5/11/2015 TaskRabbit ou l’économie du partage au quotidien TaskRabbit ou l’économie du partage au quotidien LE MONDE | 01.09.2015 à 18h43 | Par Nicolas Hazard (Président du comptoir de l'innovation) Cette nouvelle forme d’emploi alternatif, ou le plus souvent de complément d’emploi, permet à chacun d’arrondir ses fins de mois. C’est une sorte d’« ubérisation » des tâches quotidiennes. Andrew Caballero­Reynolds / AFP Avec l’arrivée du numérique et des nouvelles technologies , les entrepreneurs inventent de nouveaux modèles économiques qui modifient en profondeur nos modes de production. Véritables acteurs du changement , ils modifient le marché de l’emploi et notre façon de travailler pour y introduire davantage d’économie circulaire, collaborative et sociale. Dans sa chronique, Nicolas Hazard, président du Comptoir de l’innovation, décrypte les grandes tendances de ces entreprises qui changent l’économie. Il dresse chaque mois pour « Le Monde » le portrait d’une start­up qui illustre la manière dont notre société et le marché de l’emploi se transforment. C’est la rentrée ! Finis la détente, le farniente et cette impression que tout est plus facile. Nous voilà retombés dans les tracasseries du quotidien, et leur lot de tâches rébarbatives, dont on se passerait bien… C’est précisément pour éviter ce type de désagrément que l’application américaine TaskRabbit a été créée. Elle permet à ses utilisateurs de faire appel à d’autres membres de la communauté pour réaliser des tâches de la vie quotidienne contre rémunération. Aider un voisin à déménager , lui porter ses courses, l’aider à faire des recherches en ligne ou remplir des dossiers administratifs : autant de sources d’emploi longtemps restées insoupçonnées mais qui font le grain des applications « d’entraide » comme TaskRabbit. Lancée en 2008, cette application dite de l’économie de partage a prospéré sur le lit de la crise de l’emploi. Cette nouvelle forme d’emploi alternatif, ou le plus souvent de complément d’emploi, permet à chacun d’arrondir ses fins de mois. C’est une sorte d’« ubérisation » des tâches quotidiennes. Une cinquantaine de salariés à temps plein Contrairement aux taxis, pas besoin de licence, pas de débat sur les monopoles et la concurrence http://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/09/01/taskrabbit­ou­l­economie­du­partage­au­quotidien_4742739_1698637.html#xhiUkbBhjC3pU5D9.99 1/2 5/11/2015 TaskRabbit ou l’économie du partage au quotidien déloyale. Mais c’est bien une nouvelle catégorie de micro­travailleurs, rémunérés à la micro­tâche, qui émerge. Elle évolue aujourd’hui sans véritable cadre légal et sans protection sociale. La pratique n’a finalement rien de très nouveau. Rémunérer par exemple son voisin pour installer l’étagère de votre salon est une pratique courante qui a toujours fait partie de cette économie parallèle, si difficilement quantifiable. Une entreprise comme TaskRabbit ne fait en somme qu’importer ces activités dans le circuit économique traditionnel, tout en les démultipliant, à travers Internet. La « gig economy » Créée par Leah Busque, jeune entrepreneuse américaine, TaskRabbit a lancé son produit à San Francisco dès 2010 et a levé près de 28 millions d’euros. L’entreprise n’emploie pour autant qu’une cinquantaine de salariés à temps plein. Elle développe aux Etats­Unis une véritable économie de petits boulots, la « gig economy », qui prolifère en période de crise. En plein débat entre pro et anti­Uber, TaskRabbit est bel et bien la confirmation que l’emploi est en pleine mutation. L’emploi salarié traditionnel est en passe de progressivement laisser sa place à un monde du travail plus flexible. Il est vraiment temps de réfléchir aux nouveaux modèles de protection sociale pour continuer à sécuriser les parcours professionnels des individus, à défaut de pouvoir protéger les emplois. http://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/09/01/taskrabbit­ou­l­economie­du­partage­au­quotidien_4742739_1698637.html#xhiUkbBhjC3pU5D9.99 2/2