verbiest - KU Leuven

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COURRIER
België-Belgique
P.B.
2/111 LEUVEN MAIL
VERBIEST
Bulletin
Trimestriel
Afgiftekantoor 3000 Leuven 1
Vol. XIX
Institut Ferdinand Verbiest
Naamsestraat, 63, bus 4
B - 3000 Leuven
Katholieke
Universiteit
Leuven
E
u DITORIAL
L’Institut Verbiest de la K.U.Leuven existe maintenant depuis
vingt-cinq ans. Le Frère Stockman fc est Directeur-délégué de
l’asbl depuis le 1 janvier 2007 et Antonio Egiguren ofm a accepté
en date du 1 septembre 2007 la tâche de Directeur. Le 6 septembre, l’Institut a ouvert le neuvième Symposium International concernant l’histoire de l’Eglise en Chine. Voici le contenu de ce numéro du Courrier Verbiest, qui est plus développé que d’habitude
et illustré de beaucoup de photos; c’est une édition du jubilé. Nous
présentons le tout dans l’ordre chronologique.
Scheut transmet la Mission en Chine à l’Eglise de Belgique. Nous
avons déjà mentionné auparavant que la Province scheutiste de
Chine-Mongolie, qui a fondé l’Institut Verbiest en 1982, a transmis cet Institut à la ″Fondation Verbiest″, dirigée par le Cardinal
Danneels, donc à l’Eglise de Belgique. Un premier article explique le sens plénier de ce transfert qui est à la base d’une évolution importante de l’Institut. Le nouveau Directeur-délégué et le
nouveau Directeur expliquent, chacun brièvement, les tendances
qui guideront l’Institut Verbiest dans les années à venir.
collaboration avec Scheut, Luo Youmei depuis 35 ans; tous les
deux à Taipei. Louis nous résume les programmes pastoraux et
Luo Youmei les programmes de développement.
Il faudrait bien plus de place que celle disponible en ce Courrier Verbiest, pour avoir une idée suffisamment large de toutes les activités de notre Institut pendant ces vingt-cinq ans.
Nous essayons pourtant de donner un aperçu historique de
″Une recherche de 25 ans de dialogue avec la Chine″. Toutefois, nous mettons l’accent sur les débuts de la fondation de cet
Institut en 1982 et nous y ajoutons un aperçu de ″China
Watching″ des années 60 et 70. Ainsi, nous plaçons le tout dans
la perspective historique qui convient, car beaucoup d’entre
nous ont déjà oublié ces temps. Pour compléter, nous ferons
suivre un article décrivant l’histoire complète de la voûte céleste de Ferdinand Verbiest, dont il existe une copie parfaitement semblable à l’original, dans le Collège d’Arras à Louvain. Ainsi, vous comprendrez pourquoi nous avons choisi cette voûte céleste comme logo de l’Institut Verbiest.
Louis Kuo et Luo Youmei, des noms qui retentissent dans
l’histoire de l’Institut! Louis œuvre depuis maintenant 43 ans en
Entre-temps, la Chine évolue vers l’avenir et l’Eglise de Chine aussi a connu une évolution. Notre rapport sera plus court
cette fois. Pourtant, il y a des événements historiquement assez importants: la lette pastorale du Pape à l’Eglise de Chine, le
décès de Mgr Michael Fu à Pékin, la nomination de Li Shan,
curé de la paroisse Dong Tang à Pékin, pour lui succéder, nomination que Pékin a annoncée dans les média de façon inhabituelle et événement que le Cardinal Bertone à Rome a approuvé publiquement. Ceci est assez significatif de la part de
Rome, alors qu’un autre cardinal, celui de Hong-Kong, sem-
m L’équipe Verbiest de Taipei.
m L’équipe Verbiest de Louvain.
Ensuite, sont présentés des rapports concernant les programmes et activités de l’Institut Verbiest, en commençant par un aperçu
des activités et réalisations des vingt-cinq ans de son existence. Le
Dr Noël Golvers donne un résumé des recherches effectuées pendant les huit Symposiums organisés par l’Institut. Les éditions en
Anglais et en Chinois sont présentées par Sara Lievens et Cecila
Pan Yuling (Taipei).
1
ble avoir une tout autre vision de cet événement. Le 21 septembre, le révérend abbé Li Shan a été sacré évêque de Pékin après
nomination par Rome. Serait-ce une percée?
En regardant les multiples photos de ce numéro jubilaire, nos
amis pourront certainement se faire une idée assez concrète des
rapports mentionnés. Quelles photos deviendront de vrais documents historiques? Ce n’est pas facile à prévoir, mais en écrivant
ce dernier éditorial, je tiens à souligner l’importance des photos
de nos deux équipes, celle de Louvain et celle de Taipei. Tout ce
qui a été réalisé pendant ces vingt-cinq années révolues, est le fruit
de leur travail; tout le mérite en revient à nos collègues de Louvain et de Taiwan. Je les remercie tous pour cette longue collaboration et amitié. Une mention spéciale pour les collègues du comité de rédaction: Rik De Gendt, Toon van Bijnen, Antoine Rubbens. Une mention spéciale aussi pour les recteurs et collègues de
la K.U.Leuven. La collaboration et le soutien de la K.U.Leuven
ont été fournis de façon professionnelle, remarquable et cordiale. En tant que scheutiste, je remercie naturellement aussi
mes Supérieurs provinciaux et leurs conseillers, qui, en commençant par le Provincial Wim Bollen et son successeur Wens
Padilla et tant d’autres, ont pendant de longues années rendu
possible la croissance de l’Institut. Comme je le ferai encore
plus loin, je remercie nos économes Ivo Stuyck et Paul Staes
pour leurs conseils pendant toutes ces années. Sans leur accompagnement professionnel et financier, sans leurs conseils
fraternels, l’Institut n’aurait jamais eu l’essor qu’il a connu; nous
n’aurions pas survécu non plus aux obstacles que nous avons
connus récemment. L’Institut n’existerait plus. Nous avons beaucoup de raisons pour fêter et pour envisager l’avenir, grâce à
ces collègues et aux membres de la nouvelle direction, avec
beaucoup d’optimisme.
Jeroom Heyndrickx, scheutiste
Directeur
SCHEUT TRANSMET SA MISSION EN CHINE À L’E
u GLISE DE BELGIQUE
Scheut, né de l’Eglise locale
Presque tous les Scheutistes qui, au
19e siècle, sont partis en Chine, étaient
des prêtres diocésains de Belgique et des
Pays- Bas. La Congrégation de Scheut elle-même était le fruit de l’Eglise locale de
Belgique. Les Scheutistes ont œuvré pendant 90 ans en Chine continentale et continuent actuellement leur mission à Taïwan,
Singapour et Mongolie. Scheut a vécu des
temps turbulents en Chine, surtout lors de
la révolte des Boxeurs et de la prise de
pouvoir de Mao Zedong (1949). Après
1949, 250 Scheutistes ont été bannis de
Chine ou rappelés par leur Supérieur religieux. Après, pendant de longues années, le silence s’installe autour de l’Eglise chinoise. La Chine vivait derrière le ri-
deau de bambou. Entre 1865 et 1949, au
total 679 Scheutistes ont travaillé dans le
nord de la Chine: 250 y sont enterrés; des
dizaines sont morts comme martyrs. Leurs
tombeaux, du moins ceux qui n’ont pas
été détruits pendant la révolution culturelle, sont maintenant restaurés et entretenus par les chrétiens chinois. Rien que
ceci est un témoignage clair et net. Quoique les Scheutistes aient été bannis de Chine et honnis par le régime, leur œuvre est
jusqu’à présent hautement appréciée par
les chrétiens du Nord de la Chine.
L’Institut Verbiest a relancé la
coopération de Scheut avec la
Chine en 1982
Au cours des dernières 50 années, beaucoup de choses se sont passées en Chine
mais aussi chez nous. Ici, il n’y a presque
plus de vocations missionnaires. Ceci pourrait signifier la fin de Scheut comme
Congrégation missionnaire, mais pas la
fin de la Mission chinoise de l’Eglise de
Belgique. La Province chinoise de Scheut,
avec la K.U.Leuven fonda en 1982 l’Institut Verbiest dans le but de renouer avec
l’ancienne tradition de coopération et de
nouer une nouvelle relation avec l’Eglise
de Chine qui, après tant d’années de silence et de souffrances, s’ouvrait de nouveau à l’étranger. L’Institut Verbiest y travaille depuis 25 ans et est hautement estimé en Chine, en Belgique et en Europe. Scheut a soutenu cet Institut pendant
tout ce temps, financièrement et au niveau de ses objectifs.
locale de Belgique. Les ″Fonds Verbiest″,
qui ont été créés par la Province chinoise
de Scheut pour soutenir l’Institut, ont été
transmis à la Fondation Verbiest qui a été
érigée légalement en Belgique spécialement dans ce but le 16 avril 2007. Le Cardinal Danneels en est le président. Les
Supérieurs provinciaux de Scheut et des
Franciscains et le Supérieur général des
Frères de la Charité en sont les membres.
Ils représentent la Mission chinoise de
l’Eglise locale de Belgique. La Fondation
Verbiest assume la tâche de financer deux
Instituts - l’Institut Verbiest K.U.Leuven
et l’Institut Verbiest Taipei - et veille à ce
que ces deux branches fassent des recherches académiques à l’Université dans le
domaine de la missiologie et du dialogue
interreligieux en Chine et coopèrent avec
l’Eglise chinoise locale pour la formation
des ouvriers apostoliques.
Scheut confie maintenant
l’Institut Verbiest à l’Eglise locale
de Belgique
m La galerie des photos des Scheutistes
à Scheut.
2
La Province sino-mongole (SM) de
Scheut, qui, en 1982, a pris l’initiative de
la fondation de l’Institut Verbiest, a confié
en 2006 la gestion de l’Institut à l’Eglise
m Mgr Joseph Tikang (Taipei) et Mgr
Pie Jin (Shenyang) à la tombe du P. Théophile Verbist à Scheut.
m Le Gouvernement provincial SM et l’équipe Verbiest à Taipei (2001).
Fonder une œuvre et la transmettre à
l’Eglise locale au moment de sa maturité
est justement la tâche d’une Congrégation missionnaire. Depuis Vatican II,
Scheut a pris comme principe directif important dans ses décisions de transférer
ses œuvres aux Eglises locales. Le fait que
la Province chinoise de Scheut ait voulu
transférer l’Institut Verbiest dès le début
apparaît clairement dans les documents
datant du temps de la fondation de l’Institut.
Entre-temps, Scheut est devenu international et s’appelle maintenant CICM
(Congregatio Immaculatis Cordis Mariae). Mais Scheut est resté un nom, une
borne dans notre histoire missionnaire.
La maison de Scheut à Anderlecht avec
son musée Chinois, sa galerie des portraits de tous les Scheutistes et le tombeau du fondateur Verbist, restera un témoin de l’œuvre missionnaire de tant de
Scheutistes en Chine et du martyre de plusieurs d’entre eux. La ″Scheut Memorial
Library″ (SML) à Leuven possède un trésor d’œuvres chinoises et mongoles qui
sont à la disposition des chercheurs de notre propre pays mais surtout de ceux de
Chine et de Mongolie. Ce sont autant
d’instruments de recherche missiologique
sur la Chine et la Mongolie aujourd’hui et
dans le futur.
chinoise de Scheut, qui était née dans
l’Eglise locale de Belgique, retourne maintenant à la source dont elle est issue.
L’Eglise locale de Belgique peut maintenant, par le canal de l’Institut Verbiest
K.U.Leuven, contribuer activement à créer
une nouvelle relation avec la Chine, avec
l’Eglise en Chine et aussi avec d’autres religions en Chine. Ceci ne devient pas une
relation unilatérale du donner, mais une
relation du recevoir aussi bien que du donner. Ceci ouvre une nouvelle voie pour
continuer la Mission chinoise d’une façon contemporaine sur pied d’égalité et
de respect réciproque par des recherches
académiques, des réseaux et des échanges: des églises locales, dans un monde
globalisé et dans un contexte de dialogue
interreligieux, se confirment mutuellement dans la foi. Mais il y a plus. Déjà dès
les années 80, la Province chinoise de
Scheut était convaincue que des laïcs −
des collègues d’Europe et de Chine − pou-
vaient aussi bien et même mieux faire ce
travail que les Scheutistes. A partir de cette conviction et de cette stratégie, se sont
développées à Taipei et à Leuven deux
équipes de collègues et d’étudiants qui ont
réalisé les objectifs de l’Institut Verbiest.
Dans l’Institut à Leuven, sept membres
de personnel ont été engagés à plein temps
et cinq à Taïpei: deux équipes d’Européens et de Chinois de Taiwan aussi bien
que de la Chine continentale; il faut ajouter à cela un nombre de boursiers de l’Eglise officielle aussi bien que de l’Eglise nonofficielle. Leur collaboration, durant ces
25 dernières années, est en soi un témoignage éloquent de cette nouvelle relation
qui se développe à travers notre Institut.
Dans la ligne de la Lettre pastorale récente de Benoît XVI, nous voulons surtout mettre l’accent sur la collaboration,
l’unité et la réconciliation: construire une
nouvelle relation que nous voulons surtout vivre nous-mêmes. Nous sommes
convaincus que nos priorités ont un sens
profond: stimuler la recherche académique dans une Université sur l’histoire de
la Mission en Chine et sur la théologie de
la Mission aujourd’hui et dans l’avenir.
Ceci est, dans une période de globalisation et de changements rapides, d’une importance cruciale autant pour les Eglises
locales de Belgique et de Chine que pour
l’Eglise universelle. De plus, nos programmes de formation pour les ouvriers apostoliques Chinois − via des bourses d’étude et des sessions de formation en Chine
− répondent à un besoin crucial de l’Eglise chinoise en pleine reconstruction totale.
Pourquoi ″Institut Ferdinand
Verbiest″ au lieu de ″Institut
Theofiel Verbist″?
Beaucoup d’ami(e)s ne sont pas conscients qu’il y avait deux ″Verbi(e)st″ parmi les missionnaires belges en Chine. Ferdinand Verbiest était le Jésuite bien connu
La création de l’Institut Verbiest
est le résultat du travail de
collègues laïcs de Chine et
d’Europe
Dans le cadre d’une nouvelle vision de
la Mission et de l’Eglise aujourd’hui, le
transfert de cet Institut Verbiest de Scheut
à la Fondation Verbiest de l’Eglise locale
de Belgique est une décision historique et
missionnaire pleine de sens. La Mission
m Réunion annuelle CICM de la Province SM à Taipei (2001).
3
tre propre fondateur Verbist à l’Institut
mais bien le nom du Père Jésuite Ferdinand Verbiest. Nous l’avons fait d’une part
parce que Ferdinand Verbiest est bien le
plus grand missionnaire de Chine de notre pays, d’autre part pour une raison d’opportunité: les autorités Chinoises sont fort
soupçonneuses vis-à-vis des missionnaires du 19e siècle − comme Theofiel Verbist − qu’ils considèrent comme des instruments de l’impérialisme occidental. En
employant le nom ″Verbist″, nous risquions d’entrer en Chine sous un mauvais drapeau dès le début. Tout ceci n’a
pas empêché les chrétiens Chinois d’ériger une statue de Theofiel Verbist dans la
Vallée du Tigre où il est décédé.
K.U.Leuven, Scheut et la
Fondation Verbiest fondée par
Scheut ont rendu ceci possible
m Statue de Ferdinand Verbiest à Pittem.
de Pittem (Fl. Orient.) où il a sa statue. Il
y a 300 ans, il partait pour la Chine. Etant
un astronome renommé, il a été nommé
directeur de l’Observatoire à Beijing par
l’empereur Kangxi. Il est connu dans toute la Chine jusqu’aujourd’hui. Theofiel
Verbist était un prêtre diocésain d’Anvers. Après la guerre de l’opium, quand
la Chine s’ouvrait de nouveau aux missionnaires, il fonda en 1862 la Congrégation des missionnaires de Scheut spécialement pour l’œuvre missionnaire en Chine. Il partait lui-même en 1865 et mourut
déjà en 1868. On peut visiter sa tombe
dans la crypte de la chapelle de Scheut à
Anderlecht. Lorsque Scheut a pris l’initiative de la fondation de l’Institut Verbiest à la K.U.Leuven, nous avons jugé
opportun de ne pas donner le nom de no-
Dans un autre article de ce numéro est
décrite la contribution cruciale de la K.U.Leuven. En parlant de la contribution de
Scheut, nous devons souligner spécialement l’importance de la Fondation Verbiest. Nous sommes bien conscients que,
sans les moyens financiers, même le programme le plus beau et plein de sens ne
peut pas être réalisé. L’Institut Verbiest
a travaillé pendant 25 ans grâce aux possibilités que la K.U.Leuven offrait et grâce au support financier et autre des Supérieurs provinciaux successifs de la Province de Chine-Mongolie de Scheut avec
leurs Conseils. Luo Youmei (Taipei) et
Paul Defever CICM, assistés par Willy Bollen de la K.U.Leuven, assurent la comptabilité depuis des années. Ce sont les économes de la Province chinoise − surtout
Ivon Stuyck et Paul Staes − qui veillaient
à ce que le budget annuel soit respecté et
qui, durant une période de 25 ans (depuis
août 1982), avec l’approbation des gouvernements provinciaux, ont constitué petit à petit les ″Fonds Verbiest″ avec entre
m Le Père Yves Stuyck cicm, ancien économe SM (à gauche)
4
m Statue de Théophile Verbist à Scheut.
autre les dons des bienfaiteurs. Ces contributions et les fonds ont rendu possible notre travail. Grâce aux ″Fonds Verbiest″,
nous étions assurés chaque année d’au
moins une partie du budget. Après 25 ans
de gestion par la Province SM, ce capital
est maintenant mis à la disposition de la
Fondation Verbiest. La direction de la jeune Fondation a remercié cordialement
Scheut pour cela et, nous aussi, nous exprimons notre gratitude et notre estime
pour la contribution de tant de Scheutistes à l’œuvre qui est continuée maintenant par onze collègues dans les deux Instituts Verbiest de Leuven et de Taipei.
La gestion des finances: un
service important de l’Eglise
L’argent ne doit jamais être la première norme de la gestion, ni dans le domaine de la recherche ni dans la mission. Il y
a des exemples − même très récents − où
c’est bien le cas, mais chaque fois avec des
conséquences néfastes pour l’œuvre elle-
m Le Père Paul Staes cicm et le recteur M. Vervenne
m L’ancien économe Paul Defever cicm avec des amis chinois
même et surtout pour les personnes
concernées. Mais c’est aussi vrai que, sans
l’argent, les plus beaux rêves académiques
ou missionnaires disparaissent dans le
néant. Les Scheutistes l’ont apparemment
toujours très bien compris. Theofiel Verbiest était le fils d’un banquier. Ce n’est
pas clair si ceci en est la cause mais c’est
un fait que lui et ses confrères, lors de la
fondation de Scheut, ont très bien compris les besoins financiers de la nouvelle
fondation. Ils avaient l’art de motiver les
gens du pays pour soutenir leur œuvre.
Verbist partait pour la Chine ″à petit pas
mais avec une bourse bien remplie.″ (G.
Gezelle) Mais, une fois arrivé en Chine,
il était confronté à des situations tellement inattendues que sa bourse était vide
en un rien de temps. Verbist a alors connu
la misère. Mais il s’en sortait grâce à l’aide
de nombreux bienfaiteurs. Les Scheutistes en Chine avaient bien compris la leçon. 25 ans plus tard − déjà dès les années 1890 −, ils investissaient à Shanghai
pour pouvoir satisfaire les besoins des six
Diocèses de Scheut au nord de la Chine.
Tout cela marchait bien, jusqu’au moment
où les communistes prirent le pouvoir,
confisquaient tout et chassaient les Scheutistes de Chine. Tous les Diocèses du nord
de la Chine étaient alors totalement dépendants de leurs propres ressources locales. Eux aussi ont vécu dans la misère
pendant des années. Lors de l’arrivée au
pouvoir de Deng Xiaping (1979), une loi
a été votée pour restituer ses biens à l’Eglise. Ce qui a été fait aussi concernant ses
propriétés à Shanghai, du moins en théorie, car en réalité les autorités disent à
l’Eglise: ″Nous allons bien gérer ces investissements pour vous.″ C’est ainsi que
ces anciens Diocèses de Scheut reçoivent
chaque année quelques revenus des anciennes possessions de Scheut. Mais maintenant il paraît que ces autorités ont chaque année tant de frais à payer que très
peu d’argent reste pour l’Eglise. Ainsi, les
années noires durent encore toujours pour
l’Eglise de Chine. De même, pour nous.
Dans l’Institut Verbiest, nous avons au
moins une chose commune avec Theofiel
Verbist: la pénurie financière. Cela est apparemment propre à la Mission. Mais,
comme Verbist, nous essayons de nous débrouiller. Nous comptons surtout sur la
sympathie et l’aide financière de beaucoup de bienfaiteurs. Les Fonds Verbiest
actuels sont loin de répondre à tous les
besoins de notre œuvre. Tous ceux et celles qui nous apportent une contribution
− petite ou grande − ou qui, avec un don
substantiel, renforcent les Fonds Verbiest
eux-mêmes, participent activement à la
Mission de Chine que l’Eglise de Belgique assure via la Fondation Verbiest. Au
nom de ladite Fondation, mais surtout au
nom de l’Eglise de Chine, nous vous disons ″Merci″ de tout cœur.
(J. Heyndrickx, cicm)
POUR UNE CROISSANCE DE ″L’ARBRE DE L’AMITIE
u AVEC LA CHINE″
m Frère René Stockman f.c., Directeur
délégué
Il y a quinze ans, les Frères de la Charité, accompagnés du Provincial CICM
Wim Bollen et de Jeroom Heyndrickx,
partaient en Chine pour un voyage de
prospection. Après ce voyage, nous avons
décidé que l’aide aux Instituts pour handicapés mentaux lourds était l’occasion de
présenter une aide à la Chine. Nous sommes toujours de cet avis. Depuis lors, les
Frères de la Charité sont membres du Conseil d’Administration de l’Institut Verbiest. En 2006, la Province Chine-Mongolie des Pères de Scheut a transmis le patronage de cet Institut, présidé par le Cardinal G. Danneels et dont les Scheutistes, les Franciscains et les Frères de la Charité sont les membres, à la Fondation
Verbiest. La Province Chine-Mongolie a
entamé le transfert de la Fondation Verbiest, érigée spécifiquement pour soutenir les activités. Au nom du Cardinal et de
la Fondation Verbiest, nous exprimons ici
notre admiration et nos remerciements
pour l’audace et la réussite de cette initiative: la fondation de l’Institut Verbiest
K.U.Leuven pour la recherche et la collaboration avec la Chine. La Fondation
Verbiest a pour but, au nom de l’Eglise de
Belgique, de patronner l’Institut Verbiest
K.U.Leuven et l’Institut Verbiest Taipei et
de garantir l’aspect missionnaire des recherches et de la collaboration avec la Chine, dans la ligne de l’Eglise du Concile Vatican II. Le passé missionnaire très riche
ainsi que les activités académiques des missionnaires de nos contrées en Chine se
prolongent ainsi dans notre Institut, de façon adaptée à notre temps.
5
En date du 1er janvier 2007, sur proposition du Conseil d’Administration de l’asbl
Institut Verbiest K.U.Leuven, j’ai accepté
la tâche de Directeur-délégué. A partir du
1er septembre 2007, Antonio Egiguren
OFM assumera la tâche de Directeur de
l’Institut Verbiest. Ceci coïncide avec la
célébration du jubilé des vingt-cinq ans de
l’Institut Verbiest. Nous considérons avec
reconnaissance le travail effectué pendant
cette période, dont ce numéro du Courrier Verbiest donne un aperçu élaboré. Et
c’est très important que nous envisagions
l’avenir de cet Institut dans la plus grande confiance.
La direction de l’Institut a formulé et
adopté un document de direction, dont je
propose ici les points essentiels concernant le programme et les priorités.
L’Institut Verbiest veut allier les recherches académiques sur l’histoire de l’Eglise
en Chine à une collaboration active avec
l’Eglise de Chine, surtout en ce qui concerne la formation des ministres du culte. Dans la perspective de ce double but,
nous envisageons deux secteurs d’activités:
d’une part, la Division Recherche et,
d’autre part, la Division Collaboration.
L’Institut Verbiest propose de façon
autonome des moyens pour des recherches sur des sujets qui ailleurs ne trouvent aucun soutien, et donne ainsi des
chances inespérées pour le travail des chercheurs. L’Institut examine comment la foi
chrétienne a été transmise de l’Occident
vers l’Orient et quelles interactions ont
été initiées entre les sociétés, les cultures
et les religions des deux parties. Il favorise ces recherches par l’intermédiaire de
ses propres chercheurs, par des chercheurs
m Le Premier Ministre Martens et l’Ambassadeur Liu plantent l’Arbre de l’Amitié
belgo-chinoise (sept. 1986).
associés temporairement et surtout par le
moyen de la Chaire Verbiest et du Symposium Verbiest trisannuel. Pour ces recherches, l’Institut implique aussi bien des
chercheurs Chinois que des non Chinois,
des chrétiens que des non chrétiens; ainsi, il diversifie le plus possible les opinions
sur les thèmes cités plus haut. Par
l’intermédiaire du programme Aleph de
la K.U.Leuven, l’Institut met la Scheut Memorial Library à la disposition des recherches. Les résultats des recherches sont
publiés dans la série propre Leuven Chinese Studies, dont plusieurs volumes ont
déjà été traduits et publiés en Chinois à
Pékin.
A l’intérieur de la K.U.Leuven, il est
indiqué que l’Institut Verbiest collabore
étroitement avec le module de recherche
Sinologie de l’Université. De façon structurelle, on collabore aussi avec la Faculté
de Théologie, par l’intermédiaire de la
Chaire Verbiest. La collaboration entre
l’Institut Verbiest de la K.U.Leuven et
l’Institut Verbiest Taipei favorise également l’interaction avec les Instituts Chinois.
Une attention spéciale est réservée au
Programme Collaboration avec l’Eglise
de Chine. Un article de ce numéro du
Courrier indique que l’Institut Verbiest a
obtenu des résultats exceptionnels concernant la formation des ministres chinois
du culte. A partir de la K.U.Leuven et en
union avec les collaborateurs de Taiwan,
49 sessions de formation de deux semaines ont été organisées en Chine, au cours
des douze années écoulées; y ont participé 3.127 candidats. Pendant cette même
période, l’Institut a distribué des bourses
d’études aux prêtres, religieux et laïcs, afin
de pouvoir faire des études en Chine. Ces
bourses ont été octroyées à 192 prêtres,
878 séminaristes, 809 religieux provenant
de 47 diocèses différents et appartenant
aussi bien à l’Eglise officielle qu’à l’Eglise
clandestine. N’oublions pas que, pendant
cette même période, 28 boursiers, prêtres, religieux et laïcs, ont été invités par
l’Institut Verbiest à étudier à Leuven et à
Louvain-la-Neuve; 9 autres boursiers ont
fait leurs études aux Philippines.
m Le Collège d’Arras: le globe céleste. Au fond: l’Arbre de l’Amitié belgo-chinoise,
conifère de l’Himalaya (après 21 ans)
6
Ce programme retient toujours notre
attention spéciale. Selon les circonstances et les moyens disponibles, nous dési-
rons continuer dans l’avenir les rencontres entre des évêques et représentants de
l’Eglise de Chine et des autorités civiles
chinoises, que nous invitons ici et qui nous
accompagnent lors de voyages en Chine.
Ainsi, nous continuons le travail qui depuis le début a été typique et primordial
pour l’Institut Verbiest, à savoir que les
contacts personnels et le dialogue resteront toujours le chemin le plus court pour
une compréhension mutuelle, malgré les
fossés et les malentendus très profonds du
passé. Ces contacts font naître une grande amitié.
Le 9 septembre 1986, le Premier Wilfried Martens, le Recteur R. Dillemans et
l’ambassadeur de Chine ont planté un sapin de l’Himalaya dans le Collège d’Arras,
tout proche de notre Institut Verbiest, en
tant que ″arbre d’amitié entre la Chine et
la Belgique″. L’Institut Verbiest comptait
à ce moment déjà quatre ans d’activités.
Pendant les vingt-cinq ans parcourus,
l’Institut a pris racine dans notre pays, tout
près de ce sapin de l’amitié, et il est devenu lui-même l’arbre adulte entre la Chine et le plat pays que sont nos contrées.
Nous comptons sur les encouragements et
le soutien de tous nos collègues et amis
pour conserver cette atmosphère qui favorisera la croissance de cet arbre de
l’amitié.
Fr René Stockman fc
Directeur-délégué
Institut Verbiest K.U.Leuven
VINGT-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE DE L’INSTITUT FERDINAND VERBIEST:
ADMIRATION ET GRATITUDE
Déclaration de notre nouveau directeur Antonio Egiguren
veut poursuivre ses recherches au sujet de
l’histoire de l’E
u glise en Chine.
L’asbl Institut Ferdinand Verbiest
K.U.Leuven a été érigée en 1982 comme
projet de coopération entre l’Université
catholique de Louvain et la Province chinoise des Pères de Scheut (cicm).
Le mandat de l’Institut Verbiest était
clair: encourager une rencontre Est-Ouest
et démontrer que la célèbre boutade de
R. Kipling est fausse: East is East and West
is West and the twain shall never meet.1 Le
but du père Ferdinand Verbiest n’était pas
d’imposer l’Ouest à l’Est et de conquérir
ce dernier, une tentative qui avait échoué
depuis belle lurette, mais bien de jeter des
ponts qui pouvaient ouvrir de nouveaux
horizons de compréhension mutuelle, de
respect et d’acceptation de la diversité.
Antonio Egiguren Iraola ofm est né au
pays basque espagnol. Il est entré chez les
franciscains et, après ses études sacerdotales, il a travaillé pendant vingt ans en Corée et en Thaïlande. En 1999 il a étudié à
l’Université St-Paul à Otttawa (Canada) et
y a obtenu un M.A. en sciences de la mission et du dialogue interreligieux. En 2001
il a obtenu un autre M.A. en ″Christian
Ethics″ à la même université. Ensuite, il a
continué ses études à la K.U.Leuven où il a
obtenu, en 2002, une licence en théologie
pastorale, suivie, en 2005, d’un doctorat en
théologie avec une thèse traitant de la manière selon laquelle la foi catholique a été
propagée de la Chine vers la Corée. Actuellement il est ″associate professor″ au département ″Interdisciplinary Religious Studies″
à la K.U.Leuven. L’assemblée générale de
l’Institut Verbiest K.U.Leuven asbl a nommé
le père Egiguren directeur de l’Institut. Le
1er septembre il a succédé à Jérôme Heyndrickx. Dans cet article, le nouveau directeur explique dans quelle direction l’Institut
Pour entamer le processus de compréhension mutuelle, il est important de connaître sa propre histoire et d’entrer dans
le contexte historique de son partenaire.
Dans son allocution à la K.U.Leuven en
octobre 1985, le professeur Zhao Fusan
disait, en citant Hegel, que ″la Chine est
un pays imprégné d’un sens profond de
l’histoire″ et il ajoutait: ″en tant qu’étudiant
de l’histoire mondiale, j’ai toujours été fasciné par la physionomie spirituelle d’une
époque ou d’un peuple, formée par la culture d’une époque ou d’une nation. Elle concrétise aussi bien la tradition que les traits
typiques du temps mais également
l’expérience propre de chaque nouvelle génération.″2 La connaissance de l’histoire
chinoise et, plus concrètement, la relation
entre la Chine et le monde chrétien, constituent le cadre dans lequel l’Institut Verbiest a exercé ses activités au cours des
dernières vingt-cinq années.
En me rappelant, à l’occasion des festivités de ce vingt-cinquième anniversaire, toutes les réalisations de l’Institut Ferdinand Verbiest, je vois l’empreinte d’un
Institut humanitaire et d’un homme: les
Scheutistes (cicm) et Jérôme Heyndrickx.
Je veux exprimer mon admiration et ma
gratitude à l’égard de tous les deux,
l’homme et l’Institut, et formuler une promesse pleine d’espoir: que l’étoile des futures activités de l’Institut Verbiest et de
la chaire Verbiest brille à jamais au firmament de Louvain et de la Chine.
Dans l’avenir, l’Institut voudrait examiner davantage les domaines de la missiologie et du dialogue interreligieux. A
cet effet, il voudrait utiliser deux activités complémentaires: l’usage de la ″oral
history method″ pour mieux connaître
l’histoire récente de l’E
u glise catholique en
Chine et la chaire Verbiest de la faculté
de théologie. J’expliquerai chacun des deux
domaines.
En effet, pendant toutes ces années,
l’Institut Verbiest a fait de grands efforts
pour découvrir l’histoire cachée de tant de
chrétiens fidèles qui ont vécu leur foi, sincèrement dévoués à Dieu et à leur pays.
Il semble que les changements survenus
en Chine au cours de ces trente dernières
années ont facilité l’étude approfondie de
l’histoire religieuse récente des chrétiens.
La levée de l’interdiction des activités religieuses et la fin des persécutions des fidèles ont conduit à une renaissance très
rapide de toutes les religions en Chine. Ce
mouvement a été renforcé par le vide spirituel causé d’abord par la profonde désillusion avec le communisme et, à l’heure
actuelle, par le développement économique rapide qui a créé un grand chaos mo-
1
2
(Rudyard Kipling [1865-1936], The Ballad of
East and West).
(Zhao Fusan ″The Ferdinand Verbiest Foundation K.U.Leuven vzw: its History, Organisation
and Philosophy″, in: Ferdinand Verbiest Foundation: China & Europe, Yearbook 86 [Leuven University Press, 1986], p.31-32.)
7
ral. Ces deux situations, le revival religieux et le chaos moral général, ont attiré l’attention tant des étudiants que des
fonctionnaires du gouvernement.
Quand nous tentons d’écrire l’histoire
de l’E
u glise catholique en Chine depuis
1949, je crois que notre première respon-
quitté la Chine après 1949. Ces données
doivent être examinées à partir d’un nouveau point de vue et associées aux résultats de l’histoire orale des protagonistes
chinois. Cette méthode permettra de découvrir les récits authentiques et vivants
du peuple qui a reçu la foi des missionnaires étrangers. Ainsi il est possible de
m L’Institut Verbiest à la K.U.Leuven, avec le globe de Verbiest.
sabilité n’est pas tant de confirmer ou
d’infirmer certaines hypothèses mais plutôt
de prêter une voix au passé. L’essentiel est
d’écouter les récits des gens. Une étude
équilibrée de l’histoire de l’évangélisation
ne traite pas seulement des structures, de
la hiérarchie ou de la théologie officielle.
D’ailleurs, toutes ces choses ont été faites
déjà, surtout pas les missionnaires qui ont
mieux comprendre les influences interculturelles, l’évangélisation transculturelle et les relations sociales nouvelles qui
découlaient de l’évangélisation. Il est clair
que pareille étude et surtout la récolte des
données scientifiques pour examen et interprétation ultérieurs ne peuvent être
faites que par des Chinois. En collaboration avec des universités chinoises, des in-
stituts ecclésiastiques et des dirigeants locaux, on élaborera un plan qui aidera à
voir clairement les heurs et malheurs des
chrétiens au cours de l’histoire récente.
En érigeant une nouvelle chaire,
l’Institut Verbiest favorise également l’étude de l’évangélisation et de l’histoire de
l’E
u glise catholique en Chine. Cette chaire est intégrée à la faculté de théologie,
ce qui garantit que toutes les recherches
qui y sont faites se font dans le contexte
d’une université ouverte et moderne. Cette chaire Verbiest est un vieux rêve de
l’Institut Verbiest. Déjà en 1985 fut érigé
une chaire Verbiest au sein de la Faculté
de philosophie et lettres, avec l’intention
d’inviter des professeurs chinois à donner des exposés sur des sujets comme la
philosophie, la littérature, l’art, la langue,
l’histoire, etc. chinoises.
On peut résumer les buts de la chaire
Verbiest comme suit:
- réflexion théologique au sujet de la communication interculturelle en Chine et études comparatives au sujet de diverses religions, comme le taoïsme, le confucianisme, le bouddhisme et le christianisme;
- réflexion théologique au sujet des activités de l’E
u glise catholique en Chine, sous
tous les aspects de l’évangélisation: les méthodes missionnaires et la transmission de
la foi, la formation de communautés chrétiennes locales, les modèles d’E
u glise, le
dialogue œcuménique et interreligieux;
- apport de l’expertise des Facultés théologiques en Asie;
- promotion des réseaux et de la collaboration entre la ″K.U.Leuven″ et les Instituts d’enseignement supérieur en Chine.
Voilà les perspectives dont nous allons
discuter ces jours-ci avec nos collègues de
l’Institut.
(Antonio Egiguren, ofm)
APERÇU DES HUIT SYMPOSIUMS
La situation en général
Depuis sa création, l’Institut F. Verbiest se fait connaître le plus clairement
dans l’organisation d’un International Symposium. Sa mise sur pied poursuit plusieurs objectifs: d’abord inviter plusieurs
chercheurs à venir à Louvain pour prendre contact à travers nos recherches avec
le mainstream dans ce domaine, puis, à
travers ces contacts, créer l’union et la collaboration entre ces hommes et faire
8
connaître les résultats de nos propres recherches, enfin divulguer nos propres éditions et promouvoir les activités de la Fondation.
Ainsi, nous y trouvons le point de départ de notre propre programme de recherches: relier ″l’histoire ancienne″
(17e et 18e siècles) et ″la nouvelle période missionnaire ″(19e et 20e siècles) en
mettant l’accent - pas exclusivement - sur
les contributions missionnaires de notre
propre pays, souvent peu connues ou igno-
rées dans notre propre pays ou en Chine.
Notre attention allait toujours d’abord sur
l’interaction avec la Chine: de quelle façon les missionnaires flamands et francophones ont-ils aidé à donner une stature
à l’Eglise en Chine? Dans ″l’histoire
ancienne″(17e et 18e siècles), pour des raisons historiques, se distinguent surtout les
Jésuites comme Ferdinand Verbiest, l’icône de notre Institut, ainsi que ses confrères, Philip Couplet, François de Rougemont et plus tard Antoine Thomas, Petrus Van Hamme. Pour ″la nouvelle pé-
m Le premier Symposium (1986) sur Philip Couplet, sj
riode″, le temps des ″Late-Qing″ (19e et
20e siècles), c’est surtout les missionnaires de Scheut (Cicm) qui s’imposent. Leur
action entraîne également la Mission de
Mongolie dans nos recherches. Voilà en
bref le grand terrain de recherche de notre Institut. Et tout ceci, dans un éventail
d’attentions personnelles, thématiques et
structurelles. Cette action se clarifie dans
toutes nos recherches, nos publications
(voir le résumé de S. Lievens et de Cecilia Pan Yuling) et nos symposiums.
Aperçu historique
Voici les sujets, les thèmes ou les figures historiques. Il nous est impossible, dans
ce court exposé, de donner un résumé
complet des huit symposiums et surtout
des interventions individuelles. Voici en
résumé les grands thèmes des symposiums.
- Symp. 1, 1986 (Leuven-Heverlee):
Ph. Couplet, ’The Man who brought China
to Europe;
- Symp. 2, 1988 (ibid.): Ferdinand Verbiest
- Symp. 3, 1990 (ibid.): Historiography
of the Catholic Church in China
- Symp. 4, 1993 (ibid.): Antoon Mostaert
- Symp. 5, 1995 (ibid.): History of the
Relations between the Low Countries and
China in the Qing Era (1644-1911)
- Symp. 6, 1998 (Vaalbeek): The Christian Missions in Qing China (1644-1911):
Profiles, Strategies, Inspiration
- Symp. 7, 2001 (Fujen, Taipei): History of the Catechesis in China
- Symp. 8, 2004 (Vaalbeek): History of
the Church in China
En moyenne, il y avait 25 contributions
pas symposium; donc, au total, il y a eu
200 contributions décrivant et exposant
les thèmes. Ces contributions proviennent
de chercheurs professionnels - historiens,
Sinologues, Mongolistes, missiologues d’origines différentes: aussi bien de Taiwan
que de la Chine Continentale. Les 6 premiers symposiums ont été publiés dans
notre série Leuven Chinese Studies. La publication des rapports du 7e (2001) et du
8e (2004) est en préparation.
Des personnalités comme
leitmotiv
térieur d’une structure en collaboration
avec ses collègues, mais également avec
des personnes non-membres de l’Ordre.
Plusieurs de ses collègues étaient également des compatriotes, dont Philippe Couplet était le plus important; ils se connaissaient déjà depuis leurs années de formation. C’est ainsi qu’il était important de
faire précéder un symposium sur Philippe Couplet avant d’entamer celui de Verbiest. Le titre bien choisi - un peu provocateur - ″The Man Who Brought China to
Europe″ attire l’attention sur le fait que
Ph. Couplet n’était pas uniquement un
missionnaire de terrain (comme à Shanghai), mais a également contribué largement à la diffusion des œuvres chinoises
en Europe, par exemple les classiques chinois, dans le milieu intellectuel d’Europe
( publication de Confucius Sinarum Philosophus, Paris 1687), également les principes de base de la langue chinoise. Par
cette activité, il est aussi à l’origine de la
’Sino-filie’, qui évoluera au 18e siècle vers
une ’Sinologie’ scientifique. Nous constatons ceci parmi la première génération
des sinologues à Paris et à Oxford, également à Berlin et à Amsterdam. Nos recherches plus approfondies ont confirmé
ce rôle historique dans le cadre culturel,
et ici nous devons aussi citer la contribution importante de l’homme de lettres, Michael Shen FU-tzung.
Nous avons donné beaucoup d’attention aux contributions des grandes personnalités qui ont bien alimenté
notre projet ″les Missions en
Chine″, à commencer par
Ferdinand Verbiest, spécialement bien présenté dans
F. Verbiest, Jesuit Missionary,
Scientist, Engineer and Diplomat. Ceci pas seulement dans
le deuxième symposium,
mais repris dans plusieurs
contributions des orateurs,
par exemple contributions de
détails biographiques, sa formation, ses réalisations dans
le domaine d’astronomie,
cartographie et balistique,
son rôle de facilitateur dans
les pourparlers entre la Russie et la Chine, ses méthodes et publications catéchétiques. Tout ceci a retenu
beaucoup notre attention depuis 1988, mais, depuis lors
- soit la dernière décennie -,
cela a été un peu négligé.
Personne ne travaille tout
seul, même une forte personnalité comme Verbiest; il
était un enfant de son temps
et le produit de sa formation, ayant vécu dans une
culture de groupe (la culture jésuite). Il travaillait à l’in- m Le deuxième Symposium (1988) sur F. Verbiest, sj
9
nuscripts & Block-Prints de la Bibliothèque Centrale de l’Université de Leuven.
Ajoutez à ceci d’autres sources écrites ou
visuelles, comme les inscriptions (la pierre commémorative des martyrs de la Révolte des Boxers en Mongolie), Xie Sui’s
Mantjoe ″les représentations des porteurs
de Tribut″, ou les documents cartographiques (cartes de A. Thomas).
Le Cadre et les Thèmes
m Dr Noël Golvers, modérateur des Symposiums Verbiest
Un autre chemin d’approche n’était pas
uniquement orienté vers les personnes ou
le texte, mais plutôt thématique. Ainsi, la
Catéchèse retient notre grande attention
pour la variation de ses formes et de ses
méthodes. L’idée centrale du 7e symposium n’était pas uniquement l’histoire de
la catéchèse; celle-ci était également traitée dans plusieurs symposiums comme
D’autres collègues de F. Verbiest ont
retenu également notre attention, tel que
François de Rougemont, un autre ami de
ses années de formation, missionnaire à
Changshu, et cela grâce à la découverte
de ses notes personnelles. Bien différent
est Antoine Thomas, missionnaire pursang qui a révélé la dimension scientifique de l’astronomie de Verbiest. Enfin,
avec François Noël, nous arrivons dans le
milieu ″Gallo-Belgicain″ de la Province
des Jésuites; ceci s’intègre clairement dans
la grande dimension de notre Centre. Ces
deux derniers missionnaires ont été étudiés au symposium de 1995 et seront mis
en évidence lors du 9e symposium.
A côté de ces ténors, d’autres personnalités missionnaires ont également retenu notre attention, des hommes d’inspiration et d’horizon différents: V. Lebbe,
l’Evêque J.N. Tacconi, Fr.Van Aerstselaer, Karl Gutzlaff, Luo Wen-zhao, He
Tianzhang, Lu Zhengxiang et beaucoup
d’autres, connus et moins connus, ’unsung
heroes’.D’une manière toute différente,
Antoon Mostaert CICM a le mérite d’être un des meilleurs mongolistes des temps
modernes.
m 8° Symposium à ‘La Foresta’ (2004)
Le rôle du livre et du texte
La Mission en Chine était d’une certaine façon la Mission du ″livre imprimé″
et ″l’Apostolat de la Presse″ était caractéristique de la Mission des Jésuites. C’est
la raison pour laquelle des textes-clés et
des textes avec valeur de témoignage ont
reçu une attention
particulière. Citons
quelques exemples:
les Dialogues d’Aleni, 1e Qiqi Tushuo de
Schreck, de Verbiest
son Astronomía Europeae, son Traité du Sacrement de la Confession, ses récits de
voyage dans le pays de
Tartarije, et bien
d’autres encore; Jue Si
Lu de Liu Ning;
Shou Yu Quan-shu
de Han Lin; De Veris
et Falsis (Xiezheng likao) de Jacobus
Zhang Weiqi: Tibetan & Mongolian Mam Dr Patrick Taveirne cicm au 3° Symposium (1990)
10
idée centrale de la Mission. Voyez par
exemple la contribution sur F. Verbiest,
l’Introduction d’Aristote comme préparation à la catéchèse et puis la méthode
particulière de F. de Rougemont, etc; la
formation du clergé local; Mission et Argent; Mission et Mariage.
La Mission ne se vit pas dans un cadre
vide mais est définie par l’endroit et le
temps, également par sa dimension sociologique. Quand nous regardons l’espace
géographique de la Chine, on se rend
compte du grand spectre traité pendant
les conférences. A côté de Pékin, terrain
du missionnaire-astronome Verbiest et
siège de l’Université Aurora, il y avait également des actions missionnaires et des
mouvements régionaux de chrétiens en
ordre dispersé: au Taiwan, Sud-Ouest Hubei, Guangdong, les Mopan Mountains,
Shandong, Sichuan, Gansu, Xinjiang et la
Mongolie Centrale. Cette dernière pour
ses liens historiques avec CICM, la force
motrice de l’Institut Verbiest.
Nous n’avons pas négligé l’aspect sociologique, quand même présent mais sporadiquement: par exemple, les réactions
b Ted Foss, Ed.
Malatesta et Claudia
von Collani au
Symposium ’Couplet’
(1986)
spécifiques du milieu intellectuel sur la
mission, une réflexion sur le caractère élitiste - oui ou non - de la mission des Jésuites, le profil sociologique des chrétiens
chinois entre 1860 et 1912; une indication
sociologique sur les ″Missionary cases″ à
Taiwan.
Nous n’avons pas oublié les thèmes
non-missionnaires ou para-missionnaires:
l’organisation des soins professionnels de
la santé, les observations météorologiques, l’apport de l’activité industrielle belge en Chine (le chemin de fer BeijingHankou), les missions économiques belges à Gansu; la prosopographie des étudiants Chinois en Belgique et les missionnaires-linguistes de Taiwan.
Enfin, une bonne recherche historique
part d’une connaissance approfondie de
ses sources et exige également une remise en question constante de sa méthode.
Ainsi, à l’occasion du 3e symposium, nous
avons eu la bonne idée de donner un rapport sur les archives et les projets en cours
dans plusieurs Congrégations, qui au 19e
et 20e siècles étaient actives dans les missions en Chine. Les questions spécifiques
sur la méthode ont été rarement explicitées.
Ce survol est bien incomplet vu la densité et la complexité des sujets qui ont été
traités au cours de ces 8 Symposiums. Ils
sont et resteront les grandes lignes de
conduite qui seront mises en évidence également au 9e Symposium à Leuven du 6
au 9 septembre 2007.
(Noël Golvers)
PUBLICATIONS
tions. Ce livre est un instrument de références pour chercheurs en ce domaine.
2. Huai-Ren Series 2: Between Caesar &
the Lord - Church-State Relationships in
countries of Europe and Asia
j A Taiwan
L’Institut Verbiest publie sa propre ’SérieVerbiest’,encollaborationavecKuangchi Press de Taiwan. Y sont publiés:
1. Huai-Ren Series 1: Mission Beyond the
Great Wall
m Pan Yulin du Bureau de Taipei
j A Beijing
La traduction chinoise de F. Verbiest, Missionary, Diplomat and Man of Science de
Dr. N. Golvers.
- La traduction chinoise de F. De Rougemont de Dr. N. Golvers.
- Reference Articles for Research on het Religious Policy of China concerning Christianity since 1949, une collection de plus
que dix mille articles concernant le christianisme, publiés en Chine depuis 1949,
collectionnés par Madame Jin Yifeng (Beijing) en collaboration avec l’Institut Verbiest, et publiés par The Chinese Academy of Social Science, department publica-
Il y a plus de 200 ans, le christianisme fut
introduit au-delà de la Muraille chinoise.
Les premiers missionnaires étaient des Lazaristes français, ensuite suivirent les Pères de Scheut, avec des prêtres chinois. Ce
livre décrit l’histoire des Scheutistes audelà de la Muraille chinoise.
Il parle de l’histoire du village catholique
Xiwanzi et contient les biographies des
prêtres chinois de cette région: Jacobus
Zhang et Matthieu Xue. Le livre est illustré par 70 photos et cartes géographiques
des Diocèses. On peut aussi trouver la liste complète des noms des 679 Scheutistes et de plus que 300 prêtres chinois qui
travaillaient dans les Diocèses au-delà de
ka Grande Muraille en cette période. Le
livre a déjà été bien vendu dans tous les
Diocèses où travaillaient les Scheutistes.
Ce livre contient les conférences données
à l’occasion du Symposium organisé en
1999 par l’Institut Verbiest et la Faculté
du Droit canonique de l’Université Catholique de Louvain. Les conférences traitaient du nationalisme, du patriotisme et
de la religion en Chine, du shintoïsme et
de la protection des minorités au Japon,
de l’équilibre délicat entre christianisme
et l’Islam, des caractéristiques des sectes
en Europe, de la liberté de religion en Europe et aux Etats-Unis, etc.
3. The Social Agenda - A Collection of
Magisterial Texts
Une sélection de plusieurs documents
concernant la doctrine sociale de l’Eglise
catholique: la dignité de la personne humaine, la famille, le rôle des gouvernements, les droits de l’homme, Justice et
Paix, etc. Le siècle passé les papes ont écrit
des dizaines d’encycliques et de documents importants concernant ces sujets.
Le but de cette publication est de les faire connaître au public chinois.
11
4. Huai-Ren Series 3: Histoire Des Chrétiens De Chine
Ce livre raconte l’histoire de l’Eglise chinoise, vue et vécue par ceux qui y sont entrés. Cette histoire commence déjà au 7°
siècle (la Dynastie Tang) avec l’arrivée des
Nestoriens. Il parcourt 1300 années d’histoire de toutes les dénominations chrétiennes jusqu’au 21° siècle. P. Jean Charbonnier, sinologue et membre des Missions Etrangères de Paris raconte la naissance et le développement de communautés chrétiennes à partir des témoignages
de missionnaires qui vivaient là-bas. Le livre fut écrit en Français, et bien vite traduit en Chinois en 1998. Avec P. Charbonnier, l’Institut Verbiest a préparé cette traduction ainsi qu’une édition plus élaborée.
tera sa contribution au dialogue constructif des différents groupes afin que le but
ultime (l’unité et le pardon mutuel dans
l’Eglise chinoise) soit atteint. Ceci conduirait aussi à la normalisation des relations
de la Chine et du Saint Siège.
j A Leuven
Après une période de collaboration avec
Monomenta Serica (Sankt Augustin,
Bonn, Allemagne) nous avons décidé de
commencer une édition à nous-mêmes.
Elle est appelée: Leuven Chinese Studies.
Là-dedans on peut trouver deux sortes de
publications: d’abord des monographies
de chercheurs qui traitent des sujets qui
sont proches de la sphère d’intérêt de l’Institut Verbiest, ensuite il y a aussi des conférences données aux Symposia organisés
par l’Institut Verbiest.
5. Huai-Ren Series 4: Today and Tomorrow of the Chinese Church
A l’occasion du 75° anniversaire de naissance et du 50° anniversaire de prêtrise du
P. Jérôme Heyndrickx cicm (2006), l’Institut Verbiest invitait 25 amis de l’Eglise
de Chine à écrire leurs opinions et leurs
suggestions concernant l’Eglise en Chine:
aujourd’hui et demain. Ce Liber amicorum
a trois parties: La 1° partie parle de la politique de la République populaire en questions religieuses et par rapport au Vatican. La 2° partie parle des relations de
l’Eglise Catholique Chinoise et de la Société Chinoise. La troisième partie touche des sujets qui concernent le rôle de
l’Eglise Catholique aujourd’hui: l’organisation de l’Eglise locale, la formation des
responsables, la recherche d’une spiritualité missionnaire propre, etc.
6. Huai-Ren Series 5: The Eternal China
Pilgrim
Tout le monde sait que le P. Jérôme Heyndrickx cicm est un des meilleurs connaisseurs de la Chine. Il a aussi un regard équilibré sur la situation de l’Eglise en Chine.
Pendant 20 ans il a écrit, à des occasions
diverses, plusieurs articles de grande valeur concernant l’Eglise en Chine. Il ne les
avait pas encore rassemblés en un livre. A
la demande de plusieurs lecteurs, l’Institut Verbiest a choisi les 30 articles les plus
importants. Ils sont publiés dans ce livre
en ordre chronologique. Plusieurs sujets
traités: l’organisation d’une vraie Eglise
particulière, le conflit entre communautés souterraines et communautés officielles, le rôle central de l’Union Patriotique,
l’évolution des relations de la Chine et du
Vatican. Chaque article est brièvement introduit pour pouvoir bien le situer. Le livre a paru en 2007, et nous avons déjà eu
beaucoup de réactions très positives. Ainsi nous avons l’espoir que ce livre appor12
1. J. Heyndrickx (ed.). Historiography of
the Chinese Catholic Church: Nineteenth
and Twentieth Centuries. Leuven, 1994, 511
pp., ill. ISBN: 90-801833-2-6
2. Mme Yves de Thomaz de Bossierre.
Jean-François Gerbillon, S.J. (1654-1707):
Un des cinq mathématiciens envoyés en Chine par Louis XIV. Leuven, 1994, 211 pp.
ISBN: 90-801833-1-8
3. Sara Lievens. The China Archives of the
Belgian Franciscans - Inventory. Leuven,
1998, 416 pp. ISBN: 90-801833-3-4
4. Klaus Sagaster (ed.). Antoine Mostaert
(1881-1971). C.I.C.M. Missionary and
Scholar. Volume I: Papers. Leuven, 1999,
XVI, 279 pp. ISBN: 90-801833-5-0
5. Klaus Sagaster (ed.). Antoine Mostaert
(1881-1971). C.I.C.M. Missionary and
Scholar. Volume II: Reprints. Leuven,
1999, 623 pp. ISBN: 90-801833-4-2
6. Noël Golvers (ed.). The Christian Mission of China in the Verbiest Era: Some Aspects of the Missionary Approach. Leuven,
1999, 114 pp. ISBN: 90-6186-996-X
7. Noël Golvers. François de Rougemont,
S.J., Missionary in Ch’ang-shu (Chiangnan). A Study of his Account Book (16741676) and the Elogium. Leuven, 1999, 794
pp. ISBN: 90-5867-001-5
8. Koen De Ridder (ed.). Footsteps in Deserted Valleys. Missionary Cases, Strategies
and Practice in Qing China. Leuven, 2000,
186 pp. ISBN: 90-5867-022-8
9. Ku Wei-ying & Koen De Ridder (eds).
Authentic Chinese Christianity: Preludes to
its Development (Nineteenth and Twentieth
Centuries). Leuven, 2001, 198 pp. ISBN:
90-5867-102-X
10. Ku Wei-ying (ed.). Missionary Approaches and Linguistics in Mainland China and
Taiwan. Leuven, 2001, 278 pp.
ISBN: 90-5867-161-5
11. Lorry Swerts & Koen De Ridder.
Mon Van Genechten (1903-1974): Flemish
Missionary and Chinese Painter. Inculturation of Christian Art in China. Leuven,
2002, 188 pp. ISBN:90-5867-220-0
12. Noël Golvers. Ferdinand Verbiest, S.J.
(1623-1688) and the Chinese Heaven. The
Composition of the Astronomical Corpus,
Its Diffusion and Reception in the European Republic of Letters. Leuven, 2003, 676
pp. ISBN: 90-5867-293-X
13. Cécile Leung. Etienne Fourmont (16831745). Oriental and Chinese Languages in
Eighteenth-Century France. Leuven, 2002,
314 pp. ISBN: 90-5867-248-4
14. W.F. Vande Walle & N. Golvers (eds).
The History of the Relations Between the
Low Countries and China in the Qing Era
(1644-1911). Leuven, 2003, 508 pp. ISBN:
90-5867-315-4
15. Patrick Taveirne. Han-Mongol Encounters and Missionary Endeavors: A History of Scheut in Ordos (Hetao), 18741911. Leuven, 2004, 684 pp.: ill.
ISBN 90 5867 365 0
16. Ann Heylen. Chronique du ToumetOrtos: Looking through the Lens of Joseph
Van Oost, Missionary in Inner Mongolia,
1915-1921. Leuven, 2004, 409 pp. ISBN 90
5867 418 5
17. N. Golvers, S. Lievens (eds). A Lifelong Dedication to the China Mission: Essays Presented in Honor of Father Jeroom
Heyndrickx, CICM, on the Occasion of his
75th Birthday and the 25th Anniversary of
the F. Verbiest Institute K.U.Leuven. Leuven, 2007, 740 pp., ill. ISBN
9789080783384
(Cecilia Pan Yuling, Sara Lievens)
LE PROGRAMME DE FORMATION DE L’INSTITUT VERBIEST
L’auteur de cet article est Louis
Pinsheng (66 ans, Taiwan). Louis est devenu catéchiste et a fait ses études de théologie au Fujin Catholic Theologate à Taipei. Il collabore avec Scheut depuis 43 ans
déjà, d’abord dans le cadre d’un travail
paroissial, ensuite au Centre pastoral de
Lorsqu’en 1997, je fus intégré à ce Centre,
ses activités allaient bon train en Chine depuis longtemps: recherche, publications, aide
au développement. C’est par la suite qu’a
débuté le programme de formation avec ses
visites pastorales et ses sessions de formation en Chine, etc. Maintenant, il y a plus
Le programme pastoral de
l’Institut Verbiest consiste en:
Visites pastorales en Chine - organisation de sessions de formation en Chine - octroi de bourses d’étude pour la formation de
ministres d’Eglise - récolte de fonds pour la
construction d’églises
Tout ce programme s’est développé à
partir des visites pastorales que le P. Jeroom Hendrickx a faites en Chine depuis
1982. En 1983 déjà, il recevait une invitation à donner cours au Séminaire de Shangai. Plus tard, il sera invité également à
enseigner au Séminaire National de Bejing et à donner des conférences dans
d’autres Séminaires. Chaque invitation à
enseigner dans un Séminaire a la priorité
sur d’autres activités. Dans les années 80,
ses collègues de Taipei l’ont rejoint dans
ses visites pastorales. Très vite, la responsabilité de mener à bien ce programme
(des visites pastorales à une trentaine de
diocèses dans le Nord de la Chine) nous
était confiée. Et cela continue encore
aujourd’hui.
Des visites pastorales qui ont
conduit à l’organisation des
sessions de formation
m Louis Kuo de l’équipe de Taipei pendant une session de formation de laïcs à Chaoyang
(Liaoning)
Taiwan durant 26 ans dont dix en tant que
directeur. Depuis 1997, il dirige l’équipe
pastorale et est responsable du programme de formation de l’Institut Verbiest qui
s’intéresse surtout à la Chine à partir de
l’Institut Verbiest de Tapei. Louis aime
répéter que la pastorale est la vocation de
sa vie. D’autres sont du même avis en ce
qui le concerne. Il décrit ici son activité et
se présente ainsi lui-même.
Depuis le temps où, jeune étudiant, j’étais membre de l’union estudiantine de
Taichung, je me sentais déjà cette vocation
pastorale. Durant toutes ces années,
j’admirais secrètement le zèle des scheutistes, plus particulièrement celui du P. Jeroom Hendrickx, dans leur œuvre d’évangélisation à Taiwan. Les plus âgés des scheutistes qui avaient été bannis de Chine par
Mao Zedong, étaient venus immédiatement à Taiwan pour y prêter main forte à la
construction de l’Eglise locale. Jeune homme, je me posais déjà la question: pourraisje un jour, moi aussi, collaborer à une œuvre
aussi chargée de sens? Ce fut pour moi un
grand honneur lorsque ce rêve est devenu
réalité: d’abord comme catéchiste dans les
années 60 en compagnie du P. Ignace Rijbens, ensuite au Centre Pastoral de Taiwan
et plus tard encore à l’Institut Verbiest.
de dix ans déjà que je fais le voyage TaiwanChine dans le cadre de ce programme de
formation. A vrai dire, j’ai déjà dépassé l’âge
de la pension, mais pour nous, missionnaires, cela n’a aucune importance. Nous continuons à travailler. A l’occasion du 25ème
anniversaire de l’Institut Verbiest, je suis heureux de pouvoir faire un compte-rendu de
nos activités aux lecteurs du Courrier.
C’est à partir de ces visites pastorales
qu’est né le projet de former une équipe
qui, à partir de Taipei, organiserait des
sessions de formation pour prêtres, sœurs
et laïcs dans différents diocèses, dans le
domaine de la pastorale, de la catéchèse
et de la spiritualité. Certains séminaires,
diocèses ou paroisses recevaient la permission des autorités locales de nous inviter à cet effet. D’autres se voyaient refuser cette invitation. ″Accepter de l’aide″
venant de l’extérieur de la Chine n’était
pas (et n’est pas encore) évident du tout
m Jérôme Heyndrickx donne cours de théologie à Sheshan (Shangai, 1990)
13
pour les autorités en Chine. Pour elles,
l’Eglise de Chine doit rester indépendante; elle n’a pas besoin d’aide de l’extérieur. Mais, peu à peu, nous apprenions
qu’en certains endroits les autorités étaient
plus bienveillantes qu’ailleurs. C’est ainsi qu’ont commencé nos sessions.
Nous nous y prenions avec beaucoup
de circonspection, sans donner trop de publicité à nos activités. Nous avions, et nous
avons encore, l’impression que les autorités locales nous regardent de temps à
autre d’un œil critique, qu’elles viennent
interrompre notre activité pour inspecter ce que s’y passe exactement, et qu’elles menacent d’y mettre un terme. Et de
fait, une fois une équipe a été contrainte
d’arrêter la session. Après de longs interrogatoires, nos collègues ont été renvoyés
chez eux. Mais la plupart du temps, cela
se passe très bien, surtout lorsque l’Eglise locale entretient de bonnes relations
personnelles avec les autorités. Il arrive
même parfois que l’autorité nous invite à
partager un repas. Par contre, les participants sont chaque fois enthousiastes et reconnaissants. Ils insistent pour que nous
revenions le plus vite possible. Nous sommes un peu comme de vieux amis. Nous
sommes édifiés et confirmés par leur foi
et leur enthousiasme. Ainsi, la formation
est réciproque. Nous sommes des chinois
qui vont de Taiwan vers le continent chinois. Nous y allons avec un respect profond pour nos frères chinois et nous nous
rencontrons dans une seule et même foi.
A chaque session, nous faisons réellement
l’expérience que nous participons à l’édification de l’Eglise chinoise en tant que
communauté vivante, sous la conduite de
l’Esprit. C’est là que se trouve la source
de l’enthousiasme qui naît chaque fois au
cours de ces sessions.
m Joseph Lin de l’équipe de Taipei pendant une session de formation dans la Province de Shaanxi (2006)
Ces sessions de formation sont
elles-mêmes une sorte de
dialogue avec l’autorité chinoise
Ce qui compte, à l’occasion de chaque
session, c’est d’établir de bonnes relations
avec le diocèse ou le centre qui invite, et
via ces derniers avec les autorités. Aucun
des évêques qui nous invitent n’est laissé
dans l’embarras. C’est d’un commun accord que nous fixons le thème et le nombre des participants, tandis que l’organisation locale reste de leur compétence.
De notre côté, nous mettons une équipe
sur pied et nous cherchons les gens et les
moyens (pour voyages et pour participation aux frais dans l’organisation sur place).
m Photo du groupe de la session de Shaanxi (2006)
14
Quoiqu’il en soit, donner des sessions
de formation relève du ″non-officiellement admis″. Il y a des évêques qui n’osent
même pas penser à l’organisation d’une
session. En effet, l’autorité contrôle ″la
communauté ecclésiale officielle″ très sévèrement, et davantage encore l’Eglise
souterraine. Le déroulement de pareille
session ressemble la plupart du temps à
un jeu de pile ou face. Chaque fois, nous
prenons un risque, aussi bien l’évêque qui
invite que nous-mêmes. Nous admirons
souvent l’audace et l’esprit d’initiative des
prêtres ou des religieux qui organisent des
sessions. Et lorsqu’un contrôle imprévu
surgit, ils se révèlent très créatifs et éloquents pour démontrer comme légal ce
que la police considère comme illégal. La
première session se déroule d’habitude
dans une certaine crainte, aussi bien pour
eux que pour nous. Une fois cette première session réussie, ils osent s’atteler la plupart du temps à une seconde, si pas davantage. Même pour les sessions avec la
communauté ecclésiale officielle, il y règne à chaque fois un climat ″souterrain″
(quasi-illégal) qui crée un sentiment d’inquiétude tout au long de la session. L’un
d’entre nous fait toujours le guet pour voir
s’il n’y a pas de contrôle qui surgit.
En beaucoup d’endroits déjà, les autorités officielles nous connaissent. Le P. Jeroom Hendrickx rend visite à l’Eglise chinoise depuis 1982. Elles le connaissent et
le suivent de très près. Elles nous connaissent également puisque, en tant que collègues de l’Institut Verbiest, nous voyageons en Chine depuis les années 80. Ils
connaissent notre Institut, nos activités et
nos occupations. Après tant d’années de
méfiance à notre égard, une certaine
confiance s’est développée au fil du temps.
Au fond, nombre d’incompréhensions ont
trouvé leur origine dans le passé, dans la
méfiance et le manque réciproque de
nat pour adultes), pastorale et évangélisation, liturgie et catéchèse, l’eucharistie, la catéchèse pour adultes, enfants et
adolescents, les sacrements, le Nouveau
Testament, la vocation et la mission des
chrétiens, spiritualité et pastorale, le droit
canon, les ornements liturgiques (leur sens
et la formation pour leur confection), la
Vie Consacrée, l’administration dans les
communautés religieuses, communauté et
prière, l’Eglise et la Bible, eucharistie et
vie, l’approfondissement de la foi, communauté et vocation, la découverte de la
joie dans la lecture de la Bible.
m Frans De Ridder cicm avec de jeunes religieuses à Wuhan (2002)
connaissance
et
d’information.
Aujourd’hui, les autorités savent au moins
que nous ne nous occupons pas d’″infiltration″ ou d’autres activités subversives.
Dans beaucoup de régions, la confiance
à notre égard s’est développée tout simplement. Dans la mesure où l’attitude des
autorités supérieures en Chine face à la
religion devient plus ouverte et plus positive, nous pouvons espérer que, petit à
petit, cette même ouverture grandira dans
toute la Chine. Mais cela prendra encore
beaucoup de temps. En attendant, nos sessions sont en fait un temps de dialogue et
de construction de la confiance mutuelle.
Des Scheutistes et des laïcs
venant de Taiwan, Hong Kong et
Singapour dirigent les sessions
Nous avons commencé par envoyer des
équipes en Chine, de façon organisée, en
1996,pour y donner des sessions pour la
formation des prêtres, des religieux et des
laïcs. Ces équipes sont composées de collègues de l’Institut Verbiest, mais également d’amis sur la collaboration desquels
nous pouvons compter: les Scheutistes
Frans De Ridder, Charlie Gasan, Earl
Cura. Les collègues laïcs Agnès Chang Suhua, Joseph Lin, Rachel Lu Yan, Louis
Kuo. De plus, un certain nombre de prêtres, de religieuses et de laïcs de Taiwan,
Hong Kong et Singapour y ont également
participé. Ce qui est important, c’est que,
dès à présent, et cela depuis plusieurs années, nous faisons de plus en plus appel à
des collègues à l’intérieur de la Chine, non
seulement pour donner un coup de main
dans les sessions, mais également pour les
diriger là où c’est possible.
Depuis 1996, 49 sessions ont été organisées au total (1 pour prêtres, 2 pour séminaristes, 35 pour religieuses, 11 pour laïcs).
3.127 participants déjà ont profité de nos
sessions dont 37 prêtres, 236 séminaristes, 1.843 sœurs et 1.015 laïcs, originaires
de 20 diocèses différents et appartenant
aussi bien aux communautés ecclésiales
″officielles″ que ″souterraines″. Dans cer-
tains diocèses, nous avons donné plus de
cinq sessions.
Une session dure normalement une à
deux semaines. Lors d’un voyage, nous essayons d’organiser deux sessions pour réduire les frais de voyage et d’organisation.
Le nombre de participants par session varie entre un minimum de 50 et un maximum de 70 à 80.C’est la limite de nos capacités, aussi bien pour notre hôte que
pour nous. La plupart du temps, nous rencontrons des difficultés pour le logement
et la nourriture. Toutefois, les participants
ne sont pas exigeants. Un strict minimum
leur suffit. Il y a toujours beaucoup trop
de candidats-participants. Nous avons
connu un cas où nos exigences étaient très
strictes pour ne pas accepter plus de 70
participants, mais l’organisation locale a
accepté plus de 100 inscrits (avec toutes
les conséquences pour le logement et la
nourriture...). Et l’explication que nous
recevions dans ce cas: ″Il faut nous comprendre! Nous n’avons pas souvent une
telle occasion″.
Une grande variété de thèmes
Les sessions de formation traitent une
grande variété de thèmes en relation avec
la pastorale, la catéchèse, la spiritualité,
tels que: RCIA (traitant du catéchumé-
L’importance de ces sessions de formation ne doit pas être démontrée. Il est
plus important de former des ministres de
l’Eglise que de construire des bâtiments
d’église. Dès le début, l’Institut Verbiest
a compris cela et n’a pas hésité à le mettre en exergue comme priorité en ce qui
concerne l’engagement du personnel et la
collecte des fonds. L’organisation de tant
de sessions coûte cher. Les bourses d’étude à l’intérieur de la Chine et surtout à
l’extérieur de la Chine coûtent encore plus
cher. Mais l’investissement dans la formation des êtres humains se révèle de fait
plein de sens. Ici, nous touchons à l’essence de la construction de l’Eglise: la formation des ministres qui servent la communauté et la guident dans la foi.
Bourses d’étude
L’Institut Verbiest octroie des bourses d’études depuis 1984.A cette époque,
on invitait des chercheurs non-catholiques à faire des études dans le domaine
culturel, philosophique et historique. En
1984, Mme Zhang Jiaping de l’Institut
pour les religions mondiales de l’officielle Academy of Social Sciences (Bejing)
fut notre première étudiante boursière et
fit des études de théologie à Louvain-laNeuve. Ensuite, ce fut au tour du professeur Fu Lu-an (Academy of Social Sciences,Bejing)) de venir faire des recherches
en philosophie thomiste, ainsi que Lin Jinshui (Université de Fuzhou) et Wang Qingyu (Université Fudan,Shangai), tous deux
dans le domaine de l’histoire, Yang Zhen-
m Agnès Chang de l’équipe de Taipei dirige une session de formation à Hunan (2002)
15
zhong (Bejing) en astronomie, Zhao Yilu
(Bejing) et Ma Dengha (Bejing), aux American Studies. A cette époque, les étudiants boursiers catholiques venaient de
Hong Kong et de Taiwan: Sr Liu Hsiaomei (Hong Kong), doctorat en théologie,
Wang Tianhsin (Taipei), psychologie, San
Ta- Chuan (Taipei), philosophie, etc. Entre 1983 et 1993, au total 36 étudiants boursiers de l’Institut Verbiest ont étudié à Louvain-la-Neuve.
logie, Ecriture sainte, morale, pastorale,
catéchèse, spiritualité, liturgie, doctrine
morale de l’Eglise, administration.
En 2005, s’est tenue à Louvain (La Foresta, Vaalbeek) une session de formation
pour sept jeunes évêques et cinq vicaires
généraux venant de Chine. Au cours de
cette session, on a examiné des documents qui d’habitude sont traités dans des
sessions de formation pour évêques qui se
tiennent à Rome. La situation politique
ne permet pas aux jeunes évêques chinois
priorité à l’octroi de bourses pour la formation à des Instituts à l’intérieur de la
Chine? L’Institut Verbiest a donné une
réponse affirmative à cette question à partir de 1997. Des études à l’étranger restent cependant nécessaires pour quelques
professeurs de séminaires. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, l’Institut Verbiest continue à inviter des étudiants boursiers en Europe et aux Philippines, mais,
depuis 1997, les bourses sont accordées en
priorité à la formation dans les Instituts
à l’intérieur de la Chine.
Entre 1998 et 2007, des bourses ont été
accordées pour des études dans des Universités et des Instituts supérieurs à l’intérieur de la Chine à 192 prêtres, 878 séminaristes et 809 religieux. Des bourses ont
également été consenties à 56 étudiants
Mongols (Mongolie intérieure) pour faire des études dans des écoles moyennes.
Au total, ont reçu une bourse 1935 étudiants originaires de 47 évêchés différents
et provenant aussi bien de communautés
ecclésiales officielles que souterraines.
Collecte de fonds pour la
reconstruction des églises
m Boursiers de l’Institut Verbiest (prêtres et religieux) qui étudient à Beijing (2005)
Notre première priorité: des bourses d’études pour les ministres d’Eglise en Chine
Le début des années 90 - après l’épisode Tiananmen - voyait de nouveau naître lentement une ouverture dans la collaboration avec l’Eglise également. A partir de ce moment, l’I.V. s’est concentré sur
l’octroi de bourses d’études pour la formation des ministres de l’Eglise chinoise.
Entre 1993 et 2007, il y a eu 28 étudiants
boursiers (prêtres, séminaristes, laïcs) qui
ont étudié en Belgique, en Hollande, en
Angleterre et à Rome (K.U. Leuven, Louvain-la-Neuve, Leiden, Lumen Vitae, Birmingham, Regina Mundi). Ils ont étudié
la théologie, le droit canon, la spiritualité, la pédagogie, la philosophie et l’anglais.
Il y a encore eu neuf étudiants boursiers qui ont étudié aux Philippines à l’Université St Louis, à l’Université Sta Tomas,
à San Carlos Seminary et à Maryhill School of Theologie.
En Belgique, pendant la même période, trois sessions spéciales de formation
ont été organisées par l’Institut Verbiest.
En avril-mai 1994, a eu lieu une session
de deux semaines portant sur la formation dans les Séminaires (avec traduction
complète en chinois) à l’Abbaye bénédictine de Zevenkerke pour quinze prêtres,
directeurs spirituels de Séminaires chinois. En 1997-98, l’Institut Verbiest organisait une session de formation pastorale
d’un an et demi au Collège pour l’Amérique latine d’alors - également entièrement en chinois - pour un groupe de six
prêtres; au programme: des cours de théo16
de participer à ces sessions de formation
à Rome. En remplacement, l’Institut Verbiest a organisé des sessions à Louvain.
Une seconde session de formation pour
dix jeunes évêques chinois était planifiée
pour mai 2007, mais elle a été remise au
mois de novembre 2007 à cause de circonstances en Chine. Nous espérons qu’elle pourra avoir lieu.
Priorité à la formation dans des
Instituts à l’intérieur de la Chine
La direction de l’Institut Verbiest a réalisé assez vite que trop de jeunes prêtres
et religieux chinois partaient étudier en
Amérique, à Rome et dans d’autres grandes villes. Etait-ce nécessaire? D’autant
plus que cela donnait l’impression à
d’autres prêtres et religieux de l’intérieur
de la Chine qu’ils ne valaient rien ou qu’on
ne pouvait pas avoir d’action pastorale valable sans avoir été étudier à l’étranger.
S’ajoute à cela le fait que les programmes d’étude dans les séminaires en Chine sont en général assez faibles en ce qui
concerne l’étude de ce qui est proprement
chinois dans les domaines de la langue, de
la littérature, de la philosophie, de la culture et de l’histoire.
D’où la question qui a surgi: alors que
Rome et d’autres Instituts à l’extérieur de
la Chine donnent l’impression de se centrer davantage sur l’invitation d’étudiants
boursiers vers l’étranger, l’Institut Verbiest ne ferait-il pas mieux de donner la
Dans tous les diocèses, des églises ont
été détruites, des terres et des propriétés
ont été confisquées. Les vieux évêques beaucoup d’entre eux ont plus de 80 ans,
certains même 90 ans - se trouvent devant
la tâche insurmontable, non seulement de
rassembler la communauté ecclésiale et
d’organiser les célébrations liturgiques,
mais également de reconstruire leurs églises. Pour y parvenir, ils devaient d’abord
essayer de racheter les terrains d’église
aux mains des autorités et ils ne disposaient évidemment que de peu de moyens
financiers. C’est dans ce but qu’ils ont fait
appel à nous. Mais cela aussi était défendu officiellement. Nonobstant cette interdiction, nous avons quand même commencé, à partir des années 90, à les aider
en cherchant des fonds pour la construction de bâtiments dont l’Eglise de Chine
a besoin pour la pastorale: églises, centres de formation, etc. L’Institut Verbiest
joue ici un rôle de médiateur dans la prise de contact avec des bienfaiteurs et avec
des organisations d’aide à l’extérieur de
la Chine. Il y a vingt ans, nous pouvions
leur faire parvenir ces soutiens uniquement de façon plus ou moins clandestine.
Là aussi, des changements se sont opérés
petit à petit. A beaucoup d’endroits
aujourd’hui, on peut transférer officiellement de l’argent par compte bancaire.
Mais ce n’est pas le cas partout. Par
ailleurs, l’Eglise de Chine trouve par ellemême de plus en plus de moyens à l’intérieur de la Chine même, mais les besoins
financiers restent encore énormes.
Louis Kuo Pinsheng
(complété par des statistiques recueillies
par Paul Defever et Irène Yaling)
L’INSTITUT VERBIEST CONSTRUIT UN CENTRE PASTORAL EN CHINE
Anguo (Province de Hebei) est l’endroit
où Vincent Lebbe a travaillé pendant des
années et où il a fondé la Congrégation
des Petites Sœurs de Sainte Thérèse. Cette Congrégation a été démembrée au moment où le communisme a pris le pouvoir.
Certaines Sœurs ont fui à Taiwan, les autres ont été renvoyées dans leur famille
par l’autorité civile. Parmi celles-ci, certaines se sont mariées. D’autres ont travaillé dans des usines ou dans l’agriculture,
mais sont restées fidèles à leur vocation
clandestinement.
les Sœurs de l’Eglise souterraine. Depuis
plusieurs années déjà, nous essayons de
favoriser la réconciliation entre les deux
communautés. Et maintenant que nous
avons la lettre du Pape Benoît XVI qui
parle surtout de réconciliation et d’unité
dans l’Eglise en Chine, nous avons conçu
ensemble le plan de construire un Centre
Pastoral à Anguo, l’ancienne Maison mère
de la Congrégation. Ce Centre devra devenir un centre d’évangélisation où religieuses et laïcs seront formés en vue de
devenir des ministres d’Eglise: catéchis-
équipe, des sessions pastorales à Anguo
pour les Petites Sœurs de Ste Thérèse.
Nous avons pensé à des sessions plus courtes au début, quelques semaines ou quelques mois, mais nous espérons pouvoir
élaborer un programme de formation de
deux ans, une fois que la construction du
Centre sera terminée.
Nous sommes en train de faire les plans
pour le futur Centre Pastoral. Les Soeurs
nous ont envoyé déjà un croquis (cfr cidessous). Nous envisageons un centre où
pourront se faire des sessions pour une
centaine de candidats de la façon suivante. Pendant que 30 ou 40 candidats suivent le programme complet de deux ans,
50 ou 60 candidats - laïcs venant des paroisses - viennent suivre des sessions plus
courtes (deux semaines pendant les congés ou des sessions de week-end au courant de l’année).
L’Institut Verbiest a commencé à collecter des fonds pour ce projet et s’adresse
par la présente à tous ceux qui veulent
contribuer. Veuillez verser votre contribution éventuelle sur le compte:
735-0183437-95.
m Dessin du projet d’un Centre pastoral à Anguo pour la formation des catéchistes de
la Province Hebei
Après la Révolution culturelle, quand
de nouveau il y avait un peu de liberté religieuse en Chine, les Sœurs ont émergé
une à une de leur vie clandestine, mais elles étaient éparpillées sur plusieurs Provinces. Là, elles se sont regroupées petit
à petit. Sans une vraie vie commune mais
vivant chacune selon les circonstances locales, elles ont commencé à s’engager activement dans la pastorale. Ainsi la plupart d’entre elles se sont engagées dans
l’Eglise souterraine avec les chrétiens de
l’endroit qu’elles connaissaient. D’autres,
par hasard celles de Anguo, l’ancienne
Maison mère de la Congrégation, se sont
jointes à l’Eglise officielle. De cette façon, celles des communautés souterraines et celles des communautés officielles
ne désiraient plus avoir de contact entre
elles.
L’Institut Verbiest à Taiwan a depuis
longtemps des contacts avec le groupe des
Petites Sœurs de Ste Thérèse à Taiwan.
Celles-ci rendent visite régulièrement à
leurs consœurs en Chine. En un premier
temps, elles ne prenaient contact qu’avec
tes, animateurs de la liturgie, etc. Les
Sœurs sont d’accord pour inviter aussi bien
les Sœurs de l’Eglise officielle que celles
de l’Eglise souterraine pour diriger ce Centre. Ainsi, d’une part, elles prendront une
part active dans l’évangélisation et, d’autre
part, via l’évangélisation et la prière en
commun, elles évolueront vers une seule
Congrégation: unité via l’évangélisation
dans l’esprit de Vincent Lebbe et la spiritualité de Ste Thérèse, patronne de la Congrégation.
Deux Sœurs d’Anguo étudient déjà la
pastorale à Lumen Vitae. Elles se préparent à aller travailler dans le Centre pastoral d’Anguo. D’autres Sœurs d’Anguo
et aussi des communautés souterraines
étudient aux Philippines. D’autres encore s’apprêtent à se perfectionner dans la
pastorale ou la catéchèse. Louis Kuo et
moi-même nous sommes allés déjà animer des sessions de formation des Sœurs
à Anguo. Louis, Joseph Lin et Rachel Lu
de l’Institut Verbiest se préparent pour aller animer, en collaboration avec Hélène
Reichl (Fons Vitae, Hsinchu) et toute une
Si vous n’avez pas encore informé le
secrétariat que vous désirez
continuer à recevoir (gratuitement)
notre feuille, veuillez renvoyer le
formulaire ci-joint, dûment rempli.
Les adresses d’autres lecteurs
intéressés sont toujours les
bienvenues.
17
AIDE AU DE
u VELOPPEMENT EN CHINE PAR L’INSTITUT VERBIEST
L’Institut Verbiest n’a jamais eu
l’intention de remplir le rôle de ’Caritas’ en
Chine. Ce que l’Institut Verbiest a essayé de
faire en tant qu’intermédiaire, c’est de donner une réponse positive aux demandes
d’aide qui nous ont été adressées déjà dans
les années 80 par l’Eglise en Chine. C’est
d’ailleurs en manifestant concrètement son
souci pour les besoins de la société en Chine que l’Eglise chinoise a elle-même mis en
évidence le sens de son existence en Chine.
Voilà la raison pour laquelle l’Institut Verbiest lui donne son appui. Encore
aujourd’hui l’Institut Verbiest essaie, en tant
qu’iintermédiaire, de trouver de l’aide pour
des projets de petite dimension, qui de façon indirecte répondent aux besoins des plus
pauvres. Nous faisons appel aux organisations catholiques qui entretemps ont vu le
jour à l’intérieur de la Chine, pour guider
ces projets. Pas à pas nos projets se sont rapetissés parce que: small is beautiful! 1
Depuis 1987, l’Institut Verbiest a
examiné les possibilités de projets
de développement
Déjà à partir de 1987, il est devenu clair
que des possibilités surgissaient, même
pour des Instituts catholiques, de prendre des initiatives dans le domaine de l’aide
au développement en Chine. Pendant des
voyages de service en Chine, on recevait
des invitations provenant de plusieurs côtés. En 1987, Jef Houthuys de l’ACV a été
en Chine à l’invitation des syndicats chinois. A cette occasion il a rendu visite à
Mgr Michael Fu, évêque de Beijing. Une
fois rentré en Belgique, pendant une visite à l’Institut Verbiest, il a dit qu’apporter de l’aide au développement en Chine
serait une entreprise raisonnable. Il s’est
rappelé d’ailleurs la visite de la première
délégation chinoise de Beijing chez Willy
D’Havé de l’ACV en novembre 1985. Le
’Boerenbond’ n’avait pas oublié non plus
cette visite.
m Le Sénateur Vittorino Colombo (3° à partir du côté gauche) avec les membres de
Four Seas Association à Louvain (1990)
C’était une expérience parfaite qui malheureusement a été interrompue par l’accident de Tiananmen (4 juin 1989), pendant lequel des centaines d’étudiants chinois ont été tués dans une manifestation.
Des entreprises étrangères ont rappelé
leurs experts de Chine. L’ACV renonçait
provisoirement à sa collaboration prévue
avec les syndicats chinois. Le projet de
l’ACV de mettre à la disposition des travailleurs un autobus avec équipement médical pour leur permettre des examens médicaux, a été supprimé. Plus tard, il y a encore eu deux réunions au sujet de ce projet à Ter Nood (Overijse) le 10 avril 1990
avec des représentants de l’ACV, ACW,
BB, NCMV et VKW. On a essayé de fixer
une date pour une conversation ultérieure en septembre 1990. L’affaire en est restée là.
L’Institut Verbiest a pourtant continué
ses projets de développement en Chine.
Depuis 1988 l’Institut Verbiest était impliqué dans la mise en marche d’une imprimerie à Shangai (Voir article à part).
Ce projet a été achevé en 1991.
Fondation de ″l’Association des
quatre mers″ en vue de la
collaboration avec l’Europe
L’Institut Verbiest espérait développer ce secteur en collaboration avec des
Instituts frères d’autres pays européens.
On avait dans la tête une structure européenne qui nous permettrait d’obtenir des
subsides de l’Union Européenne. L’Institut Verbiest a fait une proposition dans
ce sens lors d’un colloque européen de
C’est ainsi qu’en 1988, des conversations avec l’ACV ont été entamées pour
prospecter les possibilités dans ce domaine. En avril 1998, trois experts pensionnés, chevronnés et capables de l’ACV sont
partis en Chine pour donner de l’entraînement pratique et des conseils aux travailleurs dans les usines textiles chinoises
et dans les secteurs de l’horeca et du tourisme. Avant leur départ, ils ont passé deux
jours à l’Institut Verbiest pour s’informer
sur la Chine et la culture chinoise.
1
Depuis des années, l’auteur, Madame Luo Youmei est chef du Bureau de l’Institut Verbiest à Taipei et, par l’intermédiaire de cette section, elle a
suivi des projets en collaboration avec Staf Vloeberghs d’abord et ensuite avec Charlie Oasan cicm.
Pour la première partie de cet article, elle s’est
servie de la documentation de l’Institut Verbiest
à la K.U.Leuven.
18
m Staf Vloeberghs et Sr. Maria Claeys à l’ouverture d’une session de formation pour
infirmières en Mongolie Intérieure (1992)
ges de Gansu, du Nord de Shaanxi, de
çon, on espérait créer une
bonne volonté et dévelopMongolie intérieure. Chaque année, on
donnait une bourse d’études à 20 à 40 reper de bonnes relations. Lors
ligieuses pour être formées comme infird’une première visite à la
Commission du Pin (Jehol)
mières. Monsieur Paul Fan Chingsheng
(Taiwan) était le coordinateur et le proavec le Supérieur général
CICM M. Decraene en 1990,
moteur de ce projet.
les autorités civiles n’étaient
pas gentilles du tout mais très
Dans beaucoup de villages de montaméfiantes. Ce n’est que plus
gne, il y a une très grande pénurie d’eau
tard, après avoir construit un
à cause d’un manque de pluie ou à cause
petit pont et une école et
d’eaux souterraines malsaines. En 20022004, 600 familles à Shaanxi et 45 familles
aidé à construire une église,
qu’on nous souhaitait la
à Gansu ont reçu un appui partiel s’ils s’afbienvenue comme si nous
filiaient à un projet de recueil d’eau pour
étions d’anciens amis. A
usage personnel. Entre 1994 et 1998, dans
Long-shan-cun, un village reles régions les plus pauvres de la Chine, à
culé à Shanyang, province de
savoir le Nord de Shaanxi, on a foré des
puits d’eau dans les villages catholiques
m Sœur Pei examine un patient dans un poste de santé Shaanxi, l’Institut Verbiest a
Xiaoqiaoban (″Petite Bruges″), Yingdiconstruit une nouvelle rouà Ningxia
te et un pont. Cela ouvre des
liang, Xiayingzi, et aussi dans le district de
portes pour la collaboration des autoriFuping. A Xiaoqiaoban, on a construit un
’Christians in Europe Concerned with Chités civiles avec l’Eglise locale.
château d’eau. Des conduites d’eau ont
na’ (Chrétiens européens soucieux de la
été installées de sorte que maintenant le
Chine) à Röndorf en Allemagne en 1988.
village entier boit de l’eau saine. En 2002,
Services d’hygiène - Toilettes hygiéniques L’Association des quatre mers a été fonRecueil d’eau - Puits
à Gejiawan, district de Yuzhong, dans la
dée à Louvain le 3 mars 1990 en la préprovince de Gansu, on a construit un puits
On est arrivé assez vite à la décision de
sence du Recteur R.Dillemans et avec le
nous limiter à des projets de petite dimend’eau en-dessous de la colline pour proSénateur Vittorino Colombo de l’Istituto
sion qui attribuaient directement de l’aide
curer de l’eau potable au village perché en
Italo-Cinese (Milan) comme président de
aux plus pauvres dans les villages de monhaut de la colline.
la nouvelle Association. D’autres Institagne les plus reculés ou dans la campatuts participants: China-Zentrum (Sankt
Entre 1998 et 2002, l’Institut Verbiest
gne dans le Nord de la Chine. De petits
Augustin, Allemagne), Istituto Studi Asiaprojets pouvaient être exécutés aussi par
a dirigé un projet de développement intici (Pime, Rome), Institut Catholique (Patégral du district de Jingbian dans la prola communauté de l’Eglise locale, qui en
ris), Institut Ricci, sj (Paris), Verbiest Infaisant cela, obtenait plus de
situut K.U.Leuven. Cette même année enrespect de la part de la pocore, Jérôme Heyndrickx s’est réuni à
pulation et de ses chefs. Ce
Hong Kong avec des représentants de l’Assont les petits paysans habisociation des quatre mers. A partir de là,
tant dans les régions arides
ils ont fait un voyage de prospection avec
et disposant de peu de
Fr. Orioli (Italo-Cinese, PIME) et d’autres.
moyens naturels, qui profiProgressivement, il deviendrait clair
tent le plus de nos projets.
qu’une structure européenne en vue de
Ils vivent dans des endroits
mettre en marche des projets de dévelopreculés. Ils n’obtiennent pas
pement était trop encombrante. Quelquesde soins médicaux, même
uns des Instituts mentionnés ne voulaient
pour des maladies ordinaiqu’une collaboration dans des projets acares, les hôpitaux étant trop
démiques, d’autres dans des projets de dééloignés.
veloppement... L’Association des quatre
mers n’est jamais arrivé à démarrer vériNous encourageons les
tablement mais elle a été, pour l’Institut
évêques et les prêtres locaux
Verbiest, le canal pour se lancer dans des
à ne pas entreprendre de
projets de développement. De cette fagrands projets, vers lesquels
çon, on a découvert par notre propre exils se sentent attirés, mais à
périence: small is beautiful.
se limiter plutôt à l’ouverture de petits services de santé
Des projets à petite dimension
dans des villages pauvres, de
former des Soeurs pour en
Afin de pouvoir collaborer facilement
faire des infirmières responavec l’Association des quatre mers, on a
sables de ces services. Le démis en place, le 27 avril 1990, la section
but de notre projet était de
des projets de développement, dont Staf
créer des services d’hygiène.
Vloeberghs a pris la direction. Il a été asOn aidait surtout dans la forsisté par nos collègues du Bureau de l’Insmation d’un infirmier et entitut Verbiest à Taipei: Luo Yumei, Fan
suite dans l’achat des instruChingsheng, et plus tard aussi Charlie Oaments médicaux les plus élésan cicm et Joseph Lim.
mentaires en vente en Chine, pour un dispensaire simConcernant la mise en place de prople. Entre 1993 et 2003, l’Insjets, nous avons voulu nous affilier le plus
titut Verbiest a ouvert plus
possible aux autorités civiles et locales et
de 250 services de santé très m Château d’eau à Xiaoqiaopan (Bruges-la-petite),
également à l’Eglise locale. De cette falimités dans plusieurs villa- construit par l’Institut Verbiest
19
vince du Nord Shaanxi: la lutte contre
l’empoisonnement au fluor de la population par la construction de puits, de
conduites d’eau dans plusieurs villages.
Dans la campagne chinoise, la plupart
du temps, on utilise des toilettes primitives et non-hygiéniques. On a aidé ces villages pour améliorer la situation. En 2002,
on a offert à l’évêché de Ningxia de payer
la moitié des frais à chaque paroisse qui
voulait installer près de l’église des toilettes plus hygiéniques. Le projet a connu du
succès.
Appui à l’enseignement - reconstruction d’écoles primaires à la campagne.
L’Institut Verbiest a pris l’initiative de
reconstruire une école primaire (antérieurement catholique) à Sanbian (Nord de
Shaanxi), une région où la Congrégation
de Scheut était déjà active en 1847. L’école était complètement négligée et ne
fonctionnait plus du tout. Entre 1994 et
2001, l’Institut Verbiest l’a reconstruite
totalement, à raison d’une classe chaque
année. Pour l’école Yuying, c’etait un nouveau départ. La petite école est devenue
célèbre dans la région et, après la reconstruction, a obtenu chaque année le premier ou le deuxième prix dans tous les
concours de la région. Aussi dans le Sud
du Shaanxi, on a appuyé des projets de reconstruction d’écoles primaires. En 2002
on a reconstruit les écoles primaires dans
les villages Maoping, Pangguang, Singyang, Shangzhou. L’installation d’ordinateurs faisait partie de la reconstruction.
En 2002, les petites écoles du district reculé de Gulang (Province de Gansy) ont
reçu 800 pupitres avec chaises ainsi qu’une
nouvelle installation sportive pour le basket, le tennis de table, le football, etc.
D’autres écoles primaires ont été reconstruites par l’Institut Verbiest dans les villages de la province de Hebei, Heilongjiang (près de la frontière russe) et Liaoning.
L’Institut Verbiest a encouragé des religieuses à commencer des écoles maternelles, étant donné que la loi interdit à
l’Eglise d’être active dans d’autres formes
d’enseignement. En 2001-2002, sept religieuses de Xi’an, Xingtai et Taiyuan ont
reçu une formation à cet effet. Entre 2000
et 2002, à Shaanxi et Gansu, l’Institut Verbiest a appuyé des projets d’ouverture d’écoles maternelles.
Dans la région de l’Ordos, située dans
la courbe du fleuve jaune (une région où
la Congrégation de Scheut a été active chez
les Mongols), l’Université Hetao avait été
fondée (à Linhe). La collaboration avec
cette nouvelle Université dans une région
peu developpée était un terrain idéal pour
l’Institut Verbiest. Dejà en 1991, l’Institut Verbiest avait eu des contacts en vue
de la collaboration avec cette Université.
Les autorités de la Mongolie intérieure
étaient pourtant réticentes. Ils avaient peur
20
m Frère Stockman (côté gauche) visite un Institut pour handicapés à Shanghai (1990)
d’une collaboration avec des organisations liées à l’Eglise; ils les soupçonnaient
de toutes sortes d’arrière-pensées impérialistes. C’est la raison pour laquelle toute tentative d’appuyer des projets échouait.
Mais finalement une enseignante d’Anglais, envoyée par l’Institut Verbiest, est
partie pour enseigner l’Anglais à l’Université Hetao. Pourtant, nous constatons
que le passé des missions en Chine continue à peser sur les essais de collaboration jusqu’aujourd’hui.
Sessions de formation pour infirmières
En 1991, l’Institut Verbiest a organisé, à partir de Taipei, un voyage de prospection à Sansshenggong (Mongolie intérieure) avec les Soeurs ICM Katrien
Claeys et Lena Bosmans, au nom de l’hôpital Tien (Taipei), et le Frère Didone Camilien, au nom de l’hôpital Sainte- Marie
de Luotong (Taiwan). Ce voyage a donné
naissance à la première session de formation d’infirmières en collaboration avec
l’hôpital local du peuple à Dengkou (Mongolie intérieure). A cette occasion une ambulance et pas mal d’instruments médicaux ont été remis à l’hôpital du peuple
de Dengkou. D’autres sessions de formation d’infirmières ont suivi, par exemple,
en 1994, une session de formation pour
les Soeurs de la Providence de Xinjiang
(Shaanxi), suivie d’une deuxième session
pour médecins et infirmières de l’hôpital
du peuple de Xinjiang. Ces deux sessions
ont été accompagnées d’une remise d’instruments médicaux pour la clinique ophtalmologique des Soeurs. En 1996, a lieu
une session de formation pour médecins
et infirmières de l’hôpital du peuple de
Danfeng (Shaanxi) en collaboration avec
le Bureau de la santé publique de cet endroit. Pendant cette période, on a consacré beaucoup d’énergie à la rédaction de
manuels de formation d’infirmières en langue chinoise, subsidiée par la Communauté flamande et exécutée par une équipe de Louvain sous la direction du Professeur Jean Delrue et de Madame Coveliers-Michiels, en collaboration avec Caritas de Hong Kong.
Médecine mentale
En 1991, l’Institut Verbiest a organisé
un deuxième voyage de prospection plus
ample. Les participants étaient le Supérieur provincial CICM Wim Bollen, le Frère Waldebert Devestel, à l’époque Supérieur général des Frères de la Charité et
le Frère René Stockman. A Beijing, Shanghai, Changzhou, Lanzhou et plusieurs
autres villes, des Centres pour handicapés ont été visités. On s’intéressait surtout à la médecine pour les maladies et les
appris beaucoup. Ce qui les avait surtout
impressionnés, c’est les soins personnels
donnés à chaque malade mental. Ils ont
ajouté que pour comprendre cela il fallait peut-être prendre connaissance de
l’Evangile.
En 1955, le Frère Stockman et Jérôme
Heyndrickx sont allés à Oulan Bator. C’est
là qu’a vu le jour le projet de médecine
mentale en Mongolie des Frères de la Charité en collaboration avec des Instituts
mongoliens.
Projet de fauteuils roulants et moyens auxiliaires pour handicapés
En 1992, Jacintha Chong, le Frère Bonzi (Pime) et la Soeur Chen ont visité un
certain nombre de Centres pour handicapés. En 1993, l’Institut Verbiest a mis à
b Ecole primaire
construite par
l’Institut Verbiest
à Maotuan
(Shaanxi)
handicapés mentaux. Ce voyage a révélé
une grande pénurie d’aide spécialisée dans
ce domaine. Pendant les deux années suivantes, des délégations de la Chine et de
la Mongolie (Oulan bator) ont été invitées à des Congrès internationaux (en 1992
et 1993) consacrés à la psychiatrie des handicapés mentaux, qui ont eu lieu à l’Institut Guislain à Gand. Le résultat était un
projet en vue d’une session de formation
de 3 semaines pour des psychiatres chinois. Cette session était prévue d’abord
pour les psychiatres du Centre de santé
mentale de Shanghai et de Changzhou.
Finalement, elle a eu lieu au printemps de
1994 dans le Centre de santé mentale de
la Mongolie intérieure, sous la direction
de Zhao Zhulin. 75 psychiatres de cette
région y ont participé. La session a été dirigée par le Frère Stockman et son équipe de Frères de la Charité, coordonnée et
traduite par Staf Vloeberghs. Entre 1995
et 1997, un groupe de 5 psychiatres de la
Mongolie intérieure est venu assister deux
fois à un mois d’étude dans les Instituts
des Frères de la Charité. Ils étaient accompagnés de Monsieur Li Shaobai, vicedirecteur du Bureau de la santé publique
de la Mongolie intérieure. A la fin de la
session, tous les participants ont dit avoir
exécution un projet de fauteuils roulants
fabriqués en Chine et destinés à plusieurs
Centres pour handicapés dans la province de Shaanxi: à Xi’an, Jingbian et Yulin.
En 1995, encore 100 fauteuils roulants ont
été envoyés de Chine à Oulan bator, avec
une cargaison de biens pour handicapés
en provenance de la Belgique (en passant
par le Luxembourg) comme appui pour la
nouvelle mission de Scheut en Mongolie.
résisté pendant un mois au siège par une
armée de Boxers. C’est surtout Monsieur
Thomas Yu qui a pris soin de ce projet en
collaboration avec le ’Boerenbond’ et avec
Joseph Loftus cm.
Entretemps, des Centres locaux ont assuré
la direction de ces projets
La bonne nouvelle, c’est qu’en Chine,
pendant les dix dernières années, des Associations de l’Eglise sont nées, capables
d’assumer l’organisation et l’administration de ces projets. Nous continuons donc
nos actions mais nous faisons tout par l’intermédiaire de ces associations. Il y a par
exemple le Centre pour le développement
Beifang Jinde à Hebei, le Centre de l’évêché de Xi’an et de Shenyang. Egalement, Misereor et d’autres Organisations
internationales sont impliquées par l’intermédiaire de ces Centres.
L’Institut Verbiest et les projets
de développement dans l’avenir
Bien que l’aide au développement n’était pas une priorité, l’Institut Verbiest a
pu réaliser pas mal de choses dans ce domaine. Dans l’avenir, nous continuerons
à le faire. Comme c’est le cas pour d’autres
activités, l’Institut Verbiest s’est limité à
la Chine. Nous nous sommes occupés surtout de 15 diocèses de la région où, dans
le passé, les Pères de Scheut ont été actifs: la Mongolie intérieure, Liaoning, Ningxia, Gansu, Datong et encore 15 autres
diocèses voisins (Heilongjiang, Hebei,
Shanxi, Shaanxi). Il s’agit donc au total de
30 diocèses.
En outre, l’Institut Verbiest veut donner une priorité à des projets comme:
Service de santé: ouvrir de petits centres de santé et des cliniques, assurer la
formation du personnel destiné à ces centres et offrir les installations indispensables.
Médecine mentale: formation du personnel pour les malades psychiatriques et
les handicapés mentaux.
En 2000, du matériel électronique spécialisé pour l’enseignement des langues
aux handicapés a été offert à une école de
handicapés à Wu Wei (Province de Gansu).
Distribution d’eau: construction de
puits d’eau, de conduites d’eau et de châteaux d’eau afin de mettre à la disposition de la population de l’eau potable et
de combattre l’empoisonnement au fluor.
Projets d’agriculture
En 1993, Staf Vloeberghs a guidé une
équipe de prospection, regroupant des représentants de Caritas et d’’Ieder voor Allen’ (Chacun pour tous) et voyageant à
Oulan bator dans le nord de la province
de Shaanxi. C’était le début du projet de
plantations de maïs et d’élevage de porcs
par 24 familles dans le village catholique
de Xiaoqiaoban (appelé ″Petite Bruges″
par les Pères de Scheut), une mission où
les Pères de Scheut étaient déjà actifs depuis 1974 et où, en 1900, Mgr.Bermyn a
Recueil d’eau: introduire un système
simple pour recueillir l’eau pluviale pour
l’usage quotidien et également recueil des
eaux usées destinées aux toilettes hygiéniques.
Education: fondation ou amélioration
de petites écoles et ouverture d’écoles maternelles dans les villages reculés.
(Luo Youmei, Taipei)
21
L’INSTITUT VERBIEST ET L’IMPRIMERIE CATHOLIQUE DE SHANGHAI
L’Institut Verbiest était aussi impliqué
directement dans la nouvelle fondation de
l’Imprimerie catholique de l’archidiocèse
de Shanghai.
Au début des années quatre-vingt, Mgr
Aloyisius Jin Luxian a visité l’Allemagne,
la Belgique, les Pays-Pas et la France. Il
parle couramment l’Allemand, le Français et l’Anglais et a rencontré beaucoup
de sympathie. Il a reçu aussi une aide financière considérable pour la reconstruction de son diocèse. En 1988, un grand
projet est né en Allemagne pour soutenir
le diocèse chinois de Shanghai par la fondation d’une Imprimerie catholique. En
fait, cela signifiait la nouvelle fondation
de l’ancienne Imprimerie catholique
Tousewe de Shanghai. Mais on ne trouvait pas opportun d’employer cet ancien
nom. Les évêques allemands étaient en
principe d’accord pour soutenir ce projet. Des agences d’aide catholiques en
Allemagne, Suisse et Pays-Bas assureraient l’achat et l’expédition des machines fabriquées en Allemagne et aux PaysBas. Mais tout le monde n’était pas
d’accord avec ce projet. Rome recevait
des plaintes surtout de la part de chrétiens souterrains en Chine et de leurs sympathisants en Europe. Donner une imprimerie à l’Eglise ″ouverte″ (officielle) signifiait, selon eux, un cadeau à l’Association
Patriotique. Sur les instances de Rome, on
a arrêté dès lors en Allemagne les pourparlers autour de ce projet.
Au courant de cette même année, Mgr
Aloysius Jin a visité une nouvelle fois la
Belgique, la France et la Suisse. Avec les
agences d’aide qui soutenaient le projet,
il a demandé à l’Institut Verbiest
K.U.Leuven de bien vouloir intervenir
comme médiateur dans ce différend afin
de remettre en route ce projet. L’Institut
Verbiest a accepté l’invitation et a pris les
initiatives suivantes. Encore en 1988, s’est
tenu à Aix-la-Chapelle un colloque sur la
situation de l’Eglise en Chine, avec des re-
nistes -, dans son langage ouvert et franc,
présentants des agences d’aide. Jusqu’à ce
Mgr Jin Luxian a dit littéralement: ″...et
jour, plusieurs d’entre eux n’avaient reçu
il y en a qui disent que cette imprimerie est
que peu d’informations à ce sujet. Nous
dans les mains d’organisations non-cathoavons surtout pris des contacts personliques. Soyons très clair: ceci est l’Imprimerie
nels avec le Cardinal Gong Pingmei qui
Catholique du Diocèse de Shanghai, tenue
résidait aux Etats-Unis et qui était consipar l’évêque de Shanghai et sous sa propre
déré généralement comme le guide spiridirection. Cette imrimerie produira des livres
tuel de l’Eglise souterraine. A ce momentlà, il était encore l’évêque
de Shanghai reconnu par
Rome. Après cet entretien, nous avons pris contact avec Rome. Alors, la
réalisation de ce projet a
été remise en route. Le
projet initial, assez étendu,
a été réduit un peu. Nous
avons insisté pour que des
techniciens Chinois et pas
Européens, suivent ce projet. Caritas Hong Kong a
accepté d’envoyer à Shanghai des techniciens pour installer les machines.
L’incident de Tienanmen (4 juin 1989) a arrêté
m P. Michel Decraene, Général de Scheut, visite la Presse
tout ce projet et a ralenti
Catholique à Shanghai (1990)
l’expédition des machines
à partir de l’Allemagne. Fin
1989, le projet a été remis
et des documents pour tous les Catholiques
en route une nouvelle fois. Les machines
de Chine sans exceptions.″ Par ces paroles,
sont bien arrivées à Shanghai. Des techil voulait dire naturellement: ″...tous les Caniciens locaux ont été envoyés entretemps
tholiques, souterrains aussi bien
dans d’autres imprimeries à Shanghai pour
qu’officiels,..″ mais il ne pouvait pas le dire
apprendre à travailler avec ces machines,
en ces termes. Depuis cette date, des cenmais ce fut un échec. Ces apprentis ne poutaines de livres de catéchèse et de liturvaient pas toucher aux machines. Alors,
gie, mais surtout des Bibles, ont été impdes techniciens de Hong Kong sont verimés ici et édités par les Editions Kuannus pour donner la formation. En mai, sont
gqui du diocèse de Shanghai. Les comsortis de presse les premiers imprimés: le
munautés chrétiennes souterraines aussi
Calendrier catholique pour l’année 1990
bien qu’officielles font bien volontiers
et une série d’images de Saints. Le 30 ocusage de ces publications.
tobre 1990 a eu lieu l’ouverture officielle
de cette imprimerie à Qibao, village ca(J. Heyndrickx)
tholique situé à une dizaine de kilomètres de Shanghai. En présence de toutes
les Autorités - ecclésiastiques et commu-
25 ANS DE RECHERCHE DE DIALOGUE AVEC LA CHINE
Comment l’Institut Verbiest K.U.Leuven s’est formé et s’est développé en un centre pour la
recherche et le dialogue
Pour relancer pleinement le
dialogue avec la Chine il faut
plus que 25 ans.
Surtout après la révolution
culturelle (1965-1975), la révolte
des Boxeurs (1900) et la guerre
de l’opium (1842).
...mais nous sommes nés pour la Mongolie, pas pour notre pays natal! Ainsi chantaient déjà les vieux Scheutistes dans les
années 1800. Nous le chantions encore
22
dans les années 50. En 1900, les Boxeurs
ont déjà ravagé une fois toutes les missions de Scheut dans la Chine du Nord. Ils
ont assassiné des milliers de chrétiens ainsi que 9 Scheutistes. Même quand, en 1949,
Mao Zedong a banni de la Chine 250
Scheutistes - plusieurs après des années
de prison et de torture -, leur slogan est
resté: Scheut ne lâche pas la Chine!. Entre 1955 et 1980, Dries Van Coillie, Carlo
van Melckebeke et d’autres Scheutistes
ont fait ″China watching″. Ils ont suivi spécialement les nouvelles de la Chine et sont
restés aux aguets pour voir s’il ne se pré-
sentait pas une occasion favorable pour
renouer les relations avec la Chine. Depuis 1957, moi-même j’appartiens à la génération plus jeune des ″Scheutistes-chinois″ qui n’ont pas travaillé sur la Chine
continentale, mais qui ont seulement
connu Taiwan. ’Seulement’... c’est la façon de parler des ’vieux chinois’. Plusieurs
représentants de notre génération nourrissaient pourtant encore le rêve de pouvoir retourner dans la vielle Chine. Surtout depuis les années 70, j’avais beaucoup de réunions avec les vieux Scheutistes
- Paul Coucke, François Legrand, Bert
Geusens, Jan Joos, Dries Van Coillie, Carlo van Melckebeke - au cours desquelles
on sentait grandir l’espoir d’un retour
éventuel en Chine. Pourtant, à ce momentlà, ce n’était pas du tout évident! Je me
rendais bien compte que, si jamais notre
rêve se réalisait, on aurait à construire de
toutes nouvelles relations.
Déjà en octobre 1980, pas longtemps
après l’arrivée au pouvoir de Ding Xiaoping, le généralat de Scheut à Rome, en
collaboration avec la Province chinoise, a
organisé à Hong Kong une réunion de
vieux et jeunes Scheutistes, afin de débattre des chances de Scheut de prendre une
nouvelle initiative en Chine. Ils avaient de
l’espoir. Leur suggestion au Chapitre général de mai 1981 a été claire: l’évolution
en Chine est positive. Scheut doit faire quelque chose!. Le Chapitre a confirmé cela
et, en février 1982, la Province chinoise a
nommé Jeroom Heyndrickx pour développer un plan.
En ce temps-là, la Chine était encore
très ″communiste″. La révolution culturelle était à peine passée. C’était encore
loin d’être opportun de parler ″de la coopération avec l’Eglise en Chine″. De
même, il était imprudent d’aller en Chine au nom de Scheut, car les missionnaires étrangers étaient considérés par les
autorités chinoises comme des ’impérialistes’. Pourtant, nous n’avions pas l’intention d’entrer secrètement en Chine. Nous
souhaitions chercher ouvertement un nouveau chemin de coopération: un chemin
acceptable pour la Chine et plein de sens
pour des missionnaires d’après le Concile Vatican II. Déjà en 1981 a commencé
en tâtonnant la recherche de ce chemin.
Aujourd’hui en 2007 - après vingt-cinq ans
-, nous avons délà parcouru un bon bout
de chemin. D’autres articles dans ce numéro confirment que nous avons déjà
beaucoup collaboré concrètement avec la
Chine sur une base toute nouvelle. Mais
en vérité nous sommes encore à la recherche de cette ″nouvelle relation″. Cette recherche durera encore des années parce
que nous essayons de dépasser les préjugés qui ont grandi aussi bien chez les chinois que chez nous depuis que le communisme est au pouvoir. Aussi, les malentendus surgis suite à la révolte des Boxeurs
(1900) et après la guerre de l’opium (1842)
et même ceux de la lutte des rites (17e18e le siècle) ont causé en Chine des plaies
profondes. Celles-ci doivent encore guérir, et cela demande du temps. Nous n’y
sommes pas encore. Le malentendu entre la Chine et l’Occident est plus profond
que celui entre l’Allemagne et la France
après la 2e guerre mondiale. Nous devons
donc rechercher une base très large pour
pouvoir nous retrouver. Le Premier ministre Zhou Enlai a appelé cela: ″Qiutong Cunyi″ c.à.d. rechercher une base
commune tout en reconnaissant mutuellement les points de désacccord. To seek
the common ground. Vingt-cinq ans n’est
pas assez pour cela!
diants chinois en Europe, en Amérique et
au Canada, au cours des mois de juillet à
octobre 1981. A ce moment-là, et cela depuis les années 70, j’étais déjà très intéressé par les conférences sur la Chine, qui
se tenaient un peu partout. Des amis chinois que j’y ai rencontrés, me donnaient
ce bon conseil: ″Avec une Université comme base et un programme de recherche,
une initiative pour le dialogue avec la Chine communiste pourrait avoir la meilleure chance″. En novembre 1981, j’ai eu une
conversation positive, au K.U.Leuven, avec
le professeur Mark Debrock du bureau du
conseil académique. Le plan du ″FondationVerbiest K.U.Leuven″ a peu à peu pris
forme dans les notes que j’ai prises à cette occasion.1
m Mgr Carlo Van Melckebeke cicm expulsé de la Chine (1952)
Le conseil de deux amis chinois
a confirmé notre choix
Qu’en est-il avec l’homme en Chine?
La question du Prof. Zhao Fu San en 1981
Après le consentement du Chapitre de
Scheut pour la recherche de nouveaux
contacts, j’ai essayé de nouvelles routes
dans des contacts intensifs avec des étu-
m P. Dries Van Coillie cicm expulsé de la
Chine (1954)
Je n’oublierai jamais la conversation
que j’ai eue, en septembre 1981, avec le
professeur très connu Zhao Fusan. A ce
moment-là, il était Vice-directeur de l’Académie chinoise des Sciences Sociales. C’était une figure importante et très connue
à Beijing. Sans qu’il sache quoi que ce soit
des notes que j’avais en poche concernant
le démarrage d’un Institut Verbiest à Leuven, le professeur Zhao m’a appelé à l’écart au cours d’une conférence internationale à Montréal au Canada et m’a dit:
Vous pouvez réaliser une contribution importante de la Belgique à notre pays. La Chine se lance actuellement dans ″4 modernisations ″. Celles-ci concernent la technique,
l’économie et l’agriculture. Mais nous nous
posons la question: qu’en est-il en Chine de
l’homme? Qu’en est-il des valeurs et traditions spirituelles de notre culture? A partir
de l’Université de Leuven, vous pouvez nous
apporter beaucoup par des activités d’échange culturel et de recherches en sciences humaines. Ainsi, nous ne perdrons pas
de vue l’homme dans toute cette modernisation qui se produit en Chine. Je ne pouvais pas en croire mes oreilles. Ses paroles ont confirmé à 100% les notes que
j’avais en poche; celles-ci lui étaient pourtant inconnues. Ses paroles m’ont conforté
aussi à 100% pour continuer ma recherche dans la ligne indiquée.
Selon la nouvelle loi sur les a.s.b.l. (2003), ″une
fondation″ ne peut faire que financer des activités, mais pas les entreprendre elle-même. Pour
cela la Fondation a été obligée de changer son
nom en ″Institut Verbiest K.U.Leuven a.s.b.l.″.
En 2006, la Province chinoise de Scheut a cherché une organisation en Belgique qui la remplacerait pour financer l’Institut Verbiest. ″Financer″, cela est précisément la tâche ″d’une fondation″ selon la nouvelle loi. Pour cette raison, en
2006, la ″Fondation Verbiest″ a été créée comme
entité juridiquement reconnue. (Une ″fondation″, pas une a.s.b.l). Le cardinal Danneels en est
le président. La Fondation a maintenant comme
tâche de soutenir l’Institut Verbiest financièrement et de veiller à ce que ses activités soient dirigées vers la mission. Pour des raisons de facilité, nous parlerons désormais dans cet article de
l’″Institut Verbiest K.U.Leuven″, ou en abréviation I.V, malgré le fait que nous avons parlé de la
″Fondation Verbiest″ jusqu’en 2004.
1
23
m Prof. Zhao Fusan (Beijing) et J. Heyndrickx en visite chez le Premier Ministre
Martens (1985)
naires de nos pays ayant travaillé en Chine″. Il a cité expressément: Ferdinand Verbiest sj, François Noël sj, Philip Couplet
sj, François de Rougemont sj, J. Mullie
cicm, A. Mostaert cicm, L.Schram cicm et
d’autres. Les professeurs étaient étonnés
que, si peu après la Révolution Culturelle, un professeur chinois a osé à l’improviste promouvoir une telle étude à Louvain. Un professeur de Louvain lui a demandé s’il pouvait avoir la liste de tous ces
noms qu’il avait cités. Il entendait pour la
première fois la plupart de ces noms, ... et
cela d’un communiste de Beijing! Le professeur Ma a fait simplement son travail
en tant que président de la Commission
Chinoise pour les recherches historiques au
sujet des relations de la Chine avec d’autres
E
u tudiez le travail de vos missionnaires en
Chine: Prof. Ma Yong à Leuven (1982)
En avril 1982, le Recteur Piet De Somer a d’abord écouté de manière critique
ma proposition au sujet de la création de
l’″Institut Verbiest″. Mais quand il eut
écouté le projet entier et qu’il s’était assuré que nous ferions aussi de la recherche historique académique et pas seulement la recherche de voies de coopération avec l’Eglise en Chine, il a réagi positivement par ces mots: C’est un projet qui
promet! En juin 1982, j’ai invité à Leuven
mon bon ami Ma Yong, professeur d’études Altaïques à Beijing. Il a été reçu par
le Vice-recteur K. Tavernier et a clairement confirmé notre projet de créer l’ ″Institut Ferdinand Verbiest″ à la K.U.Leuven. Le professeur Ma Yong était un homme honnête, ″un athée non-militant″. Lors
de notre visite à Bokrijk, une dame limbourgeoise a été confrontée pour la première fois de sa vie ″à un véritable communiste chinois″. Elle lui disait honnêtement: ″Je ne comprends pas comment on
peut vivre sans Dieu″. Ma a souri gentiment et a répondu: ″Et moi, je ne comprends pas comment vous pouvez vivre
avec Dieu.″ C’était déjà un bon début de
notre dialogue interreligieux.
m Prof. Ma Yong (Beijing) reçu par le vice-Recteur K. Tavernier (1982)
Le professeur Ma a tenu une allocution à la Faculté des lettres et de philosophie devant les professeurs d’histoire et
de sinologie. Il a plaidé pour une étude
académique au sujet ″du travail remarquable des Pères jésuites, des Scheutistes, des Franciscains et d’autres mission-
pays. La coopération internationale dans
cette sorte de recherches avait été admise officiellement en Chine à ce momentlà. Promouvoir cela était simplement sa
tâche. De notre côté, nous voulions étudier les relations belgo-chinoises, mais avec
une attention spéciale pour le travail de
nos missionnaires. Mais cela, les Chinois
le savaient aussi. Cela ne voulait pas dire
qu’on devait le souligner expressément.
L’I.V. a été la réponse de la
K.U.Leuven et de Scheut quand
la Chine s’est ouverte
L’idée de coopérer avec la Chine s’est
donc traduite par l’érection à la K.U.Leuven de la Fondation Ferdinand Verbiest
(plus tard rebaptisée Institut). Sous ce nom
a commencé notre coopération avec la
Chine. Alors, nous avons clairement publié notre identité en Chine: Fondation
Verbiest, c.-à-d. K.U.Leuven en coopération avec Scheut.
m (de gauche à droite) Staf Vloeberghs, Recteur R. Dillemans et J. Heyndrickx à l’Assemblée générale de l’Institut (1992)
24
En avril 1982, le provincial Wim Bollen de la Province chinoise de Scheut et
son Conseil donnèrent leur accord. Dans
une réunion de juillet 1982, le Bureau du
Conseil académique de la K.U.Leuven lui
aussi a donné son accord. La date de cette réunion est considérée comme la date
officielle de l’érection de l’I.V. Les premières activités d’échanges culturels ont
déjà eu lieu peu après dans le Nord de
l’Italie. Le provincial Wim Bollen a introduit le projet de l’I.V. au cours d’une réunion CICM-Chine à Rome. Il a motivé le
sens de l’I.V sur base de documents CICM:
des Constitutions et des Chapitres. La réunion a approuvé le projet. Immédiatement après, le 19 mai 1983, les Scheutistes se sont réunis à Scheut. Là, on a décidé que, en ce qui concerne Scheut, l’a.s.b.l. I.V. deviendrait un projet interprovincial des Provinces de Chine et de la Belgique du Nord, en coopération avec
l’Université de Leuven.
Dans le Conseil d’administration de
l’a.s.b.l., la K.U.Leuven et Scheut seraient
représentés de façon paritaire. Le recteur
De Somer était le premier président. A
partir de 1985, Roger Dillemans lui a succédé. Avec lui sont venus K. Tavernier, M.
Debrock et, plus tard, aussi Jan Delrue et
Willy Vande Walle. Après, sont venus comme président le recteur A.Oosterlinck et
le recteur M. Vervenne. Du côté de Scheut,
il y avaient les provinciaux Jaak Janssens
et Wim Bollen et comme membres Daniel Verhelst, Patrick Taveirne et Jeroom
Heyndrickx. 2 Staf Vloeberghs a été secrétaire exécutif dès le début. On a été
d’accord: K.U.Leuven mettrait des locaux
à la disposition de l’ I.V. et CICM assurerait le budget annuel pour financer les salaires et les activités. Il a été demandé à
Scheut de créer pour cela un fonds afin
d’assurer l’avenir. Les archives montrent
que, déjà en août 1982, Ivo Stuyck, économe de la Province chinoise, a fait les
premiers pas pour la création d’un ″Fonds
Verbiest″. (En termes CICM, ce fonds a
été appelé ″ad extra″ dans la réunion provinciale de la Province chinoise de 1986).
Ce fonds devait supporter les activités de
l’I.V. À partir de ce moment-là, et cela juqu’aujoud’hui, l’ I.V. travaille avec les
moyens de ce Fonds Verbiest. Un rapport
du 24 janvier 1987 3 mentionne clairement que l’oeuvre entière de l’I.V.a été
considérée par la Province chinoise comme ’ad extra’. Ce rapport mentionne également clairement que Scheut n’avait pas
l’intention de conserver cette oeuvre pour
soi-même. La Province chinoise élaborerait l’I.V. selon les objectifs de ses deux
partenaires et, comme elle faisait avec
d’autres oeuvres à Taiwan et à Hongkong,
elle passerait tout à l’Eglise locale dès que
celle-ci serait capable de fonctionner indépendamment. Selon le même rapport,
Scheut a voulu mettre à la disposition de
l’I.V. personnel et finances pour atteindre ce but.
En ce qui concerne le personnel, au
début, Scheut a espéré un peu de pouvoir
encore s’appuyer sur la collaboration de
la vieille garde scheutiste. La correspondance et les rapports de ce temps mentionnent les propositions de faire appel,
ne fut-ce que occasionnellement ou ’ad
hoc’, à des confrères comme: Omer Degryze, Dries Van Coillie, Joseph Jennes,
Paul Serruys, Willem Grootaers, Frans
Uyttendaele, Raymond Renson, Albert
Raskin et autres. Mais, dès le début, il a
été clair que, pour la plupart d’entre eux,
De cette manière, une coopération rapide entre Scheut et la K.U.Leuven a déjà
commencé en 1982. Elle dure maintenant
depuis vingt-cinq ans. En 2007, cette coopération culmine en un transfert de l’I.V.
à l’Eglise locale de Belgique, transfert prévu déjà depuis 1982. Il s’est maintenant
développé en un Institut pour la recherche et le dialogue, qui a atteint sa maturité en définissant son but dans un programme de recherche académique et un
programme de formation de ministres
pour l’Eglise chinoise. Sur base de rapports et de pièces d’archives des vingtcinq années écoulées, nous décrivons ici
comment ces deux programmes se sont
développés peu à peu.
m L’équipe Verbiest en réunion avec le Gouvernement de la Province SM à Taipei
(1997)
une telle coopération n’était plus possible. Dès le démarrage de l’I.V. CICM a
clairement vu le but du projet. Mais le doute principal, qui a été répété annuellement à chaque réunion provinciale, était:
le manque de personnel propre de CICM.
Dans le rapport susmentionné, destiné aux
provinciaux des Provinces belges et chinoises, la considération suivante a été faite: ″Soyons réalistes. Si, à part J. Heyndrickx et P. Taveirne, un scheutiste était
disponible, il serait le bienvenu dans l’I.V.
S’il n’y en a pas, cherchons d’autres routes. Tôt ou tard, nous devrons quand même
faire cela étant donné que c’est notre intention de transférer plus tard cette oeuvre
à d’autres.″
Premières étapes:
les activités interculturelles
En 1982, après l’approbation par la
K.U.Leuven et par Scheut, j’ai déjà commencé par une visite à Beijing au nom de
l’I.V. récemment érigé. Aussi bien lors de
ma visite à l’Académie des sciences sociales que chez l’évêque (illégitimement
consacré) Michael Fu Tieshan, je me suis
présenté avec tout mon passé et j’ai introduit notre nouveau projet, tout en demandant leur coopération pour l’avenir. On a
écouté gentiment et on s’est montré intéressé.4
4
2
A partir de 1985, Staf Vloeberghs a été invité
à travailler comme Attaché culturel à l’ambassade belge à Beijing pour un terme de trois ans. Il
reviendra en 1985 en tant que secrétaire exécutif
de l’I.V. Sr. Liesbeth Hufkens ICM l’a remplacé
jusqu’à ce que, fin 1985, Jan Borgonjon, sinologue, ait été invité à remplacer Staf Vloeberghs.
Cfr. ″The Ferdinand Verbiest Foundation K.U.Leuven vzw″, document présenté par Jeroom
Heyndrickx cicm au Conseil provincial CICM de
Chine et celui de la Province CICM de Belgique
du Nord (NB), January 24, 1987, p. 10.
3
La coopération avec cette Académie a commencé en 1982 et continue encore. En août 2007,
l’ I.V. publie à Beijing, avec l’Académie des Sciences Sociales, un catalogue (600 p.) composé par
Mme Jin Yifeng, collaboratrice d’I.V., avec des références à plus de 10.000 articles au sujet de l’Eglise catholique, qui ont été publiés en Chine dans
les magazines et les journaux entre 1950 et 2005.
Un instrument important pour tous ceux qui veulent faire des recherches concernant cette période.
25
Programmes avec des étudiants chinois:
″Euro-encounters - Come and See″
Début des années 80, la grande nouvelle en Europe était que des étudiants
chinois de la République Démocratique
de Chine venaient étudier dans les Universités européennes; c’était vraiment peu
après la révolution culturelle. Ces étudiants ont regardé avec des grands yeux
ce qu’ils ont découvert en Europe. Il est
évident que, dans une première phase au
cours des années 1982-85, l’I.V. a entrepris l’organisation d’activités culturelles
pour accompagner ces étudiants durant
cette période. En 1982, nous avons participé à des activités avec des étudiants chinois dans le Nord de l’Italie. À partir de
1983, l’I.V. lui-même a pris à Leuven des
initiatives pour faire connaître notre pays
et l’Europe aux étudiants chinois par nos
programmes ″Euro-encounters - Come
and see″. Des missionnaires et des laïcs,
parlant le chinois, ont accompagné ces
groupes d’étudiants chinois lors des visi-
ouvert dans le Collège d’Arras un
foyer pour étudiants, où ils pouvaient venir lire des
journaux et des romans pendant les
week-ends ou le soir
pendant la semaine.
Ils pouvaient aussi y
regarder la TV et s’y
rencontrer.
Cercles Verbiest
locaux
Nous avons voulu aussi mettre personnellement en
contact avec la culm Willy Ollevier accompagne des étudiants chinois en voyage
ture chinoise les
en France (1988)
gens de notre pays.
Cela a pu être réalisé par la création de
comme passe-temps, apprendre à parler
Cercles Verbiest locaux dans les villages.
et à écrire. À un certain moment, les amis
Le plan de commencer cela à Pittem, le
chinois ont fait le massage des pieds au
village natal de F.
marché annuel local et des chinois, avec
Verbiest, n’a finades jeunes flamands, ont exécuté dans la
lement pas été
rue des danses folkloriques chinoises.
réalisé. A Beveren-Waas
au
A ce moment-là déjà, on a parlé de lancontraire, cela a
cer un ″Courrier Verbiest″. Par ce Courbien réussi. En
rier, on a voulu rendre publics les résulaoût 1985, y a eu
tats de notre recherche académique au
lieu, au château
sujet de la culture, de la philosophie ou de
Cortewalle, une
l’histoire. Entre autre, via ce Courrier, on
m Rencontre multiculturelle à Beveren-Waas: des jeunes chinois
et belges représentent la nouvelle chinoise ″Voyage à l’Ouest″ (1985)
tes en Belgique et en Europe: Patrick Taveirne cicm, Willy Ollevier cicm, Wim Bollen cicm, Harrie Stultiens cicm, François
Bomers cicm, Pierre Wavreille cicm, Staf
Vloeberghs et Liesbeth Hufkens icm. Nous
avons visité des musées et des cathédrales à Gand, à Bruges, à Anvers; aussi Bokrijk, le pays de Waas, etc. Plus tard, on
s’est dirigé vers le Luxembourg, la France, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Il
était dans notre intention de les mettre en
contact plus personnel avec notre culture européenne par la participation à des
programmes concernant l’art, la musique,
la visite de bâtiments historiques, d’églises et de cathédrales. Les accompagnateurs ont répondu aux nombreuses questions des étudiants demandant des informations. Nous sommes allés, même deux
fois, à Rome où le pape Jean Paul II fut
très accueillant pour recevoir des étudiants chinois, même non-catholiques. Les
étudiants ont payé eux-mêmes leur voyage. La participation à une visite chez le
Pape a été totalement libre et n’a pas fait
partie du programme. Plus tard, l’I.V. a
26
semaine chinoise
fort fréquentée avec
exposition au sujet
du ’macramé’, de
l’art populaire chinois, du salon de
thé, des jeux populaires, de la danse
chinoise du lion, de
la parade costumée,
du massage des
pieds, etc. Au cours
de ces années, dans
la salle ″’t Poortje″,
on avait régulièrement des activités
pour présenter en
Belgique l’art chinois: une soirée musicale avec le soprano Ch’en Qilian, une
exposition de peinture, des leçons pour
apprendre à faire le
macramé chinois,
apprendre le chinois
m Semaine chinoise à Beveren-Waas: des enfants belges vêtus
à la chinoise
m Prof. J. Van der Veken modère la session du Prof. Zhao Fusan (Beijing) dans ’Vlaamse Leergangen’, Louvain, Octobre 1985
voulait aussi encourager des jeunes historiens à entreprendre des études au sujet des réalisations en Chine par des missionnaires de leur village. En réalité, des
études pareilles ont été faites. Quelques
monographies au sujet de Scheutistes du
Limbourg et de la Flandre occidentale ont
été publiées. On a même pensé au lancement d’une Association de membres de
l’I.V.
Au fur et à mesure que plus tard l’ I.V.
a été progressivement impliqué dans la
recherche et dans des programmes de coopération en Chine même, il n’était plus
possible de développer davantage la division d’activités culturelles par manque de
personnel. C’est regrettable, car,
aujourd’hui encore, il reste plein de sens
que les Chinois améliorent leur connaissance de notre culture et vice-versa: échange culturel par le contact personnel entre
les gens. De la part de la Chine aussi, l’
I.V. a reçu des réactions très positives au
sujet de ces activités. Ce programme a été
une réponse directe à la réflexion du Prof.
Zhao Fu San qui en 1981 me disait: Pendant que notre pays accentue uniquement
la science et la technologie, montrez à nos
étudiants votre culture européenne avec ses
traditions, ses valeurs humaines et ses valeurs spirituelles!
Le développement du programme
pour la recherche
Sur le plan académique, les années 1982
à 1985 ont été un temps de recherche. Le
recteur De Somer, notre président, intervenait peu directement dans la planification. Il exprimait par contre clairement
son opinion que nous devions tenir ″sur
nos propres jambes″ et que nous ne devions pas aller chercher l’appui d’un autre
Institut. Le Bureau du Conseil n’a pas osé
voir l’affaire si grand, surtout pour des
considérations d’ordre financier. C’était
sûr que nous ferions de la promotion pour
la recherche historique. Mais est-ce pour
cela que nous devions rejoindre la sinologie et collaborer avec elle? Cela semblait bien indiqué. Est-ce que la recherche sur le plan de la philosophie comparative était possible aussi? Ou de la littérature? Notre Institut trouverait-il quelque part son propre pied-à-terre à Leuven? Erigerait-il sa propre bibliothèque
avec les oeuvres nécessaires chinoises et
mongoles? Les archives de l’I.V. des premières années 80 contiennent des documents et des rapports au sujet d’un grand
nombre d’initiatives qui cherchaient une
réponse à ces questions dans l’érection de
nombreux groupes de travail qui, pour le
Bureau du Conseil, ont été des pistes pour
explorer notre avenir.
Le groupe d’étude de l’I.V. ’Dialogue Interculturel’ a invité à Leuven des étudiants chinois
Le groupe d’étude de l’I.V.au sujet du
″dialogue interculturel″ a été dirigé par le
Prof. Jan van der Veken. Ce groupe s’est
déjà réuni en octobre 1984 dans l’Institut
pour la Philosophie concernant le sujet
″dialogue interculturel″. Les participants
ont étaient: U. Libbrecht, O. Degryze cicm,
J. Spae cicm, N. Standaert, étudiant en sinologie à Leiden, P. Taveirne cicm, étudiant en sinologie à Leiden. Nicolas Standaert y a donné une conférence sur ″Interculturation et Mission en Chine au
cours du XVIIe siècle″. Un groupe de travail avec Xun Dachuan (Taïwan), étudiant
en philosophie, a entrepris une étude
concernant le bien et le mal dans la philosophie chinoise et occidentale.
En 1985, dans le bâtiment des Vlaamse Leergangen, le Prof. Zhao Fusan est
venu donner une conférence très appréciée au sujet des caractéristiques spéciales
de la religion dans l’histoire de la Chine.
Plus tôt dans la même année, le Prof. Zhao
a défendu ouvertement à Beijing le point
de vue osé que la religion ne peut pas être
considérée comme l’opium du peuple. Ce
point de vue a exprimé une toute nouvelle vision sur la religion de la part de la République Populaire. Depuis ce moment
cette vision a été acceptée officiellement
à Beijing..
En 1987, Mgr. Paul Cheng, évêque de
Tainan (Taïwan) est venu parler sur le
Confucianisme et la Foi Chrétienne. Cette
même année, Mgr. Aloysius Jin Luxian,
évêque de Shanghai, a parlé concernant
l’Eglise Catholique dans la République Populaire Chinoise. C’était une primeur qu’un
évêque chinois catholique ait osé aborder un sujet tellement sensible tant pour
Beijing que pour Rome. A ce moment-là,
Mgr. Jin a écrit beaucoup plus dans son
texte que ce qu’il a osé dire réellement.
Heureusement, les déclarations qui ont
été préparées pour le journal télévisé n’ont
pas été diffusées entièrement par Jan Because. Rome et beaucoup de ″watchers de
Chine″ regardaient encore à ce momentlà avec scepticisme l’évêque chinois Aloysius Jin Luxian, alors encore illégitime.
Aussi, le gouvernement de Beijing l’a suivi de près. Mais Mgr. Aloysius, maintenant âgé de 92 ans, a été tellement éloquent, comme il l’est encore aujourd’hui,
que aussi bien Rome que Beijing pensent
qu’Aloysius Jin se situe dans leur camp.
La Chaire Verbiest
Déjà à partir des premières années,
l’I.V. a pensé pouvoir démarrer avec une
Chaire Verbiest et cela avec le plein appui du recteur De Somer, de Spinnoy et
plus tard de Van Gorp, tous deux Doyens
de la Faculté de philosophie et de lettres.
Pour cela, une première demander écrite
date du 14 septembre 1984. Il s’agissait
d’une proposition d’inviter annuellement
un ou plusieurs professeurs de Taïwan ou
de la Chine pour donner à la Chaire Verbiest des conférences sur la philosophie
et/ou la littérature chinoise. Deux philosophes chinois, de ce temps-là encore jeunes mais maintenant très connus, Vincent
Chen Ch’ing-Song, alors à l’Université
Chengchih à Taipei, et Fu Pei Jung, Taïwan
University, sont venus donner une série
de leçons respectivement au sujet du taoïsme et du Confucianisme.
En 1985, le Prof. Zhao Fusan a proposé de commencer à la K.U.Leuven un
programme ’European Studies’ et également une Chaire de ’Culture Européenne’ (philosophie, histoire, littérature) dans
une Université chinoise. 5 Sur proposition
du Prof. Zhao, l’I.V. a invité en 1985 le
Prof. Fu Le-an, de l’Académie des sciences sociales, en tant qu’invité de recherche. En 1990, celui-ci a publié à Beijing,
comme fruit de ses recherches à Leuven,
5
Cette Chaire ’Culture Européenne’ n’est jamais venue. En revanche, l’I.V.a invité en 1991 le
Prof. E. Janssens, de la Faculté de philosophie et
lettres, à aller donner une série de conférences
sur la littérature comparative à la North-West University à Xi-an..
27
est maintenant très avancée. On propose
que cette Chaire prenne son départ dans
l’année académique 2008-2009.
m Mgr Paul Cheng (Tainan-Taiwan) donne une conférence sur le confucianisme
(1986)
le premier livre jamais paru dans la République Populaire au sujet de Thomas
d’Aquin. Le Prof. Zhao Fusan a pensé loin
à ce moment-là. Il a proposé que nous explorions avec le Prof. Fu la possibilité d’inviter à Beijing des professeurs de Leuven
pour y enseigner la philosophie scolastique. Il a cherché un texte complet de la
Summa Theologica de St. Thomas et il a
parlé d’un projet de le traduire en chinois.
Il est vrai que tout cela faisait partie de
l’euphorie qu’on a connue chez les intellectuels chinois après la fin de la révolution culturelle. Ils ont soudainement pu
respirer plus librement et ils ont eu beaucoup de rêves académiques. Ces rêves ont
parfois eu des proportions véritablement
chinoises. Ainsi un certain jour, un directeur d’éditions importantes m’a demandé
si je connaissais ’la série Migne’. Il en avait
entendu parler et il a pensé la copier pour
l’éditer en Chine. Quand je lui ai décrit
l’importance de cette série Migne, il a légèrement froncé les sourcils. Vraisemblablement, il a alors abandonné cette idée.
Dans les années 80, on a même envisagé la possibilité d’aller enseigner la théologie de Vatican II à l’Académie des sciences sociales. D’ailleurs, c’est dans ce
contexte qu’en 1984 déjà, l’I.V. a présenté
une bourse d’étude à Zhang Jia-pin, une
dame chinoise francophone de l’Institute
for the study of world religions, pour venir
étudier la théologie à Louvain-la-Neuve.
Elle y a obtenu un diplôme de licence. Le
Prof. Zhoa a bien été la personne appropriée pour promouvoir tout cela. Il ne parle pas seulement un beau chinois et un anglais parfait, mais il maîtrise en outre tout
le domaine de la philosophie, de l’histoire et de l’art, aussi bien chinois qu’européens. Toutefois, la secousse de l’incident
Tiananmen (4 juin 1989) a réveillé les intellectuels chinois qui rêvaient. Le Prof.
Zhao Fusan a été l’autorité chinoise la plus
élevée qui a quitté Beijing après l’événement de Tiananmen.
28
En 1986, il a correspondu aussi avec
CICM au Japon au sujet d’une invitation
à Jan Van Bragt cicm pour venir enseigner à la Chaire Verbiest sur le bouddhisme, le shintoisme, les philosophies orientales et la spiritualité. Beaucoup plus tard,
Jan Van Bragt est venu en effet. En collaboration avec la Faculté de théologie et au
nom de la Chaire Verbiest, il a donné des
conférences sur le dialogue interreligieux.
Apparemment, à ce moment-là, le temps
pour cette Chaire Verbiest n’était pas encore venu à Louvain. Après 1992, la Chaire a disparu du programme de la K.U.
Leuven.
La même initiative de 1985 est reprise
aujourd’hui. En collaboration avec la Faculté de théologie, la préparation pour relancer la Chaire Verbiest de l’I.V. au sujet de la religion dans la société chinoise
La coopération avec la Sinologie
En 1983, le Prof. U. Libbrecht (sinologie) lançait le Projet Verbiest dans le
but d’étudier tous les travaux de Ferdinand Verbiest, de les traduire et de les
éditer. Parce que, dès le début, l’Institut
voulait collaborer avec Sinologie, il fut décidé de soutenir le Projet Verbiest. Des
rapports financiers des archives I.V. (Institut Verbiest) de ce temps montrent que,
durant les années 1983-85, le V.I dépensait la plus grande partie de son budget à
des contributions au développement du
centre documentaire du Projet Verbiest:
achat de livres et de microfilms, copie de
documents au sujet de Verbiest, etc. Le 15
septembre 1984 fut proposé la création
d’un ″Groupe de Travail Bibliothèque Sinologie″, avec la participation de professeurs de Sinologie et de la bibliothèque de
Philosophie et Lettres. L’intention était
de planifier l’achat de livres pour la bibliothèque Sinologie, car, dans ces annéeslà, le budget de Sinologie était extrêmement limité. Un appui spécial de l’Institut Verbiest était donc nécessaire. Le
Groupe de Travail n’a jamais vu le jour.
Pourtant, l’I.V. a contribué cette année-là pour 200.000 frb à l’achat de livres
pour la bibliothèque Sinologie.
Le Groupe d’Etudes d’Histoire
De l’éventail des activités mentionnées
ci-dessus, il est clair que l’I.V. a examiné
au cours des premières années si, en plus
de l’histoire, il pouvait aussi ëtre actif sur
le plan de la philosophie, la littérature,
etc. Assez rapidement, il fut clair que ceci
n’était pas réaliste. La recherche au sujet
de l’histoire de l’Eglise en Chine deviendrait un terrain propre de l’I.V. Ceci se
m Prof. U.Libbrecht, Staf Vloeberghs et J. Heyndrickx au Symposium sur F. Verbiest
(1988)
trouvait déjà mentionné dans les premières notes au sujet de l’I.V. avec la mention explicite que l’I.V. réaliserait l’étude
en étroite coopération entre les Chinois
et les Occidentaux, aussi bien qu’entre catholiques et non-catholiques, parce qu’il
était clair que chacun d’eux représentait
des avis différents.
Avec cet arrière-plan, j’allais en 1982,
lors de ma première visite formelle à Beijing, rencontrer la directiion de l’Academy of Social Sciences. Je m’y suis présenté
ouvertement - en tant que Scheutiste comme missionnaire de Taiwan et même,
depuis sept ans de séjour à Rome, comme Vicaire général de Scheut. Cette présentation était en fait un ensemble de mauvais points auprès des autorités chinoises. Mais la raison pour laquelle je leur
rendais visite était bien pour demander,
au nom de l’I.V., leur collaboration pour
notre étude au sujet ″des relations Belgique-Chine″. Cela été admis officiellement
en ce temps-là. Il suffisait que tout le monde comprenne que cette étude viserait surtout les missionnaires belges, mais cela ne
devait pas être dit explicitement.
L’I.V., avec ses contacts à l’intérieur de
la Chine, a été aussi un partenaire utile
lors du démarrage de l’étude par C. Dujardin au Kadoc au sujet de l’histoire de
l’OFM flamand à Yichang (Hubei, Chine).
L’I.V. a lancé à ce moment-là un Groupe de Travail d’Histoire avec Prof. E. Stols,
Prof. D. Verhelst et Prof. J. Roegiers et
Marcel Van Nieuwenborgh. Le but était
que ce groupe fonctionne étroitement avec
la Commission d’Histoire de CICM. À partir de 1986, l’étudiant en sinologie Patrick
Taveirne a décidé de faire sa thèse de doctorat sur l’histoire de Scheut dans la Chine du Nord.
À ce moment, les projets BTK et TCT,
financés par le gouvernement, nous ont
donnés l’occasion de lancer concrètement
notre étude d’histoire. En 1985, un projet BTK a été mis en marche pour une
étude au sujet de Philip Couplet: son livre ″Confucius Sinarum Philosophus″, la
traduction de ses lettres, etc. Cela grandira en 1986 jusqu’à la première activité
importante de l’Institut China-Europa
ayant comme chercheurs Jan Borgonjon,
Paul Demaerel, Peter Gordts et la secrétaire Katrien le Feyter. Le Prof. Lin Jinshui (Fuzhou University) a été invité par
la Fondation comme ″chercheur invité″.
Ceci culminerait dans l’organisation de
notre premier Symposium international
au sujet de Philip Couplet, l’homme qui a
intéressé l’Europe à la Chine; il se déroulerait les 11-13 septembre 1986. L’I.V. organisera au total huit Symposiums internationaux au cours des vingt années suivantes (cfr l’article de Dr. Noël Golvers à
ce sujet dans ce numéro). En 1986, on pensait déjà à une étude au sujet d’Antoine
Mostaert cicm.
Scheut-Memorial-Library
Jos Mullie cicm a offert déjà en 1970
sa remarquable bibliothèque de livres chi-
nois à la K.U.Leuven. Ceux-ci ont trouvé
leur place dans la bibliothèque sinologique seulement en 1978, lors du démarrage du département de sinologie. De précieux documents mongols de la collection
d’Antoine Mostaert et du scheutiste Rafael Verbois ont aussi été transmis dans
les années soixante-dix à la bibliothèque
centrale de la KUL.
Dès que les premiers plans pour l’ Institut Verbiest ont été dressés, il a été évident qu’on devait essayer d’empêcher que
les bibliothèques personnelles importantes de chercheurs Scheutistes individuels,
aussi bien que les bibliothèques chinoises des maisons d’étude de Scheut soient
perdues. Pour cette raison, déjà à partir
1981-82, ont été recherchés des contacts
personnels avec les plus vieux professeurs
de Scheut: Heny Serruys, Paul Serruys,
chercheurs. Cette nouvelle motivait encore d’autres pour joindre aussi leurs livres à ce Memorial Library, comme CICM
Sparrendaal, Prof. Van Loon (Mongolist,
Nimègues), des Lazaristes néerlandais, le
Foyer Chinois (SAM, Bruxelles), et, last
not least, le Prof. Igor de Rachewiltz dont
la bibliothèque entière Chine-Mongolie
est maintenant en route de l’Australie
comme un don à Scheut-Memorial-Library. Avec cette bibliothèque, vient aussi de
l’Australie la collection Dongan, petite
mais exceptionnelle, du Mme Svetlana
Rimsky Korsakov, une étudiante de Henri Serruys, qui a fait la recherche durant
plusieures années au sujet des Dongan,
tribu des Mongols dans le nord-ouest de
la Chine et rassemblait une collection unique de livres et curiosae sur ce sujet. Ainsi, le SMLibrary s’est développé jusqu’à
une bibliothèque exceptionnelle.
m Ouverture de l’Institut Chine-Europe (1986)
Willem Grootaers, Jozef Jennes, Dries Van
Coillie, Jozef Spae e.a.. Chacun d’eux a
réagi très positivement à la nouvelle que
Scheut prenait cette initiative pour l’Institut Verbiest, mais aussi avec le regret
que, vu leur vieillesse, ils ne pouvaient plus
coopérer activement. Ils étaient très disposés à transmettre leurs livres.
Ainsi Scheut-Memorial-Library (SML)
a pris naissance, d’abord un certain temps
à Taïwan, au moment où Paul Serruys sur l’invitation de l’Academia Sinica - s’y
est occupé d’une traduction officielle de
vieux textes d’oracles chinois. En 1989, ce
SMLibrary a été envoyé vers la maison de
Scheut à Kessel-Lo. Y ont été réunis les
livres d’Antoine Mostaert, Louis Schram,
Henri et Paul Serruys, Jozef Spae, Dries
Van Coillie, Jozef Spae et partiellement
ceux de Karel de Jaegher. Les livres ont
été introduits dans le système Dobis-Libis (maintenant Aleph) de l’Université et
y sont à la disposition des étudiants et des
Nous espérons que ce SMLibrary dans
un proche avenir trouvera un nouveau lieu
d’installation. Même si dans l’avenir il n’y
aura plus de missionnaires scheutistes dans
nos régions, alors leurs traces doivent rester pourtant présentes dans notre histoire. La réunion de leurs bibliothèques et
archives met ce matériel à la disposition
des chercheurs de chez nous, de la Chine
et de la Mongolie. SMLibrary est une référence qui continuera à servir à la recherche scientifique et à l’étude des réalisations missionnaires des 697 Scheutistes,
des Lazaristes et d’autres missionnaires
de nos régions entre 1865 et 1954 en Chine et en Mongolie Intérieure.
Institut Chine-Europe
Déjà à partir du début 1985, on a parlé
à la K.U.Leuven de la fondation ″d’un Modern China Institute″. C’était dans le but
de nouer des relations avec la Chine à partir des entreprises industrielles et com29
merciales. En juillet 1985, ceci a été débattu par K.Tavernier, Recteur en fonction, Mr. Bob Stouthuyzen du VEV et de
Janssens Pharmaceutica. Cette première
proposition n’a pas été suivie d’un démarrage. Fin 1985 et début 1986, est arrivé un
nouveau projet concret. Il s’appellerait
″Chine-Europe-Institut″ (CEI) et favoriserait l’échange culturel et scientifique avec
la Chine. L’ Institut Verbiest a été invité
à inclure ses propres activités dans cet Institut, à en prendre la direction et à y collaborer avec les entreprises importantes
de l’industrie et du monde des affaires belges. Le CEI et l’Institut Verbiest restaient
deux entités juridiques séparées: l’I.V. restait une a.s.b.l., le CEI ferait partie de la
K.U.Leuven. Quand une subvention importante avait été mise à la disposition de
la fondation du CEI, la discussion concrète de ce projet connaissait une accélération. Une série de réunions a eu lieu en
1986, les 21 et à 25 mars, les 17, 21 et 23
avril et le16 août. Le CEI fut déjà ouvert
officiellement le 9 septembre 1986 en présence du Premier ministre Martens, des
ministres Tindemans, Gaston et Mark Eyskens, Kelchtermans, du Président Gaston
Geens, encore d’autres membres du gouvernement, de l’ambassadeur Liu Shan et
beaucoup de haut-dignitaires.chinois. Sur
la cour intérieure du Collège d’Arras, le
Premier ministre Martens et l’ambassadeur Liu Shan ont planté un arbre d’amitié Belgo-Chinoise: un pin d’Himalaya.
Un Professeur louvaniste m’a dit à ce
moment-là: il est de votre tâche de faire
″parcourrir à ce nouvel Institut quelques
tours de piste pour le faire parvenir à sa
vitesse de coisière″ afin qu’il soit lancé.
C’est en fait le rôle historique que l’Institut Verbiest a joué vis-à-vis du CEI. À
partir de 1989, l’a.s.b.l. Institut Verbiest a
repris sa propre voie avec son propre programme de recherche.
m Le Provincial de Scheut (Belgique) donne un calice à Mgr Michaël Fu (Beijing)
(Scheut 1985)
Quelques initiatives importantes de l’I.V.
Programme de Recherche et de Publications:
Dans des articles séparés plus de détails sont rapportés au sujet de la recherche et des publications de l’I.V. En voici
un court résumé.
- Neuf symposiums internationaux organisés au sujet de l’histoire de l’Eglise en
Chine de 1986 jusqu’en 2007. À chaque
symposium ont pris part environ 40 historiens et sinologues, Chinois et non-Chinois, catholiques et non-catholiques, provenant de dix à quinze pays différents.
- Publications: les fruits des recherches
de l’I.V. ont été publiés dans Monumenta
Serica (Allemagne) et dans sa propre série Leuven Chinese Studies, au total 17 volumes; en dehors de cela, 6 études ont été
traduites en Chinois et ont été publiées
dans notre série Huai-Jen Chungshu à Taipei, quatre études ont été traduites et ont
été publiées à Beijing( Pékin).
- Le Courrier Verbiest paraît depuis
1990 deux fois par an en Néerlandais et
deux fois en Français avec informations
au sujet du contenu de la recherche de
l’I.V. et au sujet de la coopération de l’I.V.
avec l’Eglise en Chine.
- La chaire Verbiest qui a été mise en
marche en 1985 dans la Faculté de Philosophie et Lettres redémarrera à partir de
2008 au sein de la Faculté de Théologie.
La Chaire Verbiest au sujet ″de la Religion dans la Société Chinoise″ sous la direction de Dr. Antonio Egiguren OFM
avec les contributions des autres chercheurs de l’I.V.: Dr. N. Golvers, Dr. Ph.
Vanhaelemeersch et Dr. Rachel Lu Yan.
À côté de la recherche, l’I.V. a aussi
cherché le dialogue et la coopération
avec l’Eglise en Chine
m Dries Van Coillie cicm, Antoon Van Wilderode et Nicolas Standaert sj admirent
l’anneau épiscopal de Mgr Bermijn que portait Mgr Franciscus Wang (Mongolie Intérieure) pendant sa visite à Louvain (1985)
30
1985: la première délégation catholique de
la Chine à l’étranger est pour Louvain.
En Chine, nous avons fait vite personnellement connaissance au nom de l’I.V.
avec l’Eglise et avec les évêques officiels
(reconnus par le régime). Ceux-ci étaient
alors tous ″illégitimes″ c.-à-d. non reconnus par Rome mais bien consacrés valablement. Nous avons trouvé que plus de
dialogue avec eux pouvait améliorer cette relation. Cela pouvait également ouvrir
des voies vers l’échange. Le recteur Piet
De Somer, président de l’I.V., envoyait au su de Rome (sans ″autorisation ou accord officiel″) - une invitation pour une
visite à la K.U.Leuven de trois évêques,
un prêtre, un laïc et un interprète. Nous
savions bien sûr que ″le statut ecclésias-
tique″ de ces évêques n’était pas canoniquement en ordre. Le but a été précisément de créer un contact pour permettre
au dialogue de grandir ultérieurement.
m Staf Vloeberghs et un groupe ’Verbiest’ visitent le palais impérial de Beijing
m Mgr Aloysius Jin Luxian présente un cadeau pendant sa visite au Cardinal Danneels à Malines (1987)
m Un débat mémorable à Changhua (Taiwan 6 janvier 1986): ″Il n’y a pas d’Eglise
schismatique en Chine″. De gauche à droite: le théologien Aloysius Chang sj, J. Heyndrickx cicm, Abbé John Tong (le futur Evêque auxiliaire de Hong Kong)
Cela a été une entreprise délicate, car
leur relation avec le Vatican a été jusqu’alors ouvertement agressive. Cette invitation a été une percée vers la Chine.
Une invitation venant d’une Université a
bien pu être acceptée; venant d’une instance ecclésiastique, elle aurait été inacceptable. La base de l’I.V. à la K.U.Leuven a déjà là récolté des fruits positifs. Les
évêques sont venus en novembre 1985.
Cela a été une visite historique. Ce fut la
première délégation catholique qui ait obtenu officiellement l’autorisation des instances de Beijing pour aller à l’étranger.
Les membres de la délégation elle-même
ne savaient pas quelle réception leur serait réservée en Belgique. Nous n’en étions
pas très sûrs non plus mais nous devions
éviter que la réception se termine désastreusement. La presse n’a pas pu être informée trop longtemps d’avance pour éviter controverse et commentaires, mais elle
a dû pourtant être mise au courant et cela
s’est fait. L’arrivée de la délégation des
évêques a été une nouvelle annoncée à la
télévision et a obtenu les premières pages des journaux. Les questions agressives redoutées ou les déclarations de journalistes ne sont pas venues. Ce fut un succès pour l’Eglise en Belgique et pour les
visiteurs eux-mêmes, un succès international aussi car beaucoup, surtout à l’Est,
regardaient cette initiative avec méfiance. C’était notre intention de bien recevoir les visiteurs mais en même temps d’arriver à un franc dialogue ″in caritate et veritate″ (dans l’amour et la vérité). Et ceci
s’est produit. Tous, à la Faculté de Théologie, à l’Institut pour la Philosophie, aux
Grands Séminaires de Bruges et de Gand,
et surtout les anciens missionnaires Scheutistes de la Chine ont eu de bonnes conversations avec nos hôtes. L’entretien chez le
cardinal Danneels a été cordial et également franc. Il a plu tellement aux évêques
qu’ils ont invité à ce moment-là même le
cardinal pour une visite de retour à Beijing. 6
6
Toute l’histoire du voyage en Chine du cardinal a commencé là. Elle est en elle-même une illustration du dialogue de l’I.V. avec la Chine: ″sur
un pied d’égalité et d’estime réciproque″. Le cardinal Danneels ne voulait pas ce voyage ″à n’importe quel prix″. Lorsqu’il a été invité en 1986 et les années suivantes -, nous avons demandé que
le cardinal puisse aussi rencontrer un évêque ″souterrain″. Quand ceci a été refusé, le cardinal n’y
est pas allé. Et lorsque, en 1995, la visite entière
était prête et que les autorités chinoises au dernier moment ont refusé le visa à un participant
de la délégation (pour éliminer celle-ci), le cardinal a reporté encore une fois le voyage. En 2005,
la visite en Chine s’est finalement faite. Pendant
tout ce temps, les relations sont restées positives.
31
m L’équipe Verbiest à Taipei (2000)
Beaucoup d’autres délégations de Chine suivraient. Pour la nouvelle administration de la K.U.Leuven, cette initiative
a été un signe que l’I.V. a pu effectuer du
travail utile avec la Chine. Rome a également réagi positivement à cette première
étape vers le dialogue avec l’Eglise Chinoise. Quand, l’année suivante, l’Eglise
en Amérique voulait prendre une même
initiative, le cardinal Tomko a dit aux initiateurs américains: ″Si vous le faites comme à Louvain, ce sera très bien″.
Voyages annuels Verbiest
Une activité qui avait déjà commencé
dans les années 80 et qui continue encore aujourd’hui est le voyage annuel Verbiest. En 1988, l’I.V. a organisé un premier voyage de groupe de la Belgique vers
la Chine avec des représentants de Pro
Mundi Vita, Kerk en Leven, Scheut, Louvain-la-Neuve, etc. Au cours des années
90 a continué un voyage annuel Verbiest
ayant comme caractéristique propre que
l’itinéraire emmène les visiteurs vers les
principaux lieux touristiques de Chine mais
que se fasse aussi chaque fois une visite
d’une des anciennes missions des missionnaires belges. Staf Vloeberghs en devient
d’année en année le guide de voyage incontournable.
Publications et conférences au sujet de
l’Eglise en Chine
″Au sujet de l’Eglise dans la République Populaire de Chine, nous ne savons
rien″ avait dit le pape Jean Paul II. Dans
un certain sens, c’était ainsi. Mais c’était
encore plus vrai pour le grand public, pas
seulement en Europe. A Taïwan et à Hong
Kong aussi, on avait surtout une image
déformée au sujet de la situation en Chine. C’est de ce point de vue que, dans cette période, j’ai commencé à publier régulièrement des articles dans les magazines
aussi bien en Europe qu’en l’Asie de l’Est.
J’ai donné également beaucoup de conférences, simplement pour donner une information plus objective au sujet de l’Eglise en Chine, comme je l’ai apprise per32
sonnellement des gens en Chine. En 198586 uniquement, j’ai donné 21 conférences à Taïwan au sujet de l’Eglise en Chine, 23 en Europe (Belgique, Pays-Bas,
France, Allemagne, Italie), 6 à Hong Kong,
5 à Singapour, 4 à Manille, 2 aux EtatsUnis. Une conférence importante, je me
souviens, était bien celle de janvier 1986
pour les Maryknoll sisters à Changhua
ayant comme co-rapporteurs le théologien chinois connu Rev. Aloysius Chang
Chun-shen SJ de Taipei et Rev. John Tong
(futur évêque auxiliaire) d’Hong Kong où
j’ai exprimé pour la première fois ma propre opinion au sujet de l’Eglise en Chine
en ces termes: ″L’Eglise en Chine est
l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique en Chine, bien que divisée intérieurement″ - mais non-schismatique -;
cela était opposé à ce moment aux visions
généralement acceptées. Il y a eu alors
des réactions. Mais cette position est
aujourd’hui la base de la lettre du pape
Benoït XVI aux catholiques de Chine;
pourtant, il y en a encore beaucoup qui ne
l’acceptent pas.
Cette activité ″conférences au sujet de
l’Eglise en Chine″ a continué jusqu’aujourd’hui dans la mesure où les nombreuses activités du programme le permettaient.
L’ Institut Verbiest, le Collège
d’Arras, K.U.Leuven
À la recherche d’un home:
Les ″Vlaamse Leergangen Le Collége d’Arras
Le recteur De Somer est devenu président de l’a.s.b.l. Il n’y intervenait pas directement mais il a bien joué un rôle stimulateur. Au cours d’une longue conversation dans les Halles, un jour froid de
janvier 1985, avec M. Verniers, tandis que
le chauffage était tombé en panne dans
tous les bâtiments, le recteur m’a dit: ″Avec
votre Institut, vous devez voler de vos propres ailes et ne pas vous appuyer sur l’un
ou l’autre Institut de la K.U.Leuven. Cherchez à Louvain. Si vous trouvez un bâtiment qui convient et s’il est possible de
l’une ou l’autre façon, alors nous le libérerons pour l’I.V.″ Quand, peu de temps
avant son décès et peu avant la visite du
Pape, il venait tout seul à Taïwan, en mai
1985, pour donner une conférence scientifique, le président De Somer m’a dit au
cours d’une autre longue conversation:
″Achetez les ″Vlaamse Leergangen″. Il
est à vendre!″ J’ai même appris confidentiellement le prix minimum.Lors de mon
retour en Belgique - le recteur De Somer
était à ce moment déjà décédé -, j’ai pris
contact, peu de temps après, avec la direction des ″Vlaamse Leergangen″. Ils
étaient bienveillants à l’égard de notre projet. Les négociations en vue de l’achat de
ce bâtiment pour l’Institut Verbiest se sont
déroulées favorablement jusqu’à ce que la
ville de Louvain elle-même, en décembre
1985, faisait pour ce même bâtiment une
offre qui dépassait de loin les possibilités
de l’I.V. Notre rêve s’évanouissait.
C’est à ce moment-là que la K.U.Leuven a présenté pour la première fois de libérer un espace libre de bureau pour l’I.V.
dans le Collège d’Arras. Cela est arrivé
dans la période où les conversations au
sujet du futur Institut Chine-Europe
avaient commencé. Le garage pour les voitures dans le Collège d’Arras a été restauré avec une contribution financière de
l’I.V. Celui-ci y trouve ainsi un abri adéquat depuis des années.
Un long défi de vingt-cinq ans pour rester dans le dialogue malgré tout...
Nous n’étions que trop bien conscients
qu’en 1982, ce n’était pas évident que d’aller à Beijing en tant que missionnaire de
Chine, à visage découvert, d’y rencontrer
aussi bien des ecclésiastiques (non-reconnus par Rome) que des civils, autorités
communistes, avec l’intention de dialoguer et collaborer avec eux. La Révolution Culturelle venait à peine d’être terminée. Les communistes étaient encore
des communistes marxistes convaincus et
ont vu dans un scheutiste, missionnaire de
Chine, un impérialiste, un colonialiste. En
plus, je venais de passer sept ans à Rome,
ce qui signifiait pour Beijing que je représentais d’une manière ou d’une autre ″le
Vatican hostile″. La Chine s’était déjà liée
d’amitié en 1982 avec son grand ennemi
l’Amérique et elle faisait déjà des affaires avec le Japon qui fut, jusque dans les
années 70, l’autre grand ennemi de Beijing; mais avec Rome, même aujourd’hui,
vingt-cinq ans plus tard, les rides n’étaient
pas encore effacées. Pis encore, déjà à partir de 1957, j’étais très actif à Taïwan, la
province arrachée à la Chine. C’étaient
des raisons suffisantes donc pour le gouvernement de Chine pour être soupçonneux envers moi malgré mon attitude positive.
Pour les autorités et même pour les
amis à Taïwan, le fait que j’ai recherché
des contacts et ai dialogué avec l’Eglise et
le gouvernement civil dans la République
Populaire Communiste a suscité également des soupçons. Suspecté par l’ami et
par l’ennemi, pour moi, il était clair que
tenir l’équilibre serait certainement difficile. Mais cela ne m’a pas fait douter de
notre tâche qui restait pour nous bien évidente. Nous voulions simplement savoir
comment se portaient nos frères et soeurs
dans l’Eglise Catholique de la Chine après
tout ce qu’ils ont vécu. Le pape Jean Paul
II m’a d’ailleurs dit personnellement qu’à
Rome, on savait très peu de choses au sujet de la situation de l’Eglise en Chine.
Nous considérions donc notre tâche, dans
les circonstances des temps présents, comme un défi qui, surtout de la part de l’Eglise, réclamait une réponse.
Je n’étais donc pas étonné du tout que
les autorités de Chine me suivaient de près
où que j’aille. Pour eux, j’étais probable-
m Passage d’une rivière pendant la visite du P. Michel Decraene cicm (Général) à l’ancienne mission cicm à Jehol (1990)
quand j’avais des conversations avec eux,
mais précisement cette méfiance m’a incité encore plus à rechercher activement
des contacts personnels et un franc dialogue avec eux.
m Mgr Aloysius Jin Luxian accueille les Scheutistes Michel Decraene (Général),
Dries Van Coillie et Bert Van Lierde à Shanghai (août 1990)
Un certain jour de 1987, un officiel de
Beijing, avec qui j’étais devenu un peu familier, m’a donné un petit message ″d’un
bulletin d’information confidentiel″ du
parti communiste dans lequel a été mentionné que ″J. Heyndrickx de Belgique a
voyagé partout en Chine. On se demande quelles sont ses intentions.″ Quand j’ai
appris cela, ma réaction a été: s’il en est
ainsi, essayons alors de nous rencontrer et
de parler. Le lendemain, j’ai téléphoné au
Bureau National pour la religion à Beijing et j’ai demandé si je pouvais rencon-
ment un espion du Vatican. Des amis
m’ont communiqué que le gouvernement
pensait ainsi à mon sujet. Mon aptitude
linguistique en chinois les a rendus doublement soupçonneux étant donné que j’ai
voyagé partout où des villes et des provinces chinoises avaient été ploclamées
ouvertes pour les touristes. Je me limitais toutefois à la Chine du Nord où Scheut
a travaillé autrefois. Là, j’ai recherché des
contacts avec des Instituts académiques
mais aussi avec l’Eglise, ″ car il y a ici liberté de religion n’est-ce pas?″ Mais quelle ville ou région était ouverte et laquelle
ne l’était pas, voilà le problème qui se posait. 7 J’ai éprouvé clairement cette attitude soupçonneuse des autorités locales
7
Beaucoup de villes et des régions entières n’étaient pas encore à ce moment-là ouvertes pour
les touristes étrangers. Mais il n’a pas été toujours clair quelle région était ouverte ou ne l’était pas. Les autorités locales ont donné souvent
des interprétations contraires, surtout en Mongolie Intérieure. Cette situation laissait au gouvernement local la possibilité d’accuser quelqu’un
s’il le souhaitait.
m (De gauche à droite) Les Scheutistes A. Van Lierde, M. Decraene, D. Van Coillie et
A. Brys pendant leur visite à l’ancienne mission cicm à Chengde (1990). En 1949, à la
reprise par les communistes, le Scheutiste Kamiel Vandekerckhove d’Ingelmunster, y
est décédé tout seul, dans des circonstances inconnues.
33
la Théologie Catholique au sujet du Pape
et des évêques. Rien n’a été changé à ces
notes. Pour obtenir ceci, j’ai seulement
dialogué, sans abandonner ma personnalité propre.
m Trois Evêques originaires des anciennes missions cicm avec lesquels l’Institut Verbiest collabore intensément: Mgr Joseph Ma (Mongolie, Evêque non officiel), Mgr Wang
et Mgr Tong Hui de Nord-Shaanxi (Evêques officiels)
trer le Directeur (véritable équivalent d’un
ministre de la religion). Au téléphone,
l’homme me demanda mon nom et, quand
je lui ai donné mon nom chinois, j’ai compris qu’il le connaissait. Alors, il m’a dit:
″Attendez un moment, je vais le demander″. Le lendemain à 15 h, j’ai eu une
conversation avec le Directeur du Bureau
National de la Religion à Beijing. Cette
rencontre a été le début de conversations
et de contacts réguliers au cours des années 80 avec le Directeur Mme Cao Jingru et, après, avec Mr. Ren Wuzhi et
autres. C’étaient des conversations franches au sujet de l’Eglise en Chine et l’Eglise Universelle, au cours desquelles nous
n’avons pas échangé ″de secrets″ mais nous
avons beaucoup appris l’un de l’autre, ne
fut-ce que apprendre que les interlocuteurs étaient prêts à parler. J’ai appris
beaucoup, eux probablement aussi.
J’ai éprouvé assez rapidement combien complexe est la situation en Chine si
on rencontre beaucoup de personnages
très différents. Certains voulaient être en
bons termes avec le gouvernement et cherchaient des prétextes pour m’accuser de
l’un ou autre délit; il y a des exemples à
souhait! D’autres collaboraient avidement et inventaient un tas de détails quand
le gouvernement les interrogeait à mon
sujet et sur mes activités. Cela a nourri la
méfiance auprès du gouvernement.
D’autres encore ont essayé d’obtenir un
avantage financier d’une coopération avec
moi, mais, en cas d’échec, ils assouvissaient leur colère contre moi auprès du
gouvernement. D’habitude, le gouvernement en Chine écoute volontiers de tels
″rapports″. Et, ce qui était encore bien
plus terrible, le gouvernement a pris des
initiatives pour m’attirer dans des embus34
Je suis persuadé qu’il est possible d’affirmer clairement et en premier lieu ses
propres principes, dans un langage de dialogue et d’estime réciproque sans devoir
arriver à la confrontation. C’est avec
conviction que, déjà pendant vingt-cinq
ans, je poursuis le chemin du dialogue en
Chine dans des rencontres avec l’Eglise
souterraine, ce qu’on aurait pris très mal
il y a vingt ans aussi bien de la part des catholiques officiels que de la part du gouvernement civil. Je ne prétends pas que
ceci s’est toujours déroulé avec le même
succès et qu’il n’y a jamais eu des problèmes. En revanche, je suis certain que dans
mes contacts je suis resté fidèle à mon
identité de prêtre catholique. Jamais je
n’ai renié, pour rester en dialogue ou coopération, un principe quelconque de la foi
catholique ou de la loi ecclésiastique. Le
dialogue ne signifie pas la faiblesse. J’étais sur la liste noire (et peut-être encore
m Des chrétiens souterrains en adoration devant le S. Sacrement, caché dans un sac
de voyage
cades et alors écouter. Ils disposent aussi
de moyens ultramodernes; ainsi, quelqu’un venait un jour s’informer chez moi
soi-disant par amitié. Dès lors, j’ai perdu
quelquefois beaucoup d’heures sur le petit banc des accusés. Ceux qui m’ont interrogé alors longtemps sont devenus plus
tard de bons amis.
Une autre instance administrative me
déclarait un certain jour ″persona non grata″ et m’empêchait pendant trois ans de
visiter encore la Chine. Trois ans après,
j’étais de retour en Chine et maintenant
ils me permettent depuis des années d’enseigner la Théologie Pastorale au Séminaire National. Je distribue à mes étudiants mon propre cours imprimé où se
trouve tout ce qui doit être enseigné dans
″un peu″ ailleurs...), j’ai été accusé faussement, mal compris et exclu comme persona non grata, mais ceci ne m’a pas amené
à quitter la route du dialogue. Pour cela
j’ai trop de respect pour la Chine, le Peuple Chinois et sa culture, et surtout d’admiration profonde pour la foi des chrétiens chinois. Pour eux, j’ai voulu accepter tous les autres désagréments.
C’est beaucoup de pouvoir dire que
c’est par l’Institut Verbiest que nous sommes en dialogue avec l’Eglise en Chine
aussi bien qu’avec les Institutions académiques et même avec les autorités civiles
en Chine. Pour achever la construction de
cette ″nouvelle relation″, il faudra encore beaucoup de temps.
(J. Heyndrickx, cicm)
VINGT CINQ ANS “CHINA-WATCHING”: 1955-1980
La préhistoire de l’Institut Verbiest K.U.Leuven
les années 70, une pratique géAu moment de l’avènement de
nérale: pour preuve le nombre
Mao Zedong au pouvoir en 1949,
grandissant de publications et péles missionnaires belges: scheuriodiques qui virent le jour à cettistes, franciscains, samistes,
te époque: China Talk (USA,
sœurs de la Chasse et d’autres
Méthodistes), China and
furent expulsés de Chine ainsi
Ourselves (Canadian Council of
que tous les autres missionnaiChurches), China Update (J. Spae
res (environ 5000 en tout). Scheut
CICM, Belgique), China Study
avait alors accompli 90 ans de
Project Bulletin (British ecumeprésence active en Chine du Nord
nical China Study group), Reli(Mongolie intérieure), 679 scheugion in Communist Lands (Kestistes y avaient travaillé dont 250
ton College) etc. Les Congrégay sont enterrés. Nous nous soutions missionnaires publièrent
venons des photos et des articles
aussi régulièrement des nouveldans les journaux de l’époque.
les de l’Eglise Chinoise de même
Les missionnaires de Chine arrique Informations Catholiques Invaient en Belgique, certains,
ternationales, Herder corresponayant subi des années de prison,
denz, et d’autres revues générales.
beaucoup pour la première fois
après parfois 40 années de séjour
en Chine. Quelques uns partiFaits et évolutions
rent pour un autre pays de misdramatiques au cours des
sion. D’autres restèrent en Euannées soixante et
rope. Ils y continuaient, tant bien
septante
que mal, à suivre ce que se passait en Chine grâce aux nouvelEn Europe, à cette époque,
les, qui filtraient à travers le rideau de bambou et étaient pro- m Les Scheutistes A. Geussens et Johan Kerkhofs, expulsés beaucoup se laissèrent induire en
erreur par l’enthousiasme de la
pagées par les journaux ou la ra- de la Chine (1952)
foule des manifestants à Beijing
dio. Ce qu’on a alors appelé le
″China-watching″ pour collecter
agitant le Livret Rouge de Mao. Alors qu’en
″China watching″. Les choses allaient de
Chine même dans tout le pays les Gardes
plus en plus mal en Chine surtout pour
et ensuite propager des
Rouges semaient la terreur. Ils détruisil’Eglise et l’information filtrait de plus en
informations sur la Chine et
rent des trésors culturels, condamnèrent,
mous difficilement. Pendant la révolution
l’E
u glise en Chine
maltraitèrent et tuèrent beaucoup de ciculturelle (1966-75) pratiquement tous les
toyens et de dirigeants méritants. Ce fut
évêques, les prêtres et les religieux étaient
Déjà en 1948, le ″Missionary Bulletin″
l’une des époques les plus dramatiques de
mis en prison ou dans des camps de tradirigé par Fr. Legrand (cicm) à Shanghai
l’histoire de Chine. Par ailleurs en ce temps
vaux forcés. Des églises furent détruites
commençait à publier des informations
disparurent aussi plusieurs grandes figuou transformées en salles de théâtre et
sur l’attitude du communisme, en progresres. En Chine, ce fut le cas de Liu Shaolieux de dépôts. L’impression générale
sion, vis-à-vis de la religion. Ce périodiqi (1968) et Lin Biao (1971). A Taiwan,
était que la fin de l’Eglise chinoise était
que déménagea en 1949 à Hongkong où
mourut le grand opposant de Mao: Chiang
arrivée. Les ’China Watchers’ collectèrent
il parut sous le titre de China Missionary
kaishek (1975). Sous le règne de son fils
et publièrent des informations à ce sujet.
Bulletin. Le jésuite hongrois Ladislao LaChiang Chin-Kuo démarra alors l’évoluNos contemporains devraient absolument
dany se livra depuis Hongkong à une ″Chition historique vers la démocratie à
lire ces informations, elles sont importanna-Watching″ organisée. Dans les années
Taiwan. Entretemps Kissinger s’était rentes pour comprendre et bien evaluer la si50 il y ériga un centre d’information. Avec
du en Chine pour y préparer la visite métuation actuelle. Le livre ″Le suicide enl’aide d’une équipe, il rassembla chaque
morable de Nixon à Beijing et l’entrée de
thousiaste″ de Dries Van Coillie CICM
jour systématiquement les communiqués
la Chine à l’ONU en 1972.
traduit en 15 langues, reste une mine
des medias de Chine et d’ailleurs et les
d’informations sur la Chine de l’époque.
publia dans ″China News Analysis″, non
seulement les nouvelles concernant l’E
uglise mais aussi des informations politiques, économiques et générales. Ce bulletin fut apprécié partout. Des gouvernements et des ambassades de pays nombreux s’y abonnèrent pour acquérir une
information fiable sur ce qui se passait
derrière le rideau de bambou.
En ce qui concerne l’E
u glise en Chine
parut en Europe dès 1949 ″Echange France-Asie″ des Missions Etrangères de Paris. A partir de 1968 ″Pro Mundi Vita
(Bruxelles) publia des monographies sur
la Chine et l’Eglise de Chine.; et à partir
de 1972 le ″Lutheran World Federation
m P. Ignace Rybens cicm expulsé après 3
m P. François Legrand cicm au moment
de Genève publia son ″Information Letannées de captivité
de son expulsion (1953)
ter″. Le ″China Watching″ devint, durant
35
m Le Premier Chou En-lai
Premier Zhou Enlai mourut en janvier
1976 et fut fort regretté. Mao Zedong
mourut la même année en septembre. Tout
le monde s’attendait à voir Deng Xiaoping investi immédiatement du pouvoir,
mais il fut d’abord publiquement critiqué.
Pourtant, le petit Deng vint au pouvoir
peu après la mort de Mao. Ce fut aussi la
fin de la Révolution Culturelle. La Bande des quatre (Jiang, Wang, Zhang et Yao)
furent officiellement blâmés et publiquement condamnés pour tous les méfaits de
la Révolution Culturelle. Pour Mao Zedong par contre aucun blâme. Les grandes photos de Marx, Lenin et Engels disparurent de la place Tiananmen mais celle de Mao y resta jusqu’à ce jour. Déjà en
1977, un imposant mausolée à la mémoire de Mao s’ouvrit sur la place Tiananmen. Aujourd’hui encore des visiteurs par
milliers font la queue pour saluer Mao.
Des millions d’exemplaires des œuvres
complètes de Mao Zedong furent diffusés. Toutefois déjà à ce moment chacun de
nous pouvait lire les signes des temps: La
Chine s’ouvrait à une tout nouvelle étape
de son histoire durant laquelle le Maoïs-
me serait remplacé par une politique radicalement neuve. La République populaire devint membre de l’ONU. La scène
politique était prêtre pour les évolutions
historiques des prochains 25 ans qui allaient culminer à partir de 2000, quand la
Chine devint une puissance économique
et politique mondiale.
En 1980, quand Deng ouvrit la Chine
à la collaboration avec les pays étrangers,
tout le monde était convaincu, qu’après
ces 25 ans de longues et violentes persécutions, l’Eglise de Chine devait être agonisante. Pourtant, en 1970 déjà le pape
Paul II avait essayé, sur proposition de
son secrétaire d’Etat, le Cardinal Cassaroli, de faire un premier pas sur la voie du
dialogue. C’était au cours d’une visite de
quelques heures à peine à Hong Kong,
mais les autorités civiles de Hong Kong
(Alors encore rattaché à la Grande Bretagne) et les représentants d’autres nations lui demandèrent de rayer le ″paragraphe du dialogue″ de son messages. Ce
que tous semblent avoir oublié
aujourd’hui. C’est qu’en 1972, quand tous
les autres pays retirèrent leurs ambassades de Taiwan, le Vatican y retira aussi le
nonce apostolique (l’envoyant au Bangladesh sans nommer un remplaçant à Taipei) n’y laissant qu’un chargé d’affaires. Il
y demeure jusqu’à ce jour, tandis que
Taiwan a bel et bien, son ambassadeur au
Vatican. Les premières démarches précises du Vatican pour normaliser ses relations avec Beijing datent de 1972. Les
autorités de Beijing le savent bien, mais
n’en soufflent mot.
Interprétations contradictoires
des événements en Chine
Dans les années 60-70, pendant la révolution culturelle en Chine, beaucoup en
Occident parlaient avec enthousiasme de
m Deng Xiaoping.
Mao Zedong, de son Livret Rouge et de
son modèle d’organisation d’une Chine
Nouvelle. Même parmi les catholiques, certains observateurs de la Chine, s’intéressaient fort au Livret Rouge, tandis que
d’autres, plus réalistes, cherchaient à comprendre ce qui se passait réellement. Ces
deux tendances publiaient donc aussi des
interprétations contradictoires de la situation en Chine, prenant des positions
allant d’extrême droite à l’extrême gauche. Dans le China News de Ladany on
pouvait lire des informations généralement objectives et fiables que Ladany complétait de sa propre vision critique. Pour
lui la Chine, son agriculture, son économie et également sa politique se dégradaient et la République populaire s’acharnait à détruire les religions mais surtout
l’Eglise. Johanathan Chao et son ″Chinese Church Research Centre″ (1977) était
si possible encore plus critique. Ray Whitehead par contre, le directeur du Programme chinois du Conseil Canadien des
Eglises, voyait d’un bon œil ce qui se passait en Chine. En 1977 il écrivit un article
intitulé Le Christ, la rédemption et le maoïsme où il expliquait comment il voyait ″un
aspect libérateur″ dans les actions de Mao.
Il percevait une spiritualité, foi, espérance et charité dans de qui se passait en Chine, alors qu’y faisait rage, une Révolution
Culturelle destructrice.
Les Congrès consacrés à la
Chine dans les années 70
m Jusqu’en 1980, sur la place Tiananmen de Beijing, étaient affichées les photos
d’Engels, de Marx, de Mao Zedong, de Lénine et de Staline
36
Ces opinions opposées se manifestaient
dans les rencontres internationales également à la K.U.Leuven où eurent lieu
parfois des discussions houleuses pour ou
contre Mao. A partir de 1966, aux EU, à
Genève, Hong Kong, Montréal, Hayward’s
Heath (Angleterre), les protestants organisaient déjà des conférences sur la Chine. Au début des années 70, Catholiques
et Protestants envisageaient de fonder,
avec Sedos (Rome) un ″Christian China
Institute″, mais ce projet n’aboutit pas.
Toutefois certaines congrégations missionnaires organisèrent leur propre ″China
Study Project″ comme par exemple les
Missions Etrangères de Paris (Léon Trivière et J. Charbonnier), PIME (Larazotto), OFM (B. Willeke) SAM (Van Campenhout), les Columbans (Parig Digan).
Ce fut, à cette époque que les catholiques
commencèrent à se réunir dans ce qu’on
appelait les Rencontres Ricci, où les informations sur l’Eglise de Chine s’échangeaient. De ces rencontres naîtra en 1981
le Holy Spirit Study Center. D’ailleurs, les
Rencontres Ricci continuent encore
aujourd’hui.
En 1974, le 8ième chapitre de Scheut à
Rome (Albano) décida de libérer quelques confrères pour suivre et étudier les
évolutions importantes en République po-
rique) y ajoutait: ″Les études et les rapports présentés au cours de cette rencontre sont le résultat des recherches d’une
centaine de spécialistes protestants et catholiques. Ils témoignent à la fois d’un esprit d’évaluation personnelle et d’une recherche commune du sens théologique de
la situation actuelle marquée par des changements si profonds que peu de repères
anciens demeurent reconnaissables.″ Cette conférence sur la Chine à Leuven était
remarquable pour le contenu des échanges mais aussi parce que c’était la seule
conférence œcuménique où des spécialistes des six continents ont dialogué sur
la signification de ce qui se passait en Chi-
cidentales. De nombreux aspects de ces
événements pèsent encore sur le peuple
chinois et ne sont pas encore suffisamment compris par la communauté internationale y compris dans l’Eglise universelle. C’est tout un défi de situer les événements de ce temps-ci dans l’ensemble
de notre nouvelle vision de l’Eglise dans
le monde de ce temps, de la Chine et de
l’Eglise en Chine.
L’Institut Verbiest K.U.Leuven
débuta en même temps que
d’autres instituts qui se
consacrent à la Chine
Dès que la Chine s’ouvrit à la collaboration avec l’étranger dans les domaines
de l’économie, du commerce, de l’échange culturel, les congrégations missionnaires et les Eglises locales hors de Chine ont
compris qu’elles devaient se préparer à
une collaboration plus intense avec l’Eglise de Chine. A Hong Kong naissait le
Holy Spirit China Study Center (1981), à
Singapore ″Zhonglian″ (1981) à Leuven
(Belgique) l’Institut Verbiest, en Allemagne le China Zentrum (1983) en Italie
Tianxia Yijia (1985) aux E.U. le China Bureau (1985). Ceci marquait en fait la fin
du ″China-Watching″ (observation de la
Chine). Par cette ouverture de la Chine
une visite personnelle en Chine était possible. Ainsi à cette époque j’ai pu moi-même aller en Chine au nom de notre Institut Verbiest, qui venait d’être érigé.
m Jiang Qing, la femme de Mao, au procès de ’la bande des quatre’ à Beijing
pulaire. Le gouvernement général CICM
nomma: Dries Van Coillie, Joseph Spae et
Jerôme Heyndrickx pour cette tâche. En
collaboration avec la province chinoise le
gouvernement général commença alors à
Hong Kong un China Desk (un service
d’étude et d’informations sur la Chine)
avec le même objectif.
Les contacts entre Pro Mundi Vita
(P.M.V. Bruxelles) et la Lutheran World
Federation (LWF Genève) se développèrent et ensemble ils organisèrent durant
ces années des conférences œcuméniques
chinoises, entre autres la conférence historique de Leuven en 1974 avec des représentants de pays du monde entier.
L’atmosphère de ces entretiens fut bien
exprimée par Jan Kerkhofs S.J. alors directeur de Pro Mundi Vita: ″Dans ce colloque nous essayons de ″lire″ les œuvres de
Dieu pour notre temps, telles qu’elles sont
réalisées par le peuple Chinois ... et nous reconnaissons volontiers que notre foi chrétienne est interpellée par cette expérience
chinoise, pas seulement en ce qui concerne
notre engagement mais aussi quant au contenu de notre foi″. Donald Macinnis du Midwest China Study Resource Center (Amé-
ne. A côte de l’opinion des spécialistes
déjà cités encore d’autres interprétations
très différentes furent émises par Julia
Ching, Joseph Spae, Dries Van Collie, Richard Madsen, Rhea Whitehead, Gustavo Gutierres, Lous Wei Tsing-sin, Jerom
Ch’en, Michael Chu. Les visions opposées
de Ladany et Whitehead s’exprimèrent
clairement. Tous se posaient la même question: comment interpréter ce qui se passe en Chine? En fait chacun des intervenants ne représentait que son interprétation personnelle des événements.
Aujourd’hui, vingt cinq ans plus tard,
après les évolutions énormes qui ont eu
lieu en Chine et aussi en Occident, ou peut
encore discerner les mêmes interprétations et qui différencient les mêmes
groupes.
Cela n’est pas étonnant car en fait il ne
s’agit pas seulement d’interpréter ce qui
s’est passé durant cette période et
aujourd’hui et au cours des dernières années. Nous découvrons en même temps
une nouvelle compréhension de ce qui se
passa en Chine durant les activités missionnaires des siècles passés et dans les relations entre la Chine et les puissances oc-
La Congrégation de Scheut, qui dans
les années septante participa activement
aux conférences sur la Chine précitées,
tint en 1980 à Hong Kong sa première rencontre consacrée à la Chine. Des anciens
missionnaires de Chine, tout autant que
de jeunes scheutistes de Taiwan et Hong
Kong y échangèrent sur les signes des
temps en Chine. En 1981 au 9ième Chapitre de Scheut à Rome les conclusions de
cette rencontre furent présentées dans un
mémorandum demandant que Scheut réponde par une initiative concrète aux évolutions positives en Chine. Le chapitre l’approuva. La suite du récit est exposée plus
loin dans ce numéro. La province chinoise de Scheut se mit au travail dès 1982 et
en avril elle proposa au Recteur Piet De
Somer d’ériger la Fondation Ferdinand
Verbiest à la K.U.Leuven. Cette proposition fut discutée par le Bureau du Conseil
académique de la K.U.Leuven en juillet
1982 et acceptée. Au cours de la même
année quelques activités culturelles furent déjà organisées pour les étudiants chinois. En mai 1983, l’Assemblée plénière
chinoise de Scheut confirma cette initiative. Une ASBL fut alors créée.
Ceci consacra la fin de vingt cinq ans
de ″China Watching″ et le début d’un dialogue direct avec la Chine et l’Eglise de
Chine.
(Jeroom Heyndrickx cicm)
37
L’HISTOIRE DE LA SPHE
v RE CE
u LESTE DU COLLE
v GE D’ARRAS DE LEUVEN
(LOUVAIN)
Verbiest respectait la fonction
religieuse de l’empereur de Chine
m J. Heyndrickx et Prof. Yi Shitong visitant pour la première fois le globe céleste de
Verbiest à Beijing en 1982
Le Globe Céleste Verbiest de
Beijing, un monument de science
Sino-Occidentale
En mai 1982 je me trouvais pour la première fois, en compagnie du professeur
Yi Shitong, dans l’ancien observatoire de
Beijing. Nous y admirions la sphère céleste et les sept autres instruments astronomiques impressionnants. Six de ceuxci ont été dessinés par Ferdinand Verbiest
en 1776 à la demande de l’empereur Kangxi qui était l’ami personnel de Verbiest.
Celui-ci lui donnait d’ailleurs aussi des
cours de mathématiques et d’astronomie.
Les deux autres instruments sont du jésuite allemand Kilian Stumph. L’instrument le plus impressionnant est toutefois
la sphère céleste: bien que de construction solide elle est légère, a un forme élégante et est ornée de fines sculptures. Les
connaisseurs estiment que, grâce à l’alliage parfait du bronze, la sphère est, après
300 ans, toujours en parfait état.
On se serait servi du globe céleste comme moyen de démonstration et comme
guide pour localiser les étoiles et les planètes et déterminer la position des unes
par rapport aux autres. Verbiest décrit luimême 60 fonctions différentes du globe.
Selon le professeur Yi Shitong, adviseur
à l’ancien observatoire de Beijing, la construction de ce globe céleste par Verbiest,
représente le moment de l’acceptation par
le Chine du calendrier occidental. Il explique longuement les difficultés et les préjugés que les missionnaires ont alors dû
38
dépasser et considère la réalisation de ce
globe comme une étape importante dans
les relations entre la Chine et l’Occident.
Le globe occupe également une place exceptionnelle comme monument scientifique et culturel. Toute la connaissance traditionnelle de l’astronomie (1888 étoiles),
dont tous les documents sont perdus, y figure ainsi que les plus nouvelles découvertes de cette époque. Ce globe est la
plus grande et l’unique des anciennes sphères qui existe encore. Les autres sont perdues et avec elles aussi les données fiables sur les évolutions et les changements
de noms des constellations depuis la Dynastie Ming.
Durant l’antiquité chinoise la vénération du ciel était étroitement liée à l’astronomie et à l’observation du ciel. L’ancien observatoire s’appelait alors ″Ling
Tai″ ce qui indique qu’il a ses origines dans
le traditionnel ″’autel de l’offrande″ ou ″la
plateforme de l’offrande″. Les instruments déposés sur l’autel de l’offrande
s’appelaient dès lors ″instruments d’offrande″. Ils étaient considérés comme des
objets rituels. L’observatoire impérial, avec
ses instruments d’astronomie jouait ainsi
un rôle d’intermédiaire pour transmettre
les messages des dieux du ciel à l’homme.
En observant le ciel, l’observatoire donnait aux empereurs le pouvoir de gouverner le pays et le peuple de la part du ciel.
Cette délégation de pouvoir légal était le
signe que l’empereur recevait effectivement son autorité du ciel. Toutefois il devait ensuite encore le prouver en faisant
le nécessaire pour que le peuple vive en
paix. A cette fin le pays devait suivre un
calendrier précis capable de prédire exactement les événements du ciel. Si, de fait,
ces événements se réalisaient, c’était le signe que le pouvoir de l’empereur était reconnu pas le ciel. En cas d’événements
inattendus, tels qu’une éclipse de soleil ou
un tremblement de terre c’était le signe
contraire. L’observatoire impérial devenait alors le foyer de critiques et d’agressions. A la chute d’une dynastie, le nouvel empereur qui prenait le pouvoir devait avant tout prouver qu’il avait reçu un
mandat du ciel en introduisant un calendrier correct. C’est ce qui explique l’importance de l’astronomie et du calendrier
pour l’empereur de Chine. A l’époque de
Verbiest la science traditionnelle chinoise de l’astronomie était en déclin. C’est ce
m L’ancien Observatoire de Beijing où Ferdinand Verbiest était Directeur et où il a
travaillé personnellement (1984)
biest avait déjà signé une
″déclaration d’intention″
pour, en collaboration avec
l’International Science Center de Beijing, organiser à
Leuven une exposition sur
l’histoire de l’astronomie
en Chine. Nos partenaires
en Chine - le Professeur Yi
Shitong et le International
Science Center voulaient
toutefois élargir ce projet
en une exposition gigantesque sur l’histoire de la
science et de la technologie en Chine. Ils insistaient
pour réaliser ce projet parce que cette exposition
m La copie du globe céleste, derniers détails (1988)
avait déjà beaucoup de succès aux U.S.A. Moyennant
quelques adaptations ils
qui a donné aux jésuites astronomes de
voulaient amener celle-ci en Belgique et
l’époque la chance ce jouer un rôle à la
probablement encore en d’autres pays eucour impériale où ils jouissaient d’une
ropéens. Ce grand projet dépassait les
grande considération par l’introduction
moyens de l’Institut Verbiest et de l’Insde l’astronomie occidentale.
titut Chine-Europe de l’époque. J’ai même
Par la réalisation de ces instruments, Verbiest respectait cette tradition chinoise. Il érigea le globe
céleste, selon la tradition, du côté
sud de l’ancien observatoire parce que cet instrument astronomique avait aussi une fonction rituelle pour l’empereur. Selon les rites, l’empereur faisait des offrandes au ciel du côté sud de l’observatoire et à la terre du côté nord
de celui-ci. A cause de cela le globe était considéré comme étant le
plus important des instruments astronomiques.
ne même. Le ministre Wu Mungyu avec
qui, l’ambassadeur et moi-même avions
discuté de la question à Beijing était, pour
des raisons inconnues, tombé en disgrâce
et avait ″reçu une autre fonction″. Il nous
fallait dès lors recommencer les pourparlers. En plus, Madame Cao Junju, directrice du Bureau National de la Religion à
Beijing essayait de saboter tout ce qui
concernait le ″missionnaire Verbiest″, qui
était à l’époque encore marqué au feu rouge et considéré comme un ″espion″. Nous
sommes arrivés à vaincre tout cela. En Belgique, le ministre Deprez du ministère flamand pour les questions scientifiques, a
pris ensuite l’affaire en main. Une délégation de cinq membres de l’International Science Center vint à Bruxelles fin juin
1987 pour y discuter le contrat de l’exposition. Le professeur Yi Shitong qui avait
initié le projet avec moi était toutefois
écarté de la délégation. Après 12 jours de
négociations, la communauté flamande
signait, le 4 juillet 1987, le contrat pour la
plus grande exposition sur la Chine jamais
réalisée en Belgique: ″Chine Terre et Ciel″.
L’exposition réalisée à Bruxelles
de septembre 1988 a reçu 250.000
visiteurs belges, néerlandais, allemands, luxembourgeois et français.
La réalisation d’un duplicata du
Globe ne faisait pas partie du
contrat pour l’exposition ″Chine
Ciel et Terre″. Toutefois c’est dans
le sillage de cette exposition que
cela a pu se faire. C’était même
prévu de pouvoir encore exposer
le globe un certain temps (de décembre 1988 à janvier 1989) dans
la dite exposition mais la réplique
arriva trop tard à Anvers.
L’exposition ″Chine Ciel et
Le globe Verbiest était considéré
Terre″ (Bruxelles 1988-89),
par la Chine comme ’monument
m Le globe et ses soutiens sont envoyés de Tianjin (nov.
une initiative de la
national’ et on y estimait que la ré1988)
plique coûterait cher. C’était une
FondationLa réalisation de
raison pour y renoncer provisoirela réplique du globe était
ment. Cependant, dans le cadre de
été moi-même à Londres pour y avoir l’avis
un sous-produit de cette
la grande exposition, certains prirent souet
la
collaboration
du
professeur
renommé
exposition
dainement intérêt en ce projet, ce qui a
J. Needham qui m’a d’ailleurs promis sa
permis d’en faire diminuer le prix. L’accollaboration.
Lors de ma première visite au globe,
Avec l’aide de l’ambasen 1982, l’idée m’est venue de faire une
sadeur de Belgique à Beiréplique de la sphère céleste et de l’amejing Hollants van Look et
ner à Leuven; non seulement à cause de
son attaché culturel de l’él’intégrité de l’oeuvre d’art mais surtout
poque Staf Vloeberghs
parce que ce globe et son histoire ont manous avons introduit ce
nifestement un message pour notre époprojet auprès du gouverneque: pour l’Europe et aussi pour la Chiment belge. Une initiative
ne. Cela semblait alors être un rêve qui
déjà compliquée en soi. La
dépassait nos capacités financières. En
question était de savoir à
1988 la Fondation avait le projet, lors de
quel gouvernement s’adresson 2ème symposium international à Leuser: le national ou un des
ven de commémorer le 300ème annivergouvernements régionaux?
saire de la mort de F. Verbiest. Ce symEt quel ministère accepteposium traitait d’ailleurs de Verbiest. Cela
rait la dépense de plusieurs
semblait être le moment idéal pour réamillions alors que l’argent
liser le rêve concernant la réplique du glomanquait déjà en ce temps
be céleste. La Fondation avait alors enlà! Il y avait aussi préalacore de plus grands projets, même si ceuxblement pas mal de problèci n’ont pas pu tout à fait se réaliser comm Installation de ce globe au Collège d’Arras à Loumes à solutionner en Chime nous l’espérions. En 1985l’Institut Vervain (mai 1989)
39
cord pour faire une réplique a été discuté
après la signature du contrat pour l’exposition et sans lien direct avec celui-ci. La
décision fut prise avec l’International Science Center à Bruxelles le 4 juillet 1987. En
Chine on constitua un ″comité Scientifique″ d’experts chinois dont Mr. Rong Ke
expert en foute du bronze le plus connu à
l’époque en Chine ainsi que l’ingénieur
Shu Liguang et le professeur Yi Shitong.
La réalisation fut confiée au Metal Crafts
Factory. Des experts de l’Université Catholique de Leuven ont également donné
leur avis: Le vice-recteur André Deruyttere, les professeur Roose, Ovaere,
Smeyers, Boxtael, Mr. Sergeys expert louvaniste dans la foute du bronze et messieurs Decoster, Van Laere des services
techniques de la K.U. Leuven. Ces dernières devaient veiller à trouver un bon
emplacement pour le globe.
Staf Vloeberghs et l’historien de l’art
Kurt Raedemaeker étaient nos représentants à Beijing pour y résoudre les problèmes éventuels. A mi-chemin j’ai pu moimême visiter les travaux à Beijing. Enfin,
une dernière inspection et la réception officielle du globe ont alors été faites par le
nouvel ambassadeur de Belgique. Mr.
Baeckelandt et le professeur Jan Delrue
du département Architecture de la K.U.Leuven. Le globe fut transporté par bateau du port de Tianjin en novembre 1988
à Anvers où il arriva le 23 décembre de la
même année. C’est ensuite le 13 janvier,
la nuit, en ″convoi exceptionnel″ que le
transport vers Leuven (Arenberg) a pu se
faire. L’installation dans la cour intérieure du collège d’Arras a eu lieu fin mai avec
l’aide des services techniques et d’experts.
La sphère céleste avait parcouru un long
voyage, au sens propre et au figuré. Pour
la Fondation cette réalisation et le transfert furent une grande aventure. Lorsque
le Globe était installé tout le monde poussa un soupir de soulagement.
Le Globe Verbiest symbolise les
bons et mauvais jours de la
relation Est-Ouest
Le globe ne représente pas une personne, mais c’est un monument astronomique qui a connu une grande histoire
humaine et internationale. Ce qui nous a
motivé pour amener ce globe à Leuven
n’était pas seulement sa valeur scientifique mais aussi sa signification symbolique, son caractère unique et son histoire
remarquable. La sphère originale a été
réalisée par le flamand Ferdinand Verbiest. Un fait déjà remarquable en soi.
C’est aussi le fruit de la recherche d’astronomes de Chine et d’Europe à une période où les missionnaires occidentaux collaboraient ouvertement avec la Chine. Les
1888 étoiles du globe représentent la
connaissance en astronomie de Tycho Brahe (Danemark) de Guo Shujin, l’autorité
la plus ancienne dans le domaine de l’as40
tronomie, aussi que
des astronomes du
dix-septième siècle
Xu Guangqi et des
scientifiques jésuites Matteo Ricci,
Adam Schall et Ferdinand Verbiest. Le
globe représente des
échanges scientifiques entre la Chine
et l’Europe ″avant la
lettre″ au dix-septième siècle. C’est là, à
l’ancien observatoire de Beijing qui
existe toujours et où
les instruments de
m Inauguration du globe céleste au Collège d’Arras par le RecVerbiest sont encoteur R. Dillemans et l’Ambassadeur chinois Liu Shan, le 2 juin
re à visiter - même
1989
si peu de touristes
s’y rendent - qu’ont
en lieu ces échanges.
astronomiques et les ont amenés en AlleEux aussi avaient leurs tensions internes
magne comme trophées de guerre. Le Gloet leurs confrontations, telle que la disbe Céleste a été de 1901 à 1921 exposé
pute entre Yang Guangxian et Adam
comme trophée et comme une espèce de
Schall et Ferdinand Verbiest. Mais ils déprisonnier de guerre dans le parc du papassaient leurs divergences et il en résullais des empereurs Prusses à Potsdam. Fitait un échange fructueux de science ponalement la Conférence de Versailles de
sitive.
1921 a stipulé par l’article 21 que l’Allemagne devait rapatrier ces instruments à
A cette époque des échanges intensifs
Beijing à ses propres frais et les remettre
existaient également dans le domaine des
à l’endroit où ils avaient été enlevés. Cela
sciences humaines. Philippe Couplet (Mes’est réalisé.
chelen), François Noel (Herstrud, diocèse de Tournai à l’époque) et d’autres ont
On sait également qu’on a encore esfait connaître la culture chinoise à des phisayé d’obtenir de la Chine que les instrulosophes européens comme Malebranments viennent en Europe pour une granche, Voltaire, Montesquieu et d’autres, en
de exposition sur la technologie. Mais la
introduisant et en traduisant des classiChine n’a pas donné suite à cette demanques chinois en latin. C’était le bon temps
de. Plus récemment, durant la Révolulorsque, malgré une certaine méfiance rétions Culturelle (1966-76) les gardes rouciproque, la collaboration entre la Chine
ges ont à un moment donné eu le projet
et l’Europe existait. Ceci est d’autant plus
d’envahir l’observatoire et de le détruire.
remarquable lorsqu’en tient compte de ce
C’est grâce à l’intervention personnelle
qui est arrivé dans la suite.
du premier ministre Zhou Enlai que la catastrophe a été évitée.
Nous pouvons sûrement considérer que
la collaboration qui a pu s’établir est le résultat d’une relation historique d’égalité
Tiananmen a lancée le Globe de
et d’estime réciproque. De nos jours on
Leuven dans l’actualité dès le
est tenté - aussi bien en Chine qu’en Eujour de son inauguration
rope - d’oublier ou même de nier que des
missionnaires ont rempli ce rôle historiLa réplique du globe de Beijing a été
que et positif dans les échanges. Le Gloinaugurée le 2 juin 1989 par une cérémobe Céleste vient nous le rappeler. C’est là
nie qui marquait aussi la fin de la comméson message. Mais il y a davantage.
moration du 300ième anniversaire de la
mort de Verbiest en Chine. A cette inauPar la Guerre de l’Opium (1842) et la
guration participaient l’ambassadeur de
Révolte des Boxers (1900) cette relation
Chine son Excellence Mr. Liu Shan, le recde collaboration s’est détériorée et même
teur Dillemans, la direction de la K.Uchangée en confrontation que, ni la Chi.Leuven et beaucoup d’invités. La céréne ni l’Occident n’ont pu dépasser jusqu’à
monie débutait par une séance académice jour malgré les nombreux échanges
que au Collège Van Dale avec des discommerciaux. En 1900 le Globe Céleste
cours du Recteur Dillemans, le professeur
était au centre de la tourmente lorsque les
E. Vorlat, Yi Shitong, le Scheutist Jeroom
armées de 8 pays occidentaux tiraient sur
Heyndrickx et l’ambassadeur Liu Shan.
Beijing. On dit que l’ancien observatoire
Les invités se sont ensuite rendus au Colet même le Globe ont été touchés par des
lège d’Arras où l’inauguration de la Sphèballes. Ensuite, sur ordre du Field Marsre Céleste avait lieu. Cette inauguration
hall Count von Waldersee, les Allemands
se déroulait de la façon suivante: le mérise sont emparés de différents instruments
accompagner avec leur sagesse et connaisLe monde ensances scientifiques ou bien nous animent
tier était boulede leur courage héroïque. Nous passons
versé. L’événechaque jour devant ces monuments, hament faisait ausbituellement inconsciemment, parfois en
si les gros titres
nous y attardant, en y jetant un regard
des journaux en
comme si on attendait d’eux guidance ou
Belgique. A Leuconseil. Les monuments du passé nous apven les étudiants
portent en effet un message pour l’épocherchaient un
que contemporaine. Ils vivent et ont un
endroit approlangage. Certains nous remplissent de
prié pour comfierté et d’autres nous réprimandent,
mémorer les évéd’autre encore nous rendent honteux parnements. Le gloce que nous n’avons pas été capables de
be du Collège
réaliser ce qu’ils ont pu faire dans le passé.
d’Arras leur semblait le symbole
Le globe renvoie à l’époque heureuse
idéal de Beijing
de Verbiest lorsque la collaboration enet, deux jours
tre la Chine et l’Europe était facile. Il a
après Tiananaussi connu la période néfaste coloniale
men, ils décidèm «L’Université de Louvain est solidaire avec les étudiants chiet impérialiste du 19ième et 20ième siècle,
rent d’organiser,
nois»: telle était la déclaration des étudiants de Louvain qui se
dont il était un témoin direct. La réplile soir, une
rassemblaient près du globe deux jours après le drame de Tiananque du globe installée à coté du bureau de
veillée autour du
men (4 juin 1989)
l’Institut Verbiest est un symbole qui rapglobe. Des drapelle à tous, à l’Europe et à la Chine, la
peaux chinois,
dien de la sphère tournante en bronze innécessité de dépasser les mauvais jours du
belges et flamands, attachés au globe
diquait le degré de latitude de Beijing,
dix-neuvième et vingtième siècles. C’est
étaient en berne. Une musique funèbre
l’ambassadeur Liu Shan, suivi du recteur
effectivement le but auquel le monument
soutenait les images de Tiananmen difDillemens faisaient pivoter la sphère jusveut contribuer: travailler à une nouvelle
fusées dans le monde entier. C’est ainsi
qu’à ce que le méridien indique le degré
relation Est-Ouest. Ce qui signifie de fait
que, deux jours après son inauguration, la
de latitude de Leuven. Un moment riche
à: se référer au travail de F. Verbiest, Matsphère céleste était déjà devenue un téde sens qui reliait symboliquement Beiteo Ricci, Adam Schall von Bell et de leurs
moin direct de l’actualité chinoise.
jing à Leuven dans un rapport de coopécollègues missionnaires du 17ième et
Le globe est le résultat d’une collabo18ième siècles.
ration. L’événement suscita de vives apration entre Verbiest et ses collègues chiplaudissements de la part des invités.
nois et européens. Il a connu l’époque des
Autant en Chine qu’en Europe en consTraités Inégaux, a été impliqué dans les
tate de nos jours une tendance à minimaévénements
de
la
Révolte
des
Boxers,
a
Cette inauguration a donc eu lieu le 2
liser, voire à nier, le rôle positif de misgrâce à Zhou Enlai survécu à la Révolujuin 1989, deux jours avant le drame hissionnaires dans le domaine des échanges
tion
Culturelle
et
s’est
trouvé
au
centre
torique du 4 juin sur la Place Tiananmen
culturels et scientifiques. Le Globe Cédes
événements
de
Tiananmen
à
Beijing
de Beijing. Depuis sept semaines déjà les
leste témoigne que Verbiest et ses collèet
des
manifestations
d’étudiants
à
Leuétudiants chinois manifestaient pour plus
gues échangeaient de la science positive
ven.
de démocratie. Gorbatchov était en visité
avec la Chine, il y a trois cents ans, mais
à Beijing. Ce jour là des milliers d’étuaussi que, grâce à cette réalité, Couplet,
Les sphères célestes de Beijing et
diants manifestaient. La place Tiananmen
Noël et tant d’autres missionnaires ont
était devenue le centre du monde. Dans
de Leuven ont un message pour
permis à des philosophes européens de
son discours à Leuven l’ambassadeur poula Chine et pour l’Europe
l’époque de connaître et d’apprécier
vait difficilement parler de la Chine sans,
Confucius et la pensée chinoise. Ils rapau moins, faire allusion à ce qui se paspellent même à l’Eglise contemporaine
sait à Beijing. Il disait: ″En ce moment la
Pourquoi avonsChine est confrontée à quelques difficulnous amené cette
tés sur son chemin de la réforme. Je puis
réplique de la sphècependant vous dire que la situation pore céleste de Beijing
litique est stable, que la politique étranà Leuven? La pregère, d’indépendance et de paix ainsi que
mière question à se
la politique intérieur ne changeront pas″.
poser est évidemment: pourquoi
avons-nous dans nos
Le lendemain, dans la nuit du 3 au 4
villes, parcs et instijuin, les tanks chinois envahissaient la platuts, érigé des moce Tiananmen à Beijing afin de mâter la
numents à nos hémanifestation des étudiants. Il y eut beauros nationaux, à nos
coup de morts. Déjà avant l’attaque de
dirigeants politiques
Tiananmen l’armée avait occupé le bâtiet religieux, scientiment de l’Academy of Social Sciences chifiques, poètes et
noise parce que on savait que beaucoup
compositeurs? Parde chercheurs de l’académie ralliaient
ce que nous voulons
Zhao Ziyang qui soutenait les étudiants.
garder le souvenir
Cette académie est située en face de l’ande notre passé. Nous
cien observatoire, qui était également ocsouhaitons que les
cupé par l’armée. Le globe céleste de Vergrands du passé m Un militaire allemand en garde devant le globe emballé pour
biest était donc un témoin direct de ce qui
continuent à nous être transporté à Berlin en 1900
se passait à Beijing.
41
son échec historique du dix-septième et
dix-huitième siècle. Elle a en effet par la
querelle des rites raté sa chance de s’adapter à une culture, un peuple, un pays qui
est actuellement parmi les grands du monde. Ces grands hommes du passé posent
la question de savoir si l’Eglise est
aujourd’hui disposée à donner à l’Eglise
chinoise locale l’autonomie et l’identité
propre qui lui revient? Mais aussi l’Eglise locale chinoise est-elle prêtre à s’intégrer positivement dans l’Eglise universelle, communauté de tant d’Eglise locales,
de cultures diverses? La réponse à ces
questions n’est pas évidente.
Les deux sphères célestes pointent un
doigt accusateur vers les grandes puissances occidentales qui, au 19ième siècle, ont
fait preuve de mépris jour cette grande
culture et ont imposé avec force l’exploitation de la Chine. Dans notre siècle de
globalisation les globes réprimandent tous
les pays et cultures - y compris la Chine et disent qu’aucun pays ou culture ne peuvent se croire supérieurs à un autre. Pour
arriver à un processus fructueux de globalisation il reste indispensable que chacun apprenne à accepter, objectivement
et sans à priori, sa propre histoire, à identifier ses limites et ses fautes et, à partir
de là, tendre à réaliser une nouvelle relation avec d’autres continents; une relation basée sur l’égalité et l’estime réciproque. Cela peut paraître évident et simple
mais certains signes nous font craindre
que nous aurons besoin de plus que le
21ième siècle pour le réaliser.
Entre-temps, chaque jour des touristes belges, néerlandais, luxembourgeois,
allemands et français visitent le globe de
Leuven. A Beijing les touristes viennent
du monde entier. Ces deux sphères continueront à rappeler leur message à l’Europe ainsi qu’à la Chine et aussi au monde globalisant.
Comprenez vous maintenant pourquoi
nous avons choisi la sphère céleste comme logo de l’Institut Verbiest?
(J. Heyndrickx, avec des données du
Prof. Yi Shitong et des photos de
Staf Vloeberghs)
DEUX E
u VE
| QUES CHINOIS, DES FIGURES HISTORIQUES, SONT ALLE
uS
RENCONTRER LE SEIGNEUR
Mgr. Bernardinus Dong OFM, évêque
de Wuhan (province Hubei) le premier
évêque nommé par l’Association Patriotique et sans nomination par Rome a été
sacré en août 1958. En 1985 il fut le premier des évêques sacrés sans l’accord de
Rome à être ensuite régularisé par le pape
Jean Paul II. Deux mois avant sa mort, à
89 ans, le régime l’a obligé à collaborer au
sacre d’un évêque illégitime selon Rome.
Mgr. Michael Fu, évêque de Beijing a
été le premier évêque sacré après la Révolution Culturelle (déc. 1979) et sans nomination par Rome. Comme vice-président du Congrès du Peuple Chinois il était
l’évêque de Chine politiquement le plus
engagé.
Les deux sont décédés en 2007.
L’évêque franciscain de Wuhan,
Mgr. Berdinas Dong O.F.M.
Mgr. Bernardinus Dong, OFM, était
né à Zhangjiazhuang (province Hubei) le
1er avril 1917 dans une famille catholique
traditionnelle. Il fut ordonné prêtre en
1942 et a ensuite été actif dans la pastorale de différentes paroisses du diocèse de
Hankou, un diocèse des franciscains italiens. Il y devint curé de la cathédrale et
ensuite, après l’expulsion des franciscains
italiens en 1952, administrateur du diocèse en 1955. Lorsque l’Association Patriotique fût créée en Chine (1957) celleci choisit Bernadinus Dong comme évêque. Il fut sacré le 13 avril 1958 en même
temps que P. Yuan Wenhua. Ils étaient aussi les premiers évêques de Chine autochoisis et auto-sacrés, mais sous contrainte. Rome avait bien été prévenu par télégramme et l’approbation ou la nomination par le pape Pie XII avait même été
demandée. Mais Rome a refusé et menacé d’excommunication. L’encyclique historique de Pie XII Ad Apostolorum Prin42
m Mgr. Dong Guangqing pendant son sacre épiscopal (illégitime) le 13 avril 1958
cipis publiée le 29 juin 1958 comme réaction au sacre des deux évêques prévenait
l’Eglise de Chine que pour ce genre de sacre non autorisé une excommunication
specialissimo modo reservata était prévue.
Cette excommunication n’a toutefois jamais été prononcée; il n’y a donc pas eu
d’excommunication. Entre 1958 et la Révolution Culturelle (1966) l’Association
Patriotique aurait encore fait sacrer 45
autres évêques, Mgr. Bernardinus Dong,
sacré sous la contrainte a vécu de 1958
jusqu’au milieu des années quatre-vingts
dans le doute de savoir s’il était effectivement excommunié. Mgr. Yuan Wenhua
est décédé dans cette insécurité. Lorsque
j’ai rencontré Mgr. Dong pour la première fois, en 1988, il m’a confirmé que, en
1958 il était impossible d’entrer en contact
avec Rome pour clarifier la situation. Il a
appelé cela un trouble de communication
avec Rome.
Durant la Révolution Culturelle Mgr.
Dong a fait quinze ans de travaux forcés.
Pendant de nombreuses années, personne ne savait d’ailleurs où il était jusqu’à
ce qu’il réapparaisse en 1978. Au milieu
des années quatre-vingts Mgr. Bernardinus Dong fut le premier évêque illégitime qui, après en avoir fait la demande au
pape Jean Paul II, a été régularisé et
nommé par Rome. Au début, ce genre de
démarche était un secret absolu mais, progressivement d’autres évêques ayant l’un
après l’autre fait la même demande, c’est
devenu un secret de polichinelle. Au début l’autorité chinoise réagissait négativement au fait que des évêques nommés
par eux et sacrés par leurs évêques se réconciliaient avec Rome, néanmoins elle
laissait faire.
Par al suite il arrivait cependant fréquemment que les évêques reconnus par
Rome subissaient la contrainte justement
à cause de cette reconnaissance. Comme
la plupart des évêques officiels, Mgr. Bernadinus a été obligé d’accuser le Vatican
″d’ingérence dans les affaires intérieures
de la Chine″. Il a fait cela deux fois, entre
autres en reprochant à Rome de Reconnaître deux Chines etc. Il a fait cela deux
fois, entre autres en reprochant à Rome
de reconnaître deux Chines etc. Il arrivait aussi que des déclarations qu’il n’avait
jamais faites paraissent sous son nom dans
les medias. Il est aussi devenu le président de L’Association Patriotique de la
province du Hubei. Toutefois cette situation ne l’a pas empêché de prendre grand
soin de l’Eglise de Wuhan. Déjà en 1983
il a ouvert un séminaire qui acceptait des
séminaristes de tous les diocèses de Chine Centrale. Il y a actuellement une cinquantaine de prêtres et 45 religieuses dans
son diocèse.
Mgr. Dong a encore été fort apprécié
au sein de l’Eglise pour son initiative de
réconciliation avec l’évêque souterrain
Mgr. Odoricus Liu OFM qu’il a même invité à venir habiter chez lui. Ce geste - ainsi que sa réconciliation avec encore deux
autres évêques souterrains de la région ont suscité des problèmes avec l’Association Patriotique et le Bureau de la Religion. A un moment donné un séminaire
a été fermé et, lorsqu’il a pu le rouvrir, il
lui a été défendu d’inviter encore des professeurs de l’étranger. C’étaient des punitions à cause de sa reconnaissance par
Rome. Mais il s’en est accommodé. Ces
initiatives ont fait de lui un des évêques
de Chine les plus sûrs et plus appréciés à
Rome et dans l’Eglise Universelle.
Cette vie tragique allait s’achever encore plus dramatiquement. Mgr. Dong
était gravement malade depuis des années. En mars 2006 l’autorité chinoise décidait de faire sacrer le Révérend Ma Yinglin comme évêque de Kunming. L’autorité savait que pour cette nomination une
demande avait été faite à Rome qui n’avait
pas réagi, ou plutôt, examinait la question mais tardait à répondre. Alors qu’en
Chine on attendait cette réponse, une violente dispute éclatait dans les medias entre Anthony Liu Bainian de l’Association
Patriotique et l’évêque de Hong Kong. Les
autorités chinoises réagirent à cette situation en voulant montrer qui est maître en
Chine et de quoi elles sont capables. Elles décidèrent de faire sacrer Ma Yinglin
comme évêque de Kunming, avec ou sans
nomination par Rome. A travers diverses
pressions, par des non-vérités et surtout
des ruses elles ont réussi à rassembler neuf
évêques reconnus par Rome pour être coconsécrateurs. L’évêque, déjà mourant de
89 ans, Mgr. Bernardinus Dong a été transporté à Kunming en chaise roulante, par
avion, pour y présider la très longue cérémonie du sacre (l’oxygène à portée de
main durant la cérémonie). Deux jours
plus tard, Rome a réagi sans exprimer une
excommunication mais en se référant au
même canon par lequel Mgr. Dong avait
déjà été au bord de l’excommunication en
1958. C’est par ce même canon du Code
Ecclésiastique qu’il a débuté sa vie comme évêque et qu’il a terminé sa vie terrestre. Mgr. Bernardinus Dong est décédé le
12 mai 2007. Sa vie a été dramatique. Ses
obsèques étaient un triomphe. Des milliers de chrétiens y participaient. Des centaines de prêtres concélébraient.
tit et Grand Séminaire de Beijing il a été
ordonné prêtre en 1956. Ensuite, il a travaillé dans la pastorale des églises Nantang et Beitang (l’église du nord et du sud)
de Beijing. Très peu de choses sont
connues de son histoire durant la Révolution Culturelle. On dit qu’à un moment
donné il a étudié à ″l’Ecole du Drapeau
Rouge″; depuis des années le bruit court
aussi qu’il se serait marié - sous contrainte. Beaucoup confirment cette nouvelle,
d’autres la nient, mais elle l’a sérieusement poursuivi jusqu’à la veille de sa mort.
Cela a grandement influencé l’attitude de
beaucoup vis-à-vis de l’évêque Fu.
Mgr. Dong peut être considéré comme un personnage type des évêques officiels. Pour le bien de leur Eglise locale,
pour pouvoir la reconstruire et sauver ce
qui pouvait l’être, ils ont accepté de colAprès la Révolution Culturelle et la
laborer avec les autorités dans des cirmort de Mao Zedong (1976) Michael Fu
constances très complexes, sans pour
était le seul prêtre catholique actif à Beiautant nier quoi ce soit de leurs princijing dans l’unique église restée ouverte, la
pes. Cela les fait vivre dans une situation
Nantang. Son élection comme candidat
complexe et sous pression constante. Dans
les medias ils portent habituellement
le cachet ″d’évêque
patriotique qui ne
reconnaît pas l’autorité du pape″. Celui
qui les connaît est
bouleversé par ce
genre de fausses et
injustes nouvelles.
Cela fait déjà vingt
ans que nous pouvons lire ce genre
d’accusation. Toute
personne qui a
connu Mgr. Dong le
respecte comme un
homme juste, un
homme courageux
m Cardinal Suenens, Mgr Michaël Fu, le Nonce Moretti à l’ocet sage avec un peu
casion de la clôture solennelle d’une session de formation (1994).
de malice dont il
Au 2° rang, entre Mgr Fu et le Nonce, Paul Meng, un de nos
avait bien besoin
boursiers à Louvain.
dans sa situation. Il
était par-dessus tout
un serviteur fidèle
de l’Eglise et du
évêque de Beijing le 25 juillet 1979 a, après
pape. On dira peut-être ″mais il était un
la Révolution Culturelle, suscité la preévêquechinois officiel, reconnu pas le rémière confrontation publique entre Beigime communiste″. Bien sûr, mais alors
jing et Rome concernant la nomination
dans le sens de la boutade suivante (a
des évêques. Rome ayant protesté, Beinuancer un peu) soit: ″dans son manque
jing avait déjà la réponse qu’ils répètent
de liberté la communauté souterraine de
encore de nos jours: ″la Chine n’accepte
Chine fait tout ce qu’elle veut (c’est ce qui
pas que Rome s’ingère dans les affaires
est à corriger), et ″dans toute sa liberté,
intérieures de la Chine.″ Le sacre de Mil’Eglise officielle reconnue par le gouverchael Fu Par Mgr. Yang Gaojian et Mgr.
nement est parfaitement contrôlée.″ TouWang Xueming a eu lieu le 21 décembre
te la vie de Mgr. Bernardinus Dong, son
1979. La presse relatait l’événement compropre sacre épiscopal, tout ce qui a suivi
me étant le signal que l’Eglise Catholiet alors le dernier sacre épiscopal à Kunque Chinoise voulait rester indépendanming en sont une preuve évidente. C’éte de Rome.
tait un grand-homme, une figure historique dans l’histoire de l’Eglise de Chine
On s’est vite rendu compte que Mgr.
R.I. P.
Fu, en sa qualité d’évêque de Beijing, était
utilisé comme port-parole de l’autorité
Mgr. Michael Fu Tieshan, évêque
afin de prouver aux visiteurs internatiodu diocèse de Beijing
naux qu’il y avait bien liberté religieuse en
Chine, alors que à travers le monde on esMichael Fu Tieshan est né en 1931 à
time le contraire jusqu’à nos jours. Mgr.
Qingyuan (province Hebei) dans une faFu accepta ce rôle. Durant toutes les anmille catholique. Après des études au Penées qui ont suivi, les principales occupa43
tions de l’évêque de Beijing consistaient
à recevoir des visiteurs étrangers, à participer à des délégations chinoises - religieuses et civiles - à l’étranger et jouer un
rôle au sein des structures politiques et
des rencontres en Chine même. Cette dernière fonction est ensuite devenue la principale occupation au détriment de son rôle
de pasteur dans son diocèse.
Mgr. Fu est venu deux fois en Belgique. En 1985 il est venu à Leuven sur invitation de l’Université comme dirigeant
de la première délégation qui pouvait officiellement quitter la Chine pour visiter
un autre Eglise. Son voyage était organisé par l’Institut Verbiest. Le but était
d’informer les visiteurs chinois sur la formation des prêtres et les études de philosophie et de la théologie d’après Vatican
II organisées à la K.U.Leuven et dans les
séminaires. C’était aussi la première fois
que nous pouvions avoir un dialogue
concélébré avec des dizaines d’évêques et
des centaines de prêtres. Nous participions à cette Eucharistie, assis sur le côté
en habit de Clergyman. Ce furent des moments extrêmement pénibles mais néanmoins une image de l’attitude exprimée
continuellement par Mgr. Fu vis-à-vis de
Rome. C’était aussi implicitement l’expression de notre choix manifeste de la
communauté souterraine et de l’attitude
de celle-ci vis-à-vis de l’officielle. Lors de
ma suivante visite à Beijing j’ai appris que
l’autorité chinoise n’avait nullement apprécié notre choix. J’ai répondu: ″appliquons les lois du pays mais aussi celles de
l’Eglise″.
Lorsque le Cardinal Danneels s’est rendu à Beijing en 2005, Mgr. Fu était déjà
gravement malade. Il a cependant pu quitter l’hôpital pour accueillir le Cardinal et
l’accompagner à la Nantang.
Les responsabilités politiques
imposées à Mgr.
Fu étaient sons
doute la cause du
manque de soin
qu’il pouvait apporter à son diocèse. La récupération de biens de
l’Eglise, la réouverture d’églises,
la création de
séminaires et de
congrégations religieuses étaient
des tâches plus
compliquées à
Beijing
qu’ailleurs. Il ne
m Mgr Michaël Fu accueilli par le Cardinal Danneels à Malines,
lui restait que
avec une délégation des Evêques chinois (1985)
peu de temps
aussi pour s’occuper des prêtres.
ouvert avec des évêques chinois. La
Une initiative remarquable du diocèse de
Beijing fut le redémarrage de la Sapiendeuxième visite se situe en 1994, lorsque
tia Press, active dans le passé jusque dans
Mgr. Fu est venu assister à Leuven à la remise de diplôme à quelques prêtres chiles années cinquante. Par l’édition Sapiennois qui avaient reçu une formation pour
tia Press l’Eglise de Beijing désire s’adresl’accompagnement spirituel dans les sémiser aux intellectuels par des publications
sur la foi, la culture et la science ainsi que
naires. Sa rencontre à Leuven avec le Cardinal Suenens et le Nonce Apostolique
par l’organisation de symposia sur ces sujets.
Mgr. Moretti peut être qualifiée d’historique.
En 1998 Mgr. Fu a été élu Président
National de l’Association Catholique PaCette visite avait des aspects délicats:
d’une part il était nécessaire de bien retriotique. Après la mort de Mgr. Liu Yuanren, président de la Conférence Episcocevoir notre invité, avec les honneurs qui
s’imposaient et, d’autre part, de tenir
pale, Mgr. Fu devenait encore président
en exercice de la (toujours pas reconnue
compte des directives de l’Eglise, éviter
par Rome) Conférence Episcopale Chides malentendus avec l’Eglise en Chine et
noise. Mais, ce qui a complètement bouavec Rome. Il s’agissait entr’autre de pouleversé la situation de Mgr. Fu c’est son
voir éviter que l’évêque illégitime de Beiélection en 2003 comme vice-président du
jing puisse concélébrer publiquement. Ce
Dixième Congrès National du Peuple, l’Asfut particulièrement délicat lors du pèlesemblée législative de la Chine. Jamais un
rinage à Lourdes, le jour de la Pentecôte,
évêque catholique de Chine n’avait oclorsque, avec notre groupe de prêtres sous
cupé une fonction politique aussi élevée.
la direction de Mgr. Fu, nous n’avons pas
44
L’Eglise s’est demandée cependant si cette haute fonction favorisait l’évêque luimême, son diocèse et sa tâche pastorale.
La réponse est généralement négative.
J’ai moi-même rencontré Mgr. Fu pour
la première fois à une réunion internationale en octobre 1981 à Montréal, Canada. J’ai alors eu de longues conversations
avec lui dans un environnement plus libre, seul dans sa chambre. En 1992 Mgr.
Fu était invité au Congrès Catholique sur
le Développement à Paris. Quelques organisations avaient alors exprimé leur intention de manifester dans les medias
contre la présence de Mgr. Fu. Suite à cela,
les organisateurs français m’ont invité à
venir accompagner l’évêque. En réalité,
leur but était de pouvoir limiter les interviews avec la presse. Par ailleurs c’était
pour moi et les évêques français l’occasion d’avoir avec lui des conversations plus
privées et franches. Il y avait manifestement une grande différence entre ces
conversations et celles que j’avais avec lui
à Beijing, toujours en présence de témoins. L’implication pastorale de Mgr. Fu
diminuait proportionnellement au progrès de ses responsabilités politiques.
En sa qualité de Vice-président du
Congrès du Peuple, Mgr. Fu recevait un
garde de corps qui devait ’le protéger’ 24
H sur 24. Je ne lui ai plus rendu visite depuis. Lorsque j’étais à Beijing je lui envoyais encore mes salutations à travers
son cuisinier que je rencontrais à la messe matinale. Je soupçonnais alors que la
situation de l’évêque de Beijing devait être
très esseulée et triste, situation qui a dû
s’aggraver lorsqu’il s’est trouvé malade à
l’hôpital les dernières années. Même les
prêtres n’arrivaient plus à le voir. L’homme a jusqu’à la fin perdu toute sa liberté.
Les soins médicaux étaient sûrement parfaits mais le contact humain, surtout avec
la communauté chrétienne, était strictement contrôle. La question reste posée de
savoir si Mgr. Fu avait renoncé librement
à cette liberté ou si elle lui avait été enlevée. Ce sera sons doute la dernière hypothèse, la vraie. Nous pouvons difficilement affirmer que Mgr. Fu s’est montré
courageux vis-à-vis du régime communiste. Il faudra à la communauté catholique
encore des années pour pouvoir faire une
évaluation juste de la vie de Mgr. Fu, du
point de vue historique, humain et chrétien, en toute charité et vérité.
R.I.P.
(Jeroom Heyndrickx, cicm)
POUR UNE MISE EN ŒUVRE DU MESSAGE DU PAPE BENOÎT XVI AUX
CATHOLIQUES DE CHINE DANS LA FIDÉLITÉ À LA LETTRE ET À L’ESPRIT
La réconciliation et l’unité constituent
le cœur de la lettre du pape à l’Eglise de
Chine. Les premières réactions à la lettre montrent que l’Eglise de Chine ne manquera pas de tenir compte de cet appel
clair et acceptera le défi de réaliser l’unité.
Il s’agit là d’une tâche pastorale interne à
l’Eglise qui doit être nettement distincte
des efforts en vue de normaliser les relations de l’Eglise de Chine avec le gouvernement chinois ainsi que les relations sino-vaticanes. Ce point de vue est fondé
sur les trois remarques qui suivent.
Première remarque. Sans se reporter
à l’histoire du ″Document en 8 points″ on
ne peut comprendre pour quelle raison la
lettre du pape était si impatiemment attendue par les pasteurs en Chine. En 1985,
l’évêque clandestin Fan Xueyan de Baoding, dans la province du Hebei, (lui-même ou son conseiller Zhang Dapeng) avait
de bonnes raisons d’écrire le ″Document
en 13 points″. A cette époque, certains
évêques officiels avaient fait des déclarations publiques qui avaient donné aux catholiques chinois des raisons valables de
suspecter que ces évêques et ceux qui les
suivaient n’étaient pas en communion avec
l’Eglise catholique universelle. Dans le
″Document en 13 points″ l’évêque Fan
qualifiait ces évêques de schismatiques et
interdisait sévèrement à ses catholiques
d’assister à leurs messes dans les églises
officielles. On leur avait appris que ce serait un péché mortel. Beaucoup de catholiques chinois se conforment encore
aujourd’hui à cette interdiction.
Mais au cours de l’année 1985 il a été
connu que plusieurs évêques illégitimes
de l’Eglise officielle avaient demandé et
obtenu leur reconnaissance par le pape.
C’était la preuve qu’ils n’étaient pas schismatiques. Le Saint-Siège a alors estimé
que le ″Document en 13 points″ était trop
sévère. Il a promulgué le ″Document en
8 points″ qui atténuait le ″Document en
13 points″ mais n’encourageait en rien les
catholiques à assister à la messe dans
l’Eglise officielle. Dès la promulgation du
″Document en 8 points″ (1988), le cardinal Jaime Sin de Manille réagit en déclarant publiquement que le document était
déjà dépassé. Le cardinal avait déjà effectué deux visites en Chine et il n’avait trouvé
aucun signe de schisme dans l’Eglise chinoise. Plusieurs personnes étaient d’accord
avec le cardinal Sin. Cependant, tenant
compte des avis de certains évêques clandestins, le Saint-Siège a maintenu les ″8
points″ dans ses rapports avec l’Eglise de
Chine. A la fin des années nonante, on a
su que près de 90% des évêques officiels
avaient déjà été reconnus par le Saint-Siège. Plusieurs évêques tant clandestins
qu’officiels étaient aussi persuadés qu’il
n’y avait pas de schisme. Ils attendaient
une parole officielle de Rome pour encourager les catholiques chinois des communautés officielles aussi bien que clandestines à célébrer ensemble l’Eucharistie.
Mais il y a eu ensuite quelques années
de confusion. D’abord la nouvelle s’est répandue dans l’Eglise chinoise que le ″Document en 8 points″ n’était plus
d’application. Beaucoup s’en sont réjouis.
Mais peu après une lettre était envoyée
affirmant que le document était toujours
en vigueur. Cela a provoqué la confusion.
Est-ce que cela impliquait qu’il y avait en
effet une Eglise schismatique en Chine?
Le fait que de rares évêques étaient encore illégitimes n’affectait pas la fidélité
de l’ensemble de la communauté! S’il en
était ainsi, le temps n’était-il pas venu de
réunir les deux communautés d’Eglise?
Après des instructions peu claires et confuses répandues de façon répétée pendant
si longtemps, il n’y avait que la plus haute autorité dans l’Eglise qui pouvait prononcer la parole libératrice et donner la
réponse. C’est précisément ce que la récente lettre du pape a fait finalement.
Après avoir attentivement étudié la situation de l’Eglise de Chine, le pape trouve
que le temps est venu d’aller au-delà de
la situation du ″Document en 8 points″ et
d’encourager les fidèles chinois à s’unir à
l’Eglise chinoise une, sainte, catholique et
apostolique, dans une parfaite unité avec
l’Eglise universelle à travers le Saint Père.
La lettre pastorale a apporté cette réponse claire si longtemps attendue.
Deuxième remarque. L’appel clair du
pape implique l’obligation immédiate de
tous les pasteurs de l’Eglise de Chine de
s’engager pleinement à répandre ce message et à stimuler cette unité à l’intérieur
de l’Eglise de Chine. Les nouvelles qui
nous parviennent ces jours-ci de l’Eglise
qui est en Chine montrent que les chrétiens des deux communautés comprennent parfaitement le signal et veulent y répondre positivement. Certains évêques officiels reconnus ont distribué des copies
de la lettre pontificale à tous leurs prêtres en leur demandant explicitement de
l’étudier et de suivre son appel: par exemple, les évêques de Shanghai, de Fenyang
(Shaanxi), Jingxian (Hebei), Ningxia et de
tant d’autres diocèses. Ces évêques et ces
prêtres ont prêché sur la lettre en chaire
de vérité et ont saisi l’occasion pour confirmer publiquement leur union avec le
Saint Père. Un évêque de la communauté
clandestine - Wei Jingyi (Siping - N.E. de
la Chine) - a écrit une lettre pastorale sur
le sujet, saluant l’appel du pape, malgré
qu’il soit exigeant pour ses chrétiens. Un
autre ″évêque clandestin″, An Shuxin
(Baoding) a raconté à des amis qu’il avait
commencé depuis longtemps déjà à cheminer sur la voie de l’unité suivant
l’orientation donnée par le pape JeanPaul II. Ces jours-ci, nous sommes quelques-uns en dehors de la Chine à avoir
reçu des coups de téléphone émanant de
communautés clandestines d’un diocèse
où par le passé des prêtres et même deux
évêques étaient terriblement divisés. La
lettre du pape, disaient-ils, était pour leur
Eglise vraiment un nouveau départ sur la
route de l’unité, bien que pour eux certains aspects de la lettre étaient difficiles
à accepter.
Toutefois, certains autres membres de
la communauté clandestine demeurent
convaincus que certaines situations justifient encore de s’abstenir de célébrer
l’Eucharistie avec des membres de la communauté officielle. Les traitements injustes infligés à des catholiques chinois par
les autorités gouvernementales les persuadent qu’ils ont raison de continuer à
vivre séparément comme ″église″ clandestine. Humainement parlant, c’est bien
compréhensible. Les pasteurs de l’Eglise
doivent traiter cela avec sagesse et sensibilité, tout en continuant à conduire résolument leurs ouailles sur la voie vers
l’unité à laquelle la lettre du pape les invite. Aucun effort humain ne peut unir
une Eglise divisée; encore moins une main
de fer. Seul l’Esprit Saint agissant doucement dans le cœur des fidèles peut réaliser cette unité. Les pasteurs doivent stimuler cette action de l’Esprit de la même
manière que feu le pape Jean-Paul II l’a
fait pendant un quart de siècle. D’un côté,
avec patience il respectait les décisions et
les comportements adoptés par les deux
communautés catholiques de Chine. Cette patiente approche était la raison principale pour laquelle il a fallu si longtemps
avant qu’un appel formel pour l’unité puisse être lancé. Mais le pape Jean-Paul II
n’a jamais cessé d’insister sur la nécessité
d’aller vers l’unité et la réconciliation. De
même que, de l’autre côté, il n’a jamais
cessé de presser le gouvernement d’arrêter
de harceler les chrétiens.
La lettre du pape Benoît XVI contient aussi un appel aux évêques et aux prêtres officiels de certains diocèses qui peuvent craindre les sanctions de la part des
autorités civiles s’ils expriment ouvertement et clairement leur union avec le Saint
Père. Ils le redoutent. Les paroles du Seigneur Jésus à ses apôtres s’appliquent ici
aux pasteurs tant clandestins qu’officiels
de Chine: ″Courage, dit-il. C’est moi. N’ayez
pas peur!″ (Mt 14, 27). Tous les pasteurs
de Chine doivent redire ces paroles du
Seigneur à leurs fidèles afin que tous puissent trouver courage et force.
L’hésitation de certains catholiques
clandestins est humainement parlant très
compréhensible. Mais il n’est pas raison45
nable que certaines autorités ecclésiastiques les confirment dans cette attitude
qui consiste à éviter de répondre à l’appel
du pape en faveur de l’unité. Cette ligne
pastorale qui justifie le refus de s’unir évacue le point fort de la lettre du pape et
réintroduira le ″Document en 8 points″
que la lettre du pape veut précisément révoquer. Cela confirmerait l’Eglise de Chine dans sa division intérieure en deux communautés comme il en a été pendant les
25 dernières années. Cette situation serait même pire qu’avant, parce qu’alors
plus aucune autorité supérieure ne pourrait appeler à se réunir puisque le pape l’a
déjà fait dans la présente lettre. Cela pourrait entraîner une division permanente
dans l’Eglise de Chine. Ceux qui confirment les hésitations des clandestins sèment la confusion dans l’Eglise de Chine. Ils prennent une lourde et historique
responsabilité en affaiblissant le message de la lettre du pape et donnent un signal équivoque aux fidèles.
Cela nous rappelle ce que dit saint Paul
dans 1 Co 14, 7-8: ″... comment reconnaître l’air qui est joué si les notes ne sonnent
pas distinctement? Si la trompette ne rend
pas un son clair, qui se préparera au combat?″ La lettre du pape interprète clairement la partition: les paroles et la musique - c’est-à-dire à la fois l’esprit et la lettre de sa pensée - sont nettement exprimées. Toutes les personnes concernées
doivent éviter d’introduire des notes discordantes qui pourraient causer la confusion chez les catholiques chinois et les empêcher de savoir à qui obéir.
Troisième remarque. La tâche de réunification de l’Eglise est strictement
l’œuvre du Saint Esprit. En matière de
foi, aucune ″aide″ n’est attendue de César. Néanmoins l’Eglise de Chine doit évidemment normaliser ses relations avec le
gouvernement si elle veut être authentiquement chinoise. Une Eglise catholique
chinoise avec des évêques reconnus par
tous les fidèles aussi bien que par le gouvernement sera en mesure de contribuer
d’une manière plus efficace à construire
la société chinoise harmonieuse si longtemps recherchée. Ceci ne peut bien sûr
arriver que si les chrétiens ne sont plus
harcelés par des autorités civiles locales
quand ils se réunissent pour prier, et s’ils
ne sont plus forcés de promouvoir une
Eglise catholique chinoise indépendante
du Saint-Siège.
En d’autres mots, ce qu’il faut c’est une
atmosphère dans laquelle les évêques de
l’Eglise catholique sont respectés et jouissent de la liberté dans leur tâche de conduire leurs fidèles dans la foi. Le caractère
propre et l’identité de l’Eglise catholique
chinoise doivent être reconnus, y compris
sa hiérarchie et sa relation avec l’Eglise
universelle en communion avec le Pape.
Beaucoup d’amis en Chine - spécialement
ces frères et sœurs clandestins qui ont si
souvent été victimes de harcèlements - observent avec raison que ces aspects fondamentaux de la vie de l’Eglise font toujours défaut en Chine. En même temps,
nous devons aussi reconnaître que l’Eglise
en Chine a été capable de se reconstruire
et de se répandre rapidement ces dernières 25 années en partie grâce au regard
bienveillant du gouvernement. Malgré
tout, cette situation est devenue très ambiguë et exige depuis longtemps une solution. Il y a un besoin urgent pour l’Eglise
et pour l’Etat en Chine d’engager un intense dialogue pour mettre en vigueur une
politique religieuse et une législation qui
garantissent une entière liberté de religion pour tous les croyants y compris les
catholiques. Une Eglise chinoise locale
parfaitement unie doit être ouverte à ce
dialogue. L’unification de l’Eglise est une
tâche pastorale intérieure à la communauté d’Eglise catholique. En parallèle, mais indépendamment de cela, les communautés d’Eglise locales doivent aussi
engager à l’extérieur un dialogue avec le
gouvernement.
Certains catholiques clandestins disent que ″la pleine liberté de religion en
Chine″ est pour eux une condition préalable pour rejoindre la communauté de
l’Eglise officielle. Ceci pourrait incons-
ciemment créer des raisons pour négliger l’appel du pape Benoît XVI à réunir
l’Eglise. La lettre du pape est une indication officielle que, selon lui, la situation
qui a été à l’origine du ″Document en 8
points″ appartient au passé, dans la mesure où la communauté ecclésiale est concernée. S’il n’y a pas de schisme, pourquoi continuer à exister en deux communautés séparées? C’est clair, la réconciliation au sein même de l’Eglise en tant
que corps ecclésial eucharistique, passe
avant tout.
Dans la logique de l’appel du pape pour
l’unité il s’ensuit que l’Eglise unie de Chine doit être prête à entamer un dialogue
avec le gouvernement en tant qu’Eglise
unie afin d’obtenir en Chine la même liberté religieuse des catholiques que celle
dont jouissent les catholiques dans tous
les autres pays du monde. C’est ici que se
trouve une lourde responsabilité pour le
gouvernement. Il n’y a en effet aucune raison pour que les autorités chinoises refusent aux catholiques chinois le genre de
liberté religieuse que proposent tous les
autres pays. L’Eglise chinoise doit rendre
à César ce qui appartient à César mais il
n’est que juste qu’elle exige en retour que
César rende à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Grâce à un dialogue vrai et constructif dans
la vérité, la réalisation d’une entière liberté religieuse ne sera pas seulement pour
la Chine une étape historique de sa croissance et de sa maturation en tant que Nation, mais elle sera aussi le présage d’une
Eglise chinoise une, sainte, catholique et
apostolique, pleinement incarnée dans la
culture chinoise et la civilisation contemporaine. Une telle réalisation, j’ose le suggérer, ouvrira automatiquement la voie
vers la normalisation des relations diplomatiques avec le Vatican. Mais ce domaine est une prérogative des diplomates
plutôt que des pasteurs.
(Jeroom Heyndrickx cicm; Traduction de
l’anglais, François Dabin)
COLLABORER POUR LA CONSTRUCTION D’UNE NOUVELLE ROUTE DE
SOIE: L’E
u GLISE CATHOLIQUE EN CHINE, SON HISTOIRE ET NOTRE
NOUVELLE RELATION AVEC CETTE E
u GLISE
EXPOSITION MOBILE SUR L’E
u GLISE EN CHINE
A l’occasion de ses vingt-cinq ans d’existence, l’Institut Verbiest a réalisé une exposition mobile. L’exposition donne, en vingtneuf panneaux de 120 sur 80 cm, une image de l’histoire mouvementée de l’Eglise en Chine et sa place dans la société chinoise.
En même temps, on fait le point du quart de siècle passé de l’Institut Verbiest. L’exposition peut être louée par des Institutions
et des groupes qui veulent travailler au sujet de la Chine. Informations ultérieures au secrétariat de l’Institut Verbiest.
Détails et liste des prix sur notre site: http://www.kuleuven.be/verbiest/expo/
46
QUELQUES IMAGES PLEINES D’AMBIANCE DE LA CE
u LE
u BRATION DES
VINGT-CINQ ANS DE L’INSTITUT VERBIEST ET DU SYMPOSIUM
m Jérôme Heyndrickx donne des explications de l’exposition. Parmi les visiteurs, il y avait le Cardinal Danneels et le Directeur délégué, le Frère Stockman
m Photo du groupe de participants au Symposium
m Vue de la salle pendant la célébration
m (De gauche à droite): Dr Ng Ka-Chai, Dr Anthony Lam et
Prof. Françoise Aubin
m Remise du livre de commémoration à J. Heyndrickx par N.
Golvers
m Prof. Nicolas Standaert et Prof. Claudia von Collani
47
SI VOUS DE
u SIREZ
SOUTENIR NOS
PROGRAMMES
• Une aide générale pour les activités
de la Fondation mais SANS
attestation fiscale peut être versée via
le bulletin de versement ci-joint, au
numéro: 431-0643061-18.
IBAN: BE 50 4310 6430 6118;
BIC KBC: KREDBEBB
• Si vous désirez obtenir une
attestation fiscale pour le versement
d’au moins 30 euros, vous devez
employer le numéro: 000-0901974-68
de Scheut Aide au développement,
Chaussée de Ninove, 548,
1070 Bruxelles.En cas de versement à
ce compte, vous devez mentionner un
’projet’ à l’endroit prévu pour les
communications. Soit:
1. 06.086.001: Réponse coordonnée à
une série de besoins au niveau de
l’enseignement dans le district de
Gulang. Promoteur: Jeroom
Heyndrickx.
2. 06.086.002: Aménagement d’une
puit de l’eau à Taipusiqi, Ximeng,
Mongolie-Intérieure. Promoteur:
Frans De Ridder.
3. 06.086.003: Salles de lectures pour
les habitants de la Mongolie
Intérieure. Promoteur: Patrick
Taveirne.
• Pour information:
- Une année d’étude dans un grand
séminaire revient à 560 euros
- Une année académique à
l’Université: 620 euros
- Une année en école moyenne: 185
euros
Tout don, quelle que soit son
importance, contribue à la réalisation
du programme de l’Institut Verbiest.
RECUEIL DE
ME
u LANGES
A l’occasion des vingt-cinq ans de
l’Institut Verbiest et du 75e anniversaire
du P. Jérôme Heyndrickx, quelques collègues de l’Institut Verbiest ont pris
l’initiative de préparer un Recueil de mélanges. Le premier exemplaire a été remis solennellement au P. Jérôme Heyndrickx durant la célébration, le 6 septembre.
Le volume contient 23 articles intéressants de chercheurs qui portent le P.
Heyndrickx et l’Institut Verbiest dans leur
cœur. Aussi bien l’ancienne Chine que la
nouvelle y a sa place.
N. Golvers, S.Lievens (éds). A lifelong
Dedication to the China Mission: Essays
Presented in Honor of Father Jeroom Heyndrickx, CICM, on the occasion of his 75th
Birthday and the 25th Anniversary of the F.
Verbiest Institute K.U.Leuven
Leuven Chinese Studies 17 (2007)
740 pp, ill.
Prix: € 49 (excl. Frais d’expédition)
On peut se procurer le volume au
secétariat.
Secrétariat:
Institut F. Verbiest
Cheryl Liao
Naamsestraat 63, bus 4018
3000 Leuven
Tel.: 016/32.43.50
Fax: 016/32.44.55
E-mail:
[email protected]
http://www.kuleuven.be/verbiest
Rédaction Courrier Verbiest:
J. Heyndrickx (Rédacteur en chef),
N. Golvers, S. Lievens
Rédaction les Chrétiens et la Chine:
J. Heyndrickx (Rédacteur en chef),
R. De Gendt, A. Han, S. Lambert,
A. Rubbens, T. van Bijnen.
Ont collaboré à ce numéro:
A. Egiguren, F. Dabin, M. De Roye,
W. De Four, G. Goethals,
M. Hauben, L. Kuo Pinsheng,
C. Liao, Luo Youmei, Pan Yuling,
R. Stockman, S. Lindemans, V. Mees,
C. Noël, N. Pycke, J. Vanbelle,
L. Van den Wijngaert, J. Van
Dooren, Ph. Vanhaelemeersch,
J. Vanuffelen, M. Vertonghen.
Rédacteur responsable:
J. Heyndrickx, Institut F. Verbiest
Naamsestraat 63, bus 4018,
3000 Leuven
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Editorial
J. Heyndrickx
p. 1
- Scheut transmet sa Mission en
Chine à l’E
u glise de Belgique
J. Heyndrickx
p. 2
- Pour une croissance de ″l’arbre
de l’amitié avec la Chine″
R. Stockman
p. 5
- Vingt-cinquième anniversaire
de l’Institut Ferdinand Verbiest:
admiration et gratitude
E. Egiguren
p. 7
- Aperçu des huit symposiums
N. Golvers
p. 8
- Publications
Pan Yuling, S. Lievens
p. 11
- Le programma de formation de
l’Institut Verbiest
L. Kuo Pinsheng
p. 13
- L’Institut Verbiest construit un
centre pastoral en Chine
J. Heyndrickx
p. 17
- Aide au développement en Chine
par l’Institut Verbiest
J. Heyndrickx
p. 18
- L’Institut Verbiest et
l’imprimerie catholique de
Shanghai
J. Heyndrickx
p. 22
- 25 Ans de recherche de dialogue
avec la Chine
J. Heyndrickx
p. 22
- Vingt cinq ans ″China-Watching″:
1955-1980
J. Heyndrickx
p. 35
- L’histoire de la sphère céleste du
Collège d’Arras de Leuven (Louvain)
J. Heyndrickx
p. 38
- Deux évêques chinois, des figures
historiques, sont allés rencontrer
le Seigneur
J. Heyndrickx
p. 42
- Pour une mise en œuvre du message
du pape Benoît XVI aux catholiques
de Chine dans la fidélité à la lettre
et à l’esprit
J. Heyndrickx
p. 45
- Quelques images pleines
d’ambiance de la célébration
des vingt-cinq ans de l’Institut Verbiest
et du Symposium
p. 47
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