mourir. Dans la pratique médicale, la bioéthique est une médecine humaine qui a besoin d’un
supplément d’âme pour servir l’Homme, par opposition à une médecine de plus en plus
dépersonnalisée, instrumentale, informatisée et maîtrisée par les données des mathématiques
et de la biophysique. Monsieur le professeur Jean BERNARD, Président d’honneur du
Comité d’Ethique Français en a donné la définition par rapport à l’éthique : « si l’éthique se
définit comme l’ensemble des normes que s’assigne un groupe ou une Société, qui veut garder
le sens de la mesure, l’éthique biomédicale tend à préserver le sens de l’humain dans une
société de plus en plus dominée par la science et la technologie ». La bioéthique implique la
préoccupation des mesures des valeurs dans une série de choix à faire ou à proscrire. La
bioéthique, une étude clinique, concerne les décisions à prendre et les conflits de valeurs à
résoudre au chevet du malade (exemple : nouveau-né atteint de malformations congénitales
graves, état de réanimation, arrêt respiratoire artificiel). Le défi de la bioéthique consiste aussi
à trouver des réponses parfois à l’urgence et nous force parfois à quitter les morales
philosophiques et religieuses.
L’on peut dire que, dans notre pratique médicale quotidienne, chaque fois que
l’on veut respecter la dignité de la personne et de son corps, le sens de l’humain dans des
situations qui touchent à la naissance, la souffrance, la vie et la mort, l’on entre dans le
domaine de l’éthique biomédicale. Que ce soit l’action thérapeutique ou biologique où le but
immédiat est la guérison ou la suppression de la douleur, que ce soit l’abstention
thérapeutique, ou le traitement sans espoir, que ce soit l’application de nouvelles techniques
d’investigation ou d’expérimentation, l’on peut dire, quel que soit le type de médecine,
d’aujourd’hui, le médecin est confronté à une multitude de questions, d’où la nécessité d’une
réflexion pertinente et ce, d’autant plus que le pouvoir médical accroît notre responsabilité et
complique le comportement éthique.
C’est là qu’intervient le débat sur le rapport éthique et droit, tous deux visent à
une certaine rationalisation du processus décisionnel portant sur la personne humaine,
s’insèrent dans la définition du pouvoir médecin-patient, le droit tentant d’encadrer la prise
décisionnelle dans une normalité non transgressable, l’éthique étant le point de départ de la
création de normes juridiques.
Après ces différentes interprétations de la bioéthique, l’on peut dire que quoique
lieu de convergence de la philosophie, du droit, de la morale, la bioéthique ne s’identifie
pourtant à aucune d’entre-elles. Méthode de résolution de cas, processus de régulation sociale,
la bioéthique ne peut être circonscrite par une définition précise. Il n’en demeure pas moins
que la bioéthique est un lieu d’action et c’est là qu’elle trouve son élément essentiel : science
de la décision basée sur le dialogue et le contrôle de la décision.
Mesdames, Messieurs,
Des domaines de la médecine, posent aujourd’hui de graves problèmes de
bioéthique et demandent davantage de questionnement et de réflexion et mettent notre
conscience et éthique à une rude épreuve : entre autres la recherche sur l’Homme, la
procréation médicalement assistée, le diagnostic prénatal, la thérapie par substitution
d’organes, l’acharnement thérapeutique, la médecine prédictive, la thérapie génique.
La science a démontré que par la révolution thérapeutique et biologique qui lui a
succédé, elle pouvait donner à l’Homme : bien-être, diminution de la mortalité, augmentation
de l’espérance de vie. Certes l’application de cette médecine a des incidences éthiques : s’il
est légitime de favoriser la progression de la science et assumer la liberté de la recherche
scientifique, les applications irrationnelles, le pouvoir médical exorbitant, remettent en cause
les repères des valeurs et l’équilibre de la société. Aussi pour parer à ces difficultés et aux
dérives, est-il nécessaire de disposer d’outils de vigilance : la déontologie, la juridiction et les