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N°326 du 3 au 9 avril 2014
L’uretère ectopique est une anomalie congénitale dans
laquelle l’extrémité vésicale de l’uretère est déplacée
distalement au trigone vésical. Chez les mâles, les uretères
peuvent alors s’ouvrir au niveau de l’urètre prostatique ou
des canaux déférents. Chez les femelles en revanche, cette
ouverture se retrouve au niveau du col vésical, de l’urè-
tre proximal, moyen ou distal, du vagin ou de l’utérus.
Étiologie
L’origine de l’ectopie urétérale est attribuée à un dysfonc-
tionnement au cours de l’embryogenèse, suite à un déve-
loppement anormal du conduit métanéphrique sur le conduit
mésonéphrique. Tant chez le mâle que chez la femelle, le
conduit métanéphrique est à l’origine des uretères. La
probabilité de développement d’un uretère ectopique ainsi
que le déplacement de l’orifice urétéral seraient proportion-
nels à la modification du positionnement du conduit méta-
néphrique par rapport au conduit mésonéphrique1. Cette
hypothèse expliquerait les différences morphologiques entre
les cas d’uretère ectopique décrits et les variances dans les
zones d’abouchement de l’uretère ectopique suivant les cas.
Prédisposition
L’uretère ectopique, plus rarement diagnostiqué dans l’es-
pèce féline2, atteint majoritairement certaines races de chiens
qui semblent avoir une prédisposition à son développement.
Le golden retriever, le Labrador, le husky sibérien, le bull-
dog anglais, le West Highland white terrier, le fox terrier,
le Skye terrier, les caniches et le colley en font partie1, 2, 4.
Les femelles sont plus fréquemment touchées2, même si
le diagnostic chez le mâle reste plus difficile. Les mani-
festations cliniques de l’uretère ectopique sont plus précoces
chez la femelle que chez le mâle1. En effet, l’incontinence
urinaire présente depuis la naissance chez la femelle
contraste avec l’apparition plus tardive chez le mâle, notam-
ment lors d’une diminution du tonus sphinctérien. Chez
le mâle, le sphincter urétral est plus développé et s’étend sur
une distance supérieure. Lorsque celui-ci est fonction-
nel, cette différence anatomique permet de s’opposer à
l’écoulement de l’urine tant que l’abouchement de l’ure-
tère ectopique ne se retrouve pas en aval du sphincter.
Classification
L’uretère ectopique était plus fréquemment décrit comme
une atteinte unilatérale. Cependant, de récentes études
décrivent des proportions inversées et une atteinte bila-
térale dans 60 à 81 % des cas3, 5, 6.
Anatomiquement, l’uretère ectopique est classé en deux
catégories distinctes. D’une part, l’uretère ectopique extra-
mural, qui ne possède aucun rapport anatomique avec la
vessie et la court-circuite intégralement. Celui-ci s’abouche
directement au niveau de l’urètre, de l’utérus ou encore
du vagin. D’autre part, l’uretère ectopique intramural qui
est en contact avec la face dorsale ou dorso-latérale de la
vessie mais ne s’abouche pas en position physiologique,
au niveau du trigone vésical. L’uretère suit alors un tun-
nel dans la sous-muqueuse vésicale pour s’ouvrir au
niveau du col de la vessie, de l’urètre ou du vagin. Celui-
ci se retrouve dans plus de 75 % des cas décrits1, 3.
Examen clinique
Une incontinence urinaire continue ou intermittente, sou-
vent en goutte-à-goutte, depuis la naissance ou le sevrage
est un des symptômes les plus évocateurs d’un uretère
ectopique. Néanmoins, cette malformation congénitale ne
doit pas être écartée du diagnostic différentiel d’appari-
tion d’incontinence urinaire chez des animaux plus âgés,
plus particulièrement chez le chien mâle. L’incontinence
peut être liée et/ou exacerbée lors de changement de posi-
tion, notamment en position couchée ou encore en cas
de stress important1. Certaines phases de miction nor-
male en quantité et fréquence peuvent être évoquées par
le propriétaire.
L’examen clinique est le plus souvent dans les normes
physiologiques à l’exception de l’aspect extérieur de
l’arrière-train de l’animal. Les poils de la région péri-
vulvaire chez la femelle ou préputiale chez le mâle peu-
vent apparaître souillés par l’urine, entraînant parfois
une dermatite secondaire localisée ou à l’extrême des
lésions ulcératives secondaires1.
Diagnostic différentiel
L’incontinence urinaire est la conséquence d’une ano-
malie fonctionnelle ou structurale du tractus urinaire tels
une cystite entraînant une PU/PD, des urolithiases, un ure-
tère ectopique, une incompétence primaire du sphincter
urétral, une déficience neurologique ou encore un pro-
cessus tumoral. Chez le jeune, l’hypoplasie vésicale et
L’ectopie urétérale est une anomalie congénitale qui connaît quelques prédispositions raciales et affecte plus
volontiers les femelles. Plusieurs formes sont décrites, qui aboutissent notamment à l’apparition d’une incontinence
urinaire. Nous décrivons dans cet article les modalités du diagnostic et les méthodes de traitement, exclusivement
chirurgicales.
CONGRÈS
Cyrill Poncet
Docteur vétérinaire
spécialiste en chirurgie
Dip ECVS
Centre Hospitalier Vétérinaire
Frégis
43, avenue Aristide Briand
94110 Arcueil
Jean-François Boursier
DMV
CHV Frégis
43, avenue Aristide Briand
94110 Arcueil
Uretère ectopique
Diagnostic et traitement
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