Achats Soutien à l’économie nationale En s’appuyant sur les valeurs du Groupe, la direction Achat, fonction stratégique par excellence, s’affaire à renforcer le tissu économique marocain aux niveaux régional et national, avec pour objectif ultime la création de richesses et le transfert d’expertise à forte valeur ajoutée. Par Youssef Azdi omme toute grande société, OCP applique une politique Achat lui permettant de maîtriser ses coûts et de gérer au mieux les risques. Cependant, la fonction Achat au sein du Groupe revêt bien plus que sa dimension stratégique, qui consiste à régir les transactions depuis l’initiation d’un besoin jusqu’à la contractualisation et le paiement des prestations. En effet, cette politique est fondée sur sept piliers principaux, dont l’un traduit particulièrement l’engagement d’OCP au profit de l’économie nationale, comme en témoigne Nordine Zinbi, directeur Achats du pôle industriel : «En notre qualité d’entreprise citoyenne, nous avons le devoir et la responsabilité de développer l’entreprise marocaine et de faire en sorte qu’elle bénéficie du programme d’investissement du Groupe». Un programme d’investissement ambitieux, dont les retombées au profit de l’économie nationale se traduisent sous différentes formes. OCP réalise globalement 70% de ses acquisitions en biens et services auprès d’entreprises marocaines, ce qui en valeur représente près de 10 milliards de DH au titre de l’exercice 2010. Une orien54 I Mai 12 Janvier 2011 2011 magazine magazine I ocp I ocp tation qui se confirme depuis quelques années, contrairement au passé, où pratiquement toutes les prestations se faisaient en interne comme le précise Nordine Zinbi : «La tendance est plutôt à l’externalisation d’un certain nombre de métiers ne faisant pas partie du cœur d’activité du Groupe, qui est l’extraction et la transformation des phosphates. L’externalisation permet de créer de la richesse et de développer l’entreprise marocaine. Je dirai même que ces prestataires externes ont un savoir-faire supérieur au nôtre dans certains domaines, vu que c’est leur cœur de métier». Une montée en compétences graduelle Concrètement, OCP dispose d’un panel de 2.200 fournisseurs, dont près de 1.500 entreprises marocaines. Ces dernières sont systématiquement consultées lors des appels d’offre, que ce soit pour la maintenance ou le renouvellement des unités de production. Fait intéressant, 20% environ d’entre elles sont constituées d’entreprises régionales de petite taille, situées à proximité des sites de production. Une démarche en somme parfaitement en phase Du matériel made in Morocco, de la main d’oeuvre locale... L’impact positif de la politique OCP se fait ressentir au plan économique et social. avec la volonté affichée du Groupe, qui vise à participer activement au développement économique des régions accueillant des sites d’exploitation. Pour encourager ces petites sociétés et les accompagner dans leur développement - certaines n’ont même pas d’ordinateur!-, des petits marchés leur sont attribués sur des familles d’achat ne présentant pas d’enjeu stratégique : sécurité, nettoyage, maintenance, assemblage… Des marchés de l’ordre de 200.000, 500.000 et jusqu’à 1 million de DH sont ainsi décrochés par ces sociétés régionales, suite à un appel d’offres. Si elles donnent satisfaction, OCP choisit de leur faire confiance en pérennisant cette collaboration. Ainsi, ces petites sociétés régionales ont bénéficié en 2009 de marchés totalisant une valeur de 500 millions de DH, et près de 700 millions en 2010. L’exemple le plus éloquent de la réussite de cette politique est le programme de développement du site de Jorf Lasfar à l’horizon 2015. listes», la priorité est ainsi donnée aux entreprises marocaines, quitte à être moins exigeant sur tel ou tel critère pour la favoriser, comme l’explique Nordine Zinbi : «Cela permet de créer un équilibre. Si le choix se portait sur l’entreprise la plus performante, il y aurait peu de place pour l’entreprise marocaine face à la concurrence internationale». Cette politique s’avère payante au vu des réalisations de certaines entreprises marocaines et de l’expertise acquise au contact d’OCP, au point de rivaliser avec des sociétés européennes ! Le Groupe met volontiers en avant de jolies réussites telles que Stroc Industrie, Buzichelli, Skif Maroc ou encore DLM. «Recourir aux nationaux permet de gagner ainsi en performance, en proximité. De plus, la communication est plus simple et plus fluide avec ces sociétés, sans oublier l’impact en termes de création d’emplois» renchérit le directeur Achats du pôle industriel. Pour ces entreprises, l’enjeu n’est pas uniquement économique. Décrocher un marché OCP est en effet une très bonne carte de visite, une valorisation de son image de marque, qu’elle peut faire valoir lors de la soumission à d’autres marchés. «Il y a même des cas où cette «référence OCP» a été mise en avant sur des marchés en Afrique et en Europe !», se félicite Zinbi. L’impact de la phase de construction sur l’activité économique de la région est assez important, puisqu’il est estimé à 750.000 heures de travail par mois sur une durée de 48 mois, soit 36 millions d’heures de travail sur différents métiers tels que le génie civil, la charpente métallique, les conduites, les convoyeurs, les câbles… Un développement économique qui ne manque pas d’engendrer des retombées sociales sur les habitants de la région. Un marché juteux pour l’entreprise marocaine Si la priorité est donnée aux entreprises régionales, conformément à une démarche similaire au «Small Business Act» américain, il est évident que les entreprises nationales ont également droit de cité en fonction de certains critères, notamment la complexité des projets, l’expertise technique et le degré d’innovation. Pour les prestations «généra- Des partenariats win-win pour une pleine réussite Il va sans dire que les entreprises se bousculent au portillon pour être référencées auprès d’OCP. Le fichier fournisseur reçoit près de 50 nouvelles demandes par semaine ! Un processus rigoureux d’évaluation permet de gérer ce fichier de façon dynamique, excluant certaines sociétés en raison d’un défaut de qualité ou de respect des délais d’exécution, et y intégrant d’autres. Le programme d’investissement d’OCP attire également bon nombre d’entreprises étrangères, intéressées par la croissance soutenue que connaît le Maroc, par opposition aux économies occidentales dont beaucoup accusent encore le coup de la crise économique. Pour ces sociétés étrangères, une clause spéciale est stipulée sur l’appel d’offres : en valeur, un minimum de 30% doit être réalisé par des entreprises marocaines dans le cadre de ces partenariats win-win. Si côté marocain, l’avantage est manifeste en termes de création d’emplois et de transfert de compétences, les sociétés étrangères y trouvent aussi leur compte en réduisant leurs coûts. Ce qui leur permet d’augmenter leurs marges et de gagner en compétitivité. Certaines sociétés étrangères vont même au delà de cette règle des 30%. À l’instar du conglomérat turc Tekfen, qui fait participer les entreprises marocaines à hauteur de 40%. Une différence de taille, quand on sait que Tekfen procède actuellement à la construction de deux unités DAP à Jorf Lasfar, ainsi que le fameux pipeline, d’une valeur de 3,6 milliards de DH. De la sous-traitance au transfert d’expertise «Nous essayons d’aller au delà de ces 30%, car l’objectif est de transférer l’expertise au Maroc et de voir dans quelle mesure on peut «capturer» des technologies n’existant pas au niveau local et les y implanter», souligne Nordine Zinbi. Le directeur Achats nous confie que des partenariats sont actuellement étudiés en ce sens sur des familles d’achat plus «névralgiques», telles que les pneumatiques et les bandes transporteuses. «Nos fournisseurs étrangers sont américains, allemands, japonais,… comme Bridgestone, Dunlop ou Quantitec. Avant, nous importions les bandes transporteuses d’Europe. Nous sommes actuellement en cours de négociation avec Dunlop pour qu’il s’installe au Maroc», témoigne Zinbi. C’est ainsi que Dunlop s’est déclaré prêt à produire localement ces bandes, d’où le transfert de technologie, ainsi que l’impact en termes de création d’emplois. La même démarche est faite avec Monsanto, qui est entre autre leader sur l’ingénierie de l’acide sulfurique. Les négociations sont en cours pour la création d’un bureau d’ingénierie local, afin de bénéficier de cette expertise sur l’acide sulfurique. Il en ressort que 2011 sera l’année de la consolidation des résultats de 2010, mais aussi celle de la construction de partenariats avec les fournisseurs majeurs sur les familles d’achat les plus importantes. Ce cap franchi permettra de passer d’une production locale à faible valeur ajoutée à une production locale à forte valeur ajoutée. Ce qui incarne parfaitement l’ambition d’OCP de remplir pleinement sa fonction d’entreprise citoyenne, ainsi que la vision créative déployée par sa direction Achats. 13 I Mai 2011 I ocp magazine