RESUME
Chez les vertébrés, le système immunitaire et le système neuroendocrine communiquent de
façon étroite grâce à diverses cytokines et hormones. Ce type de communication joue un rôle
primordial dans le maintien de l'homéostasie, particulièrement lorsque l'animal fait face à une situation
de stress. Afin d'améliorer nos connaissances concernant l'origine évolutive de ces mécanismes
adaptatifs, nous avons étudié la neuroendocrinologie et de la neuroimmunologie du stress chez un
modèle invertébré.
Notre modèle d'étude a été choisi parmi les mollusques parce que ces organismes possèdent un
système immunitaire relativement simple et parce que leur système nerveux est assez bien caractérisé
aux niveaux fonctionnel, cellulaire et moléculaire. Parmi les mollusques, nous avons choisi l'huître
Crassostrea gigas, parce que ce bivalve présente un intérêt économique important et parce que les
recherches concernant la physiologie du stress chez l'huître sont applicables en aquaculture.
Nous avons pu déterminer que l'huître possède une forme primitive de réponse neuroendocrine
au stress. En effet, deux catécholamines, la noradrénaline et la dopamine, sont libérées dans
l'hémolymphe lorsque l'animal se trouve en situation de stress.
Les cellules responsables de la sécrétion de catécholamines chez l'huître présentent des
similitudes morphologiques, biochimiques et fonctionnelles avec les cellules chromaffines de
vertébrés. De plus, les cellules chromaffines d'huîtres peuvent se différencier en cellules nerveuses,
comme chez les vertébrés, ou en phagocytes apparentés aux cellules gliales.
La noradrénaline produite par les cellules chromaffines contrôle certaines fonctions
immunitaires (production d'espèces oxygénées réactives, phagocytose). Cette hormone peut aussi
déclencher des mécanismes d'apoptose et/ou l'expression de gènes de protéines de stress (hsp70) au
sein des immunocytes d'huîtres. Ces mécanismes impliquent des récepteurs α et β-adrénergiques, des
GTPases de la famille des protéines Ras (Rho), des MAP kinases et des caspases P35 sensibles.
Nous avons finalement pu montrer que le stress et la sécrétion de noradrenaline induite par le
stress, modulent les capacités de résistance des huîtres à des pathogènes bactériens.
Ces résultats présentent un intérêt en termes de neuroendocrinologie et d'immunologie
comparées et ils indiquent que des interactions neuroendocrino-immunitaires complexes existaient
avant l'apparition des vertébrés. Ce travail apporte de nouvelles informations en ce qui concerne les
mécanismes d'immunorégulation et les relations hôte-pathogène chez les mollusques. Enfin, ces
informations, ainsi que les outils mis au point au cours de cette thèse, permettent de mieux comprendre
comment apparaissent des pathologies en conchyliculture.