Journal Identification = MTE Article Identification = 0362 Date: December 23, 2011 Time: 4:57 pm
Mini-revue
lois sont autant de point de divergences entre les états
favorisant ainsi l’AMP transnationale.
Le statut de l’embryon : une pomme
de discorde dans le concert des nations
Le statut ou tout au moins l’incapacité de donner
un statut à l’embryon est en grande partie responsable
de l’échec d’une législation européenne commune dans
le domaine de la bioéthique. Les biologistes, les pen-
seurs, les philosophes et les représentants de la société
civile ont débattu sans succès pour définir ce qu’est un
embryon [4-7]. Le clivage va au-delà de l’appartenance
à ces groupes de réflexion. Il existe des biologistes et
des philosophes athées ou croyants et il est donc diffi-
cile d’obtenir un consensus quant au statut de l’embryon.
En fonction du poids des courants de pensée dans cha-
cun des états, des choix politiques différents ont été faits
[8, 9]. Les fondements du droit étant spécifiques d’un
état, les législations varient. Cependant, elles restent toutes
imprégnées de la morale judéochrétienne et des droits de
l’homme.
Au Royaume-Uni, l’embryon est considéré comme un
matériau jusqu’au 14ejour, la Belgique n’a pas statué sur
l’embryon ce qui se traduit par une gestion libérale de
ce domaine de la médecine. La France n’a pas donné de
statut à l’embryon, mais lui confère le droit au respect.
Il bénéficie ainsi d’une protection au titre de personne
potentielle [10-12]. N’étant ni une chose ni un être-vivant,
les actes pouvant être pratiqués sur l’embryon sont définis.
L’Allemagne, encore proche de son vécu lors de la der-
nière guerre mondiale et sans pour autant avoir attribué
un statut à l’embryon, a estimé qu’il peut se développer
dès la fusion des deux pronucléi. Dans ces conditions,
une protection équivalente à un être humain lui est confé-
rée. En Pologne, où l’influence catholique est forte, la
vie de l’embryon commence dès sa conception et il est
considéré comme futur humain. En Espagne, on parle de
pré-embryon jusqu’au 14ejour, puis d’embryon jusqu’à
deux mois et demi où il devient un fœtus. Au Danemark, la
vie commence dès la fécondation. Si l’on quitte l’Europe,
on observe que l’embryon n’a pas de statut aux États-Unis
et les pratiques se font dans le cadre de contrats. C’est
l’existence ou l’absence de statut qui est donc à l’origine
des disparités entre les pays et qui fait que telle ou telle
pratique soit autorisée ou non.
Quoi qu’il en soit, à ce jour, il est remarquable
d’observer qu’aucun pays n’a conféré le statut «d’être
humain »à l’embryon. On parle de vie, de potentiel, d’être
en développement, mais pas d’humain. Ainsi, chaque pays
a choisi de légiférer ou non. On observe trois types de
comportements : les pays qui n’ont pas légiféré où les pra-
ticiens sont libres de leurs actes, ceux qui ont publié des
recommandations de bonnes pratiques rédigées par les
professionnels et ceux qui ont mis en place un dispositif
législatif plus ou mois restrictif.
La cartographie de l’assistance
médicale à la procréation hors frontière
Si la partie technique de l’AMP s’est mondialisée, les
choix des états quant à la réglementation des actes autori-
sés, des conditions d’accès à l’AMP, du droit de la famille
quant à la filiation des enfants nés, de l’organisation des
soins, des contrôles et de l’évaluation des résultats, et de
la prise en charge du coût de l’AMP restent très disparates
et sont autant de causes de mouvements transfrontaliers
[13, 14].
Il est possible d’établir une cartographie de l’offre
internationale permettant de suivre les déplacements des
exclus de l’AMP. Les candidats à l’AMP ne manquent pas
d’ailleurs de le faire. Ils trouvent sur Internet tous les ren-
seignements nécessaires pour obtenir une prise en charge
non accessible dans leur pays d’origine. Cela ressemble
parfois à des catalogues touristiques ventant non seule-
ment les mérites du centre d’AMP et des propositions
disponibles, mais aussi la beauté de la ville concernée.
Certains organisent même le séjour entre le moment de la
ponction et le transfert embryonnaire. On peut distinguer
trois motifs à l’AMP hors frontière : les conditions d’accès
à l’AMP, les AMP avec tiers donneurs et la GPA.
Lorsque l’accès à l’assistance médicale
à la procréation est impossible ou interdit
Les pays qui réservent l’AMP aux couples infertiles se
sont en général dotés d’une loi. En France, la loi de bioé-
thique est l’une des plus strictes. L’AMP est réservée aux
couples hétérosexuels infertiles et l’intérêt de l’enfant à
naître est une préoccupation supérieure. Il en est de même
pour l’Italie, la Slovénie, la Norvège, la Suisse, le Portugal,
la Serbie Montenegro. En dehors de l’Allemagne qui
reconnaît le statut de «couple »aux homosexuels, ce qui
n’est pas le cas en France même en cas de signature d’un
PACS, l’AMP dans ces pays n’est pas autorisée pour les
célibataires hommes ou femmes ni pour les homosexuels.
Dans ce cas, l’accès à l’AMP peut être obtenu dans les pays
où le recours à ces techniques relève d’un choix personnel.
Dans cette optique, de nombreux pays n’ont pas légiféré
et se contentent de guides de bonnes pratiques ou de
réglementation cadre. Le principe du libre choix du mode
de procréation repose sur l’interdiction de toute discrimi-
nation sexuelle ou matrimoniale. C’est le cas en Grèce,
en Espagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Belgique
au Danemark en Russie au Canada, aux États-Unis en
Israël, en Suède et en Finlande. Ainsi l’homoparentalité
est acceptée sans que le principe du mariage ne soit forcé-
ment autorisé. Dans ces pays, il n’est pas nécessaire d’être
en couple. De plus, aucune limite d’âge n’apparaît claire-
ment dans leurs réglementations. Enfin, dans les pays où
la réglementation (voire où les centres eux-mêmes) défi-
nissent un âge limite de prise en charge que ce soit pour
200 mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 13, n◦3, juillet-août-septembre 2011
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