Médecine d'Afrique Noire : 1991, 38 (1)
sujets jeunes parfois avant 40 ans. Cette forme est particu-
lièrement fréquente en Afrique. L’atteinte de cette popula-
tion jeune majore le poids socio-économique de l’affection.
On ne dispose pas en Afrique de statistiques exactes sur la
prévalence de la cécité et des déficiences visuelles dans la
plupart des pays. Les statistiques disponibles permettent
selon l’O.M.S. d’admettre que le taux de cécité se situe
entre 1 et 1,6 % soit un total de 6 millions d’aveugles de la
population totale (550 millions d’habitants). La moitié de
ces cécités sont dues à des cataractes.
L’évolution de ce type de cataracte est chronique. Elle se
traduit par une baisse d’acuité visuelle s’étendant sur
plusieurs années avec le plus souvent un décalage d’un oeil
par rapport à l’autre.
En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers des
complications à type de luxation du cristallin, d’inflam-
mations, de glaucomes aboutissant à une cécité définitive.
LE TRAITEMENT DE LA CATARACTE
- Le traitement préventif de la survenue de l’affection ne
pourra être envisagé que lorsque la physiopathologie de
l’affection sera mieux connue.
- Le traitement médical par voie locale (collyres) ou
générale à base d’iodures, d’acides aminés, d’acide tri-
phosphorique etc... n’a pas fait la preuve de son eff i -
cacité. Il n’a pas sa place en Afrique.
- Le traitement est actuellement chirurgical.
L’abaissement du cristallin selon les techniques indigènes,
à l’aide d’une aiguille pénétrant dans la chambre antérieure
et luxant la lentille dans le vitré est encore très pratiquée en
Afrique. Cette technique doit être proscrite. Elle donne
quelques bons résultats à court terme, voire à long terme,
mais entraîne le plus souvent des complications inflam-
matoires et hypertoniques qui conduisent le patient à une
cécité définitive.
La chirurgie réglée peut se faire selon deux techniques :
- la phakoéxérèse intracapsulaire consiste à enlever la
lentille dans sa totalité à l’aide d’une cryode ou d'une pince
par une incision cornéenne supérieure ; c’est une technique
rapide et simple qui demande un minimum de matériel.
- la pakoéxérèse extra capsulaire déshabille le cristallin;
après ablation de la capsule antérieure, le noyau est extrait
par une incision cornéenne supérieure et le cortex cristal-
linien est enlevé délicatement par lavage-aspiraton prudent.
Cette technique plus élégante laisse persister la capsule
postérieure du cristallin, ce qui aurait l’avantage d’entrai-
ner un nombre moins important de complications rétinien-
nes à type d’oedème maculaire microkystique ou de décol-
lement de rétine. Mais c’est une technique plus longue,
plus délicate qui nécessite un matériel (microscope notam-
ment) plus performant donc plus cher.
L’opacification de la capsule laissée en place (cataracte
secondaire) nécessite souvent quelques mois ou quelques
années plus tard un traitement par laser YAG.
LA CORRECTION DE L’APHAKIE
L’ablation du cristallin opacifié ne représente que la pre-
mière étape de la réhabilitation visuelle. En effet, l’hyper-
métropie induite par l’absence de cristallin ne lui permet
pas d’avoir une acuité satisfaisante. Celle-ci ne dépasse pas
1/50 et classe le patient dans la catégorie III des cécités
selon l’O.M.S. .
La correction de l’aphakie peut se faire de 3 façons diffé-
rentes :
- les lunettes d’aphake de + 11,00, +12,00 dioptries don-
nent une bonne acuité et une réhabilitation visuelle satis-
faisante mais entrainent des inconvénients à type d’aber-
rations optiques, de scotomes annulaires .
- les lentilles précornéennes à port prolongé.
- les implants cristalliniens constituent la méthode la plus
élégante ;
* implant de chambre antérieure prenant appui dans
l’angle iridocornéen après phakoéxérèse intracapsu-
laire
* implant de chambre postérieure après phakoéxérèse
extracapsulaire.
LES INDICATIONS THERAPEUTIQUES
Dans les pays développés, on réalise une prévention ter-
tiaire : on traite l’affection dans la majorité des cas avant la
survenue du handicap, avant la cécité.
En l’état actuel des connaissances, la technique de choix
est la phakoéxérèse extracapsulaire avec mise en place
d’un implant de chambre postérieure dans le sac cristal-
linien laissé en place.
EN AFRIQUE
Dans de nombreux pays, les conditions socio-économiques
et géographiques ne permettent pas de faire bénéficier tous
P. QUEGUINER, C. BOUAT, L. DULAURENT, S. VITTE, J.P. GHIPPONI, G. KONDI
32