickx à l’Assemblée générale de l’Institut (1992) 24 En avril 1982, le provincial Wim Bollen de la Province chinoise de Scheut et son Conseil donnèrent leur accord. Dans une réunion de juillet 1982, le Bureau du Conseil académique de la K.U.Leuven lui aussi a donné son accord. La date de cette réunion est considérée comme la date officielle de l’érection de l’I.V. Les premières activités d’échanges culturels ont déjà eu lieu peu après dans le Nord de l’Italie. Le provincial Wim Bollen a introduit le projet de l’I.V. au cours d’une réunion CICM-Chine à Rome. Il a motivé le sens de l’I.V sur base de documents CICM: des Constitutions et des Chapitres. La réunion a approuvé le projet. Immédiatement après, le 19 mai 1983, les Scheutistes se sont réunis à Scheut. Là, on a décidé que, en ce qui concerne Scheut, l’a.s.b.l. I.V. deviendrait un projet interprovincial des Provinces de Chine et de la Belgique du Nord, en coopération avec l’Université de Leuven. Dans le Conseil d’administration de l’a.s.b.l., la K.U.Leuven et Scheut seraient représentés de façon paritaire. Le recteur De Somer était le premier président. A partir de 1985, Roger Dillemans lui a succédé. Avec lui sont venus K. Tavernier, M. Debrock et, plus tard, aussi Jan Delrue et Willy Vande Walle. Après, sont venus comme président le recteur A.Oosterlinck et le recteur M. Vervenne. Du côté de Scheut, il y avaient les provinciaux Jaak Janssens et Wim Bollen et comme membres Daniel Verhelst, Patrick Taveirne et Jeroom Heyndrickx. 2 Staf Vloeberghs a été secrétaire exécutif dès le début. On a été d’accord: K.U.Leuven mettrait des locaux à la disposition de l’ I.V. et CICM assurerait le budget annuel pour financer les salaires et les activités. Il a été demandé à Scheut de créer pour cela un fonds afin d’assurer l’avenir. Les archives montrent que, déjà en août 1982, Ivo Stuyck, économe de la Province chinoise, a fait les premiers pas pour la création d’un ″Fonds Verbiest″. (En termes CICM, ce fonds a été appelé ″ad extra″ dans la réunion provinciale de la Province chinoise de 1986). Ce fonds devait supporter les activités de l’I.V. À partir de ce moment-là, et cela juqu’aujoud’hui, l’ I.V. travaille avec les moyens de ce Fonds Verbiest. Un rapport du 24 janvier 1987 3 mentionne clairement que l’oeuvre entière de l’I.V.a été considérée par la Province chinoise comme ’ad extra’. Ce rapport mentionne également clairement que Scheut n’avait pas l’intention de conserver cette oeuvre pour soi-même. La Province chinoise élaborerait l’I.V. selon les objectifs de ses deux partenaires et, comme elle faisait avec d’autres oeuvres à Taiwan et à Hongkong, elle passerait tout à l’Eglise locale dès que celle-ci serait capable de fonctionner indépendamment. Selon le même rapport, Scheut a voulu mettre à la disposition de l’I.V. personnel et finances pour atteindre ce but. En ce qui concerne le personnel, au début, Scheut a espéré un peu de pouvoir encore s’appuyer sur la collaboration de la vieille garde scheutiste. La correspondance et les rapports de ce temps mentionnent les propositions de faire appel, ne fut-ce que occasionnellement ou ’ad hoc’, à des confrères comme: Omer Degryze, Dries Van Coillie, Joseph Jennes, Paul Serruys, Willem Grootaers, Frans Uyttendaele, Raymond Renson, Albert Raskin et autres. Mais, dès le début, il a été clair que, pour la plupart d’entre eux, De cette manière, une coopération rapide entre Scheut et la K.U.Leuven a déjà commencé en 1982. Elle dure maintenant depuis vingt-cinq ans. En 2007, cette coopération culmine en un transfert de l’I.V. à l’Eglise locale de Belgique, transfert prévu déjà depuis 1982. Il s’est maintenant développé en un Institut pour la recherche et le dialogue, qui a atteint sa maturité en définissant son but dans un programme de recherche académique et un programme de formation de ministres pour l’Eglise chinoise. Sur base de rapports et de pièces d’archives des vingtcinq années écoulées, nous décrivons ici comment ces deux programmes se sont développés peu à peu. m L’équipe Verbiest en réunion avec le Gouvernement de la Province SM à Taipei (1997) une telle coopération n’était plus possible. Dès le démarrage de l’I.V. CICM a clairement vu le but du projet. Mais le doute principal, qui a été répété annuellement à chaque réunion provinciale, était: le manque de personnel propre de CICM. Dans le rapport susmentionné, destiné aux provinciaux des Provinces belges et chinoises, la considération suivante a été faite: ″Soyons réalistes. Si, à part J. Heyndrickx et P. Taveirne, un scheutiste était disponible, il serait le bienvenu dans l’I.V. S’il n’y en a pas, cherchons d’autres routes. Tôt ou tard, nous devrons quand même faire cela étant donné que c’est notre intention de transférer plus tard cette oeuvre à d’autres.″ Premières étapes: les activités interculturelles En 1982, après l’approbation par la K.U.Leuven et par Scheut, j’ai déjà commencé par une visite à Beijing au nom de l’I.V. récemment érigé. Aussi bien lors de ma visite à l’Académie des sciences sociales que chez l’évêque (illégitimement consacré) Michael Fu Tieshan, je me suis présenté avec tout mon passé et j’ai introduit notre nouveau projet, tout en demandant leur coopération pour l’avenir. On a écouté gentiment et on s’est montré intéressé.4 4 2 A partir de 1985, Staf Vloeberghs a été invité à travailler comme Attaché culturel à l’ambassade belge à Beijing pour un terme de trois ans. Il reviendra en 1985 en tant que secrétaire exécutif de l’I.V. Sr. Liesbeth Hufkens ICM l’a remplacé jusqu’à ce que, fin 1985, Jan Borgonjon, sinologue, ait été invité à remplacer Staf Vloeberghs. Cfr. ″The Ferdinand Verbiest Foundation K.U.Leuven vzw″, document présenté par Jeroom Heyndrickx cicm au Conseil provincial CICM de Chine et celui de la Province CICM de Belgique du Nord (NB), January 24, 1987, p. 10. 3 La coopération avec cette Académie a commencé en 1982 et continue encore. En août 2007, l’ I.V. publie à Beijing, avec l’Académie des Sciences Sociales, un catalogue (600 p.) composé par Mme Jin Yifeng, collaboratrice d’I.V., avec des références à plus de 10.000 articles au sujet de l’Eglise catholique, qui ont été publiés en Chine dans les magazines et les journaux entre 1950 et 2005. Un instrument important pour tous ceux qui veulent faire des recherches concernant cette période. 25 Programmes avec des étudiants chinois: ″Euro-encounters - Come and See″ Début des années 80, la grande nouvelle en Europe était que des étudiants chinois de la République Démocratique de Chine venaient étudier dans les Universités européennes; c’était vraiment peu après la révolution culturelle. Ces étudiants ont regardé avec des grands yeux ce qu’ils ont découvert en Europe. Il est évident que, dans une première phase au cours des années 1982-85, l’I.V. a entrepris l’organisation d’activités culturelles pour accompagner ces étudiants durant cette période. En 1982, nous avons participé à des activités avec des étudiants chinois dans le Nord de l’Italie. À partir de 1983, l’I.V. lui-même a pris à Leuven des initiatives pour faire connaître notre pays et l’Europe aux étudiants chinois par nos programmes ″Euro-encounters - Come and see″. Des missionnaires et des laïcs, parlant le chinois, ont accompagné ces groupes d’étudiants chinois lors des visi- ouvert dans le Collège d’Arras un foyer pour étudiants, où ils pouvaient venir lire des journaux et des romans pendant les week-ends ou le soir pendant la semaine. Ils pouvaient aussi y regarder la TV et s’y rencontrer. Cercles Verbiest locaux Nous avons voulu aussi mettre personnellement en contact avec la culm Willy Ollevier accompagne des étudiants chinois en voyage ture chinoise les en France (1988) gens de notre pays. Cela a pu être réalisé par la création de comme passe-temps, apprendre à parler Cercles Verbiest locaux dans les villages. et à écrire. À un certain moment, les amis Le plan de commencer cela à Pittem, le chinois ont fait le massage des pieds au village natal de F. marché annuel local et des chinois, avec Verbiest, n’a finades jeunes flamands, ont exécuté dans la lement pas été rue des danses folkloriques chinoises. réalisé. A Beveren-Waas au A ce moment-là déjà, on a parlé de lancontraire, cela a cer un ″Courrier Verbiest″. Par ce Courbien réussi. En rier, on a voulu rendre publics les résulaoût 1985, y a eu tats de notre recherche académique au lieu, au château sujet de la culture, de la philosophie ou de Cortewalle, une l’histoire. Entre autre, via ce Courrier, on m Rencontre multiculturelle à Beveren-Waas: des jeunes chinois et belges représentent la nouvelle chinoise ″Voyage à l’Ouest″ (1985) tes en Belgique et en Europe: Patrick Taveirne cicm, Willy Ollevier cicm, Wim Bollen cicm, Harrie Stultiens cicm, François Bomers cicm, Pierre Wavreille cicm, Staf Vloeberghs et Liesbeth Hufkens icm. Nous avons visité des musées et des cathédrales à Gand, à Bruges, à Anvers; aussi Bokrijk, le pays de Waas, etc. Plus tard, on s’est dirigé vers le Luxembourg, la France, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Il était dans notre intention de les mettre en contact plus personnel avec notre culture européenne par la participation à des programmes concernant l’art, la musique, la visite de bâtiments historiques, d’églises et de cathédrales. Les accompagnateurs ont répondu aux nombreuses questions des étudiants demandant des informations. Nous sommes allés, même deux fois, à Rome où le pape Jean Paul II fut très accueillant pour recevoir des étudiants chinois, même non-catholiques. Les étudiants ont payé eux-mêmes leur voyage. La participation à une visite chez le Pape a été totalement libre et n’a pas fait partie du programme. Plus tard, l’I.V. a 26 semaine chinoise fort fréquentée avec exposition au sujet du ’macramé’, de l’art populaire chinois, du salon de thé, des jeux populaires, de la danse chinoise du lion, de la parade costumée, du massage des pieds, etc. Au cours de ces années, dans la salle ″’t Poortje″, on avait régulièrement des activités pour présenter en Belgique l’art chinois: une soirée musicale avec le soprano Ch’en Qilian, une exposition de peinture, des leçons pour apprendre à faire le macramé chinois, apprendre le chinois m Semaine chinoise à Beveren-Waas: des enfants belges vêtus à la chinoise m Prof. J. Van der Veken modère la session du Prof. Zhao Fusan (Beijing) dans ’Vlaamse Leergangen’, Louvain, Octobre 1985 voulait aussi encourager des jeunes historiens à entreprendre des études au sujet des réalisations en Chine par des missionnaires de leur village. En réalité, des études pareilles ont été faites. Quelques monographies au sujet de Scheutistes du Limbourg et de la Flandre occidentale ont été publiées. On a même pensé au lancement d’une Association de membres de l’I.V. Au fur et à mesure que plus tard l’ I.V. a été progressivement impliqué dans la recherche et dans des programmes de coopération en Chine même, il n’était plus possible de développer davantage la division d’activités culturelles par manque de personnel. C’est regrettable, car, aujourd’hui encore, il reste plein de sens que les Chinois améliorent leur connaissance de notre culture et vice-versa: échange culturel par le contact personnel entre les gens. De la part de la Chine aussi, l’ I.V. a reçu des réactions très positives au sujet de ces activités. Ce programme a été une réponse directe à la réflexion du Prof. Zhao Fu San qui en 1981 me disait: Pendant que notre pays accentue uniquement la science et la technologie, montrez à nos étudiants votre culture européenne avec ses traditions, ses valeurs humaines et ses valeurs spirituelles! Le développement du programme pour la recherche Sur le plan académique, les années 1982 à 1985 ont été un temps de recherche. Le recteur De Somer, notre président, intervenait peu directement dans la planification. Il exprimait par contre clairement son opinion que nous devions tenir ″sur nos propres jambes″ et que nous ne devions pas aller chercher l’appui d’un autre Institut. Le Bureau du Conseil n’a pas osé voir l’affaire si grand, surtout pour des considérations d’ordre financier. C’était sûr que nous ferions de la promotion pour la recherche historique. Mais est-ce pour cela que nous devions rejoindre la sinologie et collaborer avec elle? Cela semblait bien indiqué. Est-ce que la recherche sur le plan de la philosophie comparative était possible aussi? Ou de la littérature? Notre Institut trouverait-il quelque part son propre pied-à-terre à Leuven? Erigerait-il sa propre bibliothèque avec les oeuvres nécessaires chinoises et mongoles? Les archives de l’I.V. des premières années 80 contiennent des documents et des rapports au sujet d’un grand nombre d’initiatives qui cherchaient une réponse à ces questions dans l’érection de nombreux groupes de travail qui, pour le Bureau du Conseil, ont été des pistes pour explorer notre avenir. Le groupe d’étude de l’I.V. ’Dialogue Interculturel’ a invité à Leuven des étudiants chinois Le groupe d’étude de l’I.V.au sujet du ″dialogue interculturel″ a été dirigé par le Prof. Jan van der Veken. Ce groupe s’est déjà réuni en octobre 1984 dans l’Institut pour la Philosophie concernant le sujet ″dialogue interculturel″. Les participants ont étaient: U. Libbrecht, O. Degryze cicm, J. Spae cicm, N. Standaert, étudiant en sinologie à Leiden, P. Taveirne cicm, étudiant en sinologie à Leiden. Nicolas Standaert y a donné une conférence sur ″Interculturation et Mission en Chine au cours du XVIIe siècle″. Un groupe de travail avec Xun Dachuan (Taïwan), étudiant en philosophie, a entrepris une étude concernant le bien et le mal dans la philosophie chinoise et occidentale. En 1985, dans le bâtiment des Vlaamse Leergangen, le Prof. Zhao Fusan est venu donner une conférence très appréciée au sujet des caractéristiques spéciales de la religion dans l’histoire de la Chine. Plus tôt dans la même année, le Prof. Zhao a défendu ouvertement à Beijing le point de vue osé que la religion ne peut pas être considérée comme l’opium du peuple. Ce point de vue a exprimé une toute nouvelle vision sur la religion de la part de la République Populaire. Depuis ce moment cette vision a été acceptée officiellement à Beijing.. En 1987, Mgr. Paul Cheng, évêque de Tainan (Taïwan) est venu parler sur le Confucianisme et la Foi Chrétienne. Cette même année, Mgr. Aloysius Jin Luxian, évêque de Shanghai, a parlé concernant l’Eglise Catholique dans la République Populaire Chinoise. C’était une primeur qu’un évêque chinois catholique ait osé aborder un sujet tellement sensible tant pour Beijing que pour Rome. A ce moment-là, Mgr. Jin a écrit beaucoup plus dans son texte que ce qu’il a osé dire réellement. Heureusement, les déclarations qui ont été préparées pour le journal télévisé n’ont pas été diffusées entièrement par Jan Because. Rome et beaucoup de ″watchers de Chine″ regardaient encore à ce momentlà avec scepticisme l’évêque chinois Aloysius Jin Luxian, alors encore illégitime. Aussi, le gouvernement de Beijing l’a suivi de près. Mais Mgr. Aloysius, maintenant âgé de 92 ans, a été tellement éloquent, comme il l’est encore aujourd’hui, que aussi bien Rome que Beijing pensent qu’Aloysius Jin se situe dans leur camp. La Chaire Verbiest Déjà à partir des premières années, l’I.V. a pensé pouvoir démarrer avec une Chaire Verbiest et cela avec le plein appui du recteur De Somer, de Spinnoy et plus tard de Van Gorp, tous deux Doyens de la Faculté de philosophie et de lettres. Pour cela, une première demander écrite date du 14 septembre 1984. Il s’agissait d’une proposition d’inviter annuellement un ou plusieurs professeurs de Taïwan ou de la Chine pour donner à la Chaire Verbiest des conférences sur la philosophie et/ou la littérature chinoise. Deux philosophes chinois, de ce temps-là encore jeunes mais maintenant très connus, Vincent Chen Ch’ing-Song, alors à l’Université Chengchih à Taipei, et Fu Pei Jung, Taïwan University, sont venus donner une série de leçons respectivement au sujet du taoïsme et du Confucianisme. En 1985, le Prof. Zhao Fusan a proposé de commencer à la K.U.Leuven un programme ’European Studies’ et également une Chaire de ’Culture Européenne’ (philosophie, histoire, littérature) dans une Université chinoise. 5 Sur proposition du Prof. Zhao, l’I.V. a invité en 1985 le Prof. Fu Le-an, de l’Académie des sciences sociales, en tant qu’invité de recherche. En 1990, celui-ci a publié à Beijing, comme fruit de ses recherches à Leuven, 5 Cette Chaire ’Culture Européenne’ n’est jamais venue. En revanche, l’I.V.a invité en 1991 le Prof. E. Janssens, de la Faculté de philosophie et lettres, à aller donner une série de conférences sur la littérature comparative à la North-West University à Xi-an.. 27 est maintenant très avancée. On propose que cette Chaire prenne son départ dans l’année académique 2008-2009. m Mgr Paul Cheng (Tainan-Taiwan) donne une conférence sur le confucianisme (1986) le premier livre jamais paru dans la République Populaire au sujet de Thomas d’Aquin. Le Prof. Zhao Fusan a pensé loin à ce moment-là. Il a proposé que nous explorions avec le Prof. Fu la possibilité d’inviter à Beijing des professeurs de Leuven pour y enseigner la philosophie scolastique. Il a cherché un texte complet de la Summa Theologica de St. Thomas et il a parlé d’un projet de le traduire en chinois. Il est vrai que tout cela faisait partie de l’euphorie qu’on a connue chez les intellectuels chinois après la fin de la révolution culturelle. Ils ont soudainement pu respirer plus librement et ils ont eu beaucoup de rêves académiques. Ces rêves ont parfois eu des proportions véritablement chinoises. Ainsi un certain jour, un directeur d’éditions importantes m’a demandé si je connaissais ’la série Migne’. Il en avait entendu parler et il a pensé la copier pour l’éditer en Chine. Quand je lui ai décrit l’importance de cette série Migne, il a légèrement froncé les sourcils. Vraisemblablement, il a alors abandonné cette idée. Dans les années 80, on a même envisagé la possibilité d’aller enseigner la théologie de Vatican II à l’Académie des sciences sociales. D’ailleurs, c’est dans ce contexte qu’en 1984 déjà, l’I.V. a présenté une bourse d’étude à Zhang Jia-pin, une dame chinoise francophone de l’Institute for the study of world religions, pour venir étudier la théologie à Louvain-la-Neuve. Elle y a obtenu un diplôme de licence. Le Prof. Zhoa a bien été la personne appropriée pour promouvoir tout cela. Il ne parle pas seulement un beau chinois et un anglais parfait, mais il maîtrise en outre tout le domaine de la philosophie, de l’histoire et de l’art, aussi bien chinois qu’européens. Toutefois, la secousse de l’incident Tiananmen (4 juin 1989) a réveillé les intellectuels chinois qui rêvaient. Le Prof. Zhao Fusan a été l’autorité chinoise la plus élevée qui a quitté Beijing après l’événement de Tiananmen. 28 En 1986, il a correspondu aussi avec CICM au Japon au sujet d’une invitation à Jan Van Bragt cicm pour venir enseigner à la Chaire Verbiest sur le bouddhisme, le shintoisme, les philosophies orientales et la spiritualité. Beaucoup plus tard, Jan Van Bragt est venu en effet. En collaboration avec la Faculté de théologie et au nom de la Chaire Verbiest, il a donné des conférences sur le dialogue interreligieux. Apparemment, à ce moment-là, le temps pour cette Chaire Verbiest n’était pas encore venu à Louvain. Après 1992, la Chaire a disparu du programme de la K.U. Leuven. La même initiative de 1985 est reprise aujourd’hui. En collaboration avec la Faculté de théologie, la préparation pour relancer la Chaire Verbiest de l’I.V. au sujet de la religion dans la société chinoise La coopération avec la Sinologie En 1983, le Prof. U. Libbrecht (sinologie) lançait le Projet Verbiest dans le but d’étudier tous les travaux de Ferdinand Verbiest, de les traduire et de les éditer. Parce que, dès le début, l’Institut voulait collaborer avec Sinologie, il fut décidé de soutenir le Projet Verbiest. Des rapports financiers des archives I.V. (Institut Verbiest) de ce temps montrent que, durant les années 1983-85, le V.I dépensait la plus grande partie de son budget à des contributions au développement du centre documentaire du Projet Verbiest: achat de livres et de microfilms, copie de documents au sujet de Verbiest, etc. Le 15 septembre 1984 fut proposé la création d’un ″Groupe de Travail Bibliothèque Sinologie″, avec la participation de professeurs de Sinologie et de la bibliothèque de Philosophie et Lettres. L’intention était de planifier l’achat de livres pour la bibliothèque Sinologie, car, dans ces annéeslà, le budget de Sinologie était extrêmement limité. Un appui spécial de l’Institut Verbiest était donc nécessaire. Le Groupe de Travail n’a jamais vu le jour. Pourtant, l’I.V. a contribué cette année-là pour 200.000 frb à l’achat de livres pour la bibliothèque Sinologie. Le Groupe d’Etudes d’Histoire De l’éventail des activités mentionnées ci-dessus, il est clair que l’I.V. a examiné au cours des premières années si, en plus de l’histoire, il pouvait aussi ëtre actif sur le plan de la philosophie, la littérature, etc. Assez rapidement, il fut clair que ceci n’était pas réaliste. La recherche au sujet de l’histoire de l’Eglise en Chine deviendrait un terrain propre de l’I.V. Ceci se m Prof. U.Libbrecht, Staf Vloeberghs et J. Heyndrickx au Symposium sur F. Verbiest (1988) trouvait déjà mentionné dans les premières notes au sujet de l’I.V. avec la mention explicite que l’I.V. réaliserait l’étude en étroite coopération entre les Chinois et les Occidentaux, aussi bien qu’entre catholiques et non-catholiques, parce qu’il était clair que chacun d’eux représentait des avis différents. Avec cet arrière-plan, j’allais en 1982, lors de ma première visite formelle à Beijing, rencontrer la directiion de l’Academy of Social Sciences. Je m’y suis présenté ouvertement - en tant que Scheutiste comme missionnaire de Taiwan et même, depuis sept ans de séjour à Rome, comme Vicaire général de Scheut. Cette présentation était en fait un ensemble de mauvais points auprès des autorités chinoises. Mais la raison pour laquelle je leur rendais visite était bien pour demander, au nom de l’I.V., leur collaboration pour notre étude au sujet ″des relations Belgique-Chine″. Cela été admis officiellement en ce temps-là. Il suffisait que tout le monde comprenne que cette étude viserait surtout les missionnaires belges, mais cela ne devait pas être dit explicitement. L’I.V., avec ses contacts à l’intérieur de la Chine, a été aussi un partenaire utile lors du démarrage de l’étude par C. Dujardin au Kadoc au sujet de l’histoire de l’OFM flamand à Yichang (Hubei, Chine). L’I.V. a lancé à ce moment-là un Groupe de Travail d’Histoire avec Prof. E. Stols, Prof. D. Verhelst et Prof. J. Roegiers et Marcel Van Nieuwenborgh. Le but était que ce groupe fonctionne étroitement avec la Commission d’Histoire de CICM. À partir de 1986, l’étudiant en sinologie Patrick Taveirne a décidé de faire sa thèse de doctorat sur l’histoire de Scheut dans la Chine du Nord. À ce moment, les projets BTK et TCT, financés par le gouvernement, nous ont donnés l’occasion de lancer concrètement notre étude d’histoire. En 1985, un projet BTK a été mis en marche pour une étude au sujet de Philip Couplet: son livre ″Confucius Sinarum Philosophus″, la traduction de ses lettres, etc. Cela grandira en 1986 jusqu’à la première activité importante de l’Institut China-Europa ayant comme chercheurs Jan Borgonjon, Paul Demaerel, Peter Gordts et la secrétaire Katrien le Feyter. Le Prof. Lin Jinshui (Fuzhou University) a été invité par la Fondation comme ″chercheur invité″. Ceci culminerait dans l’organisation de notre premier Symposium international au sujet de Philip Couplet, l’homme qui a intéressé l’Europe à la Chine; il se déroulerait les 11-13 septembre 1986. L’I.V. organisera au total huit Symposiums internationaux au cours des vingt années suivantes (cfr l’article de Dr. Noël Golvers à ce sujet dans ce numéro). En 1986, on pensait déjà à une étude au sujet d’Antoine Mostaert cicm. Scheut-Memorial-Library Jos Mullie cicm a offert déjà en 1970 sa remarquable bibliothèque de livres chi- nois à la K.U.Leuven. Ceux-ci ont trouvé leur place dans la bibliothèque sinologique seulement en 1978, lors du démarrage du département de sinologie. De précieux documents mongols de la collection d’Antoine Mostaert et du scheutiste Rafael Verbois ont aussi été transmis dans les années soixante-dix à la bibliothèque centrale de la KUL. Dès que les premiers plans pour l’ Institut Verbiest ont été dressés, il a été évident qu’on devait essayer d’empêcher que les bibliothèques personnelles importantes de chercheurs Scheutistes individuels, aussi bien que les bibliothèques chinoises des maisons d’étude de Scheut soient perdues. Pour cette raison, déjà à partir 1981-82, ont été recherchés des contacts personnels avec les plus vieux professeurs de Scheut: Heny Serruys, Paul Serruys, chercheurs. Cette nouvelle motivait encore d’autres pour joindre aussi leurs livres à ce Memorial Library, comme CICM Sparrendaal, Prof. Van Loon (Mongolist, Nimègues), des Lazaristes néerlandais, le Foyer Chinois (SAM, Bruxelles), et, last not least, le Prof. Igor de Rachewiltz dont la bibliothèque entière Chine-Mongolie est maintenant en route de l’Australie comme un don à Scheut-Memorial-Library. Avec cette bibliothèque, vient aussi de l’Australie la collection Dongan, petite mais exceptionnelle, du Mme Svetlana Rimsky Korsakov, une étudiante de Henri Serruys, qui a fait la recherche durant plusieures années au sujet des Dongan, tribu des Mongols dans le nord-ouest de la Chine et rassemblait une collection unique de livres et curiosae sur ce sujet. Ainsi, le SMLibrary s’est développé jusqu’à une bibliothèque exceptionnelle. m Ouverture de l’Institut Chine-Europe (1986) Willem Grootaers, Jozef Jennes, Dries Van Coillie, Jozef Spae e.a.. Chacun d’eux a réagi très positivement à la nouvelle que Scheut prenait cette initiative pour l’Institut Verbiest, mais aussi avec le regret que, vu leur vieillesse, ils ne pouvaient plus coopérer activement. Ils étaient très disposés à transmettre leurs livres. Ainsi Scheut-Memorial-Library (SML) a pris naissance, d’abord un certain temps à Taïwan, au moment où Paul Serruys sur l’invitation de l’Academia Sinica - s’y est occupé d’une traduction officielle de vieux textes d’oracles chinois. En 1989, ce SMLibrary a été envoyé vers la maison de Scheut à Kessel-Lo. Y ont été réunis les livres d’Antoine Mostaert, Louis Schram, Henri et Paul Serruys, Jozef Spae, Dries Van Coillie, Jozef Spae et partiellement ceux de Karel de Jaegher. Les livres ont été introduits dans le système Dobis-Libis (maintenant Aleph) de l’Université et y sont à la disposition des étudiants et des Nous espérons que ce SMLibrary dans un proche avenir trouvera un nouveau lieu d’installation. Même si dans l’avenir il n’y aura plus de missionnaires scheutistes dans nos régions, alors leurs traces doivent rester pourtant présentes dans notre histoire. La réunion de leurs bibliothèques et archives met ce matériel à la disposition des chercheurs de chez nous, de la Chine et de la Mongolie. SMLibrary est une référence qui continuera à servir à la recherche scientifique et à l’étude des réalisations missionnaires des 697 Scheutistes, des Lazaristes et d’autres missionnaires de nos régions entre 1865 et 1954 en Chine et en Mongolie Intérieure. Institut Chine-Europe Déjà à partir du début 1985, on a parlé à la K.U.Leuven de la fondation ″d’un Modern China Institute″. C’était dans le but de nouer des relations avec la Chine à partir des entreprises industrielles et com29 merciales. En juillet 1985, ceci a été débattu par K.Tavernier, Recteur en fonction, Mr. Bob Stouthuyzen du VEV et de Janssens Pharmaceutica. Cette première proposition n’a pas été suivie d’un démarrage. Fin 1985 et début 1986, est arrivé un nouveau projet concret. Il s’appellerait ″Chine-Europe-Institut″ (CEI) et favoriserait l’échange culturel et scientifique avec la Chine. L’ Institut Verbiest a été invité à inclure ses propres activités dans cet Institut, à en prendre la direction et à y collaborer avec les entreprises importantes de l’industrie et du monde des affaires belges. Le CEI et l’Institut Verbiest restaient deux entités juridiques séparées: l’I.V. restait une a.s.b.l., le CEI ferait partie de la K.U.Leuven. Quand une subvention importante avait été mise à la disposition de la fondation du CEI, la discussion concrète de ce projet connaissait une accélération. Une série de réunions a eu lieu en 1986, les 21 et à 25 mars, les 17, 21 et 23 avril et le16 août. Le CEI fut déjà ouvert officiellement le 9 septembre 1986 en présence du Premier ministre Martens, des ministres Tindemans, Gaston et Mark Eyskens, Kelchtermans, du Président Gaston Geens, encore d’autres membres du gouvernement, de l’ambassadeur Liu Shan et beaucoup de haut-dignitaires.chinois. Sur la cour intérieure du Collège d’Arras, le Premier ministre Martens et l’ambassadeur Liu Shan ont planté un arbre d’amitié Belgo-Chinoise: un pin d’Himalaya. Un Professeur louvaniste m’a dit à ce moment-là: il est de votre tâche de faire ″parcourrir à ce nouvel Institut quelques tours de piste pour le faire parvenir à sa vitesse de coisière″ afin qu’il soit lancé. C’est en fait le rôle historique que l’Institut Verbiest a joué vis-à-vis du CEI. À partir de 1989, l’a.s.b.l. Institut Verbiest a repris sa propre voie avec son propre programme de recherche. m Le Provincial de Scheut (Belgique) donne un calice à Mgr Michaël Fu (Beijing) (Scheut 1985) Quelques initiatives importantes de l’I.V. Programme de Recherche et de Publications: Dans des articles séparés plus de détails sont rapportés au sujet de la recherche et des publications de l’I.V. En voici un court résumé. - Neuf symposiums internationaux organisés au sujet de l’histoire de l’Eglise en Chine de 1986 jusqu’en 2007. À chaque symposium ont pris part environ 40 historiens et sinologues, Chinois et non-Chinois, catholiques et non-catholiques, provenant de dix à quinze pays différents. - Publications: les fruits des recherches de l’I.V. ont été publiés dans Monumenta Serica (Allemagne) et dans sa propre série Leuven Chinese Studies, au total 17 volumes; en dehors de cela, 6 études ont été traduites en Chinois et ont été publiées dans notre série Huai-Jen Chungshu à Taipei, quatre études ont été traduites et ont été publiées à Beijing( Pékin). - Le Courrier Verbiest paraît depuis 1990 deux fois par an en Néerlandais et deux fois en Français avec informations au sujet du contenu de la recherche de l’I.V. et au sujet de la coopération de l’I.V. avec l’Eglise en Chine. - La chaire Verbiest qui a été mise en marche en 1985 dans la Faculté de Philosophie et Lettres redémarrera à partir de 2008 au sein de la Faculté de Théologie. La Chaire Verbiest au sujet ″de la Religion dans la Société Chinoise″ sous la direction de Dr. Antonio Egiguren OFM avec les contributions des autres chercheurs de l’I.V.: Dr. N. Golvers, Dr. Ph. Vanhaelemeersch et Dr. Rachel Lu Yan. À côté de la recherche, l’I.V. a aussi cherché le dialogue et la coopération avec l’Eglise en Chine m Dries Van Coillie cicm, Antoon Van Wilderode et Nicolas Standaert sj admirent l’anneau épiscopal de Mgr Bermijn que portait Mgr Franciscus Wang (Mongolie Intérieure) pendant sa visite à Louvain (1985) 30 1985: la première délégation catholique de la Chine à l’étranger est pour Louvain. En Chine, nous avons fait vite personnellement connaissance au nom de l’I.V. avec l’Eglise et avec les évêques officiels (reconnus par le régime). Ceux-ci étaient alors tous ″illégitimes″ c.-à-d. non reconnus par Rome mais bien consacrés valablement. Nous avons trouvé que plus de dialogue avec eux pouvait améliorer cette relation. Cela pouvait également ouvrir des voies vers l’échange. Le recteur Piet De Somer, président de l’I.V., envoyait au su de Rome (sans ″autorisation ou accord officiel″) - une invitation pour une visite à la K.U.Leuven de trois évêques, un prêtre, un laïc et un interprète. Nous savions bien sûr que ″le statut ecclésias- tique″ de ces évêques n’était pas canoniquement en ordre. Le but a été précisément de créer un contact pour permettre au dialogue de grandir ultérieurement. m Staf Vloeberghs et un groupe ’Verbiest’ visitent le palais impérial de Beijing m Mgr Aloysius Jin Luxian présente un cadeau pendant sa visite au Cardinal Danneels à Malines (1987) m Un débat mémorable à Changhua (Taiwan 6 janvier 1986): ″Il n’y a pas d’Eglise schismatique en Chine″. De gauche à droite: le théologien Aloysius Chang sj, J. Heyndrickx cicm, Abbé John Tong (le futur Evêque auxiliaire de Hong Kong) Cela a été une entreprise délicate, car leur relation avec le Vatican a été jusqu’alors ouvertement agressive. Cette invitation a été une percée vers la Chine. Une invitation venant d’une Université a bien pu être acceptée; venant d’une instance ecclésiastique, elle aurait été inacceptable. La base de l’I.V. à la K.U.Leuven a déjà là récolté des fruits positifs. Les évêques sont venus en novembre 1985. Cela a été une visite historique. Ce fut la première délégation catholique qui ait obtenu officiellement l’autorisation des instances de Beijing pour aller à l’étranger. Les membres de la délégation elle-même ne savaient pas quelle réception leur serait réservée en Belgique. Nous n’en étions pas très sûrs non plus mais nous devions éviter que la réception se termine désastreusement. La presse n’a pas pu être informée trop longtemps d’avance pour éviter controverse et commentaires, mais elle a dû pourtant être mise au courant et cela s’est fait. L’arrivée de la délégation des évêques a été une nouvelle annoncée à la télévision et a obtenu les premières pages des journaux. Les questions agressives redoutées ou les déclarations de journalistes ne sont pas venues. Ce fut un succès pour l’Eglise en Belgique et pour les visiteurs eux-mêmes, un succès international aussi car beaucoup, surtout à l’Est, regardaient cette initiative avec méfiance. C’était notre intention de bien recevoir les visiteurs mais en même temps d’arriver à un franc dialogue ″in caritate et veritate″ (dans l’amour et la vérité). Et ceci s’est produit. Tous, à la Faculté de Théologie, à l’Institut pour la Philosophie, aux Grands Séminaires de Bruges et de Gand, et surtout les anciens missionnaires Scheutistes de la Chine ont eu de bonnes conversations avec nos hôtes. L’entretien chez le cardinal Danneels a été cordial et également franc. Il a plu tellement aux évêques qu’ils ont invité à ce moment-là même le cardinal pour une visite de retour à Beijing. 6 6 Toute l’histoire du voyage en Chine du cardinal a commencé là. Elle est en elle-même une illustration du dialogue de l’I.V. avec la Chine: ″sur un pied d’égalité et d’estime réciproque″. Le cardinal Danneels ne voulait pas ce voyage ″à n’importe quel prix″. Lorsqu’il a été invité en 1986 et les années suivantes -, nous avons demandé que le cardinal puisse aussi rencontrer un évêque ″souterrain″. Quand ceci a été refusé, le cardinal n’y est pas allé. Et lorsque, en 1995, la visite entière était prête et que les autorités chinoises au dernier moment ont refusé le visa à un participant de la délégation (pour éliminer celle-ci), le cardinal a reporté encore une fois le voyage. En 2005, la visite en Chine s’est finalement faite. Pendant tout ce temps, les relations sont restées positives. 31 m L’équipe Verbiest à Taipei (2000) Beaucoup d’autres délégations de Chine suivraient. Pour la nouvelle administration de la K.U.Leuven, cette initiative a été un signe que l’I.V. a pu effectuer du travail utile avec la Chine. Rome a également réagi positivement à cette première étape vers le dialogue avec l’Eglise Chinoise. Quand, l’année suivante, l’Eglise en Amérique voulait prendre une même initiative, le cardinal Tomko a dit aux initiateurs américains: ″Si vous le faites comme à Louvain, ce sera très bien″. Voyages annuels Verbiest Une activité qui avait déjà commencé dans les années 80 et qui continue encore aujourd’hui est le voyage annuel Verbiest. En 1988, l’I.V. a organisé un premier voyage de groupe de la Belgique vers la Chine avec des représentants de Pro Mundi Vita, Kerk en Leven, Scheut, Louvain-la-Neuve, etc. Au cours des années 90 a continué un voyage annuel Verbiest ayant comme caractéristique propre que l’itinéraire emmène les visiteurs vers les principaux lieux touristiques de Chine mais que se fasse aussi chaque fois une visite d’une des anciennes missions des missionnaires belges. Staf Vloeberghs en devient d’année en année le guide de voyage incontournable. Publications et conférences au sujet de l’Eglise en Chine ″Au sujet de l’Eglise dans la République Populaire de Chine, nous ne savons rien″ avait dit le pape Jean Paul II. Dans un certain sens, c’était ainsi. Mais c’était encore plus vrai pour le grand public, pas seulement en Europe. A Taïwan et à Hong Kong aussi, on avait surtout une image déformée au sujet de la situation en Chine. C’est de ce point de vue que, dans cette période, j’ai commencé à publier régulièrement des articles dans les magazines aussi bien en Europe qu’en l’Asie de l’Est. J’ai donné également beaucoup de conférences, simplement pour donner une information plus objective au sujet de l’Eglise en Chine, comme je l’ai apprise per32 sonnellement des gens en Chine. En 198586 uniquement, j’ai donné 21 conférences à Taïwan au sujet de l’Eglise en Chine, 23 en Europe (Belgique, Pays-Bas, France, Allemagne, Italie), 6 à Hong Kong, 5 à Singapour, 4 à Manille, 2 aux EtatsUnis. Une conférence importante, je me souviens, était bien celle de janvier 1986 pour les Maryknoll sisters à Changhua ayant comme co-rapporteurs le théologien chinois connu Rev. Aloysius Chang Chun-shen SJ de Taipei et Rev. John Tong (futur évêque auxiliaire) d’Hong Kong où j’ai exprimé pour la première fois ma propre opinion au sujet de l’Eglise en Chine en ces termes: ″L’Eglise en Chine est l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique en Chine, bien que divisée intérieurement″ - mais non-schismatique -; cela était opposé à ce moment aux visions généralement acceptées. Il y a eu alors des réactions. Mais cette position est aujourd’hui la base de la lettre du pape Benoït XVI aux catholiques de Chine; pourtant, il y en a encore beaucoup qui ne l’acceptent pas. Cette activité ″conférences au sujet de l’Eglise en Chine″ a continué jusqu’aujourd’hui dans la mesure où les nombreuses activités du programme le permettaient. L’ Institut Verbiest, le Collège d’Arras, K.U.Leuven À la recherche d’un home: Les ″Vlaamse Leergangen Le Collége d’Arras Le recteur De Somer est devenu président de l’a.s.b.l. Il n’y intervenait pas directement mais il a bien joué un rôle stimulateur. Au cours d’une longue conversation dans les Halles, un jour froid de janvier 1985, avec M. Verniers, tandis que le chauffage était tombé en panne dans tous les bâtiments, le recteur m’a dit: ″Avec votre Institut, vous devez voler de vos propres ailes et ne pas vous appuyer sur l’un ou l’autre Institut de la K.U.Leuven. Cherchez à Louvain. Si vous trouvez un bâtiment qui convient et s’il est possible de l’une ou l’autre façon, alors nous le libérerons pour l’I.V.″ Quand, peu de temps avant son décès et peu avant la visite du Pape, il venait tout seul à Taïwan, en mai 1985, pour donner une conférence scientifique, le président De Somer m’a dit au cours d’une autre longue conversation: ″Achetez les ″Vlaamse Leergangen″. Il est à vendre!″ J’ai même appris confidentiellement le prix minimum.Lors de mon retour en Belgique - le recteur De Somer était à ce moment déjà décédé -, j’ai pris contact, peu de temps après, avec la direction des ″Vlaamse Leergangen″. Ils étaient bienveillants à l’égard de notre projet. Les négociations en vue de l’achat de ce bâtiment pour l’Institut Verbiest se sont déroulées favorablement jusqu’à ce que la ville de Louvain elle-même, en décembre 1985, faisait pour ce même bâtiment une offre qui dépassait de loin les possibilités de l’I.V. Notre rêve s’évanouissait. C’est à ce moment-là que la K.U.Leuven a présenté pour la première fois de libérer un espace libre de bureau pour l’I.V. dans le Collège d’Arras. Cela est arrivé dans la période où les conversations au sujet du futur Institut Chine-Europe avaient commencé. Le garage pour les voitures dans le Collège d’Arras a été restauré avec une contribution financière de l’I.V. Celui-ci y trouve ainsi un abri adéquat depuis des années. Un long défi de vingt-cinq ans pour rester dans le dialogue malgré tout... Nous n’étions que trop bien conscients qu’en 1982, ce n’était pas évident que d’aller à Beijing en tant que missionnaire de Chine, à visage découvert, d’y rencontrer aussi bien des ecclésiastiques (non-reconnus par Rome) que des civils, autorités communistes, avec l’intention de dialoguer et collaborer avec eux. La Révolution Culturelle venait à peine d’être terminée. Les communistes étaient encore des communistes marxistes convaincus et ont vu dans un scheutiste, missionnaire de Chine, un impérialiste, un colonialiste. En plus, je venais de passer sept ans à Rome, ce qui signifiait pour Beijing que je représentais d’une manière ou d’une autre ″le Vatican hostile″. La Chine s’était déjà liée d’amitié en 1982 avec son grand ennemi l’Amérique et elle faisait déjà des affaires avec le Japon qui fut, jusque dans les années 70, l’autre grand ennemi de Beijing; mais avec Rome, même aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, les rides n’étaient pas encore effacées. Pis encore, déjà à partir de 1957, j’étais très actif à Taïwan, la province arrachée à la Chine. C’étaient des raisons suffisantes donc pour le gouvernement de Chine pour être soupçonneux envers moi malgré mon attitude positive. Pour les autorités et même pour les amis à Taïwan, le fait que j’ai recherché des contacts et ai dialogué avec l’Eglise et le gouvernement civil dans la République Populaire Communiste a suscité également des soupçons. Suspecté par l’ami et par l’ennemi, pour moi, il était clair que tenir l’équilibre serait certainement difficile. Mais cela ne m’a pas fait douter de notre tâche qui restait pour nous bien évidente. Nous voulions simplement savoir comment se portaient nos frères et soeurs dans l’Eglise Catholique de la Chine après tout ce qu’ils ont vécu. Le pape Jean Paul II m’a d’ailleurs dit personnellement qu’à Rome, on savait très peu de choses au sujet de la situation de l’Eglise en Chine. Nous considérions donc notre tâche, dans les circonstances des temps présents, comme un défi qui, surtout de la part de l’Eglise, réclamait une réponse. Je n’étais donc pas étonné du tout que les autorités de Chine me suivaient de près où que j’aille. Pour eux, j’étais probable- m Passage d’une rivière pendant la visite du P. Michel Decraene cicm (Général) à l’ancienne mission cicm à Jehol (1990) quand j’avais des conversations avec eux, mais précisement cette méfiance m’a incité encore plus à rechercher activement des contacts personnels et un franc dialogue avec eux. m Mgr Aloysius Jin Luxian accueille les Scheutistes Michel Decraene (Général), Dries Van Coillie et Bert Van Lierde à Shanghai (août 1990) Un certain jour de 1987, un officiel de Beijing, avec qui j’étais devenu un peu familier, m’a donné un petit message ″d’un bulletin d’information confidentiel″ du parti communiste dans lequel a été mentionné que ″J. Heyndrickx de Belgique a voyagé partout en Chine. On se demande quelles sont ses intentions.″ Quand j’ai appris cela, ma réaction a été: s’il en est ainsi, essayons alors de nous rencontrer et de parler. Le lendemain, j’ai téléphoné au Bureau National pour la religion à Beijing et j’ai demandé si je pouvais rencon- ment un espion du Vatican. Des amis m’ont communiqué que le gouvernement pensait ainsi à mon sujet. Mon aptitude linguistique en chinois les a rendus doublement soupçonneux étant donné que j’ai voyagé partout où des villes et des provinces chinoises avaient été ploclamées ouvertes pour les touristes. Je me limitais toutefois à la Chine du Nord où Scheut a travaillé autrefois. Là, j’ai recherché des contacts avec des Instituts académiques mais aussi avec l’Eglise, ″ car il y a ici liberté de religion n’est-ce pas?″ Mais quelle ville ou région était ouverte et laquelle ne l’était pas, voilà le problème qui se posait. 7 J’ai éprouvé clairement cette attitude soupçonneuse des autorités locales 7 Beaucoup de villes et des régions entières n’étaient pas encore à ce moment-là ouvertes pour les touristes étrangers. Mais il n’a pas été toujours clair quelle région était ouverte ou ne l’était pas. Les autorités locales ont donné souvent des interprétations contraires, surtout en Mongolie Intérieure. Cette situation laissait au gouvernement local la possibilité d’accuser quelqu’un s’il le souhaitait. m (De gauche à droite) Les Scheutistes A. Van Lierde, M. Decraene, D. Van Coillie et A. Brys pendant leur visite à l’ancienne mission cicm à Chengde (1990). En 1949, à la reprise par les communistes, le Scheutiste Kamiel Vandekerckhove d’Ingelmunster, y est décédé tout seul, dans des circonstances inconnues. 33 la Théologie Catholique au sujet du Pape et des évêques. Rien n’a été changé à ces notes. Pour obtenir ceci, j’ai seulement dialogué, sans abandonner ma personnalité propre. m Trois Evêques originaires des anciennes missions cicm avec lesquels l’Institut Verbiest collabore intensément: Mgr Joseph Ma (Mongolie, Evêque non officiel), Mgr Wang et Mgr Tong Hui de Nord-Shaanxi (Evêques officiels) trer le Directeur (véritable équivalent d’un ministre de la religion). Au téléphone, l’homme me demanda mon nom et, quand je lui ai donné mon nom chinois, j’ai compris qu’il le connaissait. Alors, il m’a dit: ″Attendez un moment, je vais le demander″. Le lendemain à 15 h, j’ai eu une conversation avec le Directeur du Bureau National de la Religion à Beijing. Cette rencontre a été le début de conversations et de contacts réguliers au cours des années 80 avec le Directeur Mme Cao Jingru et, après, avec Mr. Ren Wuzhi et autres. C’étaient des conversations franches au sujet de l’Eglise en Chine et l’Eglise Universelle, au cours desquelles nous n’avons pas échangé ″de secrets″ mais nous avons beaucoup appris l’un de l’autre, ne fut-ce que apprendre que les interlocuteurs étaient prêts à parler. J’ai appris beaucoup, eux probablement aussi. J’ai éprouvé assez rapidement combien complexe est la situation en Chine si on rencontre beaucoup de personnages très différents. Certains voulaient être en bons termes avec le gouvernement et cherchaient des prétextes pour m’accuser de l’un ou autre délit; il y a des exemples à souhait! D’autres collaboraient avidement et inventaient un tas de détails quand le gouvernement les interrogeait à mon sujet et sur mes activités. Cela a nourri la méfiance auprès du gouvernement. D’autres encore ont essayé d’obtenir un avantage financier d’une coopération avec moi, mais, en cas d’échec, ils assouvissaient leur colère contre moi auprès du gouvernement. D’habitude, le gouvernement en Chine écoute volontiers de tels ″rapports″. Et, ce qui était encore bien plus terrible, le gouvernement a pris des initiatives pour m’attirer dans des embus34 Je suis persuadé qu’il est possible d’affirmer clairement et en premier lieu ses propres principes, dans un langage de dialogue et d’estime réciproque sans devoir arriver à la confrontation. C’est avec conviction que, déjà pendant vingt-cinq ans, je poursuis le chemin du dialogue en Chine dans des rencontres avec l’Eglise souterraine, ce qu’on aurait pris très mal il y a vingt ans aussi bien de la part des catholiques officiels que de la part du gouvernement civil. Je ne prétends pas que ceci s’est toujours déroulé avec le même succès et qu’il n’y a jamais eu des problèmes. En revanche, je suis certain que dans mes contacts je suis resté fidèle à mon identité de prêtre catholique. Jamais je n’ai renié, pour rester en dialogue ou coopération, un principe quelconque de la foi catholique ou de la loi ecclésiastique. Le dialogue ne signifie pas la faiblesse. J’étais sur la liste noire (et peut-être encore m Des chrétiens souterrains en adoration devant le S. Sacrement, caché dans un sac de voyage cades et alors écouter. Ils disposent aussi de moyens ultramodernes; ainsi, quelqu’un venait un jour s’informer chez moi soi-disant par amitié. Dès lors, j’ai perdu quelquefois beaucoup d’heures sur le petit banc des accusés. Ceux qui m’ont interrogé alors longtemps sont devenus plus tard de bons amis. Une autre instance administrative me déclarait un certain jour ″persona non grata″ et m’empêchait pendant trois ans de visiter encore la Chine. Trois ans après, j’étais de retour en Chine et maintenant ils me permettent depuis des années d’enseigner la Théologie Pastorale au Séminaire National. Je distribue à mes étudiants mon propre cours imprimé où se trouve tout ce qui doit être enseigné dans ″un peu″ ailleurs...), j’ai été accusé faussement, mal compris et exclu comme persona non grata, mais ceci ne m’a pas amené à quitter la route du dialogue. Pour cela j’ai trop de respect pour la Chine, le Peuple Chinois et sa culture, et surtout d’admiration profonde pour la foi des chrétiens chinois. Pour eux, j’ai voulu accepter tous les autres désagréments. C’est beaucoup de pouvoir dire que c’est par l’Institut Verbiest que nous sommes en dialogue avec l’Eglise en Chine aussi bien qu’avec les Institutions académiques et même avec les autorités civiles en Chine. Pour achever la construction de cette ″nouvelle relation″, il faudra encore beaucoup de temps. (J. Heyndrickx, cicm) VINGT CINQ ANS “CHINA-WATCHING”: 1955-1980 La préhistoire de l’Institut Verbiest K.U.Leuven les années 70, une pratique géAu moment de l’avènement de nérale: pour preuve le nombre Mao Zedong au pouvoir en 1949, grandissant de publications et péles missionnaires belges: scheuriodiques qui virent le jour à cettistes, franciscains, samistes, te époque: China Talk (USA, sœurs de la Chasse et d’autres Méthodistes), China and furent expulsés de Chine ainsi Ourselves (Canadian Council of que tous les autres missionnaiChurches), China Update (J. Spae res (environ 5000 en tout). Scheut CICM, Belgique), China Study avait alors accompli 90 ans de Project Bulletin (British ecumeprésence active en Chine du Nord nical China Study group), Reli(Mongolie intérieure), 679 scheugion in Communist Lands (Kestistes y avaient travaillé dont 250 ton College) etc. Les Congrégay sont enterrés. Nous nous soutions missionnaires publièrent venons des photos et des articles aussi régulièrement des nouveldans les journaux de l’époque. les de l’Eglise Chinoise de même Les missionnaires de Chine arrique Informations Catholiques Invaient en Belgique, certains, ternationales, Herder corresponayant subi des années de prison, denz, et d’autres revues générales. beaucoup pour la première fois après parfois 40 années de séjour en Chine. Quelques uns partiFaits et évolutions rent pour un autre pays de misdramatiques au cours des sion. D’autres restèrent en Euannées soixante et rope. Ils y continuaient, tant bien septante que mal, à suivre ce que se passait en Chine grâce aux nouvelEn Europe, à cette époque, les, qui filtraient à travers le rideau de bambou et étaient pro- m Les Scheutistes A. Geussens et Johan Kerkhofs, expulsés beaucoup se laissèrent induire en erreur par l’enthousiasme de la pagées par les journaux ou la ra- de la Chine (1952) foule des manifestants à Beijing dio. Ce qu’on a alors appelé le ″China-watching″ pour collecter agitant le Livret Rouge de Mao. Alors qu’en ″China watching″. Les choses allaient de Chine même dans tout le pays les Gardes plus en plus mal en Chine surtout pour et ensuite propager des Rouges semaient la terreur. Ils détruisil’Eglise et l’information filtrait de plus en informations sur la Chine et rent des trésors culturels, condamnèrent, mous difficilement. Pendant la révolution l’E u glise en Chine maltraitèrent et tuèrent beaucoup de ciculturelle (1966-75) pratiquement tous les toyens et de dirigeants méritants. Ce fut évêques, les prêtres et les religieux étaient Déjà en 1948, le ″Missionary Bulletin″ l’une des époques les plus dramatiques de mis en prison ou dans des camps de tradirigé par Fr. Legrand (cicm) à Shanghai l’histoire de Chine. Par ailleurs en ce temps vaux forcés. Des églises furent détruites commençait à publier des informations disparurent aussi plusieurs grandes figuou transformées en salles de théâtre et sur l’attitude du communisme, en progresres. En Chine, ce fut le cas de Liu Shaolieux de dépôts. L’impression générale sion, vis-à-vis de la religion. Ce périodiqi (1968) et Lin Biao (1971). A Taiwan, était que la fin de l’Eglise chinoise était que déménagea en 1949 à Hongkong où mourut le grand opposant de Mao: Chiang arrivée. Les ’China Watchers’ collectèrent il parut sous le titre de China Missionary kaishek (1975). Sous le règne de son fils et publièrent des informations à ce sujet. Bulletin. Le jésuite hongrois Ladislao LaChiang Chin-Kuo démarra alors l’évoluNos contemporains devraient absolument dany se livra depuis Hongkong à une ″Chition historique vers la démocratie à lire ces informations, elles sont importanna-Watching″ organisée. Dans les années Taiwan. Entretemps Kissinger s’était rentes pour comprendre et bien evaluer la si50 il y ériga un centre d’information. Avec du en Chine pour y préparer la visite métuation actuelle. Le livre ″Le suicide enl’aide d’une équipe, il rassembla chaque morable de Nixon à Beijing et l’entrée de thousiaste″ de Dries Van Coillie CICM jour systématiquement les communiqués la Chine à l’ONU en 1972. traduit en 15 langues, reste une mine des medias de Chine et d’ailleurs et les d’informations sur la Chine de l’époque. publia dans ″China News Analysis″, non seulement les nouvelles concernant l’E uglise mais aussi des informations politiques, économiques et générales. Ce bulletin fut apprécié partout. Des gouvernements et des ambassades de pays nombreux s’y abonnèrent pour acquérir une information fiable sur ce qui se passait derrière le rideau de bambou. En ce qui concerne l’E u glise en Chine parut en Europe dès 1949 ″Echange France-Asie″ des Missions Etrangères de Paris. A partir de 1968 ″Pro Mundi Vita (Bruxelles) publia des monographies sur la Chine et l’Eglise de Chine.; et à partir de 1972 le ″Lutheran World Federation m P. Ignace Rybens cicm expulsé après 3 m P. François Legrand cicm au moment de Genève publia son ″Information Letannées de captivité de son expulsion (1953) ter″. Le ″China Watching″ devint, durant 35 m Le Premier Chou En-lai Premier Zhou Enlai mourut en janvier 1976 et fut fort regretté. Mao Zedong mourut la même année en septembre. Tout le monde s’attendait à voir Deng Xiaoping investi immédiatement du pouvoir, mais il fut d’abord publiquement critiqué. Pourtant, le petit Deng vint au pouvoir peu après la mort de Mao. Ce fut aussi la fin de la Révolution Culturelle. La Bande des quatre (Jiang, Wang, Zhang et Yao) furent officiellement blâmés et publiquement condamnés pour tous les méfaits de la Révolution Culturelle. Pour Mao Zedong par contre aucun blâme. Les grandes photos de Marx, Lenin et Engels disparurent de la place Tiananmen mais celle de Mao y resta jusqu’à ce jour. Déjà en 1977, un imposant mausolée à la mémoire de Mao s’ouvrit sur la place Tiananmen. Aujourd’hui encore des visiteurs par milliers font la queue pour saluer Mao. Des millions d’exemplaires des œuvres complètes de Mao Zedong furent diffusés. Toutefois déjà à ce moment chacun de nous pouvait lire les signes des temps: La Chine s’ouvrait à une tout nouvelle étape de son histoire durant laquelle le Maoïs- me serait remplacé par une politique radicalement neuve. La République populaire devint membre de l’ONU. La scène politique était prêtre pour les évolutions historiques des prochains 25 ans qui allaient culminer à partir de 2000, quand la Chine devint une puissance économique et politique mondiale. En 1980, quand Deng ouvrit la Chine à la collaboration avec les pays étrangers, tout le monde était convaincu, qu’après ces 25 ans de longues et violentes persécutions, l’Eglise de Chine devait être agonisante. Pourtant, en 1970 déjà le pape Paul II avait essayé, sur proposition de son secrétaire d’Etat, le Cardinal Cassaroli, de faire un premier pas sur la voie du dialogue. C’était au cours d’une visite de quelques heures à peine à Hong Kong, mais les autorités civiles de Hong Kong (Alors encore rattaché à la Grande Bretagne) et les représentants d’autres nations lui demandèrent de rayer le ″paragraphe du dialogue″ de son messages. Ce que tous semblent avoir oublié aujourd’hui. C’est qu’en 1972, quand tous les autres pays retirèrent leurs ambassades de Taiwan, le Vatican y retira aussi le nonce apostolique (l’envoyant au Bangladesh sans nommer un remplaçant à Taipei) n’y laissant qu’un chargé d’affaires. Il y demeure jusqu’à ce jour, tandis que Taiwan a bel et bien, son ambassadeur au Vatican. Les premières démarches précises du Vatican pour normaliser ses relations avec Beijing datent de 1972. Les autorités de Beijing le savent bien, mais n’en soufflent mot. Interprétations contradictoires des événements en Chine Dans les années 60-70, pendant la révolution culturelle en Chine, beaucoup en Occident parlaient avec enthousiasme de m Deng Xiaoping. Mao Zedong, de son Livret Rouge et de son modèle d’organisation d’une Chine Nouvelle. Même parmi les catholiques, certains observateurs de la Chine, s’intéressaient fort au Livret Rouge, tandis que d’autres, plus réalistes, cherchaient à comprendre ce qui se passait réellement. Ces deux tendances publiaient donc aussi des interprétations contradictoires de la situation en Chine, prenant des positions allant d’extrême droite à l’extrême gauche. Dans le China News de Ladany on pouvait lire des informations généralement objectives et fiables que Ladany complétait de sa propre vision critique. Pour lui la Chine, son agriculture, son économie et également sa politique se dégradaient et la République populaire s’acharnait à détruire les religions mais surtout l’Eglise. Johanathan Chao et son ″Chinese Church Research Centre″ (1977) était si possible encore plus critique. Ray Whitehead par contre, le directeur du Programme chinois du Conseil Canadien des Eglises, voyait d’un bon œil ce qui se passait en Chine. En 1977 il écrivit un article intitulé Le Christ, la rédemption et le maoïsme où il expliquait comment il voyait ″un aspect libérateur″ dans les actions de Mao. Il percevait une spiritualité, foi, espérance et charité dans de qui se passait en Chine, alors qu’y faisait rage, une Révolution Culturelle destructrice. Les Congrès consacrés à la Chine dans les années 70 m Jusqu’en 1980, sur la place Tiananmen de Beijing, étaient affichées les photos d’Engels, de Marx, de Mao Zedong, de Lénine et de Staline 36 Ces opinions opposées se manifestaient dans les rencontres internationales également à la K.U.Leuven où eurent lieu parfois des discussions houleuses pour ou contre Mao. A partir de 1966, aux EU, à Genève, Hong Kong, Montréal, Hayward’s Heath (Angleterre), les protestants organisaient déjà des conférences sur la Chine. Au début des années 70, Catholiques et Protestants envisageaient de fonder, avec Sedos (Rome) un ″Christian China Institute″, mais ce projet n’aboutit pas. Toutefois certaines congrégations missionnaires organisèrent leur propre ″China Study Project″ comme par exemple les Missions Etrangères de Paris (Léon Trivière et J. Charbonnier), PIME (Larazotto), OFM (B. Willeke) SAM (Van Campenhout), les Columbans (Parig Digan). Ce fut, à cette époque que les catholiques commencèrent à se réunir dans ce qu’on appelait les Rencontres Ricci, où les informations sur l’Eglise de Chine s’échangeaient. De ces rencontres naîtra en 1981 le Holy Spirit Study Center. D’ailleurs, les Rencontres Ricci continuent encore aujourd’hui. En 1974, le 8ième chapitre de Scheut à Rome (Albano) décida de libérer quelques confrères pour suivre et étudier les évolutions importantes en République po- rique) y ajoutait: ″Les études et les rapports présentés au cours de cette rencontre sont le résultat des recherches d’une centaine de spécialistes protestants et catholiques. Ils témoignent à la fois d’un esprit d’évaluation personnelle et d’une recherche commune du sens théologique de la situation actuelle marquée par des changements si profonds que peu de repères anciens demeurent reconnaissables.″ Cette conférence sur la Chine à Leuven était remarquable pour le contenu des échanges mais aussi parce que c’était la seule conférence œcuménique où des spécialistes des six continents ont dialogué sur la signification de ce qui se passait en Chi- cidentales. De nombreux aspects de ces événements pèsent encore sur le peuple chinois et ne sont pas encore suffisamment compris par la communauté internationale y compris dans l’Eglise universelle. C’est tout un défi de situer les événements de ce temps-ci dans l’ensemble de notre nouvelle vision de l’Eglise dans le monde de ce temps, de la Chine et de l’Eglise en Chine. L’Institut Verbiest K.U.Leuven débuta en même temps que d’autres instituts qui se consacrent à la Chine Dès que la Chine s’ouvrit à la collaboration avec l’étranger dans les domaines de l’économie, du commerce, de l’échange culturel, les congrégations missionnaires et les Eglises locales hors de Chine ont compris qu’elles devaient se préparer à une collaboration plus intense avec l’Eglise de Chine. A Hong Kong naissait le Holy Spirit China Study Center (1981), à Singapore ″Zhonglian″ (1981) à Leuven (Belgique) l’Institut Verbiest, en Allemagne le China Zentrum (1983) en Italie Tianxia Yijia (1985) aux E.U. le China Bureau (1985). Ceci marquait en fait la fin du ″China-Watching″ (observation de la Chine). Par cette ouverture de la Chine une visite personnelle en Chine était possible. Ainsi à cette époque j’ai pu moi-même aller en Chine au nom de notre Institut Verbiest, qui venait d’être érigé. m Jiang Qing, la femme de Mao, au procès de ’la bande des quatre’ à Beijing pulaire. Le gouvernement général CICM nomma: Dries Van Coillie, Joseph Spae et Jerôme Heyndrickx pour cette tâche. En collaboration avec la province chinoise le gouvernement général commença alors à Hong Kong un China Desk (un service d’étude et d’informations sur la Chine) avec le même objectif. Les contacts entre Pro Mundi Vita (P.M.V. Bruxelles) et la Lutheran World Federation (LWF Genève) se développèrent et ensemble ils organisèrent durant ces années des conférences œcuméniques chinoises, entre autres la conférence historique de Leuven en 1974 avec des représentants de pays du monde entier. L’atmosphère de ces entretiens fut bien exprimée par Jan Kerkhofs S.J. alors directeur de Pro Mundi Vita: ″Dans ce colloque nous essayons de ″lire″ les œuvres de Dieu pour notre temps, telles qu’elles sont réalisées par le peuple Chinois ... et nous reconnaissons volontiers que notre foi chrétienne est interpellée par cette expérience chinoise, pas seulement en ce qui concerne notre engagement mais aussi quant au contenu de notre foi″. Donald Macinnis du Midwest China Study Resource Center (Amé- ne. A côte de l’opinion des spécialistes déjà cités encore d’autres interprétations très différentes furent émises par Julia Ching, Joseph Spae, Dries Van Collie, Richard Madsen, Rhea Whitehead, Gustavo Gutierres, Lous Wei Tsing-sin, Jerom Ch’en, Michael Chu. Les visions opposées de Ladany et Whitehead s’exprimèrent clairement. Tous se posaient la même question: comment interpréter ce qui se passe en Chine? En fait chacun des intervenants ne représentait que son interprétation personnelle des événements. Aujourd’hui, vingt cinq ans plus tard, après les évolutions énormes qui ont eu lieu en Chine et aussi en Occident, ou peut encore discerner les mêmes interprétations et qui différencient les mêmes groupes. Cela n’est pas étonnant car en fait il ne s’agit pas seulement d’interpréter ce qui s’est passé durant cette période et aujourd’hui et au cours des dernières années. Nous découvrons en même temps une nouvelle compréhension de ce qui se passa en Chine durant les activités missionnaires des siècles passés et dans les relations entre la Chine et les puissances oc- La Congrégation de Scheut, qui dans les années septante participa activement aux conférences sur la Chine précitées, tint en 1980 à Hong Kong sa première rencontre consacrée à la Chine. Des anciens missionnaires de Chine, tout autant que de jeunes scheutistes de Taiwan et Hong Kong y échangèrent sur les signes des temps en Chine. En 1981 au 9ième Chapitre de Scheut à Rome les conclusions de cette rencontre furent présentées dans un mémorandum demandant que Scheut réponde par une initiative concrète aux évolutions positives en Chine. Le chapitre l’approuva. La suite du récit est exposée plus loin dans ce numéro. La province chinoise de Scheut se mit au travail dès 1982 et en avril elle proposa au Recteur Piet De Somer d’ériger la Fondation Ferdinand Verbiest à la K.U.Leuven. Cette proposition fut discutée par le Bureau du Conseil académique de la K.U.Leuven en juillet 1982 et acceptée. Au cours de la même année quelques activités culturelles furent déjà organisées pour les étudiants chinois. En mai 1983, l’Assemblée plénière chinoise de Scheut confirma cette initiative. Une ASBL fut alors créée. Ceci consacra la fin de vingt cinq ans de ″China Watching″ et le début d’un dialogue direct avec la Chine et l’Eglise de Chine. (Jeroom Heyndrickx cicm) 37 L’HISTOIRE DE LA SPHE v RE CE u LESTE DU COLLE v GE D’ARRAS DE LEUVEN (LOUVAIN) Verbiest respectait la fonction religieuse de l’empereur de Chine m J. Heyndrickx et Prof. Yi Shitong visitant pour la première fois le globe céleste de Verbiest à Beijing en 1982 Le Globe Céleste Verbiest de Beijing, un monument de science Sino-Occidentale En mai 1982 je me trouvais pour la première fois, en compagnie du professeur Yi Shitong, dans l’ancien observatoire de Beijing. Nous y admirions la sphère céleste et les sept autres instruments astronomiques impressionnants. Six de ceuxci ont été dessinés par Ferdinand Verbiest en 1776 à la demande de l’empereur Kangxi qui était l’ami personnel de Verbiest. Celui-ci lui donnait d’ailleurs aussi des cours de mathématiques et d’astronomie. Les deux autres instruments sont du jésuite allemand Kilian Stumph. L’instrument le plus impressionnant est toutefois la sphère céleste: bien que de construction solide elle est légère, a un forme élégante et est ornée de fines sculptures. Les connaisseurs estiment que, grâce à l’alliage parfait du bronze, la sphère est, après 300 ans, toujours en parfait état. On se serait servi du globe céleste comme moyen de démonstration et comme guide pour localiser les étoiles et les planètes et déterminer la position des unes par rapport aux autres. Verbiest décrit luimême 60 fonctions différentes du globe. Selon le professeur Yi Shitong, adviseur à l’ancien observatoire de Beijing, la construction de ce globe céleste par Verbiest, représente le moment de l’acceptation par le Chine du calendrier occidental. Il explique longuement les difficultés et les préjugés que les missionnaires ont alors dû 38 dépasser et considère la réalisation de ce globe comme une étape importante dans les relations entre la Chine et l’Occident. Le globe occupe également une place exceptionnelle comme monument scientifique et culturel. Toute la connaissance traditionnelle de l’astronomie (1888 étoiles), dont tous les documents sont perdus, y figure ainsi que les plus nouvelles découvertes de cette époque. Ce globe est la plus grande et l’unique des anciennes sphères qui existe encore. Les autres sont perdues et avec elles aussi les données fiables sur les évolutions et les changements de noms des constellations depuis la Dynastie Ming. Durant l’antiquité chinoise la vénération du ciel était étroitement liée à l’astronomie et à l’observation du ciel. L’ancien observatoire s’appelait alors ″Ling Tai″ ce qui indique qu’il a ses origines dans le traditionnel ″’autel de l’offrande″ ou ″la plateforme de l’offrande″. Les instruments déposés sur l’autel de l’offrande s’appelaient dès lors ″instruments d’offrande″. Ils étaient considérés comme des objets rituels. L’observatoire impérial, avec ses instruments d’astronomie jouait ainsi un rôle d’intermédiaire pour transmettre les messages des dieux du ciel à l’homme. En observant le ciel, l’observatoire donnait aux empereurs le pouvoir de gouverner le pays et le peuple de la part du ciel. Cette délégation de pouvoir légal était le signe que l’empereur recevait effectivement son autorité du ciel. Toutefois il devait ensuite encore le prouver en faisant le nécessaire pour que le peuple vive en paix. A cette fin le pays devait suivre un calendrier précis capable de prédire exactement les événements du ciel. Si, de fait, ces événements se réalisaient, c’était le signe que le pouvoir de l’empereur était reconnu pas le ciel. En cas d’événements inattendus, tels qu’une éclipse de soleil ou un tremblement de terre c’était le signe contraire. L’observatoire impérial devenait alors le foyer de critiques et d’agressions. A la chute d’une dynastie, le nouvel empereur qui prenait le pouvoir devait avant tout prouver qu’il avait reçu un mandat du ciel en introduisant un calendrier correct. C’est ce qui explique l’importance de l’astronomie et du calendrier pour l’empereur de Chine. A l’époque de Verbiest la science traditionnelle chinoise de l’astronomie était en déclin. C’est ce m L’ancien Observatoire de Beijing où Ferdinand Verbiest était Directeur et où il a travaillé personnellement (1984) biest avait déjà signé une ″déclaration d’intention″ pour, en collaboration avec l’International Science Center de Beijing, organiser à Leuven une exposition sur l’histoire de l’astronomie en Chine. Nos partenaires en Chine - le Professeur Yi Shitong et le International Science Center voulaient toutefois élargir ce projet en une exposition gigantesque sur l’histoire de la science et de la technologie en Chine. Ils insistaient pour réaliser ce projet parce que cette exposition m La copie du globe céleste, derniers détails (1988) avait déjà beaucoup de succès aux U.S.A. Moyennant quelques adaptations ils qui a donné aux jésuites astronomes de voulaient amener celle-ci en Belgique et l’époque la chance ce jouer un rôle à la probablement encore en d’autres pays eucour impériale où ils jouissaient d’une ropéens. Ce grand projet dépassait les grande considération par l’introduction moyens de l’Institut Verbiest et de l’Insde l’astronomie occidentale. titut Chine-Europe de l’époque. J’ai même Par la réalisation de ces instruments, Verbiest respectait cette tradition chinoise. Il érigea le globe céleste, selon la tradition, du côté sud de l’ancien observatoire parce que cet instrument astronomique avait aussi une fonction rituelle pour l’empereur. Selon les rites, l’empereur faisait des offrandes au ciel du côté sud de l’observatoire et à la terre du côté nord de celui-ci. A cause de cela le globe était considéré comme étant le plus important des instruments astronomiques. ne même. Le ministre Wu Mungyu avec qui, l’ambassadeur et moi-même avions discuté de la question à Beijing était, pour des raisons inconnues, tombé en disgrâce et avait ″reçu une autre fonction″. Il nous fallait dès lors recommencer les pourparlers. En plus, Madame Cao Junju, directrice du Bureau National de la Religion à Beijing essayait de saboter tout ce qui concernait le ″missionnaire Verbiest″, qui était à l’époque encore marqué au feu rouge et considéré comme un ″espion″. Nous sommes arrivés à vaincre tout cela. En Belgique, le ministre Deprez du ministère flamand pour les questions scientifiques, a pris ensuite l’affaire en main. Une délégation de cinq membres de l’International Science Center vint à Bruxelles fin juin 1987 pour y discuter le contrat de l’exposition. Le professeur Yi Shitong qui avait initié le projet avec moi était toutefois écarté de la délégation. Après 12 jours de négociations, la communauté flamande signait, le 4 juillet 1987, le contrat pour la plus grande exposition sur la Chine jamais réalisée en Belgique: ″Chine Terre et Ciel″. L’exposition réalisée à Bruxelles de septembre 1988 a reçu 250.000 visiteurs belges, néerlandais, allemands, luxembourgeois et français. La réalisation d’un duplicata du Globe ne faisait pas partie du contrat pour l’exposition ″Chine Ciel et Terre″. Toutefois c’est dans le sillage de cette exposition que cela a pu se faire. C’était même prévu de pouvoir encore exposer le globe un certain temps (de décembre 1988 à janvier 1989) dans la dite exposition mais la réplique arriva trop tard à Anvers. L’exposition ″Chine Ciel et Le globe Verbiest était considéré Terre″ (Bruxelles 1988-89), par la Chine comme ’monument m Le globe et ses soutiens sont envoyés de Tianjin (nov. une initiative de la national’ et on y estimait que la ré1988) plique coûterait cher. C’était une FondationLa réalisation de raison pour y renoncer provisoirela réplique du globe était ment. Cependant, dans le cadre de été moi-même à Londres pour y avoir l’avis un sous-produit de cette la grande exposition, certains prirent souet la collaboration du professeur renommé exposition dainement intérêt en ce projet, ce qui a J. Needham qui m’a d’ailleurs promis sa permis d’en faire diminuer le prix. L’accollaboration. Lors de ma première visite au globe, Avec l’aide de l’ambasen 1982, l’idée m’est venue de faire une sadeur de Belgique à Beiréplique de la sphère céleste et de l’amejing Hollants van Look et ner à Leuven; non seulement à cause de son attaché culturel de l’él’intégrité de l’oeuvre d’art mais surtout poque Staf Vloeberghs parce que ce globe et son histoire ont manous avons introduit ce nifestement un message pour notre époprojet auprès du gouverneque: pour l’Europe et aussi pour la Chiment belge. Une initiative ne. Cela semblait alors être un rêve qui déjà compliquée en soi. La dépassait nos capacités financières. En question était de savoir à 1988 la Fondation avait le projet, lors de quel gouvernement s’adresson 2ème symposium international à Leuser: le national ou un des ven de commémorer le 300ème annivergouvernements régionaux? saire de la mort de F. Verbiest. Ce symEt quel ministère accepteposium traitait d’ailleurs de Verbiest. Cela rait la dépense de plusieurs semblait être le moment idéal pour réamillions alors que l’argent liser le rêve concernant la réplique du glomanquait déjà en ce temps be céleste. La Fondation avait alors enlà! Il y avait aussi préalacore de plus grands projets, même si ceuxblement pas mal de problèci n’ont pas pu tout à fait se réaliser comm Installation de ce globe au Collège d’Arras à Loumes à solutionner en Chime nous l’espérions. En 1985l’Institut Vervain (mai 1989) 39 cord pour faire une réplique a été discuté après la signature du contrat pour l’exposition et sans lien direct avec celui-ci. La décision fut prise avec l’International Science Center à Bruxelles le 4 juillet 1987. En Chine on constitua un ″comité Scientifique″ d’experts chinois dont Mr. Rong Ke expert en foute du bronze le plus connu à l’époque en Chine ainsi que l’ingénieur Shu Liguang et le professeur Yi Shitong. La réalisation fut confiée au Metal Crafts Factory. Des experts de l’Université Catholique de Leuven ont également donné leur avis: Le vice-recteur André Deruyttere, les professeur Roose, Ovaere, Smeyers, Boxtael, Mr. Sergeys expert louvaniste dans la foute du bronze et messieurs Decoster, Van Laere des services techniques de la K.U. Leuven. Ces dernières devaient veiller à trouver un bon emplacement pour le globe. Staf Vloeberghs et l’historien de l’art Kurt Raedemaeker étaient nos représentants à Beijing pour y résoudre les problèmes éventuels. A mi-chemin j’ai pu moimême visiter les travaux à Beijing. Enfin, une dernière inspection et la réception officielle du globe ont alors été faites par le nouvel ambassadeur de Belgique. Mr. Baeckelandt et le professeur Jan Delrue du département Architecture de la K.U.Leuven. Le globe fut transporté par bateau du port de Tianjin en novembre 1988 à Anvers où il arriva le 23 décembre de la même année. C’est ensuite le 13 janvier, la nuit, en ″convoi exceptionnel″ que le transport vers Leuven (Arenberg) a pu se faire. L’installation dans la cour intérieure du collège d’Arras a eu lieu fin mai avec l’aide des services techniques et d’experts. La sphère céleste avait parcouru un long voyage, au sens propre et au figuré. Pour la Fondation cette réalisation et le transfert furent une grande aventure. Lorsque le Globe était installé tout le monde poussa un soupir de soulagement. Le Globe Verbiest symbolise les bons et mauvais jours de la relation Est-Ouest Le globe ne représente pas une personne, mais c’est un monument astronomique qui a connu une grande histoire humaine et internationale. Ce qui nous a motivé pour amener ce globe à Leuven n’était pas seulement sa valeur scientifique mais aussi sa signification symbolique, son caractère unique et son histoire remarquable. La sphère originale a été réalisée par le flamand Ferdinand Verbiest. Un fait déjà remarquable en soi. C’est aussi le fruit de la recherche d’astronomes de Chine et d’Europe à une période où les missionnaires occidentaux collaboraient ouvertement avec la Chine. Les 1888 étoiles du globe représentent la connaissance en astronomie de Tycho Brahe (Danemark) de Guo Shujin, l’autorité la plus ancienne dans le domaine de l’as40 tronomie, aussi que des astronomes du dix-septième siècle Xu Guangqi et des scientifiques jésuites Matteo Ricci, Adam Schall et Ferdinand Verbiest. Le globe représente des échanges scientifiques entre la Chine et l’Europe ″avant la lettre″ au dix-septième siècle. C’est là, à l’ancien observatoire de Beijing qui existe toujours et où les instruments de m Inauguration du globe céleste au Collège d’Arras par le RecVerbiest sont encoteur R. Dillemans et l’Ambassadeur chinois Liu Shan, le 2 juin re à visiter - même 1989 si peu de touristes s’y rendent - qu’ont en lieu ces échanges. astronomiques et les ont amenés en AlleEux aussi avaient leurs tensions internes magne comme trophées de guerre. Le Gloet leurs confrontations, telle que la disbe Céleste a été de 1901 à 1921 exposé pute entre Yang Guangxian et Adam comme trophée et comme une espèce de Schall et Ferdinand Verbiest. Mais ils déprisonnier de guerre dans le parc du papassaient leurs divergences et il en résullais des empereurs Prusses à Potsdam. Fitait un échange fructueux de science ponalement la Conférence de Versailles de sitive. 1921 a stipulé par l’article 21 que l’Allemagne devait rapatrier ces instruments à A cette époque des échanges intensifs Beijing à ses propres frais et les remettre existaient également dans le domaine des à l’endroit où ils avaient été enlevés. Cela sciences humaines. Philippe Couplet (Mes’est réalisé. chelen), François Noel (Herstrud, diocèse de Tournai à l’époque) et d’autres ont On sait également qu’on a encore esfait connaître la culture chinoise à des phisayé d’obtenir de la Chine que les instrulosophes européens comme Malebranments viennent en Europe pour une granche, Voltaire, Montesquieu et d’autres, en de exposition sur la technologie. Mais la introduisant et en traduisant des classiChine n’a pas donné suite à cette demanques chinois en latin. C’était le bon temps de. Plus récemment, durant la Révolulorsque, malgré une certaine méfiance rétions Culturelle (1966-76) les gardes rouciproque, la collaboration entre la Chine ges ont à un moment donné eu le projet et l’Europe existait. Ceci est d’autant plus d’envahir l’observatoire et de le détruire. remarquable lorsqu’en tient compte de ce C’est grâce à l’intervention personnelle qui est arrivé dans la suite. du premier ministre Zhou Enlai que la catastrophe a été évitée. Nous pouvons sûrement considérer que la collaboration qui a pu s’établir est le résultat d’une relation historique d’égalité Tiananmen a lancée le Globe de et d’estime réciproque. De nos jours on Leuven dans l’actualité dès le est tenté - aussi bien en Chine qu’en Eujour de son inauguration rope - d’oublier ou même de nier que des missionnaires ont rempli ce rôle historiLa réplique du globe de Beijing a été que et positif dans les échanges. Le Gloinaugurée le 2 juin 1989 par une cérémobe Céleste vient nous le rappeler. C’est là nie qui marquait aussi la fin de la comméson message. Mais il y a davantage. moration du 300ième anniversaire de la mort de Verbiest en Chine. A cette inauPar la Guerre de l’Opium (1842) et la guration participaient l’ambassadeur de Révolte des Boxers (1900) cette relation Chine son Excellence Mr. Liu Shan, le recde collaboration s’est détériorée et même teur Dillemans, la direction de la K.Uchangée en confrontation que, ni la Chi.Leuven et beaucoup d’invités. La céréne ni l’Occident n’ont pu dépasser jusqu’à monie débutait par une séance académice jour malgré les nombreux échanges que au Collège Van Dale avec des discommerciaux. En 1900 le Globe Céleste cours du Recteur Dillemans, le professeur était au centre de la tourmente lorsque les E. Vorlat, Yi Shitong, le Scheutist Jeroom armées de 8 pays occidentaux tiraient sur Heyndrickx et l’ambassadeur Liu Shan. Beijing. On dit que l’ancien observatoire Les invités se sont ensuite rendus au Colet même le Globe ont été touchés par des lège d’Arras où l’inauguration de la Sphèballes. Ensuite, sur ordre du Field Marsre Céleste avait lieu. Cette inauguration hall Count von Waldersee, les Allemands se déroulait de la façon suivante: le mérise sont emparés de différents instruments accompagner avec leur sagesse et connaisLe monde ensances scientifiques ou bien nous animent tier était boulede leur courage héroïque. Nous passons versé. L’événechaque jour devant ces monuments, hament faisait ausbituellement inconsciemment, parfois en si les gros titres nous y attardant, en y jetant un regard des journaux en comme si on attendait d’eux guidance ou Belgique. A Leuconseil. Les monuments du passé nous apven les étudiants portent en effet un message pour l’épocherchaient un que contemporaine. Ils vivent et ont un endroit approlangage. Certains nous remplissent de prié pour comfierté et d’autres nous réprimandent, mémorer les évéd’autre encore nous rendent honteux parnements. Le gloce que nous n’avons pas été capables de be du Collège réaliser ce qu’ils ont pu faire dans le passé. d’Arras leur semblait le symbole Le globe renvoie à l’époque heureuse idéal de Beijing de Verbiest lorsque la collaboration enet, deux jours tre la Chine et l’Europe était facile. Il a après Tiananaussi connu la période néfaste coloniale men, ils décidèm «L’Université de Louvain est solidaire avec les étudiants chiet impérialiste du 19ième et 20ième siècle, rent d’organiser, nois»: telle était la déclaration des étudiants de Louvain qui se dont il était un témoin direct. La réplile soir, une rassemblaient près du globe deux jours après le drame de Tiananque du globe installée à coté du bureau de veillée autour du men (4 juin 1989) l’Institut Verbiest est un symbole qui rapglobe. Des drapelle à tous, à l’Europe et à la Chine, la peaux chinois, dien de la sphère tournante en bronze innécessité de dépasser les mauvais jours du belges et flamands, attachés au globe diquait le degré de latitude de Beijing, dix-neuvième et vingtième siècles. C’est étaient en berne. Une musique funèbre l’ambassadeur Liu Shan, suivi du recteur effectivement le but auquel le monument soutenait les images de Tiananmen difDillemens faisaient pivoter la sphère jusveut contribuer: travailler à une nouvelle fusées dans le monde entier. C’est ainsi qu’à ce que le méridien indique le degré relation Est-Ouest. Ce qui signifie de fait que, deux jours après son inauguration, la de latitude de Leuven. Un moment riche à: se référer au travail de F. Verbiest, Matsphère céleste était déjà devenue un téde sens qui reliait symboliquement Beiteo Ricci, Adam Schall von Bell et de leurs moin direct de l’actualité chinoise. jing à Leuven dans un rapport de coopécollègues missionnaires du 17ième et Le globe est le résultat d’une collabo18ième siècles. ration. L’événement suscita de vives apration entre Verbiest et ses collègues chiplaudissements de la part des invités. nois et européens. Il a connu l’époque des Autant en Chine qu’en Europe en consTraités Inégaux, a été impliqué dans les tate de nos jours une tendance à minimaévénements de la Révolte des Boxers, a Cette inauguration a donc eu lieu le 2 liser, voire à nier, le rôle positif de misgrâce à Zhou Enlai survécu à la Révolujuin 1989, deux jours avant le drame hissionnaires dans le domaine des échanges tion Culturelle et s’est trouvé au centre torique du 4 juin sur la Place Tiananmen culturels et scientifiques. Le Globe Cédes événements de Tiananmen à Beijing de Beijing. Depuis sept semaines déjà les leste témoigne que Verbiest et ses collèet des manifestations d’étudiants à Leuétudiants chinois manifestaient pour plus gues échangeaient de la science positive ven. de démocratie. Gorbatchov était en visité avec la Chine, il y a trois cents ans, mais à Beijing. Ce jour là des milliers d’étuaussi que, grâce à cette réalité, Couplet, Les sphères célestes de Beijing et diants manifestaient. La place Tiananmen Noël et tant d’autres missionnaires ont était devenue le centre du monde. Dans de Leuven ont un message pour permis à des philosophes européens de son discours à Leuven l’ambassadeur poula Chine et pour l’Europe l’époque de connaître et d’apprécier vait difficilement parler de la Chine sans, Confucius et la pensée chinoise. Ils rapau moins, faire allusion à ce qui se paspellent même à l’Eglise contemporaine sait à Beijing. Il disait: ″En ce moment la Pourquoi avonsChine est confrontée à quelques difficulnous amené cette tés sur son chemin de la réforme. Je puis réplique de la sphècependant vous dire que la situation pore céleste de Beijing litique est stable, que la politique étranà Leuven? La pregère, d’indépendance et de paix ainsi que mière question à se la politique intérieur ne changeront pas″. poser est évidemment: pourquoi avons-nous dans nos Le lendemain, dans la nuit du 3 au 4 villes, parcs et instijuin, les tanks chinois envahissaient la platuts, érigé des moce Tiananmen à Beijing afin de mâter la numents à nos hémanifestation des étudiants. Il y eut beauros nationaux, à nos coup de morts. Déjà avant l’attaque de dirigeants politiques Tiananmen l’armée avait occupé le bâtiet religieux, scientiment de l’Academy of Social Sciences chifiques, poètes et noise parce que on savait que beaucoup compositeurs? Parde chercheurs de l’académie ralliaient ce que nous voulons Zhao Ziyang qui soutenait les étudiants. garder le souvenir Cette académie est située en face de l’ande notre passé. Nous cien observatoire, qui était également ocsouhaitons que les cupé par l’armée. Le globe céleste de Vergrands du passé m Un militaire allemand en garde devant le globe emballé pour biest était donc un témoin direct de ce qui continuent à nous être transporté à Berlin en 1900 se passait à Beijing. 41 son échec historique du dix-septième et dix-huitième siècle. Elle a en effet par la querelle des rites raté sa chance de s’adapter à une culture, un peuple, un pays qui est actuellement parmi les grands du monde. Ces grands hommes du passé posent la question de savoir si l’Eglise est aujourd’hui disposée à donner à l’Eglise chinoise locale l’autonomie et l’identité propre qui lui revient? Mais aussi l’Eglise locale chinoise est-elle prêtre à s’intégrer positivement dans l’Eglise universelle, communauté de tant d’Eglise locales, de cultures diverses? La réponse à ces questions n’est pas évidente. Les deux sphères célestes pointent un doigt accusateur vers les grandes puissances occidentales qui, au 19ième siècle, ont fait preuve de mépris jour cette grande culture et ont imposé avec force l’exploitation de la Chine. Dans notre siècle de globalisation les globes réprimandent tous les pays et cultures - y compris la Chine et disent qu’aucun pays ou culture ne peuvent se croire supérieurs à un autre. Pour arriver à un processus fructueux de globalisation il reste indispensable que chacun apprenne à accepter, objectivement et sans à priori, sa propre histoire, à identifier ses limites et ses fautes et, à partir de là, tendre à réaliser une nouvelle relation avec d’autres continents; une relation basée sur l’égalité et l’estime réciproque. Cela peut paraître évident et simple mais certains signes nous font craindre que nous aurons besoin de plus que le 21ième siècle pour le réaliser. Entre-temps, chaque jour des touristes belges, néerlandais, luxembourgeois, allemands et français visitent le globe de Leuven. A Beijing les touristes viennent du monde entier. Ces deux sphères continueront à rappeler leur message à l’Europe ainsi qu’à la Chine et aussi au monde globalisant. Comprenez vous maintenant pourquoi nous avons choisi la sphère céleste comme logo de l’Institut Verbiest? (J. Heyndrickx, avec des données du Prof. Yi Shitong et des photos de Staf Vloeberghs) DEUX E u VE | QUES CHINOIS, DES FIGURES HISTORIQUES, SONT ALLE uS RENCONTRER LE SEIGNEUR Mgr. Bernardinus Dong OFM, évêque de Wuhan (province Hubei) le premier évêque nommé par l’Association Patriotique et sans nomination par Rome a été sacré en août 1958. En 1985 il fut le premier des évêques sacrés sans l’accord de Rome à être ensuite régularisé par le pape Jean Paul II. Deux mois avant sa mort, à 89 ans, le régime l’a obligé à collaborer au sacre d’un évêque illégitime selon Rome. Mgr. Michael Fu, évêque de Beijing a été le premier évêque sacré après la Révolution Culturelle (déc. 1979) et sans nomination par Rome. Comme vice-président du Congrès du Peuple Chinois il était l’évêque de Chine politiquement le plus engagé. Les deux sont décédés en 2007. L’évêque franciscain de Wuhan, Mgr. Berdinas Dong O.F.M. Mgr. Bernardinus Dong, OFM, était né à Zhangjiazhuang (province Hubei) le 1er avril 1917 dans une famille catholique traditionnelle. Il fut ordonné prêtre en 1942 et a ensuite été actif dans la pastorale de différentes paroisses du diocèse de Hankou, un diocèse des franciscains italiens. Il y devint curé de la cathédrale et ensuite, après l’expulsion des franciscains italiens en 1952, administrateur du diocèse en 1955. Lorsque l’Association Patriotique fût créée en Chine (1957) celleci choisit Bernadinus Dong comme évêque. Il fut sacré le 13 avril 1958 en même temps que P. Yuan Wenhua. Ils étaient aussi les premiers évêques de Chine autochoisis et auto-sacrés, mais sous contrainte. Rome avait bien été prévenu par télégramme et l’approbation ou la nomination par le pape Pie XII avait même été demandée. Mais Rome a refusé et menacé d’excommunication. L’encyclique historique de Pie XII Ad Apostolorum Prin42 m Mgr. Dong Guangqing pendant son sacre épiscopal (illégitime) le 13 avril 1958 cipis publiée le 29 juin 1958 comme réaction au sacre des deux évêques prévenait l’Eglise de Chine que pour ce genre de sacre non autorisé une excommunication specialissimo modo reservata était prévue. Cette excommunication n’a toutefois jamais été prononcée; il n’y a donc pas eu d’excommunication. Entre 1958 et la Révolution Culturelle (1966) l’Association Patriotique aurait encore fait sacrer 45 autres évêques, Mgr. Bernardinus Dong, sacré sous la contrainte a vécu de 1958 jusqu’au milieu des années quatre-vingts dans le doute de savoir s’il était effectivement excommunié. Mgr. Yuan Wenhua est décédé dans cette insécurité. Lorsque j’ai rencontré Mgr. Dong pour la première fois, en 1988, il m’a confirmé que, en 1958 il était impossible d’entrer en contact avec Rome pour clarifier la situation. Il a appelé cela un trouble de communication avec Rome. Durant la Révolution Culturelle Mgr. Dong a fait quinze ans de travaux forcés. Pendant de nombreuses années, personne ne savait d’ailleurs où il était jusqu’à ce qu’il réapparaisse en 1978. Au milieu des années quatre-vingts Mgr. Bernardinus Dong fut le premier évêque illégitime qui, après en avoir fait la demande au pape Jean Paul II, a été régularisé et nommé par Rome. Au début, ce genre de démarche était un secret absolu mais, progressivement d’autres évêques ayant l’un après l’autre fait la même demande, c’est devenu un secret de polichinelle. Au début l’autorité chinoise réagissait négativement au fait que des évêques nommés par eux et sacrés par leurs évêques se réconciliaient avec Rome, néanmoins elle laissait faire. Par al suite il arrivait cependant fréquemment que les évêques reconnus par Rome subissaient la contrainte justement à cause de cette reconnaissance. Comme la plupart des évêques officiels, Mgr. Bernadinus a été obligé d’accuser le Vatican ″d’ingérence dans les affaires intérieures de la Chine″. Il a fait cela deux fois, entre autres en reprochant à Rome de Reconnaître deux Chines etc. Il a fait cela deux fois, entre autres en reprochant à Rome de reconnaître deux Chines etc. Il arrivait aussi que des déclarations qu’il n’avait jamais faites paraissent sous son nom dans les medias. Il est aussi devenu le président de L’Association Patriotique de la province du Hubei. Toutefois cette situation ne l’a pas empêché de prendre grand soin de l’Eglise de Wuhan. Déjà en 1983 il a ouvert un séminaire qui acceptait des séminaristes de tous les diocèses de Chine Centrale. Il y a actuellement une cinquantaine de prêtres et 45 religieuses dans son diocèse. Mgr. Dong a encore été fort apprécié au sein de l’Eglise pour son initiative de réconciliation avec l’évêque souterrain Mgr. Odoricus Liu OFM qu’il a même invité à venir habiter chez lui. Ce geste - ainsi que sa réconciliation avec encore deux autres évêques souterrains de la région ont suscité des problèmes avec l’Association Patriotique et le Bureau de la Religion. A un moment donné un séminaire a été fermé et, lorsqu’il a pu le rouvrir, il lui a été défendu d’inviter encore des professeurs de l’étranger. C’étaient des punitions à cause de sa reconnaissance par Rome. Mais il s’en est accommodé. Ces initiatives ont fait de lui un des évêques de Chine les plus sûrs et plus appréciés à Rome et dans l’Eglise Universelle. Cette vie tragique allait s’achever encore plus dramatiquement. Mgr. Dong était gravement malade depuis des années. En mars 2006 l’autorité chinoise décidait de faire sacrer le Révérend Ma Yinglin comme évêque de Kunming. L’autorité savait que pour cette nomination une demande avait été faite à Rome qui n’avait pas réagi, ou plutôt, examinait la question mais tardait à répondre. Alors qu’en Chine on attendait cette réponse, une violente dispute éclatait dans les medias entre Anthony Liu Bainian de l’Association Patriotique et l’évêque de Hong Kong. Les autorités chinoises réagirent à cette situation en voulant montrer qui est maître en Chine et de quoi elles sont capables. Elles décidèrent de faire sacrer Ma Yinglin comme évêque de Kunming, avec ou sans nomination par Rome. A travers diverses pressions, par des non-vérités et surtout des ruses elles ont réussi à rassembler neuf évêques reconnus par Rome pour être coconsécrateurs. L’évêque, déjà mourant de 89 ans, Mgr. Bernardinus Dong a été transporté à Kunming en chaise roulante, par avion, pour y présider la très longue cérémonie du sacre (l’oxygène à portée de main durant la cérémonie). Deux jours plus tard, Rome a réagi sans exprimer une excommunication mais en se référant au même canon par lequel Mgr. Dong avait déjà été au bord de l’excommunication en 1958. C’est par ce même canon du Code Ecclésiastique qu’il a débuté sa vie comme évêque et qu’il a terminé sa vie terrestre. Mgr. Bernardinus Dong est décédé le 12 mai 2007. Sa vie a été dramatique. Ses obsèques étaient un triomphe. Des milliers de chrétiens y participaient. Des centaines de prêtres concélébraient. tit et Grand Séminaire de Beijing il a été ordonné prêtre en 1956. Ensuite, il a travaillé dans la pastorale des églises Nantang et Beitang (l’église du nord et du sud) de Beijing. Très peu de choses sont connues de son histoire durant la Révolution Culturelle. On dit qu’à un moment donné il a étudié à ″l’Ecole du Drapeau Rouge″; depuis des années le bruit court aussi qu’il se serait marié - sous contrainte. Beaucoup confirment cette nouvelle, d’autres la nient, mais elle l’a sérieusement poursuivi jusqu’à la veille de sa mort. Cela a grandement influencé l’attitude de beaucoup vis-à-vis de l’évêque Fu. Mgr. Dong peut être considéré comme un personnage type des évêques officiels. Pour le bien de leur Eglise locale, pour pouvoir la reconstruire et sauver ce qui pouvait l’être, ils ont accepté de colAprès la Révolution Culturelle et la laborer avec les autorités dans des cirmort de Mao Zedong (1976) Michael Fu constances très complexes, sans pour était le seul prêtre catholique actif à Beiautant nier quoi ce soit de leurs princijing dans l’unique église restée ouverte, la pes. Cela les fait vivre dans une situation Nantang. Son élection comme candidat complexe et sous pression constante. Dans les medias ils portent habituellement le cachet ″d’évêque patriotique qui ne reconnaît pas l’autorité du pape″. Celui qui les connaît est bouleversé par ce genre de fausses et injustes nouvelles. Cela fait déjà vingt ans que nous pouvons lire ce genre d’accusation. Toute personne qui a connu Mgr. Dong le respecte comme un homme juste, un homme courageux m Cardinal Suenens, Mgr Michaël Fu, le Nonce Moretti à l’ocet sage avec un peu casion de la clôture solennelle d’une session de formation (1994). de malice dont il Au 2° rang, entre Mgr Fu et le Nonce, Paul Meng, un de nos avait bien besoin boursiers à Louvain. dans sa situation. Il était par-dessus tout un serviteur fidèle de l’Eglise et du évêque de Beijing le 25 juillet 1979 a, après pape. On dira peut-être ″mais il était un la Révolution Culturelle, suscité la preévêquechinois officiel, reconnu pas le rémière confrontation publique entre Beigime communiste″. Bien sûr, mais alors jing et Rome concernant la nomination dans le sens de la boutade suivante (a des évêques. Rome ayant protesté, Beinuancer un peu) soit: ″dans son manque jing avait déjà la réponse qu’ils répètent de liberté la communauté souterraine de encore de nos jours: ″la Chine n’accepte Chine fait tout ce qu’elle veut (c’est ce qui pas que Rome s’ingère dans les affaires est à corriger), et ″dans toute sa liberté, intérieures de la Chine.″ Le sacre de Mil’Eglise officielle reconnue par le gouverchael Fu Par Mgr. Yang Gaojian et Mgr. nement est parfaitement contrôlée.″ TouWang Xueming a eu lieu le 21 décembre te la vie de Mgr. Bernardinus Dong, son 1979. La presse relatait l’événement compropre sacre épiscopal, tout ce qui a suivi me étant le signal que l’Eglise Catholiet alors le dernier sacre épiscopal à Kunque Chinoise voulait rester indépendanming en sont une preuve évidente. C’éte de Rome. tait un grand-homme, une figure historique dans l’histoire de l’Eglise de Chine On s’est vite rendu compte que Mgr. R.I. P. Fu, en sa qualité d’évêque de Beijing, était utilisé comme port-parole de l’autorité Mgr. Michael Fu Tieshan, évêque afin de prouver aux visiteurs internatiodu diocèse de Beijing naux qu’il y avait bien liberté religieuse en Chine, alors que à travers le monde on esMichael Fu Tieshan est né en 1931 à time le contraire jusqu’à nos jours. Mgr. Qingyuan (province Hebei) dans une faFu accepta ce rôle. Durant toutes les anmille catholique. Après des études au Penées qui ont suivi, les principales occupa43 tions de l’évêque de Beijing consistaient à recevoir des visiteurs étrangers, à participer à des délégations chinoises - religieuses et civiles - à l’étranger et jouer un rôle au sein des structures politiques et des rencontres en Chine même. Cette dernière fonction est ensuite devenue la principale occupation au détriment de son rôle de pasteur dans son diocèse. Mgr. Fu est venu deux fois en Belgique. En 1985 il est venu à Leuven sur invitation de l’Université comme dirigeant de la première délégation qui pouvait officiellement quitter la Chine pour visiter un autre Eglise. Son voyage était organisé par l’Institut Verbiest. Le but était d’informer les visiteurs chinois sur la formation des prêtres et les études de philosophie et de la théologie d’après Vatican II organisées à la K.U.Leuven et dans les séminaires. C’était aussi la première fois que nous pouvions avoir un dialogue concélébré avec des dizaines d’évêques et des centaines de prêtres. Nous participions à cette Eucharistie, assis sur le côté en habit de Clergyman. Ce furent des moments extrêmement pénibles mais néanmoins une image de l’attitude exprimée continuellement par Mgr. Fu vis-à-vis de Rome. C’était aussi implicitement l’expression de notre choix manifeste de la communauté souterraine et de l’attitude de celle-ci vis-à-vis de l’officielle. Lors de ma suivante visite à Beijing j’ai appris que l’autorité chinoise n’avait nullement apprécié notre choix. J’ai répondu: ″appliquons les lois du pays mais aussi celles de l’Eglise″. Lorsque le Cardinal Danneels s’est rendu à Beijing en 2005, Mgr. Fu était déjà gravement malade. Il a cependant pu quitter l’hôpital pour accueillir le Cardinal et l’accompagner à la Nantang. Les responsabilités politiques imposées à Mgr. Fu étaient sons doute la cause du manque de soin qu’il pouvait apporter à son diocèse. La récupération de biens de l’Eglise, la réouverture d’églises, la création de séminaires et de congrégations religieuses étaient des tâches plus compliquées à Beijing qu’ailleurs. Il ne m Mgr Michaël Fu accueilli par le Cardinal Danneels à Malines, lui restait que avec une délégation des Evêques chinois (1985) peu de temps aussi pour s’occuper des prêtres. ouvert avec des évêques chinois. La Une initiative remarquable du diocèse de Beijing fut le redémarrage de la Sapiendeuxième visite se situe en 1994, lorsque tia Press, active dans le passé jusque dans Mgr. Fu est venu assister à Leuven à la remise de diplôme à quelques prêtres chiles années cinquante. Par l’édition Sapiennois qui avaient reçu une formation pour tia Press l’Eglise de Beijing désire s’adresl’accompagnement spirituel dans les sémiser aux intellectuels par des publications sur la foi, la culture et la science ainsi que naires. Sa rencontre à Leuven avec le Cardinal Suenens et le Nonce Apostolique par l’organisation de symposia sur ces sujets. Mgr. Moretti peut être qualifiée d’historique. En 1998 Mgr. Fu a été élu Président National de l’Association Catholique PaCette visite avait des aspects délicats: d’une part il était nécessaire de bien retriotique. Après la mort de Mgr. Liu Yuanren, président de la Conférence Episcocevoir notre invité, avec les honneurs qui s’imposaient et, d’autre part, de tenir pale, Mgr. Fu devenait encore président en exercice de la (toujours pas reconnue compte des directives de l’Eglise, éviter par Rome) Conférence Episcopale Chides malentendus avec l’Eglise en Chine et noise. Mais, ce qui a complètement bouavec Rome. Il s’agissait entr’autre de pouleversé la situation de Mgr. Fu c’est son voir éviter que l’évêque illégitime de Beiélection en 2003 comme vice-président du jing puisse concélébrer publiquement. Ce Dixième Congrès National du Peuple, l’Asfut particulièrement délicat lors du pèlesemblée législative de la Chine. Jamais un rinage à Lourdes, le jour de la Pentecôte, évêque catholique de Chine n’avait oclorsque, avec notre groupe de prêtres sous cupé une fonction politique aussi élevée. la direction de Mgr. Fu, nous n’avons pas 44 L’Eglise s’est demandée cependant si cette haute fonction favorisait l’évêque luimême, son diocèse et sa tâche pastorale. La réponse est généralement négative. J’ai moi-même rencontré Mgr. Fu pour la première fois à une réunion internationale en octobre 1981 à Montréal, Canada. J’ai alors eu de longues conversations avec lui dans un environnement plus libre, seul dans sa chambre. En 1992 Mgr. Fu était invité au Congrès Catholique sur le Développement à Paris. Quelques organisations avaient alors exprimé leur intention de manifester dans les medias contre la présence de Mgr. Fu. Suite à cela, les organisateurs français m’ont invité à venir accompagner l’évêque. En réalité, leur but était de pouvoir limiter les interviews avec la presse. Par ailleurs c’était pour moi et les évêques français l’occasion d’avoir avec lui des conversations plus privées et franches. Il y avait manifestement une grande différence entre ces conversations et celles que j’avais avec lui à Beijing, toujours en présence de témoins. L’implication pastorale de Mgr. Fu diminuait proportionnellement au progrès de ses responsabilités politiques. En sa qualité de Vice-président du Congrès du Peuple, Mgr. Fu recevait un garde de corps qui devait ’le protéger’ 24 H sur 24. Je ne lui ai plus rendu visite depuis. Lorsque j’étais à Beijing je lui envoyais encore mes salutations à travers son cuisinier que je rencontrais à la messe matinale. Je soupçonnais alors que la situation de l’évêque de Beijing devait être très esseulée et triste, situation qui a dû s’aggraver lorsqu’il s’est trouvé malade à l’hôpital les dernières années. Même les prêtres n’arrivaient plus à le voir. L’homme a jusqu’à la fin perdu toute sa liberté. Les soins médicaux étaient sûrement parfaits mais le contact humain, surtout avec la communauté chrétienne, était strictement contrôle. La question reste posée de savoir si Mgr. Fu avait renoncé librement à cette liberté ou si elle lui avait été enlevée. Ce sera sons doute la dernière hypothèse, la vraie. Nous pouvons difficilement affirmer que Mgr. Fu s’est montré courageux vis-à-vis du régime communiste. Il faudra à la communauté catholique encore des années pour pouvoir faire une évaluation juste de la vie de Mgr. Fu, du point de vue historique, humain et chrétien, en toute charité et vérité. R.I.P. (Jeroom Heyndrickx, cicm) POUR UNE MISE EN ŒUVRE DU MESSAGE DU PAPE BENOÎT XVI AUX CATHOLIQUES DE CHINE DANS LA FIDÉLITÉ À LA LETTRE ET À L’ESPRIT La réconciliation et l’unité constituent le cœur de la lettre du pape à l’Eglise de Chine. Les premières réactions à la lettre montrent que l’Eglise de Chine ne manquera pas de tenir compte de cet appel clair et acceptera le défi de réaliser l’unité. Il s’agit là d’une tâche pastorale interne à l’Eglise qui doit être nettement distincte des efforts en vue de normaliser les relations de l’Eglise de Chine avec le gouvernement chinois ainsi que les relations sino-vaticanes. Ce point de vue est fondé sur les trois remarques qui suivent. Première remarque. Sans se reporter à l’histoire du ″Document en 8 points″ on ne peut comprendre pour quelle raison la lettre du pape était si impatiemment attendue par les pasteurs en Chine. En 1985, l’évêque clandestin Fan Xueyan de Baoding, dans la province du Hebei, (lui-même ou son conseiller Zhang Dapeng) avait de bonnes raisons d’écrire le ″Document en 13 points″. A cette époque, certains évêques officiels avaient fait des déclarations publiques qui avaient donné aux catholiques chinois des raisons valables de suspecter que ces évêques et ceux qui les suivaient n’étaient pas en communion avec l’Eglise catholique universelle. Dans le ″Document en 13 points″ l’évêque Fan qualifiait ces évêques de schismatiques et interdisait sévèrement à ses catholiques d’assister à leurs messes dans les églises officielles. On leur avait appris que ce serait un péché mortel. Beaucoup de catholiques chinois se conforment encore aujourd’hui à cette interdiction. Mais au cours de l’année 1985 il a été connu que plusieurs évêques illégitimes de l’Eglise officielle avaient demandé et obtenu leur reconnaissance par le pape. C’était la preuve qu’ils n’étaient pas schismatiques. Le Saint-Siège a alors estimé que le ″Document en 13 points″ était trop sévère. Il a promulgué le ″Document en 8 points″ qui atténuait le ″Document en 13 points″ mais n’encourageait en rien les catholiques à assister à la messe dans l’Eglise officielle. Dès la promulgation du ″Document en 8 points″ (1988), le cardinal Jaime Sin de Manille réagit en déclarant publiquement que le document était déjà dépassé. Le cardinal avait déjà effectué deux visites en Chine et il n’avait trouvé aucun signe de schisme dans l’Eglise chinoise. Plusieurs personnes étaient d’accord avec le cardinal Sin. Cependant, tenant compte des avis de certains évêques clandestins, le Saint-Siège a maintenu les ″8 points″ dans ses rapports avec l’Eglise de Chine. A la fin des années nonante, on a su que près de 90% des évêques officiels avaient déjà été reconnus par le Saint-Siège. Plusieurs évêques tant clandestins qu’officiels étaient aussi persuadés qu’il n’y avait pas de schisme. Ils attendaient une parole officielle de Rome pour encourager les catholiques chinois des communautés officielles aussi bien que clandestines à célébrer ensemble l’Eucharistie. Mais il y a eu ensuite quelques années de confusion. D’abord la nouvelle s’est répandue dans l’Eglise chinoise que le ″Document en 8 points″ n’était plus d’application. Beaucoup s’en sont réjouis. Mais peu après une lettre était envoyée affirmant que le document était toujours en vigueur. Cela a provoqué la confusion. Est-ce que cela impliquait qu’il y avait en effet une Eglise schismatique en Chine? Le fait que de rares évêques étaient encore illégitimes n’affectait pas la fidélité de l’ensemble de la communauté! S’il en était ainsi, le temps n’était-il pas venu de réunir les deux communautés d’Eglise? Après des instructions peu claires et confuses répandues de façon répétée pendant si longtemps, il n’y avait que la plus haute autorité dans l’Eglise qui pouvait prononcer la parole libératrice et donner la réponse. C’est précisément ce que la récente lettre du pape a fait finalement. Après avoir attentivement étudié la situation de l’Eglise de Chine, le pape trouve que le temps est venu d’aller au-delà de la situation du ″Document en 8 points″ et d’encourager les fidèles chinois à s’unir à l’Eglise chinoise une, sainte, catholique et apostolique, dans une parfaite unité avec l’Eglise universelle à travers le Saint Père. La lettre pastorale a apporté cette réponse claire si longtemps attendue. Deuxième remarque. L’appel clair du pape implique l’obligation immédiate de tous les pasteurs de l’Eglise de Chine de s’engager pleinement à répandre ce message et à stimuler cette unité à l’intérieur de l’Eglise de Chine. Les nouvelles qui nous parviennent ces jours-ci de l’Eglise qui est en Chine montrent que les chrétiens des deux communautés comprennent parfaitement le signal et veulent y répondre positivement. Certains évêques officiels reconnus ont distribué des copies de la lettre pontificale à tous leurs prêtres en leur demandant explicitement de l’étudier et de suivre son appel: par exemple, les évêques de Shanghai, de Fenyang (Shaanxi), Jingxian (Hebei), Ningxia et de tant d’autres diocèses. Ces évêques et ces prêtres ont prêché sur la lettre en chaire de vérité et ont saisi l’occasion pour confirmer publiquement leur union avec le Saint Père. Un évêque de la communauté clandestine - Wei Jingyi (Siping - N.E. de la Chine) - a écrit une lettre pastorale sur le sujet, saluant l’appel du pape, malgré qu’il soit exigeant pour ses chrétiens. Un autre ″évêque clandestin″, An Shuxin (Baoding) a raconté à des amis qu’il avait commencé depuis longtemps déjà à cheminer sur la voie de l’unité suivant l’orientation donnée par le pape JeanPaul II. Ces jours-ci, nous sommes quelques-uns en dehors de la Chine à avoir reçu des coups de téléphone émanant de communautés clandestines d’un diocèse où par le passé des prêtres et même deux évêques étaient terriblement divisés. La lettre du pape, disaient-ils, était pour leur Eglise vraiment un nouveau départ sur la route de l’unité, bien que pour eux certains aspects de la lettre étaient difficiles à accepter. Toutefois, certains autres membres de la communauté clandestine demeurent convaincus que certaines situations justifient encore de s’abstenir de célébrer l’Eucharistie avec des membres de la communauté officielle. Les traitements injustes infligés à des catholiques chinois par les autorités gouvernementales les persuadent qu’ils ont raison de continuer à vivre séparément comme ″église″ clandestine. Humainement parlant, c’est bien compréhensible. Les pasteurs de l’Eglise doivent traiter cela avec sagesse et sensibilité, tout en continuant à conduire résolument leurs ouailles sur la voie vers l’unité à laquelle la lettre du pape les invite. Aucun effort humain ne peut unir une Eglise divisée; encore moins une main de fer. Seul l’Esprit Saint agissant doucement dans le cœur des fidèles peut réaliser cette unité. Les pasteurs doivent stimuler cette action de l’Esprit de la même manière que feu le pape Jean-Paul II l’a fait pendant un quart de siècle. D’un côté, avec patience il respectait les décisions et les comportements adoptés par les deux communautés catholiques de Chine. Cette patiente approche était la raison principale pour laquelle il a fallu si longtemps avant qu’un appel formel pour l’unité puisse être lancé. Mais le pape Jean-Paul II n’a jamais cessé d’insister sur la nécessité d’aller vers l’unité et la réconciliation. De même que, de l’autre côté, il n’a jamais cessé de presser le gouvernement d’arrêter de harceler les chrétiens. La lettre du pape Benoît XVI contient aussi un appel aux évêques et aux prêtres officiels de certains diocèses qui peuvent craindre les sanctions de la part des autorités civiles s’ils expriment ouvertement et clairement leur union avec le Saint Père. Ils le redoutent. Les paroles du Seigneur Jésus à ses apôtres s’appliquent ici aux pasteurs tant clandestins qu’officiels de Chine: ″Courage, dit-il. C’est moi. N’ayez pas peur!″ (Mt 14, 27). Tous les pasteurs de Chine doivent redire ces paroles du Seigneur à leurs fidèles afin que tous puissent trouver courage et force. L’hésitation de certains catholiques clandestins est humainement parlant très compréhensible. Mais il n’est pas raison45 nable que certaines autorités ecclésiastiques les confirment dans cette attitude qui consiste à éviter de répondre à l’appel du pape en faveur de l’unité. Cette ligne pastorale qui justifie le refus de s’unir évacue le point fort de la lettre du pape et réintroduira le ″Document en 8 points″ que la lettre du pape veut précisément révoquer. Cela confirmerait l’Eglise de Chine dans sa division intérieure en deux communautés comme il en a été pendant les 25 dernières années. Cette situation serait même pire qu’avant, parce qu’alors plus aucune autorité supérieure ne pourrait appeler à se réunir puisque le pape l’a déjà fait dans la présente lettre. Cela pourrait entraîner une division permanente dans l’Eglise de Chine. Ceux qui confirment les hésitations des clandestins sèment la confusion dans l’Eglise de Chine. Ils prennent une lourde et historique responsabilité en affaiblissant le message de la lettre du pape et donnent un signal équivoque aux fidèles. Cela nous rappelle ce que dit saint Paul dans 1 Co 14, 7-8: ″... comment reconnaître l’air qui est joué si les notes ne sonnent pas distinctement? Si la trompette ne rend pas un son clair, qui se préparera au combat?″ La lettre du pape interprète clairement la partition: les paroles et la musique - c’est-à-dire à la fois l’esprit et la lettre de sa pensée - sont nettement exprimées. Toutes les personnes concernées doivent éviter d’introduire des notes discordantes qui pourraient causer la confusion chez les catholiques chinois et les empêcher de savoir à qui obéir. Troisième remarque. La tâche de réunification de l’Eglise est strictement l’œuvre du Saint Esprit. En matière de foi, aucune ″aide″ n’est attendue de César. Néanmoins l’Eglise de Chine doit évidemment normaliser ses relations avec le gouvernement si elle veut être authentiquement chinoise. Une Eglise catholique chinoise avec des évêques reconnus par tous les fidèles aussi bien que par le gouvernement sera en mesure de contribuer d’une manière plus efficace à construire la société chinoise harmonieuse si longtemps recherchée. Ceci ne peut bien sûr arriver que si les chrétiens ne sont plus harcelés par des autorités civiles locales quand ils se réunissent pour prier, et s’ils ne sont plus forcés de promouvoir une Eglise catholique chinoise indépendante du Saint-Siège. En d’autres mots, ce qu’il faut c’est une atmosphère dans laquelle les évêques de l’Eglise catholique sont respectés et jouissent de la liberté dans leur tâche de conduire leurs fidèles dans la foi. Le caractère propre et l’identité de l’Eglise catholique chinoise doivent être reconnus, y compris sa hiérarchie et sa relation avec l’Eglise universelle en communion avec le Pape. Beaucoup d’amis en Chine - spécialement ces frères et sœurs clandestins qui ont si souvent été victimes de harcèlements - observent avec raison que ces aspects fondamentaux de la vie de l’Eglise font toujours défaut en Chine. En même temps, nous devons aussi reconnaître que l’Eglise en Chine a été capable de se reconstruire et de se répandre rapidement ces dernières 25 années en partie grâce au regard bienveillant du gouvernement. Malgré tout, cette situation est devenue très ambiguë et exige depuis longtemps une solution. Il y a un besoin urgent pour l’Eglise et pour l’Etat en Chine d’engager un intense dialogue pour mettre en vigueur une politique religieuse et une législation qui garantissent une entière liberté de religion pour tous les croyants y compris les catholiques. Une Eglise chinoise locale parfaitement unie doit être ouverte à ce dialogue. L’unification de l’Eglise est une tâche pastorale intérieure à la communauté d’Eglise catholique. En parallèle, mais indépendamment de cela, les communautés d’Eglise locales doivent aussi engager à l’extérieur un dialogue avec le gouvernement. Certains catholiques clandestins disent que ″la pleine liberté de religion en Chine″ est pour eux une condition préalable pour rejoindre la communauté de l’Eglise officielle. Ceci pourrait incons- ciemment créer des raisons pour négliger l’appel du pape Benoît XVI à réunir l’Eglise. La lettre du pape est une indication officielle que, selon lui, la situation qui a été à l’origine du ″Document en 8 points″ appartient au passé, dans la mesure où la communauté ecclésiale est concernée. S’il n’y a pas de schisme, pourquoi continuer à exister en deux communautés séparées? C’est clair, la réconciliation au sein même de l’Eglise en tant que corps ecclésial eucharistique, passe avant tout. Dans la logique de l’appel du pape pour l’unité il s’ensuit que l’Eglise unie de Chine doit être prête à entamer un dialogue avec le gouvernement en tant qu’Eglise unie afin d’obtenir en Chine la même liberté religieuse des catholiques que celle dont jouissent les catholiques dans tous les autres pays du monde. C’est ici que se trouve une lourde responsabilité pour le gouvernement. Il n’y a en effet aucune raison pour que les autorités chinoises refusent aux catholiques chinois le genre de liberté religieuse que proposent tous les autres pays. L’Eglise chinoise doit rendre à César ce qui appartient à César mais il n’est que juste qu’elle exige en retour que César rende à Dieu ce qui appartient à Dieu. Grâce à un dialogue vrai et constructif dans la vérité, la réalisation d’une entière liberté religieuse ne sera pas seulement pour la Chine une étape historique de sa croissance et de sa maturation en tant que Nation, mais elle sera aussi le présage d’une Eglise chinoise une, sainte, catholique et apostolique, pleinement incarnée dans la culture chinoise et la civilisation contemporaine. Une telle réalisation, j’ose le suggérer, ouvrira automatiquement la voie vers la normalisation des relations diplomatiques avec le Vatican. Mais ce domaine est une prérogative des diplomates plutôt que des pasteurs. (Jeroom Heyndrickx cicm; Traduction de l’anglais, François Dabin) COLLABORER POUR LA CONSTRUCTION D’UNE NOUVELLE ROUTE DE SOIE: L’E u GLISE CATHOLIQUE EN CHINE, SON HISTOIRE ET NOTRE NOUVELLE RELATION AVEC CETTE E u GLISE EXPOSITION MOBILE SUR L’E u GLISE EN CHINE A l’occasion de ses vingt-cinq ans d’existence, l’Institut Verbiest a réalisé une exposition mobile. L’exposition donne, en vingtneuf panneaux de 120 sur 80 cm, une image de l’histoire mouvementée de l’Eglise en Chine et sa place dans la société chinoise. En même temps, on fait le point du quart de siècle passé de l’Institut Verbiest. L’exposition peut être louée par des Institutions et des groupes qui veulent travailler au sujet de la Chine. Informations ultérieures au secrétariat de l’Institut Verbiest. Détails et liste des prix sur notre site: http://www.kuleuven.be/verbiest/expo/ 46 QUELQUES IMAGES PLEINES D’AMBIANCE DE LA CE u LE u BRATION DES VINGT-CINQ ANS DE L’INSTITUT VERBIEST ET DU SYMPOSIUM m Jérôme Heyndrickx donne des explications de l’exposition. Parmi les visiteurs, il y avait le Cardinal Danneels et le Directeur délégué, le Frère Stockman m Photo du groupe de participants au Symposium m Vue de la salle pendant la célébration m (De gauche à droite): Dr Ng Ka-Chai, Dr Anthony Lam et Prof. Françoise Aubin m Remise du livre de commémoration à J. Heyndrickx par N. Golvers m Prof. Nicolas Standaert et Prof. Claudia von Collani 47 SI VOUS DE u SIREZ SOUTENIR NOS PROGRAMMES • Une aide générale pour les activités de la Fondation mais SANS attestation fiscale peut être versée via le bulletin de versement ci-joint, au numéro: 431-0643061-18. IBAN: BE 50 4310 6430 6118; BIC KBC: KREDBEBB • Si vous désirez obtenir une attestation fiscale pour le versement d’au moins 30 euros, vous devez employer le numéro: 000-0901974-68 de Scheut Aide au développement, Chaussée de Ninove, 548, 1070 Bruxelles.En cas de versement à ce compte, vous devez mentionner un ’projet’ à l’endroit prévu pour les communications. Soit: 1. 06.086.001: Réponse coordonnée à une série de besoins au niveau de l’enseignement dans le district de Gulang. Promoteur: Jeroom Heyndrickx. 2. 06.086.002: Aménagement d’une puit de l’eau à Taipusiqi, Ximeng, Mongolie-Intérieure. Promoteur: Frans De Ridder. 3. 06.086.003: Salles de lectures pour les habitants de la Mongolie Intérieure. Promoteur: Patrick Taveirne. • Pour information: - Une année d’étude dans un grand séminaire revient à 560 euros - Une année académique à l’Université: 620 euros - Une année en école moyenne: 185 euros Tout don, quelle que soit son importance, contribue à la réalisation du programme de l’Institut Verbiest. RECUEIL DE ME u LANGES A l’occasion des vingt-cinq ans de l’Institut Verbiest et du 75e anniversaire du P. Jérôme Heyndrickx, quelques collègues de l’Institut Verbiest ont pris l’initiative de préparer un Recueil de mélanges. Le premier exemplaire a été remis solennellement au P. Jérôme Heyndrickx durant la célébration, le 6 septembre. Le volume contient 23 articles intéressants de chercheurs qui portent le P. Heyndrickx et l’Institut Verbiest dans leur cœur. Aussi bien l’ancienne Chine que la nouvelle y a sa place. N. Golvers, S.Lievens (éds). A lifelong Dedication to the China Mission: Essays Presented in Honor of Father Jeroom Heyndrickx, CICM, on the occasion of his 75th Birthday and the 25th Anniversary of the F. Verbiest Institute K.U.Leuven Leuven Chinese Studies 17 (2007) 740 pp, ill. Prix: € 49 (excl. Frais d’expédition) On peut se procurer le volume au secétariat. Secrétariat: Institut F. Verbiest Cheryl Liao Naamsestraat 63, bus 4018 3000 Leuven Tel.: 016/32.43.50 Fax: 016/32.44.55 E-mail: [email protected] http://www.kuleuven.be/verbiest Rédaction Courrier Verbiest: J. Heyndrickx (Rédacteur en chef), N. Golvers, S. Lievens Rédaction les Chrétiens et la Chine: J. Heyndrickx (Rédacteur en chef), R. De Gendt, A. Han, S. Lambert, A. Rubbens, T. van Bijnen. Ont collaboré à ce numéro: A. Egiguren, F. Dabin, M. De Roye, W. De Four, G. Goethals, M. Hauben, L. Kuo Pinsheng, C. Liao, Luo Youmei, Pan Yuling, R. Stockman, S. Lindemans, V. Mees, C. Noël, N. Pycke, J. Vanbelle, L. Van den Wijngaert, J. Van Dooren, Ph. Vanhaelemeersch, J. Vanuffelen, M. Vertonghen. Rédacteur responsable: J. Heyndrickx, Institut F. Verbiest Naamsestraat 63, bus 4018, 3000 Leuven 48 Editorial J. Heyndrickx p. 1 - Scheut transmet sa Mission en Chine à l’E u glise de Belgique J. Heyndrickx p. 2 - Pour une croissance de ″l’arbre de l’amitié avec la Chine″ R. Stockman p. 5 - Vingt-cinquième anniversaire de l’Institut Ferdinand Verbiest: admiration et gratitude E. Egiguren p. 7 - Aperçu des huit symposiums N. Golvers p. 8 - Publications Pan Yuling, S. Lievens p. 11 - Le programma de formation de l’Institut Verbiest L. Kuo Pinsheng p. 13 - L’Institut Verbiest construit un centre pastoral en Chine J. Heyndrickx p. 17 - Aide au développement en Chine par l’Institut Verbiest J. Heyndrickx p. 18 - L’Institut Verbiest et l’imprimerie catholique de Shanghai J. Heyndrickx p. 22 - 25 Ans de recherche de dialogue avec la Chine J. Heyndrickx p. 22 - Vingt cinq ans ″China-Watching″: 1955-1980 J. Heyndrickx p. 35 - L’histoire de la sphère céleste du Collège d’Arras de Leuven (Louvain) J. Heyndrickx p. 38 - Deux évêques chinois, des figures historiques, sont allés rencontrer le Seigneur J. Heyndrickx p. 42 - Pour une mise en œuvre du message du pape Benoît XVI aux catholiques de Chine dans la fidélité à la lettre et à l’esprit J. Heyndrickx p. 45 - Quelques images pleines d’ambiance de la célébration des vingt-cinq ans de l’Institut Verbiest et du Symposium p. 47