___ maçonnerie du Sud-Ouest
et auteur du célèbre «Jacquou le
croquant». Il organisait pour le
candidat de l'UMP un banquet
républicain qui ressemblait àune
investiture fraternelle. Nereculant
devant aucune outrance, Nicolas
.Sarkozy, ministre de l'Intérieur,
envoyait de son côté aux syÎldicats
de policiers, où tous les chefs sont
initiés, des lettres de soutien in-
conditionnel qu'il signait en ajou-
tant trois points àsasignature pour
suggérer une éventuelle apparte-
nance ou du moins manifester une
sympathie explicite envers la
grande famille.
Impossible de renouveler l'ex-
ploit en
20I2.
L'impopularité du
président est très aiguë au Grand
Orient de France, où les atermoie-
ments sur la laïcité du début du
quinquennat ont fait beaucoup
tousser. Nicolas Sarkozy doit donc
compter, cette fois-ci, sur les nom-
breux frères de son gouvernement
et de son entourage pour porter la
bonne parole.
Jeton en porcelaine
de la loge Garibaldi,
à
Nice.
AU CÔTÉ DE MARINE LE PEN
Lebasculement du Sénat à gau-
che, à l'automne
2011,
n'a pas ar-
rangé les choses. LaHaute Assem-
blée est depuis toujours une
forteresse maçonnique. Lesprési-
dents quise succèdent ont un point
commun. Au frère Poncelet a suc-
cédé le frère Larcher, lui-même
remplacé par le frère Bel. Mais
l'étiquette politique n'est plus la
même, et c'est un nouveau lieu
d'influence qui a ainsi été conquis
par François Hollande: Jean-Pierre
Bel est un de ses fidèles soutiens.
Lesfrères Gérard Collomb, Fran-
çoisRebsamen, Jean-Michel Baylet,
René Teulade siègent également
au Sénat. Mais seuls les deux pre-
miers, membres du Grand Orient
de France, bénéficient d'une réelle
influence au sein de leur obé-
dience. Michel Sapin, également
initié au Grand Orient de France,
dispose quant à lui d'une aura qui
s'étend à l'ensemble de la maçon-
nerie, où il est considéré comme
sérieux, loyal et fiable, pour re-
prendre les propos de plusieurs
frères de droite initiés à la GLNF.
Alain Lambert aussi fait partie
de ces francs-maçons dont on
n'entend dire que du bien en in-
terne. Membre de la Grande Loge
nationale française, l'ancien sé-
nateur de l'Orne, qui a rêvé un
temps de briguer la présidence de
la Haute Assemblée, nie son ap-
partenance avec un entêtement
étonnant. Son ralliement à Fran-
çois Bayrou représente un actif
important pour le président du
MoDem sur le front fraternel.
François Bayrou, en effet, a long-
temps été perçu comme méprisant
envers les frères, qui le soupçon-
naient, surtout au Grand Orient,
d'appartenir de manière indéfec-
tible au parti de la calotte.
Reste le« cas Marine». Son père
manifestait un antimaçonnisme
suraigu, et la quasi-totalité des
frères lui rendaient bien cette hos-
tilité. Face à l'émergence du Front
national, dans les années 80,letrès
mitterrandiste grand maître du
Grand Orient Roger Leray avait
purement et simplement interdit
àses ouailles de frayer avec le parti
d'extrême droite sous peine d'ex-
clusion. L'ancien ministre Jean-
Pierre Soisson avait constaté qu'il
ne s'agissait pas de paroles en l'air
quand il avait flirté avec les élus
frontistes pour conserver la pré si-
dence du conseil régional de
Bourgogne.
Depuis, l'ambiance aévolué des
deux côtés. Marine Le Pen exhibe
à l'envi sa proximité avec le prési-
dent de son comité de soutien,
l'avocat médiatique Gilbert Col-
lard, initié à la Grande Loge de
France et passé depuis à la GLNF.
Au Grand Orient de France, un
débat très vif a animé la fin de l'an-
née
201 I.
Son objet? Marine LePen
doit-elle être, comme les autres
candidats, conviée à une tenue
blanche fermée pour exposer ses
idées et son programme? Il y a
seulement quelques années, per-
sonne n'aurait osé poser une telle
question: le candidat d'un parti
qui se situe en dehors des valeurs
républicaines n'étiJit pas le bien-
venu, tout simplement. Curieuse-
ment, c'est une partie de l'aile
gauche du Grand Orient qui dé-
fendait l'idée d'accueillir la candi-
date d'extrême droite: les ayatol-
lahs de la laïcité ne détestent pas
son islamophobie. Le monde à
l'envers! Car, s'il est une qualité
que l'on ne peut contester à la
franc-maçonnerie adogmatique
et libérale, dont le GO est la com-
posanteprincipaleenFrance,c'est ~
bien sa foi inébranlable dans les ~
valeurs républicaines _ ~
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«Mélenchon le plébéien»,
de Lilian Alemagna et Stéphane Alliès
(Robert Laffont).
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Orient de France, où les atermoiements sur la laïcité
du début du quinquennat ont fait beaucoup tousser.
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