Dès la vingt-quatrième heure, des kératinocytes
migrent à partir des berges de l’incision. Se
divisant activement, ils se faufilent entre la
croûte et les faces dermiques détergées, qu’ils
recouvrent totalement, formant un film mono-
cellulaire.
Cette colonisation épithéliale se déroule aussi le
long des fils de suture. Une fois la perte de sub-
stance intégralement comblée par le bourgeon
charnu, la prolifération des fibroblastes et des
kératinocytes est bloquée. Le bourgeon se
change en tissu fibreux cicatriciel. Il se rétracte
alors par l’action contractile des fibroblastes.
Plaies de seconde intention
La plaie cutanée n’est pas suturée dans la cica-
trisation de seconde intention. Les berges de la
perte de substance demeurent éloignées. La for-
mation de la croûte ainsi que la constitution
d’un granulome inflammatoire se produisent
comme au cours de la cicatrisation cutanée
après suture. Les kératinocytes prolifèrent à
partir des berges de l’épiderme. Ils s’insinuent
entre le socle que constitue le derme et la
croûte. Cependant, ils ne recouvrent pas toute
la surface de la plaie. Le bourgeon charnu est
important dans la zone non épidermisée. Sa
contraction permet le recouvrement de l’épi-
derme. Il provoque le détachement de la croûte.
La cicatrice issue d’une cicatrisation de seconde
intention sera moins “esthétique”. En effet, la
rétraction est beaucoup plus ample que dans les
cicatrices avec sutures chirurgicales.
M.B.
21
Professions Santé Infirmier Infirmière - No44 - mars 2003
●●●
Différenciation des plaies
Pour mieux gérer les risques
Les soignants partagent, dans leur pratique quotidienne, le souci de la cicatrisation
des plaies des patients. On distingue divers types de plaies, associés à divers objectifs
de soins et risques d’infection.
U
ne plaie se définit par une rupture de la
continuité des tissus de l’enveloppe corpo-
relle. Elle est en général associée à une perte de
substance. Des lésions plus profondes peuvent
toucher les tissus musculaires, le squelette ou les
organes profonds. Elles sont alors appelées
“plaies complexes”.
En service de médecine et de réanimation, infir-
mières et équipes de soins partagent le souci de
la cicatrisation des plaies des patients. On y traite
au quotidien escarres, ulcères de jambes, plaies
des diabétiques, brûlures, moignons d’amputa-
tion, plaies aiguës, etc.
Les différents types d’escarres et d’ulcères
L’escarre nécrotique présente une nécrose noire et
sèche. En profondeur, elle adhère aux structures
sous-cutanées et, en périphérie, à la peau saine.
La nécrose noire et humide ou la plaque de né-
crose qui sèche et tend à se rétracter laissent ap-
paraître, en périphérie, un sillon d’élimination
humide. Les soins viseront à éliminer le tissu
nécrotique pour favoriser la réparation cutanée.
Dans l’ulcère nécrotique, un bilan et un traite-
ment des causes sont effectués (cf. article Ulcères
de jambes, p. 28). Les soins visent aussi l’élimina-
tion du tissu nécrotique.
En cas d’escarre ou d’ulcère fibrineux, la plaie est
recouverte, en totalité ou en partie, d’un enduit
jaunâtre humide. Il adhère en profondeur à la
plaie. L’épaisseur de la couche de fibrine varie.
Elle peut couvrir un tissu dermique rouge ou des
structures plus profondes, à préserver (tendons,
capsules articulaires, os). Les soins visent l’éli-
mination du tissu fibrineux, en sauvegardant les
tissus vivants qu’il recouvre. Les exsudats et les
bactéries seront contrôlés.
Dans l’escarre ou l’ulcère bourgeonnants, la plaie
est recouverte de bourgeons épais, luisants et
humides. Elle présente souvent un aspect inégal
ainsi qu’un enduit jaunâtre de fibrine qui doit
être éliminé. Les îlots d’épidermisation doivent,
au contraire, être protégés. Les soins visent à sou-
tenir le développement des bourgeons de derme
et à contrôler les exsudats.
L’épithélisation se produit surtout à partir des
kératinocytes de l’épiderme intact autour de la
plaie. L’escarre ou l’ulcère présentent alors un
aspect rose, éventuellement nacré, voire beige.
La plaie sera gardée dans un milieu humide,